LOUANGES

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LOUANGES DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

 

LOUANGES DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

I. Marie figurée par la fontaine qui s'élevait de la terre dans le Paradis terrestre et en arrosait la surface.

II. Marie figurée par l'arbre de vie planté au milieu du Paradis.

Marie figurée par le Paradis lui-même, arrosé par un fleuve de délices.

IV. Marie figurée par l'arche de Noé, qui sauva la race humaine au temps du déluge.

V. Marie figurée par l'arc-en-ciel que Dieu donna à Noé.

VI. Marie figurée par l'échelle que Jacob vit en songe.

VII. Marie figurée par le buisson qui brûlait sans se consumer.

VIII. Marie figurée par le vase où la manne fut conservée.

IX. Marie figurée par la verge d'Aaron, qui a porté du fruit contre l'ordre de la nature.

X. Marie figurée par l'étoile et la verge dont parle Balaam.

XI. Marie figurée par la toison de Gédéon.

XII. Marie figurée par le temple bâti par Salomon et rempli de la gloire de Dieu.

XIII. Marie figurée par Abigaïl, qui rétablit la paix entre Nabal et David.

XIV. Marie figurée par Judith, qui donne la mort à Holopherne et délivre son peuple.

XV. Marie figuré par Esther , qui fit mourir Aman et délivra Mardochée et son peuple.

XVI. Marie figurée par la colombe qui apporta dans l'arche une branche d'olivier à Noé et à ses enfants.

XVII. Marie figurée par l'arbre auquel fut attaché le serpent d'airain dans le désert.

XVIII. Marie figurée par la porte fermée par laquelle nul homme n'a passé.

XIX. Marie figurée par la femme que vit saint Jean dans l'Apocalypse.

CONCLUSION.

 

 

Salut! Lis céleste, Rose épanouie, mère de l'humilité , Reine des anges , Sanctuaire de la divinité. En cette vallée de larmes, donnez-nous le courage , venez à notre secours , vous que le ciel nous offrit pour avocate au milieu de nos crimes.

Tendre Vierge, vous êtes incomparable, car vous avez mérité d'entendre la voix de l'Ange, et de concevoir le Fils de Dieu sous le souffle sacré de l'Esprit-Saint. Vierge avant d'avoir conçu, vous l'êtes encore après. Refuge vraiment unique , hélas ! dans cette vie si inconstante, daignez consoler ceux qui vous servent.

La terre est dans l'étonnement en vous voyant Vierge et Mère à la fois. Notre fragilité ne peut comprendre des merveilles d'une puissance aussi magnifique. Il faut que notre foi s'élève jusqu'aux célestes hauteurs ; et là elle confesse dans la vérité que vous êtes la Mère du Christ , qu'en vous la divinité s'est revêtue de notre chair.

O Mère ! vous avez engendré un fils par excellence ; née dans le temps, vous avez mis au jour celui qui fut votre Père; simple étoile, vous avez produit le soleil; faible créature vous avez donné la vie à celui qui est incréé ; petit ruisseau, vous avez fait jaillir la fontaine qui vous alimente; vase fragile, vous avez formé le potier qui vous créa, et vous êtes demeurée

 

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toujours vierge, toujours immaculée; et par vous, Mère du Christ, la vie que nous avions perdue, nous l'avons recouvrée.

Oh! qu'elles sont glorieuses ces entrailles qui devinrent le temple sacré du Seigneur! Qu'elles sont saintes ces mamelles qu'il daigna sucer ! Qu'il est suave ce lait dont il voulut être nourri ! Mère vraiment digne d'un salut de grâce, vous qui régnez au plus haut des cieux , délivrez-nous de la malédiction de la mort éternelle; délivrez-nous de tout malheur.

Rose pure, rose d'innocence, rose nouvelle et sans épine, rose épanouie et féconde, rose devenue pour nous un bienfait de Dieu, vous avez été établie Reine des cieux ; il n'est personne qui puisse jamais vous être comparé; vous êtes le salut du coupable, vous êtes le soutien de toutes nos entreprises.

La loi vous a montrée en ses figures; les pages saintes du Testament ancien vous ont annoncée par de nombreuses énigmes, et l'alliance nouvelle vous a rendue grande entre toutes les femmes; elle vous a élevée au-dessus de toute créature.

