BOUQUETS PASSION

Précédente Accueil Suivante

Accueil
VOLUME I
VIE DE J-C
ARBRE DE VIE
CINQ FÊTES
LOUANGES
PHILOMÈLE
SEPT PAROLES
VOLUME II
MIROIR
SALVE, REGINA
LOUANGES
PETIT PSAUTIER
XXV MÉMORIAUX
GOUVERNEMENT AME
VERTUS
COMBAT SPIRITUEL
PRÉPARATION MESSE
CÉRÉMONIES
MÉPRIS DU MONDE
EXERCICES SPIRITUELS
BOUQUET CHRÉTIEN
BOUQUETS PASSION
SIX AILES
VOLUME III
SOLILOQUE
ITINÉRAIRE
VII CHEMINS
VII° CONTEMPLATION
INCENDIE DE L'AMOUR
VOLUME IV
VII DONS DU ST-ESPRIT
AIGUILLON DE L'AMOUR
LIVRE DE L'AMOUR
VOLUME V
ST FRANÇOIS
RÈGLE
RÉPONSES
ALPHABET I
ALPHABET II
CONFÉRENCES
MIROIR
VOLUME VI
RELIGIEUX
NOVICES I
NOVICES II
CONSEILS ÉV.
PERFECTION
DIVERS
PSAUTIER
BREVILOQUIUM
TRIPLE VOIE
SIX ILLUMINATIONS

522

 

LES BOUQUETS DE LA PASSION.

 

LES BOUQUETS DE LA PASSION.

I. Pour le jour du dimanche, premier bouquet, formé de la prière du Jardin des Olives et de la prise de Jésus.

II. Deuxième bouquet, formé des insultes reçues chez Anne et Caïphe, et du reniement de Pierre.

III. Troisième bouquet, formé du couronnement d'épines et du crucifiement.

IV. Quatrième bouquet, formé de ce qui se passa pendant que Jésus était sur la croix, et de son dernier soupir.

V. Cinquième bouquet, formé de ce qui se passa pendant le temps que Jésus demeura suspendu sur la croix après sa mort.

VI. Sixième bouquet, formé des sept sceaux qui furent brisés dans la Passion de Jésus-Christ.

VII. Septième bouquet, formé de la Résurrection, et de l'Ascension de Jésus-Christ et de l'envoi de l'Esprit-Saint.

 

I. Pour le jour du dimanche, premier bouquet, formé de la prière du Jardin des Olives et de la prise de Jésus.

 

« Mon bien-aimé est pour moi comme un bouquet de myrrhe; je le tiendrai constamment appliqué sur mon sein (1). » C'est ainsi que parle l'âme dévote pour montrer qu'elle porte sans cesse en son coeur l'amertume de Jésus-Christ , réunie par ses soins comme eu un faisceau. Et vous aussi, si vous désirez purifier vos pensées par la méditation de la mort du Sauveur, empressez-vous d'en former des bouquets destinés à demeurer fidèlement en votre mémoire. Nous vous offrons ici en abrégé la Passion dans l'ordre suivi par les Evangélistes , afin que , selon la méthode donnée au traité précédent, méthode qui consiste à considérer l'oeuvre, le mode et la cause de cette Passion , vous y trouviez un ample sujet de méditation, et que ce peu de mots vous fournisse des réflexions abondantes.

Pensez donc comment , après cette auguste solennité de la Cène dont nous avons parlé, et l'action de

 

1 Cant., 1.

 

523

 

grâces dont elle fut suivie, pensez comment Jésus-Christ , Dieu et homme , voyant que son heure approchait, se leva pour aller à la mort. C'est là l'oeuvre qu'il a accomplie. Quant à la manière , représentez-vous comment le Seigneur agit intérieurement et extérieurement. En s'en allant il prédit la fuite de ses apôtres, il annonce le triple reniement de Pierre, et autres choses. Et là il faut encore considérer l'oeuvre ; mais en même temps pensez à la manière dont il parle extérieurement , et quel sentiment règne intérieurement en son coeur ; ce que vous ferez en toutes ces méditations sans qu'il soit nécessaire de vous en avertir de nouveau.

Ayant donc pris avec lui Pierre , Jacques et Jean , le Seigneur leur dit : « Mon âme est triste jusqu'à la mort (1). » Et ensuite les ayant laissés, il va prier seul sur la montagne. Après qu'il eut renouvelé trois fois sa prière, l'image de la mort, la peine intérieure et la crainte produisirent en son corps une sueur de sang, et par là il nous montre combien sa douleur était inénarrable, car nous ne lisons nulle part que jamais rien de semblable soit arrivé à personne. Alors un ange vient fortifier son Seigneur.

