OPUSCULE
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OPUSCULE SUR CES MOTS : POURQUOI ÊTES-VOUS VENU (a) ?

CHAPITRE I. Qu'il faut penser au but et à la fin

CHAPITRE II. De l'obéissance.

CHAPITRE III. Du respect envers les supérieurs.

CHAPITRE IV. Les prémices du jour et des pensées doivent dire pour Dieu.

CHAPITRE V. Du respect et de l'attention dans l'office divin.

CHAPITRE VI. De sa propre accusation et de celle de ses frères dans le chapitre.

CHAPITRE VII. Il faut observer avec soin les bonnes institutions.

CHAPITRE VIII. De la règle et de la modération à observer à table.

CHAPITRE IX. De la pratique de la pauvreté.

CHAPITRE X. De la façon de se coucher et de dormir.

CHAPITRE XI. Des oeuvres viles et du service de la messe.

CHAPITRE XII. Il faut se bien confesser.

CHAPITRE XIII. De l’amour de la cellule et du renoncement à sa volonté propre.

CHAPITRE XIV. De la lecture de l'Écriture sainte et des livres pieux.

CHAPITRE XV. Il ne faut point désirer la prélature ni la charge d'instruire les autres.

CHAPITRE XVI. De la continuelle vigilance à exercer sur soi, à cause de Dieu et des anges qui nous voient en tous lieux.

CHAPITRE XVII. Du respect et de la modestie.

CHAPITRE XVIII. Les paroles doivent être circonspectes; il faut éviter la détraction.

CHAPITRE XIX. Il faut éviter la jactance.

CHAPITRE XX. Il faut éviter les paroles bouffonnes.

CHAPITRE XXI. Du désir d'ouïr des choses pieuses et utiles.

CHAPITRE XXII. Il faut éviter la contention.

CHAPITRE XXIII. Comment des religieux doivent parler, et de l'emploi du temps.

CHAPITRE XXIV. Du miroir de toutes les vertus placé devant nos yeux, c'est-à-dire de la vie de Jésus-Christ.

 

CHAPITRE I. Qu'il faut penser au but et à la fin

 

Il faut d'abord considérer pourquoi ou dans quel but vous êtes venu. Pourquoi, si ce n'est pour Dieu seul, afin qu'il soit votre récompense dans la vie éternelle? Car, comme nous n'êtes venu pour aucun autre, de même, à cause de nul autre, vous ne devez omettre le bien, ou vous laisser attiédir par n'importe quel exemple, dans vous appliquer à ce pourquoi vous êtes venu. Vous êtes venu pour servir Dieu que toute créature doit servir. D'abord parce quelle n'a rien qu'elle ne tienne de lui: aussi l'homme, qui est un être raisonnable, doit-il, plus que tout autre créature lui donner ce qu'il est, et ce qu'il peut. Et si tous les êtres servent le Créateur selon leur pouvoir, celui qui doit le faire plus que est autres c'est l'homme, que le Seigneur a non seulement créé, ainsi que le reste, mais encore doué d'intelligence, ennobli par la liberté, établi maître du monde, rendu semblable à lui, dont il a daigné prendre la nature, qu'il a bien voulu instruire par ses paroles et ses exemples, racheter de mort éternelle par son propre sang, fortifier de son Saint-Esprit, nourrir de sa propre chair, soigner comme une mère soigne son enfant, et à qui il a résolu de donner l'héritage éternel. Voilà comment nous sommes tenus de le servir plus que les autres créatures, nous qu'il a aimés plus que tous les êtres qui sont au monde.

 

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CHAPITRE II. De l'obéissance.

 

Et comme vous n'avez point la présomption de croire que vous savez

 

a Gérard Vossins, Prévôt de Tongres, l'a édité le premier, à Rome, en 1594, sous ce titre: « Opuscule attribué à S. Bernard, abbé de Clairvaux. » Ceux qui le lui ont attribué les premiers, ont été amenés à ce sentiment parce que ce saint docteur répétait souvent cette parole : « Pourquoi es-tu venu? » Comme on le voit au chapitre IV du livre I de sa vie. Mais, à peu de changements prés, on le retrouve au tome XIII de la bibliothèque des Pères, édition de Cologne, parmi les ouvrages de David, d'Agosta, de l'ordre des frères mineurs, sous ce titre :  « Formule des novices, et portant, comme avant-propos, une épître dédicatoire à Berthold.

