CHAPITRE V

COMMENT, A BRUXELLES, IL RÉFUTA UNE HÉRÉSIE CACHÉE ET
L'HÉRÉSIARQUE ELLE-MÊME, FEMME D'UN NOM ILLUSTRE.


    Dans le même temps où le prêtre, homme de Dieu, vivait dans le siècle, parut une femme auteur et défenseur d'un dogme exécrable. Elle était en telle estime auprès d'un grand nombre, qu'ils croyaient, que lorsqu'elle s'avançait pour recevoir l'adorable Sacrement du corps du Seigneur, elle marchait entre deux Séraphins.

    Elle écrivait beaucoup de choses sur l'esprit de liberté et l'exécrable amour vénérien, et comme elle était remplie de l'esprit impur et satanique, elle n'avait rien de commun avec les Séraphins ; malgré cela, les sectateurs de son opinion la recherchaient beaucoup, parce qu'elle avait inventé une nouvelle doctrine. L'homme de Dieu, ayant pitié de son erreur, s'opposa aussitôt à ce dogme néfaste; et, bien qu'il eût à soutenir un grand nombre d'adversaires, cependant il put démontrer pleinement la fausseté des écrits de cette femme perverse. Ce qui, dans un homme simple et peu lettré, pourrait certes paraître extraordinaire, s'il n'avait été, ce qui est certain, illuminé intérieurement d'une grâce singulière du Saint-Esprit ; à tel point, que cette erreur qui pouvait à peine être remarquée par les plus doctes, fut, non seulement reprise, mais encore réfutée par lui, nullement effrayé des embuches de la partie adverse, ni abattu par la fausseté et le déguisement de ce dogme. Et cependant, il y en eut qui prétendirent que cet homme très saint était tombé dans cette erreur ; mais ses écrits témoignent abondamment combien il était pleinement éloigné de cette opinion.