CHAPITRE XIII

 

APPARITIONS DE SAINT JOSEPH

ET DES SAINTS ANGES

 

 

Nous avons relaté la venue de saint Joseph à Notre-Dame de la Sainte-Espérance de Troyes, cette nuit où il annonça à Édouard Lamy qu'il deviendrait prêtre malgré tous les obstacles.

 

« La seconde fois, à La Courneuve, il m'a encore parlé de choses personnelles. Il est très bon, mais il n'a pas la voix aussi douce que la Sainte Vierge : il a l'accent de son pays, la voix un peu rauque d'un Oriental. »

Parlant d'une troisième visite du saint patriarche : « C'était à La Courneuve, non plus dans l'église, mais au patronage, dans la salle du jardin (dite salle du Sacré-Cœur, rasée pour construire le presbytère neuf) : saint Joseph s'est montré. On avait déposé la statue de saint Joseph de l'église. Ces braves dames m'avaient demandé à nettoyer la statue du saint patriarche et à la mettre sur un socle différent : une dame de Remiremont avait acheté un très joli socle. J'ai retiré la statue du saint du socle où elle était juchée, et je leur ai dit : « Mesdames, il ne faut pas la nettoyer dans l'église, parce que vous bavardez tout le temps ». Je l'ai portée dans la Salle du Sacré-Cœur. C'était le mardi 3 juillet 1917. Elle y est restée plusieurs jours. Elles l'ont nettoyée, mais je n'ai pas pu aller regarder tout de suite leur ouvrage, parce que j'étais occupé. J'y suis allé trois, quatre jours après. Je vais dans la salle. La fenêtre et la porte se touchaient. Le reste de la salle était assez sombre. J'arrive par la porte. Il s'est mis entre la statue et le serviteur. Il était là souriant. J'ai dit : « C'est vous, saint Joseph ! » Il m'a parlé de plusieurs choses personnelles, que je garde pour moi. Je me rappelle avoir reculé un peu, pour le bien voir, le bien saisir. Je me suis incliné bien bas. Quand je me suis relevé, il était parti. »

 

« Il était comme je l'avais vu la première fois : très grisonnant, portant presque les mêmes habits que Notre-Seigneur. Saint Joseph n'est pas le simple ouvrier, comme on a trop tendance à le dépeindre. Ceci est un côté de ce saint personnage. Il était très versé dans les psaumes, très fort en Écriture Sainte. De même saint Pierre, c'était un homme assez cultivé. Saint Joseph avait des mérites personnels d'intelligence. Les mérites de sainteté dorent toutes les autres qualités. Il était capable de vivre en compagnie de la Très Sainte Vierge, et la Très Sainte Vierge était très lettrée, sortie de l'école de Jérusalem, de l'école du Temple. Elle avait les vertus naturelles, mais aussi les qualités scientifiques, et saint Joseph La comprenait. Il était à l'unisson. »

 

Le trait le plus remarquable de la figure du P. Lamy fut, après sa dévotion extraordinaire à Marie, la confiance qu'il avait dans les saints anges et la familiarité dans laquelle il vivait avec eux. Ses intimes l'ont tous vu parler à des êtres invisibles, et, à de rares exceptions près, tous aussi ont entendu les voix des esprits célestes qui lui répondaient ; parfois même, il leur a été donné de distinguer quelques paroles des saints anges. La publication de ces témoignages semblerait fastidieuse : l'auteur se bornera donc à reproduire une note qu'il a écrite lui-même à la suite d'un de ces prodiges, survenu le 19 novembre 1924. Son titre de licencié ès sciences, si modeste qu'il soit, semblera une garantie suffisante contre une illusion due à quelque particularité physique interprétée faussement comme un fait surnaturel.

