CHAPITRE IV


    Il est difficile de discerner de quels principes viennent nos instincts et les mouvements de notre âme ; si c'est d'un principe intérieur ou extérieur. Quelques remarques et quelques règles pour le reconnaître.

    I. Puisqu'il y a, comme nous venons de dire, deux principes de tous les mouvements de notre âme, l'un intérieur et qui vient purement de nous, savoir notre nature, ou l'esprit humain ; l'autre extérieur, savoir Dieu ou Satan, et qu'il est d'une très grande importance de pouvoir discerner d'où les mouvements, les impulsions, les instincts, les pensées et les passions que nous avons en nous tirent véritablement leur origine ; devant que d'entrer plus avant dans ce sujet, il faut donner pour cela quelques règles qui sont nécessaires, et qui nous ont été laissées par les saints Pères inspirés de Dieu.

    Ce discernement est difficile : et à peine est-il accordé à très peu d'hommes auxquels Dieu a daigné communiquer une plus abondante participation de son Esprit. Personne ne doit s'étonner de la rareté de cette grâce. Voici ce qu'en dit Gerson (De prob spirituum.) : Nous trouvons très peu d'hommes qui sachent pleinement discerner les pensées et les affections qui viennent véritablement de l'âme selon qu'elle est intelligente et raisonnable, des pensées et des affections qui sont animales et charnelles, et qui se forment dans l'imagination et dans les autres organes matériels et sensibles. Qui trouverez-vous, je vous prie, ajoute cet auteur, parmi ceux qui vivent dans la crainte de Dieu , et qui tâchent d'éviter le péché, qui toujours et en toutes choses, pendant que quelques tentations sont fortes en lui, discerne sans quelque incertitude et quelque image, si le sentiment de ces tentations est seulement dans l'imagination et les sens, ou si la partie intellectuelle et raisonnable de l'âme n'y donne aucun consentement et n'y a nulle part : tant il est difficile de distinguer le sentiment du consentement : Combien est-il encore plus difficile d'éprouver quel est l'esprit qu'on a en soi lorsque l'âme est excitée et poussée par un instinct ou par une inspiration forte, et de reconnaître si cet esprit est de Dieu, ou d'un bon ange, ou d'un mauvais ange, ou de l'esprit propre de l'homme ? Le sentiment de cette inspiration a deux parties aussi bien que le sentiment des tentations, c'est-à-dire l'une supérieure, l'autre inférieure ; l'une qui est dans l'imagination et les sens, et l'autre dans l'esprit. Et il n'y a que cette parole de Dieu qui est vive et efficace, qui pénètre jusque dans les replis de l'âme et de l'esprit, et qui discerne les pensées et les mouvements du coeur, de laquelle on reçoive la capacité de sentir et de reconnaître parfaitement la différence qu'il y a entre ce qui se passe en ces rencontres dans l'imagination et les sens, et ce qui se passe dans l'esprit et dans la raison. Voilà comme parle cet auteur.

    Mais il faut écouter S. Bernard parlant sur ce sujet selon les lumières de la haute sagesse. Qui est-ce, dit ce Père (Ser. 32 in Cant. n. 6.), qui observe avec tant de vigilance et de soin ses mouvements intérieurs, soit ceux qui arrivent en lui par une cause étrangère, soit ceux qui viennent uniquement de lui-même, qu'il discerne avec une entière clarté par le sentiment de son coeur, à chaque suggestion illicite, ce qui vient de la maladie de son propre esprit, ou des morsures du serpent ? Car quelque soin qu'un homme apporte à garder son coeur, et avec quelque vigilante attention qu'il observe tous les mouvements de son âme, quand même il s'y serait exercé depuis longtemps et qu'il en ferait très souvent l'expérience, il ne pourra néanmoins avec une entière sûreté reconnaître et discerner le mal qui lui est venu de lui-même de celui qui lui est venu d'ailleurs. Qui connaît bien d'où procèdent toutes ses fautes ? Je ne puis vous donner une connaissance qui ne m'a point été donnée. Je confesse que je n'ai pas reçu la lumière qui serait nécessaire pour donner moyen de faire un discernement tout à fait sûr entre les véritables productions du coeur, et les semences étrangères de l'ennemi. Car il est certain que l'un et l'autre est un mal, que l'un et l'autre vient d'un mauvais principe, que l'un et l'autre est dans le coeur, mais que l'un et l'autre ne vient pas du coeur. Je connais avec certitude tout cela en moi, quoi que je suis incertain de ce que je dois attribuer a la propre corruption de mon coeur, ou à la malice de mon ennemi.

