Blessé par Amour :  Padre Pio


 


    Jean-Paul II a proclamé le 2 mai 1999 au nom de l'Église catholique la béatification d'un religieux italien de l'Ordre des Frères Mineurs Capucins : Padre Pio. Il s'agit du premier prêtre stigmatisé permanent de l'histoire. Mystique catholique du XX° siècle initiateur d'un vaste réseau de prière mondial, il est aussi le fondateur d'une oeuvre hospitalière sans précédent au service des souffrants. Tel fut l'humble capucin qui a ramené vers Dieu une foule immense d'hommes en recherche de raisons d'aimer, de vivre et de croire.


   Sud de l'Italie dans ce qui ressemble à "l'éperon de la botte" : San Giovanni Rotondo, près de Foggia. Nous sommes dans ce que l'on appelle le "grenier de l'Italie ", de longues plaines couvertes de cultures. Avant de monter dans le bourg, nous traversons une vaste "mer d'oliviers". C'est un village à flan de montagne, dont on peut dire que toute la vie sociale et économique actuelle dépend de la vie d'un capucin mystique. La plupart des personnes travaillent dans les oeuvres fondées par le padre Pio, principalement un grand hôpital "La Maison du Soulagement de la Souffrance". Actuellement, ont lieu les travaux d'édification d'une troisième église afin d'accueillir la foule des pèlerins qui ne fait que s'accroître dans ce lieu-culte : aujourd'hui 7 millions de personnes par an. On dirait que le petit capucin qui a habité dans le couvent y demeure toujours et continue d'y dispenser une douceur, une paix, une ambiance de prière et de sérénité qui attire une foule de plus en plus grande. 
Francesco Forgione, né à Pietrelcina, province du Bénévent, le 25 mai 1887. Quatrième enfant de Giuseppa et Grazio , qui devra s'expatrier deux fois en Amérique pour faire vivre sa famille très pauvre. L'enfant est timide, souffreteux, silencieux, peu joueur, mais ni triste, ni maussade ayant toujours une bonne parole pour ses compagnons. Parlant de lui, le Padre Pio dira : " De toute ma vie, je n'ai jamais joué… j'étais un macaroni sans sel ! ". Solitaire, il va garder les brebis pour aider son père et gardant le troupeau, prie. Pour un enfant d'à peine sept ans, il porte déjà toute la force d'un "appel" irrévocable. À 15 ans, il entre au séminaire de Mortone en 1903. Il y reçoit l'habit de novice et un an plus tard devient Frère Pio da Pietrelcina. En 1907, Il prononce ses voeux perpétuels et poursuit ses études en vue de la prêtrise. Après avoir étudié à S. Elia a Pianisi, Venafro et à Montefusco, à cause de son état de santé précaire il est envoyé en 1908 à Pietrelcina où il demeurera jusqu'en 1916. Il y aide le curé dans l'espoir que l'air de son pays puisse l'améliorer. Le 10 août 1910, il est ordonné prêtre à la cathédrale de Bénévent. En 1916, il va à Foggia pour aider, avec sa direction spirituelle, Raffalina Cerase une malade, une de ses filles spirituelles qui avait dit de lui : " Faites-le rentrer (au couvent) et faites-le confesser car il fera beaucoup de bien ". Le climat de Foggia est malsain pour le frère de Pieltrelcina. Avec l'autorisation de ses supérieurs, il va à San Giovanni Rotondo, dit alors Couvent de la désolation, où l'air salubre du pays situé aux pieds du Gargano peut l'aider. Dans ce lieu pauvre et isolé va s'accomplir jusqu'au jour de sa naissance à la vie céleste le 23 septembre 1968, une oeuvre magnifique de sauvetage d'âmes en détresse.
 