Avant l'origine du monde le Seigneur vous a choisie, alors que dans sa sagesse il jetait les fondements du ciel. Dès ce jour il arrêta, dans le secret de ses pensées , de combler par vous, Vierge et Mère, l'abîme ouvert par le péché de notre premier père.

Réjouissez-vous, ô Vierge ! ô Mère ! réjouissez-vous. C'est par vous que le monde voit ses ruines se réparer. Mêlez les accents de votre joie u ceux dont le ciel retentit. C'est à vous que la gloire est donnée

 

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de payer à Dieu sans réserve le prix de notre rançon; à vous qu'il a été accordé de délivrer l'homme des malheurs de la ruse infernale dont il fut la victime ; et cette gloire est au-dessus de tout éloge.

 

I. Marie figurée par la fontaine qui s'élevait de la terre dans le Paradis terrestre et en arrosait la surface.

 

Vous répandez sur le monde une rosée toute nouvelle. Le prodige inouï de votre fécondité montre à nos yeux des choses ineffables, sous un aspect inconnu jusqu'alors. Tout en vous brille d'une splendeur admirable. Par un effet de la céleste bonté, vous vous élevez avec honneur comme une fontaine jaillissante; vous arrosez la terre des feux de votre charité, et vous allez croissant en l'amour de votre Dieu.

 

II. Marie figurée par l'arbre de vie planté au milieu du Paradis.

 

Vous êtes l'arbre de vie, le bois spirituel planté au milieu du Paradis, cet arbre dont le fruit répand l'allégresse en tous les coeurs. Non , jamais il n'y eut sur la terre un arbre semblable et si précieux; jamais aussi nous ne le verrons disparaître du milieu de nous.

 

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Marie figurée par le Paradis lui-même, arrosé par un fleuve de délices.

 

Vierge sans tache, un fleuve de délices a répandu ses eaux en vous lorsque le Fils de Dieu fixa sa demeure en votre sein. C'est alors que notre terre produisit son fruit avec abondance , et que Dieu réforma notre nature en la comblant de ses dons.

Le Seigneur a placé son Fils, devenu homme, dans le jardin de délices; il en a établi gardien votre corps vénérable et sacré. Lorsqu'il vint vous visiter par l'entremise de Gabriel, il nous montra Jésus comme notre Rédempteur glorieux.

 

IV. Marie figurée par l'arche de Noé, qui sauva la race humaine au temps du déluge.

 

Noé se fit une arche de bois soigneusement assemblés, et il y entra pour se sauver, ainsi que sa femme et ses enfants. Le Seigneur, ô Marie! vous a formée pour être sa Mère, du sang de parents vénérables, et entrant en vous, il vous préserva des atteintes du péché.

V. Marie figurée par l'arc-en-ciel que Dieu donna à Noé.

 

Aux jours anciens, Dieu promit à nos pères qu'en signe d'alliance il ferait briller par sa vertu divine

 

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son arc au milieu des nuages. Telle est la promesse céleste adressée à l'univers; une paix assurée est donnée à tous les hommes.

La crainte et la douleur s'enfuient quand l'are d'alliance brille à nos yeux. L'espérance et la joie naissent au coeur du pécheur infortuné lorsque, repentant de son crime , il élève ses regards vers ce signe auguste; il sent la consolation se répandre en son âme en voyant le gage promis des cieux.

L'azur qui resplendit au sein de l'arc, c'est l'image de la virginité; la pourpre dont il se teint nous re-présente la charité, et l'eau qui le pénètre nous rappelle, ô Marie, votre pureté sans tache, et cette humilité que le Seigneur aima par-dessus tout en vous.

Vous êtes l'arc qui brille dans les cieux , l'arc qui nous illumine, l'arc qui éclaire ceux dont le coeur est dépravé. A tous vous offrez un modèle qui ravit.

Vous êtes la ruine de toute erreur; et l'hérétique trouve en vous sa perte assurée, quand vous nous donnez le ciel et la terre réunis en Jésus.

Arc insurmontable, arc puissant et fort, are plein de douceur et d'amour, arc ouvert aux faveurs du Ciel, ô Vierge vénérable, quand nous aurons subi les coups inévitables de la mort , faites donc que noua puissions entrer en possession de votre gloire.

