INFLUENCE DE l'HOMME-ESPRIT
SUR L'UNIVERS







     Dans sa vision, Hermès vit dans l'espace une multitude d'âmes essayant de remonter l'échelle de la création, mais les unes sont entraînées vers la terre, tandis que d'autres, à toute volée, atteignent l'échelon supérieur où elles recouvrent la vue des choses divines.

     Mais l'âme qui a fait retour à sa vraie patrie et franchi les bornes extrêmes de ce monde, ne se contente plus, comme à sa descente, de s'enivrer des accords harmonieux dont frémit sans fin cet Océan de vie éternelle. Armée de ses facultés ayant atteint leur plénitude, de son intelligence pénétrée sans efforts par les rayons de l'intelligence universelle, et d'une expérience si chèrement acquise, cette Psyché va, désormais, suivre le conseil donné par Jésus à ses disciples : « Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l'esprit est prompt, mais la chair est faible. » (St Marc, XIV, 38).

     Le retour de l'homme dans le sein de l'immortelle Sagesse le remet en harmonie avec la Loi Universelle. Il s'abreuve, de nouveau, aux quatre fleuves de l'Éden par lesquels se distribuent perpétuellement l'intelligence et la lumière divines. Sans indolence spirituelle, car il sait que l'ennemi rôde toujours, attentif à nos moindres faiblesses, l'homme suit le chemin de la Vérité, seul moyen d'acquérir le discernement qui lui montre les actions à accomplir et celles à éviter, la justice, sensation exacte de ce qui est dû à chacun, la pacification des forces instinctives qui bouillonnent en lui, non par leur destruction mais par leur transformation, la force, le courage qui réfrène le désordre intérieur et brise les obstacles extérieurs.

     Longue et pénible est la voie du retour, car cet homme revient de bien loin ; il avait oublié jusqu'à l'A. B. C. de la sagesse et, maintenant, éclairé par la lumière intérieure, il demande au Ciel des choses simples, longtemps méprisées : la persévérance, la patience, la résignation, la faveur de comprendre son devoir de chaque jour et la force de l'accomplir sans défaillance. Dans toutes ses pensées, dans toutes ses paroles, dans toutes ses actions, l'homme va s'efforcer de diffuser les rayons divins qui l'éclairent, en manifestant en toute occasion l'Amour envers tous, la Beauté et la Vérité, dons de l'Esprit-Saint.

     Chaque être, supérieur ou inférieur, a deux missions à remplir. La première est sa mission particulière : manifester l'aspect de la Lumière céleste en vue duquel il fut créé. Cet aspect, c'est le génie propre à chaque être, l'awen des traditions bardiques, le nom secret de l'être. La seconde mission, la plus essentielle, lui est commune avec tous les autres êtres : se purifier, concourir à la divine symphonie, répandre inlassablement dans sa sphère l'Amour, la Paix, la Vérité : cela, c'est faire sabbathiser son corps, car l'influx de la grâce divine, trouvant en lui un canal approprié doit tout renouveler, lentement, en lui et autour de lui. Depuis les cellules de son corps, jusqu'à ses facultés les plus hautes, depuis l'ami, le parent, jusqu'à l'inconnu qu'il croise dans la rue, les forces spirituelles dont il est porteur poursuivent, même à son insu, leur œuvre patiente de restauration et de purification.

     Chaque individu est un arbre dont racines et branches s'étendent à l'infini dans toutes les directions. « Le corps humain va plus loin que la conscience, il plonge par les racines jusqu'au fond de la matière primitive ; il est sans cesse en rapport, par échanges respiratoires, nourriture, actions, réactions, avec tout l'Univers ; il va des couches profondes de la terre à Sirius, dans le ciel. De sorte que, par abstraction, chaque homme peut appeler son corps la RÉGION DOCILE par où il peut agit consciemment sur le monde. » (Dr Marc Haven).

     « L'homme reçoit de tous les êtres inférieurs qui sont sur sa route, au travers desquels son corps a évolué ou évolue, la force vitale, la substance physique qui fait que son corps existe. Chacun de ces êtres sert d'échelon à l'esprit pour arriver au degré supérieur ; c'est là le courant ascendant qui traverse tous les êtres. Tout homme qui agit engage en même temps que lui dans son action et dans ses conséquences la série des êtres qui sont sur son chemin ; il en est ainsi pour le châtiment de même que pour le bien. » (M.Philippe).

     Lorsque l'homme est régénéré il devient le protecteur, le patriarche de toute sa souche, y compris les hommes d'ordre inférieur. « L'homme vertueux est le maître de celui qui n'est pas vertueux.» (Yih King). L'homme vertueux agit, avec tous les êtres des règnes inférieurs de la nature, avec les mêmes soins, les mêmes devoirs qu'envers son propre corps, il les aide, les soutient, les instruit par l'exemple. Sachant qu'ils ne peuvent atteindre le divin qu'au travers de son cœur, il leur en permet l'accès, sans cependant les laisser envahir et dominer en lui ; l'homme est prudent, car, c'est aussi par cette porte que l'ennemi se faufile dans sa maison.

     Tous ces petits êtres inférieurs qui constituent la vie de la nature, depuis celui qui est emprisonné dans le minéral, jusqu'aux sylphes de l'air peuvent, en faisant alliance avec l'homme régénéré, obtenir l'immortalité(1), au même titre que l'homme uni au Christ est participant de sa gloire et de la vie divine.