Prêtre pour faire aimer Dieu 


 


   En marchant dans ce qui était l'humble couvent et cellule du Père Pio, l'on respire une présence spirituelle très forte. Le Musée qui retrace la vie du Bienheureux montre clairement ses trois amours : l'Eglise ; l'Eucharistie ; la Vierge Marie. Il conseillait la confession fréquente, la méditation, la lecture de l'Ecriture Sainte et des livres religieux, le Rosaire, l'Adoration du Saint Sacrement. 
   Lorsqu'il célébrait la Messe une foule énorme ne redoutait pas de camper près du couvent la nuit pour y assister dès avant l'aube. Voici ce qu'en dit un fidèle, extrait du livre "Le Vrai Visage du Padre Pio" : " … je défie les personnes qui ont été à San Giovanni Rotondo d'assister dorénavant à la messe en simples spectateurs ! "On dirait que mes yeux se sont dessillés, -m'a dit quelqu'un, - je découvre dans la messe ce que je ne soupçonnais même pas ! "…. Je comprends soudain que par la messe nous accédons à l'éternel. Le mystère de la Croix échappe au temps-durée dans la mesure exacte où cet Homme supplicié est Dieu. D'une façon ineffable et absolument inaccessible aux prises de notre intelligence, le Calvaire est présent dans chaque messe et nous sommes présents au Calvaire….. Chaque messe n'invite-t-elle pas ses membres à fournir leur part de Passion rédemptrice, puisque c'est Lui-même qui vit, souffre, meurt dans son Corps ? Ne sommes-nous pas tous des ouvriers de la Rédemption ? Et la messe n'est-elle pas, pour chacun de nous, un lieu de transsubstantiation où nos pauvres souffrances, assumées par le Christ, acquièrent un prix d'éternité ? Mais si tel est le rôle du simple chrétien, combien davantage du prêtre ? Hostie par vocation, médiateur entre Dieu et son peuple ? ".
   Si l'autel fut son lieu de prédilection, Padre Pio accomplit un grand ministère de don de la miséricorde de Dieu à travers le Sacrement de Réconciliation. Quand sa santé le lui permettait, il lui arrivait de passer jusqu'à 15 heures par jour à recevoir les pénitents. Ainsi se répandit la réputation de ce confesseur et un nombre croissant de pénitents prit le chemin de San Giovanni pour demander conseil et recevoir le pardon du Seigneur. À un visiteur qui lui dit : " Père, je ne crois pas en Dieu ! " il répondit un jour : " Oui, mais Dieu, lui, il croit en toi ". À quelqu'un qui le remerciait pour une faveur obtenue du Ciel : "Mon fils, que puis-je faire, moi ? Tout vient de Dieu. Je suis riche d'une seule chose : d'une misère infinie".
Comme l'écrit le Père Alessandro da Ripabottoni sur Padre Pio la grâce fut vraiment une "pluie torrentielle" dont les signes extérieurs abondèrent en plusieurs phénomènes mystiques extraordinaires :
- les extases et les apparitions : elles furent fréquentes dès l'âge de 5 ans. Toutes les étapes de son engagement religieux ont été confirmées par de tels signes. Il pensait que c'était "des choses ordinaires à toutes les âmes".
- La connaissance des coeurs. C'est à travers le sacrement de la réconciliation que Padre Pio exerçait principalement ce don.
- le don des langues : il comprenait les langues étrangères sans aucun exercice, ni études préalables.
- La bilocation, de nombreux témoins attestent avoir été sauvé de la mort, notamment pendant la guerre 14/18 sur les champs de bataille, alors que le Père Pio n'a jamais quitté les couvents. 
- Le don des parfums qu'il exhalait.
- Enfin, et cela mériterait un livre à lui seul -certains l'on fait - : pendant cinquante ans, il a reçu dans sa chair les cinq plaies du Christ Crucifié, en souffrait quotidiennement surtout à partir du jeudi.

    Signalons aussi les attaques du diable que subit un prêtre tel que Padre Pio, destiné par le Seigneur à opérer un bien immense pour la Gloire de Dieu et le salut des âmes. Le capucin le surnommait "Barbablu" (Barbe-bleue). Il dut l'affronter dès ses premiers pas sur le chemin de la sainteté et soutenir contre lui un combat continuel. C'est au prix d'énormes sacrifices qu'il mena cette lutte et dut en supporter les conséquences physiques mais il fut toujours vainqueur. Pendant ses apparitions, le démon se montrait toujours sous des formes obscènes, inhumaines, bestiales. Parfois, il prenait des aspects angéliques, ou bien ceux de saint François, de la Vierge, du Christ. Face à celles-ci le religieux ressentait une forte nausée. Un jour, Padre Pio, malade et alité, voit s'ouvrir la porte de sa chambre et entrer le Père Agostino son confesseur. Le capucin en le dévisageant attentivement voit bien qu'il ressemble à Padre Agostino, mais n'est pas convaincu d'autant qu'il note sur ce visage quelque chose d'étrange qui l'inquiète. Alors, pour vérifier si c'est vraiment lui, il commande : " Dis : Vive Jésus ! " À ce moment, le faux Padre Agostino hurle : " Non ! " et il disparaît immédiatement. Les nuits qui précédaient la libération d'une personne possédée, ou la conversion d'un grand pécheur étaient particulièrement douloureuses et exténuantes.
 