Pensez comment Jésus-Christ s'en va au-devant de ses ennemis; comment il s'offre de lui-même à eux et les renverse contre terre par sa parole. Après cela il reçoit le baiser de Judas, il est pris par les Juifs , entraîné , lié et conduit à la maison d'Anne , et c'est à ce moment que tous ses disciples prennent la fuite.

 

1 Mat., 26.

 

524

 

Formez-vous de tout cela un bouquet que vous confierez à votre mémoire. Vous pourrez ici, si vous le voulez, arrêter vos regards sur Jésus, en vous demandant quel est celui qui souffre toutes ces choses, et vous soumettre à lui par un sacrifice entier de votre raison. Croyez donc et pensez qu'il est véritablement le Fils de Dieu ; qu'il est le principe de toutes choses, le Sauveur et le Rémunérateur de tous les hommes.

 

II. Deuxième bouquet, formé des insultes reçues chez Anne et Caïphe, et du reniement de Pierre.

 

Dans la maison d'Anne le Seigneur confesse la vérité, et pour cela il reçoit un soufflet de la part d'un serviteur infâme. Pensez ici à l'oeuvre, au mode, à la cause, ou au moins à quelqu'une de ces trois choses, selon qu'il vous conviendra mieux. Dans la maison de Caïphe, où les Scribes et les Pharisiens l'attendaient, il est tourné en dérision et frappé comme un blasphémateur. On cherche un faux témoignage contre lui, et l'on n'en trouve pas. Il est adjuré par le grand-prêtre, renié trois fois par Pierre; mais le Sauveur abaisse sur son apôtre un regard qui le porte à sortir de cette maison et à pleurer très-amèrement. Ensuite le matin étant venu , on le conduit enchaîné chez Pilate.

Représentez-vous de quelle manière on le conduit : « c'est comme un voleur, comme un malfaiteur. Alors

 

525

 

Judas, voyant qu'on ne tendait à rien moins qu'à faire mourir Jésus, conçut en lui-même une telle douleur d'avoir livré un homme si plein de douceur, qu'il reporta l'argent dont on acheta un champ, selon la prédiction de Jérémie, et se pendit.

Devant Pilate le Seigneur est chargé d'accusations nombreuses, malgré son innocence évidente. Il est envoyé à Hérode, et là il est tourné en dérision et traité comme un insensé. Considérez ici avec le plus grand soin quel est celui qui souffre, et efforcez-vous de vous le représenter, afin de compatir à ce Sauveur si plein d'innocence, de douceur, d'amour et de dignité. Ce sera le deuxième bouquet.

 

III. Troisième bouquet, formé du couronnement d'épines et du crucifiement.

 

Ensuite , sur la demande des Juifs , Pilate délivre Barabbas , et vaincu par les clameurs de la foule et la crainte de César, il livre Jésus pour être crucifié. Aussitôt on se moque en toute manière de sa royauté; on le revêt d'un manteau, on le couronne d'épines, on le frappe avec un roseau, on l'adore comme un roi par dérision. Pensez ici à la manière, considérez la cause ; ou autrement : voyez comment Jésus s'est conduit au milieu de tout cela; comment les Juifs ont agi; cherchez pour quel motif le Sauveur a voulu souffrir de telles choses.

Il s'avance pour être crucifié , il porte sa croix , il

 

526

 

est suivi du peuple et des femmes qui versent des larmes; il dit à ces dernières : « Ne pleurez point sur moi, mais sur vous (1) ; » ensuite on le crucifie sur la montagne du Calvaire.

Considérez avec soin le mode du crucifiement. Ou bien on éleva la croix et Jésus y monta, ou bien on la plaça à terre, et on l'étendit dessus pour l'y attacher. Je ne vois pas d'autre manière que l'une ou l'autre des deux. Mais ce qu'il faut considérer par-dessus tout, c'est combien grand est celui qui souffre d'aussi étranges tourments, afin de pouvoir arriver jusqu'à lui par le regard de l'admiration. Il est immense en sa puissance, en sa beauté, en sa félicité, en son éternité. Soyez donc dans l'admiration en voyant la majesté réduite au néant, la beauté privée de tout éclat, la félicité livrée aux tourments, et l'éternité sous les coups de la mort. Que ce soit votre troisième bouquet.