Mercredi soir, à 10 heures moins 5, nous rentrons chez le P. Lamy (au Pailly). Nous trouvons dans la salle à manger sa lampe allumée et mon bougeoir placé à côté. M. et Mme Vauthelin (beau-frère et sœur du P. Lamy) sont couchés. Une fois nos manteaux et chapeaux suspendus dans le vestibule, comme le Père est visiblement fatigué, je prends les deux lumières pour monter l'escalier. Arrivés au palier du premier étage, mon hôte me souhaite bonne nuit et me dit en souriant : « Nous allons prier pour que M. l'abbé M... (soit nommé à tel poste). Priez aussi pour cela ». Je lui remets sa lampe et lui serre la main sur le pas de sa chambre.

A 10 heures un quart, je suis au lit et j'éteins ma lumière. Il se passe peut-être deux ou trois minutes, et, à travers les deux portes, qui sont légères, j'entends une conversation animée dans la chambre du vieux prêtre. Trois voix d'hommes y prennent part, nettes et distinctes au possible dans le silence absolu de la nuit. Ce phénomène m'intrigue immédiatement au plus haut point et j'en saisis toute la portée. Malgré la température glaciale, je m'assieds sur mon lit, pour mieux entendre. Aucun bruit dans la chambre des époux Vauthelin. Personne, d'autre part, n'a monté d'escalier depuis que j'y suis passé. Ses marches de sapin sont si légères et la maison si sonore que, de ma chambre, j'y distinguerais les pas d'une souris. D'autre part, vingt minutes auparavant, en quittant le vieillard sur le seuil de sa chambre, j'ai vu celle-ci libre de tout occupant.

Le P. Lamy parle de moment en moment, répondant à un interlocuteur dont la voix est nette, chaude, d'un timbre très viril et très agréable, qui s'exprime sans trace d'accent et sur un ton affirmatif. J'entends certaines syllabes, mais je n'arrive pas à saisir un seul des mots qu'il prononce. Par discrétion, je n'ose quitter mon lit pour écouter à la porte. Le troisième interlocuteur a une voix un peu plus sourde, et, partant, moins agréable, mais parfaitement normale ; il parle avec beaucoup plus de retenue ; ses paroles sont plus rares et dites sur un ton moins péremptoire. Mon hôte s'exprime très haut : le diapason de sa voix est intermédiaire entre celui du premier et du second de ses interlocuteurs. J'ai une bonne mémoire des voix ; la plus forte et la plus harmonieuse me fait songer à celle d'un jeune homme que j'ai vaguement connu autrefois, un des fils de Lord N... L'autre voix reste absolument banale. N'osant intervenir d'une façon quelconque et sentant vivement le froid, je me recouche. D'ailleurs, ni assis, ni couché, je ne distingue pas les paroles, mais j'entends bien nettement l'accent des trois interlocuteurs. Ils s'expriment tous en français ; une seule voix a le goût du terroir, celle du Père qui traîne sur les « a » et sur certaines syllabes. Au bout de sept minutes environ, la maison retombe dans le silence absolu de la nuit.

J'ai déjà fait irruption dans la chambre du P. Lamy à ce moment de la soirée, pour lui rapporter le bréviaire dont il aurait besoin dès son réveil. Je sais donc qu'aussitôt rentré chez lui, il s'agenouille sur son prie-Dieu, la figure tout contre le mur, auprès de son Enfant Jésus en plâtre peint. Ainsi, à présent, récitant sa prière du soir ou recommandant l'intention dont il avait parlé avec chaleur un quart d'heure auparavant, le P. Lamy a reçu la visite de deux esprits ou au moins, entendu leurs voix. Mon impression immédiate a été que les deux interlocuteurs de mon hôte se trouvaient présents dans sa chambre sous une forme humaine ; mais peut-être est-ce là une idée fausse.

Le lendemain matin, à 5 heures trois quarts, je rejoins le P. Lamy, qui descend l'escalier. Sur le chemin de l'église, je lui pose la question : « Mon Père, hier soir, après m'avoir dit bonsoir, vous avez parlé. J'ai entendu aussi d'autres voix... C'étaient les saints anges ? » Il sourit et me répond : « Peut-être bien. Ils sont la consolation du soir ».

 

Dans la matinée, j'interroge la sœur du P. Lamy ; mais elle a dormi, comme son mari, toute la nuit et ne nous a même pas entendu rentrer la veille au soir.