 

Prêtre blessé par amour


 


   Les stigmates sont les blessures, analogues à celles du Christ en croix, apparues spontanément sur le corps d'un simple mortel. Saint François d'Assise fut le premier stigmatisé de l'histoire. Après lui, on en compte 330, dont 93 au XX° siècle ; 60 sont canonisés, et jamais pour cette raison. On constate qu'il y a beaucoup plus de femmes que d'hommes, des religieuses et quelques femmes mariées, mères de famille. La grâce de cette " blessure d'amour " se fait d'abord à l'âme, suivie d'une immédiate et douloureuse transposition dans la chair. Le stigmatisé dans ce summum d'amour et de douleur peut expérimenter la joie parfaite (François d'Assise ; Catherine de Sienne). Les stigmates sont alors le signe de la transformation de l'âme dans l'amour divin. Ils ne sont jamais un épiphénomène sensationnel avec exhibition théâtrale. Les stigmatisés sont les témoins vivants du Rédempteur. Ils rappellent que "Jésus Christ est en agonie jusqu'à la fin du monde.."
Dans la nuit du 5 au 6 août 1918 un personnage mystérieux armé d'une épée luminescente apparaît à Padre Pio de Pietrelcina. Dans moins de deux mois, les stigmates seront visibles. Ce sera le même personnage qui imprimera les stigmates sur le corps du P. Pio le vendredi 20/09/18 alors qu'il priait intensément dans le choeur de l'église. Voici comment le capucin relate l'événement à son père spirituel: "C'était le matin du 20 du mois dernier. J'étais dans le choeur, après la célébration de la sainte Messe, quand je fus surpris par un repos semblable à un doux sommeil. Tous mes sens internes et externes, et même les facultés de mon âme se trouvaient dans une quiétude indescriptible… Et pendant que tous ceci s'accomplissait, je vis devant moi un Personnage mystérieux, semblable à celui que j'ai vu le 5 août au soir. La seule différence, c'est que ses mains, ses pieds et son côté ruisselaient de sang. Sa vue était terrifiante.
Ce que j'ai ressenti à ce moment, je ne saurais le dire. Je me sentais mourir et je serai mort si le Seigneur n'était pas intervenu pour soutenir mon coeur qui sautait dans ma poitrine. La vision du Personnage disparut et je m'aperçus que mes mains, mes pieds et mon côté étaient percés et ruisselaient de sang ! Imaginez le supplice que j'ai alors éprouvé et que je continue d'éprouver presque chaque jour. De la blessure du coeur coule continuellement du sang, surtout du vendredi soir jusqu'au samedi…".

   Il ne parlera de ces signes qu'au bout d'un mois à son supérieur le Père Paolino. Fin mai la nouvelle est révélée dans un journal et se répand très vite. Les autorités ecclésiastiques devant l'attrait des foules et de plusieurs charismes : guérisons, bilocations, conversions, envoient des enquêteurs. Ils concluent qu'ils ne constatent pas le caractère surnaturel aux faits attribués au Padre Pio. 1923 : un décret du Saint Office l'assigne à l'isolement dans le couvent. Le pape Benoît XV le défend, mais meurt subitement. Le Saint Office commande alors son transfert immédiat loin de San Giovanni ; le peuple fait le siège du couvent, il n'aura jamais lieu. 1931 : on le prive de tout ministère, excepté la Messe qu'il peut célébrer seul dans un oratoire intérieur. Ces dix années de "quarantaine" sont principalement dûes à des accusations calomnieuses lancées contre lui par des ecclésiastiques. 1933, il est enfin réintégré grâce à des rapports médicaux du Docteur Giorgio Festa qui concluent que les "plaies" du père sont d'authentiques faits inexpliqués par la science.
 

