LE JUSTE JUGE

   
   Tandis que Jésus enseignait dans le Temple, les chefs des prêtres et les anciens du peuple vinrent à lui et lui dirent : « En vertu de quelle autorité fais-tu ces choses ?  et qui t'a donné cette autorité ?  » Jésus leur répondit : « Je vous ferai, moi aussi, une question, une seule, et si vous me répondez, je vous dirai en vertu de quelle autorité je fais ces choses.  Le baptême de Jean, d'où venait-il ?  du Ciel ou des hommes ?  Or, ils faisaient, à part eux, ce raisonnement : Si nous répondons : du Ciel, il nous dira : Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui ?  Et si nous répondons : des hommes, nous avons à craindre la foule car tous tiennent Jean pour un prophète.  Alors ils répondirent à Jésus : « Nous ne savons pas ».  Et lui, il leur dit à son tour : « Je ne vous dirai pas, moi non plus, en vertu de quelle autorité je fais ces choses ».   

 * 
   « Que pensez-vous de ceci : Un homme avait deux fils.  Il s'adressa au premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne ».  Celui-ci répondit : « J'y vais, Seigneur », et il n'y alla pas.  Venant ensuite à l'autre fils, le père lui parla de même.  Celui-là répondit : « Je ne veux pas » : et, plus tard, touché de repentir, il y alla.  Lequel des deux a fait la volonté de son père ?  » -« C'est le dernier », répondirent-ils.   
  Et Jésus ajouta : « En vérité je vous le dis, les publicains et les femmes de mauvaise vie vous devancent dans le Royaume de Dieu.  Jean, en effet, est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru.  Les publicains et les femmes de mauvaise vie l'ont cru : et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas repentis, vous n'avez pas fini par le croire » .   
   
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   « Écoutez une autre parabole : Il y avait un homme, un maître de maison, qui avait planté une vigne.  Après l'avoir entourée d'une haie, y avoir creusé une cuve et construit une tour, il la loua à des vignerons, puis il s'en alla en voyage.  Lorsque vint la saison de la récolte, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour recueillir le produit de sa vigne.  Or les vignerons s'emparèrent de ces serviteurs, ils battirent celui-ci, tuèrent celui-la, en lapidèrent un troisième.  Le maître alors en envoya d'autres, plus nombreux que les premiers; les vignerons les traitèrent de même.  Enfin, il leur envoya son fils, disant : « Ils respecteront mon fils ».  Mais, quand ils virent le fils, ils se dirent entre eux : « Celui-là, c'est l'héritier; allons !  tuons-le et nous aurons son héritage !  ».  S'étant donc emparés de lui, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.  Eh bien !  lorsque le maître de la vigne arrivera, que fera-t-il à ces vignerons ?  On lui répondit : « Il fera périr misérablement ces misérables et il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront les fruits à la saison ».  Jésus leur dit : « Est-ce que vous n'avez jamais lu dans les Écritures :   
   
  La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient,   
  Celle-là même est devenue la principale pierre de l'angle;   
  C'est l'ouvrage du Seigneur,   
  Ouvrage admirable à nos yeux ?   
   
   Voilà pourquoi je vous dis que le Royaume de Dieu vous sera enlevé et qu'il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.  Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle le mettra en poussière ».   
   En entendant ces paraboles, les chefs des prêtres et les pharisiens comprirent que c'était d'eux qu'il parlait.  Ils cherchaient bien à l'arrêter, mais ils redoutaient le peuple, parce qu'il tenait Jésus pour un prophète.  
 * 
   
    « Le Royaume des cieux est semblable à un roi qui célébrait les noces de son fils.  Entrant pour voir ceux qui étaient à table, il aperçut un homme qui n'était pas vêtu d'un habit de noces.  Il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ?  » Et cet homme eut la bouche fermée.  Alors le roi dit aux serviteurs : « Liez-lui pieds et mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents.  Car il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus ».  
 * 
   Jésus, étant entré dans Jéricho, passait par la ville.  Il y avait là un homme appelé Zachée; c'était le chef des péagers, et il était riche.  Il cherchait à voir Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, parce qu'il était de petite taille.  Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là.  Jésus, arrivé à cet endroit, leva les yeux et lui dit : « Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison ».  Zachée se hâta de descendre et le reçut avec joie.  Voyant cela, tous murmuraient et disaient : « Il est entré chez un pécheur pour y loger !  ».  Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit : « Voici, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et, si j'ai fait tort à quelqu'un en quoi que ce soit, je lui rends quatre fois autant ».  Alors Jésus lui dit : « Aujourd'hui le salut est entré dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham.  Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».   
   
