Cinquième partie (A) :
LA CREATION DE L'HOMME
 

Le Seigneur a créé et formé chez l'homme deux
réceptacles et habitacles pour lui-même, appelés
la volonté et l'entendement ; la volonté pour
son Divin Amour et l'entendement pour sa Divine Sagesse.

    358. Il a été traité du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu Créateur qui est le Seigneur de toute éternité, et de la création de l'univers ; maintenant il sera parlé de la création de l'homme. Dans Genèse I, 26, on lit que l'homme a été créé à l'image de Dieu selon la ressemblance de Dieu. Par l'image de Dieu il est entendu la Divine Sagesse, et par la ressemblance de Dieu le Divin Amour, car la sagesse n'est autre que l'image de l'amour. En effet, l'amour se fait voir et connaître dans la sagesse, et puisqu'il y est vu et connu, la sagesse est son image. L'amour est aussi l'Etre de la vie, et la sagesse est l'Exister de la vie d'après l'Etre. La ressemblance et l'image de Dieu se font voir clairement chez les anges, car l'amour, de l'intérieur brille sur leur face, et la sagesse, dans leur beauté ; et la beauté est la forme de leur amour. Je l'ai vu et je l'ai su.

    359. L'homme ne peut être l'image de Dieu selon la ressemblance de Dieu, si Dieu n'est pas dans l'homme, et n'est pas la vie de l'homme par l'intime. Il a été démontré ci-dessus, aux N°s 4 à 6, que Dieu est dans l'homme, et que par l'intime Il est la vie de l'homme, que Dieu seul est la vie, et que l'homme et les anges sont les réceptacles de la vie procédant de Lui. La Parole nous dit que Dieu est dans l'homme, et qu'Il fait sa demeure chez lui. Comme cela est connu d'après la Parole, les prédicateurs disent à leurs auditeurs de se préparer à recevoir Dieu, pour qu'il entre en eux pour qu'il soit dans leur cœur, pour qu'il habite en eux de même parle l'homme pieux dans ses prières. Quelques-uns parlent ainsi de l'Esprit-Saint, qu'ils croient être en eux quand ils sont dans un saint zèle, et que d'après ce zèle, ils pensent, parlent et prêchent. Il a été montré dans ´ La doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur ª aux N°s 51, 52, 53, que l'Esprit-Saint est le Seigneur, et non quelque Dieu constituant par Lui-même une personne. En effet, le Seigneur dit : ´ En ce jour-là vous connaîtrez que vous êtes en Moi, et Moi en vous ª. - Jean XIV, 20. - et aussi dans Jean XV, 4,5. et XVII, 23.

    360. Maintenant, puisque le Seigneur est le Divin Amour et la Divine Sagesse, et que ces deux choses sont essentiellement Lui-même, il faut de toute nécessité, pour qu'il habite dans l'homme, et donne la vie à l'homme, qu'il ait créé et formé dans l'homme des réceptacles et habitacles pour Lui-même, l'un pour l'amour et l'autre pour la sagesse. Chez l'homme, le réceptacle ou l'habitacle de l'amour est appelé volonté, et le réceptacle ou l'habitacle de la sagesse est appelé entendement. On verra dans ce qui suit que ces deux choses appartiennent au Seigneur chez l'homme, et que c'est d'après ces deux choses que toute vie est dans l'homme.

    361. Dans le monde, par une perception générale, on sait que chaque homme a ces deux choses, la volonté et l'entendernent, et qu'elles sont distinctes entre elles comme l'amour et la sagesse le sont entre eux ; en même temps, on ne le sait pas d'après la pensée, ni à plus forte raison d'après la pensée lorsqu'elle est écrite. En effet, on sait d'après une perception générale que la volonté et l'entendement sont deux choses distinctes chez l'homme, car chacun le perçoit lorsqu'on l'entend dire, et chacun peut aussi dire qu'un tel veut le bien, mais ne le comprend pas ; qu'un tel comprend le bien, mais ne le veut pas ; qu'il aime celui qui comprend le bien et le veut, mais n'aime pas celui qui comprend le bien et veut le mal. Néanmoins, quand on pense à la volonté et à l'entendement, on n'en fait pas deux choses en les distinguant, mais on les confond, parce que la pensée agit en commun avec la vue du corps. Quand on écrit, on saisit encore moins que la volonté et l'entendement sont deux choses distinctes, parce qu'alors la pensée agit avec le sensuel qui est le propre de l'homme. Il s'ensuit que quelques-uns, surtout les femmes, peuvent penser bien et parler bien, mais ne peuvent écrire bien. Il en est de même de beaucoup d'autres choses. On sait, d'après une perception générale, que l'homme qui vit bien est sauvé, et que celui qui vit mal est condamné ; que l'homme qui vit bien vient parmi les anges, qu'il voit, entend et parle là comme un homme ; que celui qui fait le juste d'après le juste, et le droit d'après le droit, a de la conscience. Mais si on s'éloigne de la perception générale, et qu'on soumette ces choses à la pensée, alors on ne sait pas ce que représente le mot conscience, ni que l'‚me peut voir, entendre et parler comme un homme, et qu'il y a un bien de la vie, sinon celui qui consiste à donner aux pauvres. Si on écrit ces choses d'après la pensée, on les confirme par des apparences et des illusions, et par des mots creux et dénués de sens. Ils s'ensuit que beaucoup d'hommes instruits, de grands penseurs, et spécialement des écrivains ont affaibli, obscurci et même détruit la perception générale chez eux, et que les simples voient le bien et le vrai plus clairement que ceux qui se croient plus sages qu'eux. Cette perception générale vient de l'influx du ciel, et descend dans la pensée jusqu'à la vue, mais la pensée séparée de la perception générale tombe dans l'imagination, qui vient de la vue et du propre de l'homme. Ainsi lorsqu'on dit une vérité à quelqu'un qui est dans la perception générale, il la verra, il verra aussi que nous sommes, que nous vivons et nous nous mouvons d'après Dieu et dans Dieu ; que Dieu habite dans l'amour et dans la sagesse chez l'homme ; que la volonté est le réceptacle de l'amour et l'entendement celui de la sagesse ; que Dieu est l'Amour-Même et la Sagesse-Même ; il saura en quoi consiste la conscience. Mais si on dit ces choses à un homme instruit, qui a pensé non d'après la perception générale, mais d'après les principes ou les idées provenant du monde et obtenues par la vue, il ne les verra pas. On voit alors lequel des deux est le plus sage.

La volonté et l'entendement, qui sont les
réceptacles de l'amour et de la sagesse, sont dans
les cerveaux, dans le tout et dans chacune des
parties des cerveaux, et par suite, dans le corps
dans son tout et dans chacune de ses parties.

    362. Ceci va être démontré dans cet ordre : I. L'amour et la sagesse, et par suite la volonté et l'entendement font la vie même de l'homme. II. La vie de l'homme dans ses commencements est dans les cerveaux, et dans ses prolongements, dans le corps. III. Telle est la vie dans ses commencements, telle elle est dans le tout et dans chaque partie. IV. Par ses commencements, la vie est d'après chaque partie dans le tout, et d'après le tout dans chaque partie. V. Tel est l'amour, telle est la sagesse, et par suite tel est l'homme.
 

