SERMON VIII
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SERMON VIII.

 

1. On lit ensuite: « Si vous m'aimez, gardez mea commandements et je prierai mon Père et il vous donnera un autre Paraclet, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne l'a pas vu et qu'il ne le connaît pas. » D'après ce passage seul, nous pouvons connaître si nous aimons véritablement Dieu. Nous le chérissons en vérité si nous observons ses préceptes: que si nous ne les gardons pas, certainement nous ne l'aimons pas : on ne peut aimer d'un côté et mépriser de l'autre. Le Seigneur lui-même l'a dit: « Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui ne ramasse pas avec moi, dissipe (Luc. XXI. 23). », Celui-là mérite d'habiter avec le Seigneur, qui s'efforce, selon son pouvoir, de garder ses ordres ; c'est en vain qu'on se flatte d'être avec lui, si on refuse de lui obéir. Que l'habit religieux ne vous trompe point, mes très-chers frères : croyez-moi, vous n'aimez point Dieu si vous n'accomplissez pas ce qu'il exige de vous. Comment pouvons-nous aimer le Seigneur par nos habitudes, si nous le méprisons par nos actes? L'amour de Dieu ne cherche pas notre habit, mais notre âme ; il ne réclame pas l'idée, mais la bonne action. L'oeuvre démontre l'amour. C'est là ce que nous déclare le Seigneur : « Si vous m'aimez véritablement, vous observerez mes ordres. Pour que je connaisse que vous me chérissez parfaitement, gardez ma volonté, et je prierai mon Père. Ici le maître avertit ses disciples d'aimer, de garder,les commandements pour recevoir le Saint Esprit; sans lui ils ne peuvent ni aimer, ni exécuter la loi. Aussi dit-il ensuite : « Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet. L'homme demande ce que Dieu donne ; il prie avec nous celui qui nous donne ce que nous demandons. Dieu lui-même prie pour nous eu tant qu'homme, quand il nous fait prier Dieu. Alors il prie le Père pour nous, lorsque nous le prions, croyant qu'il est un Dieu avec le Père.

2. Quant à l'expression qui vient après, « et il vous donnera un autre Paraclet, » cela veut dire un autre quant à la personne, mais non quant à la nature ou à l'essence. « Il vous le donnera, » non qu'ils ne l’eussent, mais parce qu'ils l’avaient à un moindre degré et d'une manière occulte, pour ainsi dire, et qu'ils le devaient recevoir avec plus d'abondance et avec éclat. « Pour qu'il demeure avec vous, » c'est-à-dire, pour qu'il vous éclaire et vous apprenne à prêcher le royaume de Dieu et le saint Evangile et vous fasse croire que je suis égal à mon Père, vous qui, en ce moment, me croyez inférieur à lui. Pour qu'il reste aussi toujours avec vous et vous amène à voir la clarté de la lumière éternelle et vous donne de pouvoir contempler face à face, le mystère, que vous croirez bientôt, qui fait de moi un seul Dieu avec le Père et le même Esprit Paraclet. Paraclet veut dire avocat ou consolateur. Il est l'avocat des fidèles, il est le défenseur et le protecteur de ceux qui espèrent en lui; sans lui, rien n'est bon, rien n'est saint. Il défend les siens, il les soutient; il combat pour ceux qu'il glorifie éternellement. Il est le consolateur des affligés, le père des orphelins, l'époux des veuves. De quels affligés est-il le consolateur ? De ceux qui sont attristés d'être tombés dans le péché, d'avoir encouru les châtiments qui en punissent dans l'avenir la commission. De ceux qui sont fâchés de s'être perdus en se livrant à l'iniquité et d'avoir provoqué le courroux du Christ, le roi de gloire. De ceux qui pleurent d'avoir méprisé dans leurs crimes celui qui est mort pour nous sur le bois. De ceux qui gémissent de ne pouvoir contempler le Christ auteur de leur salut. L'esprit de Jésus console toutes ces âmes. Dans la vie présente, il les console par l'espérance, et les consolera en réalité dans la vie de la félicité bienheureuse. Cet Esprit est appelé « Esprit de vérité, » il est consubstantiel et coéternel au Père et au Fils, il est Esprit de vérité, Esprit de bonté. Tout ce qu'il enseigne est bon, sans la moindre tache d'erreur.

