Quatrième Partie (A) :
LA CREATION DE L'UNIVERS  

Le Seigneur de toute éternité, qui est Jéhovah, a
créé de Lui-même, et non du néant, l'univers
et toutes les choses de l'univers.

    282. On sait sur toute la terre, et tout homme sage a reconnu d'après une perception intérieure, qu'il y a un seul Dieu qui est le Créateur de l'univers. On sait d'après la Parole, que Dieu Créateur de l'univers est appelé Jéhovah, du mot Etre, parce que Seul Il Est. Dans la Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur , il a été montré en plusieurs endroits, d'après la Parole, que le Seigneur de toute éternité est ce Jéhovah. Il est appelé le Seigneur de toute éternité, parce que Jéhovah s'est revêtu de l'Humain pour sauver les hommes de l'enfer. Alors Il a commandé à ses disciples de l'appeler Seigneur, et c'est pour cela que Jéhovah est appelé le Seigneur dans le Nouveau Testament, comme on peut le voir dans ce passage : ´Tu aimeras Jéhovah ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme. Deutér. VI, 5 ; - et dans le Nouveau Testamen : ´ Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton ‚me.ª - Matt. XXII, 37. - Il en est de même dans d'autres passages des Evangiles où l'Ancien Testament est cité.

    283. Tout homme raisonnable voit que l'univers n'a pas été créé du néant, parce qu'il voit que du néant il ne peut être fait quelque chose, puisque rien, ce n'est rien ; et il est contradictoire de faire quelque chose du néant, et ce qui est contradictoire est contre la lumière du vrai qui procède de la Divine Sagesse ; et tout ce qui ne vient pas de la Divine Sagesse ne vient pas non plus de la Divine Toute-Puissance. Tout homme raisonnable voit aussi que toutes choses ont été créées d'une Substance, qui est la Substance en Soi ; car celle-ci est l'Etre même d'après lequel toutes les choses qui sont peuvent exister ; et comme Dieu seul est la Substance en Soi et par suite l'Etre même, il est évident que l'existence des choses ne vient que de cette origine. Plusieurs personnes l'ont compris, car la raison le fait voir, Mais elles n'ont pas osé le confirmer, de peur d'être ainsi amenées à penser que l'univers créé est Dieu, parce qu'il vient de Dieu ou que la nature existe d'après elle-même, et qu'ainsi l'intime de la nature est ce qu'on appelle Dieu. Pour cette raison, bien que certaines personnes aient compris que la création de toutes choses ne procède que de Dieu, et de l'Etre de Dieu, elles n'ont cependant pas osé aller au-delà de leur première pensée sur ce sujet, pour ne pas engager leur entendement dans des raisonnements inextricables. Elles n'auraient pu en dégager leur entendement, parce qu'elles pensaient de Dieu, et de la création de l'univers par Dieu, d'après le temps et l'espace, qui sont les propriétés de la nature, et personne ne peut, d'après la nature, avoir une perception de Dieu ni de la création de l'univers. Mais tout homme, dont l'entendement est dans quelque lumière intérieure, peut avoir une perception de la nature et de la création de la nature d'après Dieu, parce que Dieu n'est ni dans le temps ni dans l'espace. Ci-dessus aux N°s 7 à 10, on a vu que le Divin n'est pas dans l'espace ; aux N°s 69 à 72, que le Divin remplit tous les espaces de l'univers sans espaces ; aux N°s 73 à 76, que le Divin est dans tout temps sans temps : Dans ce qui suit, on verra que, bien que Dieu ait créé de Lui-Même l'univers et tout ce qu'il contient, néanmoins il n'y a pas dans l'univers créé la moindre chose qui soit Dieu ; ainsi que plusieurs autres propositions qui mettront ce sujet dans toute sa lumière.

    284. Dans la Première Partie de cet ouvrage, il a été question de Dieu, à savoir, qu'Il est le Divin Amour et la Divine Sagesse, et qu'Il est la Vie, puis aussi qu'Il est la Substance et la Forme qui est l'Etre Même et Unique. Dans la Seconde Partie, il a été question du Soleil spirituel et de son monde, du soleil naturel et de son monde, et de l'univers avec tout ce qu'il contient qui a été créé par Dieu au moyen de ces deux soleils. Dans la Troisième Partie, il a été traité des degrés dans lesquels sont toutes et chacune des choses qui ont été créées. Dans cette quatrième partie, il va être parlé de la création de l'univers par Dieu. Il est traité de ces différents sujets, parce que les anges se sont lamentés devant le Seigneur du fait qu'ils ne voient que les ténèbres lorsqu'ils portent leurs regards vers le monde, et ne trouvent chez les hommes aucune connaissance au sujet de Dieu, du ciel et de la création de la nature sur laquelle leur sagesse puisse s'appuyer.