Prêtre pour soulager la souffrance humaine 


 


   L'Evangile de Jésus nous dit que celui qui pense aimer Dieu et qui néglige son prochain n'aime pas vraiment Dieu. Padre Pio porte en lui depuis un soir du 9 janvier 1940 le projet d'une oeuvre gigantesque destinée à soulager les maux d'une humanité souffrante, non seulement ceux de son âme mais également ceux de son corps. Elle est destinée aussi à mettre en oeuvre la recherche scientifique dans des buts spécifiquement humanitaires, au bénéfice des pauvres qui, en général, en sont privés. Ayant fait voeux de pauvreté et n'ayant rien en propre, le capucin va recevoir les sommes nécessaires du monde entier pour réaliser ce beau projet. Le 5 mai 1956, c'est l'inauguration de l'hôpital " La Maison du Soulagement de la Souffrance " appelée aussi " Maison de la Souffrance Transfigurée ". De 300 lits, la capacité d'accueil en lits passe à 600 lits en 1966, elle est actuellement de 1200 lits. Les malades peuvent y trouver, non seulement le réconfort de la science, mais également celui de la prière, concrétisé par les Groupes de prière du Padre Pio. En 1991, une maison de retraite pour personnes âgées est inaugurée. Dans ce complexe, on trouve tous les secteurs de la médecine, de la pédiatrie à la gérontologie, de la chirurgie à la neurologie, de la pharmacie aux laboratoires de recherche. L'oeuvre du "Padre Pio", c'est également un sanctuaire où sont célébrées chaque jour plusieurs messes, une maison d'accueil, un cénacle pour retraitants, un pèlerinage, une revue. Tout un réseau agricole permet d'approvisionner l'oeuvre en viande, légumes et fruits, fromages, lait, huile et d'assurer ainsi la nourriture quotidienne.
C'est aussi l'époque où le Padre Pio va traverser une seconde vague de persécution (1956-1962) qui va toucher son oeuvre hospitalière et les "Groupes de Prière". Des religieux sans scrupule iront jusqu'à placer des micros dans le confessionnal du capucin pour enregistrer ses confessions sacramentelles. Il y faudra le sens de la justice du Pape Paul VI pour sortir le père Pio de ce long tunnel d'isolement qui, pendant près de dix ans, le tiendra à nouveau éloigné de ces enfants spirituels. S'adressant aux Supérieurs de l'Ordre des Capucins, Paul VI dit du Padre Pio : " Voyez la célébrité qu'il a eue, la clientèle mondiale qu'il a rassemblée autour de lui ! Mais pourquoi ? Parce qu'il était un philosophe ? Parce qu'il était un savant ? Parce qu'il avait de grands moyens à sa disposition ? Non. C'est parce qu'il disait sa messe humblement, qu'il confessait du matin au soir et était marqué dans sa chair par les stigmates de notre Seigneur. C'était un homme de prière et de souffrance. " (20-02-1971)

   Padre Pio qui fut le guide spirituel de nombreuses personnes leur recommandait de prier sans cesse. C'était la base de son enseignement. Peu à peu les gens formés par lui ressentirent le besoin de se réunir pour prier ensemble. Ces groupes sont nés dans la "Maison du Soulagement de la Souffrance" alors qu'elle était encore en construction. Le Père leur donna des critères bien précis et les groupes devaient s'y conformer s'ils voulaient se nommer Groupes de Prière. Ils doivent prier dans une église ou une chapelle, guidés par un prêtre approuvé par son Évêque. Deux points forts animent l'esprit de ces règles : prier avec l'Église, pour l'Église, dans l'Église avec la participation à la vie liturgique et sacramentelle vécue comme le sommet de la communion intime avec Dieu et pratiquer une charité active pour le soulagement des souffrances, comme réalisation pratique de la charité envers Dieu. Actuellement, ils ont au nombre de 2187, dont 1807 en Italie, 65 aux USA et 56 en France.
 
