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L'ORNEMENT DES NOCES SPIRITUELLES

LIVRE II



LA VIE INTÉRIEURE


PROLOGUE

     La vierge prudente, c'est-à-dire l'âme pure qui a abandonné les choses de la terre et vit pour Dieu dans l'exercice des vertus, porte dans le vase de son cœur l'huile de la charité et des œuvres divines, et sa lampe est une conscience sans tache. Mais lorsque le Christ, qui est l'Époux, tarde à répandre ses consolations et à renou-veler ses dons, l'âme devient somnolente, endormie et inerte.

     Au milieu de la nuit, lorsqu'on y pense et y compte le moins, il se fait une clameur spirituelle dans l'âme : Voyez, l'Époux vient : sortez à sa rencontre. C'est de cette vue, d'une venue intérieure de l'Époux, et de la sortie spirituelle de l'homme à la rencontre du Christ, que nous voulons parler ici. Et ces divers points, nous les entendrons et expliquerons d'un exercice intérieur affectif, que beaucoup peuvent atteindre grâce à la pratique des vertus morales et au zèle intérieur.

     Le Christ, par ses paroles, nous enseigne quatre choses. Tout d'abord il veut que notre intelligence brille d'une clarté surnaturelle : et c'est ce que nous comprenons par le mot Voyez. Puis, en second lieu, il nous montre ce que nous devons voir, c'est-à-dire la venue intérieure de notre Époux d'éternelle vérité ; et c'est pourquoi il dit : l'Époux vient. En troisième lieu il nous commande de sortir en accomplissant, comme il le faut, des pratiques intérieures, et il nous dit : sortez. Enfin il nous fait voir le terme et la raison de toute l’œuvre en la rencontre du Christ, notre Époux, et l'union de jouissance avec la divinité.


CHAPITRE PREMIER.

COMMENT L'ON VOIT D'UNE MANIÈRE SURNATURELLE.

     Le Christ dit donc tout d'abord: Voyez. Or, quiconque veut voir surnaturellement, dans la vie intérieure, doit de toute nécessité posséder trois choses (1). La première est une lumière de grâce divine, supérieure à ce que l'on peut expérimenter dans la vie extérieure et active, à qui manque le zèle intérieur. La seconde est un dépouillement d'images étrangères et d'occupations du cœur, qui rend l'homme libre, dégagé quant à l'imagination, sans attache ni souci d'aucune créature. La troisième enfin est une libre conversion de la volonté, qui, unissant les puissances corporelles et spirituelles, et délivrée de tout lien irrégulier, s'écoule en l'unité de Dieu et en celle de l'esprit, afin que la créature raisonnable puisse atteindre et posséder surnaturellement la sublime unité divine. C'est dans ce but que Dieu a créé le ciel et la terre, et toutes choses ; dans ce but aussi qu'il s'est fait homme, nous a instruits et nous a consacré sa vie, se constituant enfin lui-même la voie qui mène à cette unité. Puis il est mort, enchaîné par l'amour, il est monté au ciel et il nous a ouvert l'accès à cette même unité où nous pourrons posséder l'éternelle béatitude.


CHAPITRE II.

D'UNE TRIPLE UNITÉ QUI EST EN NOUS.

     Remarquez maintenant avec soin que chez tous les hommes se rencontre, de par la nature même, une triple unité qui, chez les justes, est de plus surnaturelle.

     La première et la plus haute unité de l'homme est en Dieu (2) ; car toutes les créatures sont attachées à cette unité divine, quant à l'essence, à la vie et à la conservation ; et si, sous ce rapport, elles se séparaient de Dieu, elles tomberaient à rien et deviendraient néant. L'unité dont nous parlons est essentiellement en nous par nature, que nous soyons bons ou mauvais. Et sans notre coopération elle ne nous rend ni saints ni bienheureux. Nous possédons cette unité en nous-mêmes, et néanmoins au-dessus de nous-mêmes, comme le principe et le soutien de notre être et de notre vie.

     Une seconde union, ou, si l'on veut, unité, existe encore en nous par nature. C'est l'unité des puissances supérieures constituée par le fait que celles-ci tirent leur origine naturelle, au point de vue de leur activité, de l'unité même de l'esprit. Il s'agit toujours d'ailleurs de cette même unité que nous possédons en Dieu ; mais on la prend ici au point de vue actif, au lieu de l'envisager au point de vue essentiel (3). Et l'esprit est tout entier dans l'une et l'autre unité, dans la totalité de sa substance. Cette seconde unité, nous la possédons en nous-mêmes, au-dessus de la partie sensible ; et d'elle procèdent la mémoire, l'intelligence, la volonté et toute possibilité d'activité spirituelle. Ici l'âme porte le nom d'esprit.