 

VI. Marie figurée par l'échelle que Jacob vit en songe.

 

Jacob s'endormit, et, durant son sommeil , il vit

 

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une échelle qui s'élevait jusqu'aux cieux. Sur son extrémité le Seigneur se tenait appuyé, et les anges descendaient vers la terre. Alors il reçut du Très-Haut la promesse que la Terre-Sainte deviendrait son partage; alors il fut béni.

O Marie! cette échelle, c'est vous; ou plutôt, vous êtes plus élevée encore : l'Ange s'incline devant vous, et vous devenez la Mère du Dieu qui se fait homme. Vous êtes placée par les anges au-dessus de toutes les vertus célestes : « c'est vous qui délivrez le genre humain; votre bonheur l'emporte donc sur toute félicité.

 

VII. Marie figurée par le buisson qui brûlait sans se consumer.

 

O Mère! votre virginité nous est montrée par le buisson de la montagne d'Horeb, dont la verdeur fut au-dessus des atteintes du feu. Ainsi votre intégrité virginale demeure inaltérable , alors que le Seigneur vient s'unir en votre sein à notre humanité.

 

VIII. Marie figurée par le vase où la manne fut conservée.

 

Quand la manne fut donnée à Israël , un vase en reçut une portion pour être conservée, et ce vase n'en fut point altéré. En vous, ô Marie, Jésus-Christ est conçu par l'action de l'Esprit-Saint, et la gloire de votre virginité n'a rien perdu de son éclat.

 

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Vous nous avez conservé d'une manière ineffable la manne miraculeuse , la manne qui met un terme aux ombres, la manne vraiment et miséricordieusement figurée par celle qu'il répandait chaque jour pour être le soutien d'Israël.

La grâce nouvelle dont vous êtes comblée a mis un terme à la première manne. Les figures anciennes ont disparu; une lumière inconnue jusqu'alors s'est répandue sur ceux qui se soumettent à ses lois. Les ténèbres ont cessé ; cette clarté ineffable a pénétré , purifié et dissipé l'obscurité des premiers temps.

L'Auteur suprême de toutes choses a fait de vous un vase glorieux , un vase d'excellence et vraiment admirable, un vase digne de notre amour et de nos louanges, un vase que tous vos serviteurs contemplent avec respect, afin que vous fussiez digne de servir aux hommes une nourriture délectable, la pain qui sustente les habitants des cieux.

Oui! vous servez aux hommes le véritable pain des anges, ce pain qui est né de vos entrailles pour être le salut des pécheurs. C'est là le pain du voyageur, qui ne doit point être la pâture des chiens; il est le salut du malheureux et il l'emporte sur tout autre aliment.

Il est le pain délicieux, le pain qui ravit nos cœurs, le pain qui engraisse nos âmes et mérite tout notre amour; le pain par excellence et digne de nos hommages ; l'aliment qu'il faut préférer à tout et dont la douceur est incomparable.

Il répare nos forces, il réjouit et renouvelle notre

 

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coeur. Il est pour notre âme un attrait; il la dirige et se l'unit. Il augmente en nous tout bien, il éloigne tout mal. Il est vainqueur, il règne, il commande, il fait croître, il nourrit et conduit à un état parfait.

Il est le pain vivant, le principe de nos forces, la voie, la vérité, la vie; il est le pain de l'immortalité et sa bonté est infinie. C'est lui qui environne de sa splendeur la nouvelle Epouse qu'il s'est choisie, tandis que la Synagogue disparaît et que les ombres de la loi s'évanouissent.

La manne a cessé, et le pain venu du ciel nous est offert; un pain véritable et vivifiant nous vient des célestes hauteurs. Mais ce pain mystique n'est accordé qu'aux seuls chrétiens; le vrai pain des anges devient pour eux la nourriture de chaque jour.

 

IX. Marie figurée par la verge d'Aaron, qui a porté du fruit contre l'ordre de la nature.

 

Moïse voulant faire connaître celui que Dieu avait élevé au ministère de ses autels, plaça dans le tabernacle la verge d'Aaron. Elle poussa des tiges , se couvrit de fleurs et porta des fruits par un miracle

éclatant du ciel. Ainsi le sacerdoce d'Aaron fut établi dans Israël.

