Première partie (C) :
DIEU

Toutes choses dans l'univers créé sont des réceptacles
du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme.

    55. Il est généralement admis que toutes et chacune des choses de l'univers ont été créées par Dieu ; l'univers, par conséquent, avec toutes et chacune des choses qu'il contient est appelé, dans la Parole, l'œuvre de Jéhovah. Certains pensent que le monde dans son complexe a été créé du néant, et ils conservent du néant l'idée d'un néant absolu. Cependant d'un néant absolu rien n'est fait ou ne peut être fait. C'est une vérité acceptée. L'univers donc, qui est l'image de Dieu, et par suite plein de Dieu, n'a pu être créé qu'en Dieu et par Dieu ; car Dieu est l'Être Même, et de l'Être doit venir ce qui est. Créer ce qui est du néant qui n'est pas, est une absolue contradiction. Néanmoins ce qui a été créé en Dieu par Dieu n'est pas une continuité de Dieu, car Dieu est l'Être en soi, et dans les objets créés il n'y a rien de l'Être en soi. S'il y en avait quelque chose, ce serait une continuité de Dieu, et une continuité de Dieu est Dieu. Voici l'idée angélique sur ce sujet : Ce qui a été créé en Dieu et par Dieu est comme une chose qui, dans l'homme, a été tirée de sa vie, mais de laquelle la vie a été extraite, et qui est telle, qu'elle est en accord avec sa vie,et néanmoins n'est pas sa vie. Les anges le confirment d'après plusieurs choses qui existent dans leur Ciel, où ils disent qu'ils sont en Dieu et que Dieu est en eux, et que cependant ils n'ont dans leur être rien de Dieu qui soit Dieu. D'autres raisons seront données ultérieurement, d'après lesquelles ils confirment cela.

    56. Toute chose créée, en vertu de cette origine, est telle dans sa nature, qu'elle est un réceptacle de Dieu, non par continuité, mais par contiguïté. Elle est susceptible d'être conjointe par la contiguïté et non par la continuité, car ayant été créée en Dieu par Dieu elle est faite pour la conjonction ; et parce qu'elle a été ainsi créée, elle est une chose analogue, et par cette conjonction elle est comme une image de Dieu dans un miroir.

    57. De là vient que les anges sont des anges, non par eux-mêmes, mais par cette conjonction avec Dieu-Homme. Cette conjonction est selon la réception du Divin Bien et du Divin Vrai, qui sont Dieu, et qui semblent procéder de Lui,bien qu'ils soient en Lui.Cette réception a lieu chez les anges dans la mesure où ils s'appliquent à observer les lois de l'ordre, qui sont les Divines Vérités, d'après la liberté de penser et de vouloir selon la raison, facultés qu'ils tiennent du Seigneur comme si elles leur appartenaient. Par là, comme par eux-mêmes, ils ont la réception du Divin Bien et du Divin Vrai, et par là il y a la réciprocité de l'amour ; car, ainsi qu'il a déjà été dit, l'amour n'existe pas sans réciprocité. Il en est de même des hommes sur terre. D'après ces explications on peut d'abord voir que toutes les choses de l'univers créé sont des réceptacles du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme.

    58. On ne peut expliquer maintenant comment toutes les choses de l'univers qui ne sont ni comme les anges ni comme les hommes, mais qui sont au-dessous des hommes dans le règne animal, au-dessous des animaux dans le règne végétal, et au-dessous des végétaux dans le règne minéral, sont aussi des réceptacles du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme, car auparavant il y a plusieurs explications à donner sur les degrés de la vie et sur les degrés des réceptacles de la vie. La conjonction avec ces choses est selon les usages ; car tous les usages bons tirent leur origine d'une conjonction avec Dieu, conjonction semblable pour tous, mais dissemblable selon les degrés. Successivement dans la descente elle devient telle, qu'il n'y a en ces choses rien de la liberté, parce qu'il n'y a rien de la raison, et par suite rien de l'apparence de la vie ; néanmoins elles sont des réceptacles. Comme elles sont des réceptacles, elles sont réagissantes ; et parce qu'elles sont réagissantes, elles sont des contenants. La conjonction avec les usages qui ne sont pas bons sera traitée lorsque l'origine du mal sera exposée.