     La troisième unité, qui est en nous par nature, est le domaine des puissances inférieures, ayant leur siège dans le cœur comme principe et source de la vie animale. C'est dans le corps, et particulièrement dans l'activité du cœur, que l'âme possède cette unité, d'où s'écoulent toutes les opérations du corps et des cinq sens. Elle porte alors à proprement parler son nom d'âme, car elle est la forme du corps qu'elle anime, c'est-à-dire fait vivre et maintient vivant.

     Ces trois unités qui sont en l'homme par nature constituent une seule vie et un seul royaume. Dans l'unité inférieure, il est sensible et animal ; dans la moyenne, il est raisonnable et spirituel ; dans la plus élevée, il est maintenu en son essence. Et ceci est naturel à tous les hommes.

     Or, ces trois unités, ainsi qu'un royaume et une demeure éternelle, sont surnaturellement ornées et prises en possession par les vertus morales jointes à la charité, dans la vie active. Elles sont mieux ornées encore et plus noblement prises en possession par des exercices intérieurs pratiqués en vue d'une vie spirituelle (4). Mais l'ornement le plus digne et le plus heureux leur est donné dans une vie contemplative surnaturelle (5).

     L'unité inférieure qui est dans le corps est ornée et possédée surnaturellement par les pratiques extérieures accomplies parfaitement selon les vertus morales, à l'exemple du Christ et de ses saints. On y doit porter la croix avec le Christ et tenir la nature sous le joug, selon les commandements de la sainte Église et les enseignements des saints, autant qu'on le peut discrètement.

     La seconde unité, qui réside dans l'esprit et est toute spirituelle, est ornée et possédée surnaturellement par les trois vertus théologales de foi, d'espérance et de charité. L'influx de la grâce et des dons divins s'y répand, avec une bonne volonté à pratiquer toutes les vertus, à l'exemple du Christ et de la sainte chrétienté.

     La troisième unité qui est la plus élevée et qui dépasse notre compréhension, bien qu'essentiellement en nous, est possédée surnaturellement, lorsque, dans toutes nos œuvres vertueuses, notre intention poursuit la louange et l'honneur de Dieu, et lorsque nous prenons en lui le repos, au-dessus de toute intention, au-dessus de nous-mêmes et de toutes choses. C'est là l'unité d'où nous sommes partis comme êtres créés, tout en y demeurant par notre essence, et nous y retournons par la charité.

     Telles sont les vertus qui, dans la vie active, forment la parure des trois unités dont nous avons parlé.

     Il nous faut dire maintenant comment ces trois unités sont ornées plus dignement et possédées d'une manière plus noble au moyen d'exercices intimes ajoutés à la vie active (6). Lorsque, par charité et intention droite, l'homme se voue, en tous ses actes et en toute sa vie, à l'honneur et à la louange de Dieu, et que par-dessus tout il cherche en Dieu son repos, il sera facilement disposé à attendre humblement, patiemment, avec abandon de soi-même et une confiance assurée, de nouveaux trésors et des largesses plus abondantes, sans s'inquiéter d'ailleurs jamais si Dieu répand ses dons ou les retient.

     Ainsi se créent une aptitude et une capacité à recevoir le don de vie intérieure affective. Lorsque le vase est prêt, on y verse la liqueur précieuse, et il n'est pas de vase plus noble que l'âme aimante, ni de liqueur plus précieuse que la grâce de Dieu. Voici donc une âme qui voue à Dieu tous ses actes et toute sa vie, avec intention simple et toute droite, et qui, au-dessus de toute intention, au-dessus de soi-même et de toutes choses, prend son repos en cette haute unité, où Dieu et l'esprit aimant sont unis sans intermédiaire.


CHAPITRE III.

DE L'INFLUX DE LA GRÂCE DE DIEU EN NOTRE ESPRIT.


     De cette unité, où l'esprit est uni à Dieu sans intermédiaire, s'écoulent la grâce et tous les dons. Et c'est du sein de cette même unité, où l'esprit se repose en Dieu au-dessus de soi-même, que le Christ, la vérité éternelle, fait entendre sa voix : Voyez, dit-il, l'Époux vient ; sortez à sa rencontre.

     Et tout d'abord le Christ, la lumière d'éternelle vérité, dit : Voyez, car c'est par lui qu'il nous est donné de voir. Il est, en effet, la lumière du Père, et hors de lui il n'y a de lumière ni au ciel ni sur la terre. Or, la parole du Christ en nous n'est autre chose qu'un influx de sa lumière et de sa grâce. Et cette grâce nous est conférée en l'unité de nos puissances supérieures et de notre esprit, unité d'où ces mêmes puissances, sous la poussée de la grâce, s'écoulent en activité pour produire toutes vertus, et où elles reviennent, attirées par les liens de l'amour.