 

Prêtre glorifié pour l'éternité


 


   22 septembre 1968, le premier prêtre stigmatisé célèbre sa dernière Messe au cours de laquelle on put constater le commencement de la disparition des stigmates. C'est le grand miracle final pour le Frère stigmatisé du Gargano. La mission que le Seigneur lui a confiée pendant cinquante longue années s'achève. En réalité, il est en train de mourir, il prend congé du monde. Jésus l'a privilégié avec les signes de sa Passion, il le rappelle à Lui et Il reprend ses douloureux dons célestes, laissant à l'homme seulement les chairs intactes de l'existence humaine ordinaire. Vers deux heures du matin dans la nuit du 22 au 23, il se blottit avec sérénité et foi dans les bras du Père. Jusqu'au 26 à midi la foule vint rendre un dernier salut à la dépouille vénérée du défunt. Vers 15h30 une foule de plus de 100000 personnes se dirige de l'église vers le village et se déroule à travers les rues principales : ce n'était pas l'enterrement, c'était le triomphe du Padre Pio. Dans le monde beaucoup reprennent confiance grâce à ces paroles : " Je pourrai beaucoup plus pour vous au Ciel que sur la terre ".
Telle fut la vie de ce mystique, prêtre stigmatisé et prophète, qui fut persécuté comme le Fils de Dieu le fut. Mais par-delà les calomnies, il est réconfortant de constater que l'Eglise reconnaît et proclame au monde ce que Dieu a fait par l'humble capucin. L'Abbé René Laurentin (3) remarque : " Cela est signe d'espérance pour d'autres mystiques, d'autres prophètes qui aujourd'hui souffrent encore d'un jugement prudemment réducteur qui les voue à la diffamation en les réduisant au slogan facile qui a discrédité la Padre Pio en 1923 "Rien de surnaturel". Cette formule conventionnelle signifie seulement : le surnaturel n'est pas prouvé pour les enquêteurs, qui d'ailleurs ne produisent ni les faits ni leurs raisons. Mais pour la presse et le public, ce verdict négatif est compris comme une disqualification voire une condamnation ".. 

   Avril 1947, Karol Wotjila, jeune prêtre polonais visite Padre Pio. Il s'était confessé à lui et avait participé à sa Messe. Devenu Cardinal Archevêque de Cracovie, il revint le 1° novembre 1974, célébrer la Messe dans la crypte devant le tombeau du Padre Pio. Nommé Pape sous le nom de Jean-Paul II, il se rendit à nouveau à San Giovanni Rotondo le 22 mai 1987 et déclare : " …Dieu a versé dans cette âme la grâce d'une profonde compassion des pauvres, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont dans le besoin… Il nous invite tous, surtout nous les prêtres à l'aider dans cette mission de charité ".
Padre Livio est l'actuel gardien du Couvent de San Giovanni Rotondo, selon lui : " Beaucoup sont restés en dehors du vrai message et n'ont pas compris l'amour qui brûlait son coeur. L'amour n'est jamais banal. Que le Seigneur nous ait aimés jusqu'à donner sa vie, qu'il nous ait associés à la rédemption de l'humanité, cela reste une bonne nouvelle toujours actuelle. Nous connaîtrions mieux ce que signifie l'offrande de soi si nous comprenions jusqu'où va l'amour. Aimer passionnément les hommes, désirer leur salut, suppose le don de soi. Quant à la souffrance, l'humanité en est marquée de mille manières. Ici, nous rencontrons des gens qui souffrent physiquement, moralement, spirituellement. Ils reconnaissent en Padre Pio un ami, quelqu'un qui peut les comprendre. Dans sa vie, il a connu la souffrance, il a partagé les douleurs des autres. Cela explique sa popularité universelle et le nombre sans cesse croissant des pèlerins. Ils viennent se décharger de leurs épreuves, alléger leur croix. Padre Pio n'a pas chercher la souffrance, il ne l'a pas fuie non plus, il en fait une offrande. C'est son exemple et son message. "
 

Une affluence en constante progression


 