    59. D'après ces explications on peut voir que le Divin est dans toutes et dans chacune des choses de l'univers créé, et que par conséquent l'univers créé est l'œuvre des mains de Jéhovah, comme il est dit dans la Parole, c'est-à-dire, l'œuvre du Divin Amour et de la Divine Sagesse, car cet Amour et cette Sagesse sont entendus par les mains de Jéhovah. Bien que le Divin soit dans toutes et dans chacune des choses de l'univers créé, cependant il n'y a rien du Divin en soi dans leur être, car l'univers créé n'est pas Dieu, mais il est de Dieu. Et parce qu'il est par Dieu, il y a en lui l'image de Dieu comme il y a l'image d'un homme dans un miroir, dans lequel l'homme apparaît il est vrai, sans qu'il n'y ait rien de lui dans cette image.

    60. J'ai entendu dans le monde spirituel plusieurs esprits dire qu'ils voulaient bien reconnaître qu'il y a le Divin dans toutes et dans chacune des choses de l'univers, parce qu'ils voyaient en elles les œuvres merveilleuses de Dieu, et d'autant plus merveilleuses qu'elles sont vues plus intérieurement. Mais quand il leur fut dit qu'il en était réellement ainsi, ils furent indignés, indice qu'ils le disaient sans le croire. Il leur fut alors demandé s'il ne pouvait le voir seulement d'après l'admirable faculté que possède toute semence de produire sa propre forme végétale dans l'ordre voulu jusqu'à de nouvelles semences ; et en ce que dans toute semence il y a l'idée de l'infini et de l'éternel, car en elle il y a une tendance à se multiplier et à fructifier à l'infini et éternellement. Cela n'est-il pas aussi évident pour l'animal, même le plus petit, qui possède des organes et des viscères avec leurs propres fonctions, sans parler des choses merveilleuses que présente leur caractère. Toutes ces merveilles viennent de Dieu, mais les formes dont elles ont été revêtues proviennent des matières de la terre ; de ces matières proviennent les végétaux et dans leur ordre les hommes. C'est pourquoi il est dit de l'homme, qu'il a été créé de l'humus, qu'il est poussière de la terre, et qu'une âme de vies a été soufflée dans ses narines - Gen. II. 7 - d'où il est évident que le Divin n'appartient pas à l'homme, mais qu'Il lui a été adjoint.

Toutes les choses qui ont été créées
représentent l'homme
dans une sorte d'image

    61. On peut le voir d'après toutes et chacune des choses du règne animal, du règne végétal et du règne minéral.

    Le rapport avec l'homme dans toutes et dans chacune des choses du règne animal est évident par le fait que les animaux de tout genre ont en commun avec l'homme, des membres, des organes et des viscères. Ils ont aussi des appétits et des affections semblables aux appétits et aux affections naturels de l'homme. Ils ont des connaissances innées correspondantes à leurs affections ; dans quelques-unes de ces connaissances on voit comme un spirituel qui apparaît dans une certaine mesure. C'est pourquoi les hommes purement naturels se voient semblables aux êtres animés de ce règne, sauf en matière de langage.

    Le rapport avec l'homme par toutes et chacune des choses du règne végétal est évident par le fait que les végétaux tirent leur existence d'une semence, et d'après elle, progressent par étapes. Il y a chez eux quelque chose qui ressemble au mariage, suivi de prolification. Leur âme végétative est l'usage dont ils sont les formes ; sans parler de plusieurs autres choses qui ont un rapport avec l'homme, et qui ont été décrites par plusieurs auteurs.

    Le rapport avec l'homme par toutes et chacune des choses du règne minéral se montre seulement dans la tendance à produire des formes représentatives de toutes et chacune des choses du règne végétal, et par conséquent à remplir des usages. En effet, dès que la semence tombe dans le sein de la terre, celle-ci la réchauffe et lui donne tous les moyens pour qu'elle germe, et qu'elle se montre dans une forme représentative de l'homme. On voit aussi une semblable tendance dans les objets solides de ce règne, par les coraux dans le fond des mers, et par les efflorescences dans les mines, qui proviennent des minéraux et des métaux. L'effort pour la végétation, et ainsi pour l'accomplissement des usages, est le dernier effet qui procède du Divin dans les choses créées.