     En cette unité gisent l'efficacité, le point de départ et la fin de toutes œuvres créées, tant naturelles que surnaturelles, en tant que ces œuvres sont accomplies selon le mode créé, avec l'aide de la grâce et des dons divins, et par le propre pouvoir de la créature. C'est pourquoi Dieu donne sa grâce en l'unité des puissances supérieures, afin que l'homme puisse toujours agir d'une façon vertueuse sous l'influence, l'abondance et la poussée de la grâce ; car la grâce est conférée pour l'action, et, au-dessus de toute grâce, Dieu se donne lui-même pour notre jouissance et notre repos. Ainsi l'unité de notre esprit est pour nous une demeure où règnent la paix divine et l'abondance de la charité ; et toute multiplicité de vertus se concentre là pour y vivre dans la simplicité de l'esprit. Or, la grâce de Dieu qui s'écoule de Dieu même est une motion intérieure et une influence de l'Esprit-Saint, qui agit sur notre esprit à l'intérieur et le porte à la vertu. Cette grâce se répand de l'intérieur et non pas de l'extérieur ; car Dieu nous est plus intime que nous ne le sommes à nous-mêmes, et sa motion ou influence intérieure, tant naturelle que surnaturelle, nous est plus proche et plus immédiate que notre propre opération. Ainsi Dieu agit-il en nous de l'intérieur vers l'extérieur, tandis que toutes les créatures agissent sur nous de l'extérieur vers l'intérieur. C'est ce qui nous explique pourquoi la grâce et tous les dons divins, ainsi que la voix intime de Dieu, surgissent de l'intérieur dans l'unité de notre esprit, et non pas de l'extérieur dans notre imagination, sous des formes sensibles.


CHAPITRE IV.

DES TROIS CHOSES NÉCESSAIRES POUR VOIR
SURNATURELLEMENT.

     Lorsque l'homme se recueille en lui-même le Christ lui dit en esprit : Voyez. Or, comme je l'ai montré plus haut, trois choses sont nécessaires pour que l'on puisse voir dans les exercices intimes. La première est l'illumination de la grâce divine. La grâce de Dieu dans l'âme, en effet, est comparable à la cire allumée dans un fanal ou un vase de verre ; car elle illumine, inonde et pénètre de sa clarté le cristal, qui est l'homme juste, et elle se révèle à celui qui la possède, pourvu qu'il soit attentif intérieurement à s'observer lui-même. Elle est aperçue aussi des autres hommes comme à travers celui qui en est doué, par les vertus et les bons exemples qui paraissent en lui. Enfin l'irradiation de la grâce divine touche et meut subitement l'homme intérieur par le dedans, et cette motion rapide est le premier facteur de notre vue surnaturelle.

     De cette motion rapide naît le second facteur, qui vient de l'homme : c'est un enchaînement, par les liens de l'amour, de toutes les puissances soit intérieures soit extérieures, dans l'unité de l'esprit.

     Le troisième enfin est la liberté acquise par l'homme de rentrer en lui-même, sans être gêné par aucune image ni autre obstacle, aussi souvent qu'il le veut et qu'il pense à son Dieu. En d'autres termes, il est libre de soucis à l'égard de joie et de peine, de gain et de perte, d'honneur et d'abaissement, de toutes préoccupations étrangères, de contentement et de crainte, affranchi qu'il est de toutes créatures.

     Ces trois facteurs permettent à l'homme de voir spirituellement, au moyen des exercices intimes. Si vous les possédez, vous avez déjà un fondement et un point de départ pour la vie intérieure.


CHAPITRE V.

DE LA PREMIÈRE VENUE DU SEIGNEUR EN L'HOMME
INTÉRIEUR.

     Alors même que les yeux sont clairs et la vue subtile, si l'objet aimable et gracieux fait défaut, cela ne suffit point pour voir et ne sert de rien ou à peu près. Aussi le Christ veut-il montrer aux yeux éclairés de l'intelligence l'objet qu'elle doit contempler, c'est-à-dire son Époux qui vient en elle intérieurement.

     On rencontre chez les hommes adonnés dévotement à la vie intérieure trois manières particulières selon lesquelles Dieu se présente à l'âme, et chacune de ces venues l'élève à un degré supérieur et à des exercices plus intimes.

     En la première le Christ excite et stimule l'homme à l'intérieur d'une manière sensible, et il l'attire en haut, vers le ciel, avec toutes ses puissances, réclamant de lui l'unité avec Dieu. Cette impulsion et cette attraction se font sentir dans le cœur et dans l'unité des puissances inférieures, spécialement dans la puissance affective. Car la première venue du Christ exerce son influence et son action sur la partie inférieure de l'homme, afin qu'elle soit pleinement purifiée, relevée, enflammée et entraînée vers l'intérieur. Cette impulsion intime de Dieu répand des dons ou les retranche, enrichit ou appauvrit, réjouit ou désole, excite l'espoir ou laisse dans l'abandon, réchauffe ou glace. Et tous ces dons ou influences contraires défient toute expression en langue quelconque (7).

     La venue dont nous parlons, avec les exercices qui s'y rapportent, se divise en quatre modes toujours plus élevés, ainsi que nous le montrerons plus tard. Et c'est l'ornement de la partie inférieure de l'homme, dans la vie intérieure.


CHAPITRE VI.