3. Les hommes impies et menteurs ne le peuvent recevoir. Tous ceux qui ont les mains, non du corps, mais de l'âme souillées, non par la boue mais par le péché, ne peuvent avoir, retenir, posséder un Esprit si pur, si éclatant, si glorieux. Le momie ne le reçoit pas, je veux dire celui qui aime le monde et vit selon ses lois. L'esprit de Jésus-Christ a en horreur l'ami du. monde. Il s'éloigne de celui qui ne tonnait, ne chérit que lui-même. Il veut être aimé de telle sorte qu'on n'aime rien autre chose que lui. Celui-là veut être parfaitement aimé qui veut être aimé seul. Il ne veut point partager avec un autre l'amour qu'on a pour lui, lui qui n'a pas d'égal dans les récompenses incomparables qu'il accorde à l'amour qu'on lui porte ; et néanmoins il veut être aimé de telle sorte que tout le reste soit aimé avec lui, et que rien ne soit aimé, excepté lui. Toute créature vient de lui par le droit de la création, et toute créature, en tant que créature, est bonne. La créature doit donc être aimée pour que le créateur soit aimé en elle; il ne la faut pas chérir pour elle-même, mais pour celui qui lui a donné l'être. Celui qui aime l'or, l'argent, les biens, les meubles parce qu'il trouve en ces choses le motif, de son attachement, assurément il n'a pas la charité du Père en lui. Le Créateur est donc à aimer dans toutes les créatures et toutes les créatures doivent être chéries à cause de lui, et aussi tout est aimé avec lui, et néanmoins lui seul se trouve l'objet de l'amour. Celui qui a une affection ulcéreuse dans la peau ne mérite pas de le recevoir, et celui qui a en secret une taie dans l'oeil ne peut plus le voir. Purifions, donc l'oeil de notre âme, pour mériter de voir l'esprit de vérité; et, vase purifié par le feu, il faut longtemps enlever du corps toute sorte de lèpre, afin qu'orné et bien préparé, il mérite de devenir le temple du Saint-Esprit. C'est le procédé qu'il faut employer, si nous voulons parvenir à voir l'éclat da sa beauté. Si nous nous en servons, avec les apôtres de Jésus, nous connaîtrons cet esprit adorable; il demeure en nous dans la vie présente, et-il sera avec nous dans celle qui ne finira jamais. O qu'heureuse est l'épouse, ô que bienheureuse est l'âme qui s'applique ainsi à laver ses souillures, afin que l'hôte, auteur d'une si grande félicité, daigne habiter en elle.

4. Sache quiconque se plaît à lire cet écrit, que ce magnifique Esprit de vérité; n'habite pas dans une âme soumise au péché. On appelle pas soumise au péché, que l’âme qui est enlacée dans les liens de sa  malice, à tel point, qu'elle ne veut pas qu'elle ne cherche pas à rompre, par les gémissements de la pénitence, ces chaînes d'iniquité, ni à demander le secours du libérateur des âmes, et qui, semblable à une courtisane déhontée, s'offre et se livre d'elle-même, et en excitant la première à ses infamies ordinaires. On n'appelle pas soumise au péché l'âme qui lutte de toutes ses forces avec l'arme de l'abstinence, contre toutes les amorces: de la chair ; sans cette arme on se flatte sottement de porter en soi la vertu de la chasteté, si on ne lutte fortement en affaiblissant la chair, et en fortifiant l'âme, pour résister aux péchés, qui naissent de la chair et du sang. Les traits de la passion sont sans force, lorsque la nourriture et le breuvage sont soustraits à notre corps ; que si le ventre se garnit dans toute sa capacité, l'esprit, la chair, la pureté succombent inévitablement, dans le vice de l'incontinence. Quand la gourmandise s'incline vers la volupté, quand la main, amie de la bouché, donne à la nature plus qu'elle en demande, la gourmandise produit l'embonpoint, et fortifie la luxure. Donc; pour que la chasteté conserve sa vigueur dans l'esprit, que la chair succombe sous les coups de la privation, il ne la faut pas ménager, si nous voulons devenir le temple du Saint-Esprit. Qu'il daigne nous purifier lui-même de toute souillure du corps et de l'âme, tellement qu'ici-bas, et pour toujours, nous méritions de devenir sa demeure, Esprit divin, en l'unité duquel vit et règne Jésus-Christ, avec Dieu le Père, béni aux siècles des siècles. Amen.

 

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