 * 
   Alors les pharisiens, s'étant retirés, se concertèrent pour prendre Jésus au piège par ses propres paroles; ils lui envoyèrent leurs disciples, avec des Hérodiens, qui lui dirent : « Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes avec droiture la voie de Dieu, sans avoir souci de qui que ce soit, car tu ne fais pas acception de personnes.  Dis-nous donc ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer le tribut à César ?  » Mais Jésus, connaissant leur malice, répondit : « Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites ?  montrez-moi la monnaie du tribut ?  » Ils lui présentèrent un denier.  Alors il leur demanda : « De qui est cette image ?  de qui est cette inscription ?  » Ils répondirent : « De César ».  Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».  Cette réponse les surprit et, le laissant, ils s'en allèrent.   
   
 * 
   Ce même jour, des saducéens, qui nient la résurrection vinrent lui poser cette question « Maître, Moïse a dit : Si quelqu'un meurt sans laisser d'enfants, son frère épousera la veuve, et suscitera au défunt une postérité.  Or, parmi nous, il y avait sept frères.  Le premier s'est marié et est mort sans avoir de postérité; il laissa sa femme à son frère.  Pareillement le second, puis le troisième, jusqu'au septième.  Enfin, après eux tous, la femme mourut.  Duquel des sept, ayant été la femme de tous, sera-t-elle donc l'épouse à la résurrection ?  ».  Jésus leur répondit : « Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures ni la puissance de Dieu.  Les ressuscités, en effet, ne se marient pas et ne se donnent pas en mariage, mais ils sont dans le Ciel comme des anges.  Et, quant à la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu cette parole que Dieu vous a dite : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob ?  Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ».   
   Les multitudes qui entendaient étaient extrêmement frappées de son enseignement.   
  
 * 
   Apprenant qu'il avait fermé la bouche aux saducéens, les pharisiens se réunirent; et l'un d'eux, un docteur de la loi, lui demanda, pour le mettre à l'épreuve : « Maître, quel est, dans la Loi, le plus grand commandement ?  », Jésus lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.  Voila le premier et le plus grand commandement.  Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.  De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes ».   
   
 * 
   Les pharisiens se trouvant rassemblés, Jésus leur posa cette question : « Quelle est votre opinion sur le Christ ?  De qui est-il fils ?  ».  Ils lui répondirent : « De David ».  -« Comment donc, reprit-il, David, animé de l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, quand il dit :   
   
  Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite,   
  Jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds ?   
   