DE LA SECONDE VENUE DU SEIGNEUR EN L'HOMME INTÉRIEUR.

     Le second mode selon lequel le Christ se présente intimement est d'un ordre plus élevé et qui imprime davantage sa ressemblance en même temps qu'il s'accompagne de dons plus magnifiques et de clarté plus grande. C'est un influx, en les puissances supérieures de l'âme, de la richesse des dons divins, ayant pour effet d'affermir, d'illuminer et d'enrichir l'esprit de maintes façons. Cet influx divin en nous réclame de notre part une sortie de nous-mêmes et un retour, avec toute la richesse qui nous a été départie, vers le fond même d'où elle s'est écoulée. Dieu, en ce même influx, répand et manifeste des dons merveilleux, mais il exige que l'âme lui rende au centuple tous ses dons et bien au delà de ce que la créature peut faire. Cette pratique et ce mode sont de nature plus noble et ressemblent plus à Dieu que les premiers, et là se trouve l'ornement des trois puissances supérieures de l'âme (8).


CHAPITRE VII.

DE LA TROISIÈME VENUE DU SEIGNEUR.

     Le troisième mode de la venue intime du Seigneur en nous consiste en une motion ou touche intérieure, qui se fait dans l'unité de l'esprit, domaine des puissances supérieures de l'âme et source d'où elles s'écoulent, pour y revenir sans cesse, et demeurer là unies, le tout par le moyen du lien d'amour et de l'unité naturelle de l'esprit. La venue dont nous parlons élève l'âme au degré le plus intime et le plus haut de la vie intérieure, et l'unité de l'esprit en est ornée de mille façons.

     Mais à chacune de ces venues, le Christ réclame une sortie particulière de nous-mêmes, ainsi qu'une vie conforme au mode de sa venue. Aussi dit-il chaque fois en esprit dans notre cœur : « Sortez, et que votre vie s'exerce à pratiquer ce que ma grâce et mes dons vous inspirent. »

     Car si l'Esprit de Dieu nous poursuit, nous pousse, flous attire, se répand et agit en nous, nous devons en retour sortir de nous-mêmes et nous appliquer à des exercices intérieurs, afin de devenir parfaits. Car contrarier l'Esprit de Dieu par une vie peu conforme à ses inspirations, ce serait se priver de sa motion intime et perdre ainsi l'aptitude à la vertu.

     Telles sont les trois venues du Christ qui invitent à la pratique de la vie intérieure. Il nous faut maintenant expliquer et analyser chacune d'elles en particulier. Aussi doit-on y prêter attention avec un zèle empressé ; car qui n'a jamais goûté ces choses ne peut les comprendre aisément.


CHAPITRE VIII.

DU PREMIER MODE EN LA PREMIÈRE VENUE.

     La première venue du Christ, dans la pratique de la vie affective, consiste, comme nous l'avons dit, en une impulsion intérieure et sensible de l'Esprit-Saint, qui nous excite et nous entraîne vers toutes les vertus. Or cette venue se peut comparer à l'éclat et à la puissance du soleil, qui, en un instant, du point où il se lève, éclaire, baigne de ses rayons et réchauffe le monde tout entier. De même le soleil éternel, qui est le Christ, répand du sommet de l'esprit où il demeure ses rayons et sa clarté ; il illumine et enflamme la partie inférieure de l'homme, c'est-à-dire son cœur et ses puissances sensibles, et cela en un instant plus court qu'un clin d'œil, car l'œuvre de Dieu est rapide, mais celui qui désire en faire l'expérience doit avoir les yeux de l'intelligence aptes à la vue intérieure.

     Le soleil qui brille sur les hautes terres, au centre, contre les montagnes, y fait naître un été précoce qui produit beaucoup de bons fruits, donne des vins puissants et remplit la terre de joie (9). Dans les terres basses, vers les extrémités du monde, le soleil répand aussi ses rayons, mais le pays est plus froid et la force de la chaleur est moindre. Il y pousse néanmoins de bons fruits en grand nombre, mais le vin y est rare.

     De même lorsqu'on habite encore la partie inférieure de soi-même et la région de la sensibilité, tout en pratiquant avec de bonnes intentions et avec la grâce de Dieu les vertus morales et les œuvres extérieures, l'on donne beaucoup de fruits excellents de vertus, mais le vin des joies intérieures et des consolations spirituelles est plus rare.

     Aussi qui veut jouir du plein rayonnement du soleil éternel, qui est le Christ en personne, doit avoir les yeux ouverts et habiter sur les sommets, dans la partie haute, en rassemblant toutes ses puissances et en élevant vers Dieu un cœur libre et affranchi des soucis que causent la joie ou la peine, et toute créature. Là, dans ce cœur libre et élevé, resplendit le Christ, vrai soleil de justice, et ce sont les sommets dont je veux parler. Le Christ, en effet, soleil glorieux et clarté divine, éclaire, baigne de ses rayons et embrase par sa venue intérieure et la vertu de son Esprit, le cœur libre et toutes les puissances de l'âme. Et c'est la première œuvre de cette venue intérieure dans la pratique de la vie affective. Comme la vertu et l'efficacité du feu sont d'embraser tout ce qui est apte à brûler, de même le Christ embrase par l'ardeur brûlante de sa venue intérieure les cœurs libres et élevés qui y sont disposés, et en cette venue il dit « Sortez, en pratiquant ce qui convient à ce mode d'avènement. »


CHAPITRE IX.

