JEAN-BAPTISTE
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SERMON POUR LA NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE SUR SES DIX PRIVILÈGES.

 

Ce discours est rangé parmi les oeuvres de saint Pierre Damien, et il est attribué à Nicolas de Clairvaux dans la Bibliothèque des Pères de Cîteaux et dans un manuscrit. Mais la difficulté que soulève ce sentiment, c'est qu'au numéro 5, l'auteur dit que de son temps l'Église ne recevait que les fêtes de la nativité de Jésus-Christ et de celle de saint Jean ; lorsque cependant, d'après la lettre 86 de saint Bernard et la lettre 174 aux chanoines de Lyon, il est certain qu'alors la nativité de la B. Marie était solennisée, et, ce qui est plus fort, lorsque Nicolas lui-même a un sermon sur ce sujet, à moins peut-être que quelqu'un ne dise qu'il ne faille entendre ceci d'une coutume universelle et plus ancienne.

 

1. Aujourd'hui, mes très-chers frères, brille pour nous un jour insigne, d'autant plus saint au dessus des autres jours, qu'il a donné au monde lin personnage d'une vertu plus élevée. En ce jour est né celui qui est la splendeur des saints, la gloire des justes, la joie des anges, le plus excellent des hommes, le proche parent de Jésus-Christ, l'ami de l'époux, celui qui préparait les voies à l'Épouse. Il est unique, il n'a point son pareil, cet homme qui, placé au milieu des chœurs des anges, s'est élevé au dessus du plus haut point où est arrivée la nature humaine, à raison de l'incomparable couronne qu'il a méritée. Enfin, a parmi les enfants des hommes, il n'en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste (Matth. XI. 11). » Heureux homme qui, parcourant heureusement toutes les avenues du ciel, suit le Rédempteur dans sa course bienheureuse; devant lui ne se dresse aucune dignité plus éminente, car l'immensité de la félicité souveraine s'est versée plus abondamment sur sa tête. Les anges se réjouissent, et les élus, pris en si grand nombre dans la nature angélique et humaine, admirent un mortel entré si avant dans l'abîme de la lumière et absorbé dans l'intime de la divinité au point qu'il éblouit même le pur regard des esprits bienheureux. Que tous se lèvent, et que devant le trône de la majesté divine, ils déploient avec tressaillement les prérogatives de leurs mérites: il ne s'en trouvera aucun qui ose aspirer à être l'égal de saint Jean-Baptiste. Entreprenons à présent de pénétrer dans les trésors éclatants des vertus que le Dieu de majesté a entassés avec une générosité si glorieuse dans le tueur de son ;ami. Depuis le commencement de sa vie jusqu'à sa mort, ce grand homme vécut parmi les humains, de telle sorte qu'il est regardé comme le type de la vie, et l'exemplaire des moeurs. Et bien que ce discours ne brille pas du bel éclat de l'or, nous essaierons néanmoins de redire, dans un style quelconque, la vérité des faits, ayant devant les yeux cette parole du sage aux hommes plaisent, non les agréments, mais la force des choses.

2. Le premier honneur se trouve dans la gloire de son annonciation. Il ne faut point passer sous silence les circonstances éclatantes par lesquelles est annoncée l'entrée de cet enfant en ce monde. L'ange Gabriel se présente, et cette force du Seigneur, descendant du haut des cieux, se place à droite de l'autel de l'encens. Ce n'est pas le premier venu des anges, c'est cet esprit sublime qui apporta à la bienheureuse Vierge Marie l'incomparable nouvelle, qui fut choisi pour annoncer le soldat, qui devait annoncer le roi. Le prêtre arrive revêtu des ornements sacrés, et figurant, dans la variété qui s'y fait remarquer, une image à venir des sacrements célestes, il indique à l'avance la destruction des péchés qui sera opérée par l'aspersion du sang mystique. Il s'arrête devant l'arche d'alliance, devant les tables du testament, devant l'urne d'or renfermant la manne,         devant  la verge d'Aaron, les chérubins et le propitiatoire, solennellement paré, devant la face de Dieu et en présence de la gloire de sa majesté; il présente ses voeux au Seigneur créateur de toutes choses. Un jour de fête est revenu, jour plus célèbre que les autres pour le peuple juif, jour honoré des préceptes donnés par le Seigneur, jour remarquable et plein de joie : solennité unique en laquelle il était permis au pontife seul de pénétrer dans le Saint des saints, et de calmer, par une aspersion multiforme de sang, la colère du souverain Dieu. De toutes parts, on afflue dans la cité sainte, et une grande foule de peuple, en accourant, multiplie la matière de la joie. Se présentant au milieu de ces pompes sacrées, l'archange s'écrie : « Ne craignez point, Zacharie, parce qu'il vous naîtra un fils (Luc. I. 13),» qui sera le bonheur de ses parents, l'homme de sa race, le modèle de l'univers, la fin de la loi, le commencement de l'Évangile, la destruction de la mort, la porte de la vie, l'ornement du genre humain, la splendeur de la vie et le comble de toute sainteté. Et pour ne point confondre dans une exposition plus étendue, l'excellence de toutes ces choses, les Livres évangéliques nous marquent plus pleinement la sainteté de sa naissance et de sa vie. Considérez l'éminente dignité de celui qui l'annonce, la dignité du lieu, la solennité du jour, et alor3 vous pourrez comprendre avec quelle pompe très-excellente est annoncée la gloire de saint Jean-Baptiste. Sauf donc le respect dû au Rédempteur (car nous n'enlevons rien au roi, si nous honorons son soldat), car l'un est le maître et l'autre le serviteur; l'un le créateur, l'autre la créature, Jean est annoncé plus solennellement que le Christ. Jésus-Christ l'est peut-être dans un appartement vulgaire; saint Jean l'est dans le temple, et non-seulement dans le temple, mais même devant le Saint des saints, et dans un jour de solennité; c'est le même archange qui prophétise la venue de saint Jean, mais dans un endroit plus digne, en temps plus saint, par un prodige plus éclatant. Pensez à Isaac annoncé par un ange (Gen. XVIII, 10); à Samson (Judith. XIII. 3), considérez toute la secte des Nazaréens et en ceci comme en tout le reste . vous trouverez que Jean-Baptiste seul est plus excellent.