    Voilà comme parle ce saint Docteur. Il marque deux sortes de pensées : les unes qui sont de pures productions du coeur, les autres qui sont des suggestions : les unes viennent du principe intérieur que nous avons en nous-mêmes, les autres d'un principe extérieur. Ce Saint donne, un peu avant ce discours, une marque certaine pour discerner et juger ce qui vient de Dieu de ce qui vient en nous de nous-mêmes. Lors, dit-il (Ser. 32. in Cant.n. 5.), que nous avons de mauvaises pensées , elles sont de nous : si nous en avons de bonnes, elles sont de Dieu. Notre coeur produit les unes, et il reçoit les autres comme des paroles qu'on écouterait. Ainsi c'est Dieu qui produit en nous les pensées de paix, de piété, de justice : et nous n'avons point ces pensées-là de nous-mêmes, mais nous les recevons en nous. Et quant aux homicides, aux adultères, aux larcins, aux blasphèmes, et autres semblables maux, ils sortent de notre coeur : et ils ne sont point, comme des paroles que nous aurions écoutées , mais nous les formons de nous mêmes.

    II. De sorte que, selon ce témoignage de S. Bernard, la première et plus infaillible règle pour reconnaître qu'une pensée et qu'un instinct viennent de Dieu, est qu'il n'y ait rien que de bon et qui ne porte à ce qui est bon. Car, comme dit excellemment S.Augustin (Lib. 2 ad Bonif. c. 9.), tout ce qui est bon ne saurait être en nous que par celui qui est souverainement et immuablement bon.

    S. Prosper nous donne la raison de cette importante vérité, en disant (Adv. Collat. c. 26.) : Puisque nul n'est bon par soi-même que Dieu seul, quel sera le bien qui n'aura point pour auteur ce bien primitif et suprême? De nous-mêmes, selon le témoignage de l'Apôtre (2. Cor. 3. 5.), nous ne sommes pas capables de former aucune bonne pensée comme de nous-mêmes : mais toute la capacité que nous en avons vient de Dieu, qui nous donne par la pure et gratuite bonté toute la puissance qui peut être en nous pour le bien. Car tout de même que nous ne pouvons subsister sans le concours et l'opération de celui qui nous a faits : Ainsi nous ne pouvons avoir ni une bonne volonté ni une bonne pensée que par le secours tout volontaire et tout libéral de la grâce divine de Jésus-Christ.

    III. Les mauvaises pensées viennent donc de nous : mais elles n'en viennent pas toujours. Car il y a de mauvaises choses que l'on sent dans le coeur, qui ne sortent pas néanmoins du coeur comme les pensées qui ne sont que sa propre production. Mais les puissances ennemies les répandent en nous. Telle fut la pensée abominable de trahir Notre-Seigneur que Satan mit dans le coeur de Judas (Joan 13. 2.) en y allumant une très ardente avarice. Or encore que nous ne sachions pas discerner infailliblement les impressions malignes des mauvais Anges, des mauvaises pensées et des mauvaises affections qui naissent de notre coeur, comme on le voit dans le discours que j'ai rapporté de S. Bernard, on a néanmoins quelques signes et quelques conjectures probables pour discerner ces différentes productions les unes des autres.