Le Seigneur de toute éternité, ou Jéhovah,
n'aurait pu créer l'univers, et toutes les
choses de l'univers, s'il n'e°t été homme.

    285. Ceux qui ont de Dieu Homme une idée naturelle corporelle, ne peuvent nullement saisir comment Dieu, comme Homme, a pu créer l'univers et toutes les choses de l'univers. Ils se demandent comment Dieu-Homme, peut parcourir l'univers d'espace en espace et créer ; ou encore, comment Il peut du lieu où Il est, dire une parole, et ainsi créer toutes choses. Quand il est dit que Dieu est Homme, de telles idées se présentent chez ceux qui pensent de Dieu-Homme comme d'un homme de ce monde, et qui pensent à Dieu d'après la nature et d'après les propriétés de la nature, qui sont le temps et l'espace. Mais ceux qui pensent à Dieu comme Homme, non d'après l'homme de ce monde, et non d'après la nature, ni d'après l'espace et le temps de la nature, perçoivent clairement que l'univers n'a pu être créé, à moins que Dieu ne soit Homme. Celui qui peut entrer dans l'idée angélique sur Dieu, c'est-à-dire qu'Il est Homme, et qui éloigne autant que possible l'idée de l'espace, approchera de la vérité par la pensée. Quelques hommes instruits perçoivent que les esprits et les anges ne sont pas dans l'espace, parce qu'ils perçoivent le spirituel sans espace. Car le spirituel est comme la pensée : Bien qu'elle soit dans l'homme, par elle l'homme, néanmoins, peut être comme présent ailleurs, dans n'importe quel lieu, même le plus éloigné. Tel est l'état des esprits et des anges, qui sont hommes, même quant à leurs corps ; ils apparaissent dans le lieu où est leur pensée, parce que les espaces et les distances dans le monde spirituel sont des apparences, et font un avec la pensée qui provient de leur affection. On peut voir de ce qui précède qu'il ne faut pas penser à Dieu d'après l'espace ; car bien qu'Il apparaisse comme Soleil loin au-dessus du monde spirituel, il ne peut y avoir en Lui aucune apparence d'espace. On peut alors comprendre qu'Il a créé l'univers, non de rien mais de Lui-Même puis que Son Corps Humain ne peut être imaginé grand ou petit, ou d'une stature quelconque, car cela aussi appartient à l'espace ; qu'ainsi Il est le même dans les premiers et dans les derniers, dans les très grands et dans les très petits ; et qu'en outre Son Humain est l'intime dans tout objet créé, mais sans espace. On voit ci-dessus, aux N°s 77 à 82, que le Divin est le même dans les très grands et dans les très petits ; aux N°s 69 à 72, que le Divin remplit tous les espaces sans espace. Puisque le Divin n'est pas dans l'espace, il n'est pas non plus continu, comme l'est l'intime de la nature.

    286. Toute personne intelligente peut très clairement saisir que Dieu n'aurait pu créer l'univers, et toutes les choses de l'univers, s'Il n'e°t été Homme. En effet elle ne peut nier qu'il n'y ait en Dieu l'Amour et la Sagesse, la Miséricorde et la Clémence, le Bien même et le vrai même, puisque tout cela procède de Dieu. Comme elle ne peut le nier, elle ne peut non plus nier que Dieu ne soit Homme, car aucune de ces choses ne peut exister séparée de l'homme, puisque l'homme est leur sujet ; et les séparer de leur sujet, c'est dire qu'elles ne sont pas. Si, en pensant à la sagesse, on la place hors de l'homme, est-elle quelque chose ? Peut-on la concevoir comme une sorte d'éther ou comme une sorte de flamme. On ne le peut, à moins peut être de la placer dans cet éther ou dans cette flamme, et si on l'y place, ce sera la sagesse dans une forme, telle qu'est la forme de l'homme ; et pour que la sagesse ait la forme de l'homme, celle-ci doit être complète sans que rien n'y manque. En un mot la forme de la sagesse est l'homme. Puisque l'homme est la forme de la sagesse, il est aussi la forme de l'amour, de la miséricorde, de la clémence, du bien et du vrai, parce que ces choses font un avec la sagesse. On voit ci-dessus, aux N°s 40 à 43, que l'amour et la sagesse ne peuvent exister que dans une forme.

