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Fabiola ou l'Eglise des Catacombes
du cardinal Wiseman (1854)


 

Livre II, chapitre 25

Chapitre 24 Sommaire Chapitre 26

 

 

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Délivrance

En dépit de toutes les précautions, la nouvelle se répandit bientôt parmi tous les familiers de la cour que Sébastien était chrétien, et qu'il devait mourir le jour suivant à coups de flèches. Mais cette double nouvelle n'impressionna personne plus vivement que Fabiola.

«Sébastien un chrétien ! se dit-elle à elle-même ; lui le plus pur et le plus sage parmi toute la noblesse romaine, appartiendrait-il à cette secte vile et stupide ! Cela est impossible ! Néanmoins le fait paraît certain.

Ai-je donc été trompée ? N'était-il pas ce qu'il paraissait être ? était-ce un imposteur qui, sous les dehors de la vertu, se conduisait en libertin ? Impossible ! oh ! oui, c'est tout à fait impossible ! elle en avait des preuves évidentes. Sébastien aurait pu solliciter et obtenir sa main et sa fortune, et il s'était conduit envers elle avec la délicatesse la plus généreuse. Non, non, le tribun n'était pas un hypocrite, et un coeur d'or battait dans sa poitrine.

Comment expliquer ce phénomène d'un chrétien parfaitement bon, vertueux et aimable ?

Fabiola ne pouvait trouver la seule et unique solution de ce problème, c'est-à-dire que Sébastien n'était si vertueux qu'en raison de sa qualité de chrétien ; mais elle considérait la question à un autre point de vue, et se demandait comment il pouvait être tel en dépit du christianisme.

Ces difficultés agitaient en vain son esprit, qui finit par s'arrêter à cette pensée. Après tout, le bon vieillard Chromatius n'avait peut-être pas tort, le christianisme ne serait pas ce que j'avais pensé ; j'aurais dû m'informer de cela avec plus de soin. Je suis sûre que Sébastien n'a jamais commis les crimes abominables qu'on impute aux chrétiens : cependant tout le monde les en accuse.

N'existait-il pas une forme de religion plus élevée, sceptique, réfléchie, et une autre plus grossière, matérielle et plongée dans la fange des jouissances sensuelles, comme dans l'épicurisme (1), dont elle avait adopté la morale ? Sébastien appartenait sans doute à cette classe plus distinguée, et repoussait avec dégoût les superstitions et les vices des chrétiens vulgaires. Une pareille hypothèse était peut-être soutenable ; mais la haute intelligence de Fabiola avait peine à croire qu'un officier de ce mérite pût appartenir à cette race détestée. Et il était prêt à mourir pour sa foi ! Quant à Zoé et aux autres, elle n'en avait pas entendu parler ; car elle était revenue la veille d'un voyage en Campanie, entrepris pour mettre ordre aux affaires de son père.

Quel dommage, pensait-elle, de n'avoir pas entretenu Sébastien d'un pareil sujet ! Il est trop tard : demain, au point du jour, il n'existera plus. Cette pensée lui transperça le coeur comme un dard aigu. Il lui semblait qu'elle allait être soumise à une rude épreuve, et que le sort de Sébastien allait être partagé par une personne qui lui était intimement unie par des liens secrets et mystérieux.

Ses pensées devenaient de plus en plus sombres : les ténèbres avaient remplacé le jour pendant qu'elle s'abandonnait à ces réflexions. Elle en fut tirée par l'entrée soudaine d'une esclave apportant de la lumière. C'était la négresse Afra, venant préparer le repas du soir de sa maîtresse, qui désirait le prendre seule. Tout en s'occupant de ces préparatifs, elle dit : «Connaissez-vous les nouvelles, madame ?

- Lesquelles ?

- Il paraît que Sébastien doit être percé de flèches demain matin. Quel dommage, c'était un si beau jeune homme !

- Taisez-vous, Afra, à moins que vous n'ayez quelque chose à m'apprendre sur ce sujet.

- Oh ! certainement, noble maîtresse, j'ai quelque chose d'étonnant à vous apprendre. Savez-vous que le tribun reconnaît appartenir à la secte de ces misérables chrétiens ?