    IV. Nous commençons, nous poursuivons, nous achevons librement, nous interrompons, et nous quittons avec une pareille liberté les choses auxquelles nous sommes portés par un principe intérieur ; et nous éprouvons que nous y sommes de nouveau rappelés lorsque l'état où nous nous trouvons y est convenable et nous y engage. Mais quant aux choses qui viennent en nous par une cause étrangère, ni le commencement n'en est en notre puissance, ni nous ne pouvons facilement en empêcher le progrès ; et souvent elles préviennent notre esprit inopinément et soudainement, sans qu'aucune cause les ait précédées. C'est pourquoi les pensées qui nous viennent du dehors se peuvent reconnaître par de certains signes. A certaines marques, que même les Philosophes qui ont traité des mœurs, ont expliquées. Les pensées qui viennent du dehors n'ont aucune raison certaine, aucune règle qui nous soit connue. Car si elles sont bonnes, elles dépendent de Dieu dont l'Esprit souffle où il veut, sans que nous sachions d'où il vient, ni où il va (Joan. 3. 8.) ; et si elles sont mauvaises, elles nous sont suggérées par le démon, dont la volonté est toujours mauvaise, et dont les moyens si multipliés, et si artificieux de nous nuire ne sont jamais assez connus d'aucun homme.

    V. Il Faut attribuer à un principe extérieur les mouvements qui surpassent les forces naturelles, parce que la nature n'est point capable d'aller au-dessus d'elle-même. Les mouvements qui nous arrivent par une espèce d'impétuosité et de violence comme s'ils nous venaient d'une cause étrangère, sont estimés aussi procéder du dehors, et non pas de nous, parce que les mouvement naturels sont moins violents et plus paisibles. Pareillement les mouvements de l'âme viennent du dehors lorsque nous ne pouvons trouver en nous aucune disposition, ni aucune occasion qui les ait précédés, et qu'il n'est arrivé aucune agitation d'humeurs, ni aucun trouble à qui nous puissions attribuer ces mouvements extraordinaires et subits.

    VI. Lorsqu'il se forme de mauvaises pensées dans notre âme, nous pouvons reconnaître par leur qualité d'où elles tirent leur origine. Car si elles commencent dans l'imagination par la représentation de quelques mauvais objets qui nous les causent, laquelle fait ces impressions malignes dans nos sens, elles viennent ordinairement de la suggestion de cet esprit dont le propre est d'allumer les convoitises. Que si le mouvement de la convoitise précède en nous les mauvaises pensées, le commencement de ce mal vient assez visiblement de la corruption propre de la nature et de la concupiscence qui règne en notre corps.

    Saint Philippe de Néri, qui était si rempli de la prudence des Saints, reconnut par cette marque que ce ne fut point de sa chair, mais de Satan, que lui fut suscitée une tentation d'impureté qui lui arriva après avoir vu un pauvre qu'il rencontra nu à Rome proche de l'Amphithéâtre. Car ce fut l'esprit malin qui se présenta à lui sous la forme d'un homme, ainsi que le rapporte Gallonius dans sa vie. Et comme on est obligé dans la rencontres de toutes sortes de tentations d'employer les puissantes armes de la prière, et par lesquelles on doit vaincre Satan et le mettre en fuite ; si après avoir prié avec ferveur et longtemps, ces mauvais mouvements de la convoitise ne laissent pas de continuer, il est assez probable qu'ils ne viennent point du démon, mais de la nature.

    VII. Il Faut aussi observer qu'on attribue souvent à Satan beaucoup de maux qui ne sont que des productions de la nature, laquelle est si déréglée et si corrompue par elle-même. Car la constitution particulière des corps et la disposition des humeurs, principalement l'abondance de l'humeur mélancolique, et la mauvaise habitude qu'on a prise de se fâcher et de s'emporter, et les troubles soudains qui arrivent quelquefois par cette cause, sont des émotions et des agitations si étranges, que l'on penserait que des hommes ainsi emportés et furieux sont obsédés et possédés par un mauvais esprit, quoiqu'ils ne soient véritablement agités et transportés que par la maladie naturelle de leur colère et de leur fureur.