3. Le second honneur que reçut saint Jean fut sa sanctification dans le sein de sa Mère. Nous tous qui entrons dans le monde issus d'une race pécheresse, nous traînons avec nous un long reste du péché originel.            On excepte de cette loi celui-là seul qui n'a pas commis le péché, et que la couche nuptiale d'un sein virginal enfanta au monde. Il fut, en effet, conçu d'une manière bien         différente que nous, par la vertu du Saint-Esprit qui inonda la Vierge de toute sa majesté, vertu plus féconde que la chair, que l'ordre vulgaire suivi par la nature, que l'union avec l’homme. Il convenait en effet, que celui qui enlevait le péché, n'en connût pas la souillure ; il était dans l'ordre, qu'il prit la ressemblance de la chair du péché, et non la chair du péché. Tous les hommes étant donc conçus dans l'iniquité, nous trouvons dans nos livres, que nul des mortels, à l'exception de Jérémie et de Jean-Baptiste, ne fut sanctifié dans le sein de sa mère. Quoiqu'il n'y ait nul lieu de douter au sujet de l'incomparable Vierge, qu'enfermée dans les entrailles de sa mère, elle n'ait reçu la grâce d'une sanctification plus sublime, comme étant le sanctuaire dans lequel Dieu, et le Fils de Dieu, devait prendre la chair de l'homme. Mais la sanctification de Jérémie fut moindre que celle de saint Jean. L'un fut sanctifié dans le sein de sa mère, celui-ci fut rempli du Saint-Esprit. Il est, en effet, bien plus, d'être rempli du Saint-Esprit que d’être sanctifié. D'un côté, la sanctification indique une simple purification du péché, de l'autre, être rempli du Saint-Esprit signifie une effusion qui inonde. Enfin les apôtres qui de leurs mains touchèrent le Verbe de vie, après avoir reçu du souffle du Sauveur, le Saint-Esprit, purent à peine arriver le cinquantième jour, après la résurrection, à un degré qui permit de dire d'eux : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit (Act. II, 4). » Et encore, qu'en ce jour, ce divin Esprit, eût inondé le cœur des fidèles d'une affection plus copieuse, nous lisons néanmoins, que Jean-Baptiste obtint dans le sein de sa mère ce que la dignité apostolique mérita d'obtenir, en vertu d'une promesse qui tarda à se réaliser. Considérez, je vous en prie, soigneusement,        en vertu de quelle disposition sagement combinée, cet esprit multiple sanctifie Jérémie, remplit saint Jean, et survient en Marie. La sanctification de Jérémie est admirable parce que, bien que conçu dans le péché, il naît sans tache. En effet avant de voir la lumière du jour, il fut sanctifié. Il ne pouvait que naître saint, celui qui avait été sanctifié dans le sein de sa mère. (Jerem. 1, 5). Chose étonnante et inouïe dans les siècles passés ! un homme conçu dans le péché, naît sans péché ! Quant à Jean, une vertu beaucoup plus glorieuse remplit son âme. Homme admirable qui fut purifié du péché et inondé de la grâce du Saint-Esprit, à un point qu'il naquit et purifié. et rempli des dons du ciel. Personnage véritablement grand, que la sainteté rend recommandable. Ce même esprit survient d'une manière plus ineffable dans la Sainte-Vierge, en qui se répandit sans mesure la plénitude de toute la divinité, afin qu'elle renfermât en elle celui qui a fait l'univers, en sorte que non-seulement on croit qu'elle a été purifiée du péché, et remplie du Saint-Esprit, mais encore qu'elle a conçu du Saint-Esprit, parce que « ce, qui est né en elle est du Saint-Esprit (Matth. 1, 20). » De là vient que, par une prérogative singulière, la foi catholique confesse que le Fils de Dieu est né de la Vierge, et conçu du Saint-Esprit, en sorte que les nature divine et humaine indivisiblement unies sont désignées indifféremment par les termes qui se rapportent à l'une ou à l'autre. Vous voyez donc par quel privilège plus relevé, le plus beau des enfants des hommes a été séparé dans sa conception des autres enfants des hommes. Ceux-ci sont nés d u péché, et dans le péché; celui-là est conçu dans le Saint-Esprit et du Saint-Esprit. Voilà pour ce qui concerne la conception de saint Jean-Baptiste. Que si en quelque chose cette doctrine parait contraire à l'autorité de l'enseignement des saints, nous voulons qu'elle soit effacée sans exemple ni défense.