    62. comme les minéraux font un effort vers la végétation de même les végétaux font un effort vers la vivification. De là les insectes de différents genres qui correspondent aux exhalaisons odoriférantes des végétaux. On verra plus loin que cela provient non de la chaleur du soleil du monde, mais de la vie opérant par cette chaleur selon l'état des réceptacles.

    63. D'après ce qui vient d'être exposé, on peut savoir qu'il y a un rapport de toutes les choses de l'univers créé, avec l'homme, mais on ne peut le voir qu'obscurément, tandis qu'on le voit clairement dans le monde spirituel. Là sont aussi toutes les choses des trois règnes, au milieu desquelles est l'ange. Il les voit autour de lui, et sait aussi qu'elles sont ses représentations ; bien plus, quand l'intime de son entendement est ouvert, il se connaît, et voit son image en elles, à peu près comme dans un miroir

    64. Par ces rapports et par plusieurs autres concordances, que je n'ai pas le loisir d'exposer ici, on peut savoir avec certitude que Dieu est Homme, et que l'univers créé est l'image de Dieu ; car il y a un rapport commun de toutes choses avec Lui, de même qu'il y a un rapport particulier de toutes choses avec l'homme.

Les usages de toutes les choses créées montent
par degrés depuis les derniers jusqu'à
l'homme, et par l'homme jusqu'à
Dieu Créateur, de qui tout procède

    65. Les derniers sont, comme il a déjà été dit, toutes et chacune des choses du règne minéral. Ces choses sont les matières de différents genres qui renferment la fin et aussi l'origine de tous les usages qui procèdent de la vie. La fin de tous les usages est l'effort pour produire les usages, et l'origine est la force qui agit d'après cet effort. Ceci est pour le règne minéral.

    Les moyens sont toutes et chacune des choses du règne végétal. Ces choses sont tous les végétaux dont les usages sont pour tous et pour chacun des êtres du règne animal, tant imparfaits que parfaits. Ils nourrissent leurs corps par les matières, délectent leurs sens par la saveur, l'odeur, la beauté, et vivifient leurs affections. L'effort pour cela est aussi en eux par la vie.

    Les premiers sont toutes et chacune des choses du règne animal. Les vers et les insectes sont parmi les infimes de ce règne ; les oiseaux et les bêtes sont les moyens ; et les hommes, les suprêmes, car dans tout règne il y a les infimes, les moyens et les suprêmes ; les infimes pour l'usage des moyens, et les moyens pour l'usage des suprêmes. Les usages de toutes choses créées montent ainsi en ordre depuis les derniers jusqu'à l'homme, qui est le premier dans l'ordre.

    66. Il y a trois degrés d'ascension dans le monde naturel, et il y a trois degrés d'ascension dans le monde spirituel. Tous les animaux sont des réceptacles de la vie. Les animaux les plus parfaits sont des réceptacles de la vie des trois degrés du monde naturel, les moins parfaits de la vie de deux degrés de ce monde, et les imparfaits de la vie d'un seul degré. Mais l'homme seul est un réceptacle de la vie des trois degrés du monde naturel et des trois degrés du monde spirituel. Il s'ensuit que l'homme est différent de tout animal, car il peut être élevé au-dessus de la nature. Il peut penser analytiquement et rationnellement sur les choses civiques et morales qui sont au-dedans de la nature ; il le peut aussi sur les choses spirituelles et célestes qui sont au-dessus de la nature ; il peut même être élevé dans la sagesse jusqu'au point de voir Dieu. Mais, dans un article spécial, il sera traité des six degrés par lesquels les usages de toutes les choses créées montent, dans leur ordre, jusqu'à Dieu Créateur. D'après cet exposé sommaire, on peut voir que, de toutes les choses créées, il y a une ascension vers le Premier, qui seul est la Vie, et que les usages de toutes les choses sont les réceptacles mêmes de la vie, et que de là viennent les formes des usages.