DE L'UNITÉ DU CŒUR (10).


     L'ardeur brûlante dont nous venons de parler fait naître l'unité du cœur, que nous ne pouvons acquérir que si l'Esprit de Dieu enflamme ce cœur de ses feux. Car c'est le propre du feu d'unifier et de se rendre semblable tout ce qu'il peut saisir et transformer.

     L'unité consiste pour l'homme à se sentir rassemblé intérieurement avec toutes ses puissances, dans la demeure de son cœur. Elle donne paix intérieure et repos du cœur, et c'est un lien qui rassemble et enveloppe corps et âme, cœur et sens, et toutes les puissances sensibles et spirituelles dans l'unité d'amour.


CHAPITRE X.

DU RECUEILLEMENT.


     L'unité du cœur à son tour donne naissance au recueillement, dont nul ne peut être doué s'il n'est en lui-même rassemblé en un. Ce recueillement consiste à se tourner intérieurement vers son propre cœur, afin de pouvoir comprendre et sentir l'opération et le langage intimes de Dieu. C'est comme un feu sensible d'amour, allumé et attisé par l'Esprit de Dieu à l'intérieur, sans que l'on sache d'où cela vient ni ce que c'est.


CHAPITRE XI.

DE L'AMOUR RESSENTI.


     Doué de recueillement, l'homme ressent au cœur un amour qui le pénètre et atteint la puissance affective de son âme. On ne peut goûter, en effet, cet amour et cette affection du cœur sans être recueilli intimement dans l'âme.

     Or cet amour d'affection que l'on ressent ainsi est un désir ardent et un goût très vif de Dieu, comme d'un bien éternel qui résume tout bien. Il fait renoncer à toute complaisance prise dans la créature, mais non aux services qu'elle peut rendre. L'affection intérieure, en effet, se sent touchée intimement par l'amour éternel, qui sans cesse doit être cultivé, et elle abandonne et méprise faci-lement toutes choses, afin de pouvoir gagner ce qu'elle aime.


CHAPITRE XII.

DE LA DÉVOTION.


     L'amour ainsi ressenti fait naître la dévotion pour Dieu et pour son honneur. Car nul ne peut avoir au cœur ce sentiment de dévotion affective sans avoir éprouvé envers Dieu l'amour d'affection dont on vient de parler. La dévotion existe lorsque le feu de cet amour fait monter vers le ciel sa flamme ardente. Elle meut alors et excite l'homme au service de Dieu ; elle fait fleurir en notre corps et en notre âme l'honneur et la révérence devant Dieu et devant tous les hommes, et Dieu la réclame de nous dans tout le service que nous lui devons. La dévotion nous purifie tout entiers de tout ce qui pourrait être pour nous une entrave ou une gêne, et elle nous met au droit chemin qui mène à la béatitude.



CHAPITRE XIII.

DE L'ACTION DE GRÂCES.


     De la dévotion intime naît l'action de grâces, nul n'étant plus apte à remercier et à louer Dieu que l'homme intimement dévoué. C'est en toute justice que nous devons à Dieu louange et action de grâces, car c'est lui qui nous a faits créatures intelligentes, et qui a disposé et ordonné pour flous servir le ciel, la terre et les anges eux-mêmes. Puis il s'est fait homme à cause de nos péchés et il nous a donné son enseignement, sa vie et ses exemples. Revêtu d'une humble forme, il s'est mis à notre service, a souffert pour nous la mort ignominieuse, prêt à nous donner en récompense la possession de lui-même et de son royaume éternel. Oublieux de nos péchés, il nous a épargnés, nous a souvent pardonnés et nous pardonne encore ; il a répandu en notre âme sa grâce et son amour, et il veut faire son éternelle habitation et demeure en nous et avec nous. Chaque jour de notre vie il daigne nous visiter par ses augustes sacrements, pour répondre à tous nos besoins. Il nous a légué son corps et son sang comme une nourriture et un breuvage, qui s'adaptent à l'appétit et à l'affection de chacun. Dans la nature, dans les Écritures et dans tout ce qui est créé, il a voulu disposer comme un exemplaire et un miroir, où nous puissions contempler et apprendre la manière de tourner toutes nos œuvres en vertus. La santé, la force, l'énergie sont ses largesses, comme aussi parfois la maladie envoyée pour notre bien, la misère à l'extérieur en même temps que la paix et le repos à l'intérieur ; et de lui enfin nous tenons notre nom de chrétiens, comme notre origine chrétienne. De tout cela il nous faut rendre grâces à Dieu dès ici-bas, afin que nous puissions le faire là-haut éternellement.