Dans la journée, à de nouvelles questions que je lui pose, mon hôte me répond que j'ai entendu les voix de saint Gabriel et de son ange gardien : « Seulement, dit-il, je les entends aussi fortes l'une que l'autre. Cela dépend de la façon dont ils ont voulu se faire entendre par vous, et, aussi, je le pense, de leur éloignement. Quand le saint Archange veut parler confidentiellement, il parle bas. Ne dites pas un mot de ces choses que je n'aie passé le pont de l'au-delà. »

 

Sa dévotion aux saints anges, aux anges gardiens, aux anges protecteurs de chaque foyer, de chaque ville, de chaque province, de chaque État, aux anges des catégories supérieures, communément appelés archanges, l'incitait à propager leur dévotion. C'était la raison principale de sa grande amitié pour feu M. Louis Martin, qui, sa vie durant, s'était fait le zélateur très dévoué de leur culte et avait récolté des sommes énormes pour la construction on la restauration de tel ou tel sanctuaire à eux consacré.

 

« Nous ne donnons pas aux anges l'importance qu'ils ont ; nous ne les prions pas assez ! Les anges sont très touchés quand nous les prions. Il y a une grande utilité à prier les anges. »

« Nos anges gardiens, nous ne les prions pas suffisamment. Que fait-on pour eux ? Un petit bout de prière le matin, un petit bout de prière le soir : voilà tout ! Leur miséricorde est bien grande à notre égard, et, souvent, nous ne l'utilisons pas assez. Ils nous regardent comme de petits frères indigents ; leur bonté à notre égard est extrême. »

« Rien n'est fidèle comme un ange. Quelle mémoire ! Il se souvient de tout. Il vous raconte ce qu'on a fait il y a dix ans comme si c'était hier. Que d'amis nous retrouverons, que nous ne connaissons pas ! Ils nous disent ce qu'ils ont à dire, puis, ils disparaissent. D'ailleurs, nous ne sommes pas grands devant eux : (riant) le bœuf et la grenouille ! »

« Notre ange gardien nous sauve bien souvent des accidents. Nous lui laissons la liberté sur nous. Mais les anges, que peuvent-ils, quand nous ne sommes pas en état de grâce ? Ils voudraient nous secourir, mais ils y sont impuissants. Quand nous refusons le respect à Notre-Seigneur, nous envoyons promener ses domestiques. Et, parmi nous, chrétiens, combien y en a-t-il qui leur demandent aide et protection ? Une petite prière : « Bonsoir, mon bon ange », etc... et c'est tout. Mais nous prions Notre-Seigneur, nous servons pareil Maître, et cela leur laisse la liberté d'action sur nous. Nous ne recourons pas assez aux saints anges. Ils sont là : on les laisse tranquilles. On ne les dérange pas assez. »