4. Le troisième honneur est l'excellence qui se trouve dans le tressaillement. Dans aucun temps on n'a jamais ouï dire que personne ait tressailli dans le sein de sa mère, et on lit de Jean, qu'il bondit de joie. C'est chose vraiment surprenante, qu'un enfant. à peine conçu, s'agite dans de tels mouvements, et se porte à la rencontre de celui qu'il sentit incarné dans le sein d'une vierge, pour lui rendre doucement ses hommages. Ame bienheureuse, qui ne s'arrêta point dans la voie du péché, et qui sortant du séjour céleste par un sentier plus secret, éprouva la douceur d'une reconnaissance inouïe. Heureuse Élisabeth, vers qui porte ses pas en toute hâte la Mère du Sauveur, que l'Impératrice des cieux entoure de ses salutations empressées. Mais bien plus heureux cet enfant, qui, reconnaissant la majesté de celle qui salue, bondit de joie, dans le cachot ténébreux des entrailles qui l'entourent, parce qu'il comprend la puissance d'une si heureuse salutation. « Et il arriva,» dit l'Évangile, « que lorsque Élisabeth entendit le salut de Marie, son enfant tressaillit de joie en son sein (Luc. I, 4I). » La Vierge se dirigea en toute hâte, vers la demeure de Zacharie, pour saluer Elisabeth, portant elle-même en son sein le Fils de Dieu, le roi de gloire, le Seigneur de majesté. Elisabeth va à sa rencontre, et, délivrée de l'opprobre de son ancienne stérilité, elle porte en ses entrailles bienheureuses, l'ami de l'Époux, et le héraut du Verbe. Elles s'embrassent, leurs corps se rapprochent, et roi et soldat ne sont plus séparés que par deux cloisons très-faibles. Qu'y a-t-il d'étonnant si l'enfant s’étonne et tressaille au contact et au souffle de la divinité si rapprochée? Pouvait-il ne point éprouver quelque impression miraculeuse, cet enfant pour qui étaient présents je roi, la Mère du Seigneur régnant, le Rédempteur du monde ? Et cela surtout, quand, l'union de ces saints embrassements fut répétée plusieurs fois. « Marie resta avec Elisabeth environ trois mois, » dit l'Evangile. (Luc. I, 56). La Vierge parfaite demeure tout ce temps avec Elisabeth, et tantôt par ses douces paroles, tantôt par de bienheureux embrassements, elle consacre et illustre le petit Jean. (Peut-être restera-t-elle avec sa cousine jusqu'au jour de la naissance de cet enfant, jusques à ce qu'elle pût le réchauffer, sur son très-heureux sein, et qu'une des murailles, en tombant, le rapprochât de son créateur. Parce passage de l'Évangile, il est facile de conjecturer que six mois s'étaient déjà écoulés depuis la conception de Jean, lorsque l'Archange Gabriel, fut envoyé à la Vierge, pour annoncer dans le salut nouveau, adressé à sa pudeur virginale, le grand événement qui devait renouveler le monde. Dès ce moment, la Vierge se hâta d'aller visiter Elisabeth ; durant trois mois elle daigne accepter l'hospitalité chez sa parente, jusqu'à ce que le neuvième mois achevé, la naissance du saint Patriarche eut lieu. Vautres personnes qui ont examiné d'un regard diligent le livre des justes, assurent avoir vu que la Mère de Dieu elle-même leva d'abord, de terre l'heureux enfant, et entoura de tous ses soins sa parente lorsqu'elle le mit au monde; (quoi qu'il en soit), une chose très-assurée, c'est qu’une cohabitation si heureuse et si prolongée, à côté de la Vierge sans tache, ne fut pas peu utile à l'enfant qui devait naître.