   Si David l'appelle Seigneur, comment donc est-il son fils ?  ».  Nul ne put lui répondre un mot et, depuis ce jour-là, personne n'osa plus le questionner.   
   Jésus, alors, parlant à la multitude en même temps qu'a ses disciples, dit : « C'est dans la chaire de Moïse que sont assis les scribes et les pharisiens; observez donc ce qu'ils vous disent et faites-le.  Mais n'imitez pas leurs oeuvres, car ils disent et ne font pas.  Ils lient de pesants fardeaux et ils en chargent les épaules des hommes; mais eux, ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt.  Toutes leurs actions, ils les font pour être vus des autres; en effet, ils portent d'énormes phylactères et allongent les franges de leur manteau; dans les festins, ils aiment la première place, dans les synagogues, les premiers sièges; sur les places publiques, les salutations, et que chacun leur donne le nom de Maître, eux qui dévorent les maisons des veuves en affectant de faire de longues prières.   
   « Quant à vous, ne vous faites pas appeler Maître; car un seul est votre Maître, et pour vous, vous êtes tous frères.  Et ne donnez à personne sur terre le nom de père; car un seul est votre Père : le Père céleste.  Qu'on ne vous appelle pas non plus directeurs, car vous n'avez qu'un seul directeur : le Christ.  Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.  Qui s'élèvera lui-même sera abaissé, qui s'abaissera lui-même sera élevé.   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez la porte du Royaume des cieux devant les hommes !  Vous, vous n'entrez pas, et ceux qui viennent pour entrer, vous ne les laissez pas entrer.   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez terres et mers pour faire un seul prosélyte; et, lorsqu'il l'est devenu, vous en faites un fils de la Géhenne deux fois pire que vous.   
  « Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Si quelqu'un jure par le Temple, ce n'est rien du tout; mais si quelqu'un jure par l'or du Temple, il est engagé.  Insensés et aveugles !  lequel est donc le plus grand, ou de l'or ou du Temple qui rend cet or sacré ?  Et encore : Si quelqu'un jure par l'autel, ce n'est rien du tout; mais si quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est engagé.  Aveugles, lequel est le plus grand ou de l'offrande, ou de l'autel qui rend cette offrande sacrée ?  Qui jure par l'autel, jure et par l'autel et par tout ce qu'il porte.  Qui jure par le Temple, jure et par le Temple et par Celui dont il est la demeure.  Qui jure par le Ciel, jure et par le trône de Dieu et par Celui qui y est assis.   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous acquittez la dîme de la menthe, de l'aneth, et du cumin, et que vous laissez de coté ce qu'il y a de plus important dans la Loi : la justice, la pitié, la bonne foi !  Il fallait faire ceci et ne pas omettre cela.  Guides aveugles, qui retenez au filtre le moucheron et qui avalez le chameau !   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, quand ils sont remplis.  au-dedans, de rapines et d'immondices !  Pharisien aveugle, purifie d'abord l'intérieur de la coupe et du plat, afin que le dehors devienne pur aussi.   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous êtes pareils à des sépulcres blanchis !  Ils ont, à l'extérieur, une belle apparence; mais, au dedans, ils sont remplis d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture.  Vous de même, à l'extérieur, vous paraissez justes aux hommes; mais, au-dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité.   
  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous élevez des tombeaux aux prophètes, que vous ornez les sépulcres des justes, et que vous dites : Si nous eussions été là du temps de nos pères, nous n'aurions pas été leurs complices dans le meurtre des prophètes.  Et, par là, vous vous rendez à vous-mêmes le témoignage que vous êtes bien les fils des meurtriers des prophètes, Ainsi, vous, vous comblez la mesure de vos pères !  Serpents, engeance de vipères, comment éviterez vous la condamnation de la Géhenne !  C'est pour cela que Dieu dans sa sagesse a dit : Je leur enverrai des prophètes, des sages et des docteurs; ils tueront les uns, ils persécuteront les autres.  Vous en tuerez, vous en crucifierez, vous en flagellerez dans les synagogues, vous en traquerez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent versé sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, Fils de Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l'autel !  Je vous le dis en vérité, c'est sur cette génération-ci que tout cela retombera !   
  « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu !  Eh bien !  votre demeure vous est abandonnée déserte.  Car, je vous le déclare, vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ».  
   
 * 
   Jésus s'était assis vis-à-vis du Trésor.  Il regardait comment la foule y mettait son offrande.  Plusieurs riches donnaient beaucoup.  Survint une pauvre veuve qui mit deux petites pièces de monnaie, environ le quart d'un sou, Jésus la vit; il appela ses disciples, et leur dit : « En vérité je vous le déclare, cette pauvre veuve à mis dans le trésor plus que tous les autres.  Car tous ont mis de leur superflu; mais celle-ci, du fond de son indigence, y a jeté tout son avoir.  Elle a donné tout ce qu'elle avait pour vivre ».   
   
 * 
   Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, vois quelles pierres et quelles constructions !  ».  - « Tu regardes, lui répondit Jésus, ces grands édifices ?  Le jour vient où il n'en restera pas pierre sur pierre.  Tout sera renversé ».   
   