     Mais nous devons aussi louer Dieu de tout notre pouvoir, et cela consiste à rendre honneur, révérence et vénération à la toute-puissance divine, par la vie tout entière. Louer Dieu est l’œuvre propre par excellence des anges et des saints dans le ciel, ainsi que des hommes aimants sur la terre. L'on doit louer Dieu par l'affection et par l'élévation des puissances, en paroles et en œuvres, dans le corps et dans l'âme, dans ses biens et dans l'humble service dont on s'acquitte en toutes circonstances. Ceux qui ne louent pas Dieu ici-bas demeureront muets éternellement. Louer Dieu est pour le cœur aimant ce qu'il y a de plus doux et de plus joyeux ; et un cœur plein de louange souhaite que toutes les créatures lui ressemblent. Louer Dieu, cela n'a point de fin, car c'est la béatitude, et il convient de le faire éternellement.


CHAPITRE XIV.

D'UNE DOUBLE PEINE QUI NAÎT DE LA GRATITUDE INTIME.


     La gratitude et la louange intimes engendrent une double souffrance de cœur et peine affective. La première est de voir que l'on est impuissant à remercier, à louer, à honorer et à servir Dieu, comme il faudrait. La seconde, c'est que l'on ne grandit pas comme on le voudrait en charité, en vertu, en fidélité, en perfection de vie, de manière à donner à Dieu dignes actions de grâces, louanges et service. Telle est la seconde peine, et toutes deux sont à la fois la racine et le fruit, le principe et le terme de toute vertu intérieure.

     Souffrir ainsi intérieurement et sentir avec peine son impuissance à pratiquer les vertus et à louer Dieu, c'est l'ouvre la plus haute et l'achèvement du premier mode des exercices intérieurs (11).



CHAPITRE XV.

D'UNE COMPARAISON QUI EXPLIQUE L'EXERCICE DU
PREMIER MODE (12).


     Voici une comparaison qui vous fera comprendre ce que doit être cet exercice. Lorsque le feu matériel, par la force de sa chaleur, fait monter l'eau ou tout autre liquide jusqu'à l'ébullition, c'est le plus qu'il puisse faire. Alors l'eau est mise en mouvement et elle redescend vers le fond, d'où elle est poussée de nouveau en haut par la même action puissante du feu ; de sorte que l'eau est toujours en ébullition et le feu l'excite sans cesse.

     C'est de même manière qu'opère le feu intérieur du Saint-Esprit. Il excite, échauffe et ébranle le cœur avec toutes les puissances de l'âme jusqu'à l'effervescence, qui consiste à remercier Dieu et à le louer, selon que je l'ai montré. Ainsi l'on redescend vers le fond même où l'Esprit de Dieu fait sentir sa chaleur ; de sorte que le feu de l'amour brûle toujours et le cœur de l'homme monte sans cesse en action de grâces et en louange qu'expriment ses paroles et ses œuvres, tout en demeurant toujours abaissé ; et ainsi estime-t-on bien haut ce qu'il y aurait à faire et que l'on accomplirait volontiers, et fort peu de chose ce que l'on fait en réalité.



CHAPITRE XVI.

D'UNE AUTRE COMPARAISON AU SUJET DU MÊME EXERCICE.


     Lorsque vient l'été et que monte le soleil, sa chaleur attire l'humidité de la terre, à travers les racines et le tronc même de l'arbre jusqu'aux branches, et de là. viennent la verdure, les fleurs et les fruits.

     De même quand le soleil éternel, qui est le Christ, s'élève, monte dans notre cœur et fait naître l'été, avec la parure des vertus, il répand sa lumière et sa chaleur en nos désirs, et il arrache le cœur à la multiplicité des choses terrestres. Il y établit l'unité et le recueillement ; il le fait croître et lui donne la verdure de l'amour intime, les fleurs de la dévotion affective et les fruits de la gratitude et de la louange, lui permettant de conserver éternellement ces fruits dans l'humble souffrance, que ce cœur ressent toujours de sa propre impuissance.

     C'est là le terme du premier mode des exercices inté-rieurs, parmi les quatre principaux qui, dans la première venue, donnent à la partie inférieure de l'homme sa parure.


CHAPITRE XVII.

DU DEUXIÈME MODE EN LA PREMIÈRE VENUE DU CHRIST.


     Puisque nous avons déjà comparé les quatre modes de la première venue du Christ aux effets produits par le rayonnement et l'ardeur du soleil, nous pouvons remarquer comment, par un nouvel effet de cet astre, les fruits sont hâtés et multipliés.