- Taisez-vous, je vous en prie, et ne parlez pas légèrement de choses que vous ne sauriez comprendre.

- J'obéirai, puisque vous le désirez ; son sort, du reste, vous est bien indifférent, et à moi surtout. I1 n'est pas le premier officier que mes compatriotes auront exécuté. Plus d'un a péri ; mais quelques autres ont été sauvés. Sans doute c'était un pur hasard.»

Il y avait dans les paroles et dans le ton d'Afra une signification qui n'échappa point à l'oreille exercée et à l'esprit délié de Fabiola. Elle leva les yeux pour la première fois, et les fixa d'un air scrutateur sur la face d'ébène de l'esclave. Aucune trace d'émotion ne s'y fit voir ; elle plaçait tranquillement un flacon de vin sur la table, comme si elle n'avait rien dit. A la fin, Fabiola reprit :

«Afra, que voulez-vous dire ?

- Oh ! rien, rien. Que peut savoir une esclave, et même que pourrait-elle faire ?

- Allons, allons, vos paroles avaient un sens que je dois connaître.»

L'esclave, passant autour de la table, s'approcha du lit de repos où Fabiola était étendue, regarda avec défiance autour d'elle, et lui dit à voix basse : «Voulez-vous sauver la vie de Sébastien ?»

Fabiola se redressa brusquement sur son siège et répondit : «Certainement.»

Afra mit un doigt sur ses lèvres pour recommander le silence, et ajouta : «Cela coûtera cher.

- Combien ?

- Cent sestertia (2) et ma liberté.

- J'accepte vos conditions ; mais quelle garantie pouvez-vous me donner ?

- Vous ne serez liée que si le tribun existe encore vingt-quatre heures après l'exécution.

- C'est convenu : quelle garantie exigez-vous à votre tour ?

- Votre parole, noble maîtresse.

- Allez, Afra, et ne perdez pas un instant.

- I1 est inutile de se presser,» répondit l'esclave avec calme, en terminant son service d'un air imperturbable.

Elle se rendit ensuite au palais, gagna le quartier des archers de Mauritanie, et s'en alla droit à leur capitaine :

«Que veux-tu à cette heure, Jubala ? lui dit-il, il n'y a pas de fête cette nuit.

- Je le sais, Hyphax ; mais j'ai une importante affaire à traiter avec toi.

- De quoi s'agit-il ?

- De nous deux et de ton prisonnier.

- Regarde-le, dit le barbare en le lui indiquant du doigt à travers la cour, que l'on apercevait de la porte de son logement. On ne dirait pas qu'il doit être exécuté demain. Vois comme il dort profondément ; son sommeil ne serait pas plus léger s'il était à la veille de ses noces.

- Ce qui nous arrivera au premier jour, n'est-ce pas, Hyphax ?

- Doucement, doucement, il y a certaines conditions à remplir.

- Comment donc ? lesquelles ?

- D'abord ton affranchissement : je ne puis épouser une esclave. C'est arrangé.

- Ensuite une dot, une bonne dot, tu entends. Je n'ai jamais été si pressé d'argent.

- C'est encore une affaire réglée. Combien espères-tu avoir ?

- Pas moins de quarante sesterces (6,000 francs).

- Je t'en apporte le double.

- Parfait ! Où as-tu trouvé tout cet argent ? Qui as-tu dépouillé ou empoisonné, ma charmante prêtresse ? pourquoi attendre aussi tard qu'après-demain ? Marions-nous demain, ce soir même si tu veux.

- Calme-toi donc, Hyphax. Cet argent sera honnêtement gagné ; mais il y a aussi des conditions. J'ai dit que je venais t'entretenir au sujet de ton prisonnier.

- Quel rapport existe-t-il entre lui et notre prochain mariage ?

- Il y en a beaucoup.

- Explique-toi.

- Il ne doit pas mourir.»

Le capitaine la regarda avec une mélange de fureur et de stupidité. Il paraissait fort disposé à la traiter rudement ; mais elle resta ferme et intrépide devant lui, et sembla le fasciner du regard comme les serpents de son pays en face d'un vautour.