C'est là, en effet , une chose admirable , un prodige vraiment nouveau : une branche desséchée se conforme de fleurs; un bois impuissant et stérile se charge

 

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de fruits. Non , jamais jusqu'à ce jour, rien de semblable n'avait frappé les regards de l'homme.

Mais cette verge brillante de fleurs, cette verge chargée de fruits en dehors des lois de la terre, et par une pure faveur de Dieu, elle nous annonçait qu'un jour, par un prodige nouveau, vous deviez concevoir, ô Vierge, et donner à la terre un fruit vraiment inconnu jusqu'alors; et que, devenue mère , votre virginité persévérerait immaculée.

O Vierge-Mère ! vous avez vraiment produit la fleur qui orne nos campagnes, lorsque vous mîtes au monde le Verbe de Dieu le Père. Vous avez donné à la terre celui qui doit la racheter, et votre pureté s'est toujours conservée glorieuse et sans tache alors que vous répandiez sur la terre cette rosée de charité qui rafraîchit le monde desséché.

 

X. Marie figurée par l'étoile et la verge dont parle Balaam.

 

La voix prophétique nous annonce qu'une étoile nouvelle doit sortir un jour de Jacob; elle nous montre une verge qui doit naître d'Israël et frapper Moab.

Vous êtes, ô Marie! cette verge d'où la nature, pleine d'étonnement, verra naître le Christ.

Cette étoile brillante dont le rayon ne saurait altérer la pureté; cette étoile dont la lumière se répand sans nuage plus éclatante que le cristal le plus éblouissant, c'est vous, Vierge toujours immaculée ,

 

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que votre Fils laissa pure et sans tache lorsqu'il naquit de votre sein virginal.

Vous êtes la verge fleurie, la verge prophétique qui croit au milieu d'Israël; vous êtes la Vierge glorieuse promise par le ciel; c'est mystérieusement qu'on vous donne le nom de verge. Vous vous élancez puissante et forte de la tige de Jessé; vierge et mère à la fois, vous donnez à la terre une fleur merveilleuse.

Vous êtes la verge, vous êtes l'étoile, vous êtes le fleuve de la grâce. Vous êtes la demeure sans tache de la divinité. Vous êtes la Mère de celui que nous appelons la fleur, le rayon qui répand des célestes hauteurs le miel de la charité, et qui préserve le monde des tempêtes de la douleur.

Salut! Tige plus fertile que tous les arbres de la terre. Salut! Etoile plus brillante que les astres du firmament; Vierge qui l'emportez par vos actions, vos vertus, vos paroles, sur toutes les créatures ; gardienne et protectrice plus sûre que tous les hommes réunis.

 

XI. Marie figurée par la toison de Gédéon.

 

Vous êtes la toison que le ciel, dans sa bonté, offrit â Gédéon, toute humide et remplie d'une rosée divine; la toison qu'il pressa sous ses doigts. Les eaux dont vous fûtes arrosée sont demeurées toujours inaltérables, et vous êtes devenue la consolation de ceux que le malheur éprouve, alors que la terre entière se trouvait desséchée.

 

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La rosée véritable , descendue du fleuve céleste, a pénétré le manteau de votre pureté, alors que, par la faveur du Dieu suprême, vous fûtes remplie du soleil de justice; que vous devîntes la Mère de Dieu et de l'homme, et que la fleur de votre virginité réunit sans les altérer ses parfums à ceux de la maternité.

 

XII. Marie figurée par le temple bâti par Salomon et rempli de la gloire de Dieu.

 

La gloire du Roi suprême remplit le temple que la sagesse de Salomon éleva en l'honneur du Seigneur. Ainsi, Vierge Marie, la grâce céleste vous remplit lorsque la voix de Gabriel vous proclama la Mère que Dieu consacrait à son Fils.

Salomon, le roi pacifique, est ici la figure du Fils de Dieu, qui, comme un artiste céleste, s'est élevé un trône vraiment royal, lorsque l'Ange envoyé des cieux, aidant à notre salut, vint lui préparer une demeure sur la terre, et annoncer aux hommes des joies véritables.