    363. I. L'amour et la sagesse,et par suite la volonté et l'entendement, font la vie même de l'homme. Rares sont ceux qui savent ce que c'est que la vie. Quand on y pense, il semble que c'est quelque chose de volatil, dont on n'a aucune idée, parce qu'on ignore que Dieu seul est la vie, et que la vie de Dieu est le Divin Amour et la Divine Sagesse. Il est ainsi évident que la vie chez l'homme n'est pas autre chose que l'amour et la sagesse, et il y a la vie en lui dans la mesure où il les reçoit. On sait que du soleil procèdent la chaleur et la lumière, et que toutes les choses de l'univers en sont des réceptacles qui s'échauffent et brillent selon leur degré de réception. Il en est de même du Soleil où est le Seigneur, la chaleur qui en procède est l'amour, et la lumière qui en procède est la sagesse, ainsi qu'il a été montré dans la Seconde Partie. La vie vient donc de l'Amour et de la Sagesse qui procèdent du Seigneur comme Soleil. On peut aussi voir que l'amour et la sagesse procédant du Seigneur sont la vie, en ce que l'homme devient languissant selon que l'amour se retire de lui, et stupide selon que la sagesse se retire, et qu'il serait privé de vie si l'un et l'autre se retiraient entièrement. Il y a plusieurs choses qui appartiennent à l'amour et qui en dérivent, et que l'on nomme les affections, les désirs, les appétits, avec leurs voluptés et leurs agréments ; il y a aussi plusieurs choses qui dérivent de la sagesse, comme la perception, la réflexion, le souvenir, la pensée, l'attention ; et même plusieurs choses appartenant tant à l'amour qu'à la sagesse, comme le consentement, la conclusion, la détermination à l'acte, et bien d'autres choses encore. Elles appartiennent toutes, il est vrai, à l'amour et à la sagesse, mais elles reçoivent leur nom de celui des deux qui est le plus important et le plus proche. De ces deux sont dérivées en dernier lieu les sensations qui appartiennent aux cinq sens, avec leurs plaisirs et leurs charmes. D'après l'apparence c'est l'œil qui voit, mais c'est l'entendement qui voit par l'œil, c'est même pour cela que voir se dit de l'entendement. Il semble que l'oreille entende, mais c'est l'entendement qui entend par l'oreille, c'est pour cela qu'entendre se dit de l'attention et de l'action d'écouter, qui appartiennent à l'entendement. Il semble que les narines sentent et que la langue go°te, mais c'est l'entendement qui, d'après sa perception sent et go°te, et c'est encore pour cela que sentir et go°ter se disent de la perception ; et ainsi du reste. Les sources de toutes ces choses sont l'amour et la sagesse ; ce qui fait voir que l'amour et la sagesse font la vie de l'homme.

    364. Chacun voit que l'entendement est le réceptacle de la sagesse ; mais il en est peu qui voient que la volonté est le réceptacle de l'amour. Il en est ainsi, parce que la volonté ne fait rien d'elle-même, mais agit par l'entendement ; et aussi parce que l'amour de la volonté, lorsqu'il passe dans la sagesse de l'entendement, va d'abord dans l'affection, et passe ainsi, et cette affection n'est perçue que par un certain plaisir de penser, de parler et de faire, auquel on ne fait pas attention. Cependant il est évident que l'amour vient de la volonté, parce que chacun veut ce qu'il aime, et ne veut pas ce qu'il n'aime pas.

    365. II. La vie de l'homme dans ses commencements est dans les cerveaux, et dans ses prolongements dans le corps. Dans les commencements elle est dans ses premiers ; et dans les prolongements elle est dans les choses produites et formées par les premiers ; par la vie dans les commencements il est entendu la volonté et l'entendement. Ce sont ces deux choses qui sont dans leurs commencements dans les cerveaux, et dans leurs prolongements dans le corps. Dans ce qui suit on voit que les commencements ou les premiers de la vie sont dans les cerveaux : 1° D'après la sensation elle-même, car lorsque l'homme exerce son mental et pense, il perçoit qu'il pense dans le cerveau ; il fait entrer pour ainsi dire la vue de l'œil à l'intérieur, fronce les sourcils, et perçoit que la recherche se fait intérieurement, principalement au-dedans du front et un peu au-dessus. D'après la formation de l'homme dans l'utérus, en ce que le cerveau ou la tête se développe d'abord, et reste longtemps plus gros que le corps. 3° En ce que la tête est au-dessus et le corps au-dessous ; et il est selon l'ordre que les supérieurs agissent dans les inférieurs, et non vice-versa. 4° En ce que la pensée est affaiblie et le mental est dérangé si le cerveau a été lésé dans l'utérus, ou par blessure, maladie ou trop forte tension. 5° En ce que tous les sens externes du corps, qui sont la vue, l'ouïe, l'odorat, le go°t, avec le sens général du toucher, et même le langage, sont dans la partie antérieure de la tête appelée face, et communiquent immédiatement par les fibres avec les cerveaux, et en tirent leur vie sensitive et active. 6° Pour cette raison, les affections qui appartiennent à l'amour transparaissent sur la face, et les pensées qui appartiennent à la sagesse brillent par une sorte de lumière dans les yeux. 7° L'anatomie nous montre que toutes les fibres descendent par le cou dans le corps, et qu'aucune d'elle ne remonte. Là où sont les fibres dans leurs commencements et dans leurs premiers, là aussi est la vie dans ses commencements et dans ses premiers. Peut-on nier que la vie a son origine là où les fibres ont la leur ? 8° Si on demande à quelqu'un qui est dans la perception générale, où réside sa pensée lorsqu'il réfléchit, il répondra que c'est dans la tête. Mais à cette même question, celui qui a placé le siège de l'‚me dans une glande, ou dans le cœur, ou dans quelque autre endroit, répondra que l'affection et parsuite la pensée dans leur premier ne sont pas dans le cerveau ; il ajoutera même qu'il ne sait pas où elles sont. Voir la cause de cette ignorance au 361.

    366. III. Telle est la vie dans ses commencements, telle elle est dans le tout et dans chaque partie. Pour une meilleure compréhension, il faut dire où sont ces commencements dans les cerveaux et comment ils deviennent des prolongements. L'anatomie nous le montre clairement. Elle nous apprend qu'il y a deux cerveaux, et qu'ils sont continués de la tête dans l'épine dorsale ; qu'ils consistent en deux substances nommées : substance corticale constituée en d'innombrables formes ressemblant à des glandes, et substance médullaire constituée en d'innombrables formes ressemblant à des fibres. Maintenant, comme ces petites glandes sont les têtes des fibrilles, elles en sont aussi les commencements ; car les fibres commencent et se prolongent à partir de ces glandes. Successivement elles se réunissent en faisceaux pour devenir des nerfs qui alors descendent vers les organes des sens dans la face, et vers les organes du mouvement dans le corps, et les forment. Cette substance corticale ou glandulaire forme la surface du cerveau, et aussi la surface des corps striés dont se compose la moÎlle allongée ; elle constitue aussi le milieu du cervelet et le milieu de la moÎlle épinière. Mais la substance médullaire ou fibrillaire partout commence et procède du cortex ; d'elle procèdent les nerfs, et de ces nerfs toutes les choses du corps. Ceux qui savent ces choses par la science anatomique peuvent voir que les commencements de la vie ne sont que là où sont les commencements des fibres, et que les fibres ne peuvent s'étendre d'elles-mêmes, mais qu'elles le font d'après ces commencements. Ces commencements ou origines, qui se présentent comme des glandes sont innombrables ; leur multitude peut être comparée à celle des étoiles dans l'univers, et la multitude des fibrilles qui en sortent à celle des rayons qui sortent des étoiles, et portent leur chaleur et leur lumière dans les terres. La multitude de ces glandes peut aussi être comparée à celle des sociétés angéliques dans les cieux, lesquelles sont également innombrables, et dans un ordre semblable, ainsi qu'il m'a été dit. La multitude des fibrilles qui sortent de ces glandes peut être comparée aux vrais et aux biens spirituels, qui pareillement découlent de ces sociétés comme des rayons. C'est de là que l'homme est comme un univers, et comme un ciel dans la forme la plus petite, ainsi qu'il a été dit et montré précédemment. D'après ces explications, on peut voir que la vie dans ses prolongements est telle qu'elle est dans ses commencements ; ou que la vie dans les choses qui se prolongent dans le corps est telle qu'elle est dans ses commencements dans les cerveaux.