 * 
   Puis il alla s'asseoir sur le mont des Oliviers.  Les disciples s'approchèrent de lui et, le prenant à part, l'interrogèrent : « Dis-nous quand ces choses arriveront et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ».   
   Jésus leur répondit : « Veillez à ce que personne ne vous séduise; car plusieurs viendront en prenant mon nom, ils diront : Je suis, moi, le Christ, et ils séduiront bien des gens.  Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres; gardez-vous de vous en troubler; car il faut que cela arrive; mais ce ne sera pas encore la fin.  Se soulèvera, en effet, nation contre nation, royaume contre royaume.  Il y aura, ici et là, des famines, des tremblements de terre, des phénomènes effrayants et de grands prodiges au ciel.  Tout cela, ce seront les douleurs de l'enfantement qui commenceront.  On vous livrera alors aux tourments; on vous mettra à mort; vous serez, à cause de mon nom, en haine à toutes les nations.  Et alors, beaucoup seront pris au piège, ils se trahiront les uns les autres, ils se haïront les uns les autres.  Et beaucoup de faux prophètes se lèveront et ils séduiront beaucoup de gens.  Et, parce que l'iniquité se sera multipliée, l'amour du plus grand nombre se refroidira.  Celui-là sera sauvé, qui aura persévéré jusqu'à la fin.   
 » Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous et on vous persécutera, on vous traduira devant les tribunaux, on vous traînera en prison, on vous flagellera dans les synagogues; et vous serez amenés devant les rois et les gouverneurs à cause de mon nom.  Ce sera pour vous l'occasion de me rendre témoignage.   
  » Il faut, en effet, que l'Évangile du Royaume soit premièrement prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations.  Alors seulement viendra la fin.   
  » Gravez bien ceci dans vos coeurs : quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne préméditez pas votre défense, ne soyez pas en souci par avance de ce que vous répondrez.  Vous direz ce qui vous sera inspiré sur le moment même; car moi je vous donnerai une parole et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ni contredire.  Ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit Saint.   
  » Alors, le frère livrera son frère à la mort, et le père, son fils; les enfants s'élèveront contre leurs parents et les feront périr.  Vous-mêmes serez livrés par vos parents et vos frères, par vos proches et par vos amis; et ils en feront mourir parmi vous.  Mais pas un cheveu de votre tête ne se perdra.  Et c'est par votre patience que vous sauverez vos âmes.  Quand vous verrez Jérusalem investie par les armées, alors sachez que sa désolation est proche.  Quand donc vous verrez établie dans le lieu saint « l'abomination de la désolation » dont il a été parlé par le prophète Daniel, alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans la montagne et que ceux qui seront  au milieu de Jérusalem en sortent; que celui qui sera sur la terrasse n'en descende point pour emporter ce qui est dans la maison; que celui qui sera dans les champs ne revienne pas sur ses pas pour reprendre son manteau, et que ceux qui seront dans les contrées voisines ne rentrent pas au pays !  Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là !  Priez pour que cela n'arrive ni en hiver, ni en un jour de sabbat, car il y aura alors une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu de semblable depuis le  commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura plus jamais.  Et si ces jours n'avaient pas été abrégés, aucune créature ne serait sauvée; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés.  Si l'on vous dit alors : Voici, le Christ est ici !  ou : Le voilà !  ne le croyez pas.  Car il surgira de faux Christs et de faux prophètes, faisant de grands signes et prodiges, afin de séduire, si possible, même les élus.  Ainsi, je vous ai  prévenus.  Si donc quelqu'un vous dit : Voilà qu'il est dans le désert !  n'y allez pas; le voilà dans l'intérieur de la maison !  ne le croyez pas.  Tel, en effet, l'éclair part de l'Orient et brille  jusqu'à l'Occident, tel sera l'avènement du Fils de l'homme.   
  » Immédiatement après ces jours de tribulation, le soleil  s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles  tomberont du ciel, les puissances des cieux seront ébranlées.  C'est alors qu'apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme, et alors se frapperont la poitrine toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l'homme arrivant sur les nuées du ciel, en puissance et en grande gloire; il enverra ses anges, lesquels, au son éclatant de la trompette, rassembleront ses élus, des quatre vents de l'horizon, d'une extrémité  du ciel à l'autre extrémité.   
  » Que le figuier vous serve de comparaison; quand ses branches deviennent tendres et que ses feuilles poussent, vous savez que l'été est proche; de même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, qu'il est aux portes.  En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive.  Le ciel et la terre  passeront, mes paroles ne passeront point.   
  » Quant au jour et à l'heure, nul n'en sait rien, ni les anges des cieux, ni le Fils; personne, excepté le Père seul.   
  » Soyez sur vos gardes !  Veillez !  car vous ne savez pas quand le moment viendra !  Il en est comme d'un homme qui, allant en voyage, a laissé sa maison et donné pouvoir à ses serviteurs, à chacun son ouvrage; au portier, il a commandé de veiller.   
 « Veillez sur vous-mêmes de peur que vos coeurs ne s'appesantissent par les excès, l'ivresse et les soucis mondains,  et que ce jour-là ne fonde sur vous à l'improviste.  C'est comme un filet qui viendra sur tous ceux qui habitent la surface de la terre.  Soyez donc vigilants, et priez en tous  temps, afin que vous soyez rendus dignes d'échapper à tout ce qui va arriver, et que vous puissiez subsister en présence du Fils de l'homme.   
  « Veillez donc, car vous ne savez pas quand le Maître de la maison viendra, si c'est le soir ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin; craignez qu'arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis.  Or, ce que je vous dis, je le dis a tous : Veillez !  »  
 