 

ce que le Seigneur veut, vous vous êtes confié à un supérieur qui vous régit, et vous lui avez donné votre main dans la confession, pour qu'il vous conduisit dans la voie de Dieu. Aussi, ne vous est-il plus permis de 'vivre à votre gré : vous devez aller où votre chef vous ordonne d'aller, et éviter ce qu'il vous défend. Car, quiconque désire apprendre un art, doit suivre les instructions de celui qui le forme, et abandonner ses propres imaginations. Il en est de même du malade qui éprouve des accès brûlants, il doit observer la diète que le médecin lui prescrit, s'il veut être promptement guéri : ainsi, ne faites et ne dites point une chose que vous sauriez que votre maître ne veut pas. Vous vous êtes donné à lui pour le royaume des cieux, vous n'êtes donc plus à vous, vous êtes à lui. Vous vous êtes vendu à lui, vous ne pouvez donc disposer de vous sans son consentement. C'est lui qui est le maître de votre volonté. S'ingérer dans la conduite de la chose d'autrui malgré lui, c'est un vol : or le voleur n'entre pas dans le ciel. Nous devons obéir à nos supérieurs, qui sont les représentants de Dieu près de nous, comme à Dieu lui-même, non comme à des hommes, parce que ce n'est pas pour eux, mais bien pour l'amour du Seigneur que nous nous sommes soumis à eux : c'est pourquoi « le serviteur n'est pas plus grand que son maître (Matth. X, 24). »  Montrez-vous donc, si affable envers lui, qu'il soit libre de vous commander ou de vous défendre ce qu'il trouvera bon : car si c'est lui qui vous craint, le serviteur est plus grand que son Seigneur, et le disciple est au dessus du maître.

 

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CHAPITRE III. Du respect envers les supérieurs.

 

Ayez la paix avec vos supérieurs, ne parlez point mal d'eux, ne prêtez pas volontiers l'oreille à ceux qui en disent du mal : c'est là une faute que Dieu punit dans les inférieurs, même en cette vie. Ne pesez pas trop sévèrement leurs manquements, mais pardonnez-leur, car ils sont hommes : or il est difficile, au milieu de beaucoup de soins, d'éviter constamment la négligence, et souvent nous regardons comme mal ce qu'un autre fait pour le bien, parce que nous ignorons son intention. Honorez-les du fond de votre coeur, ne les méprisez pas, de crainte de mépriser Dieu dont ils tiennent la place. Pour votre bien et celui de votre âme, observez leurs règles et leurs constitutions, et n'ayez pas en dégoût ce qu'ils n'ont pas fait sans cause, bien que vous ne connaissiez point cette cause. Quand on marche simplement dans la voie de Dieu, on ne trouve pas de péril dans les dispositions de ce genre, bien plutôt on y rencontre son profit et matière à de plus grandes mérites. Le véritable serviteur de Dieu doit marcher dans la voie royale et les commandements de Dieu, de telle sorte que les prescriptions dés hommes ne le gênent jamais en rien, parce qu'il doit lui-même se retenir, tellement, que si ces prescriptions n'existaient pas, il prendrait néanmoins garde, et éviterait tout ce qui lui est nuisible; ces sortes d'ordonnances répriment en effet les écarts de ceux qui dépassent les bornes. Après ces considérations préliminaires sur l'obéissance, qui est le commencement de toute bonne vie religieuse, je passe à d'autres pratiques. Je m'occuperai d'abord des exercices corporels et ensuite des spirituels, parce que, en premier lieu, ne se trouve pas ce qui est spirituel, mais ce qui est animal, puis vient ce qui est de l'esprit.

 

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CHAPITRE IV. Les prémices du jour et des pensées doivent dire pour Dieu.

 

Prenez l'excellente habitude de vous éveiller un peu avant matines, afin que votre esprit se dirige vers le Seigneur dans la prière et que vous soyez plus sobre et plus dévot dans le service de Dieu et le chant de ses louanges; et, à votre réveil, chassez de suite toutes les imaginations et tous les songes dont le démon voulait vous occuper ; puis , vous tenant debout ou à genoux, offrez à Dieu, du fond de votre coeur, les prémices de vos pensées, jusqu à ce que vous conceviez quelque affection de piété et que votre esprit s'échauffe; dès lors, toute la journée, vous serez plus fervent et plus pieux.

 

 

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CHAPITRE V. Du respect et de l'attention dans l'office divin.