   Le nombre de pèlerins à San Giovanni Rotondo ne cesse d'augmenter d'année en année : 5 millions en 1994 ; cinq millions et demi en 1995 ; 6 millions en 1996 et 7 millions en 1997. Pour le Jubilé de l'an 2000, ce ne sont pas moins de 10 millions qui sont attendus. Pour faire face à cet afflux croissant, un nouveau sanctuaire est en construction. Edifice moderne, conçu par l'architecte Renzo Piano, il pourra accueillir 7000 personnes à l'intérieur et 30000 pèlerins sur le parvis. La façade de l'édifice sera en verre, paroi qui ne séparera pas mais connectera l'extérieur avec l'intérieur. Ainsi les fidèles se trouvant sur le parvis pourront suivre ce qui se passera à l'autel. En sous-sol, il y aura une crypte pouvant abriter 800 personnes, crypte dans laquelle sera transféré le tombeau de P. Pio. Y seront en outre aménagées trois grandes salles de conférences de 1000 places chacune. S'y trouvera également la vaste pénitencerie, c'est à dire l'espace réservé aux confessionnaux dont le nombre (soixante-dix) est bibliquement symbolique.
   San Giovanni n'était qu'un pauvre petit village de campagne en 1918, c'est aujourd'hui une ville de 26000 habitants, avec une dizaine de banques, une vingtaine d'hôtels et près d'une centaines de restaurants et bars, sans compter les commerces d'objets de piété et de souvenirs. En 1998, les hôtels ont enregistré plus de 200000 nuitées. En vue de l'an 2000, l'autorité communale espère faire passer le nombre de lits disponibles de 2000 à 6000. Dans une région aussi pauvre et ravagée par un chômage chronique que celle des Pouilles, le boom économique de San Giovanni Rotondo est particulièrement bienvenu.

Par cette béatification, l'Eglise catholique romaine nous montre que la sainteté contient l'énergie du renouveau, toujours nécessaire pour chacun et l'ensemble des croyants. Padre Pio disait : " Il est difficile de devenir un saint, mais non pas impossible ". L'Eucharistie, le Pardon, la Parole, la prière, la méditation, l'attachement filial à la Vierge Marie, sont les moyens qu'il a mis sans cesse en pratique pour avancer sur la route de la sainteté. Le 2 mai 1999, l'Eglise a proclamé dans la joie, la sainteté de cet enfant de Dieu. L'évènement précède la grande Fête du Jubilé de l'an 2000 - actualisant pour le passage d'un millénaire à l'autre la présence du Christ ressuscité - une fête où le bienheureux Padre Pio de Pietrelcina se réjouira avec toute l'Eglise, de l'événement qui a définitivement dit au monde le but ultime de l'Histoire des Hommes.
 

Jean-Louis Bru.


Bibliographie :
- "Padre Pio, transparent de Dieu", Jean Derobert. Editions Hovine
- "Fioretti de Padre Pio", Pascal Cataneo. Editions Médispaul.
- "Padre Pio, une pensée par jour ", Médiaspaul.
- Revue "La Voix de Padre Pio", éditée par le Couvent des Pères Capucins " Santa Maria delle Grazie" 71013San Giovanni Rotondo (FG) Italie.
- Padre Pio, image vivante de Jésus, Jean Barbier. Editions du Parvis.
- Album Padre Pio, texte de D. Alimenti. Editions Librairie Jacques. Bruxelles. 1987.

Vidéothèque :
- Un film documentaire en couleur du Prof. Hans Buschor. Medienstelle, St. Michael CH 9056 Gais

Sites Internet :
http://www.abol.it
http://www.ofm-capucins.qc.ca

Article publié dans la revue "France Catholique" le 23 avril 1999 n° 2689.
France Catholique, 60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson
Site internet : http ://services.worldnet.fr/aimard


" Ô Mère, mets en moi cet amour qui brûlait en ton coeur pour ton Fils. Moi qui suis si faible, j'admire le mystère de ton Immaculée Conception. Je le désire ardemment : purifie mon coeur pour qu'il puisse mieux aimer Dieu ; purifie mon esprit pour qu'il puisse s'élever à lui et le contempler, l'adorer et le servir en esprit et en vérité ; purifie mon corps pour qu'il devienne un tabernacle moins indigne de le recevoir, lorsqu'il vient à moi dans l'Eucharistie ". (Padre Pio)