PARABOLES DU GRAIN


Le devoir de celui qui a reçu est de transmettre à son tour : que ce soit une lumière intellectuelle, une force de compassion, de la richesse, un pouvoir thérapeutique, il faut en faire part à tous, totalement. Un des effets de l'oeuvre messianique est de placer en haut ce qui était en bas jusqu'alors, de mettre là la lumière les habitants des cavernes, de rendre compréhensibles les mystères. Ne soyons secrets que sur ce qui peut servir au mal et sur les fautes d'autrui.

Tout homme reçoit avec l'existence une étincelle de la Lumière divine. Mais celui qui n'en profite pas, qui ne lui donne pas d'aliment, peut se la voir enlever, pour être conférée à celui de ses frères qui aura pris soin de celle qu'il possède déjà. Quand nous entendons ou nous voyons quelque chose de Dieu, retenons-le donc avec reconnaissance, avec humilité; mettons-le en pratique. A l'orgueilleux on ôtera même ce qu'il croit avoir.

Ce n'est pas que notre travail ait comme résultat direct la croissance des graines spirituelles qui sont en nous; il ne fait qu'améliorer le terrain de culture et chasser les nuages qui interceptent les rayons du soleil mystique. Ainsi, le froment une fois semé, le sol une fois fumé, l'épi croît sans que le laboureur sache comment. Il n'y a qu'à faire son devoir de notre mieux, le Ciel S'occupe de tout le reste.

Celui-ci n'est pas le seul d'ailleurs à ensemencer les champs de notre esprit. L'Adversaire aussi a reçu ce pouvoir. Dans l'immense majorité des cas, la mauvaise herbe étouffe le blé, mais il arrive aussi que ce dernier améliore un peu l'ivraie. Même dans le domaine de notre libre arbitre, une bonne ou une mauvaise action, c'est aussi des graines; c'est pourquoi nous récoltons souvent du dégoût, de la tristesse, de l'apathie.

Le bien et le mal sont partout côte à côte; et les anges du Seigneur les laissent grandir ensemble, de peur de détruire un peu de bien en sarclant tandis que la récolte est encore jeune; ce n'est qu'à la venue du grand Juge que les mauvais sont rejetés au feu de la souffrance, tandis que les bons vont grossir le trésor divin en constituant, dans le lieu même du monde où ils ont évolué, une colonie du Royaume. Quant à l'enfer, il est bien éternel, en ce sens que, du commencement à la fin d'une création, on y trouve toujours des endroits où l'on souffre, mais personne ne reste à jamais sous la férule des démons. Les moissonneurs angéliques ne laissent rien perdre, mais ils ne détruisent rien non plus. Nous-mêmes, nous sommes dans un champ où le maître a mis du blé et, la nuit, le sorcier vient, quand les gendarmes ont le dos tourné, y semer de l'ivraie. Le sol a le devoir de nourrir de préférence le blé. S'il n'agit pas ainsi, sachez qu'il sera retourné de fond en comble par le maître, avant qu'on ne lui confie de nouvelles semailles.