     Lorsque le soleil monte très haut et entre dans le signe des Gémeaux, c'est-à-dire du couple de même nature, ce qui arrive au milieu de mai, l'astre possède alors une puissance double sur les fleurs et sur les herbes, en un mot sur tout ce qui pousse sur terre. Si en même temps les planètes, qui règlent la nature, se présentent selon l'ordre voulu par la saison, le soleil répand ses rayons sur la terre et fait monter l'humidité jusque dans les airs. De là viennent la rosée et la pluie, et les fruits croissent et se multiplient.

     De même lorsque le clair soleil, qui est le Christ, s'est élevé dans notre cœur au-dessus de toutes choses, et que les tendances de la partie inférieure, opposées à l'esprit, ont été dominées et discrètement ordonnées ; lorsque les vertus, conformément au premier mode qui a été décrit, se sont emparées de l'âme, et que sous l'ardeur de la charité tout le goût et tout le repos que l'on peut trouver à les pratiquer sont devenus autant d'offrandes présentées à Dieu en esprit de louange et d'action de grâces ; alors il arrive fréquemment que se répandent une douce pluie de nouvelles consolations intérieures et une rosée céleste de suavité divine. Par là les vertus grandissent et prennent comme un double développement, pourvu que tout se fasse comme il convient.

     C'est là une œuvre toute nouvelle, en même temps qu'une autre venue du Christ dans le cœur aimant. Et ainsi l'homme est-il élevé à un mode plus haut que précédemment. En cette hauteur le Christ dit : « Sortez en conformité avec cette venue. »



CHAPITRE XVIII.

DE LA JOIE INTÉRIEURE (13).


     La douceur dont nous venons de parler fait naître dans le cœur et dans les puissances sensibles une jouissance telle que l'homme pense être tout enveloppé intérieurement de l'embrassement divin d'amour. Or cette jouissance et cette consolation dépassent en douceur pour l'âme et pour le corps tout ce que le monde entier peut donner de ce genre, alors même qu'un homme pourrait en épuiser à lui seul la plénitude. C'est qu'ici Dieu s'écoule dans le cœur, par le moyen de ses dons, et y répand une si grande consolation savoureuse et une telle joie que le cœur intérieurement déborde. On aperçoit alors combien sont misérables ceux pour qui l'amour reste dehors. La jouissance ainsi ressentie fait comme liquéfier le cœur, si bien que l'homme ne peut plus se contenir sous l'abondance de la joie intérieure.


CHAPITRE XIX.

DE L'IVRESSE SPIRITUELLE (14).


     De la jouissance qui vient d'être décrite naît une ivresse spirituelle, qui consiste pour l'homme à être comblé de plus de douceur savoureuse et de joie que son cœur et son désir n'en peuvent souhaiter ou contenir. L'ivresse spirituelle produit maints étranges effets. Tandis que les uns chantent et louent Dieu par excès de joie, les autres répandent d'abondantes larmes dans la grande allégresse de leur cœur. Chez celui-ci se manifeste une agitation de tous les membres qui le force à courir, à sauter, à danser ; chez celui-là l'ivresse est si grande qu'elle lui fait frapper des mains et applaudir. L'un crie à haute voix et manifeste ainsi la surabondance qu'il ressent à l'intérieur ; l'autre au contraire se tait, se fondant dans les délices qu'il éprouve en tout lui-même. Parfois l'on est tenté de croire que tous font la même expérience ; ou bien l'on se figure au contraire que nul n'a jamais goûté ce que l'on éprouve soi-même. Il semble qu'il soit impossible de voir disparaître cette jouissance et que de fait on ne la perdra jamais ; et l'on s'étonne parfois que tous les hommes ne deviennent pas spirituels et divins. Tantôt l'on pense que Dieu est tout pour nous seuls et qu'il n'appartient à nul autre autant qu'à nous-mêmes ; tantôt l'on se demande avec admiration ce que c'est qu'une telle jouissance, d'où elle vient et ce qui nous est arrivé. C'est la vie la plus délicieuse qu'un homme puisse connaître sur la terre, en tant que jouissance ressentie. Et parfois les délices sont si grandes que le cœur pense se rompre.

     En présence de tous ces dons sans nombre et de ces œuvres merveilleuses, l'homme dans l'humilité de son cœur doit rendre à Dieu tout-puissant louange et action de grâces, honneur et révérence, le remerciant avec une intime dévotion d'avoir bien voulu accomplir tant de merveilles. Et toujours il pensera en lui-même et redira de bouche en toute vérité « Seigneur, je ne mérite point tout cela ; mais j'ai tant besoin de votre bonté immense et de votre appui ! » Avec une telle humilité il peut grandir et s'élever à de plus hautes vertus.


CHAPITRE XX.

DE CE QUI PEUT NUIRE A L'HOMME EN CET ÉTAT.