    287. On peut aussi voir d'après les anges du ciel que l'amour et la sagesse sont homme, par le fait que ces anges acquièrent plus de beauté dans la mesure où ils sont par le Seigneur dans l'amour et par suite dans la sagesse. On voit encore la même chose en ce que dans la Parole il est dit d'Adam, qu'il a été créé selon la ressemblance et à l'image de Dieu, - Gen. 1, 26,. - parce qu'il a été créé selon la forme de l'amour et de la sagesse. Tout homme sur terre naît selon la forme humaine quant au corps, parce que son esprit, qui est aussi appelé ‚me, est homme ; et cet esprit est homme, parce qu'il est susceptible de recevoir du Seigneur l'amour et la sagesse ; et autant l'esprit ou l'âme d'un homme les reçoit, autant il devient homme après la mort du corps matériel qui l'entourait. Autant il ne les reçoit pas, autant il devient un monstre, qui tient quelque chose de l'homme à cause de la faculté de recevoir.

    288. Parce que Dieu est Homme, tout le ciel angélique dans le complexe représente un seul homme ; et ce ciel est divisé en régions et en provinces selon les membres, les viscères et les organes de l'homme. En effet, des sociétés du ciel constituent les provinces de toutes les parties du cerveau, de tous les organes de la face, et aussi de tous les viscères du corps. Ces provinces entre elles sont divisées absolument comme ces parties chez l'homme ; de plus les anges savent dans quelle province de l'homme ils sont. Le ciel entier est dans cette effigie, parce que Dieu est Homme. Dieu est aussi le ciel, parce que les anges qui constituent le ciel sont des réceptacles de l'amour et de la sagesse procédant du Seigneur, et que les réceptacles sont des images. Il a été montré dans les Arcanes Célestes, à la fin de plusieurs chapitres, que le ciel est dans la forme de toutes les parties de l'homme.

    289. D'après ces explications, on peut voir l'inconsistance des idées de ceux qui pensent que Dieu n'est pas Homme et que les attributs Divins ne sont pas dans Dieu comme Homme, parce que séparés de l'Homme, ces attributs ne sont que de pures chimères. On voit ci-dessus, aux N°s 11, 12, 13, que Dieu est l'Homme Même, d'après lequel tout homme est homme d'après la réception de l'amour et de la sagesse. La même chose est confirmée ici en vue de ce qui suit, afin qu'on perçoive que la création de l'univers est faite par Dieu parce qu'Il est Homme.

Le Seigneur de toute éternité, ou Jéhovah, a
produit de Lui-même le soleil du monde spirituel
et d'après ce soleil il a créé l'univers et toutes
les choses de l'univers.

    290. Dans la seconde partie de cet ouvrage, il a été traité du Soleil et du monde spirituel, et il a été montré ce qui suit : Le Divin Amour et la Divine Sagesse apparaissent dans le monde spirituel comme soleil, N°s 83 à 88 ; la chaleur spirituelle et la lumière spirituelle procèdent de ce soleil, N°s 89 à 92. Ce soleil n'est pas Dieu, mais il est le procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme ; et il en est de même de la chaleur et de la lumière procédant de ce soleil, N°s 93 à 98. Le soleil du monde spirituel est à une altitude moyenne, et apparaît distant des anges, comme le soleil du monde naturel apparaît distant des hommes, N°s 103 à 107. Dans le monde spirituel l'orient est le lieu où apparaît le Seigneur comme soleil, et de ce lieu dépendent les autres régions, N°s 119 à 123, 124 à 128. Les anges tournent continuellement leur face vers le Seigneur comme soleil, N°s 129 à 134, 135 à 139. Le Seigneur a créé l'univers et toutes les choses de l'univers au moyen de ce soleil qui est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse, N°s 151 à 156. Le soleil du monde naturel est pur feu, et par conséquent la nature qui tire son origine de ce soleil est morte ; et le soleil du monde naturel a été créé, pour que l'œuvre de la création p°t être achevée et finie, N°s 157 à 162. Sans ces deux soleils, l'un vivant et l'autre mort, il ne peut y avoir de création, N°s 163 à 166.