«Tu es folle, s'écria-t-il enfin ; demande plutôt ma tête. Si tu avais vu la figure de l'empereur, lorsqu'il a donné ses ordres, tu comprendrais qu'il n'est pas prudent de plaisanter avec lui.

- Bah ! bah ! Hyphax, ton prisonnier aura l'air d'être mort, et tout le monde le croira.

- Et s'il revient à la santé ?

- Ses amis chrétiens auront soin de le tenir à l'écart.

- N'as-tu pas dit qu'il devait vivre vingt-quatre heures ? Je préférerais que ce ne fût que douze.

- Je sais bien que tu ne peux calculer juste. Qu'il périsse à la vingt-cinquième heure, peu m'importe.

- C'est impossible, Jubala, tout à fait impossible : sa personne est trop importante.

- Très bien, alors notre marché est rompu, l'argent n'étant donné qu'à cette condition. C'est quatre-vingts sesterces (12,000 fr) de jetés à l'eau !» Elle fit mine de s'éloigner.

«Attends, attends, cria avidement Hyphax, chez qui le démon de la cupidité reprenait l'avantage ; voyons un peu. D'abord il faut abandonner la moitié de la somme à mes compagnons, pour les gagner et servir à leurs orgies.

- Je tiens une douzaine de sesterces en réserve pour cela.

- Est-ce vrai, ma princesse, ma sorcière, mon charmant démon ? Ce sera trop pour ces coquins. Nous leur en abandonnerons la moitié, et l'autre figurera sur notre contrat de mariage, n'est-ce pas ?

- Comme tu voudras, pourvu que mes conditions soient fidèlement observées.

- C'est un marché conclu. Le prisonnier vivra pendant vingt-quatre heures, et après nous aurons de fameuses noces.»

Pendant ce temps-là, Sébastien, ignorant toutes ces intéressantes négociations pour lui sauver la vie, dormait profondément au pied du mur de la cour, comme saint Pierre entre ses deux gardiens. Fatigué de sa journée de travail, il jouissait du rare avantage d'avoir pu prendre son repos de bonne heure : le pavé de marbre était un lit assez doux pour un soldat.

Après quelques heures d'un sommeil réparateur, il se réveilla, et, se levant au milieu du silence de la nuit, il étendit ses bras et se mit à prier.

La prière du martyr n'est pas une préparation à la mort, car une telle mort ne demande pas de préparation. Le soldat qui tout à coup s'avoue chrétien, courbe la tête et mêle son sang à celui du confesseur qu'il allait exécuter ; l'ami inconnu (3) qui salue le martyr marchant au supplice, qu'on arrête et qu'on force à partager son sort, est aussi bien préparé à mourir que celui qui a passé de longs mois en prière dans sa prison. Ce n'est point un cri poussé vers le ciel pour obtenir le pardon du passé, le parfait amour ne connaissant pas la crainte, et le péché étant incompatible avec la plus grande des grâces.

Sébastien ne priait donc point pour obtenir le courage et la force, puisqu'il n'éprouvait pas le sentiment contraire, qui aurait pu les lui faire demander. Après avoir affronté la mort avec intrépidité sur le champ de bataille au service d'un prince de la terre, pouvait-il craindre de l'affronter encore en quelque endroit que ce fût, pour l'amour du Seigneur du ciel ?

Sa prière, jusqu'aux premières lueurs du jour, fut un hymne joyeux à l'honneur et à la gloire du Roi des rois, en union avec les concerts éternels des séraphins.

Lorsqu'il aperçut les étoiles, ces sentinelles aussi vigilantes que lui, briller au haut du firmament, il voulut échanger avec elles le mot d'ordre des louanges de Dieu ; lorsqu'il entendit le vent de la nuit agiter les branches dépouillées des arbres du bosquet d'Adonis, et produire ce frémissement, unique et sauvage harmonie de la terre pendant les nuits d'hiver, il s'unit encore à cet hommage de la nature envers son Créateur.