    Il arrive quelque chose de semblable dans les bons mouvements. Car l'ardeur de l'âge et de la complexion, la vivacité de l'esprit, et la manière forte et véhémente avec laquelle on prend les choses excitent quelquefois divers mouvements et causent divers effets spécieux comme des larmes, des soupirs, des pensées extraordinairement élevées, même des extases et des transports d'esprit que les ignorants attribuent à l'Esprit de Dieu, quoique toutes ces choses ne viennent que de causes naturelles.

    VIII. On distingue par ces marques les instincts et les effets de la grâce des instincts et des effets de la nature, que l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ (Lib. 3. c. 54.) a expliqués assez au long, et que je ne rapporterai pas ici à cause que ce livre-là est entre les mains de tout le monde. Mais il faut principalement remarquer, que la ferveur qui ne procède que du tempérament naturel languit et s'évanouit aussitôt qu'il arrive quelque difficulté considérable : au lieu que celle qui vient de Dieu surmontant toutes sortes d'obstacles, prend des forces dans les périls mêmes, et s'augmente par les adversités et les contrariétés. Car c'est de cette disposition fervente d'amour dont il est dit dans le Cantique (Cant. 8. 7.) : L'abondance des eaux ne pourra éteindre la charité, et les fleuves n'étoufferont point les flammes.

    IX. Le commencement des bonnes inspirations vient toujours de la grâce de Dieu qui prévient et assiste notre volonté, et lui fait achever son oeuvre. C'est pourquoi Notre-Seigneur a dit (Joan. 15. 5.) : Sans moi vous ne pouvez rien faire, vu qu'il n'y a nul bien en nous s'il ne nous est donné par le souverain bien. Et lorsque les choses qui nous portent à Dieu, nous plaisent, cela n'arrive pas par notre volonté propre et notre propre industrie : mais c'est celui qui sème dans le coeur la bonne semence, qui arrose et qui donne l'accroissement, afin que notre volonté étant guérie par ce souverain médecin, puisse ce qu'elle ne pouvait pas après s'être blessée par elle-même.

    Mais parce que la nature, abandonnée à elle-même, est toujours portée au mal, il arrive de là que quelquefois les suggestions de Satan prennent leurs commencements de notre nature même, de laquelle le Démon tire comme des étincelles pour allumer en nous ses tentations. Cet ennemi sait parfaitement quelles sont les forces qui sont restées à la nature humaine après la chute du premier homme, et avec combien de véhémence elle se pousse elle-même au péché par le poids de sa propre corruption. L'homme, dit saint Bernard (Serm. 85 in. Cant.), se pousse luimême et se précipite lui-même dans l'abîme du péché; de sorte qu'il n'a pas besoin de craindre d'y être poussé par un autre. Car il peut tomber par son propre poids et son propre mouvement sans qu'un autre le pousse : au lieu qu'il ne saurait tomber, quoiqu'il soit poussé par un autre, s'il n'y contribue par le poids et le mouvement de sa propre corruption. L'ennemi donc pousse souvent ceux qui se sont déjà jetés par leur propre volonté sur le penchant du précipice, ayant la confiance que ses efforts obtiendront d'autant plus fortement leur effet, qu'ils se trouveront plus conformes aux dispositions et aux mouvements de la nature.

    Il est clair par ce que je viens de dire, que le commencement du bien vient toujours de Dieu, et que l'instinct et le désir du mal vient toujours en nous ou de la suggestion de Satan, ou de l'inclination qu'a notre nature au mal sans y être poussée par une cause étrangère.

    X. Quand les mouvements intérieurs viennent de nous, ils se forment ordinairement d'une manière qui est agréable et douce à la nature, en suivant presque toujours ses dispositions et ses forces. Mais quand il viennent d'une cause étrangère, on observe qu'ils arrivent en deux différentes manières. La première est, lorsqu'en commençant doucement et agréablement, ils s'accommodent de telle sorte à la nature que l'on croit qu'ils soient tout à fait naturels. La seconde est, lorsqu'entrant en nous avec plus de violence, ils nous émeuvent et nous poussent si fortement, qu'il semble que nous soyons plutôt poussés et remués par un agent étranger, que nous n'agissons nous-mêmes. Néanmoins, dans ces mouvements, la liberté humaine demeure toujours sans recevoir aucune blessure ni aucune atteinte. Car encore que Satan pousse, il ne renverse néanmoins que ceux qui ne lui résistent pas, et qui consentent à ses efforts. Et pour ce qui est de Dieu, quand il nous incite au bien, il nous donne tout ensemble la volonté et le consentement ; et alors nous sommes vraiment libres, étant délivrés par Jésus-Christ de la servitude du péché, et transférés dans la liberté qui est propre aux enfants de Dieu.