    291. Parmi les choses qui ont été montrées dans la seconde partie, il y a aussi été dit que le soleil spirituel n'est pas le Seigneur, mais qu'il est le procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse du Seigneur. Il est dit ´procédantª, parce que ce soleil a été produit du Divin Amour et de la Divine Sagesse, qui en eux-mêmes sont substance et forme et que le Divin procède de là. Mais comme la raison humaine est telle, qu'elle ne donne pas son assentiment, à moins qu'elle ne voie la chose d'après la cause, ainsi à moins qu'elle ne perçoive aussi comment a été produit le soleil du monde spirituel, qui n'est pas le Seigneur, mais qui procède de lui. Il faut par conséquent en dire aussi quelque chose. Je me suis beaucoup entretenu avec les anges sur ce sujet. Ils m'ont dit qu'ils perçoivent cela clairement dans leur lumière spirituelle, mais qu'ils ne peuvent pas le présenter facilement devant l'homme dans sa lumière naturelle, parce qu'il y a une si grande différence entre l'une et l'autre et par conséquent entre les pensées. Ils m'ont dit cependant que cela peut être comparé à la sphère des affections et des pensées qui entoure chaque ange, par laquelle sa présence est manifestée à ceux qui sont rapprochés et à ceux qui sont éloignés ; et que cette sphère ambiante n'est pas l'ange lui-même, mais qu'elle provient de toutes et de chacune des choses de son corps, d'où des substances émanent continuellement comme un fleuve, et celles qui émanent se pressent autour de lui. Ces substances contiguÎs à son corps, continuellement mises en action par les deux sources du mouvement de sa vie, le cœur et le poumon, excitent les mêmes activités dans les atmosphères, et par là produisent une perception comme de sa présence chez les autres. Ainsi il n'y a pas une sphère séparée des affections et des pensées qui sorte de l'ange et soit continuée, quoiqu'on la nomme ainsi, parce que les affections sont de purs états des formes du mental en lui. Ils m'ont dit en outre qu'il y a une telle sphère autour de chaque ange, parce qu'il y en a une autour du Seigneur, que cette sphère autour du Seigneur vient pareillement de Lui, et qu'elle est leur soleil, ou le soleil du monde spirituel.

    292. Il m'a souvent été donné de percevoir qu'il y a une telle sphère autour de l'ange et de l'esprit, et aussi une sphère générale autour de plusieurs membres dans une société. Il m'a aussi été donné de la voir sous diverses apparences, dans le ciel parfois sous l'apparence d'une flamme légère ou parfois sous l'apparence d'une nuée légère et blanche, et dans l'enfer sous l'apparence d'un feu épais ou d'un nuage épais et noir. J'ai aussi perçu ces sphères par des odeurs agréables ou infectes. Par ces expériences j'ai eu la confirmation que chacun dans le ciel et chacun dans l'enfer est entouré d'une sphère consistant en substances dégagées et séparées de son corps.

    293. J'ai également perçu qu'une sphère émane non seulement des anges et des esprits, mais aussi de toutes et de chacune des choses qui apparaissent dans le monde spirituel, ainsi des arbres et de leurs fruits, des arbustes et de leurs fleurs, des plantes et des herbes, et même des terres et de toutes leurs parties. Par là j'ai vu clairement qu'il y a une loi universelle qui concerne tout ce qui est vivant aussi bien que tout ce qui est mort : cette loi veut que chaque objet soit environné de quelque chose de semblable à ce qui est intérieurement en lui, et qui émane continuellement de lui. Les expériences d'un grand nombre de savants ont fait voir qu'il en est de même dans le monde naturel. Par exemple, des flots d'effluves émanent sans cesse de l'homme, et de tout animal, aussi de l'arbre, du fruit, de l'arbuste, de la fleur, et même du métal et de la pierre. Le monde naturel tient cela du monde spirituel, et le monde spirituel le tient du Divin.

    294. Parce que les choses qui constituent le soleil du monde spirituel procèdent du Seigneur, mais ne sont pas le Seigneur, elles ne sont pas la vie en soi, et elles n'ont pas la vie en soi. Il en est de même des choses qui émanent de l'ange et de l'homme et qui font les sphères autour d'eux, elles ne sont ni l'ange ni l'homme, mais en proviennent, privées de la vie qui est en eux. Les sphères font un avec l'ange ou avec l'homme parcequ'elles sont concordantes, et elles le sont parce qu'elles ont été prises des formes de leur corps, qui en eux, étaient les formes de leur vie. C'est un arcane, que les anges, au moyen de leurs idées spirituelles peuvent voir par la pensée et même voir par le langage ; mais les hommes ne le peuvent au moyen de leurs idées naturelles, parce que mille idées spirituelles font une seule idée naturelle, et qu'une idée naturelle ne peut être résolue par l'homme en une idée spirituelle, ni à plus forte raison en un si grand nombre. Il en est ainsi, parce que les idées diffèrent selon les degrés de hauteur, dont il a été traité dans la troisième partie.

    295. Il m'a été montré qu'il y a une telle différence entre les pensées des anges et celles des hommes par l'expérience suivante : il fut demandé à des anges de penser spirituellement sur quelque sujet, et de me dire ensuite l'objet de leurs pensées. Ils le firent, et lorsqu'ils voulurent me le dire, ils ne le purent, avouant qu'ils ne pouvaient l'énoncer. Il en était de même de leur langage spirituel et de leur écriture spirituelle. Il n'y avait aucun mot du langage spirituel qui fut semblable à un mot du langage naturel, ni rien de l'écriture spirituelle qui fut semblable à l'écriture naturelle, excepté les lettres, dont chacune contenaitun sens entier. Mais, ce qui est étonnant, ils me dirent qu'il leur semblait penser, parler et écrire dans l'état spirituel tout à fait comme l'homme le fait dans l'état naturel, et cependant il n'y a aucune similarité. Je vis ainsi clairement que le naturel et le spirituel diffèrent selon les degrés de hauteur, et qu'ils ne communiquent entre eux que par les correspondances.

Dans le Seigneur il y a trois choses qui sont le
Seigneur ; le Divin de l'Amour, le Divin de la
Sagesse, et le Divin de l'Usage, et ces trois se
présentent en apparence hors du soleil du
monde spirituel ; le Divin de l'Amour par
la chaleur, le Divin de la Sagesse par la
lumière, et le Divin de l'Usage par
l'atmosphère, qui est le contenant.

    296. On voit ci-dessus, aux N°s 89 à 92, 99 à 102, 146 à 150, que du soleil du monde spirituel procèdent une chaleur et une lumière, que la chaleur procède du Divin Amour du Seigneur, et la lumière de Sa Divine Sagesse. Il sera maintenant montré que la troisième chose qui procède de ce soleil est une atmosphère, qui est le contenant de la chaleur et de la lumière, et que cette atmosphère procède du Divin du Seigneur, Divin qui est appelé usage.

    297. Tout homme quelque peu éclairé peut voir que l'amour a pour fin et pour intention l'usage, et qu'il produit l'usage par la sagesse ; car l'amour ne peut de lui-même produire aucun usage, mais il en produit au moyen de la sagesse. En effet l'amour n'est rien s'il n'a pas quelque chose à aimer ; et ce quelque chose est l'usage. Puisque l'usage est ce qui est aimé, et qu'il est produit par la sagesse, il s'ensuit que l'usage est le contenant de la sagesse et de l'amour. Il a été montré aux N°s 209 à 216, et ailleurs, que ces trois choses, l'amour, la sagesse et l'usage se suivent en ordre selon les degrés de hauteur, et que le dernier degré est le complexe, le contenant et la base des degrés antérieurs. D'après cela, on peut voir que ces trois choses, le Divin de l'Amour, le Divin de la Sagesse, et le Divin de l'usage sont dans le Seigneur, et qu'en essence elles sont le Seigneur.

    298. Il sera pleinement démontré dans la suite que l'homme considéré quant à ses extérieurs et quant à ses intérieurs, est une forme de tous les usages, et que tous les usages dans l'univers créé correspondent aux usages de l'homme. Ici, il faut seulement en faire mention, afin qu'on sache que Dieu comme Homme est la forme même de tous les usages, de laquelle tous les usages dans l'univers créé tirent leur origine ; et qu'ainsi l'univers créé, considéré quant aux usages, est l'image de Dieu-Homme. Sont appelés usages les choses qui, procédant de Dieu-Homme, c'est-à-dire du Seigneur, sont par création dans l'ordre ; mais ne sont pas appelées usages celles qui sont du propre de l'homme, car ce propre est l'enfer, et ces choses sont contre l'ordre.