     L'homme en marche pour sa régénération a trois actions principales à accomplir : l'une, c'est une communion d'amour, de bonté de sa part avec tous ses frères ; puis, c'est le rude petit chemin à suivre, c'est le désir, l'effort à soutenir ; enfin, c'est l'harmonisation de toutes les forces inférieures qui bouillonnent en lui et dans la nature.

     Aucune voix ne saurait dépeindre l'ivresse faite de bonheur et de joie, aucune plume ne saurait décrire la jubilation de ces malheureux petits êtres lorsqu'ils se retrouvent dans la sphère harmonisée ! C'est alors un retentissant hosanna d'Amour qu'ils adressent à l'Éternel ! C'est une explosion de gratitude et de dévouement envers l'homme, leur sauveur

     La paix en soi, le sabbat réalisé autour de soi, tel est le ministère de l'Homme-Esprit. On peut comprendre ce que serait la vie terrestre, si, parmi les appelés, il y avait beaucoup d'élus ! Car si l'homme subit l'influence des forces célestes ou naturelles, réciproquement tout geste de sa part s'étend dans l'espace en bien ou en mal, selon l'esprit qui le gouverne. Or, « les lois de la raison sont les mêmes que les lois de l'Univers : voilà ce que les savants officiels, les rationalistes ont découvert au XXè siècle, cependant, c'est ce que disaient les sages de la Chine deux ou trois mille ans avant Jésus-Christ… (Dr Marc Haven).

     « De toutes les races qui se sont succédé sur notre monde, la race boréenne fut sans doute celle dont l'organisation fut la plus lente, la plus hérissée de difficultés. Cet indomptable individualisme, ce torrent tumultueux de passions indisciplinées, ce bouillonnement d'élans contradictoires, cette soif inextinguible d'infini et de liberté (si sublime dans son principe, si fatale dans ses excès) ne se canalisèrent pas en un jour… Livrés à leurs propres ressources, jamais ces hommes ne seraient sortis du tourbillon de leurs passions, si la Providence ne leur avait envoyé des guides : ces missionnés furent les premiers druides. »

     « Cette race blanche, saine, robuste et ardente, a marqué un nouveau développement des desseins de la Providence »(2) ; elle a reçu en partage la quintessence de tous les produits élaborés par ce grand laboratoire qu'est la nature ; elle résume et couronnela série de tous les êtres de la création, condensant toutes les lois de l'évolution et toute la nature dans son corps(3).

     Chaque cellule, chaque être de cette race peut, par son intelligence active, développer toutes les facultés et vertus célestes, qui sont contenues en germe dans son âme, et s'élever au-dessus de tout l'univers. Et, à la royauté de l'intelligence, si l'être humain concentre toutes ses puissances de vie dans sa volonté en accord avec la Volonté suprême, il peut réaliser l'Unité dans la trinité humaine. Alors la Loi morale, celle que l'homme a reçue du Ciel, se développe en lui et lui fait pénétrer toute la création, depuis les oiseaux des cieux, jusqu'aux poissons de l'abîme ; car cette Loi est la même qui règle la vie de tous ces êtres. C'est ainsi que « l'homme peut continuer Dieu, là, où Dieu ne se fait plus connaître lui-même. » (L. C. De Saint Martin).

     Or, le devoir de tout être humain, c'est d'aller au but, et ce but, c'est l'union des êtres entre eux et avec Dieu. Jésus est le suprême modèle de l'homme-Esprit ; il est la tête de la communauté, gardienne, depuis toujours, des trésors lumineux de toutes les sciences. Les membres de cette Église sont répandus par toute la terre, mais ils restent unis par l'Esprit du Christ. C'est en s'unissant à son Sauveur que l'homme peut arriver à sa tâche, de faire sabbatiser sa souche et de la stimuler dans son union avec lui, la ramenant au Fils qui la donne au Père, pour que soit transformée l'Humanité.

     Mais rares sont les bons vignerons du Seigneur, les vrais serviteurs de Dieu !.. Cependant le temps est compté, le cycle de cette race blanche, si privilégiée, touche à sa fin. Ne nous laissons pas détruire, comme impropres à notre mission de Paix et d'Amour, tels les Atlantes. Ne laissons pas à une nouvelle race le magnifique rôle qui nous incombe, pendant que nous subirons l'esclavage et la destruction, sous l'orgueilleuse volonté de quelques êtres du Torrent, dont il est facile de comprendre la puissance qui les stimule. Bien vite pénétrons-nous de notre alliance, de notre unité avec la Divinité dont nous devons continuer le rôle, dans cet univers de circonstance. Le temps presse, abandonnons chacun notre vie individuelle à la Vie d'Amour, à la Vie Universelle ; c'est le seul moyen de faire rentrer dans leur source toutes les calamités qui nous guettent !…

     « Quand un homme se donne vraiment à Dieu et devient son disciple, Dieu le pousse à une œuvre de salut pour le siècle où il vit. » (P. Gratry).

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(1) Voir : Le Corps, le Cœur de l'homme et l'Esprit, Dr Marc Haven.
(2) A. Savoret : Du Menhir à la Croix.
(3) Parce qu'en elles sont synthétisés les efforts de toutes les races antérieures, elle est susceptible de les surpasser dans le bien et aussi, hélas ! dans le mal.