    67. Il sera dit aussi en peu de mots comment l'homme monte, c'est-à-dire, est élevé du dernier degré au premier. L'homme naît dans le dernier degré du monde naturel ; par les connaissances il est ensuite élevé dans le second degré, et selon le perfectionnement de son entendement par les connaissances, il est élevé dans le troisième degré, alors il devient rationnel. Les trois degrés d'ascension dans le monde spirituel sont dans l'homme au-dessus des trois degrés naturels, et ne se montrent pas avant qu'il ait dépouillé le corps terrestre. Quand cela a lieu, le premier degré spirituel lui est ouvert, ensuite le second, et enfin le troisième, mais celui-ci seulement chez ceux qui deviennent anges, du troisième Ciel, ce sont eux qui voient Dieu. Ceux chez qui le second et le dernier degré peuvent être ouverts deviennent anges du second et du dernier Ciel. Tout degré spirituel chez l'homme est ouvert selon la réception du Divin Amour et de la Divine Sagesse procédant du Seigneur. Ceux qui en reçoivent un peu viennent dans le premier degré spirituel ou le plus bas ; ceux qui reçoivent davantage viennent dans le second degré spirituel ou le moyen ; et ceux qui en reçoivent beaucoup viennent dans le troisième ou suprême degré. Mais ceux qui n'en reçoivent rien restent dans les degrés naturels, et ne tirent des degrés spirituels que ce qui est indispensable pour qu'ils puissent penser et par suite parler, et vouloir et par suite agir, mais sans intelligence.

    68. Sur l'élévation des intérieurs de l'homme qui appartiennent à son mental, il faut encore savoir que dans tout ce qui a été créé par Dieu il y a une réaction. L'action appartient à la Vie seule, et la réaction est excitée par l'action de la Vie. Cette réaction semble appartenir à la chose créée parce qu'elle a lieu quand la chose est actionnée ; ainsi dans l'homme elle semble lui appartenir, parce qu'il sent absolument que la vie lui appartient, alors que l'homme est seulement un réceptacle de la vie. Cette cause fait que l'homme, en raison de son mal héréditaire, réagit contre Dieu. Mais autant il croit que toute sa vie vient de Dieu, et que tout bien de la vie vient de l'action de Dieu, et tout mal de la vie de la réaction de l'homme, autant la réaction devient de l'action, et l'homme agit avec Dieu comme par soi-même. L'équilibre de toutes choses vient de l'action et de la réaction simultanée, et il faut que tout soit dans l'équilibre. Ceci a été dit afin que l'homme croie que c'est par le Seigneur qu'il monte vers Dieu, et non par lui-même.

Le Divin, sans espace,
remplit tous les espaces de l'univers

    69. Il y a deux attributs de la nature, l'espace et le temps. L'homme dans le monde naturel forme d'après eux les idées de sa pensée, et par suite son entendement. S'il n'élève pas son mental au-dessus de ces idées, il ne peut rien percevoir du spirituel ni du Divin, car il enveloppe le spirituel et le Divin d'idées qui tiennent à l'espace et au temps, et dans la mesure où il le fait, la lueur de son entendement, devient purement naturelle. Penser d'après l'espace et le temps en raisonnant sur les spirituels et sur les Divins, c'est comme penser d'après l'obscurité de la nuit sur les objets qui apparaissent seulement dans la lumière du jour. De là vient le naturalisme. Mais celui qui sait élever son mental au-dessus des idées de la pensée qui tiennent à l'espace et au temps, passe de l'obscurité à la lumière, et il discerne les spirituels et les Divins, et voit enfin les choses qui sont en eux et qui en procèdent. Alors d'après cette lumière il dissipe l'obscurité de la lueur naturelle, et il en relègue les illusions du milieu sur les côtés. Tout homme doué d'entendement, peut penser au-dessus de ces attributs de la nature, et lorsqu'il le fait, il affirme et voit que le Divin, parce qu'Il est Omniprésent, n'est pas dans l'espace. Il peut aussi affirmer et voir ce qui a été exposé ci-dessus ; mais s'il nie la Divine Omniprésence et attribue toute chose à la nature, alors il ne veut pas être élevé, bien qu'il le puisse

