LÉONARD
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SAINT LÉONARD *

 

Léonard veut dire odeur du peuple, de Leos, peuple, et nardus, nard, herbe odoriférante, parce que l’odeur d'une bonne renommée attirait le peuple à lui. Léonard peut encore venir de Legens ardua, qui choisit les lieux escarpés, ou bien il vient de Lion. Or, le lion possède quatre qualités : 1° La force qui, selon Isidore, réside dans sa poitrine et dans sa tète. De même, saint Léonard posséda la force dans son coeur, en mettant un frein aux mauvaises pensées, et dans la tête, par la contemplation infatigable des choses d'en haut. 2° Il possède la sagacité en deux circonstances, savoir en dormant les yeux ouverts et en effaçant les traces de ses pieds quand il (193) s'enfuit. De même, Léonard veilla par l’action du travail ; en veillant, il dormit dans le repos de la contemplation, et il détruisit en soi les traces de toute affection mondaine. 3° Il possède une grande puissance dans sa vois, au moyen de laquelle il ressuscite au bout de trois jours son lionceau qui vient mort-né, et son rugissement fait arrêter court toutes les bêtes. De même, Léonard ressuscita une infinité de personnes mortes dans le péché, et il fixa dans la pratique des bonnes oeuvres beaucoup de morts qui vivaient en bêtes. 4° Il est craintif au fond du coeur, car, d'après Isidore, il craint le bruit des roues et le feu. De même, Léonard posséda la crainte qui lui fit éviter le bruit des tracas du monde, c'est pour cela qu'il s'enfuit au désert; il craignit le feu de la cupidité terrestre: voilà pourquoi il méprisa tous les trésors qu'on lui offrit.

 

* Bréviaire de Limoges.

 

Léonard vécut, dit-on, vers l’an 500. Ce fut saint Remi, archevêque de Reims, qui le tint sur les fonts sacrés du baptême et, qui l’instruisit dans la science du salut. Ses parents avaient le premier rang dans le palais du roi de France. Il obtint du monarque la faveur insigne de renvoyer immédiatement absous tous les prisonniers qu'il visitait. Or, comme la renommée de sa sainteté allait toujours croissant, le roi le fit rester longtemps auprès de lui, jusqu'à ce qu'il se présentât une occasion favorable de lui. donner un évêché. Léonard le refusa, car, préférant la solitude, il quitta tout et vint avec son frère Liphard à Orléans où ils se livrèrent à la prédication. Après avoir passé quelque temps dans un monastère, Liphard ayant voulu rester solitaire sur les rives de la Loire, et Léonard, d'après l’inspiration du Saint-Esprit, se disposant à prêcher dans l’Aquitaine, ils se séparèrent après s'être embrassés mutuellement. Léonard prêcha donc en beaucoup d'endroits, fit un grand nombre de miracles et (194) se fixa dans une forêt voisine de la ville de Limoges, où se trouvait un château royal bâti à cause de la chasse. Or, il arriva qu'un jour le roi étant venu y chasser, la reine, qui l’avait accompagné pour son amusement, fut saisie par les douleurs de l’enfantement et se trouva en péril. Pendant que le roi et sa suite étaient en pleurs à raison du danger qui menaçait la reine, léonard passa à travers la forêt et entendit leurs gémissements. Emu de pitié, il alla au palais où on l’introduisit auprès du roi qui l’avait appelé. Celui-ci lui ayant demandé qui il était, Léonard lui répondit qu'il avait été disciple de saint Remi. Le roi conçut alors bon espoir et pensant qu'il avait été élevé par un bon maître, il le conduisit auprès de la, reine en le priant de lui obtenir par ses prières deux sujets de joie, savoir: la délivrance de son épouse et la naissance de l’enfant. Léonard fit donc une prière et obtint à l’instant ce qu'il demandait. Or, comme le roi lui offrait beaucoup d'or et d'argent, il s'empressa de refuser et conseilla au prince de distribuer ces richesses aux pauvres : « Pour moi, lui dit-il, je n'en ai aucun besoin, je ne désire qu'une chose : c'est de vivre dans quelque forêt, en méprisant les richesses de ce monde, et en ne servant que J.-C. » Et comme le roi voulait lui donner toute la forêt, Léonard lui dit : « Je ne l’accepte pas tout entière, mais je vous prie seulement de me concéder la portion dont je pourrai, la nuit, faire le tour avec mon âne. » Ce à quoi le roi consentit bien volontiers. On y éleva donc un monastère où Léonard vécut longtemps dans la pratique d'une abstinence sévère, avec deux personnes qu'il s'adjoignit. (195) Or, comme on ne pouvait se procurer de l’eau qu'à un mille de distance, il fit percer un puits sec dans son monastère et il le remplit d'eau par ses prières. Il appela ce lieu Nobiliac parce qu'il lui avait été donné par un noble roi. Il s'y rendit illustre par de si grands miracles que tout prisonnier, invoquant soir nom, était délivré de ses chaînes et s'en allait libre, sans que personne n'osât s'y opposer; il venait ensuite présenter à Léonard les chaînes ou les entraves dont il avait été chargé. Plusieurs de ces prisonniers restaient avec lui et servaient le Seigneur. Sept familles de ses parents, nobles comme lui, vendirent tout ce qu'elles possédaient pour le joindre : il distribua à chacune une portion de la forêt et leur exemple attira beaucoup d'autres personnes.