     Il arrive que certains fassent l'expérience de la venue dont il est question et de ce second mode dès le commencement, alors que détournés du monde et entièrement convertis, ils laissent toute consolation terrestre pour se donner à Dieu pleinement et vivre pour lui seul. Mais ils sont encore faibles et ont plus besoin de lait et de choses douces que d'une forte nourriture, comme les grandes tentations et le délaissement de la part de Dieu. Aussi en cette saison de leur vie, c'est-à-dire en cet état, la gelée blanche et la froide brume leur sont souvent nuisibles ; car ils sont au beau milieu de Mai de leur vie intérieure. La gelée blanche, c'est ce sentiment funeste de vouloir être quelque chose, ou de croire à sa propre valeur, ou encore le retour sur soi-même et la pensée que l'on a mérité les consolations reçues ou qu'on en est digne. Cette gelée blanche est capable de faire tomber les fleurs et le fruit de toute vertu.

     Quant à la froide brume, c'est le désir de prendre repos en la consolation intérieure et en la douceur ressentie. L'atmosphère de la raison s'en obscurcit, et l'énergie prête à éclore, à fleurir et à porter du fruit rentre en elle-même ; et ainsi perd-on la connaissance de la vérité. Parfois cependant une fausse douceur demeure, qui est causée par le démon et qui finit par séduire.



(1) Les trois conditions énumérées ici sont analogues à celles qui ont été décrites au début du 1er livre ; elles se rattachent à la purification active des puissances supérieures et seront expliquées dans les ch. III et IV. Le ch. II forme comme une parenthèse, occasionnée par le terme unité de l'esprit que nous rencontrons ici.
(2) La première unité désigne l'essence de l'âme en tant qu'essence, c'est-à-dire en tant que principe d'être. C'est l'unité essentielle par laquelle nous sommes inséparablement unis à Dieu comme à notre cause. Nous la possédons en Dieu, dans le sens où S. Paul dit : « C'est en Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l'être. » Cf. S. THOMAS, I, q. 18, a. 4, ad I « Creaturae in Deo esse dicuntur, in quantum continentur et conservantur virtute divina ; et sic creaturae dicuntur esse in Deo etiam prout sunt in propriis naturis ; et hoc modo intelligendum est verbum Apostoli dicentis : In ipso vivimus et movemur et sumus ; quia etiam nostrum vivere et nostrum esse et nostrum moyen causantur a Deo. » Cf. Royaume des Amants de Dieu, ch. V et XXIX.
(3) La seconde unité désigne l'essence de l'âme, non plus en tant que principe d'être, mais en tant que principe d'activité ; c'est l'âme spirituelle envisagée comme source et siège des puissances supérieures. Cf. S. THOMAS, Ia, q. 77, a. 5 et 6. Ruysbroeck l'appelle tantôt unité de l'esprit, tantôt unité des puissances supérieures.
(4) Cf. Mgr WAFFALAERT, L'union de l'âme aimante avec Dieu, d'après la doctrine du Bx Ruusbrouck, ch. II, § 2, p. 46 et suiv.
(5) Dans les trois paragraphes qui suivent, l'auteur résume rapidement tout le premier livre. Jordaens leur donne ce titre : « De morali ornatu harum unitatum. »
(6) Jordaens commence ici le ch. III avec ce titre « Quomodo activus ad spiritualem vitam se praeparet ; et de infusione novae gratiae.
(7) Il s'agit ici de la purification passive des sens, destinée à soumettre pleinement la partie sensitive à l'esprit (cf. S. THOMAS, Ia IIae, q. 74, a. 3). Ruysbroeck y rattache toutes les grâces qui ont pour but d'élever l'homme au-dessus du monde sensible, afin de l'entraîner vers l'union divine. Ce sera l'objet des ch. VIII à XXXIV.
(8) Cette seconde venue correspond à ce que S. Jean de la Croix dit des débuts de l'âme dans l'état des fiançailles spirituelles, tandis que la troisième venue se rapporte aux grâces les plus élevées de cet état. Cf. S. JEAN DE LA CROIX, Cant. spir., str. XIV et XV.
(9) Ruysbroeck désigne sans doute par overlant, les hautes terres, la région des provinces rhénanes et de la Westphalie, qui portait d'ailleurs au moyen âge le nom d'Oberland ; tandis que le terme de nederlant s'applique aux Pays-Bas. Ces deux régions étaient particulièrement connues de l'auteur.
(10) Les effets décrits ici se rattachent à ce que sainte Thérèse appelle l'oraison de recueillement surnaturel : Château intérieur, IVe Dem., ch. III ; Chemin de la perfection, ch. XXVIII et XXIX.
(11) Cf. supr. ch. VIII.
(12) On trouvera cette même comparaison dans Richard de St Victor (MIGNE, P. L., t. 196, col. 176).
(13) Il s'agit ici de l'oraison de quiétude, que sainte Thérèse appelle, aussi oraison des goûts spirituels : Château intérieur, IVe Dem. Ch. I-III ; Chemin de la perfection, ch. XXX et XXXI ; Vie, ch. XIV et XV.
(14) Cette grâce se rattache au sommeil des puissances, avant-coureur de l'oraison d'union : sainte Thérèse l'appelle « un céleste délire qui enivre l'âme et le corps. » Cf. Vie, ch. XVI et XVII.

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