    70. Tous ceux qui meurent et deviennent des anges se dépouillent de ces deux propriétés de la nature, qui, ainsi qu'il a été dit, sont l'espace et le temps ; car ils entrent alors dans la lumière spirituelle, dans laquelle les objets de la pensée sont les vrais, qui ne tirent absolument rien de l'espace et du temps, et dans laquelle les objets de la vue sont semblables à ceux du monde naturel, mais correspondants à leurs pensées. Ces objets, il est vrai, apparaissent comme dans l'espace et dans le temps, néanmoins les anges ne pensent pas d'après l'espace et le temps. Il en est ainsi, parce que les espaces et les temps n'y sont pas fixes comme dans le monde naturel, mais varient selon les états de la vie des anges. Par suite, dans les idées de leur pensée, au lieu des espaces et des temps, il y a les états de la vie ; au lieu des espaces, les choses qui se rapportent aux états de l'amour ; et au lieu des temps les choses qui se rapportent aux états de la sagesse. Il s'ensuit que la pensée spirituelle et que le langage spirituel qui en provient diffèrent totalement de la pensée et du langage naturels ; ils n'ont en commun que les intérieurs des choses, intérieurs qui tous sont spirituels. Il sera donné ailleurs de plus grands détails sur cette différence. Puisque les pensées des anges ne tirent rien de l'espace, ni rien du temps, mais tirent tout des états de la vie, il est évident que les anges ne comprennent pas quand il est dit que le Divin remplit les espaces, car ils ne savent pas ce que c'est que les espaces, mais qu'ils comprennent clairement quand sans l'idée d'aucun espace, il est dit que le Divin remplit toutes choses.

    71. Ce qui suit permettra d'illustrer que l'homme purement naturel pense aux spirituels et aux Divins, d'après l'espace, et que l'homme spirituel y pense sans l'espace. L'homme purement naturel pense par les idées qu'il s'est acquises d'après les objets de la vue, qui tous ont une figure tenant de la longueur, de la largeur et de la hauteur, et dont la forme angulaire ou circulaire est déterminée par ces dimensions. Ces figures et ces formes sont évidemment présentes dans les idées de sa pensée sur les objets visibles de la terre, et le sont aussi sur les choses non visibles, c'est-à-dire civiques et morales. Il ne voit pas celles-ci, il est vrai, mais elles y sont comme des continuations des objets visibles. Il en est autrement de l'homme spirituel, et surtout de l'ange du ciel dont la pensée n'a rien de commun avec la figure et la forme tenant quelque chose de la longueur, de la largeur et de la hauteur de l'espace, mais elle est sur l'état de la chose d'après l'état de la vie. Par conséquent, au lieu de la longueur de l'espace il pense au bien de la chose, d'après le bien de la vie ; au lieu de la largeur de l'espace, au vrai de la chose d'après le vrai de la vie ; et au lieu de la hauteur, aux degrés du bien et du vrai. Ainsi il pense d'après la correspondance qui existe entre les spirituels et les naturels. D'après cette correspondance, dans la Parole la longueur signifie le bien de la chose, la largeur le vrai de la chose, et la hauteur les degrés du bien et du vrai. Il est donc évident que l'ange du ciel, quand il pense à l'Omniprésence Divine, ne peut que penser que le Divin, sans espace, remplit toutes choses. Ce que l'ange pense est le vrai, parce que la lumière qui éclaire son entendement est la Divine Sagesse.

72. Sans cette pensée fondamentale sur Dieu, les choses qui seront dites sur la création de l'univers par Dieu-Homme sur sa Providence, sa Toute-Puissance, son Omniprésence et son Omniscience peuvent, il est vrai, être comprises, mais ne peuvent être retenues. Car l'homme purement naturel quand il les comprend, retombe toujours dans l'amour de sa vie, qui appartient à sa volonté, et cet amour les dissipe, et plonge la pensée dans l'espace, dans lequel est sa lueur, qu'il appelle le rationnel, ne sachant pas qu'autant il nie ces choses, autant il est irrationnel. On peut confirmer qu'il en est ainsi par l'idée de ce vrai, que Dieu est Homme. On peut aussi le comprendre en lisant avec attention ce qui a été dit ci-dessus, N°s 11 à 13, et ce qui a été écrit ensuite. Mais si la pensée est remise plus ou moins dans la lueur naturelle qui tient à l'espace, ces choses paraîtront comme des paradoxes, et pourront même être rejetées. Pour cette raison il est dit que le Divin remplit tous les espaces de l'univers, et il n'est pas dit que Dieu-Homme les remplit, car la lueur purement naturelle n'y acquiescerait pas, mais elle accepte l'idée que le Divin les remplit parce que cela concorde avec cette formule du langage des théologiens, que Dieu est Omniprésent, et qu'il entend et sait tout. Voir sur ce sujet les N°s 7 à 10.