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  « Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui allèrent, leurs lampes à la main, à la rencontre de l'époux.  Cinq d'entre elles étaient folles, cinq étaient sages.  Or, les folles, en prenant leurs lampes, n'avaient pas emporté d'huile avec elles; mais les sages avaient pris, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases.  L'époux tardant à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.  Au milieu de la nuit, un cri retentit : Voici l'époux !  sortez au-devant de lui !  Alors toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes.  Les folles dirent aux sages : Nos lampes s'éteignent; donnez-nous de votre huile, Les sages répondirent : Il n'y en aurait peut-être pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent et vous en achetez.  Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux vint et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui au festin de noces; et la porte fut fermée, Enfin arrivèrent aussi les autres vierges, en disant : Seigneur !  Seigneur !  ouvre-nous !  Mais il leur répondit : En vérité je vous le dis, je ne vous connais pas, Donc, veillez, car vous ne savez ni le jour ni l'heure ».   
 
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  « Tel encore le Royaume des cieux, tel un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.  A l'un il donna cinq talents; à un autre, deux; à un troisième, un seul; à chacun suivant sa capacité; puis il partit.  Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire valoir et en gagna cinq autres.  De même, celui qui en avait deux en gagna deux autres.  Mais celui qui n'en avait reçu qu'un alla creuser un trou dans la terre et il y enfouit l'argent de son maître.  Après un long temps écoulé, le Maître revint, et il fit rendre compte à ses serviteurs.  Celui qui avait reçu les cinq talents se présenta, en apportant cinq autres.  Seigneur, dit-il, tu m'as confié cinq talents; en voici cinq autres que j'ai gagnés.  Le maître lui dit : Bien, bon et fidèle serviteur; tu t'es montré fidèle dans peu de chose, je t'établirai sur beaucoup.  Entre dans la joie de ton seigneur.   
   » S'approchant aussi, celui qui avait reçu les deux talents dit : Seigneur, tu m'as confie deux talents; en voici deux autres que j'ai gagnés, Son Maître lui dit : Bien, bon et fidèle serviteur; tu t'es montré fidèle dans peu de chose, je t'établirai sur beaucoup, Entre dans la joie de ton seigneur.   
  » Mais celui qui avait reçu un seul talent vint à son tour et dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonne là où tu n'as pas semé, et qui ramasse sur l'aire où tu n'as pas étendu de gerbes; c'est pourquoi, plein de crainte, je suis allé enfouir en terre ton talent.  Le voilà; tu es en possession de ce qui t'appartient.  Mais son Maître lui répondit : Mauvais serviteur !  paresseux !  tu savais que je moissonne là ou je n'ai pas semé et que je ramasse sur l'aire ou je n'ai pas étendu de gerbes.  Il te fallait, en conséquence, placer mon argent chez les banquiers, et, à mon retour, j'aurais retire ce qui est à moi avec un intérêt.  Donc, ôtez-lui le talent et donnez-le à celui qui a les dix.  Car, à celui qui a il sera donné, et il sera dans l'abondance; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera ôté.  Quant au serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors; là seront les pleurs et les grincements de dents ».   
 