 

Dans l'office divin, ne soyez ni paresseux ni engourdi, mais faites violence à votre corps et à votre esprit; chantez devant le Seigneur avec respect et entrain, sous les yeux des anges qui sont là présents ; détestez les rires et les paroles inutiles ; dans le sanctuaire où vous devez assister avec crainte et révérence, devant la très-haute majesté de Dieu, prononcez distinctement et en entier les paroles de la divine psalmodie; ne circulez pas facilement dans le choeur, n'en sortez point            avant la fin de l'office, à moins qu'une grande nécessité ne vous pousse et ne vous contraigne. Avant que l'office commence, prenez le devant et excitez-vous à quelque sentiment de dévotion. Si nous sommes si lâches dans l'office, cela vient de ce       que nous ne nous sommes pas excités avant de le réciter, et nous en sortons froids et dissipés, comme nous y sommes entrés. Attachez-vous donc, dès le début, à repousser les pensées étrangères, et à vous attacher à ce qui se psalmodie, sans cela, vous aurez beaucoup de peine à éviter le tumulte qu'elles exciteront en vous. Après l'office, attachez vous à vous conserver dans la dévotion que vous avez conçue et ne vous répandez point de suite sur de vains objets. Si vous ne ressentez pas de dévotion intérieurement, gardez, du moins, à l'extérieur la discipline et la gravité, à cause du respect dû au Seigneur,     et pour le bon exemple à donner à vos frères et au prochain.

 

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CHAPITRE VI. De sa propre accusation et de celle de ses frères dans le chapitre.

 

Au Chapitre, ne parlez pas beaucoup, à moins qu'il n'y ait une très-grande utilité à le faire; parlez sobrement, et, si vous ôtes réprimandé, répondez avec douceur, sans vous excuser, comme le fit Adam qui rejeta sa faute sur le Seigneur et sur son Epouse : « la femme que vous m'avez donnée m'a trompé (Gen. III, 12). » Si on vous interroge dans le conseil, exposez avec franchise et humilité, le parti qui vous parait le meilleur. Si on ne vous demande pas, ou si on ne goûte pas votre avis, n'en soyez pas ému et ne défendez pas votre sentiment avec opiniâtreté, qu'il vous suffise d'avoir satisfait votre conscience. Ne soyez pas dans l'angoisse lorsqu'il s'agit d'accuser. Dites néanmoins ce qui s'est fait contre la règle, contre les statuts de l'ordre sans haine pour les personnes, en termes adoucis et d'un visage calme; vous n'êtes pas tenu à ce que vous ne savez pas; n'accusez point par suite de conjectures, car les conjectures trompent bien des fois; que celui qui vous a dit ce que vous ne connaissiez pas, le dise lui-même, si la chose est vraie, car, s'il n'est pas présent, vous ne pouvez point prouver votre dire, puisque vous n'avez pas de témoins ; ne vous laissez pas accabler par les accusations dirigées contre vous, mais déclarez simplement votre faute, si elle est vraie ; acceptez l'accusation, même fausse , s'il s'agit de peu de chose, autrement il y aurait plus de confusion à vous excuser avec hardiesse qu'à confesser votre faute avec humilité , mais si l'imputation est grave et n'est pas fondée, et surtout si elle est de nature à scandaliser, alors après avoir demandé, avec humilité, d'être entendu, dites à vos frères, en peu de mots et en toute douceur, que vous n'avez point conscience des fautes dont on vous accuse. Le serviteur de Dieu ne doit pas craindre d'être confondu devant les hommes, quand sa conscience ne l'accuse point devant Dieu, mais il doit supporter avec patience tout ce que le Seigneur voudra qu'il souffre.

 

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CHAPITRE VII. Il faut observer avec soin les bonnes institutions.

 

Prenez l'habitude, en quelque lieu que vous soyez réprimandé par vos supérieurs dans le Chapitre, ou ailleurs, de fléchir de suite les genoux et de dire votre faute avec humilité : cette règle de l'ancienne religion nous vient de nos pères. Or, vous devez vous attacher à transmettre, autant qu'il est en vous, par vos paroles et vos exemples, à vos successeurs, la règle comme vous l'avez reçue de vos pères. N'introduisez, n'enseignez aucune coutume qui ne soit pas bonne ; n'en laissez tomber aucune par négligence ou malice humaine ni en vous, ni dans ceux à qui vous le pourrez persuader avec modestie, car, quiconque laisse aux autres un exemple soit bon, soit mauvais, partage le sort de ceux qui l'imitent, soit dans la récompense, soit dans le châtiment.

 

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CHAPITRE VIII. De la règle et de la modération à observer à table.