Marie, mère de la grâce, mère et source de bonté, mère de miséricorde , fontaine et fournaise de la charité ; Marie, sanctuaire de la divinité, mère du soleil de justice, accordez-nous la lumière des splendeurs éternelles, la lumière de la céleste gloire.

 

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XIII. Marie figurée par Abigaïl, qui rétablit la paix entre Nabal et David.

 

L'épouse de Nabal calme David par des présents, et par ses prières pleines de bénignité, elle rétablit une paix durable entre lui et son époux , alors que ce dernier, par ses discours et ses actes insensés, avait mérité de finir honteusement sa vie au milieu des tourments.

Nabal, se livrant avec les siens aux joies de splendides festins, soupirant après les biens et les honneurs de la terre, s'adonnant aux plaisirs de la table, nous offre l'exemple du pécheur qui se répand en injures contre les serviteurs de Dieu , et dont les crimes ont mérité la mort.

David, dont la beauté réjouit les coeurs; David, roi incomparable, puissant et belliqueux, plein de clémence, de tendresse et d'amour, c'est Jésus-Christ, roi immuable, roi toujours glorieux et toujours admirable en ses saints.

Et vous, Marie, vous êtes la sage Abigaïl qui portez vos présents à David et formez , par vos prières, alliance entre lui et Nabal , lorsque vous offrez avec amour à Jésus le lait de votre sein, qui doit le sustenter. C'est ainsi que par vos mérites vous rendez tolérables le crime du pécheur.

Vierge reine , issue du sang des rois, née de la race de David , vous êtes la Mère et la fille de Dieu ; vous

 

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donnez le jour à Jésus, et le Sauveur obéit à votre voix; vous êtes notre mère; vous êtes l'allégresse et la félicité de notre loi , le bouclier invulnérable du pécheur , son éclat, son honneur et sa gloire.

En vous seule repose l'espérance du genre humain ; par vous seule est détruit le péché du vieil Adam. Vous êtes pour les malheureux le port de la vie ; par vous on obtient le salut. Et celui qui vous suit avec amour, est étranger aux souillures du crime.

Heureux donc celui qui se soumet à vos lois; celui qui , disposant son coeur à la vertu , se conduit selon vos désirs ; car ceux qui vous servent s'élèvent sûrement vers les cieux, et mis en possession de la vie , ils règnent avec vous pour toujours.

 

XIV. Marie figurée par Judith, qui donne la mort à Holopherne et délivre son peuple.

 

Le prince barbare des Assyriens voulant soumettre le monde à son empire, rassemble une armée sanguinaire, et déjà il assiége dans Béthulie la grande nation des juifs, résolu dans sa pensée impie de livrer à une mort cruelle tous ses habitants.

Alors la pieuse Judith se prépare à sauver son peuple. Durant la nuit elle sort de sa demeure, appelle sa servante et s'avance sans retard ; elle se présente à Holopherne pour conjurer le péril de sa race, le frappe à mort , et délivre ses frères du glaive suspendu sur leurs têtes.

 

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Béthulie, c'est la ville assiégée par la dissension , par la perfidie de l'enfer et les piéges de l'hérésie; c'est l'Eglise, notre mère. Unie à votre Fils, ô Marie! vous la préservez par la force de votre bras, vous la fortifiez par la puissance de votre grâce.

Vous êtes la vraie Judith éclatante de beauté, vous qui délivrez l'Eglise de la cruauté d'Holopherne, vous qui brisez par la grâce du ciel la perfidie de l'erreur, et répandez dans l'âme de vos enfants une espérance inébranlable.

Dans sa miséricorde, l'Esprit de sagesse et de douceur, l'Esprit de conseil et de science, l'Esprit de crainte et de force, le flambeau de la divinité vous a remplie de toute grâce, afin que vous soyez pour l'homme la source du pardon.

 

XV. Marie figuré par Esther , qui fit mourir Aman et délivra Mardochée et son peuple.

 

Esther est unie à Assuérus par les liens sacrés du mariage; elle entre dans le palais des rois, y reçoit la couronne et se voit établie au-dessus de tous. Vasthi est déposée; elle perd le trône et la puissance; la superbe Vasthi est rejeté bien loin, et Esther voit tout assujéti à son empire.