5. Le quatrième honneur de saint Jean est la joie qui éclata dans sa naissance. Rougis, Lucifer, toi qui te levais le matin, et en voyant le vain résultat des efforts que tu as tentés, comprends enfin, qu'au dernier jour tu resteras sot comme une perdrix. Tes stratagèmes ont été: cause que tous les hommes sont conçus dans le péché et naissent dans la tristesse. Mais voici que cet enfant est sanctifié dans le sein de sa mère, qu'il parait dans la joie et qu’il répand l'allégresse dans le monde au jour de sa nativité. Le genre d'armes que tu avais choisies pour ta victoire, servent au triomphe de Jean. Saisis le bouclier et les armures, livre-toi à toute ta malice, tu ne pourras détruire on privilège écrit en caractères spéciaux par une main bienveillante. Tu as été bien trompé, bien joué. Ignores tu qu’un homme guerrier dès son adolescence, et même dès le sein de sa mère, se lève contre toi? Ne sais-tu point qu'à partir de son temps « le royaume des cieux souffre violence et que ce sont les violents qui l'emportent (Matth. XI, 42). » As-tu oublié que cet enfant est envoyé « pour préparer au Seigneur un peuple parfait (Luc. I, 17) ? » Considère la suite des événements, et tu trouveras que, dés les commencements de sa conception, il a porté, dans un effort puissant, à ta force un coup qui l'a brisée. Tu as été cause que le fratricide Caïn, qui naquit le premier, sortit du sein de sa mère souillé et entouré de l'infamie du péché originel. Le monde effrayé reçut alors cette honte qui, suivant la naissance des hommes, s'est accrue sans relâche, et a formé une somme inappréciable de tristesse. Mais la nativité de Jean est une joie et une éclatante solennité. L'univers se réjouit et dans les quatre coins du monde résonne le bruit de cette glorieuse fête, célèbre et remarquable pour le ciel même. « Qui pensez-vous que sera cet enfant (Luc. I, 66)?» L'ami de l'Époux, son propre ennemi, et un adversaire plus fort que toi, Il faut considérer aussi avec quelle distinction et dévotion éclatante est célébrée cette nativité, et quelle faveur elle a pu trouver aux yeux de l'Église. L'Église ne célèbre, dans son cycle autorisé, aucune naissance humaine, si ce n'est celle du Seigneur, à l'exception de celle-ci. Elle connaît, en effet, que le jour de la mort est préférable à celui de la nativité, et que la tristesse accompagne la nativité des hommes (Eccli. VII, 2). De là vient qu'elle solennise le jour de la mort des martyrs et non celui de leur naissance : donnant cependant à leur mort le nom de naissance, car pour eux il a été leur naissance de la mort. Alors, en effet, en déposant la vie pour la vie, ils naquirent de la mort à la vie. Quant à la nativité de notre saint, l'Église l'honore d'autant plus sûrement avec une bienveillance marquée, que l'irréfragable autorité de l'Évangile en fait un éloge plus singulier.

6. Le cinquième honneur se rencontre dans le caractère tout spécial de son départ pour le désert et de la vie qu'il y mène. Encore à un âge tendre, ce bienheureux enfant fut conduit par l'Esprit dans le désert ; la faiblesse de ses années ne fut pas un obstacle, fortifiée qu'elle était par la majesté du Seigneur. Le Saint-Esprit en effet n'examine pas la différence des sexes, la fragilité du corps, le nombre des années, mais il remplit de sa bonté très-miséricordieuse qui il veut, quand il veut et comme il veut. Jean quitte le monde, il fuit les hommes, il ignore sa patrie; il dédaigne ses parents et ne fixe ses yeux que sur les sommets que la divinité habite. Etonnant changement! A son entrée dans le monde, un homme fuit la gloire ; et non-seulement il oublie, mais il ignore les cupidités du siècle et vit continuellement avec la divinité. Les solitudes des montagnes, les gorges des rochers et des forêts offrirent au Patriarche enfant, quand la nuit le pressait, une retraite et un abri. Qu'on ne m'objecte pas Jérémie, que la vertu de ce prédicateur n'attaque pas l'enfance de Jean : car si l'un est consacré pour être Prophète, celui-ci est plus que prophète, et bien que Jérémie annonce l'avenir ail peuple, il ne fuit pas les regards des hommes. Jean devançant les autres, oubliant la noblesse de son extraction, se consacre à Dieu seul, devenu un modèle de vie, le type des moines, le commencement de la règle anachorétique, le modèle de toute la vie religieuse. Voilà pour ce qui regarde son mouvement de conversion. Quelle fut la sainteté de sa vie, il n'eut pas la langue mobile, qui doit le dire, c'est l'autorité éminente de l'Évangile qui doit en être la preuve. « Jean, est-il dit, avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de peau autour de ses reins : il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage (Matth. III, 4). » « Voilà que ceux qui portent des habits délicats sont dans les maisons des rois (Matth. XI, 8). » Un habit rude, formé de poils très-hérissés, fait sentir au corps du Patriarche la rigueur de ses piquants ; une discipline étroite et plus forte que ne comporte son âge serre rigoureusement sa chair très-tendre ; un martyre continuel brise constamment ses membres faibles et inondés d'un esprit sacré. Et quelle était sa nourriture ? on ne cherche pas des perdrix, des faisans ou d'autres oiseaux : on ne cherche pas dans tous les environs pour nourrir le Patriarche : il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. La rosée, et le corps d'un très-vil animal, alimente sa vie : l'austérité de son jeûne n'admet rien qui ait été cuit. Son estomac mortifié et creusé par une macération prolongée ne connut pas la variété des mets, rien de ce qui « excite le palais » n'entra dans sa bouche. Elie mangeait de la viande et il prenait avec actions de grâces ce qu'on lui apportait. D'aucun personnage de l'ancienne loi nous ne lisons qu'il aspirât à ce haut point. Un habit rude, une nourriture modique, une âme sainte, font sans nul doute, de ce Patriarche, un modèle de perfection.