Enfin, le saint homme Léonard, tout éclatant de nombreuses vertus, trépassa au Seigneur le 8 des Ides de novembre. Comme il s'opérait beaucoup de miracles au lieu où il, reposait, il fut révélé aux clercs de faire construire une autre église ailleurs, parce que celle qu'ils avaient là leur était trop petite à raison de la multitude des pèlerins, puis d'y transférer avec honneur le corps de saint Léonard. Quand les clercs et le peuple eurent passé trois jours dans le jeûne et la prière, ils virent tout le pays couvert de neige, mais ils remarquèrent que le lieu où voulait reposer saint Léonard en était entièrement dépourvu. Ce fut donc là qu'il fut transporté. L'immense quantité de différentes chaînes de fer suspendues devant son tombeau témoigne combien de miracles le Seigneur opère par son intercession, surtout à l’égard de ceux (196) qui sont incarcérés. — Le vicomte de Limoges, pour effrayer les malfaiteurs, avait fait forger une chaîne énorme qu'il avait commandé de fixer au pied de sa tour. Quiconque avait cette chaîne au cou restait exposé à toutes les intempéries de l’air, c'était donc endurer mille morts à la fois. Or, il arriva qu'un serviteur de saint Léonard fut attaché à cette chaîne, sans l’avoir mérité. Il allait rendre le dernier soupir, quand il se recommanda, le mieux qu'il put et de tout coeur, à saint Léonard, en le priant, puisqu'il délivrait les autres, de venir aussi au secours de son serviteur. A l’instant saint Léonard lui apparut, revêtu d'un habit blanc, et lui dit : « Ne crains point, car tu ne mourras pas. Lève-toi et porte cette chaîne avec toi à mon église. Suis-moi, je te précéderai. » Cet homme se leva, prit la chaîne et suivit jusqu'à son église saint Léonard qui marchait en avant. Au moment où il arrivait vis-à-vis la porte, le bienheureux prit congé de lui. Le serviteur entra donc dans l’église et raconta à tout le monde le service que saint Léonard lui avait rendu, et il suspendit devant le tombeau cette chaîne énorme.