 

IV. Quatrième bouquet, formé de ce qui se passa pendant que Jésus était sur la croix, et de son dernier soupir.

 

Pendant que Jésus est suspendu à la croix, il a soif. Pensez ici à l'oeuvre : Jésus-Christ est attaché à la croix. Pensez à la manière et à la cause : il a soif , il prie pour ses bourreaux, on le blasphème; les passants, les princes des prêtres, un des voleurs

 

1 Luc. 22.

 

527

 

insultent à ses tourments; un titre indélébile et plein de vérité est placé sur la croix ; il porte : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. » La Mère de Jésus se tient près de la croix, accablée de douleur ; il abaisse sur elle un regard et la confie à Jean; les ténèbres couvrent la terre. Enfin pour montrer la grandeur de ses souffrances , pour faire connaître que l'humanité est abandonnée, en ce sens du moins que la partie inférieure de son âme en qui réside la peine, n'a plus part à ces forces dont la partie supérieure est comblée avec abondance, le Seigneur s'écrie : « Alors Dieu! mon Dieu! pourquoi m'avez-vous abandonné (1)? » Ensuite ayant reçu du vinaigre, tout étant consommé et accompli de point en point, il jette un cri et rend l'esprit, montrant par là qu'il était en sa volonté de conserver la vie aussi longtemps qu'il le jugeait à propos; que personne ne pouvait la lui enlever, mais qu'il la quittait quand il le voulait.

Vous devez ici considérer de quelle manière il a souffert, afin de vous rendre semblable à lui. ce fut avec une générosité sans bornes par rapport à lui-même , avec une obéissance entière vis-à-vis de son Père, et avec une prudence irrépréhensible vis-à-vis de ses ennemis. Appliquez-vous donc à vous former selon ce modèle des habitudes de bonté , de sévérité, d'humilité et de circonspection. Et que ce soit là votre quatrième bouquet.

 

1 Mat., 27.

 

528

 

V. Cinquième bouquet, formé de ce qui se passa pendant le temps que Jésus demeura suspendu sur la croix après sa mort.

 

On brise les jambes aux voleurs, mais pour Jésus, aucun de ses ossements n'est rompu, afin que la figure de l'Ecriture ne demeure pas sans accomplissement. Son côté est ouvert , et c'est de là que nous sont venus les sacrements de l'Eglise. Le voile du temple se déchire, les sépulcres s'ouvrent afin que ceux qui y sont renfermés puissent ressusciter au jour de la résurrection du Seigneur.

Ici, considérez la grandeur de celui qui a souffert et embrassez la croix avec un désir ardent des souffrances ; et de même qu'il s'est soumis aux injures, aux outrages , aux moqueries et aux tourments, de même acceptez pour lui , en marchant sur ses traces, toute épreuve qui s'offrira à vous pleine d'injures , d'outrages, de moqueries et de tourments. Que ce soit là votre cinquième bouquet.

 

VI. Sixième bouquet, formé des sept sceaux qui furent brisés dans la Passion de Jésus-Christ.

 

La Passion du Seigneur ne réforme pas seulement notre mémoire en lui fournissant une pieuse méditation; elle n'enflamme pas seulement notre ardeur

 

529

 

pour la dévotion, elle illumine encore par-dessus tout notre intelligence et la conduit à la connaissance de la vérité. Avant que Jésus-Christ eût souffert, sept choses étaient cachées aux hommes , qui furent découvertes dans sa Passion ; et c'est de ces choses qu'on peut entendre ces paroles de l'Apocalypse : « Les sept sceaux furent ouverts (1) . »

Le premier de ces sceaux fut le Dieu digne de notre admiration qui manifesta par la croix sa sagesse suprême en trompant le démon, sa justice en exigeant le prix entier de notre rédemption, et sa miséricorde ineffable en sacrifiant son Fils pour nous.

Le second sceau ouvert par la Passion fut l'esprit intelligent qui montra dans les anges quelle était sa charité en consentant à la mort de Jésus-Christ; dans l'homme quelle était sa dignité, puisque le Seigneur voulut être crucifié pour lui; dans le démon quelle était sa malice en poussant à attacher le Seigneur à la croix.

Le troisième sceau fut le monde sensible qui, à la mort du Sauveur, fut convaincu d'être le séjour des ténèbres, où règnent à la fois l'aveuglement, puisqu'il n'a point connu la lumière véritable; la stérilité, puisqu'il a jugé le Rédempteur vide de tout fruit; et l'impiété, puisqu'il l'a condamné à la mort malgré son innocence.

Le quatrième sceau fut le Paradis qui, par la Passion, fut déclaré le lieu de la gloire, de la joie et des richesses , puisque pour nous le procurer Jésus-Christ

 

1 Apoc., 5.

 

530

 

a embrassé l'humiliation, la pauvreté et la misère.