Le Divin, sans le temps,
est dans tout temps

    73. Comme le Divin sans espace est dans tout espace, de même Il est dans tout temps sans temps. En effet, ce qui est propre à la nature ne peut se dire du Divin, et l'espace et le temps sont propres à la nature, et sont mesurables. Comme on le sait le temps est mesuré par les jours, les semaines, les mois, etc. et la nature tire cette mesure du mouvement apparent de rotation et de circonvolution du soleil du monde. Mais il en est autrement dans le monde spirituel, où les progressions de la vie apparaissent pareillement dans le temps, car les habitants y vivent entre eux comme les hommes dans le monde, ce qui n'est pas possible sans l'apparence du temps. Mais le temps n'y est pas divisé en périodes comme dans le monde, car leur Soleil est constamment à l'Orient et ne se déplace jamais, puisque c'est le Divin Amour du Seigneur qui leur apparaît comme Soleil. Ainsi ils n'ont pas des jours, semaines, mois, etc., mais à la place ils ont des états de la vie, par lesquels se fait la distinction, qui n'est pas une distinction en périodes, mais qui est une distinction en états. Il s'ensuit que les anges ne connaissent pas le temps, et lorsqu'on en parle, à sa place ils perçoivent l'état. Lorsque l'état détermine le temps, celui-ci est seulement une apparence, car le plaisir de l'état le fait apparaître court, et le déplaisir le fait apparaître long. Il est donc évident que dans le monde spirituel, le temps n'est que la qualité de l'état. Ainsi, dans la Parole, les états et les progressions des états dans la série et dans le complexe sont signifiés par les heures, les jours, les semaines, etc. Quand les temps se réfèrent à l'Eglise, le matin signifie son premier état, midi son apogée, le soir son déclin et la nuit sa fin. Les quatre saisons de l'année ont la même signification.

    74. De ce qui précède on peut voir que le temps fait un avec la pensée procédant de l'affection, car la qualité de l'état de l'homme en provient. Dans le monde spirituel, les progressions du temps sont étroitement unies aux progressions des distances dans l'espace. Les chemins y sont en actualité raccourcis ou allongés selon les désirs qui appartiennent à la pensée procédant de l'affection. De là vient l'expression, « les espaces de temps ». De plus, lorsque la pensée ne se conjoint pas avec l'affection propre de l'homme, comme dans le sommeil, le temps n'est pas perçu.

    75. Maintenant, comme les temps, qui sont propres à la nature dans son monde, sont de purs états dans le monde Spirituel, états qui apparaissent progressifs, parce que les anges et les esprits sont finis, on peut voir que dans Dieu ils ne sont pas progressifs, parce que Dieu est Infini, et que les Infinis en Lui sont un, selon ce qui a été démontré ci-dessus, aux N°s 17 à 22. Il en résulte que le Divin est dans tout temps sans le temps.

    76. Celui qui n'a aucune connaissance ou aucune perception de Dieu sans le temps, ne peut concevoir l'éternité que comme une éternité de temps. Sa pensée ne peut que s'égarer sur Dieu de toute éternité, car il pense d'après un Commencement, et le commencement appartient uniquement au temps. Son égarement le mène à penser que Dieu a existé par Soi, d'où il tombe facilement dans l'origine de la nature par soi. Il ne peut en être détaché que par l'idée spirituelle ou angélique sur l'éternité, qui est sans le temps. Quand il est fait abstraction du temps, l'éternité et le Divin sont une même chose, et le Divin est le Divin en Soi et non par Soi. Les anges déclarent qu'ils peuvent percevoir un Dieu de toute éternité, mais non une nature de toute éternité, encore moins une nature par soi, et nullement une nature qui serait une nature en soi. Car ce qui est en soi est l'Être même de qui toutes choses procèdent ; et l'Être en Soi est la Vie même, qui est le Divin Amour de la Divine Sagesse et la Divine Sagesse du Divin Amour. Telle est l'éternité pour les anges ; ainsi elle est hors du temps, comme l'Incréé est hors du créé, ou comme l'Infini est hors du fini, entre lesquels, en fait il n'y a aucun rapport.