    299. Puisque l'Amour, la Sagesse et l'Usage sont dans le Seigneur et sont le Seigneur, et que le Seigneur est partout, car il est omniprésent ; et puisque le Seigneur ne peut se montrer tel qu'Il est en Lui-Même, ni tel qu'Il est dans son soleil, à aucun ange, ni à aucun homme, Il se manifeste donc par des choses qui peuvent être reçues. Il se manifeste quant à l'Amour par la chaleur, quant à la Sagesse par la lumière, et quant à l'usage par l'atmosphère. Le Seigneur quant à l'usage se présente par l'atmosphère, parce que celle-ci est le contenant de la chaleur et de la lumière, de même que l'usage est le contenant de l'amour et de la sagesse. Car la lumière et la chaleur, qui procèdent du Divin Soleil, ne peuvent procéder dans le néant, c'est-à-dire dans le vide, mais elles procèdent dans un contenant qui est le sujet ; et ce contenant, nous l'appelons atmosphère. Cette atmosphère entoure le soleil, le reçoit dans son sein, et le
transporte vers le ciel où sont les anges, de là vers le monde où sont les hommes, et ainsi manifeste partout la présence du Seigneur.

    300. il a été montré aux N°s 173 à 178, 179 à 183, que dans le monde spirituel il y a des atmosphères comme dans le monde naturel. Il y a été dit que les atmosphères du monde spirituel sont spirituelles, et que celles du monde naturel sont naturelles. Maintenant, d'après l'origine de l'atmosphère spirituelle, qui entoure de plus près le Soleil Spirituel, on peut voir que chacune de ses parties est, dans son essence, telle qu'est le soleil dans la sienne. Par leurs idées spirituelles qui sont dans l'espace, les anges déclarent qu'il en est ainsi en disant qu'il y a une substance unique, de laquelle proviennent toutes choses, et que le soleil du monde spirituel est cette substance ; et que puisque le Divin n'est pas dans l'espace, et est le même dans les très grands et dans les très petits, il en est de même de ce soleil qui est le premier procédant de Dieu-Homme. Ils ajoutèrent que cette unique substance, qui est le soleil, procédant selon les degrés continus ou de largeur, et en même temps selon les degrés discrets ou de hauteur, au moyen des atmosphères, présente les variétés de toutes choses dans l'univers créé. Les anges m'ont dit que cette vérité ne peut nullement être saisie, à moins que les espaces ne soient écartés des idées ; s'ils ne le sont pas, les apparences induisent toujours en erreur. Cependant on ne peut y être induit, quand on pense que Dieu est l'Etre Même dont procèdent toutes choses.

    301. D'après les idées angéliques, où il n'y a pas l'espace, il est en outre bien évident que, dans l'univers créé, rien ne vit que le seul Dieu-Homme, c'est-à-dire, le Seigneur ; que rien n'a de mouvement que par la vie venant de Lui ; et que rien n'existe que par le soleil venant de Lui. Ainsi c'est une vérité, que dans Dieu nous vivons, nous nous Mouvons et avons notre être.

Les atmosphères, qui sont au nombre de trois dans le
monde spirituel comme dans le monde naturel, se
terminent dans leurs derniers en substances et en
matières, telles quelles sont sur la terre.

    302. il a été montré dans la troisième partie, N°s 173 à 176, que dans les deux mondes, le spirituel et le naturel, il y a trois atmosphères, qui sont distinctes l'une de l'autre selon les degrés de hauteur, et qui décroissent selon les degrés de largeur, en avançant vers les inférieurs. Puisque les atmosphères décroissent en avançant vers les inférieurs, il s'ensuit qu'elles deviennent continuellement plus denses et inertes, et enfin tellement denses et inertes dans les derniers, qu'elles ne sont plus des atmosphères, mais sont des substances en repos, et dans le monde naturel des substances fixes, telles qu'elles sont sur la terre, et sont appelées matières. De cette origine des substances et des matières il résulte : 1° Que ces substances et ces matières sont aussi de trois degrés ; 2° Qu'elles sont tenues dans un lien commun par les atmosphères ambiantes ; 3° Qu'elles ont été adaptées pour produire tous les usages dans leurs formes.