Le cinquième sceau fut l'enfer, qui fut reconnu dès-lors pour être la demeure de toute détresse, de toute abjection, de toute misère; car si Jésus-Christ a voulu souffrir ces choses pour détruire le péché, il s'ensuit que les damnés les souffriront à beaucoup plus juste titre en punition de leurs crimes.

Le sixième sceau fut le prix inestimable de la vertu qui apparut vraiment précieuse, belle et abondante en fruits : précieuse , parce que Jésus-Christ préféra perdre la vie du corps plutôt que de rien faire qui parût opposé à la vertu; belle, parce qu'elle brilla d'un éclat admirable au milieu des opprobres; abondante en fruits , parce qu'un seul acte de vertu accompli par le Seigneur a dépouillé l'enfer, ouvert le ciel et réparé ce qui était perdu.

Le septième sceau ouvert par la croix fut l'énormité du péché; car on comprit combien il était détestable, puisque pour être pardonné il avait besoin d'un prix si considérable, d'une expiation si terrible, et d'un remède si difficile.

 

VII. Septième bouquet, formé de la Résurrection, et de l'Ascension de Jésus-Christ et de l'envoi de l'Esprit-Saint.

 

Le troisième jour, Jésus-Christ, vainqueur de la mort, ressuscite et nous montre que nous devons

 

531

 

ressusciter aussi. Si donc vous avez compati aux souffrances de Jésus, maintenant prenez part à la joie de sa Résurrection. Pensez pieusement comment le Seigneur est descendu aux enfers , ce qu'il y a fait, quelles furent alors la joie des justes et la douleur des démons. Pensez de quelle crainte furent frappés les gardes du sépulcre. Représentez-vous aussi comment les anges gardaient eux-mêmes ce tombeau, comment un de ces esprits nous apparaît assis sur la pierre et peu après dans l'intérieur du tombeau ; comment deux se montrent ensuite d'une manière différente; ce qui nous fait voir que là se trouvait la multitude des anges, et qu'il y eut plusieurs visites de la part des saintes femmes. Rappelez-vous comment l'amour et le désir excitaient Madeleine et les autres femmes à visiter fréquemment le sépulcre du Seigneur, et comment il leur apparut lui-même à différentes fois. Ecoutez ses doux entretiens avec ses disciples. Demandez-vous pourquoi c'est en Galilée qu'il veut se montrer à eux ; si ce n'est point pour nous apprendre que nous devons d'abord sortir du vice, ce que veut dire le mot de Pâque, qui signifie passage. C'est en Galilée, c'est-à-dire au passage, au changement de nos corps, que nous le verrons dans les cieux après la résurrection générale.

Quarante jours après sa Résurrection, Jésus-Christ monte au ciel, menant à sa suite les saints Pères, qu'il a tirés de l'esclavage. Méditez combien glorieuse est cette marche triomphale des justes qui s'avancent avec le Sauveur; car tous les saints de l'Ancien

 

532

 

Testament le suivaient, les anges venaient à leur rencontre, et entre eux s'échangeaient ces paroles d'Isaïe : « Quel est celui qui s'avance avec sa robe teinte de rouge, celui qui est éclatant par la beauté de ses vêtements, et qui marche avec une force toute-puissante (1)? » Pensez à la tristesse des apôtres et à la joie des esprits bienheureux. Considérez les anges qui reviennent pour consoler les disciples. Apprenez, vous aussi , à monter vers Jésus-Christ , mais en vous élevant comme nous l'avons dit , par l'abandon du vice; car aucun vice ne saurait marcher à la suite du Seigneur, comme dit saint Augustin (2).

Ensuite Jésus envoie le Saint-Esprit sous la forme de langues de feu, Voyez comment les apôtres se trouvèrent fortifiés et établis dans la charité. Méditez pourquoi le Saint-Esprit a choisi la forme du feu et celle des langues, pourquoi il a paru sous ces deux formes à la fois, et pourquoi il a emprunté en d'autres circonstances la figure d'autres créatures. Efforcez-vous de posséder en vous les qualités exprimées par ces formes diverses. Pensez aux effets et aux dons du Saint-Esprit, et autres choses semblables qui se rapportent à l'envoi de ce divin esprit, ainsi qu'aux signes qui accompagnent le combat contre la chair , c'est-à-dire contre le sommeil, la dureté du coeur, l'oisiveté, les rires bruyants, l'esprit de contradiction et l'insensibilité.

 

1 Is., 63. — 2 Serm. 2, in Asc.

 

Haut du document

 

 

Précédente Accueil Suivante