 *   
  « Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et, avec lui, tous les anges, il s'assiéra sur son trône de gloire.  Devant lui seront rassemblées toutes les nations; et il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs; il placera les brebis à sa droite, les boucs à sa gauche.  Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : Venez, vous, les bénis de mon Père !  entrez en possession du Royaume qui vous a été préparé depuis la création du monde; car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; nu, et vous m'avez vêtu; malade, et vous m'avez visité; en prison, et vous êtes venus à moi.   
  » Les justes alors lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et que nous t'avons donné à manger ?  Avoir soif et que nous t'avons donné à boire ?  Quand est-ce que, te voyant étranger, nous t'avons recueilli; que, te voyant dans la nudité, nous t'avons vêtu ?  Quand est-ce que nous t'avons vu malade ou en prison et que nous  sommes venus vers toi ?  Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, toutes les fois que vous avez fait cela à un seul des plus petits parmi mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.  Puis il dira à ceux qui sont à sa gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.  Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; nu, et vous ne m'avez pas vêtu; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité,   
  » Alors ils répondront, eux aussi : Seigneur, « Quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim, avoir soif, être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t'avons pas assisté ?  Mais il leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à un seul de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites.  Et ceux-là s'en iront au châtiment éternel, et les justes iront à la vie éternelle ».   
 
 *   
   Cependant les Juifs s'adressèrent à lui; ils lui dirent : « Quel miracle nous montres-tu, pour agir de la sorte ?  » Jésus leur répondit : « Renversez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ».  Les Juifs reprirent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, tu le relèverais en trois jours !  » Mais lui, il parlait du Temple de son corps; et, lorsqu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se souvinrent de ce langage, et ils crurent alors à l'Écriture et à la parole dite par Jésus.   
   Pendant qu'il était à Jérusalem, à la fête de Pâque, un grand nombre crurent en son nom, à la vue des miracles qu'il faisait.  Mais lui, Jésus, ne se fiait pas à eux, parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin que tel ou tel témoignage vint le renseigner sur qui que ce soit; il savait par lui-même ce qu'il y avait en chacun.   
   
(MATTHIEU Ch.  21, v.  23 à 27; MARC Ch.  11, v.  27 à 33; Luc ch.  20, v.  I à 8; -- MATTHIEU Ch.  21, v.  28 à 32.  -- MATTHIEU Ch.  21, v.  33 à 46; MARC ch.  12, v.  1 à 12; LUC Ch.  20.  v.  9 à 19.  -- MATTHIEU Ch.  22 v.  2, 11 à 14; Cf.  LUC ch.  14, v.  16 à 24.  -- LUC ch.  19, v.  1 à 10.  -- MATTHIEU Ch.  21, V.  15 à 22; MARC ch.  12, v.  13 à 17 : LUC Ch.  20, v.  20 à 26.  -- MATTHIEU ch.  22, v.  23 à 33 : MARC ch.  12, v.  18 à 
 27; LUC ch.  20, v.  27 à 40.  -- MATTHIEU ch.  22, v.  34 à 40; MARC ch.  12, v.  28 à 34; LUC ch.  10, v.  25 à 27.  -- MATTHIEU ch.  22, v.  41 à 46; MARC ch.  12, v.  35 à 37; Luc ch.  20, v.  41 à 44.  -- MAT-THIEU ch.  23, v.  1 à 39; MARC ch.  12, v.  38 à 40; LUC ch.  11, v.  37 à 54; ch.  13.  v.  34, 35; ch.  20, V.  45 à 47.  -- MARC ch.  12, v.  41 à 44; LUC ch.  21, v I à 4.  -- MATTHIEU ch.  24.  v.  I à 42; MARC ch.  13.  V.  I à 37; LUC ch.  21, v.  5 à 35.  -- MATTHIEU Ch.  25.  v.  I à 13.  -- MATTHIEU ch.  25, v.  14 à 30; LUC ch.  19.  v.  11 à 27.  -- MATTHIEU Ch.  25, v.  31 .  46.  -- JEAN ch.  2, v.  18 à 25).