 

Quand vous êtes à table, que vos yeux ne soient pas errants, ne regardez point de côté et d'autre, pour voir qui se trouve auprès de vous, ce qu'il fait, ou ce qu'il a devant lui. Vous ne devez vous appliquer qu'à vous et à Dieu. Mangez avec règle, silence et crainte, non pas avec avidité, comme si vous ne pouviez pas vous rassasier. Ne vous précipitez pas sur la nourriture, comme un chien affamé : ne cherchez point à rassasier vos yeux avant votre palais: que ce qui vous est servi vous suffise avec action de grâces, et préférez toujours souffrir, à table, la privation que l'excès; ne repoussez pas ce qui est servi; ne vous impatientez pas s'il manque quelque chose pour le sel ou la cuisson, mais pensez que beaucoup d'hommes, meilleurs que vous, se contentent de mets           plus vils et moins copieux, et qu'ils font leurs plus grandes délices de ce que vous repoussez. Quant à la mesure de ce qu'il faut prendre, il est difficile de tracer une règle certaine, sinon que vous devez tenir le milieu entre deux extrêmes, éviter de manger si peut que, faute de force, le travail vous écrase, et de manger tellement qu'après le repas vous ne puissiez ni prier, ni lire, ni méditer, ni vous sentir dispos pour toutes les œuvres des vertus. Entre ces deux extrêmes l'expérience vous apprendra le point où il faut vous tenir.

 

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CHAPITRE IX. De la pratique de la pauvreté.

 

Que la pauvreté, aimée de Jésus-Christ, vous plaise en toutes choses, et embrassez-là avec une souveraine affection, dans vos repas, dans vos habits, dans les objets qui sont à votre usage, dans les livres, dans les édifices, en toute chose. Voyez avec quelle humilité marchent les pauvres, avec quelle simplicité ils répondent, comme leur âme est craintive. Que jamais on ne vous entende vous plaindre au sujet de quelque chose qui manque dans le manger, dans le boire, ou de la pauvreté de votre vêtement. Regardez-vous toujours comme indigne de ce que vous avez, parce que ce qui manque au dehors tend à l'augmentation de la grâce intérieure et des richesses de la bonne conscience - au contraire, l'abondance extérieure produit l'indigence de l'âme.

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CHAPITRE X. De la façon de se coucher et de dormir.

 

Au dortoir, soyez en repos, que nul ne soit troublé à cause       de vous. Toutes les fois que vous vous réveillerez, que la pensée de Dieu se présente à vous, avec actions de grâces, parce que, lorsque nous dormons, le Seigneur veille sur nous, et nous garde. Lorsque vous voulez dormir, vous devez d'abord vous appliquer à prier ou à méditer, et attendre ainsi que le sommeil vous gagne dans cette occupation; le repos vous sera plus doux et plus profitable ; vous dormirez et vous vous réveillerez plus fervent dans la même dévotion, vous vous lèverez Plus promptement et vous vous remettrez plus facilement à la piété qui vous animait auparavant ; et bien qu'il ne faille point, ce semble, imputer à ceux qui dorment ce qu'ils font ou souffrent sans le savoir, il est néanmoins bien inconvenant pour un religieux      d'être entièrement plongé dans le sommeil comme un animal, d'être couché, les bras et les autres membres repliés sans règle sur le sein, d'autant plus que si nous nous couchons habillés et ceints, c'est afin de ne point avoir la possibilité de promener les mains sur notre corps nu, et d'être plutôt levés pour la prière. En tout cela la prudence est nécessaire, elle vous apprendra à châtier sagement le corps pour que la chair ne regimbe point contre l'esprit, et à favoriser l'esprit avec discernement, pour qu'il ne succombe point sous le faix,et que, dans son excessive faiblesse il ne mette pas obstacle au progrès spirituel.

 

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CHAPITRE XI. Des oeuvres viles et du service de la messe.

 