« Les anges, comme les saints, n'ont pas un corps semblable aux corps réels de la Vierge et de Notre-Seigneur : ils ont des corps qui ne sont pas de chez nous. Chaque ange a sa physionomie spéciale. Les figures sous lesquelles les anges se montrent à nos yeux ont souvent les cheveux noirs ; ils ont les cheveux très bien coupés. Je n'ai jamais vu des cheveux bouclés aux anges. Mon ange gardien a une tête assez ronde, une très belle figure, les cheveux noirs et ondulés. L'archange Gabriel a les cheveux bien coupés et ondulés. Gabriel est plus grand d'une tête que les autres anges. C'est à cela que je reconnais tout d'abord un esprit d'une catégorie supérieure. Ce qu'ils ont de très beau, ce sont les plaques d'or de forme irrégulière placées en mosaïque dont tout le haut de leur corps est revêtu : l'une de ces plaques étincelle par ci, puis l'autre par là. C'est un va-et-vient constant et successif des plaques. Ils reçoivent la lumière de Dieu. Les manches de leurs tuniques vont jusqu'à mi-bras. Leur tunique va jusqu'aux genoux. Le bas du corps étant revêtu d'une sorte de petit jupon, ils sont comme des athlètes. Leurs vêtements sont blancs, mais d'un blanc qui n'a rien de terrestre. Je ne sais comment le décrire, car il n'est nullement comparable à notre couleur blanche, d'un blanc beaucoup plus doux à l'œil. Mais ces saints personnages sont enveloppés d'une lumière si différente de la nôtre que tout, ensuite, paraît sombre. Quand vous voyez une cinquantaine d'anges, vous êtes émerveillé : vous ne pensez plus à prier Dieu. Ces plaques d'or, qui remuent perpétuellement, on dirait autant de soleils ! Ce doit être, au ciel, un merveilleux spectacle que le vol de millions d'anges ! Je ne leur ai jamais vu d'ailes, toujours l'aspect de jeunes gens. Ils portent, empreinte sur leur visage, leur bienveillance pour les hommes, tandis que les démons ont un aspect dur, cassant et farouche. J'ai entendu quelquefois trois, quatre anges ensemble dans l'église de La Courneuve. Souvent, j'entends leurs voix sans les voir. Comme pour les personnes qu'on connaît, je les reconnais à leurs voix. Tous ces, personnages, comme le diable, sont avec nous, autour de nous. Si nous ne les voyons pas, il s'en faut de si peu ! C'est comme une pellicule qui nous sépare d'eux. »

 

« J'ai été soutenu par les saints anges bien des fois quand j'étais épuisé de fatigue, et transporté d'un endroit à un autre, quand je n'en savais rien. Je disais : « Mon Dieu, que je suis fatigué ! » J'étais dans ma paroisse, au loin, souvent la nuit, et je me trouvais transporté sur la Place Saint-Lucien tout à coup. Comment ça se passait, je n'en sais rien. »

« J'allais à la gare et j'y donnais des absolutions générales. Un des soldats me dit : « Je vais mourir ! » Le saint ange gardien, qui était à côté de moi, l'a béni. Il a dit aussitôt : « Oh ! Je sens que je vais mieux. » C'était le soir, à la gare de La Courneuve. Il y en avait peut-être deux cents d'étendus sur les brancards, des planches, les pavés. Et les automobiles de Paris venaient et faisaient leurs chargements. Ce soldat nous avait dit : « Je suis père de famille ». En arrivant, je demandais toujours, à mon ange, d'en guérir quelques-uns. J'ai vu le saint archange et l'ange qui le bénissaient, et j'ai passé. »

« Je leur donnais l'absolution générale, et je disais : « Je suis le prêtre de la paroisse. Mes enfants, prenez courage ». Je prenais les saintes huiles. J'avais acheté des douzaines de petits tubes d'argent, pour les pièces d'or, au Bazar de l'Hôtel de Ville ; j'en avais donné à beaucoup de prêtres soldats. Je leur donnais l'absolution après leur avoir demandé s'ils étaient chrétiens et leur avoir fait dire : « Mon Dieu, je vous donne tout mon cœur ! » Je passais aussi dans les wagons. C'était parfait quand c'étaient des wagons à couloir ; pour les autres, je m'agrippais tout le long des wagons, sur les mains courantes. Quand il fallait monter soixante ou quatre-vingts fois, et bien plus (dans les trains, hors des quais), les saints anges m'aidaient. Vous ne pesez pas beaucoup à vous-même quand ils sont là ! »

« Un vicaire de Saint-Ouen - je crois qu'il s'appelait l'abbé S. - m'a beaucoup aidé. Quelquefois, il y avait six ou sept cents blessés. Le saint archange était avec moi ; mon ange aussi. Quand il était là, je voyais clair. Il éclairait les consciences ; alors, on voit comme ça (faisant le geste d'éclairer avec une lanterne). J'ai donné la sainte absolution avec la conviction qu'il y en avait bien quatre-vingt-dix-neuf pour cent qui la recevaient avec fruit. C'était en courant que je faisais ça. Il fallait que je ramène les corps à La Courneuve, que je fasse l'office. Souvent, les tombes n'étaient pas faites. J'ai dû faire creuser jusqu'à trois tombes devant moi, sans papiers pour cela. J'ai dû en faire enterrer deux dans le même trou. J'étais fort de la parole de la Mère de Dieu parlant à Satan : « J'en sauverai beaucoup malgré vous ». Et le cardinal Amette m'avait dit : « Je vous donne toutes les permissions, mon cher Curé. Je sais bien que vous ne ferez jamais rien de mauvais ». Au milieu de tant de tristesses, de tant de tracas, j'avais la consolation de voir le saint archange miséricordieux pour eux. »