Le coq chanta ; il tressaillit en songeant que l'heure matinale était proche, et que le sifflement aigu des flèches qui ne manquaient jamais leur but s'unirait bientôt au murmure du vent au-dessus de sa tête. Il s'offrit avec joie aux morsures de leurs pointes acérées comme la langue du serpent, et prêtes à s'abreuver de son sang. Il s'offrit encore à Dieu comme une oblation en son honneur, destinée à apaiser sa colère ; il pria tout particulièrement pour l'église affligée, et afin que le sacrifice de sa vie pût en adoucir les souffrances.

Sa pensée prit ensuite un nouvel essor, et, semblable au vol hardi de l'aigle qui s'élance des pics les plus élevés et monte vers le soleil, elle abandonna l'église militante sur la terre pour se tourner vers l'église triomphante dans les cieux. Les nuages avaient disparu ; les voiles qui lui cachaient l'aurore s'étaient déchirés comme ceux du sanctuaire. Aussi favorisé que saint étienne, il lui était permis de plonger son regard au sein de ses glorieuses et mystérieuses profondeurs, par delà le sénat des saints et les légions angéliques. Il interrompit son cantique de louanges ; car le son discordant d'une voix terrestre eût rompu l'harmonie des concerts si doux et si délicieux qui charmaient son oreille. C'était comme un fleuve dont les eaux transparentes et lumineuses, prenant leur source aux pieds de l'Agneau, venaient rafraîchir son coeur pénétré d'une silencieuse reconnaissance. Il crut apercevoir les figures aimées de ceux qui l'avaient précédé dans ce bienheureux séjour, réunis auprès de ces flots étincelants et rapides, y tremper leurs lèvres avec avidité, et y plonger leurs corps, qui semblaient y recouvrer une vie nouvelle.

La splendeur de cette vision se reflétait sur le visage de Sébastien. Debout et tourné vers l'Orient, les bras en croix, il était environné de la douce lumière de l'aurore naissante, de cette aurore d'une journée si glorieuse. Si le farouche Hyphax eût alors ouvert sa porte, il fût allé se prosterner la face contre terre, au milieu de la cour, pour l'adorer.

Sébastien sortit comme d'une extase, tandis que le bruit argentin des sesterces résonnait dans les oreilles d'Hyphax, qui se mit en devoir de les gagner selon les règles. Il choisit, parmi ses cent compagnons, cinq archers émérites, qui pouvaient lancer une flèche dans les airs et l'y transpercer rapidement avec une autre flèche plus légère. Après les avoir réunis dans sa chambre, il leur fit connaître la récompense promise, sans parler de la sienne, et combina avec eux la manière dont l'exécution devait avoir lieu. On avait déjà secrètement offert une autre somme d'argent très considérable pour la remise du corps du tribun : deux esclaves devaient attendre au dehors pour le recevoir. Hyphax pouvait compter sur la discrétion de ses compagnons.

Sébastien fut conduit dans une cour voisine du palais, située entre son propre logement et le quartier de ces archers africains ; elle était ornée de rangées d'arbres et consacrée à Adonis. Il s'avança gaiement au milieu de ses bourreaux, suivi de la troupe des archers qui devaient seuls assister à ce spectacle, comme s'il ne s'agissait que d'une simple lutte d'adresse. Le tribun, dépouillé de ses vêtements, fut attaché à un arbre ; ses cinq exécuteurs, froids et calmes, se placèrent en face de lui. Quelle triste mort était la sienne ! Pas un ami n'était à ses côtés, pas une âme sympathique, pas même un frère dans la foi pour porter aux fidèles ses derniers adieux, ses dernières paroles, et le récit de sa constance jusqu'au dernier moment. Lorsqu'un martyr placé au centre du gigantesque amphithéâtre regorgeant de cent mille témoins de sa chrétienne fermeté rencontre les regards de quelques amis dévoués, entend le murmure de leurs bénédictions, son coeur en est tout pénétré de joie et en reçoit un divin élan. Ces émotions humaines sont un faible secours, qui s'unit à l'aide plus puissante de la grâce, et les insultes de la multitude augmentent le courage naturel, de même que les cris des chasseurs raniment les forces du cerf aux abois. Mais cette scène morne et silencieuse, au point du jour, dans la cour obscure d'un palais ; cette façon cruelle et indifférente de vous attacher comme une botte de paille ou un mannequin, pour être froidement percé de flèches, comme une cible, par l'ordre d'un tyran, cet abandon au milieu d'une horde de féroces sauvages au langage étrange et inintelligible, qui plaisantaient sans doute et riaient grossièrement entre eux, ainsi que le font les hommes avant de se livrer à des paris ou à des jeux : tout cela ressemblait beaucoup plus à un crime commis au fond des bois par des bandits qu'à une hardie et glorieuse confession du Christ, à un assassinat plutôt qu'à un martyre.