7. Le sixième honneur est la nouveauté de sa prédication. ici je réclame l'attention de votre charité, parce que la grandeur de la matière exige que je débute d'une façon plus élevée. Après le péché d'Adam et l'imposant châtiment du déluge, le ciel choisit un nombre presque infini de justes, avec qui le Seigneur s'entretenait face à face. Enoch est enlevé, Noé élu, Abraham appelé, Isaac chéri, Jacob contemple Dieu directement, Joseph est appelé le Sauveur du monde : néanmoins dans ce que Dieu leur dit ou dans ce qu'ils disent aux hommes, il n'est point question du séjour perpétuel dans le royaume céleste. Moïse est pris pour conduire le peuple Juif, il est établi le Dieu de Pharaon : le, Seigneur opère par son ministère des prodiges éclatants en Egypte, des merveilles dans la terre de Cham, des vengeances terribles dans la mer Rouge. Ce saint homme monte dans le nuage où Dieu se cachait, et on lui donne, sur la cime de la montagne, les divers préceptes de la loi : il parle avec le Très-Haut comme un homme avec son voisin: ce que Dieu opéra en secret ne fut point caché à Moïse : et le nom glorieux d'Adonaï (qui avait été dérobé à tous les autres hommes) lui est révélé: mais en tout ceci le royaume des cieux n'est point nommé, il n'en est point question. Aaron est le souverain-prêtre, il porte la verge puissante, il est oint et parfumé des grâces célestes : Josué lui succède et toute la suite des Juges se déroule après lui, on ne trouve aucune mention du royaume céleste. Le Seigneur trouva David homme selon son coeur, il t emplit Salomon son fils d'une sagesse singulière, le Saint-Esprit suscite et inspire tout le choeur des prophètes, et rien n'est annoncé relativement au royaume céleste. Elie tient le ciel fermé durant trois ans et six mois. (III. Reg. XVII. 1), Elisée rend un cadavre à la vie (IV. Reg. XIII. 21) et en tous ces événements on ne voit pas même une étincelle du bienheureux séjour. Qu'ajouter encore ? Parcourez la vocation du genre humain depuis le commencement du monde jusqu'à saint Jean-Baptiste, ni dans les paroles ni dans les actes, vous ne rencontrerez jamais la douce pensée du sanctuaire du ciel.