Esther est la figure du coeur humble et brisé par la douleur, du coeur doux et aimable, du coeur qui aime dans la vérité et s'élève par la contemplation ; Vasthi, au contraire , est l'image du coeur fragile qui

 

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s'exalte pour son malheur, du coeur superbe et indocile.

Où trouver, ô Marie, dans toute l'étendue de la terre, une âme qui vous soit comparable par son humilité ? Qui égalera jamais en douceur, en tendresse , celle qui fait cesser et détruit tout schisme et toute inimitié. Les Livres saints nous l'annoncent : vous êtes en grâce incomparable , et votre pureté l'emporte sur toute pureté.

C'est donc vous qu'Esther nous désigne, vous, la plus humble, la plus belle, la plus suave, la plus aimable, la plus douce de toutes les créatures, et ainsi la plus élevée que le ciel offre à nos hommages.

La perversité d'Aman, excitée par l'envie, s'agite contre le peuple juif ; sa perfidie cruelle et pleine de fourberie dicte la sentence de mort; mais la bénignité de Mardochée adresse à Esther un langage plein d'amour , afin que les décrets barbares approuvés par le roi soient révoqués sans retard.

A ce récit, Esther s'attendrit sur les enfants issus de sa race; elle va trouver le roi , dont les méchants ont surpris la bonne foi ; les crimes d'Aman sont dévoilés ; il en reçoit le prix, et ses complices sont livrés à la mort.

Vous êtes cette Esther, vous qui réprimez avec puissance la perfidie d'Aman; vous dissipez avec amour les malheurs qui pèsent sur ceux qui vous servent. Divinement fiancée par la grâce au Roi suprême, couronnée pour l'éternité, vous avez en vos mains une puissance vraiment royale.

 

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Aman, c'est l'ennemi du genre humain, c'est le serpent impur et cruel, chassé avec justice des hauteurs célestes, condamné aux tourments des enfers; c'est l'accusateur inique que vous foulez et broyez sous vos pieds, alors que vous calmez la colère de Dieu.

Vous conservez comme la prunelle de vos yeux vos serviteurs. Vous êtes en ce monde la consolation des enfants du Roi suprême, et le refuge de votre troupeau. Epouse glorieuse du Maître souverain, vous brisez la tête du méchant. Vous êtes le vrai livre de de la loi et l'arche du tabernacle.

Vous êtes la fleur du printemps, la fleur embaumée du lis , la fleur des fleurs , la gloire de la virginité, la source inépuisable de la force , la gardienne des hommes. La douceur de vos parfums a attiré le Seigneur, l'Ange du grand conseil, et l'a porté à mettre un terme à nos malheurs.

 

XVI. Marie figurée par la colombe qui apporta dans l'arche une branche d'olivier à Noé et à ses enfants.

 

XVII. Marie figurée par l'arbre auquel fut attaché le serpent d'airain dans le désert.

 

Lorsqu'après le déluge la colombe rapporte en son bec un rameau couvert de feuilles et de fleurs, elle

 

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ramena la joie dans l'âme de Noé et des siens , en faisant. briller à leurs eux attristés par les malheurs de la terre l'espérance du salut.

Au milieu du désert un arbre reçut le serpent d'airain , afin que le juif blessé par une morsure envenimée, élevant ses regards jusqu'à lui, y trouvai le salut par un bienfait admirable de Dieu , car une vertu secrète combattait le poison des serpents envoyés par le ciel.

Vous êtes, ô Marie, plus simple que la colombe; vous êtes la défense des humbles et le salut infaillible des hommes; vous avez apporté la joie à la terre lorsque vous donnâtes au monde le Fils de Dieu ; vous êtes plus puissante que le venin le plus mortel ; vous êtes la médecine du péché, et vos effets sont plus rapides que ceux produits par le serpent du désert.

 

XVIII. Marie figurée par la porte fermée par laquelle nul homme n'a passé.

 

Vous êtes la porte fermée dont parle le Prophète , la porte qui ne s'ouvrit jamais pour donner un passage à l'homme. Par cette porte la sagesse seule de Dieu est entrée et sortie sans effort, et sans en rompre les sceaux.

