PRÉFACE

 

 

La mémoire du juste sera éternelle. (Psaume CXI). Cet oracle de l'infaillible sagesse a eu de nos jours son accomplissement dans la merveilleuse découverte des reliques de sainte Philomène.

Après quinze siècles d'oubli, durant lesquels elle jouissait des délices du Ciel sans recevoir les hommages de la terre, l'illustre vierge s'est soudainement révélée aux hommes, et il semble, à voir la surprenante propagation de son culte, que la Providence ait voulu lui payer tout un arriéré d'honneurs.

 

Nous n'irons pas puiser aux sources anciennes les matériaux d'une histoire que les siècles ne nous ont pas léguée. Car, et c'est peut-être ce qui doit ici frapper le plus l'observateur sérieux, en même temps que par sa vie elle est la condamnation éclatante du matérialisme et de l'affaissement moral de notre temps, sainte Philomène, en nous révélant elle-même ce qu'elle fut, en s'imposant presque à notre foi, réfute de la façon la plus radicale les théories du scepticisme et la railleuse insouciance de l'incrédulité. Quelques années après Voltaire, non seulement la Bible est vengée, une science plus approfondie a fait évanouir les prétendues contradictions qu'un demi-savoir avait découvertes entre la raison et la foi, mais on voit ce phénomène étrange, qui doit faire grimacer aux Enfers le patriarche de l'impiété : d'immenses populations accepter avec enthousiasme des révélations particulières, et une dévotion se répandre avec rapidité sans autres bases que ces révélations. Elles furent, il est vrai, confirmées par une suite de miracles, qui méritèrent à sainte Philomène le nom de Thaumaturge.

Outre les grands ouvrages italiens, il en existe plusieurs écrits en français à la gloire de sainte Philomène. Le plus important est celui édité par M. Pélagaud, de Lyon. Il a pour titre La Thaumaturge du XIXè siècle. Cet ouvrage n'est lui-même que la reproduction de celui qui fut imprimé, en 1834, à Lansanne, avec la flatteuse approbation de l'autorité épiscopale. Malheureusement, il ne peut être dans toutes les mains : il est d'un prix trop élevé pour la plupart des bourses.

Un chanoine de Tours, M. Robert, a publié, dans la bibliothèque de Lille, un abrégé de la vie de sainte Philomène. Un moment nous avons cru que cet opuscule allait rendre notre travail inutile. Mais, examen fait de ce livre, nous ne croyons pas qu'il réponde à la pensée qui nous inspire. Au lieu de consacrer plus d'un tiers du volume à l'insertion d'un panégyrique, qui, si bien fait qu'il puisse être, doit nécessairement avoir l'inconvénient d'être une redite, nous préférons donner à nos lecteurs quelques prières, quelques pieuses méditations, quelques cantiques. Pour être populaires, ces opuscules, que l'on porte à l'église, et qui deviennent comme le Vade mecum du pèlerin, doivent servir pour la prière autant que pour la lecture.

 

Nous n'avons pas songé à faire une œuvre d'art. Notre unique but a été de contribuer, pour notre part, à faire de plus en plus connaître et aimer une sainte dont la puissante protection est chaque jour signalée par de nouveaux bienfaits.

Puisse cet humble travail n'être pas dédaigné de celle qui en est l'objet, et faire descendre sur nous, sur notre famille spirituelle et sur tous ceux qui le liront quelques-unes de ces grâces de choix dont il semble que sainte Philomène ait la dispensation souveraine ! Pour prix de notre bonne volonté à redire ses vertus, puisse-t-elle nous obtenir l'avantage de partager un jour son bonheur et de louer Dieu comme elle toute l'éternité !

 

Pour nous conformer aux décrets d’Urbain VIII et autres souverains Pontifes, nous protestons que nous n'avons voulu en rien préjuger les décisions de l'Église romaine, à laquelle nous faisons profession d'être entièrement soumis d'esprit et de cœur.