    303. Que les substances ou matières, telles qu'elles sont sur la terre, aient été produites par le soleil au moyen de ses atmosphères, cela peut être affirmé par quiconque pense qu'il y a de perpétuelles médiations depuis le premier jusqu'aux derniers, et que rien ne peut exister que par un antérieur à soi, et enfin par un premier. Ce premier est le soleil du monde spirituel, et le Premier de ce soleil est Dieu-Homme ou le Seigneur. Comme les atmosphères sont ces antérieurs, par lesquels ce soleil se manifeste dans les derniers, et comme ces antérieurs décroissent continuellement en activité et en expansion, jusqu'aux derniers, il s'ensuit qu'ils deviennent des substances et des matières, telles qu'elles sont sur la terre, quand leur activité et leur expansion cessent dans les derniers. Ces substances et ces matières retiennent en elles, d'après les atmosphères auxquelles elles doivent leur origine, un effort et une tendance à produire des usages. Ceux qui n'établissent pas la création de l'univers, et de toutes les choses de l'univers, par de continuelles médiations à partir du Premier, ne peuvent que b‚tir des hypothèses sans cohérence et sans lien avec leurs causes. Ces hypothèses, lorsqu'elles sont examinées par un mental ayant une perception intérieure des choses, apparaissent non comme une maison, mais comme un amas de décombres.

    304. De cette origine universelle de toutes choses dans l'univers créé, chacune d'entre elles tient pareillement d'avancer dans le même ordre, c'est-à-dire, depuis son premier jusqu'aux derniers, qui sont relativement dans un état de repos, afin de se terminer et de subsister. Ainsi, dans le corps humain, les fibres vont depuis leurs premières formes jusqu'aux dernières qui sont les tendons : les fibres avec leurs petits vaisseaux vont aussi de leurs premières formes jusqu'aux dernières, qui sont des cartilages et des os ; elles se reposent sur eux et subsistent. Comme il y a dans l'homme, une telle progression des fibres et des vaisseaux depuis les premiers jusqu'aux derniers, il y a par conséquent une semblable progression de leurs états, états qui sont les sensations, les pensées et les affections. Celles-ci, de même, vont depuis leurs premiers où elles sont dans la lumière, jusqu'aux derniers où elles sont dans l'ombre ; et, depuis les premiers, où elles sont dans la chaleur, jusqu'aux derniers où elles ne sont pas dans la chaleur. Comme telle est leur progression, telle est aussi la progression de l'amour et de toutes les choses de l'amour, puis aussi de la sagesse et de toutes les choses de la sagesse. En un mot, telle est la progression de toutes choses dans l'univers créé. Voir les N°s 222 à 229, où il est montré que les degrés des deux genres sont dans les très grands et les très petits de toutes les choses qui ont été créées. Voir aussi au 300, que selon les idées spirituelles des anges, les degrés des deux genres sont aussi dans les très petits de toutes choses, parce que le soleil spirituel est l'unique substance d'où proviennent toutes choses.

Dans les substances et dans les matières, dont
les terres sont formées, il n'y a rien du Divin
en Soi, néanmoins elles procèdent du
Divin en Soi.

    305. D'après l'origine des terres, dont il est traité dans l'article précédent, on peut voir que dans leurs substances et dans leurs matières il n'y a rien du Divin en Soi, mais qu'elles sont dépourvues de tout Divin en Soi ; car elles sont, comme il a été dit, les fins et les terminaisons des atmosphères, dont la chaleur s'est terminée en froid, la lumière en obscurité, et l'activité en inertie. Néanmoins, par continuation elles ont emporté de la substance du soleil spirituel ce qui y venait du Divin, qui, ainsi qu'il a été dit aux N°s 291 à 298, était la sphère entourant Dieu-Homme, ou le Seigneur. De cette sphère par continuation depuis le soleil, au moyen des atmosphères, sont issues les substances et les matières dont les terres sont formées.

    306. L'origine des terres d'après le Soleil spirituel, au moyen des atmosphères, ne peut être autrement décrite par des mots qui découlent des idées naturelles, mais elle peut l'être autrement par des mots qui découlent des idées spirituelles, parce que ces idées sont sans l'espace ; et pour cette raison elles ne tombent dans aucune expression du langage naturel. On peut voir ci-dessus, au 295, que les pensées, les langages et les écritures spirituels diffèrent des pensées, des langages et des écritures naturels au point qu'ils n'ont rien de commun entre eux, et qu'ils ne communiquent que par les correspondances. Il suffit donc que l'origine des terres soit perçue naturellement dans une certaine mesure.