Votre virginité est cette porte dont l'éclat a pénétré les cieux ; et celui qui descend sans abandonner les célestes hauteurs , c'est le Messie , le Fils de Dieu. Il est conçu, il se revêt d'une faible chair, il prend un

 

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corps exempt de tout péché; et c'est en vous qu'il accomplit ces merveilles, Vierge par excellence.

De même que l'astre s'anime lorsque le soleil y projette sa lumière, et que la clarté qui s'en échappe ne saurait nuire à son intégrité , ainsi le Christ est conçu, et votre corps demeure toujours pur ; il naît miraculeusement , et votre virginité persévère immaculée.

 

XIX. Marie figurée par la femme que vit saint Jean dans l'Apocalypse.

 

Jean vit dans les cieux un signe mystérieux et admirable, un signe prophétique et frappant. Jamais rien de semblable ne s'offrit aux regards des Prophètes: jamais rien de si merveilleux n'avait annoncé à l'avance les bienfaits du Seigneur.

En présence de la cour céleste était une femme revêtue de la lumière du soleil ; elle pressait la lune sous ses pieds; une couronne de douze étoiles environnait son front, et elle portait en son sein un fruit tout divin.

A nulle autre qu'à vous, ô Marie, ce tableau que le Prophète déroule à nos yeux ne saurait convenir aussi bien. C'est en vous qu'est conçu , c'est de vous que naît le vrai soleil de justice, et c'est par lui que brille à nos yeux le royaume de la patrie bienheureuse.

La lune est placée sous vos pieds et la milice des cieux est soumise à votre empire. La gloire des douze Patriarches a été bénie par vous ; elle orne votre

 

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front, et les triomphes des apôtres forment votre diadème.

Vous êtes remplie de la plénitude de toutes les grâces. En vous se trouve l'abondance de toutes les vertus et de la pénitence; vous êtes la beauté par excellence . la lumière exempte de la tache du péché ; la splendeur de la gloire qui embellit le monde de l'éclat de ses rayons.

Tout ce que la voix des Prophètes et les énigmes de la loi ont annoncé de vous , ô Vierge, s'accomplit. Tout ce que la parole de l'Ange vous a promis après les prophètes et la loi , tout s'exécute fidèlement à la face du monde.

Salut! Consolation des hommes, étoile brillante de la mer. Salut! Remède de nos crimes, Vierge vraiment unique. Etrangère à l'homme, vous avez conçu et donné au monde le Seigneur; vous êtes la pierre angulaire qui met un terme aux figures de la loi.

Elevée au-dessus des cieux , vous régnez à la droite de Dieu; près de votre Fils et reine de son empire, vous êtes toute-puissante. C'est de là que vous affermissez les âmes sans vertu, et que vous leur prodiguez vos secours ; c'est de là que votre providence s'étend sur vos enfants, et que vous leur obtenez les grâces du salut.

En effet, la simple raison nous enseigne que là où se trouve environnée de gloire cette chair innocente que le Fils de Dieu prit en vous, là aussi doit se trouver le trône de votre splendeur, placé au milieu d'une  gloire incomparable. C'est là, ô Mère, qu'élevée

 

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au-dessus de toute créature, unie à votre Fils. Nous jouissez dans la céleste patrie , des entretiens de l'adorable Trinité; là votre grâce bienfaisante nous offre une couronne de bonheur ineffable, la gloire et la récompense des saints.

 

CONCLUSION.

 

Méditez ces louanges, vous qui mettez votre bonheur en la Vierge sacrée. Vénérez la tendre Marie, et efforcez-vous de la célébrer dignement.

En méditant ces figures, qui vous rappellent la Vierge immaculée, gardez-vous de passer sans lui dire : Je vous salue, ô Marie!

Vous trouverez grâce et miséricorde toutes les fois qu'en présence de la Vierge vous vous écrierez : Je vous salue, Marie, pleine de grâce, etc.

Homme formé d'une vile poussière, secouez-les ténèbres de la mort, maintenant que l'espérance brille encore à vos regards; hâtez-vous de sortir du danger.

Secouez cette poussière, aujourd'hui qu'il est temps encore de courir au remède; levez-vous, marchez pour saisir la couronne , alors qu'elle s'offre encore à vos efforts.

Cherchez la voie que vous avez quittée; souvenez-vous des malheurs passés; retournez à votre patrie avec le fils prodigue et pénitent.

 

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