LE MIRACLE


Lorsqu'une créature naît sur un plan quelconque, tout est déjà prêt pour subvenir à ses besoins : sa famille, sa patrie, ses instructeurs, son métier, sa religion. Si l'on ajoute à cela les lumières innées de la conscience, on voit que l'homme reçoit toujours ce qui est nécessaire à son existence et au travail qu'il doit fournir. Et, si nous étions réfléchis, nous n'aurions pas besoin, pour progresser, d'autre chose que d'accomplir le devoir quotidien, selon les indications de la voix morale intérieure.

Mais le désir des jouissances personnelles nous aveugle et nous mène souvent dans le fossé. Des secours visibles et invisibles nous aident alors, sous la forme des parents, des éducateurs, des amis, des livres, des intuitions, des épreuves. Et quand, malgré tout, nous nous obstinons dans le mal, le Ciel réalise l'impossible pour raviver la Lumière intérieure vacillante; ici intervient le miracle.

Il y a plusieurs sortes de miracles. Les uns, appelés Gebouroth, en hébreu; dunameis, en grec; virtutes, en latin, résultent de la mise en oeuvre de forces naturelles inconnues; tel serait, par exemple, le téléphone, pour un sauvage de l'Afrique.

Les autres, nommés Aothoth, semeia ou signa, sont produits, en dehors de la volonté humaine, par des puissances supra-physiques; telles sont les catastrophes annonciatrices, aux yeux intuitifs du peuple, d'une soi-disant colère divine.

Les troisièmes : Nephilaoth, terata ou thaumasia, prodigia ou mirabilia, sont les effets des forces divines descendant à l'appel de la prière; tels sont les miracles des saints.

Il y a en dernier lieu, les oeuvres (erga ou opera) d'un homme parvenu à la plénitude de sa puissance, au complet développement de sa stature; tels sont les actes du Christ et ceux des missionnés libres.

La créature peut accepter le miracle et bénéficier de son bienfait en ouvrant, par la foi, les yeux de son esprit. Elle peut aussi le refuser. C'est pour cela que Jésus lance Son anathème sur les villes qui L'ont vu et qui ont persisté dans leurs erreurs.

Quand le miracle n'est pas utilisé, quand les témoins ne veulent pas faire l'effort d'en accepter pratiquement les conséquences, ils appellent la mort sur eux-mêmes; ils tuent en eux quelque chose de capital, et cet assassinat mystique leur amène dans un avenir assez proche le cliché du suicide.

Nos actes ont des témoins; plus notre position sociale est haute, plus les témoins sont nombreux. Quand le Christ agit, toutes les créatures assistent à Son oeuvre et en témoignent. Les esprits des pierres, des plantes, des champs et des montagnes ont profité de Son passage; et les esprits des hameaux, des villes et édifices, à cause peut-être de leur relation plus étroite avec les hommes, ont souvent méconnu le divin Voyageur.

Ainsi s'expliquent les apostrophes personnelles qui sont adressées à telles bourgades d'Israël.