Un habitant de Nobiliac, qui était fort fidèle à saint Léonard, fut pris par un tyran, qui se dit en lui-même : « Ce Léonard délivre tous ceux qui sont enchaînés et toute espèce de fer, quelle qu'en soit la force, fond en sa présence comme la cire devant le feu. Si donc je fais enchaîner cet homme, aussitôt Léonard viendra le délivrer; mais si je pouvais le garder, j'en tirerais mille sous pour sa rançon. Je sais ce que j'ai à faire. Je ferai creuser au fond de ma tour une fosse (197) profonde et j'y plongerai cet homme après l’avoir chargé d'entraves. Ensuite sur l’orifice de la fosse, je ferai construire une geôle de bois où veilleront des soldats en armes. Bien que Léonard brise le fer, cependant il n'est pas encore entré sous terre. » Ce tyran exécuta tout ce qu'il s'était proposé : et comme le prisonnier se recommandait à chaque instant- à saint Léonard, le bienheureux vint la nuit et retournant la geôle où se trouvaient les soldats, il les y renferma dessous comme des morts dans un sépulcre. Ensuite étant entré dans la fosse, environné d'une grande lumière, il prit son fidèle serviteur par la main et lui dit : « Dors-tu, ou veilles-tu ? Voici Léonard que tu désires voir. » Alors cet homme s'écria plein d'admiration : « Seigneur, aidez-moi. » Aussitôt le saint brisa les chaînes, prit le prisonnier dans ses bras et le porta hors de la tour : ensuite, s'entretenant avec lui, comme un ami le fait avec son ami, il le conduisit jusqu'à Nobiliac et même jusqu'à sa maison.

Un pèlerin qui revenait d'une visite à saint Léonard, fut pris en Auvergne et renfermé dans une cave. Il conjurait ses geôliers de le relâcher, par amour pour saint Léonard, car jamais il ne les avait offensés en rien. Ils répondirent que; s'il ne donnait une somme importante pour sa rançon, il ne sortirait pas. « Eh bien, dit le pèlerin, que J'affaire se vide entre vous et saint Léonard auquel vous saurez que je me suis recommandé. »

Or, la nuit suivante, saint Léonard apparut au maître du château et lui commanda de laisser partir son pèlerin. Le matin à son réveil, cet homme (198) n'estimant pas la vision qu'il avait eue plus qu'il n'eût fait d'un songe, ne voulut pas lâcher son prisonnier. La nuit suivante, saint Léonard lui apparut encore, en lui réitérant les mêmes ordres ; mais il refusa de nouveau d'y obtempérer; alors la troisième nuit, le saint prit le pèlerin et le conduisit hors de la place. Un instant après, la tour s'écroula avec la moitié du château; plusieurs personnes furent écrasées et le seigneur, qui n'eut que les deux jambes cassées, fut préservé afin qu'il pût survivre à sa confusion. — Un soldat, prisonnier en Bretagne, invoqua saint Léonard, qui apparut au milieu de la maison, entra dans la prison, et après avoir brisé les chaînes qu'il remit entre les mains de cet homme, l’emmena en lui faisant traverser la foule frappée à cette vue de stupeur et d'effroi.

Il y eut un autre Léonard de la même profession, et saint également, dont le corps repose à Corbigny. Il était à la tête d'un monastère où il pratiqua une telle humilité qu'il semblait être le dernier des frères. Mais presque tout le peuple accourant vers lui, des envieux persuadèrent le roi Clotaire que, s'il n'y prenait garde, le royaume de France souffrirait de grands dommages, à cause de Léonard, qui, sous prétexte de religion, rassemblait beaucoup de monde autour de soi. Le roi trop crédule ordonna de le bannir. Les soldats qu'on envoya furent tellement touchés des paroles du saint qu'ils promirent de se faire ses disciples. Le roi se repentit enfin et priva les détracteurs du saint de leurs honneurs et de leurs biens ; il conçut une vive amitié pour Léonard qui obtint difficilement du prince que ses calomniateurs fussent réintégrés dans (199) leurs dignités. Il obtint aussi de Dieu que quiconque étant incarcéré, invoquerait son nom, fût délivré aussitôt. Un jour qu'il se livrait à la prière, un serpent énorme se glissa depuis ses pieds jusqu'à sa poitrine. Le saint n'en continua pas moins sa prière ; mais quand il eut fini, il dit au serpent : « Je sais bien que dès le commencement de la création, tu inquiètes les hommes, autant qu'il est en ton pouvoir; si cependant quelque puissance t'a été donnée sur moi, traite-moi comme je l’ai mérité. » Quand il eut parlé ainsi, le serpent, sortant précipitamment par son capuce, tomba mort à ses pieds. Dans la suite, il réconcilia deux évêques en discorde, et prédit qu'il mourrait le lendemain, vers l’an du Seigneur 270.

 

 

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