Soyez prêt à accomplir les charges communes et les emplois les plus bas dans l'Eglise et à la cuisine: portez-vous surtout à ceux que les autres méprisent et ont en horreur à cause de leur peu d'éclat, comme de porter le bois, de balayer la maison, de secouer les tuniques, de laver les pieds. Servez volontiers la messe, car c'est l'office des anges. Ces esprits bienheureux servent, en effet, et avec une très-grande dévotion le Seigneur et et sont ses ministres. De ce ministère résultent trois fruits. C'est « d'abord » la pratique d'une bonne oeuvre. C'est « ensuite » une oeuvre de charité puisqu'elle porte le prochain au bien. C'est en « troisième lieu, » un acte de dévotion; puisque vous êtes devant la table du monarque suprême, que vous lui parlez dans la prière et dans ce service, avec les anges, avec qui vous contracterez, à raison de cet emploi, une familiarité plus grande ; à cause de cet office, le prêtre en particulier, et tous les assistants en général, que dis-je, l'Eglise entière, répandue par tout l'univers, prient pour vous, parce que vous les remplacez tous, ne remplissant leur rôle, à eux qui, s'ils pouvaient être en présence de leur maître du ciel, devraient le servir avec un si vif sentiment de reconnaissance. Et il ne peut se faire que Dieu ne récompense en cette vie de quelque grâce particulière, celui qui prête volontiers ses services à un sacrement si salutaire: mystère sacré, qui est-ce qu'il y a de meilleur et de plus saint au ciel et sur la terre ? C'est la principale marque de la complaisance et de l'amour du Seigneur pour les hommes. Dieu, en venant chaque jour sur l'autel, fait-il moins que lorsqu'il descendit du ciel en prenant un corps humain? Aussi a-t-il laissé dans l'Eucharistie le souvenir de toute sa charité, de l'incarnation, de la rédemption et de la glorification. C'est chose salutaire de communier souvent, quand on s'applique à s'y préparer avec toute la dévotion possible, en s'adonnant à la pratique des vertus, et en veillant sur soi pour se préserver non-seulement des grands péchés, mais encore des légers manquements dans les paroles, les oeuvres et les pensées. Car si nous devons être appliqués en tout temps aux exercices spirituels, néanmoins, il est extrêmement convenable de se disposer à recevoir un sacrement si élevé, et à le conserver avec respect après que nous l'avons reçu.

 

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CHAPITRE XII. Il faut se bien confesser.

 

Confessez-vous souvent, au moins deux ou trois fois par semaine, et dites simplement vos fautes, comme si vous parliez à un ange qui connaîtrait le secret de votre coeur. Ne jetez pas un voile pour excuser et affaiblir les fautes que vous confessez, et ne vous exprimez point d'une manière confuse, dans la pensée que votre confesseur ne comprenne point ce que vous dites. Spécifiez bien; confessez-vous simplement et clairement. Ne rapportez pas les histoires ou les actions des autres: mais dites avec netteté et brièveté les péchés que vous vous souvenez d'avoir commis depuis votre dernière confession : ne faites point une longue liste d'aveux de confessions générales, parce que cela ennuie le prêtre qui vous entend. Vous pouvez vous confesser ainsi tous les jours, dans votre oraison, devant le Seigneur. Exposez les manquements que vous constatez dans la pratique de chaque vertu, et il est fort avantageux de demander remède à la miséricorde de votre confesseur. La confession sert peu, en effet, si on n'a point le ferme propos d'éviter, à l'avenir, les péchés qu'on accuse, et la résolution de s'en corriger.

 

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CHAPITRE XIII. De l’amour de la cellule et du renoncement à sa volonté propre.

 

Tenez-vous volontiers dans votre cellule, et faites-y quelque chose de bien, qui édifie votre coeur ou votre esprit, ou accomplissez-y ce qui vous a été, prescrit par votre supérieur. Vous devez être tellement porté à l'obéissance, que si, à toute heure, on laissait à votre choix la décision de ce qu'il y a à faire, votre préférence fùt de vous conformer aux prescriptions de l'obéissance et de ne point dépendre de vous : au point de ne parler jamais sans permission, de ne point vaquer à vos propres nécessités, si vous étiez libre de vos actions : selon le genre de vie que menaient, à ce que nous apprend l'histoire, les religieux dans l'Égypte, ces hommes admirables ont nous devons imiter les vertus, si nous voulons partager leur gloire.

 

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CHAPITRE XIV. De la lecture de l'Écriture sainte et des livres pieux.

 

Etudiez souvent la sainte Écriture. Elle doit être votre premier fondement et la voie qui vous mène à la vie. Lisez la vie des saints et leurs enseignements, afin que leurs bonnes oeuvres et leurs actions vous instruisent, vous humilient, vous enflamment à la dévotion, vous excitent au zèle, vous forment à l'intelligence des Écritures, vous éclairent dans la foi, vous fassent décerner le vrai du faux, le bien du mal, le vice de la vertu, et trouver le remède aux tentations et le moyen de réformer vos moeurs. Ne lisez point pour être appelé docteur, pour satisfaire une vaine curiosité. Ne lisez jamais de livres qui n'édifient pas, comme sont les fables des poètes, parce qu'une lecture nouvelle engendre des pensées nouvelles et éteint la dévotion de l'âme.

 

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CHAPITRE XV. Il ne faut point désirer la prélature ni la charge d'instruire les autres.