8. Venez donc à saint Jean et entendez la voix du transport, la voix de la nouveauté, de la joie, de la miséricorde, le discours qui annonce la gloire, la distribution de la grâce : choses que Dieu avait cachées, que l'ange    avait tues, que les patriarches avaient ignorées, que les Prophètes n'avaient point vues. « Faites pénitence, » dit-il, le « royaume des cieux est venu (Matth. III. 1). Ce mot doux et glorieux de pénitence, cette expression joyeuse et adorable du royaume des cieux, convenaient exclusivement au premier qui jeta les fondements de l'alliance nouvelle. C'est là la voix dont le très-grand contemplateur des visions célestes parle en ces termes : « Et la première voix que j'ai entendue, était comme celle des joueurs de lyres quand ils s'accompagnent de cet instrument (Apoc. XIV. 2). » Depuis les jours d'Adam jusqu'à ceux de Jean-Baptiste, notre instrument de musique n'a servi qu'à redire nos tristesses et nos larmes : abondance de péchés, absence de persistance, n'était-ce pas un double sujet de pleurs ? Tu tues? on te tuera. Tu ramasses des bois le jour du Sabbat ? on te fera lapider:  et Dieu, dont le propre est d'avoir toujours compassion et d'accorder le pardon, ne sait que frapper et punir. Le législateur avait donné aux Juifs des préceptes qui « n'étaient pas doux (Ezech. XX. 25), » et des prescriptions en lesquelles ils ne peuvent trouver la vie. C'est ce qui étonne le juste        et le fait s'écrier: « Seigneur, où sont vos miséricordes anciennes (Psal. LXXXVIII. 50)? » Venu au monde, Jean montre le remède à la blessure, la pénitence pour le péché et le pardon à l'iniquité. Voilà les premiers accents que fit retentir la voix de celui qui crie dans le désert, le cri que la tourterelle fit entendre dans notre terre (Cant. II. 12.) Dès-lors il vous mit dans la bouche un cantique nouveau, un hymne à notre Dieu ; et de notre gosier retentit l'action de grâces et le chant de la louange. La miséricorde s'élève au-dessus du jugement, les pécheurs obtiennent le pardon, la piété règne, la justice est voilée, et le Seigneur bon et miséricordieux cherche l'occasion de faire grâce et non celle de châtier. Qu'ils fassent donc retentir leurs cithares, ceux qui retiennent les écarts de la volupté, par les rigueurs de la pénitence, et qui sortant du gouffre profond  de l'iniquité, Pharaon englouti, chantent, dans les voies du Seigneur que bien grande est la gloire du Très-Haut.

9. Le septième honneur consiste dans la dignité qui rehausse son baptême. Humilité prodigieusement singulière! « Le Verbe se fit chair, et sortant à l'âge d'homme parfait, laissant de côté tous les autres hommes, il cherche Jean, il veut Jean, il vient à Jean, lui qui est un Dieu terrible dans ses desseins sur les enfants des hommes: et portant tout parla parole de sa puissance (Hebr. I. 3), opérant la purification des péchés, il se dirigea de la Galilée aux bords du Jourdain, vers Jean pour être baptisé de ses mains. Jean est saisi de stupeur et agité de crainte, une frayeur infinie s'empare de ce patriarche. « C'est moi, dit-il, qui dois recevoir de vous le baptême, et vous venez me le demander (Matth. III. 14) ? » Le Sauveur lui réplique : « Laissez faire, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice. » Ils acquiescent l'un et l'autre à de salutaires avis ; et Jean se prépare à baptiser, à recevoir le Seigneur, le Roi des anges. Le Roi de gloire, la splendeur de la lumière, la figure de la substance de Dieu, se dépouille de ses vêtements. La main du précurseur touche cette chair prise de la Vierge, qui se découvre dans les flots purs et rapides du fleuve dont le bienheureux Baptiste versera les eaux sur la tête du Sauveur. Les anges descendent et toute l'armée des cieux accourt avec respect vers son créateur. Ces esprits dominateurs et élevés entourent celui qui a reçu le Baptême et celui qui le lui a conféré. Une noble créature verse l'eau sur la tête du Créateur , et la main droite d'un mortel touche le chef d'un Dieu. Le ciel est saisi, la terre est dans la stupeur, le Jourdain sourit de joie, les anges admirent le Seigneur des armées placé sous les mains de celui qui le baptise. Qu'est-ce, ô Jean ? Vous osez toucher dans son corps nu, celui que les chérubins et séraphins osent à peine regarder? C'est celui sur lequel les anges désirent fixer leurs regards, celui en l'honneur de qui les choeurs de la cité bienheureuse du paradis, dans une sublime harmonie, chantent le triple « Sanctus, » celui qui habite une lumière inaccessible, le Seigneur des vertus, le Dieu des sciences, le Père des miséricordes, et vous n'avez point peur ? On vous a donné ce qui a été refusé à tout le monde, de baptiser celui qui baptise tous les hommes dans le Saint-Esprit et le feu, et de faire couler de vos mains virginales l'eau sur celui qui vierge est né d'une Vierge. Je suis entièrement saisi de stupeur, je vénère celui qui baptise et l'Homme Dieu, j'admire le maître qui s'abaisse, je redoute sa bonté et je vois l'homme faire violence au ciel même. Qu'y a-t-il en tout ceci, sinon que par ce Baptême la loi judaïque trouve son terme, la prophétie s'arrête, et tous les sacrifices si nombreux sont détruits et repoussés. Ici commence et s'établit la purification stable et durable de la nouvelle régénération, et les figures légales, en disparaissant, se changent et prennent la forme d'un unique Baptême. Par l'ablution de l'eau et le renouvellement de l'âme, est enseveli l'amas sanglant des boucs et des veaux immolés dans l'ancien temple; nous laissons ces rites aux Juifs, ayant sous les yeux cette parole de David : « Vous n'avez pas demandé l'holocauste et l'hostie pour le péché (Psal. XXXIX. 7.)