 

Le récit d'un fait advenu sur la route de Rivières-le-Bois au Pailly est parvenu à l'auteur par les gens du village, répétant les dires de deux cyclistes intéressés dans l'affaire. A la suite de cette histoire fantastique, ils avaient été traités par les uns de menteurs et par les autres d'ivrognes.

« Gardez-le : il aura besoin de vous », avait dit la Très Sainte Vierge au saint archange. Et, en effet ! Je quittais Notre-Dame des Bois au soleil couchant, et la lumière rasante me gênait. Je cheminais, penché en avant, pour ne pas avoir les rayons dans les yeux, et je ne voyais donc rien, à moitié aveugle comme je le suis (récit fait en 1924, avant son opération), de ce qui se trouvait dans mon chemin. Tout à coup surgit en face de moi, pas plus loin de moi que ceci, un bicycliste. J'aurais été aussitôt renversé en un tour de roue. Mais, voilà le saint archange Gabriel qui saisit la bicyclette par les deux roues et la dépose gentiment de côté. Il a levé la bicyclette et l'homme ; il l'a déposée sur l'herbe du bord de la route. Les poids ne comptent pas pour un ange. Tout leur est si aisé ! Je vois mon bonhomme, qui reste bouche bée, regardant l'ange et me regardant. J'avais une envie folle de rire en voyant la tête de ce pauvre garçon. J'ai réprimé un fou rire. Je m'éloigne d'eux en tirant mon chapeau au saint Archange, et je vois un autre bicycliste qui vient à toute allure. Le premier crie comme un fou : « Ils sont deux ! Ils sont deux ! » Je pense que cela signifiait le saint Archange et moi. Et l'autre n'y comprend rien : « Mais non », disait le second. Le second était à la distance du bout de la pièce. La Sainte Vierge a eu la bonté de me mettre sous la protection du saint archange Gabriel, de me confier à lui. Et, avec ma mauvaise vue, cette protection m'a été bien utile. Les dires de l'employé du chemin de fer et de son camarade sur l'apparition de l'ange ont donné cours à plusieurs versions. Ils ont parlé dans les cabarets du pays. On m'a interrogé sur la chose, et j'ai fait semblant de ne pas comprendre. Cet homme était originaire de Palaiseul ou de Rivières, je ne sais plus. La route a bien changé depuis lors : elle était bordée de frênes. »

 

« Les anges m'ont garanti des mouches à miel dans la chapelle. C'est l'été dernier (1923). Comme je ne vois pas, j'en aurais beaucoup souffert. Ils ont défendu aux mouches à miel de me piquer. Revenant de faire un petit tour au bois, je longeais la chapelle, où sont logés plusieurs essaims d'abeilles. Et j'avais cueilli quelques fleurs et de l'herbe aux panais, enfin quelques fleurs. Absorbé par mes pensées, j'avais oublié les mouches, et, surpris par leur bourdonnement, je manœuvrais les fleurs, ce qui les amassa toutes. Je me hâtais de gagner le perron pour entrer dans la chapelle, mais j'étais suivi par un nombre innombrable de mouches, lorsque j'entendis distinctement ces paroles : « Ne le piquez pas ! Ne le piquez pas ! Notre Reine ne serait pas contente. Il faut qu'il retourne chez lui avec son âne, et, comme il ne pourrait pas le faire seul, nous serions obligés de l'accompagner en forme humaine ». Ma pensée est que c'est la voix du saint Archange. Je crois l'avoir reconnue. Arrivées au vestibule, toutes les mouches se sont arrêtées en arrière. J'ai remercié les trois archanges. »