 

Ne désirez ni prélature, ni charge quelconque et quelque digne que vous soyez, n'attendez pas beaucoup de vous; mais attachez-vous à vous abaisser toujours et à vous humilier jusqu'à terre : si vous méritez d'avancer, le Seigneur vous appellera malgré vos répugnances.       « Personne, en effet, ne prend les honneurs, » celui qui les obtient, « c'est l'homme qui       est appelé de Dieu, comme Aaron (Hebr. V, 4). » Si vous êtes incapable et indigne, grande sera votre confusion. D'où vient que parfois nous retirons peu de fruit de nos prédications ou de nos confessions. « De ce que nous sommes venus sans être appelés de Dieu, et avons couru sans avoir été envoyés (Jerem. XXIII, 21). » Nous voulons produire du fruit dans les autres, avant d'avoir jeté des racines dans la terre de la charité et de la vérité. De là cette parole du Lévitique: « Quand vous serez entrés dans la terre promise, et que vous y aurez planté des arbres à fruits, vous les circoncirez. Leurs fruits seront impurs pour vous, vous n'en mangerez pas. La quatrième année; tout fruit venu d'eux sera consacré et offert, avec louange au Seigneur. La cinquième année, vous mangerez des fruits et en ferez la récolte (Levit. XIX, 23). L'arbre mis en terre, c'est l'homme arraché au siècle et transporté dans la vie religieuse; c'est lui qui doit produire au temps opportun, du fruit en lui-même et dans les autres. S'il en donne hors de saison, ils seront impurs et inutiles au point de vue du gain spirituel, à cause de la présomption qui en est le principe. La première année c'est la pénitence sincère des péchés passés. La seconde, c'est la vie parfaite d'amendement. La troisième, c'est la pratique d'une vie sage. La quatrième, le mépris des louanges et des honneurs humains, la recherche unique de la gloire de Dieu et du salut des âmes. Quiconque s'ingère avant cette année, à vouloir produire du fruit dans les âmes, en produit qui n'est pas agréable à Dieu, qui n'est point méritoire pour lui à cause de la légèreté de son coeur et qui ne sera d'aucune utilité pour les autres. Mais cette année-là passée, c'est-à-dire après la cinquième, ils mangeront des fruits de la pure charité et en feront la récolte parce que, alors la prédication sera fructueuse pour les fidèles et méritoire pour les prédicateurs qui ramassent des fruits pour la vie éternelle. Attachez-vous d'abord à vous régler dans les bonnes moeurs et ensuite vous vous mettrez à instruire les autres : c'est le propre d'un maître insensé gîte d'enseigner avant d'avoir appris.

 

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CHAPITRE XVI. De la continuelle vigilance à exercer sur soi, à cause de Dieu et des anges qui nous voient en tous lieux.

 

Ne vous croyez jamais en sûreté, bien, que vous soyez caché, si vous n'êtes réglé et pur en tout, dans les regards, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat, comme si vous étiez en présence d'un ami. Sachez que les saints anges sont avec nous, et que toujours ils voient en tous lieux, tout ce que nous faisons: nous devons craindre leurs regards et respecter leur présence. Dieu aussi, Notre-Seigneur et notre juge nous voit : notre conscience nous voit également, elle est notre témoin et notre accusateur. L'homme qui craint plus les regards des hommes que ceux de Dieu et des anges et de sa propre conscience n'aime pas pure ment le bien. il recherche la gloire temporelle : tel n'est pas le véritable serviteur de Dieu, qui désire plutôt plaire aux hommes qu'à Dieu. Ceux à qui vous craignez plus de déplaire, sont ceux à qui vous désirez davantage de plaire. Or « nul ne peut servir deux maîtres à la fois (Matth. VI, 24). »

 

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CHAPITRE XVII. Du respect et de la modestie.

 

Montrez-vous au milieu de vos frères respectueux, gracieux, modeste, affable, doux et un peu sévère; maintenez la discipline et néanmoins que votre austérité ne vous rende pas à charge aux autres; ne vous livrez jamais à des jeux trop libres, ne proférez point            des discours mondains, n'en écoutez aucun avec plaisir. Les propos que vous avez plaisir à entendre, si vous l'osiez, vous le tiendriez volontiers. Le serviteur de Dieu doit être si saint dans ses discours et ses actions, qu'il doit avoir en horreur non-seulement les paroles inconvenantes, mais encore celles qui laissent deviner quelques sens honteux, bien que palliées sous une apparence honnête. Tous vos actes, vos discours, vos moeurs vos regards, votre démarche, doivent être ornés d'une humble pudeur. Qu'en vous il ne se montre rien d'élevé et de pompeux, rien qui dénote l'audace ou la présomption. La modestie est, en effet, la plus grande beauté des religieux, surtout de ceux qui sont jeunes : en sorte que ceux qui négligent cette vertu, laissent peu d'espoir qu'on les verra devenir bons et vertueux. De même que l'amour de Dieu règle les hommes et ordonne à l'intérieur toutes choses vers la béatitude, ainsi la modestie les modère extérieurement en ce qui touche à la discipline. Que personne ne vous soit familier, au point qu'en sa présence, vous oubliez entièrement la modestie. Que votre démarche soit grave, ne courrez point sans nécessité; ne portez point la tête raide; tenez-la légèrement inclinée: n'ayez pas le regard évaporé : n'agitez pas vos bras ; ne marchez jamais à l'exemple des personnes du monde d'une manière inégale et déréglée, mais d'un pas égal et sans affectation; assis, ne vous inclinez point nonchalamment sur le côté, n'allongez pas vos jambes, surtout en présence des autres. La position trop libre du corps est l'indice d'une âme sans dévotion. Riez rarement et avec modération, sans éclats bruyants. Dieu préfère la bonté à la dissipation. Attachez-vous à avoir un visage serein, qui ne marque ni trouble, ni indignation : c'est là, en effet, un défaut qui déplaît grandement au Seigneur.