    XI. Si le mouvement est mauvais, il n'importe en rien de tout d'examiner et de savoir s'il vient de notre propre esprit ou de l'esprit malin : mais il faut plutôt veiller et prier, pour obtenir la grâce de n'y point consentir, de quelque cause qu'il puisse tirer son origine. Quant au bon instinct et au bon mouvement (qu'il est certain ne pouvoir venir que de Dieu seul) il y faut obéir diligemment, en prenant soigneusement garde à ne point recevoir en vain la grâce de Dieu.

    XII. Au reste on ne saurait s'aviser d'aucune règle qui ne trompe, ou ne puisse tromper dans quelques cas particuliers. Et il n'y a que celles que le Père des lumières nous envoie du ciel qui soient infaillibles. Mais nous ne pouvons pas non plus être assurés par des preuves certaines et évidentes que ce soit par l'enseignement intérieur du Saint-Esprit que nous discernons le bien du mal, et les mouvements qui nous sont propres de ceux qui nous viennent d'une cause étrangère ; parce que l'Esprit, comme dit Notre-Seigneur, souffle où il veut, et qu'on entend sa voix sans qu'on sache d'où il vient, ni où il va (Joan 3. 8.). Job nous représente cette incertitude en ces termes : Mon oreille a reçu comme à la dérobée le doux souffle par lequel la parole de Dieu est entrée en moi (Job. 4. 12.), et disant encore ailleurs : S'il vient vers moi, je ne le verrai point, et s'il se retire, je ne m'en apercevrai point (Ibid. 9. 11.). Il Faut donc observer ces avertissements que l'Apôtre nous donne : N'éteignez point l'Esprit. Ne méprisez pas les prophètes. Eprouvez tout, et approuvez ce qui est bon (1. Th. 5. 19. 20. 21.). Or cette épreuve est estimée légitime lorsque l'on fait un examen soigneux et exact des choses qui s'offrent à examiner, et qu'on se rapporte aux supérieurs et aux hommes experts et éclairés du jugement qui se doit faire des mouvements et des désirs que l'on a en soi.

    Ce fut ainsi que le patriarche Jacob (Gen. 37.), après que son fils Joseph eut raconté ses songes, le reprit, et considéra dans le silence de quel esprit ils pouvaient venir. Ce fut ainsi que le prophète Elie connut, en examinant soigneusement ce qu'il voyait, que le Seigneur n'était point dans le tourbillon de vent, ni dans l'agitation, ni dans le feu, mais dans le souffle d'un vent extrêmement doux (3. Reg. 19. 12.). Ce fut ainsi que la sainte Vierge considéra en elle-même quelle pouvait être la salutation de l'Ange (Luc. 1. 29.). Ce fut ainsi que Samuël, après avoir entendu la voix du Seigneur, courut promptement au prêtre Héli, et obéit à ses avis pour suivre le mouvement de l'Esprit de Dieu (1. Reg. 3.).

    Il y en a qui disent qu'ils ne se fient pas au jugement des autres, parce qu'ils sont certains du leur propre par une secrète révélation de Dieu. Mais il faut leur répondre que l'homme se peut tromper lorsqu'il se fie à soi-même : au lieu que s'il a la créance qu'il doit à son supérieur, ou qu'il consulte ceux qui sont expérimentés, il ne peut se tromper. Car Dieu regarde les âmes humbles : et si une révélation est véritable, il ne permettra jamais qu'elle soit rejetée par le jugement d'autrui.