10. Le huitième, c'est la première révélation de la Trinité. Depuis la création du ciel et de la terre jusqu'à ce moment, jamais la Trinité ne s'est montrée manifestement aux hommes : mais le mystère éternel d'une clarté si éblouissante fut enveloppé symboliquement dans des faits ou dans des paroles. Le Créateur de tout, ajoutant à la formation de l'homme une souveraine dignité, s'écria : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance (Gen. I, 26). » Privilège vraiment honorable que n'a reçu aucune autre créature! On crée les phalanges nombreuses ses anges, on règle avec ordre tous les éléments combinés entre eux ; mais le Tout-Puissant se contente de regarder en silence ce grand oeuvre qui se déroule sous ses yeux. Mais quand il s'agit de l'homme, lorsque Dieu s'apprête à donner l'être à cette aimable créature, la Trinité tout entière se dispose à se mettre à l'oeuvre, et la sagesse tient conseil afin que la dignité que le Créateur, par un privilège particulier accordé à sa créature, soit rendue bien éclatante. (Cependant en cette circonstance les paroles de la majesté divine n'eurent ;pas assez de clarté, puisque quelques auteurs les mettent dans la bouche des anges obéissants auxquels ils les attribuent. Que si ce sentiment est moins recevable, en cet oracle on indique la pluralité sans marquer les noms des personnes qui établissent la différence.) Abraham vit trois personnages et en adora un (Gent. XVIII, 2) : mais en ce lieu, l'autorité vénérable de l'Écriture s'exprime tantôt en général, tantôt en employant une distinction; elle parle « du Seigneur, » là de « trois personnages. (Cependant les Juifs trouvent en cet endroit grande matière à difficulté : ils assurent qu'il s'agit de trois anges envoyés par le Seigneur : un pour prédire la naissance d'Isaac , les deux autres pour détruire Sodome : quant à celui avec lequel converse le saint Patriarche, lui adressant ces paroles, « Seigneur, si j'ai trouvé grâce à vos yeux, » ils rêvent que, dans un esprit prophétique, il était venu annoncer la naissance d'Isaac. Abraham l'adore comme Bethsabé adora le roi David, et par égard pour lui, il prodigue à ses compagnons ses soins assidus et empressés. De là vient que l'on ne parle que de deux anges dans la destruction des villes coupables; le principal, celui qui avait préparé avec une dévotion fidèle la naissance d'Isaac, étant retourné au ciel. Trois en effet ordonnent d'appeler Sara, mais un seul révèle le secret de la promesse inespérée de cette naissance. Voilà la manière de voir des Juifs, qui aiment mieux conserver leurs coutumes qu'embrasser la foi.) Mais pour conclure en peu de mots, toute cette assemblée des patriarches ou des prophètes n'a point fait, soit en paroles soit en actions, une mention expresse du Père, du Fils et du Saint Esprit. Venez donc et considérez le fils de Zacharie touchant de ses mains l'Homme-Dieu, et voyez que les cieux s'ouvrent en cette circonstance, que le Saint-Esprit descend sous une forme sensible comme une colombe et que la voix du Père est entendue : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé (Matth. XVII, 5). » Vous voyez qu'à l'apparition de ces noms nouveaux les palais des cieux s'ouvrent, le Père fait entendre sa voix, le Fils est baptisé dans le Jourdain, le Saint Esprit se montre sous forme de colombe. Jean se trouve au milieu de toute la Trinité, et les trois dénominations claires, données aux personnages de la substance divine, indiquent qu'elles ont entouré le glorieux personnage : et le nom de la Trinité, cadré dans les siècles précédents, éclate sans aucune ombre. Seigneur, quel est cet homme à qui vous vous êtes révélé de cette manière ?