 

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CHAPITRE XVIII. Les paroles doivent être circonspectes; il faut éviter la détraction.

 

Que vos paroles soient douces; répondez humblement sans pointe d'amertume, sans blâme indirect, sans moquerie aucune. En parlant d'un tiers, donnez à votre discours le même sens que si vous voyiez celui dont vous vous entretenez, debout à vos côtés et prêtant l'oreille à ce que vous dites. Que personne ne craigne qu'en son absence vous attaquiez sa réputation, en quoi que ce soit. C'est un très-grand vice dans un religieux, de dire d'un absent, du mal qu'il rougirait de dire si cet absent était présent. N'écoutez pas avec plaisir des propos offensants pour les autres, fuyez ou arrêtez, si vous le pouvez, celui qui les tient. Prêter l'oreille à la détraction n'est d'aucune utilité. C'est pourquoi, si cela vous est possible, faites choix d'un homme recommandable qui vous édifie, vous et ceux qui l'entendent, par ses paroles, bien plutôt qu'il ne nuise par ses entretiens, en blessant la charité. N'accueillez aucune rumeur, parce . que ces sortes de bruits inquiètent le coeur, dissipent l'esprit, dessèchent la dévotion et dépensent le temps sans utilité. Ne répandez pas tout ce que vous savez comme un vase ouvert, qui, dès qu'on l'incline, laisse tomber tout ce qu'il renferme : ne vous trouvez point volontiers dans la foule, si ce n'est lorsqu'on parle de Dieu et de ce qui édifie l'âme. Ne soyez pas bruyant dans vos paroles, ne soyez point précipité pour laisser échapper ce que vous avez au dedans. Veillez également à ne dire de mal de personne, et à ne pas découvrir le détracteur à celui contre qui il a été commis une détraction, pour ne pas trop l'accabler et pour éviter de semer la discorde. Il peut se faire, en effet, qu'en parlant ainsi, il n'ait pas intention de lui nuire, comme l'autre le pense peut-être, ce qui l'excite à la haine et à la vengeance

il a parlé simplement sans esprit de détraction, ou bien peut-être il s'est repenti de suite des propos qu'il a tenus, et pris la résolution de n'en plus tenir de semblables à l'avenir. Que si on disait d'un homme des choses qu'il serait tout-à-fait utile de porter à sa connaissance, vous pouvez, si vous le voulez, lui rapporter ce qui se dit, sans désigner la personne qui le dit; ainsi prévenu, votre frère saura ce qu'il doit éviter, et ne s'enflammera pas de haine contre son détracteur.

 

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CHAPITRE XIX. Il faut éviter la jactance.

 

Fuyez, avec tout le soin possible,la jactance, ne vous mettez jamais en peine de savoir ce qu'il y a de bien en vous; vous ne devez pas, non plus, manifester ce qui s'y trouve de recommandable, ne vous glorifiez jamais vaniteusement de ce qu'il peut y avoir de bien en vous, quand bien même vous tairiez et cacheriez ce bien : si vous vous découvrez, si vous vous vantez, on vous tournera en dérision, vous deviendrez vil, et ce qui était auparavant un sujet d'édification en vous, deviendra ensuite un objet de mépris. Notre éloge dans notre bouche est vil. Un perpétuel anathème doit écarter des lèvres du religieux les malédictions et les insultes, les mensonges légers et. frivoles, tous les jurements et toutes les paroles honteuses, bien que plaisantes. L'apôtre saint Jacques dit: « si quelqu'un se croit religieux et ne retient point sa langue, il se séduit lui-même et sa religion est vaine (Jac. I, 26 ). »

 

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CHAPITRE XX. Il faut éviter les paroles bouffonnes.