Telles n'étaient pas les préoccupations de Sébastien. Les anges le contemplaient du haut des cieux, et le soleil, qui l'aveuglait de ses rayons en le désignant plus nettement aux flèches des bourreaux, ne jetait pas plus d'éclat que le visage de cet unique témoin qu'il désirait avoir de ses souffrances, et pour lequel il sacrifiait sa vie.

Le premier Maure tendit la corde de son arc jusqu'à son oreille, et une flèche pénétra en frémissant dans le corps de Sébastien. Un à un ces archers expérimentés vinrent lancer leurs traits ; des applaudissements saluaient chacun des coups habiles, qui, selon les ordres de l'empereur, s'approchaient des parties vitales, en se gardant bien de les atteindre. On continua longtemps ce jeu cruel au milieu des rires, des cris et des injures des spectateurs enchantés, qui n'éprouvaient pas le moindre sentiment de pitié à la vue de ce corps sanglant (4) et affaissé par les souffrances. La morsure aiguë des flèches, les tortures inexprimables, l'affaiblissement, la fatigue, les liens cruellement serrés, la position incommode et pénible, tout cela n'était qu'un jeu pour eux, et pour le martyr une réalité douloureuse. Oui, mais le courage de Sébastien, son indomptable énergie, sa foi et sa patience inébranlables, son insatiable désir de souffrir pour l'amour de Dieu, n'étaient pas moins réels. Combien sa prière était ardente ! quels regards de vive espérance il levait vers le ciel ! avec quelle attention il prêtait l'oreille pour entendre les concerts des anges chargés de lui ouvrir les portes de la cité bienheureuse!

Quelle affreuse agonie ! Et ce n'était pas tout encore. La mort ne paraissait point ; les portes d'or restaient fermées. A ce martyre dans son coeur était réservée une gloire plus grande sur la terre ; au lieu de passer tout d'un coup de la mort à la vie, il s'évanouit, soutenu par les mains invisibles des anges. Les bourreaux, voyant qu'ils avaient atteint la limite fixée, coupèrent les liens qui l'attachaient. Sébastien s'affaissa, en apparence privé de vie, sur la pourpre sanglante dont il avait rougi les dalles. Ce courageux guerrier demeura-t-il étendu sur le sol dans cette noble position que rappelle sa statue de marbre placée sous l'autel dans l'église qui lui est dédiée ? Nous ne saurions nous le représenter plus beau. Ce n'est pas seulement cette dernière église qui a toutes nos affections, mais encore l'ancienne chapelle qui se dresse au milieu des ruines du Palatin et marque l'endroit où il a succombé (5).


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(1)  Epicure, philosophe grec (341 à 270 av. JC.), enseignait que le plaisir, souverain bien de l'homme, consistait autant dans les jouissances de l'esprit et du coeur que dans celles des sens.

(2)  Environ 20 000 francs de notre monnaie. Sous l'empereur Auguste, le sestertius valait 20 centimes. - Le sestertium, ou grand sesterce, représentait mille sestertii, ou petits sesterces (200 fr).

(3)  Appelé depuis saint Adauctus.

(4)  Membraque picta cruore novo. (Prud.,Peri Stef., III, 29)

(5)  Ceux de nos lecteurs qui pourront visiter le palais de cristal de Sydenham y trouveront une excellente réduction du forum romain. Sur le mont Palatin, entre l'arc de Titus et celui de Cons-tantin, se trouve une chapelle isolée, de belles dimensions. C'est celle dont nous parlons ; elle vient d'être réparée aux frais de la famille Barberini.