11. Le neuvième honneur, c'est le témoignage que lui rend la Vérité elle-même. Écoutez ce qu'elle dit : « Jean, ayant appris dans les fers les oeuvres de Jésus-Christ, lui envoya deux disciples (Matth. XI, 1), » et il leur fut répondu : « les aveugles voient » et le reste que rapporte avec étendue le récit évangélique. Quand ces envoyés se retirèrent (pour que leur présence ne parût point inspirer d’adulation) Jésus se rait à dire de Jean : « Qu'êtes-vous allé voir au désert? Un roseau agité par le vent? » O admirable témoignage du Rédempteur! Qui, entré dans le monde, n'a pas connu le monde en quelque manière ? Quel est, en effet, celui qu'une félicité semblable au vent, qu'une adversité troublée, ou que le souffle plus léger du péché n'a pas agité Le Sauveur ajoute à la fin que Jean-Baptiste est plus élevé que la terre, qu'il monte par dessus les cieux et qu'il arrive an faite de la dignité des anges. « Parmi ceux qui sont nés des femmes, » dit le Seigneur, « il n'en a point paru de plus grand due Jean-Baptiste (Matth. XI, 11). » Que voulez-vous de plus ? D'aucun autre personnage, dit saint Augustin, on n'a pu affirmer ce qui a été prononcé de saint Jean. Ne m'opposez pas l'Évangéliste chéri plus que tous les autres disciples, ni Pierre, préféré à tous les autres apôtres, ni le vase d'élection, ravi jusqu'au troisième ciel ; que la splendeur de la dignité apostolique n'ose pas    lutter contre le précurseur : tous les apôtres, en effet, avaient franchi les limites de l'adolescence, lorsque la Vérité a prononcé cet oracle : « parmi ceux qui sont nés, » etc. Considérez les demeures du royaume, parcourez toute la série des générations humaines, vous trouverez que saint Jean-Baptiste seul est préféré ou égalé aux Pères de l'ancien et du nouveau Testament : Cependant au dessus de tout, est notre Dieu béni.

12. Le dixième honneur est l'assurance de la sainte Église notre mère. Le bord de son manteau est orné, le parfum est répandu sur sa tète et inonde sans relâche l'extrémité de son vêtement. Car l'Eglise de Rome, la mère et la maîtresse de toutes les Eglises, à qui il a été dit : « J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point (Luc. XXII, 32), » a été marquée et consacrée au Sauveur et ensuite à saint Jean. Il était digne, eu effet, que, l'autorité de l'Épouse se conformât à la sentence de l'Époux et qu'elle plaçât l'ami singulier du Sauveur là où elle avait établi sa principauté. C'est un choix vraiment remarquable,  que même dans la ville de Rome, saint Jean possède la principale Eglise, en cette cité que les deux luminaires du ciel ont consacrée de leur glorieux martyre. Pierre est crucifié, Paul décapité, et l'honneur reste au Précurseur. Rome est empourprée du sang des martyrs et toute la gloire reste à ce glorieux Patriarche. Jean est partout plus grand, il est incomparable en toutes choses, admirable par dessus tous les autres. Qui a été annoncé avec tant de gloire ? qui a été aussi spécialement rempli du Saint-Esprit dans le sein de sa mère. Qui a tressailli comme lui dans cette position ? De quel autre saint l'Église célèbre-t-elle la Nativité? Qui a aimé comme lui le désert? qui a mené une vie sainte comme la sienne ? qui a prêché avant lui la pénitence et le royaume des cieux? qui a baptisé le roi de gloire? à qui la Trinité s'est-elle manifestée avant lui? à qui la vérité a-t-elle rendu un hommage si éclatant? Quel personnage l'Église a-t-elle honoré autant que lui? Voyez si tous ces privilèges ne lui sont pas tellement propres qu'aucun mortel n'en peut désirer de semblables? Vous allez peut-être m'objecter que ce saint possède ces distinctions particulières de telle manière qu'il n'a point les qualités communes aux autres saints. Ecoutez donc, Jean est patriarche, et qui plus est, le dernier et le chef des patriarches. Jean est prophète et plus que prophète, parce qu'il montra du doigt celui dont il annonça la venue. Jean est un ange, mais choisi parmi les anges, d'après le témoignage du Sauveur qui prononce ces paroles « Voici que j'envoie mon ange qui préparera ma voie devant ma face (Matth. XI, 10). » Jean est apôtre, mais le premier et le principal des apôtres, lui qui fut le premier homme envoyé de Dieu. Jean est évangéliste, mais le premier qui a inculqué l'Evangile, prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Jean est vierge, bien plus, un modèle insigne de virginité, le type de la pudeur, l'exemplaire de la chasteté. Jean est martyr, mais la lumière des martyrs, forme du martyre brillant entre la naissance et la mort de Jésus-Christ. J'omets de dire qu'il fut la voix de celui qui criait dans le désert, le héraut du Verbe, le précurseur du juge. Je ne dis pas non plus que, jusque à lui, la loi et les prophètes prophétisèrent, qu'il est Elie, une lumière ardente et luisante, l'ami de l'Époux et celui qui a contribué à l'établissement du règne de l'Épouse. Je passe sous silence qu'il a été placé au milieu des neuf choeurs des anges, qu'il est même au plus haut des rangs des séraphins. Mais ceci serait si difficile à expliquer, que la pauvreté de nos idées n'y peut suffire. Que ce que nous avons dit des louanges de Jean suffise pour la gloire du Rédempteur qui est béni dans tous les siècles. Amen.

 

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