 

Il faut éviter en tout lien les paroles badines ; car, bien qu'elles ne constituent point un péché grave, la coutume de les proférer cause néanmoins du détriment à l'âme. En effet, bien souvent, lorsque, comme en passant et tout bas, nous laissons dire à notre langue des paroles oiseuses, sans y prendre garde, il arrive peu à peu que nous laissons aller celles qui sont nuisibles, qui engendrent les détractions, les murmures, la dissipation et les graves atteintes portées à la conscience.

 

 

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CHAPITRE XXI. Du désir d'ouïr des choses pieuses et utiles.

 

Entendez parler volontiers de Dieu et parlez-en aussi avec plaisir parce que de tels discours excitent à l'amour de la vertu et au goût de là dévotion. Ecoutez avec humilité ceux qui parlent, ne disputez point contre eux. Il est des hommes qui, en entendant quelque chose de bien, pour ne point paraître ignorer le bien dont un autre parle, veulent de suite disserter à ce sujet, afin de faire voir qu'ils en savent quelque chose, ils ne cherchent pas l'édification, mais bien l'ostentation : aussi, à cause de ces sortes de personnes, on omet souvent de dire beaucoup d'excellentes choses.

 

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CHAPITRE XXII. Il faut éviter la contention.

 

Ne vous livrez pas à la contention. Croyez vite ce qu'un autre propose, quand c'est. chose bonne et vraie. S'il en est ainsi, il ne vous appartient point de faire opposition par esprit d'ostentation; mais si la chose n'est pas bonne, vous persuaderez mieux la vérité par une démonstration calme et pacifique, que par des argumentations âcres et vives.

 

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CHAPITRE XXIII. Comment des religieux doivent parler, et de l'emploi du temps.

 

Quand vous ouvrez la bouche, parlez d'une voix calme et paisible ; attachez-vous à être réglé dans vos moeurs, et tranquille, et quand vous serez tel, tout ce que vous direz aura plus d'autorité et plus d'utilité. Ne soyez pas hardi en présence des vieillards, soyez respectueux, et écoutez leurs leçons. C'est aux vieillards de parler ; aux jeunes gens de prêter humblement l'oreille. Ne demeurez pas oisif à écouter les rumeurs et les fables : il en résulte deux maux : vous perdez inutilement le temps et vous en serez puni lorsque vous en rendrez compte à Dieu au dernier jour, quand il vous demandera, au jugement, un compte exact de l'emploi que vous en avez fait : le second mal, c'est que par-là vous ne donnez pas bon exemple aux autres, et vous en rendrez compte pareillement.

 

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CHAPITRE XXIV. Du miroir de toutes les vertus placé devant nos yeux, c'est-à-dire de la vie de Jésus-Christ.

 

Dans la pratique des vertus et des bonnes couvres, ayez devant les yeux le plus brillant miroir et le plus parfait exemple de la sainteté, je veux dire la vie et la mort du fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été envoyé du ciel en terre, pour marcher devant nous dans le chemin des vertus, afin de nous donner, dans sa conduite, la loi de la vie et de la discipline, en nous instruisant comme il s'est instruit lui-même. Car, de même que nous avons été créés selon la nature à l'image de Dieu, ainsi, après avoir souillé cette image par lé péché, rendons-nous conformes, dans la mesure nos forces, au modèle de conduite qu'il nous a laissé dans ses moeurs. Plus une âme s'attachera à se rendre semblable à Jésus-Christ en imitant ses vertus, plus elle sera proche de lui dans la patrie, et lui sera ressemblante dans la clarté de la gloire. Gravez dans votre coeur ces manières de faire voyez avec quelle humilité il vient parmi les hommes, avec quelle douceur au milieu de ses disciples, avec quelle modestie il mangeait et buvait,combien il était miséricordieux envers les pécheurs auxquels il voulut bien s'assimiler en toutes choses; comment il n'eut ni mépris ni horreur pour aucun homme, fût-ce un lépreux.; le soin qu'il avait de ne point flatter les riches; comment il n'avait nul souci pour les nécessités du corps; la modestie de ses regards, sa patience dans les affronts, et sa douceur dans les répliques. Il ne chercha pas, en effet, à se venger par des paroles mordantes et amères; mais par une réponse douce et humble, il guérissait la malice des autres. Examinez aussi combien il éprouva de sollicitude pour le salut des âmes : pour les délivrer de la mort, tout Dieu qu'il était, il daigna naître et mourir, Lui qui est béni sur toutes choses, dans les siècles des siècles. Amen.

 

 

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