    367. IV. Par ses commencements la vie est d'après chaque partie dans le tout, et d'après le tout dans chaque partie. Il en est ainsi, parce que le tout, qui comprend le cerveau et le corps, ne consiste originairement qu'en fibres qui procèdent de leurs commencements dans les cerveaux. Il n'y a pas d'autre origine, comme on le voit clairement d'après ce qui vient d'être montré au 366. En conséquence le tout est d'après chaque partie. Par ses commencements, la vie est dans chaque partie d'après le tout, parce que le tout fournit à chaque partie sa t‚che et son nécessaire, et par là en fait une partie du tout. En un mot, le tout existe d'après les parties, et les parties subsistent d'après le tout. On voit par un grand nombre de choses dans le corps qu'il y a une telle communion réciproque, et par elle conjonction. En effet ce qui s'y passe est semblable à ce qui se passe dans une ville et dans un pays, en ce que la communauté existe d'après les hommes qui en sont les parties, et que les parties ou les hommes subsistent d'après la communauté. Il en est de même de toute chose qui a une forme, surtout dans l'homme.

    368. V. Tel est l'amour, telle est la sagesse, et par suite tel est l'homme. En effet, tels sont l'amour et la sagesse, tels sont la volonté et l'entendement, car la volonté est le réceptacle de l'amour et l'entendement celui de la sagesse, comme il a été montré ci-dessus, et ces deux choses font l'homme et la qualité de l'homme. L'amour est si multiple, que ses variétés sont sans limites, comme on peut le voir d'après le genre humain sur terre et dans les cieux. Aucun ange ni aucun homme n'est absolument semblable à un autre. L'amour est ce qui distingue, car chacun est son amour. On s'imagine que la sagesse distingue, mais la sagesse vient de l'amour dont elle est la forme ; car l'amour est l'être de la vie, et la sagesse est l'exister de la vie d'après cet être. On croit dans le monde que l'entendement fait l'homme ; mais on le croit parce que l'entendement peut être élevé dans la lumière du ciel, comme il a été montré ci-dessus, et parce qu'ainsi l'homme peut se montrer comme sage. Néanmoins cette partie de l'entendement qui va jusqu'à la lumière du ciel, c'est-à-dire, qui n'appartient pas à l'amour, semble appartenir à l'homme, et ainsi déterminer son caractère, mais il n'en est rien, ce n'est qu'une apparence. En effet, cette partie de l'entendement appartient, il est vrai, à l'amour de savoir et d'être sage, mais n'appartient pas en même temps à l'amour d'appliquer à la vie ce qu'on sait et ce qui paraît sage. C'est pourquoi dans le monde elle se retire avec le temps, ou reste inemployée à la périphérie hors des choses de la mémoire et prête à s'effacer ; aussi, après la mort, est-elle séparée, et il ne reste que ce qui concorde avec l'amour même de chaque esprit. comme l'amour fait la vie de l'homme, et ainsi l'homme lui-même, c'est pour cela que toutes les sociétés du ciel, et tous les anges dans les sociétés, sont disposés en ordre selon les affections qui appartiennent à l'amour et ne le sont jamais selon quelque chose de l'entendement séparé d'avec son amour. Il en est de même dans les enfers et dans leurs sociétés, mais selon les amours opposés aux amours célestes. D'après ces explications on peut voir que, tel est l'amour, telle est la sagesse, et que par suite, tel est l'homme.

    369. On reconnaît, il est vrai, que l'homme est tel qu'est son amour régnant, mais seulement quant au mental et au caractère, et non quant au corps, ainsi non tout entier. Mais, d'après plusieurs expériences dans le monde spirituel, j'ai pu voir que l'homme depuis la tête jusqu'aux pieds, ou depuis les premiers dans la tête jusqu'aux derniers dans le corps, est tel qu'est son amour. En effet, dans le monde spirituel, tous sont les formes de leur amour ; les anges, beaux de face et de corps, sont les formes de l'amour céleste, les diables, hideux de face et de corps, sont les formes de l'amour infernal. Lorsque leur amour est attaqué, leurs faces changent, et s'il est fortement attaqué, ils disparaissent entièrement. Cela est particulier à ce monde et se produit parce que leur corps fait un avec leur mental. La cause est évidente d'après ce qui a été dit ci-dessus, que toutes les choses du corps sont des prolongements, c'est-à-dire, ont été tissues par des fibres provenant des commencements qui sont lesréceptacles de l'amour et de la sagesse. Tels sont les commencements, tels sont donc les prolongements, c'est pourquoi les prolongements suivent les commencements ; ils ne peuvent être séparés. Il s'ensuit que celui qui a élevé son mental vers le Seigneur a été élevé tout entier vers le Seigneur, et que celui qui abaisse son mental vers l'enfer, a été abaissé tout entier vers l'enfer. Ainsi l'homme tout entier vientselon l'amour de sa vie ou dans le ciel ou dans l'enfer. C'est un point de la sagesse angélique, que le mental de l'homme est l'homme, parce que Dieu est Homme ; et parce que le corps est l'externe du mental qui sent et agit, et qu'ainsi ils sont un et non deux.

    370. Il faut observer que les formes des membres, des Organes et des viscères de l'homme, quant à la structure même, viennent des fibres qui tirent leur origine de leurs commencements dans les cerveaux, mais que ces formes sont fixées par des substances et des matières telles qu'elles sont dans les terres, et, d'après les terres, dans l'air et dans l'éther, ce qui se fait au moyen du sang. C'est pourquoi, afin que toutes les choses du corps subsistent dans leur formation et ainsi restent dans leurs fonctions, l'homme doit être nourri d'aliments naturels, et doit être continuellement renouvelé.

Il y a correspondance de la volonté avec le cœur,
et de l'entendement avec le poumon.

    371. Ceci va être démontré dans l'ordre suivant : I. Toutes les choses du mental se réfèrent à la volonté et à l'entendement, et toutes celles du corps se réfèrent au cœur et au poumon. II. Il y a correspondance de la volonté et de l'entendement avec le cœur et le poumon, et par suite correspondance de toutes les choses du mental avec toutes celles du corps. III. La volonté correspond au cœur. IV. L'entendement correspond au poumon. V. Par cette correspondance peuvent être découverts beaucoup d'arcanes sur la volonté et l'entendement, par conséquent aussi sur l'amour et la sagesse. VI. Le mental de l'homme est l'esprit de l'homme, et l'esprit est l'homme, et le corps est l'externe par lequel le mental ou l'esprit sent et agit dans le monde. VII. La conjonction de l'esprit de l'homme avec son corps se fait par la correspondance de sa volonté et de son entendement avec son cœur et son poumon, et leur séparation se fait par la non-correspondance.

    372. I. Toutes les choses du mental se réfèrent à la volonté et à l'entendement, et toutes celles du corps se réfèrent au cœur et au poumon. Par le mental, il n'est pas entendu autre chose que la volonté et l'entendement, lesquels dans leur complexe, sont toutes les choses qui affectent l'homme, et toutes celles que l'homme pense, ainsi toutes celles qui appartiennent à l'affection et à la pensée de l'homme. Celles qui affectent l'homme appartiennent à sa volonté, et celles que l'homme pense appartiennent à son entendement. On sait que toutes les choses de la pensée de l'homme appartiennent à son entendement, puisque l'homme pense d'après l'entendement. Mais on ne sait pas que toutes les choses de l'affection de l'homme appartiennent à sa volonté parce que l'homme, lorsqu'il pense, fait attention non pas à l'affection mais seulement aux choses qu'il pense. Par exemple, quand il entend parler, il fait attention non pas au son, mais au langage même, lorsque cependant l'affection est dans la pensée absolument comme le son est dans le langage. L'affection appartient à la volonté, parce que toute affection appartient à l'amour, et que le réceptacle de l'amour est la volonté, comme il a été montré ci-dessus. Celui qui ne sait pas que l'affection appartient à la volonté confond l'affection avec l'entendement, car il déclare qu'elle est un avec la pensée, néanmoins elles ne sont pas un, mais elles agissent comme un. Il est évident qu'on les confond dans l'expression courante : Je pense à faire cela, c'est-à-dire, je veux faire cela. Il est encore évident qu'elles sont deux dans l'expression courante : je veux penser à cette chose ; et quand on y pense, l'affection de la volonté est dans la pensée de l'entendement, comme le son est dans le langage, ainsi qu'il a été dit. On sait que toutes les choses du corps se réfèrent au cœur et au poumon, mais comme on ne sait pas qu'il y a correspondance du cœur et du poumon avec la volonté et l'entendement, il va en être question dans ce qui suit.

373. Puisque la volonté et l'entendement sont les réceptacles de l'amour et de la sagesse, ils sont par conséquent des formes organiques, ou des formes organisées avec les substances les plus pures, car elles doivent être ainsi faites pour être réceptacles. Il importe peu que leur organisation ne soit pas perceptible à l'œil, même avec de puissants microscopes, car elle est intérieure. Lorsqu'on accepte l'existence de très petits insectes non visibles, composés de cerveaux, de viscères, d'organes des sens et du mouvement, Puisqu'ils sentent, marchent et voient, et qu'on accepte qu'ils soient organisés dans leurs parties les plus simples, comment alors peut-on dire que les deux réceptacles de l'amour et de la sagesse, appelés volonté et entendement, ne sont pas des formes organiques ? Comment l'amour et la sagesse, qui sont la vie procédant du Seigneur, peuvent-ils agir dans quelque chose qui n'est pas un sujet, ou qui n'existe pas substantiellement ? Sans des formes organiques, comment la pensée peut-elle être inhérente, et comment peut-on parler d'après une pensée qui n'est pas inhérente ? Le cerveau, d'où nous vient la pensée, n'est-il pas complet, et organisé dans toutes ses parties ? Les formes organiques elles-mêmes y sont vues à l'œil nu, et les réceptacles de la volonté et de l'entendement dans leurs commencements, sont clairement vus dans la substance corticale sous la forme de minuscules glandes, voir ci-dessus N° 366. Il ne faut pas penser sur ces choses d'après l'idée du vide, le vide étant le néant. Rien ne se fait dans le néant, et rien n'existe d'après le néant. Sur l'idée du vide, voir le N° 82.

    374. II. Il y a correspondance de la volonté et de l'entendement avec le cœur et le poumon, et par suite correspondance de toutes les choses du mental avec toutes celles du corps. Cette connaissance est nouvelle, parce qu'on a ignoré jusqu'à présent ce qu'est le spirituel, et en quoi il diffère du naturel. En conséquence on n'a pas su ce qu'est la correspondance, car il y a correspondance des spirituels avec les naturels et par elle se fait leur conjonction. Pourtant on aurait pu le savoir, car on sait que l'affection et la pensée sont spirituelles, et que toutes les choses de l'affection et de la pensée le sont aussi. On sait que l'action et le langage sont naturels, et que par suite toutes les choses qui leur appartiennent sont naturelles. On sait que l'affection et la pensée, qui sont spirituelles, font que l'homme agit et parle. Par suite ne peut-on pas savoir ce que c'est que la correspondance des spirituels avec les naturels, puisque la pensée fait que la langue parle, et que l'affection unie à la pensée, fait que le corps agit ? Ce sont deux choses distinctes, car on peut penser et ne pas parler, et on peut vouloir et ne pas agir ; et l'on sait que le corps ne pense pas et ne veut pas, mais que la pensée descend dans le langage et la volonté dans l'action. Chacun sait que l'affection brille aussi sur la face et y présente son image. L'affection considérée en elle-même est spirituelle, et les changements d'expression du visage sont naturels. Il y a donc correspondance, et on peut conclure qu'il y a correspondance de toutes les choses du mental avec toutes celles du corps. Comme toutes les choses du mental se réfèrent à l'affection et à la pensée, ou ce qui revient au même, à la volonté et à l'entendement, et toutes celles du corps au cœur et au poumon, il y a correspondance de la volonté avec le cœur, et de l'entendement avec le poumon. De telles choses ont été ignorées, bien qu'elles auraient pu être connues, parce que l'homme est devenu tellement externe, qu'il n'a voulu reconnaitre que le naturel. Il y trouva le plaisir de son amour, et par suite le plaisir de son entendement. Pour cette raison il éprouva du déplaisir à élever sa pensée au-dessus du naturel vers quelque spirituel séparé du naturel. Par conséquent, à cause de son amour naturel et le plaisir de cet amour, il a pensé que le spirituel n'était qu'un naturel plus pur, et que la correspondance influait par continuité. Même l'homme entièrement naturel ne peut penser en dehors du naturel. De plus ces choses n'ont pas été vues et par suite n'ont pas été connues jusqu'à présent, parce que toutes les choses de la religion, qui sont appelées des spirituels, ont été proscrites de l'attention de l'homme, par ce dogme admis dans tout le monde chrétien, qu'il faut croire aveuglément les enseignements théologiques, qui sont les enseignements spirituels que les conciles et quelques chefs ont établis, parce que, comme on le dit, ils surpassent l'entendement. Quelques-uns ont donc cru que le spirituel est comme un oiseau qui vole au-dessus de l'air dans l'éther, au-delà de la vue de l'œil, lorsque cependant le spirituel est comme un oiseau de paradis, qui vole près de l'œil, touche la prunelle avec ses belles plumes, et désire être vu. Par la vue de l'œil il est entendu la vue intellectuelle.

    375. La correspondance de la volonté et de l'entendement avec le cœur et le poumon ne peut être prouvée de manière abstraite, c'est-à-dire par des raisonnements seulement, mais elle peut l'être par des effets. Il en est de cela comme des causes des choses. Ces causes, il est vrai, peuvent être vues rationnellement, mais non clairement, si ce n'est par des effets, car les causes sont dans les effets, et par eux elles se font voir. Le mental non plus ne se confirme pas auparavant sur les causes. Les effets de cette correspondance seront présentés dans ce qui suit. Mais, au sujet de cette correspondance, pour qu'on ne tombe pas dans des idées tirées des hypothèses sur l'‚me, qu'on relise d'abord avec attention ce qui a été montré dans l'article précédent, savoir : l'amour et la sagesse, et par suite la volonté et l'entendement, font la vie même de l'homme, N°s 363, 364 ; la vie de l'homme dans ses commencements est dans les cerveaux, et dans ses prolongements, dans le corps, N° 365 : telle est la vie dans les commencements, telle elle est dans le tout et dans chaque partie, N° 366 ; par ses commencements, la vie est d'après chaque partie dans le tout, et d'après le tout dans chaque partie, N° 367 ; telle est l'amour, telle est la sagesse, et par suite, tel est l'homme, N° 368.

    376. Pour confirmation, je vais rapporter ici une représentation de la correspondance de la volonté et de l'entendement avec le cœur et le poumon, que j'ai vue dans le ciel chez les anges : par une admirable coulée en forme de spirale, impossible à décrire avec des mots, ils formaient une ressemblance de cœur et une ressemblance de poumon, avec toutes leurs structures intérieures, et en le faisant, ils suivaient le flux du ciel, car le ciel s'efforce de produire de telles formes d'après l'influx de l'amour et de la sagesse procédant du Seigneur. Ils représentaient ainsi la conjonction du cœur et du poumon, et en même temps leur correspondance avec l'amour de la volonté et avec la sagesse de l'entendement. Ils appelaient cette correspondance et cette union le mariage céleste, et disaient que dans tout le corps, et dans chacun de ses membres, de ses organes et de ses viscères, il y a la même correspondance et la même union que dans les choses qui appartiennent au cœur et au poumon ; et que partout où le cœur et le poumon n'agissent pas, et où chacun ne remplit pas son rôle, il ne peut y avoir aucun mouvement de vie par un principe volontaire quelconque, ni aucune sensation de vie par un principe intellectuel quelconque.

    377. Dans ce qui va suivre, il s'agit de la correspondance du cœur et du poumon avec la volonté et l'entendement, et sur cette correspondance est fondée celle de toutes les parties du corps, appelées membres, organes des sens et viscères. Comme la correspondance des naturels avec les spirituels n'a pas été connue jusqu'à présent, et que néanmoins elle a été amplement mise en évidence dans deux ouvrages dont l'un se nomme ´ Le ciel et l'enfer ª, et l'autre ´ les Arcanes Célestes ª qui traite du sens spirituel de la Parole dans la Genèse et dans l'Exode, je vais indiquer ici ce qui a été écrit et montré sur la correspondance dans ces deux ouvrages. Dans ´ Le ciel et l'enfer ª : La correspondance de toutes les choses du ciel avec toutes celles de l'homme, N°s 87 à 102. La correspondance de toutes les choses du ciel avec toutes celles de la terre. N°s 103 à 115. Dans les ´ Arcanes Célestes ª : La correspondance de la face et de ses expressions avec les affections du mental, N°s 1568, 2988, 2989, 3631, 4796, 4797, 4800, 5165, 5168, 5695, 9306. La correspondance du corps quant à ses gestes et à ses actions, avec les intellectuels et les volontaires, N°s 2988, 3632, 4215. La correspondance des sens dans le commun, N°s 4318 à 4330. La correspondance des yeux et de leur vue N°s 4403 à 4420. La correspondance des narines et de l'odeur, N°s 4624 à 4634. La correspondance des oreilles et de l'ouïe, N°s 4652 à 4660. La correspondance de la langue et du go°t, N°s 4791 à 4805. La correspondance des mains, des bras, des épaules et des pieds, N°s 4931 à 4953. La correspondance des lombes et des membres de la génération, N°s 5050 à 5062. La correspondance des viscères intérieurs du corps, spécialement de l'estomac, du thymus, du réceptacle et des conduits du chyle, du mésentère, N°s 5171 à 5180, 5181. La correspondance de la rate, N° 9698. La correspondance du péritoine, des reins et de la vessie, N°s 5377 à 5396. La correspondance du foie, et des conduits hépatique, cystique et pancréatique, N°s 5183 à 5188. La correspondance des intestins, N°s 5392 à 5395, 5379. La correspondance des os, N°s 5560 à 5564. La correspondance de la peau, N°s 5552 à 5573. La correspondance du ciel avec l'homme, N°s 911, 1900, 1982, 2996, 2998, 3624 à 3649, 3741 à 3745, 3884, 4051, 4279, 4423, 4524, 4525, 6013, 6057, 9279, 9632. Toutes les choses qui sont dans le monde naturel et dans ses trois règnes, correspondent à toutes celles qui apparaissent dans le monde spirituel, N°s 1632, 1881, 2758, 2990 à 2993, 2997 à 3003, 3213 à 3227, 3483, 3624 à 3649, 4044, 4053, 4116, 4366, 4939, 5116, 5377, 5428, 5477, 8211, 9280. Toutes les choses qui apparaissent dans les cieux sont des correspondances, N°s 1521, 1532, 1619 à 1625, 1807, 1808, 1971, 1974, 1977, 1980, 1981, 2299, 2601, 3213 à 3227, 3349, 3350, 3475, 3485, 3748, 9481, 9570, 9576, 9577. La correspondance du sens de la lettre de la parole, et de son sens spirituel, il en a été parlé partout dans cet ouvrage ; au sujet de cette correspondance, voir dans ´ La Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur l'Ecriture Sainte ª, N°s 5 à 26, 27 à 69.

    378. III. La volonté correspond au cœur. Ceci, pris isolément, ne peut être vu clairement, mais il peut l'être lorsque la volonté est examinée dans les effets, comme il a été dit ci-dessus. Ainsi on peut voir que toutes les affections qui appartiennent à l'amour introduisent des changements dans les pulsations cardiaques comme l'indique le pouls des artères. Les changements et les pulsations cardiaques, selon les affections de l'amour sont innombrables. Ceux qui sont sentis par le doigt font voir seulement que le cœur bat lentement ou vivement, fortement ou faiblement, mollement ou durement, régulièrement ou irrégulièrement, etc. Ainsi dans la joie, il bat autrement que dans la tristesse, dans la tranquillité d'esprit autrement que dans la colère, dans l'intrépidité autrement que dans la peur, dans les fièvres autrement que dans les frissons. Parce que les mouvements du cœur, appelés systole et diastole, changent et varient ainsi selon les affections de chaque amour, plusieurs des anciens, et d'après eux quelques modernes, ont attribué les affections au cœur, et ont aussi fixé là leur siège, d'où sont venues ces expressions : cœur magnanime ou timide, cœur joyeux ou triste, cœur tendre ou dur, cœur grand ou pusillanime, cœur entier ou brisé, cœur de chair ou de pierre, etc. Concorde, discorde viennent aussi de là, et d'autres termes semblables qui appartiennent à l'amour et aux affections de l'amour. La Parole s'exprime de la même manière, parce qu'elle est écrite par correspondances. Que l'on dise l'amour ou la volonté, c'est la même chose, puisque la volonté est le réceptacle de l'amour, comme il a été dit ci-dessus.

    379. On sait qu'il y a une chaleur vitale dans l'homme et dans tout animal, mais n'en connaissant pas l'origine, on fait des conjectures. Certains qui n'ont rien su de la correspondance des naturels avec les spirituels, en ont attribué l'origine à la chaleur du soleil, d'autres à l'activité des parties, et d'autres encore à la vie elle-même, mais comme ils ignoraient ce que c'est que la vie, en disant cela, ils ne pénétraient pas plus avant. Au contraire, celui qui sait qu'il y a une correspondance de l'amour et des affections de l'amour avec le cœur et les dérivations du cœur, peut savoir que l'amour est l'origine de la chaleur vitale. En effet, l'amour procède comme chaleur du soleil spirituel où est le Seigneur, et est aussi senti comme chaleur par les anges. Cette chaleur spirituelle, qui dans son essence est l'amour, est ce qui influe par correspondance dans le cœur et dans son sang, y introduit la chaleur, et en même temps le vivifie. On sait que l'homme s'échauffe et pour ainsi dire s'embrase selon son amour et le degré de son amour, et qu'il s'engourdit et se refroidit selon le décroissement de son amour. On le sent par la chaleur de tout le corps, et on le voit par la rougeur de la face. Si au contraire il y a extinction de l'amour, on le sent par le froid du corps, et on le voit par la p‚leur de la face. Comme l'amour est la vie de l'homme, le cœur est pour cette raison le premier et le dernier de cette vie. Puisque l'amour est la vie de l'hornme, et que l'‚me maintient sa vie dans le corps par le sang, c'est pour cela que dans la Parole, le sang est appelé ‚me, - Gen. IX, 4. Lévit. XVII, 14. - Dans la suite, il sera dit ce qui est entendu par l'‚me dans ses différentes significations.

    380. C'est aussi d'après la correspondance du cœur et du sang avec l'amour et les affections de l'amour que le sang est rouge. En effet, dans le monde spirituel, il y a des couleurs de toute espèce, et le rouge et le blanc sont les couleurs fondamentales. Toutes les autres tirent leurs variétés de ces deux couleurs et des couleurs opposées qui sont le roux et le noir. La couleur rouge y correspond à l'amour, parce qu'elle tire son origine du feu du soleil spirituel, et la couleur blanche correspond à la sagesse parce qu'elle tire son origine de la lumière de ce soleil. Comme il y a correspondance de l'amour avec le cœur, il s'ensuit que le sang ne peut être que rouge, et indiquer ainsi son origine. En conséquence, dans les cieux où l'amour envers le Seigneur règne, la lumière a la couleur de la flamme, et les anges sont vêtus de pourpre. Dans les cieux où la sagesse règne, la lumière est d'un blanc éclatant, et les anges sont vêtus de fin lin blanc.

    381. Les cieux sont distingués en deux royaumes : le royaume céleste où règne l'amour envers le Seigneur, et le royaume spirituel où règne la sagesse procédant de cet amour. Le premier est appelé le royaume cardiaque du ciel, et le second royaume pulmonaire. Il faut qu'on sache que tout le ciel angélique dans son complexe représente un seul homme, et qu'il apparait ainsi devant le Seigneur. En conséquence son cœur constitue un royaume et son poumon constitue l'autre, car il y a un mouvement cardiaque et un mouvement pulmonaire en commun dans tout le ciel, et par suite en particulier dans chaque ange. Les mouvements communs, cardiaque et pulmonaire, viennent du Seigneur Seul, parce que de Lui Seul viennent l'amour et la sagesse. En effet, dans le Soleil où est le Seigneur, et qui procède du Seigneur, il y a ces deux mouvements, et par suite ils sont dans le ciel angélique et dans l'univers. En faisant abstraction de l'espace, et en pensant à l'omniprésence, on aura la confirmation que cela est ainsi. Dans le traité ´ Le Ciel et l'enfer ª, N°s 26, 27, 28, on voit que les cieux ont été distingués en deux royaumes, le céleste et le spirituel ; et dans les N°s 59 à 87, que tout le ciel angélique dans le complexe représente un seul homme.

    382. IV.L'entendement correspond au poumon. C'est une suite de ce qui a été dit de la correspondance de la volonté avec le cœur ; car la volonté et l'entendement sont les deux choses qui règnent dans l'homme spirituel ou dans le mental, et le cœur et le poumon sont les deux choses qui règnent dans l'homme naturel ou dans le corps, et une correspondance existe entre toutes les choses du mental et toutes celles du corps, comme il vient d'être dit. Il en résulte que l'entendement correspond au poumon, puisque la volonté correspond au cœur. Chacun peut observer que l'entendement correspond au poumon, non seulement d'après sa pensée, mais aussi d'après son langage. D'après la pensée : personne ne peut penser sans le concours et l'accord du souffle pulmonaire. C'est pourquoi la pensée et la respiration marchent de concert. On aspire et on refoule, on comprime et on dilate le poumon selon la pensée, ainsi selon l'influx de l'affection d'après l'amour, lentement, rapidement, profondément, etc., et même si on retient tout à fait le souffle, on ne peut pas penser, sinon dans son esprit d'après la respiration de l'esprit, ce qui n'est pas perçu d'une manière manifeste. D'après le langage : en effet, le plus petit mot ne peut sortir de la bouche sans le secours du poumon, car le son, qui est articulé en mots, vient tout entier du poumon par la trachée et par l'épiglotte. C'est pourquoi le langage s'élève jusqu'au cri, selon le gonflement de ce soufflet et l'ouverture de son passage, et diminue selon la contraction. Si le passage est bouché, le langage cesse avec la pensée.

    383. Puisque l'entendement correspond au poumon, et que par suite la pensée correspond à la respiration du poumon, en conséquence dans la Parole, l'‚me et l'esprit signifient l'entendement. Ainsi il est dit : ´ Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton ‚me ª. Matt. XXII, 37. - ´ Dieu donnera un nouveau cœur et un nouvel esprit ª. - Ezech: XXXVI, 26. Ps: LI, 12, 13. - Il vient d'être montré que le cœur signifie l'amour de la volonté ; il s'ensuit que l'‚me et l'esprit signifient la sagesse de l'entendement. On voit dans ´ La doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur ª, N°s 50, 51, que par l'esprit de Dieu, qui est aussi appelé l'Esprit Saint, il est entendu la Divine Sagesse, et par suite la Divine Vérité, par laquelle l'illustration se fait chez l'homme. C'est pour cela que ´ le Seigneur souffla sur les disciples, et dit : recevez le Saint Esprit. ª - Jean XX, 22 ; - et qu'il est dit, ´ que Jéhovah Dieu souffla dans les narines d'Adam une ‚me de vies, et qu'il fut fait en ‚me vivante. ª - Gen: 11, 7 ; - et qu'il a été dit au prophète : ´ Prophétise sur l'esprit, et dis au vent : des quatre vents viens esprit, et souffle dans ces tués, afin qu'ils vivent ª - Ezéch: XXXVII, 9 ; - pareillement ailleurs. Pour cette raison, le Seigneur est appelé souffle des narines, et aussi souffle de vie. Comme la respiration passe par les narines, celles-ci signifient la perception, et l'on dit de l'intelligent qu'il a le nez fin, et de l'inintelligent qu'il a le nez bouché. Pour cette raison aussi, dans la langue hébraÔque et dans quelques autres langues, l'esprit et le vent sont un même mot ; en effet, le mot esprit est dérivé du mot souffle, et quand l'homme meurt, on dit aussi qu'il rend l'‚me. Il s'ensuit que l'homme croit que l'esprit est un vent ou quelque chose d'aérien, tel qu'est le souffle expiré du poumon, et qu'il en est de même de l'‚me. Ces explications font voir que, par aimer Dieu de tout son cœur et de toute son ‚me, il est entendu L'aimer de tout son amour et de tout son entendement ; et que par donner un nouveau cœur et un nouvel esprit, il est entendu donner une nouvelle volonté et un nouvel entendement. Parce que l'esprit signifie l'entendement, il est dit de Bézaléel, ´ qu'il fut rempli de l'esprit de sagesse, d'intelligence et de science, ª - Exode XXXI, 3 ; - et de Josué, ´ qu'il fut rempli de l'esprit de sagesse, ª Deut: XXXIV, 9 ; - et de Daniel par Nabuchadnézar, ´ qu'il y avait en lui un esprit excellent de science, d'intelligence et de sagesse, ª - Dan: V, 11, 12, 14; - et dans EsaÔe, ´ que ceux dont l'esprit est égaré connaitront l'intelligence. ª - XXIX,24. - Pareillement dans beaucoup d'autres endroits.

    384. Comme toutes les choses du mental se réfèrent à la volonté et à l'entendement, et toutes celles du corps au cœur et au poumon, c'est pour cela que dans la tête il y a deux cerveaux, et qu'ils sont distincts entre eux comme le sont entre eux la volonté et l'entendement. Le cervelet est principalement l'organe de la volonté, et le cerveau principalement celui de l'entendement. Pareillement le cœur et le poumon sont distincts des autres parties du corps. Ils en sont séparés par le diaphragme et ont leur propre enveloppe qui est nommée plèvre, et ils constituent la partie du corps appelée poitrine. Dans les autres parties du corps qui comprennent les membres, les organes et les viscères, la volonté et l'entendement sont conjoints, et pour cette raison, ces parties sont par paires, par exemple, les bras et les mains, les jambes et les pieds, les yeux, les narines ; dans le corps, les reins, les uretères, les testicules. Les viscères qui ne sont pas par paires sont divisés en droite et gauche. En outre, le cerveau est divisé en deux hémisphères, le cœur en deux ventricules, et le poumon en deux lobes. Leur droite se réfère au bien du vrai, et leur gauche au vrai du bien, ou ce qui est la même chose, la droite se réfère au bien de l'amour d'où procède le vrai de la sagesse, et la gauche au vrai de la sagesse procédant du bien de l'amour. Et comme la conjonction du bien et du vrai est réciproque, et que cette conjonction fait qu'ils sont comme un seul, c'est aussi la raison pour laquelle dans l'homme, ces paires agissent ensemble et conjointement dans les fonctions, les mouvements et les sensations.

    385. V. Par cette correspondance peuvent être découverts beaucoup d'arcanes sur la volonté et l'entendement, par conséquent aussi sur l'amour et la sagesse. Dans le monde on sait à peine ce que c'est que la volonté et ce que c'est que l'amour, parce que l'homme ne peut par lui-même aimer et d'après l'amour vouloir, de la même manière qu'il peut comme par lui-même comprendre et penser. Pareillement il ne peut par lui-même changer le mouvement de son cœur comme il peut changer celui de son poumon. Maintenant, puisque dans le monde on sait à peine ce que c'est que la volonté et l'amour, car la volonté et l'entendement ne se présentent pas devant les yeux et ne peuvent être examinés, et que cependant on sait ce que c'est que le cœur et le poumon, car ces deux organes se présentent devant les yeux et peuvent être examinés, voilà pourquoi lorsqu'on sait qu'ils correspondent, et que par la correspondance ils agissent comme un, on peut découvrir sur la volonté et l'entendement beaucoup d'arcanes qui, autrement, ne peuvent être découverts. Par exemple, l'arcane sur la conjonction de la volonté avec l'entendement, et sur la conjonction réciproque de l'entendement avec la volonté ; ou sur la conjonction de l'amour avec la sagesse, et sur la conjonction réciproque de la sagesse avec l'amour ; puis sur la descente de l'amour dans les affections et sur les consociations des affections, et sur leur influx dans les perceptions et les pensées, et enfin leur influx selon la correspondance dans les actes et dans les sens du corps. Ces arcanes et beaucoup d'autres peuvent être non seulement découverts mais démontrés d'après la conjonction du cœur et du poumon, et d'après l'influx du sang qui va du cœur dans le poumon et réciproquement du poumon dans le cœur, et de là par les artères dans tous les membres, dans tous les organes et dans tous les viscères du corps.

    386. VI.Le mental de l'homme est l'esprit de l'homme, et l'esprit est l'homme, et le corps est l'externe par lequel le mental ou l'esprit sent et agit dans le monde. Ceux qui ont pensé que l'esprit est un vent, et que l'‚me est comme quelque chose d'éthéré, tel qu'est le souffle exhalé par le poumon, ne peuvent croire facilement que le mental de l'homme est l'esprit de l'homme, et que l'esprit est l'homme. Car ils se demandent comment l'esprit peut être l'homme puisqu'il est un esprit, et comment l'‚me peut être l'homme puisqu'elle est une ‚me. Ils pensent de même à l'égard de Dieu, parce qu'Il est appelé Esprit. Ils ont eu cette idée sur l'esprit et sur l'‚me, parce que dans quelques langages, le même mot exprime l'esprit et le vent ; aussi de ce qu'on dit d'un homme qui meurt, qu'il rend l'esprit ou l'‚me, et de celui qui a eu une défaillance ou une suffocation que la vie revient quand l'esprit ou le souffle du poumon reprend. Comme alors ils ne perçoivent que du vent et de l'air, ils ont déduit d'après l'œil et la sensation du corps, que l'esprit et l'‚me de l'homme, après la mort, ce n'est pas l'homme. De cette déduction corporelle sur l'esprit et sur l'‚me, on a tiré diverses hypothèses, d'où est née la foi que l'homme ne devient homme qu'au jour du jugement dernier, et que jusque là son esprit demeure en quelque lieu, et attend la réunion avec le corps, selon ce qui a été dit dans la ´ Continuation sur le jugement dernier ª N°s 32 à 38. Parce que le mental de l'homme est son esprit, les anges, qui sont aussi des esprits, sont appelés mentals.

    387. Le mental de l'homme est l'esprit de l'homme, et l'esprit est l'homme, parce que par le mental sont entendues toutes les choses de la volonté et de l'entendement de l'homme, et que ces choses sont dans les principes dans les cerveaux, et par les dérivés dans le corps, par conséquent elles sont toutes les choses de l'homme quant à leurs formes. Puisqu'il en est ainsi, le mental, c'est-à-dire, la volonté et l'entendement, met en action à son gré le corps et toutes les parties du corps. Celui-ci ne fait-il pas tout ce que le mental pense et veut ? Le mental dirige l'oreille pour entendre et dispose l'œil pour voir, il meut la langue et les lèvres pour parler, il met en mouvement les mains et les doigts pour faire ce qu'il lui plait, et les pieds pour marcher où il veut. Le corps est-il autre chose qu'une obéissance à son mental ; peut-il être une telle obéissance, si le mental n'est pas dans ses dérivés dans le corps ? Est-il conforme à la raison de penser que le corps agit par obéissance parce que le mental le veut ainsi ? Alors ils seraient deux, l'un au-dessus et l'autre au-dessous, et l'un ordonnerait et l'autre obéirait. Cela n'étant nullement conforme à la raison, il s'ensuit que la vie de l'homme est dans les principes dans les cerveaux et par les dérivés dans le corps, selon ce qui a été dit ci-dessus au N° 365. Il a aussi été montré que telle est la vie dans les principes, telle elle est dans le tout et dans chaque partie, N° 366 ; et que la vie par ces principes est d'après chaque partie dans le tout, et d'après le tout dans chaque partie, N° 367. Dans les articles précédents il a été montré que toutes les choses du mental se réfèrent à la volonté et à l'entendement, et que la volonté et l'entendement sont les réceptacles de l'amour et de la sagesse procédant du Seigneur, et que ces deux font la vie de l'homme.

    388. D'après ce qui vient d'être dit, on peut encore voir que le mental de l'homme est l'homme lui-même ; car les premiers rudiments de la forme humaine, ou la forme humaine elle-même avec toutes et chacune de ses parties vient des principes continués du cerveau à travers les nerfs, selon ce qui a été montré ci-dessus. Cette forme est celle dans laquelle l'homme vient après la mort, il est alors appelé esprit ou ange, et il est homme en toute perfection, mais homme spirituel. La forme matérielle qui a été ajoutée et assumée dans le monde, n'est pas une forme humaine d'après elle-même mais elle l'est d'après la forme spirituelle. Elle a été ajoutée et survétue, afin que l'homme p°t faire des usages dans le monde naturel, et aussi emporter avec lui comme contenant des spirituels, quelque chose de fixe tiré des substances les plus pures du monde, et ainsi continuer et perpétuer sa vie. C'est une vérité de la sagesse angélique, que le mental de l'homme, non seulement en général, mais dans tout particulier, est dans un perpetuel effort vers la forme humaine, parce que Dieu est Homme.

    389. Pour qu'un homme soit homme, il ne doit lui manquer, ni dans la tête ni dans le corps, aucune des parties qui existent dans un homme parfait ; car tout entre dans la forme humaine et la constitue. En effet, l'homme est la forme de l'amour et de la sagesse, forme qui, considérée en elle-même, est Divine. Il y a en elle toutes les terminaisons de l'amour et de la sagesse, qui sont infinies dans Dieu-Homme, mais finies dans Son image qui est l'homme, l'ange et l'esprit. S'il manquait l'une des parties qui existent chez l'homme, il manquerait, correspondant à cette partie, quelque chose d'une terminaison provenant de l'amour et de la sagesse, par quoi le Seigneur p°t chez l'homme, être des premiers dans les derniers, et d'après Son Divin Amour par sa Divine Sagesse, pourvoir aux usages dans le monde créé.

    390. VII. La conjonction de l'esprit de l'homme avec son corps se fait par la correspondance de sa volonté et de son entendement avec son cœur et son poumon, et leur séparation se fait par la non correspondance. Puisqu'on a ignoré jusqu'à présent que le mental de l'homme, par lequel il est entendu la volonté et l'entendement, est l'esprit de l'homme, et qu'on a ignoré que l'esprit de l'homme a un pouls et une respiration comme le corps, on n'a pas pu savoir que le pouls et la respiration de l'esprit dans l'homme influent dans le pouls et dans la respiration de son corps et les produisent. Puisque l'esprit de l'homme jouit d'un pouls et d'une respiration comme le corps, il y a une semblable correspondance du pouls et de la respiration de l'esprit de l'homme avec le pouls et la respiration de son corps, car le mental, comme il a été dit, est l'esprit de l'homme ; c'est pourquoi lorsque la correspondance de ces deux mouvements cesse, il se fait une séparation, qui est la mort. La séparation ou la mort arrive, quand le corps par maladie ou accident vient dans l'état, où il ne peut agir comme un avec son esprit, car alors périt la correspondance, et avec elle la conjonction. La mort survient non lorsque la respiration seule s'arrête, mais quand le cœur cesse de battre ; car tant que celui-ci bat, l'amour avec sa chaleur vitale reste et conserve la vie, comme nous le font voir les défaillances et les suffocations, et aussi l'état de la vie de l'embryon dans l'utérus. En un mot, la vie du corps de l'homme dépend de la correspondance de son pouls et de sa respiration avec le pouls et la respiration de son esprit, et quand cette correspondance cesse, la vie du corps cesse, et son esprit s'en va et continue dans le monde spirituel sa vie, qui est tellement semblable à sa vie dans le monde naturel, qu'il ne sait pas qu'il a quitté ce monde. Les hommes en général entrent dans le monde spirituel deux jours après la mort du corps car j'ai conversé avec quelques-uns deux jours après.

    391. Seuls les esprits et les anges peuvent confirmer que l'esprit jouit du pouls et de la respiration comme l'homme dans son corps, quand il est donné permission de converser avec eux, et cette permission m'a été accordée. Les ayant interrogés sur ce sujet, ils m'ont dit qu'ils sont hommes comme les hommes dans le monde ; qu'ils jouissent également d'un corps, mais spirituel, et qu'ils sentent les battements du cœur dans la poitrine et ceux des artères au poignet, comme le sentent les hommes dans le monde naturel. Nombreux sont ceux qui me l'ont confirmé. Il m'a été donné de savoir par ma propre expérience que l'esprit de l'homme respire dans son corps : Un jour des anges eurent la permission de diriger ma respiration, et de la diminuer à leur gré, et enfin de la retenir jusqu'à ce qu'il ne rest‚t que la seule respiration de mon esprit, qui devint perceptible alors par le sens. On voit dans le traité ´ Le ciel et l'enferª, N° 449, que la même chose m'est arrivée quand il me fut donné de connaître l'état des mourants. Parfois aussi j'ai été réduit à la seule respiration de mon esprit, et par le sens j'ai alors perçu qu'elle était concordante avec la respiration générale du ciel. Plusieurs fois encore j'ai été dans un état semblable à celui des anges, et élevé vers eux dans le ciel, et alors étant en esprit hors du corps, j'ai parlé avec eux en respirant comme dans le monde. D'après ces expériences et d'autres aussi frappantes, j'ai vu clairement que l'esprit de l'homme respire non seulement dans le corps, mais aussi après qu'il a quitté le corps ; et que la respiration de l'esprit est si tacite, qu'elle n'est pas perçue par l'homme ; et qu'elle influe dans la respiration manifeste du corps, à peu près comme la cause dans l'effet, et comme la pensée dans le poumon et par le poumon dans le langage. D'après cela il est encore évident que la conjonction de l'esprit et du corps se fait par la correspondance du mouvement cardiaque et du mouvement pulmonaire de l'un et de l'autre.

    392. Ces deux mouvements, le cardiaque et le pulmonaire, existent et persistent, parce que tout le ciel angélique, tant en général qu'en particulier, est dans ces deux mouvements de la vie. Tout le ciel angélique est dans ces deux mouvements, parce que le Seigneur les y introduit par le Soleil, où Il est Lui-Même, et qui procède de Lui ; car ce Soleil opère d'après le Seigneur ces deux mouvements. Il est évident qu'ils n'ont pas d'autre origine, puisque toutes les choses du ciel et du monde dépendent du Seigneur par ce Soleil dans une union de forme qui peut être comparée à celle d'une chaîne, de son premier à ses derniers maillons, et puisque la vie de l'amour et de la sagesse procède du Seigneur, et que toutes les forces de l'univers viennent de la vie. Il s'ensuit que la variation de ces mouvements est selon la réception de l'amour et de la sagesse.

    393. Dans la suite il sera dit davantage sur la correspondance de ces mouvements. Par exemple, quelle est cette correspondance chez ceux qui respirent avec le ciel, chez ceux qui respirent avec l'enfer, et aussi chez ceux qui parlent avec le ciel et pensent avec l'enfer, ainsi chez les hypocrites, les flatteurs, les fourbes et autres.