Le Divin est le même dans les très grands
et dans les très petits

    77. Cela résulte des deux articles précédents qui nous disent que le Divin est dans tout espace sans espace, et que le Divin est dans tout temps sans le temps. Or les espaces varient depuis les très grands jusqu'aux très petits ; et comme les espaces et les temps font un, ainsi qu'il a été dit, il en est de même des temps. Le Divin est le même en eux, parce que le Divin n'est ni variable ni muable, comme l'est tout ce qui appartient à l'espace et au temps, ou tout ce qui appartient à la nature, mais le Divin est invariable et immuable, par conséquent Il est partout et toujours le même.

    78. Il semble que le Divin ne soit pas le même dans chaque homme, pas le même dans le sage et dans le simple, dans le vieillard et dans l'enfant ; mais c'est une illusion provenant de l'apparence, l'homme est différent, mais le Divin n'est pas différent en lui. L'homme est un réceptacle, et chaque réceptacle est différent. L'homme sage reçoit le Divin Amour et la Divine Sagesse d'une manière plus adéquate, ainsi plus pleinement que l'homme simple, et le vieillard qui est sage aussi, plus pleinement que le petit enfant et l'enfant, néanmoins le Divin est le même dans tous. C'est aussi une illusion d'après l'apparence de croire que le Divin est différent chez les anges du Ciel et chez les hommes de la terre, parce que les anges du ciel sont dans une sagesse ineffable, et que les hommes ne le sont pas. Mais la différence apparente est dans les sujets selon la qualité de la réception du Divin, et non dans le Seigneur.

    79. on peut voir d'après le ciel et d'après l'ange dans le ciel, que le Divin est le même dans les très grands et les très petits. Puisque le Divin dans le ciel entier et le Divin dans un ange est le même, le ciel entier peut apparaître commeun seul ange. Il en est de même de l'Eglise et d'un homme de l'Eglise. La plus grande forme réceptrice du Divin est le ciel entier et en même temps l'église entière, et la plus petite est l'ange du ciel et l'homme de l'église. J'ai quelquefois vu une société entière du ciel comme un homme-ange, et il m'a été dit qu'elle pouvait apparaitre comme un homme grand, tel qu'un géant, et comme un homme petit, tel qu'un enfant, parce que le Divin est le même dans les très grands et dans les très petits.

    80. Le Divin est aussi le même dans les très-grands et dans les très-petits de toutes les choses créées qui ne vivent pas, car Il est dans tout bien de leur usage. Elles ne vivent pas, parce qu'elles sont, non des formes de la vie, mais des formes des usages ; et la forme varie selon l'excellence de l'usage. Dans la suite, lorsqu'il s'agira de la création, il sera dit comment le Divin est en elles.

    81. Si l'on fait abstraction de l'espace, et qu'on n'accepte absolument pas l'idée du vide, et qu'alors on pense au Divin Amour et à la Divine Sagesse comme étant l'Essence même, sans espace et sans vide ; ensuite si l'on pense, d'après l'espace, on percevra que le Divin est le même dans les plus grandes et dans les plus petites choses de l'espace ; car dans l'Essence abstraite de l'espace il n'y a ni grand ni petit, mais le même.

    82. Un jour, j'ai entendu des anges s'entretenir avec Newton sur le vide. Ils disaient qu'ils ne supportaient pas l'idée du vide comme néant, parce que dans leur monde qui est spirituel, donc en dedans et au-dessus des espaces et des temps du monde naturel, ils ont également la sensation, la pensée, l'affection, l'amour, la volonté, la respiration et même la parole et l'action, toutes choses qui seraient absolunent impossibles dans le vide qui serait le néant, parce que rien est rien, et qu'aucune chose ne peut provenir du néant. Newton leur dit qu'il savait que le Divin qui est l'Être Même remplit tout, et que l'idée du néant à propos du vide lui faisait horreur, parce qu'elle est destructrice de tout. Il exhortait ceux qui parlaient avec lui sur le vide à se garder de l'idée du néant, appelant cette idée une défaillance parce que dans le néant aucune activité du mental, n'est possible.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE