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CHAPITRE III



LES SAGES MESURES ET VIGILANTES PRÉCAUTIONS

DE L'ÉGLISE POUR TENIR LES JUIFS À DISTANCE DU CŒUR

DE LA SOCIÉTÉ CHRÉTIENNE.




I. À côté des procédés inspirés par la douceur et la charité, l'Église a décrété des restrictions et employé des précautions contre les juifs, pour circonscrire leur liberté de parvenir, et sauvegarder ainsi la société chrétienne. Échange de services avec eux, mais ligne sévère de démarcation pour les tenir à distance du cœur de la société. Tableau des professions sociales qui sont permises aux juifs, et des professions qui leur sont interdites, durant tout le moyen-âge. - II. Honneurs que 1'Église s'est toujours plu à rendre aux israélites convertis, mais précautions dont elle entoure les conversions. Sa prudence n'a pas été imitée par les nations chrétiennes. III. Généreuse, mais imprudente conduite de l'Espagne dans les premiers siècles de son histoire. Éclaircissement sur l'Inquisition. - IV. Résumé ; explication et réalisation d'une mystérieuse prière biblique, concernant le châtiment des juifs.



I



Les prophètes inspirés d'Israël avaient annoncé en ces termes la structure de l'Église, nouvelle Jérusalem :

« Jérusalem sera habitée sans murs, à cause de la multitude d'hommes et de bêtes qui se

trouveront au milieu d'elle ; »

« Et moi je lui serai, dit le Seigneur, un mur de feu, et je serai dans la gloire au milieu d'elle (1). »

Et encore :

« Tes portes seront ouvertes continuellement ; ni jour ni nuit elles ne seront fermées, afin que te soit apportée la force des nations, et que leurs rois te soient amenés (2). »

Cette Jérusalem nouvelle, cité immense, sans murailles, ouverte le jour et la nuit, accessible à tous et à toute heure, s'est admirablement réalisée dans l'Église catholique.

L'Église n'a point de murailles. Elle use des choses terrestres, de la lierre, de la brique, du bois, du marbre, de l'or, mais sans en dépendre : à l'inverse de la première Jérusalem qui avait dépendu de son Temple. La constitution de l'Église est, avant tout, spirituelle.

Cette constitution s'harmonisait avec les vues de miséricorde de son divin Architecte. Établie pour devenir le salut des âmes et des peuples, l'Église ne devait-elle pas apparaître la cité ouverte par excellence ? Comment aurait elle été accessible à tous, si elle avait eu des murailles, ou si, à certaines heures, ses portes avaient du se tenir fermées ? Des murailles eussent empêché beaucoup de peuples, beaucoup d'âmes, d'y chercher leur salut. Des portes eussent paralysé les efforts des timides, déconcerté la bonne volonté des pécheurs repentants et le retour des prodigues.

Mais cette miséricordieuse et belle cité, ouverte et accessible de toutes parts, il faut, cependant, qu'elle soit protégée, garantie, et que garantie soit également la société des nations chrétiennes, qui se forme dans son sein, sous ses auspices.

Comment s'exercera cette protection, puisqu'il n'y a ni portes ni remparts ?

Par des ordonnances, des règlements ?

Les Pontifes et les Rois chrétiens s'entendent pour faire ces ordonnances.

Il y en aura contre les infidèles ; il y en aura contre les juifs.

Celles qui concernent les juifs édictent des précautions et des restrictions, pour limiter et arrêter leur liberté de monter et de parvenir.

Les accès qui mènent au cœur dc la société chrétienne leur sont soigneusement fermés. La grande règle de prudence adoptée à leur égard est celle-ci : « Toute charge qui tient à la constitution même de la société chrétienne ne peut leur être confiée. » (V. ci-dessus chapitre Ier de ce IIe livre, § 3)

Les juifs le comprennent du reste et se tiennent, d'eux-mêmes, à l'écart dans leurs juiveries.

L'observation de cette règle de prudence est sous la garde conjointe de l'Église et de l'État. Il y a accord entre la puissance temporelle et la puissance spirituelle pour la faire observer. Les règlements des Conciles contre les juifs, du VIe au XVIe siècle, sont en même temps lois civiles qui consacrent leur exclusion. L'Église et l'État veillent ensemble à ce qu'il n'y ait pas invasion subreptice de la société par les juifs, à ce que les croyances chrétiennes et les mœurs chrétiennes soient respectées par eux.

Il se fait, toutefois, échange de services entre les chrétiens et les juifs.

Dans cet échange, l'État n'est pas toujours circonspect ni religieux. Il se rencontre des princes, il se rencontre des seigneurs qui, sous des prétextes spécieux, par politique, par besoin d'argent, ou même par avarice, octroient aux juifs plus de latitude qu'il ne convient et compromettent de la sorte la société. Ils livrent inconsidérément aux juifs des avenues essentielles. L'Église alors intervient, alarmée. Ses Conciles arrêtent le mal et remettent toutes choses à leur place. La faiblesse ou la trahison sont sévèrement blâmées et de nouvelles ordonnances, qui tiennent lieu de verrous aux portes, excluent, avec plus dc vigueur, les juifs audacieux qui auraient pu avoir la pensée d'entrer et de monter.

Cette intervention sévère et attentive de l'Église produit, à cette époque, un phénomène très remarquable. Les mêmes Pontifes, les mêmes Conciles qui protègent la vie des juifs contre les colères des peuples chrétiens, protègent également la société chrétienne contre les périls que pourraient lui faire courir les juifs, et que, parfois, ils lui font courir. En cela resplendit une impartialité, qui n'a d'égale nulle part : marque évidente d'une mission supérieure. Parce qu'elle est dépositaire de la douceur évangélique, l'Église défend la vie des juifs. Parce qu'elle est mère des nations chrétiennes, elle les préserve de l'envahissement hébraïque qui serait leur mort.

Ces alternatives de précautions, d'imprudences, de secours réparateurs, remplissent tout le moyen âge.

Aussi bien, le tableau qui suit aidera à faire comprendre ces deux choses : le bon échange de services entre chrétiens et juifs sous la tutelle de l'Église, en même temps que les sévères précautions de cette mère très prudente pour empêcher les nations d'être envahies par l'élément juif et de perdre ainsi la direction de la société.



TABLEAU



DES PROFESSIONS QUI SONT PERMISES AUX JUIFS

ET DES PROFESSIONS QUI LEUR SONT INTERDITES AU SEIN

DE LA RÉPUBLIQUE GHRÉTIENNE

Jusqu'en 1789.



Professions permises


1° Tous les genres de négoce, la plupart des emplois lucratifs surtout les épiceries, les soieries, la joaillerie.

2° Les approvisionnements des royaumes.

3° Le courtage, le colportage.

4° Les banques, les maisons de prêt.

5° Les arts et certains métiers. - Nous disons certains métiers car les métiers étant, à cette époque, distribués en corporations, souvent les corporations ne supportaient pas la concurrence ou le voisinage des juifs.

6° L'imprimerie. - Dès l'invention de l'imprimerie, disent unanimement les historiens, les juifs se font remarquer parmi les premiers typographes. Leurs imprimeries furent très célèbres, surtout en Italie et en Espagne.

7° L'Astronomie. - Il suffit de citer les Tables Alphonsines.

« Les Tables Alphonsines ont rendu d'éminents services à l'astronomie, bien que, par suite des progrès de cette science, elles aient, aujourd'hui, perdu toute leur valeur ; leur confection coûta au roi Alphonse de Casille 400 000 ducats, et c'est un assez beau titre de gloire pour les juifs de s'être trouvés à la tête de cette importante entreprise. » (BÉDARRIDE, les Juifs, p. 196.)



Professions interdites

comme tenant à l'essence de la

Société chrétienne.


Il leur est défendu :


1° De posséder des biens-fonds, d'acquérir et d'échanger des propriétés. Voir raisons ci-dessus énoncées, Ier livre, chap. IV, § 111.

2° De posséder des esclaves chrétiens et d'en faire le marche (contraire à la dignité chrétienne).

3° D'avoir à leur service des serviteurs chrétiens et des servantes chrétiennes (crainte d'apostasie).

4° De tenir des écoles à l'usage des chrétiens ou d'enseigner dans les universités (la sécurité de l'enseignement s'y opposait). - Mais ils ont leurs écoles à eux, leurs académies à eux, et leurs savants sont traités avec honneur par les savants chrétiens et par les princes.

5° De remplir des emplois à l'armée.

6° D'avoir rang au Parlement (la formation ou l'interprétation des lois ne pouvant leur être confiée dans un royaume chrétien).

7° D'avoir rang dans la Magistrature (le serment chrétien et l'examen des causes chrétiennes s'y opposaient).

8° D'être droguistes, pharmaciens, hôteliers.



Professions

TANTÔT PERMISES AUX JUIFS TANTÔT INTERDITES.



Ils ont été parfois, pour le compte de la société chrétienne :


A. Fermiers d'impôts ou collecteurs, procureurs fiscaux.

B. Péagers.

C. Favoris des princes, plutôt qu'intendants, pour le soin des finances.

D. Représentants des souverains auprès des cours étrangères, également pour les finances.

E. Baillis, particulièrement dans le midi de la France, à l'époque des Albigeois. - « Sous le règne de Philippe Auguste, un juif fut élevé aux fonctions de bailli ; fonctions alors très importantes et qui donnaient à ceux qui en étaient revêtus la haute main sur toute l'administration de la justice royale. Cette subite élévation scandalisa Rome.... » (BEUGNOT, les Juifs d'Occident, 1re partie, p. 88.) - Dans le Languedoc, on voyait des fonctions de bailli confiées à des juifs par des seigneurs albigeois. Cette circonstance avait scandalisé la cour de Rome, au point que, plus tard, en réconciliant les Albigeois à l'Église, on leur faisait jurer, entre autres choses, de ne jamais confier la charge de bailli à un juif. » (BÉDARIDE, les Juifs, p. 185.)

F. Médecins La réputation des médecins juifs brille avec éclat durant tout le moyen-âge. Très souvent il est expréssement défendu aux chrétiens par les Conciles de recourir à des médecins juifs. Mais leur habileté est telle, que rois et peuples les recherchent. Les monuments des temps attestent qu'il est peu de grands et de princes qui ne veulent avoir un médecin juif. Des dispenses alors sont accordées par l'Église.


REMARQUE GÉNÉRALE


À chaque page des annales ecclésiastiques, on rencontre les Conciles se plaignant de ces faveurs ou d'autres même plus importantes accordées aux juifs, et ne se lassant pas de renouveler les règlements qui les excluaient des fonctions publiques. C'est que les Conciles s'apercevaient que ces essais de société étaient pleins de dangers pour les croyances et les mœurs chrétiennes. C'était comme des commencements de faillite pour la société chrétienne, et l'Église alarmée s'interposait.


Ou voit, patr ce tableau, combien est injuste le reproche de ceux qui accusent 1'Église catholique, à l'époque où l'État s'inspirait de ses conseils, de s'être montrée dure à l'égard des juifs : elle n'a été que prudente. Elle leur refusait la liberté de parvenir, mais nullement l'échange des bons services. Ils aidaient et ils étaient aidés. Qu'on comprenne bien leur situation : tout ce qui touchait à l'essence de la société chrétienne n'était pas possible pour eux, n'était même pas recherché par eux : par exemple, les fonctions législatives, l'enseignement dans les écoles chrétiennes. Mais ils pouvaient rendre des services dans la société, et ils en recevaient. Ils avaient toute liberté pour devenir commerçants, courtiers, joailliers, industriels, astronomes, même médecins, péagers, procureurs fiscaux, et cela, outre les avantages de leur propre autonomie qui comprenait leurs écoles, leurs sciences, leur littérature, leurs tribunaux, dans l'intérieur de leurs juiveries. La civilisation chrétienne, dans l'impossibilité où elle se trouvait de se les incorporer comme juifs, cherchait du moins à les utiliser comme hommes. Que de fois ils ont reconnu eux-mêmes cet échange de bons services ! « Sidoine Apolinaire, évêque de Clermont, était intimement lié avec eux, et multipliait ses bons offices à leur égard. Saint FérréoI, évêque d'Uzès, les admettait à sa table et les comblait de présents. Saint Hilaire d'Arles fut tellement regretté des juifs, qu'ils coururent à ses funérailles mêler leurs larmes à celles des chrétiens, et chanter des cantiques hébraïques pour honorer sa mémoire (3). » Mais ces bons procédés ne diminuaient en rien la rigoureuse observation de la règle de prudence : aucune participation, pour eux, au gouvernement et au développement de la société chrétienne ; hors de leurs atteintes, les emplois qui exigent l'affirmation de la conscience ; hors de leurs atteintes, les avenues qui conduisent au cœur de la société ! Dans le tableau ci-dessus présenté sont groupées les charges, les professions qui conduisaient vraiment au cœur de la société ; l'Église les interdisait aux juifs, et son interdiction, on doit le reconnaître, était pleine de sagesse.



II



Ces précautions de l'Église out été également très remarquables par rapport à une autre chose extrêmement délicate : les conversions et les baptêmes, qui donnaient aux juifs, vivant au moyen âge, entrée officielle dans la société chrétienne.

« Lorsqu'un juif se convertissait à Rome, un cardinal était ordinairement son parrain, et il le promenait « quinze jours dans son carrosse, habillé de satin blanc (4). »

« Non seulement ils devenaient citoyens dès qu'ils avaient reçu le baptême, mais on leur faisait des présents, on leur accordait même des distinctions honorifiques et des titres de noblesse (5). »

« En Espagne on permettait aux juifs de prendre le nom des familles qui les présentaient au baptême où ils étaient adoptés. C'étaient, pour la plupart, les familles les plus distinguées de la Castille... En Portugal, les juifs convertis avaient pour parrains les plus hauts personnages du royaume. On leur prodiguait des distinctions, des titres de noblesse ; ils s'affiliaient aux plus grandes familles. Il n'y a donc pas de doute que les principales maisons de Portugal ne soient juives ou que les juifs n'aient pris leurs noms d'elles (6). »

Ces procédés chrétiens étaient pleins de délicatesse. Parce que l'homme est sensible à l'honneur, et parce que le peuple juif, après avoir été le premier des peuples, en est devenu le dernier par son déicide, l'Église catholique, mère pleine de tact, dès là qu'elle peut réhabiliter un juif, s'ingénie en quelque sorte à lui faire oublier le mépris passé, et restitue à l'enfant d'Israël le rang qui était le sien. Ne semble-t-il pas qu'on aperçoive la miséricorde, qui s'est comparée à la poule, reprenant sous ses ailes Jérusalem repentante ?...

Cependant, tout en éprouvant grande joie de ces retours, l'Église, au moyen-âge, n'a jamais cessé d'être circonspecte et prudente. La brebis retrouvée ne lui faisait pas oublier la sécurité du bercail. Tant s'en fallait ! Eu effet, les conversions n'étaient pas toujours sincères. Un auteur a fait cette remarque : « Les conversions des juifs, à mesure qu'on s'éloigna des temps apostoliques, devinrent très rares et très suspectes. La plupart de ceux qui, par crainte, ou par d'autres motifs, se firent chrétiens, n'entrèrent dans l'Église que comme des espions et des ennemis travestis, comme Joseph appelait ses frères, avant que le moment de se manifester à eux fût venu. Et plus on s'est éloigné des premiers siècles, plus leur obstination s'est augmentée, en sorte que la conversion sincère d'un seul juif est un prodige (7). » Il y a beaucoup de vrai dans cette observation. Plus on s'est éloigné des premiers temps du christianisme, et plus les conversions des juifs sont devenues difficiles et suspectes. Aussi, avant les honneurs dont l'Église se plaisait à entourer les convertis, apportait-elle les soins les plus vigilants à l'examen sévère des conversions.

Cette règle si sage, dont l'Église ne s'est jamais départie, n'a pas été suivie, à beaucoup près, par les nations chrétiennes, filles de l'Église. À notre avis fondé sur les auteurs les plus graves et les mieux informés, c'est là ce qui explique et le danger immense que courut un instant la nation espagnole, et la création du terrible tribunal de l'Inquisition espagnole qui s'ensuivit. Un éclaircissement précis sur ce sujet ne sera pas sans importance (8).



III



L'Espagne fut, de bonnes heures, le refuge d'un très grand nombre de familles israélites : en particulier des familles de la tribu royale de Juda, au dire de plusieurs historiens (9). Elle les traita longtemps avec la plus noble et la plus confiante hospitalité. En effet, dans le principe, les juifs réfugiés en Espagne pouvaient parvenir à presque tous les emplois publics, devenir économes, administrateurs, majordomes des rois et des grands, médecins, fermiers des impôts, ministres des finances. Ils y furent vraiment heureux, si heureux qu'aujourd'hui encore, lorsque revient annuellement la fête juive des Tabernacles, où l'emploi des cédrats est nécessaire, il n'est pas rare que les familles les fassent venir de la terre d'Espagne, en souvenir du bonheur que leurs aïeux y ont autrefois goûté (10).

Qu'est-ce donc qui modifia tout à coup la conduite de l'Espagne, au point qu'elle devint cruelle, appelant à son aide, mais en le dénaturant, le tribunal de l'Inquisition (11) ?

Ce fut l'instinct de sa conservation propre (12).

Voici comment s'était formé son danger :

Le danger vint pour la catholique Espagne de ce qu'un grand nombre de juifs s'étaient glissés et insinués partout, grâce à la liberté, qui leur avait été laissée dans le principe, de parvenir aux emplois publics, mais surtout grâce à deux choses : la médecine et les baptêmes.

« Par la médecine, ils s'introduisirent dans toutes les familles, en connurent tous les secrets (13). Mais les juifs cachés, qui se faisaient baptiser pour la forme, afin de réaliser plus facilement leurs plans sous le masque du christianisme, étaient bien plus dangereux que ceux qui étaient dans les professions publiques (14). »

Beaucoup de ces baptêmes avaient eu malheureusement pour origine non seulement l'astuce, mais la cruauté. Dans les querelles inévitables qui s'étaient élevées entre chrétiens et juifs, les populations, jeunes, bouillantes, imprudentes, de l'Espagne, avaient souvent donné à choisir, aux juifs, entre le massacre et le baptême ; « les égorgeurs ne témoignaient de clémence, ne conservaient la vie et les biens qu'à ceux qui voulaient être chrétiens et qui demandaient à grands cris le baptême : erreur qui fut cause de mille erreurs. Un grand nombre de juifs, s'apercevant que le baptême les faisait pardonner, demandaient saintement le baptême et restaient toujours d'intention dans leur secte ; chrétiens en apparence, ils observaient, chaque jour, la loi judaïque (15). » Aussi Paul de Burgos, israélite converti, devenu évêque de la ville de Burgos et précepteur de Jean II, roi de Castille, faisait cette recommandation : « Qu'on ne devait jamais confier les charges de l'État et de l'Église à ceux de sa nation, parce qu'ils étaient accoutumés à dissimuler. » L'historien protestant Basnage, qui rapporte ce témoignage, le confirme par cette réflexion : « Après s'être convertis, ils ne laissaient pas de judaïser ; ce qu'ils ont toujours fait et font encore en Espagne »(16)

Ainsi s'était formé le péril de l'Espagne.

Dans ces conditions, on comprend que le tribunal de l'Inquisition ait été une terrible conséquence de l'instinct de conservation, surtout si l'on considère que l'époque où il fut institué coïncidait avec les angoisses de l'Espagne chrétienne aux prises avec les Maures, dans une lutte suprême sous les murs de Grenade. Or, circonstance aggravante : à ce moment-là même, l'Espagne, outre le poison talmudique qu'elle sentait circuler dans ses veines par tant de faux baptêmes, avait en mains des preuves terribles qu'elle était trahie par les juifs, qui voulaient la livrer aux Maures empoisonnées par eux au dedans, trahie par eux au dehors (17) !

Exaspérée, elle devint cruelle. Elle prit deux mesures extrêmes :

Pour n'être pas livrée aux Maures, elle chassa brusquement et violemment tous les juifs (100 000 à la fois) par le fameux décret de 1492 ;

Et, pour se délivrer des faux chrétiens ou juifs dissimulés, elle organisa civilement l'Inquisition.

Qui donc, s'il comprend ce que vaut une patrie, et surtout une patrie chrétienne, voudrait blâmer la conduite sévère de l'Espagne ?

Mais si notre sincérité et les vues supérieures de la foi nous font admettre et accepter contre notre propre sang ces données historiques sur l'Inquisition, nous frémissons au souvenir des cruautés qui ont dénaturé le droit de légitime défense. Oui, l'Espagne a été dans son droit en établissant un tribunal de sûreté nationale ; mais l'abus a accompagné son fonctionnement, et le tribunal est devenu souvent un cruel et injuste bûcher.

Ce qu'il y eut de plus déplorable, c'est que les cendres des victimes ont été jetées à la face de l'Église comme un reproche d'atrocité, et l'Église ne le mérite pas. Là encore, nous sommes heureux de prendre la défense d'une innocente, accusée.

En effet, deux choses nous ont grandement consolé dans nos recherches sur l'Inquisition. La première, c'est que l'Église a soigneusemment et constamment veillé à ce que les perquisitions et sentences du formidable tribunal s'appliquassent non pas aux juifs, mais aux judaïsants. C'est bien différent. Il est faux, absolument faux, que jamais un juif sincère et avoué, reconnu comme juif, ait été poursuivi et inquiété pour sa religion. Le tribunal n'a jamais recherché que les judaïsants, c'est-à-dire les juifs déguisés en chrétiens, redoutables, comme hypocrites et conspirateurs, pour la foi chrétienne et la patrie espagnole (18).

La seconde chose, c'est que si l'Inquisition espagnole a répandu des flots de sang, l'Inquisition de Rome n'a jamais prononcé l'exécution d'une peine capitale. En effet, il faut soigneusement distinguer deux sortes d'Inquisition, car la vérité historique atteste qu'il y en a eu deux l'une dirigée par le gouvernement espagnol, l'autre dirigée par la Congrégation romaine du Saint-Office ; la première a employé les supplices et les tortures, la seconde les a toujours évités (19). Cela est si vrai qu'au temps de la plus grande rigueur déployée contre les judaïsants, ceux-ci fuyaient l'Espagne pour se réfugier à Rome : « Les personnes atteintes ou menacées de l'Inquisition s'efforçaient de se soustraire à l'action de ce tribunal : elles fuyaient le sol de l'Espagne et s'en allaient à Rome (20) » Ce fait est très remarquable et forme un témoignage d'une grande force. Oui, pour éviter les rigueurs de l'Inquisition espagnole, on courait se réfugier dans les bras de Rome, et l'Inquisition romaine ou le Saint-Office mitigeait toujours les sentences. Aussi bien, l'histoire de l'Inquisition se trouve remplie de contestations survenues entre les Rois et les Papes, et l'on découvre constamment chez le Souverain Pontife le désir de contenir l'Inquisition dans les bornes de la justice et de l'humanité (21).

En résumé :

L'Espagne, primitivement généreuse et magnanime dans son hospitalité à l'égard des juifs, a fait preuve d'imprudence en les admettant indistinctement à tous les emplois, puis en les forçant au baptême ;

Elle a été dans son droit lorsque, à l'heure d'un suprême danger pour sa foi et son sol, elle a établi l'Inquisition contre les judaïsants ;

Mais elle s'est montrée implacable et cruelle dans le mode et l'exécution des sentences. Elle a offert le spectacle d'une nation qui s'étant trop facilement confiée, et sur le point d'être perdue, a eu recours, dans sa terreur, à la terreur.

C'est la signification vraie de l'Inquisition.

Quant à l'Eglise, en face de cette nation exaspérée et de la dureté des mœurs à cette époque, elle a fait ce qu'elle a pu, avec son esprit de mansuétude, pour soustraire aux supplices le plus grand nombre de coupables et sauver leur âme quand elle n'a pu les sauver du bûcher. Oh ! que cette appréciation qui a été faite sur Rome, est juste : On a vu constamment Rome être à la fois la cité de l'orthodoxie et la cité de la douceur, pure comme une vierge et faible comme elle (22).



IV




Le lecteur a sous les yeux, dans les divers aperçus que nous lui avons présentés, le résumé de la conduite de l'Église à l'égard des juifs, durant les dix-huit siècles écoulés du christianisme.

Il comprendra maintenant l'explication d'une mystérieuse prière biblique, au sens de laquelle il a, peut-être, rarement fait attention.

Sur le Golgotha, le Christ expirant avait prié ainsi pour ses bourreaux Mon Père, pardonnez-leur. David, son royal ancêtre et prophète, éclairé sur les souffrances du Christ et les figurants dans ses propres malheurs, avait demandé cette destinée pour les coupables : « Ne les exterminez pas, Seigneur... mais dispersez-les par votre puissance, et rabaissez-les, vous qui êtes mon protecteur (23). »

Cette mystérieuse prière, où il y avait, par avance, un écho du pardon du Golgotha, uni à la justice, s'est accomplie à la lettre. Les juifs ont été conservés, alors qu'ils auraient pu être exterminés mille fois et disparaître ; mais, en même temps, ils ont été dispersés et rabaissés, au point d'être regardés partout comme l'opprobre et la lie du genre humain.

Or, à qui doivent-ils de n'avoir pas été exterminés ?

À l'Église catholique.

Les nations voulaient les exterminer, mais l'Église veillait à ce qu'ils ne fussent que rabaissés.

Cette formule, tirée des Écritures, explique toutes les péripéties de leur pénible et sanglante dispersion. Sans doute, l'Église ne pouvait empêcher leur châtiment qui se trouvait mêlé aux causes secondes, dans ces époques de dureté qu'ils traversaient et qu'elle traversait elle-même ; mais elle s'est efforcée constamment, avec son esprit de mansuétude, de tempérer ce châtiment et de l'adoucir. Elle y a réussi. Divine mère, vous avez été admirable de douceur et de prudence : de douceur, pour éclairer, protéger et rassurer les juifs ; de prudence, pour conserver aux populations chrétiennes la supériorité ou le premier rang que leur avait conféré l'appel fait à la Gentilité : n'approuvant pas les excès du peuple chrétien contre les juifs, et ne permettant pas à ceux-ci l'envahissement du peuple chrétien.

Ne les exterminez pas, mais rabaissez-les ! La conduite de l'Église a été vraiment la traduction en acte de cette prière du Prophète royal. Elle a disputé la vie des pauvres juifs aux colères des multitudes non moins qu'à l'avidité des princes, aux exécutions sommaires comme aux sévérités de l'Inquisition gouvernementale. Mais pendant qu'elle protégeait, d'une main, leur vie, elle couvrait de l'autre, contre eux, les droits du peuple chrétien. Elle disait, quand on avait à se plaindre d'eux : Ne les exterminez pas, rabaissez-les.



CHAPITRE IV



CONTRASTE AVEC CE QUI PRÉCÈDE

TOUS LES GRANDS ENNEMIS DE L'ÉGLISE ONT ÉTÉ ÉGALEMENT

LES ENNEMIS ACHARNÉS DES JUIFS.



I. Il est remarquable que tous les grands ennemis de l'Église ont été également les ennemis acharnés des juifs. Haine, coutre eux, de Mahomet ; hideux témoignages. - II. De Luther ; hideux témoignages. - III. De Voltaire ; hideux témoignages. - IV. Contraste avec les procédés des Papes. - V. Explication de cette haine. Elle est inexplicable, si l'on ne tient compte de l'enfer, qui hait les restes d'Israël à cause de leur futur rôle dans l'Église de Dieu.



I


C'est une remarque sur laquelle l'attention ne s'est pas assez fixée, que tous les ennemis acharnés de l'Église se sont montrés également ennemis acharnés des restes d'Israël. Il n'y a guère que Julien l'Apostat qui ait aimé les Juifs en détestant les chrétiens. On sait, en effet, que dans le but de faire mentir les prophéties du Galiléen, il s'appliqua à recueillir les pierres et décombres du Temple, pour étouffer, sous cette architecture ressuscitée, l'arbre grandissant de l'Église. Quelques persécuteurs isolés, tyrans obscurs, ont pu également se servir fortuitement des juifs contre les chrétiens. Mais, généralement, les hommes de ténèbres et de mal, les hérésiarques, ceux que les Pères de l'Église nomment des antéchrists, ont enveloppé dans une même haine l'Église et Israël. Leurs mains cherchaient à déraciner le grand arbre, et leurs pieds piétinaient sur les branches retranchées, les fils flétris de Jacob. N'est-ce pas étrange ? Cela semble si invraisemblable qu'il faut des témoignages. Le lecteur comprendra mieux, après en avoir pris connaissance, l'explication que nous donnons, à leur suite, de cette haine à deux tranchants.

Entre tous les antéchrists ou hommes de mal, trois ont plus profondément détesté et désolé l'Église : Mahomet, Luther, Voltaire. Or, comment ont-ils traité les restes d'Israël ?



MAHOMET

ET SA HAINE CONTRE LES JUIFS



1. Aveux des historiens.



« Pour se convaincre de la vérité des proclamations du Prophète, les habitants de La Mecque décidèrent d'envoyer une députation aux rabbins juifs de Médine, qui passaient pour la plus sainte autorité en matière religieuse. Ceux-ci firent poser par les délégués à Mahomet trois questions. Ses réponses remplies d'erreurs grossières excitèrent contre lui leurs rires et leurs railleries mordantes. De là, une profonde hostilité de Mahomet contre les Juifs. Les noms des rabbins ont été conservés. » (SPRENGER, Mohammed, III, p. 20 et suis. - IBN-HISCHAM, Vie de Mohammed, p. 351,397-399.)

« C'est alors que Mahomet commença de remplacer la persuasion par la violence. Abou-Bekr lui-même, d'habitude si prudent et si modéré, pénétra dans l'école juive de Médine et accabla de coups le rabbin Finhâc. » (IBN-HISCHAM, p. 362.)

« Les auteurs arabes prétendent que, dans le principe, les juifs envoyèrent à Mahomet douze de leurs docteurs pour l'aider dans la composition du Koran. Toutefois ils devinrent bientôt ses plus implacables ennemis ; Mahomet conçut pour eux la même haine, et il les persécuta jusqu'à ses derniers moments. » (MALO, Hist. des juifs, p. 170.)

« Mahomet était, sinon toujours, du moins très courroucé contre les juifs. » (HOTTINGER, Historia orientalis (1651), in-4°, p. 215.)

« Mahomet haïssait souverainement cette nation. » (BASNAGE, Hist. des juifs, t. VIII, chap. IX, n° XVII.)

« Il leur reproche à tous moments leur haine pour les prophètes qu'ils ont massacrés, parce qu'il se regardait lui-même comme un prophète nouveau que les juifs haïssaient. » (In.. t. VIII, chap. IX, n° XV et XVII.)

« Il commença par marquer aux juifs beaucoup de considération, mais bientôt ce sentiment fit place à la fureur. Son Alcoran retentit d'exclamations violentes contre des hommes opposés à sa doctrine ; et les musulmans, qui argumentaient avec le sabre, renfermèrent les juifs dans la proscription de toutes les religions différentes de l'islamisme. » (GRÉGOIRE, Essai sur la régénération des juifs, p. 25-26.)



2. Paroles dures et injurieuses de Mahomet

contre les juifs, contenues dans le Coran.



Nous ne citons que les principales, car le Coran est rempli contre eux dc malédictions.

« L'ignominie dans ce monde sera leur partage. » Chap. II, V. 79

« Dieu les a maudits. Que la malédiction de Dieu les atteigne ! » IBID., v. 82, 83.

« Ils remplissent leurs entrailles de feu. Dieu n• leur adressera pas la parole au jour de la résurrection et ne les absoudra pas. Un supplice douloureux les attend. » IBID., v. 169.

« Vous qui avez reçu les Écritures, croyez, avant que nous effacions les traits de vos visages et que nous les tournions du côté opposé (que nous vous tordions le cou). Croyez, avant que nous vous maudissions, comme nous avons maudit ceux qui violaient le sabbat... Nous les transformâmes en vils singes. » Chap. IV, V. 50, et chap. II, V. 61.

« Ceux qui refuseront de croire à nos signes, nous les approcherons d'un feu ardent. Aussitôt que leur peau sera consumée par le feu, nous les revêtirons d'une autre, pour leur faire éprouver un supplice cruel. Dieu est puissant et sage. » Chap. IV, V. 59

« Parmi eux tu verras un grand nombre courir au plus pressé vers l'iniquité, vers l'injustice. Que leurs actions sont abominables ! »

« Si ce n'étaient les docteurs et les prêtres qui les empéchent de se livrer à l'impiété, quelles horreurs ne commettraient ils pas ? »

« Que leurs mains soient liées à leur cou ; qu'ils soient maudits pour prix de leurs blasphèmes. » Chap. V, V. 67, 68, 69.

« Ni leurs richesses, ni leurs enfants ne leur serviront à rien auprès de Dieu ; ils seront les victimes d'un feu éternel. »

« Oh ! qu'ils sont menteurs ! »

« Satan s'est emparé d'eux. Ils forment le parti de Satan. » Chap. LVIII, V. 18, 19, 20.



3. Cruautés de Mahomet contre les juifs.



Près de 750 juifs, et parmi eux le rabbin Hoyyeyy, furent égorgés sur la place d'un marche à Médine. Hoyyeyy fut tué le dernier. Lorsqu'il était mené à la mort, Mahomet lui dit « Dieu t'a conduit à ta perte. - Je ne crains pas la mort, répondit le vaillant rabbin, je ne me repens nullement de t'avoir déclaré la guerre, et aujourd'hui encore, au moment de quitter ce monde, je proclame que tu es un imposteur. » Alors il s'agenouilla et il fut décapité. (IBN-HISCHAM, Vie de Mouhammed, p. 690 et suiv. - WAKIDI, traduit par WELLHAUSEN, Mohammed in Medina, p. 373)

Il y avait à Médine un poète juif du nom de Cab, fils d'Al-Aschraf. Ce poète était un adversaire dangereux pour le prophète ; le prophète décida de le faire tuer. « Qui veut me délivrer, s'écria-t-il un jour, du fils d'Al-Aschraf ? » Le Médinois Mohammed, fils de Maslama, s'offrit pour accomplir cet exploit, mais demanda à Mahomet de lui permettre d'employer la ruse et le mensonge. Le prophète l'y autorisa. Cab fut cruellement assassiné. (CAUSSIN DE PERCEVAL, Essai sur l'hist. des Arabes, III, p. 85 et suiv. - IBN-HISCHAM.)

Mahomet, à la tête de 1400 fantassins et de 300 cavaliers, marcha contre les israélites de Kheibar ; ceux-ci s'enfermèrent dans leurs châteaux forts. Peu à peu tous les forts tombèrent entre les mains des musulmans ; un grand nombre de juifs furent faits prisonniers et parmi eux Kinâna, fils d'Ar-Rabi, et sa fiancée, Cafiyya, fille de Hoyyeyy. Cafiyya était très belle, et Mahomet désirait la prendre pour femme ; il fit venir son fiancé Kinâna, et, sous prétexte de lui faire avouer où il avait caché les trésors dont on lui avait confié la garde, il le soumit à d'atroces tortures, le fit mourir, puis épousa Cafiyya. Tous les combattants qui avaient été pris les armes à la main furent tués, il en mourut ainsi près de neuf cents. (IBN-HISCHAM, p. 760 et suiv.)



4. Haine héréditaire

des successeurs et sectateurs de Mahomet

coutre les juifs.


La haine du Prophète fut héréditaire chez les peuples de l'islam.

« À la mort de Mahomet (632), les juifs étaient dans la persuasion que les Arabes les laisseraient en repos. Ceux-ci étaient déjà trop fanatisés. Le Coran devint le livre fondamental (le code) pour une grande partie de l'humanité dans trois parties du monde, et, comme il était rempli de sentences haineuses contre les fils du judaïsme, il éleva les peuples mahométans dans la haine contre eux. Le fanatisme du second calife Omar, nature sauvage et énergique, était si grand, qu'il rompit l'alliance conclue entre Mahomet et les juifs de Ghaïbar et de Wadil-Kora, qu'il les chassa de leur territoire, ainsi que les chrétiens de Nagaran, afin que le sol sacré de l'Arabie ne fût plus profané par les juifs et les chrétiens. Les pays occupés jadis par les juifs furent cédés par Ottiar aux guerriers mahométans. » (GRAETZ, Hist. des juifs, p. 131, 132.)

« En maints endroits les juifs sont exposés à toutes sortes d'avanies que leur font les mahométans. On leur crache au nez dans les rues, on les maltraite de paroles, on les frappe ; les enfants les poursuivent à coups de pierres. Ils souffrent patiemment ces violences, parce que s'ils s'avisaient de se défendre, ils courraient le risque d'être mis en pièces par la populace. À la vérité, on considère un peu davantage ceux qui ont des relations auprès du Roi et des Grands. Il n'y a qu'eux qui aient la permission de porter des souliers, les autres n'ont que des chaussures de jonc. Il faut qu'ils les quittent toutes les fois qu'ils passent devant une mosquée ou qu'ils entrent chez le Prince, sous peine de la bastonnade ou de la prison dont ils ne sortent qu'en payant une grosse amende. » (D Boissi, Dissertations critiques sur l'Hist. des juifs, t. II, p. 171, 172.)

« Partout où flotte l'étendard de Mahomet, le peuple juif est persécuté. » (MALO, Hist. des juifs, p. 539.)



II



LUTHER

ET SA HAINE, CONTRE LES JUIFS



1. Aveux des historiens.


« Luther les a souvent censurés avec cette impétuosité de génie qui l'emportait hors de la modération. Il leur reprochait surtout qu'ils étaient fourbes. Les rabbins, irrités de la manière dont Luther les traite, soutiennent que ce chef de la Réforme avait demandé à leurs frères de Francfort une grosse somme d'argent, avec promesse de les en payer par les louanges qu'il leur donnerait dans ses livres, et qu'ils refusèrent. Mais ce conte est ridicule. » (BASNAGE, t. IX, 3° partie, chap. XXXIV, n° 2.)

« Luther écrivit contre les juifs. Il se laissa emporter souvent, par l'impétuosité de son caractère, hors des bornes de la justice et de la modération. » (HALÉVY, Hist, des juifs, p. 148, 149.)



2. Grossièretés et duretés de Luther contre

les juifs


Un des plus célèbres historiens de Luther, Audin, a senti le besoin de ce préambule dans sa préface :

« C'est la parole de Luther que nous reproduisons, et sa parole toute nue. Un moment nous avons hésité, n'osant traduire des images qui révoltent à la fois l'œil et l'oreille ; mais nous nous sommes enhardi en pensant que ce n'était point à nous de rougir pour Luther. S'il y a de la honte, qu'elle retombe sur son front. »

Nous faisons nôtre le préambule d'Audio. Comme lui, nous avons hésité un instant à enregistrer les citations qui suivent. Nous avons passé outre à cause du contraste à établir, au profit de la vérité, entre le langage des Papes en faveur des juifs et le langage de l'hérésiarque contre eux. Seulement, la décence ne nous a point permis de citer les passages les plus odieux, pas même en latin.

Les citations sont tirées du livre de Luther intitulé : Les Juifs et leurs Mensonges (t. VII, in-folio, Wittemberg, Thomas Klug, 1558).

« On raisonnerait tout à fait en vain avec ces brutes » (p. 168, recto).

« Les juifs se tiennent dédaigneux dans leurs synagogues, vraies étables de porcs, où toute la journée ils ne laissent échapper de leurs lèvres que les blasphèmes les plus honteux et les plus impudents » (p. 172, verso).

« Oh ! que le livre d'Esther est cher aux juifs, il est si bien accommodé à leurs sentiments sanguinaires et empoisonnés. Il ne se trouve aucun peuple sous le soleil, qui soit si avide de vengeance, qui ait ainsi soif de sang, se croyant peuple de Dieu uniquement pour égorger, immoler les nations » (p. 173, verso).

« Si les juifs sont aux yeux de Dieu le peuple saint parce qu'ils possèdent les paroles et la loi de Dieu, les diables en enfer sont plus dignes que les juifs d'être le peuple de Dieu, car les démons possèdent la parole de Dieu, qu'ils connaissent mieux que les juifs » (p. 176, verso).

« Ô honte, ô crime horrible, que vous, damnés juifs, vous traîniez dans la boue les paroles de Dieu si saintes, si magnifiques, si consolantes, et que vous étaliez si manifestement votre honteuse avarice ! Vous n'êtes pas dignes de regarder la Bible, encore moins de la lire au lieu de toucher la perle et le baume de la parole de Dieu, vous devriez manier des excréments de porc » (p. 188, verso).

« S'il y avait une foire, où une once de pudeur fut exposée en vente, je donnerais aux juifs quelques pièces d'or pour qu'ils en achètent, et pour qu'ils se procurent un front honnête » (p189, recto).

« Sache, chrétien, qu'après le diable tu n'as pas d'ennemi plus cruel, p1us envenimé, plus violent qu'un vrai juif, qui veut être sérieusement juif. Il y a peut-être parmi eux des épicuriens qui pensent que les bœufs et les oies ont la foi ; mais tous sont zélés pour la circoncision. Aussi, ils sont souvent accusés par l'histoire d'avoir empoisonné les puits, soustrait de petits enfants, tiré le sang chrétien en leur ouvrant les veines, comme à Trente, à Weissensée, etc. Ils nient énergiquement la chose ; la volonté de commettre ces atrocités ne leur manque pas, et chaque fois qu'ils peuvent perpétrer ce crime en cachette ou manifestement, n'espère rien de mieux d'eux » (p. 189, verso, 190, recto).

« Ce sont des voleurs, des brigands, qui ne mangent aucune bouchée, ne portent sur leur corps aucun fil qu'ils ne nous les aient volés et soustraits par la plus vorace des usures Ils vivent tous les jours de rapine et de vols, eux, leurs femmes et leurs enfants, exerçant partout le brigandage et se montrant les plus rusés voleurs. L'usurier est plus scélérat qu'un brigand, on devrait le pendre à un gibet sept fois plus élevé que les potences ordinaires » (p. 197, recto).

« Tu t'imagines peut-être que le juif est peu de chose, détrompe-toi, insensé !...» (Ici les paroles ordurières et blasphématrices de Luther font frémir, p. 201, verso, 202, recto.)

« Qui empêche les juifs de retourner en Judée ? personne. Les chemins et les pays qui y conduisent leur sont ouverts. Qu'ils s'en aillent à pied, à cheval, en vaisseau, qu'ils volent s'ils sont pourvus d'ailes ! Nous leur procurerons des provisions pour le voyage, uniquement pour que nous puissions être délivrés de cette lie dégoûtante. Ils sont pour nous un poids lourd, la calamité de nos propriétés ; ils sont une peste au milieu de nos terres » (p. 203, verso).

« J'ai lu et entendu sur les juifs bien des histoires, savoir : comment ils ont empoisonné les sources d'eau, comment ils ont commis des homicides en secret. J'ai appris qu'un juif a envoyé à un autre, par l'intermédiaire d'un chrétien, un petit vase rempli de sang tout frais. De même j'ai entendu parler d'un tonneau qui, lorsqu'il fut vidé, renfermait un cadavre. Combien de crimes et de vols d'enfants ne peut-on pas leur reprocher ? Le chrétien n'a, après le diable, aucun ennemi plus cruel qu' un juif. Celui qui a du plaisir à exercer l'hospitalité envers ces vipères, ces petits du diable, à les choyer, les nourrir et les élever, qu'il les traite en amis chéris et les entoure de tendresses ! Et si ce n'est pas assez qu'il... (ici notre plume passe des turpitudes) et qu'il se vante ensuite d'avoir été miséricordieux » (p. 220, recto).

« Si Dieu ne m'avait pas donné un autre Messie que celui que les juifs désirent et attendent, j'aimerais mieux être un porc qu'un homme. En effet, le porc dans son bourbier jouit de ses délices, de ses saletés et de la boue ; il prend son sommeil, il ronfle, il ne craint aucun roi, aucun seigneur ; la mort ou l'enfer ne lui font pas peur ; il ne s'effraie pas des terreurs du diable ou de la colère divine. Il vit sans souci, au point de ne pas même songer au son qui est sa nourriture. Le Messie que les juifs attendent ne donnera jamais une félicité comparable à celle de ce porc (p. 211, recto et verso). »



3. Conseils donnés par Luther

aux princes et aux magistrats pour se

débarrasser des juifs.



Ces conseils sont contenus dans le même livre de Luther, cité plus haut : Les Juifs et leurs Mensonges.

« Pour apporter un terme à la doctrine blasphématoire des juifs, il serait d'abord utile de mettre le feu à leurs synagogues, et ce qui échapperait à l'incendie, il faudrait le couvrir de sable et de boue, de sorte que personne ne puisse plus en apercevoir une tuile et une pierre (P. 204, recto). Si Moïse vivait de nos jours, il ne manquerait pas d'incendier les synagogues et les maisons des juifs. » (p. 204, verso).

« Il faudrait détruire et dévaster leurs maisons privées ; on pourrait les loger dans des étables ou sous des tentes comme de simples bohémiens. » (p. 204, verso).

« Il faudrait leur enlever leurs livres de prières et leurs talmuds dans lesquels sont enseignés l'idolâtrie, les mensonges, les paroles blessantes, les blasphèmes » (ibid.).

4° « il serait défendu sous peine de mort aux rabbins d'enseigner, parce qu'ils ont perdu tout droit de le faire. » (ibid.).

5° « On refuserait aux juifs toute protection et tout moyen de communication dans toutes les provinces et duchés. » (ibid.).

« Des ordres très sévères de la part des magistrats leur interdiraient l'usure ; tout argent disponible leur serait enlevé ; tout leur or et argent serait déposé entre les mains des magistrats, et voici pour quelle raison ce qu'ils possèdent, ils l'ont volé et extorqué par leur usure, puisqu'ils sont des exilés sans patrimoine. L'argent, mis ainsi sous séquestre, servirait à cette fin si un juif vient à se convertir sérieusement, on lui compterait 100, 200, 300 florins, suivant la qualité de la personne ; au moyen de cet argent on viendrait au secours des infirmes, des convalescents, etc ». (p. 205, recto).

7° « On exigerait des juifs jeunes et robustes, soit hommes, soit femmes, qu'ils travaillassent afin de gagner leur pain à la sueur de leur front. » (p. 205, recto).

« Et si en les forçant à travailler chez nous, nous avions à craindre qu'ils nous causassent quelque dommage dans notre corps, nos épouses, nos enfants, notre famille, nos animaux domestiques, etc., comme on peut le supposer facilement de la part de ces vipères peu accoutumées au travail, il faudrait leur faire rendre gorge, puis les chasser du pays. » (p. 205, verso).

« En somme, très bons princes et seigneurs, qui avez des juifs sous votre dépendance, agissez, délibérez sur les moyens à prendre. »

« Ne prenons pas leur défense, ne mangeons et ne buvons pas avec eux, ne leur accordons pas l'hospitalité, ne partageons pas leur démence et leur fureur démoniaque... Ce sont autant de bêtes méchantes, perverses, venimeuses, sataniques qui depuis quatorze cents ans et au delà ont été et sont encore la ruine des gouvernements, des pestes noires et nos cancers. En somme, les juifs sont pour nous des diables incarnés ; ils n'ont plus de cœur humain pour nous, nations : et ils apprennent ces choses de leurs rabbins, dans les synagogues, nids d'esprits immondes. » (p. 206, recto, 206, verso).


Autres conseils donnés par Luther aux princes et aux magistrats.

1° « Il s'agit d'incendier les synagogues, et de réduire en cendres ces officines du blasphème ; il faudrait jeter sur le feu de l'huile, du souffre, de la poix, afin d'augmenter l'incendie ; il faudrait même s'efforcer d'ajouter le feu de l'enfer, pour que Dieu voie que nous sommes sérieusement accablés, et que le monde entier soit témoin que nous avons toléré ces maisons par ignorance, et que nous les avons illuminées comme elles le méritent. »

« Il s'agit de leur enlever tous les livres, formules de prières et récits talmudiques, toute la Bible, sans leur en laisser une seule page, et les réserver à ceux qui se convertissent. »

3° « On leur défendrait sous peine de mort de louer Dieu publiquement sur notre territoire, de prier, d'enseigner, de chanter. Qu'ils fassent ces choses dans leur pays, ou partout où ils voudront. »

« Enfin, qu'il leur soit interdit de prononcer devant nous le nom de Dieu. Que quiconque qui entend un juif prononcer le nom de Dieu, qu'il le dénonce aux magistrats, ou qu'il lui lance à la tête des boulettes d'excréments de porc et le chasse comme un chien. » (p. 209, recto et verso).

« Si j'avais le droit de statuer sur le sort des juifs, je leur enjoindrais, sous peine de mort, de convaincre, dans l'espace de huit jours, par des arguments solides, que nous adorons plusieurs dieux au lieu d'un seul ; que s'ils le faisaient, nous serions prêts à nous convertir en un seul jour au judaïsme et à recevoir la circoncision ; si non, ils seraient traités comme ils l'auraient mérité. » (p. 210, recto-verso).

« Je supplie nos magistrats d'exercer une pitié sévère envers ces misérables, si par hasard elle peut contribuer à leur salut. Qu'à l'exemple des médecins qui, lorsque les cataplasmes n'agissent plus, ont recours aux incisions et aux cautérisations, les magistrats emploient cette pitié dure et sévère ; qu'ils aient soin d'incendier leurs synagogues ; qu'ils leur interdisent tout ce dont j'ai parlé plus haut ; qu'ils les forcent à travailler. Et si tout cela ne sert de rien, nous serons contraints de les expulser comme des chiens enragés, pour ne pas partager avec eux leurs blasphèmes, et nous exposer à encourir la colère divine et lu damnation éternelle. » (p. 211).



III


VOLTAIRE


ET SA HAINE CONTRE LES JUIFS



1. Aveux des historiens.



Dans les Lettres de quelques juifs à M. de Voltaire, modèle de controverse puissante et courtoise, l'auteur reproche au philosophe que « parmi tous les autres peuples du monde, le peuple juif est le seul pour qui sa philosophie n'a pas d'entrailles ».

L'historien israélite GRAETZ dit :

« Voltaire, qui était dans ses écrits un véritable enchanteur et un savant, et dans sa vie privée un fou et un esclave de ses basses passions, avait cherché querelle aux juifs il voulait que le monde entier les méprisât, eux et leur passé. On peut accuser avec assurance Voltaire d'un grand nombre d'affaires compromettantes, surtout à propos du commerce de diamants ; il trompait ses entremetteurs ; il faisait des mensonges, fabriquait des faux, etc., etc., et avec cela il croyait toujours que c'était lui qu'on trempait. Le roi Frédéric admirait et méprisait en même temps ce génie diabolique. Il se décida à le chasser de son royaume à cause d'une vilaine affaire compromettante avec un joaillier juif. Les traits les plus saillants de son caractère étaient la vengeance et l'avarice. Il saisissait chaque occasion de parler mal des juifs et il se délectait à exercer sa satire haineuse contre la nation juive de son temps et de l'ancien temps. » (GRAETZ, Hist. des juifs, t. XI, p. 52-54.)

Les Archives israélites disent :

« Voltaire, dans sa guerre contre le judaïsme, était de mauvaises fois.... Au moment même où il écrivait à Isaac Pinto, de Bordeaux : Je n'ai jamais haï votre nation, il ajoutait à ses anciennes accusations de nouvelles calomnies.... Tout cela ne respire que la haine la plus aveugle. » (Arch. isr., mai 1882. p. 152.)



2. Aversion et mépris de Voltaire pour l'ancien

peuple de Dieu en Palestine.



En cherchant le mot Juifs (les) à la table analytique des Œuvres de Voltaire, voici ce qu'en trouve. (Nous avons consulté l'édition en 70 volumes de M. Beuchot, in -8, Paris 1840.)

Les chiffres romains indiquent les tomes ; les chiffres arabes, les pages.

1. De l'opinion qu'ils descendent d'une troupe de brigands que le roi Actisan bannit d'Égypte, après les avoir fait mutiler, XXIX, 451 ; XLIII, 398 ; XLVI, 144.

2. Cruauté de leurs prières, XV, 199.

3. Énumération des assassinats que les juifs commirent sur leurs frères, XI, 253 ; XL, 608 et suiv. ; XLVIII, 459, 460, 481.

4. Si leurs femmes.... (nous supprimerons le reste par pudeur), XXX, 484.

5. S'ils mangèrent de la chair humaine, ibid., XVII, 407.

6. Leurs sacrifices humains, IX, 294 ; XV, 163.

7. Que leur Loi est la seule dans l'univers qui ait ordonné d'immoler les hommes, XLVI, 166 et suiv.

8. Des enfants juifs immolés en mangés par leurs mères, IX, 294 ; X, 174 ; XXVI, 408 ; XXX, 487.

9. Leur histoire fut l'histoire de cannibales, XLIX, 180.

10. Eurent parmi eux des supplices recherchés, XLVIII, 563.

11. Leur haine contre toutes les nations, XV, 190, 202 ; XLIII, 353 et suiv.

12. D'où leur venait cette horreur des nations ; XXX, 459 ; XLIII, 418.

13. La haine des nations contre eux, suite de leurs superstitions et de leurs barbaries, XVII, 54 ; XXXVII, 64.

14. Turpitudes qu'on leur reproche, XXVII, 401.

15. Leur nation est la seule chez qui les lois ont été forcées de prohiber la bestialité, XLI, 303.

16. De leurs superstitions, XLIV, 118 et suiv. ; L, 426.

17. Furent toujours infatués de sortilèges, XLIV, 122.

18. Depuis quand font métier de la magie, XV, 158 ; L, 428.

19. N'avaient aucune industrie ni aucune philosophie, XXX, 458.

20. Où et quand se formèrent dans l'art de l'usure, XXX, 462.

21. Furent partout usuriers, selon le privilège et la bénédiction de leur Loi, et partout en horreur par la même raison, XVII, 53.



3. Blasphèmes de Voltaire dans sa manière

d'interpréter la sainte Bible.



Même remarque que pour Luther. Notre plume ne saurait reproduire les horribles blasphèmes ni les turpitudes de langage dont s'est servi Voltaire. Ce qui suit n'est qu'un fragment suffisant, et au delà, pour éclairer et dégoûter le lecteur.

« Après le passage de la mer Rouge, le frère de Moïse fait aux juifs un autre dieu, et ce dieu est un veau. Pour punir son frère, Moïse ordonna à des prêtres de tuer leurs fils, leurs frères, leurs pères ; et ces prêtres tuent vingt-trois mille juifs, qui se laissent égorger comme des bêtes. »

« Après cette boucherie, il n'est pas étonnant que ce peuple abominable sacrifie des victimes humaines à son dieu, qu'il appelle Adonaï. C'est d'après cette Loi de cannibales que Jephté, quelque temps après, immole sa propre fille. »

« Ce n'est pas assez de vingt-trois mille hommes égorgés pour un veau, on nous en compte encore vingt-quatre mille autres immolés pour avoir eu commerce avec des filles idolâtres dignes prélude, digne exemple des persécutions en matière de religion. »

« Ce peuple avance dans les déserts et dans les rochers de la Palestine. Voilà votre beau pays, leur dit Dieu : égorgez tous les habitants, tuez tous les enfants mâles, faites mourir les femmes mariées, réservez pour vous toutes les petites filles... »

« Après avoir passé le Jourdain à pied sec, comme la mer, voilà ce peuple dans la terre promise. La première personne qui introduit par une trahison ce peuple saint est une prostituée nommée Rahab. Dieu se joint à cette prostituée ; il fait tomber les murs de Jérieho au bruit de la trompette, le saint peuple entre dans cette ville, sur laquelle il n'avait, de son aveu, aucun droit, et il massacre les hommes, les femmes, et les enfants, etc.. etc. » (Vol. XL. p. 608-612, dans Mélanges, t. 1 IV.)

« Les juifs dans le désert adoraient réellement un coffre que nous appelons arche, imitant en cela plusieurs nations qui promenaient leurs petits marmousets sacrés dans des coffres...»

« Les juifs prétendaient que la verge d'Aaron et un boisseau de manne étaient conservés dans leur saint coffre, deux bœufs le tramaient dans une charrette ; le peuple tombait devant lui la face contre terre, et n'osait le regarder. Adonaï fit un jour mourir de mort subite cinquante mille soixante-dix juifs, pour avoir porté la vue sur son coffre, et se contenta de donner des hémorroïdes aux Philistins qui avaient pris son coffre, et d'envoyer des rats dans leurs champs, jusqu'à ce que ces Philistins lui eussent rendu son coffre. Est-il possible que l'esprit humain ait été assez abruti pour imaginer des superstitions si infâmes et des fables si ridicules ?»

« Ces mêmes juifs qui prétendent avoir eu les figures en horreur par l'ordre de leur dieu même, conservaient pourtant dans leur sanctuaire, dans leur saint des saints, deux chérubins qui avaient des faces d'homme et des mufles de bœuf avec des ailes. » (Vol. XLIV, p. 118-120, dans Mélanges, t. VIII.)



4. Quelle opinion Voltaire avait des juifs

de son temps.



« Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition, et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler. » (Vol. XXX, p. 462, dans Dictionnaire philosophique, t. V, au mot Juif.)

« Mon oncle était lié avec les plus savants juifs de l'Asie. Ils lui avouèrent qu'il avait été ordonné à leurs ancêtres d'avoir toutes les nations en horreur ; et, en effet. parmi tous les historiens qui ont parlé d'eux, il n'en est aucun qui ne soit convenu de cette vérité : et même, pour peu qu'on ouvre les livres de leurs lois, on trouve la preuve de tout cela. » (Mélanges, t. VII.)

« Cette petite nation juive ose étaler une haine irréconciliable contre toutes les nations toujours superstitieuse, toujours avide du bien d'autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur, et insolente dans la prospérité. » (Vol. XV, dans Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, § 42.)

« Ces marauds-là vont partout où il y a de l'argent à gagner, comme les Guèbres, les Banians, les Arméniens courent toute l'Asie, et comme les prêtres isiaques venaient, sous le nom de Bohèmes, voler des poules dans les basses-cours, et dire la bonne aventure. Mais que ces déprépucés d'Israël, qui vendent de vieilles culottes aux sauvages, se disent de la tribu de Nephthali ou d'Issachar, cela est fort peu important ; ils n'en sont pas moins les plus grands gueux qui aient jamais souillé la face du globe. » (Vol. LXVIII, p. 392, dans Correspondance, t. XVIII, à M. le chevalier de Lisle. Ferney, 15 décembre 1773.)

« Ma tendresse pour vous n'a plus qu'un mot à vous dire : vous ÊTES DES ANIMAUX CALCULANTS ; TACHEZ D' ÊTRE DES ANIMAUX PENSANTS. » (Vol. XXX, p. 492-493, dans Dictionnaire philosophique, au mot JUIFS septième et dernière lettre.)



5. Programme de Voltaire

pour jeter dans la même fosse l'Église et la Synagogue.



« Il faut absolument discréditer, bafouer les livres de la Bible. Ayant rendu risibles les graves patriarches, convaincu Moïse d'ignorance et de cruauté, conspué la Genèse, ce sera pur divertissement de turlupiner les prophètes, d'affirmer que leur mission était un métier, que l'on s'y exercait comme à tout autre art ; qu'un prophète, à proprement parler, était un visionnaire qui assemblait le peuple et lui débitait ses rêveries ; que c'était la plus vile espèce d'hommes qu'il y eût chez les juifs qu'ils ressemblaient exactement à ces charlatans qui amusent le peuple sur les places des grandes villes. Arrivé à ce point, il nous sera facile de montrer qu'un homme adroit, entreprenant, ayant acquis dans ses voyages des notions de physique, de jonglerie, même de magnétisme, choisit, pour exploiter la crédulité publique, une contrée lointaine, une population ignare, séparée de la civilisation romaine par son langage et ses mœurs, entichée d'une attente superstitieuse ; que s'appliquant quelques passages de visionnaires juifs nommés prophètes, il réussit à tromper la foule, à passer pour le Messie, ce qui signifie un envoyé, un homme chargé d'une mission. Les rieurs mis de notre bord, il y aura beau jeu à houspiller les bons Apôtres, les douze faquins, surtout les écrivailleurs, Marc, Jean, Luc, Matthieu ; à éplucher leur évangile, et à lui donner des nasardes. » (VOLTAIRE, Bible expliquée.)



IV



Il existe, d'ordinaire, dans chaque bibliothèque chrétienne, un lieu séparé qu'on appelle l'Enfer, où les mauvais livres sont rangés à part. Ce chapitre est une sorte d'enfer dans notre ouvrage. Nous ne nous sommes décidé au rassemblement de ces hideuses citations que parce qu'un précieux et puissant contraste pouvait s'en déduire au profit de la Vérité, et à cause du cher Israël à ramener dans les bras de cette Vérité.

En effet, que le lecteur prenne la peine de comparer les sentiments de Mahomet, de Luther et de Voltaire sur les juifs, et les traitements qu'ils leur ont infligés, avec les sentiments et les traitements que nous avons révélés dans le cœur et la conduite des Papes, au premier chapitre de ce IIe livre ; puis, qu'il prononce surtout, s'il est israélite, qu'il prononce de quel côté a été, pour les pauvres juifs, la pitié, et de quel côté le mépris ; de quel côté le respect, et de quel côté l'indécence ; de quel côté le secours, et de quel côté la cruauté.

Sans approfondir le parallèle, que le lecteur fera facilement, nous nous contentons d'indiquer ces points de contraste :


S'agit-il de LA BIBLE ? Mahomet la dénature à son profit. Luther voudrait l'enlever des mains des juifs : « Damnés juifs, vous n'êtes pas dignes de regarder la Bible, encore moins de la lire. Au lieu de toucher la perle et le baume de la parole de Dieu, vous devriez manier des excréments de porcs. » Voltaire, lui, la souille de sa bave.

Mais les Papes la conservent aux juifs, la leur font expliquer avec soin. Ils ne prohibent que le Talmud qui les empêche de sentir le baume biblique et d'apprécier la perle de la parole de Dieu.


S'agit il DES SYNAGOGUES ? Mahomet les détruit. Luther les appelle des nids d'esprits immondes et des étables à pourceaux. Il conseille aux magistrats « de les incendier, de faire jeter sur le feu du souffre, de l'huile, de la poix, et de faire recouvrir les décombres de sable et de boue. »

Mais les Papes défendent, sous peine d'excommunication, qu'on leur ôte leurs synagogues ; et au XVIIe siècle, l'historien protestant Basnage avoue « qu'on en compte neuf à Rome, dix-neuf dans la campagne, trente-six dans la Marche d'Ancône, douze dans le Patrimoine de Saint-Pierre, onze à Bologne, et treize dans la Romandiole. »


Sagit-il de LEUR AVENIR religieux ou social ? Mahomet les maudit, que le feu remplisse leurs entrailles ! Luther les appelle les petits du diable, indignes de prononcer le nom de Dieu ; on les doit frapper à la tête de boulettes d'excréments de porcs quand ils le prononcent. Voltaire leur dit : Vous êtes des animaux calculants, tâchez d'être des animaux pensants.

Mais le Pape, avec toute l'Église, prie pour eux le jour du Vendredi saint.


S'agit-il de LEURS EXPULSIONS ? Mahomet les chasse de l'Arabie. Luther fait des vœux pour que l'Europe s'en débarrasse : Qui les empêche de retourner en Judée ? Nous leur procurerons tout ce qui sera nécessaire pour le voyage, uniquement pour que nous puissions être délivrés de cette lie dégoûtante.

Mais les Papes ouvrent leurs bras aux fugitifs, toutes les fois qu'ils sont chassés d'ailleurs, leur permettent de se fixer dans leurs États, et, lorsqu'ils apprennent que les juifs qui sont établis depuis longtemps à Rome laissent les exilés d'Espagne dons la misère, ils menacent de chasser ces frères durs et barbares s'ils ne viennent au secours de leurs frères malheureux.


S'agit-il de LEURS MASSACRES ? Mahomet les égorge. Luther écrit un traité ignoble et furibond pour soulever l'Allemagne contre eux et demande qu'on les poursuive comme des chiens enragés. Voltaire conseille simplement de ne pas les brûler.

Mais les Papes se lèvent avec une intrépidité invariable, toutes les fois qu'on les massacre ; ils réprouvent et frappent d'anathèmes les égorgeurs, et couvrent de leur majesté, de leur compassion et de leur protection les pauvres victimes.


Le parallèle peut trouver son achèvement dans une de ces figures dont la Bible a le secret.

La Sagesse est représentée assise à la porte des demeures des hommes, pour prévenir et accueillir ceux qui la cherchent :

La Sagesse est pleine de lumière, et sa beauté ne se flétrit point ;

Elle prévient ceux qui la désirent, et elle se montre à eux la première.

Celui qui veille dès le matin pour elle la trouvera assise à sa porte.

Elle tourne elle-même de tous côtés, pour chercher ceux qui sont dignes d'elle. (24)


Or, fort de l'appui de cette figure biblique aussi instructive que gracieuse, on demande à tout esprit de bonne foi qui aura pris connaissance des documents rassemblés sur les Papes, sur Mahomet, sur Luther, sur Voltaire QUELLE PORTE il lui semble que la Sagesse soit assise, et de quel endroit elle s'est levée pour prévenir, secourir et sauver les pauvres juifs ?

Est-ce à la porte de Mahomet ?

Est-ce à la porte du moine de Wittemberg ?

Est-ce à la porte du philosophe de Ferney ?

N'est-ce pas, plutôt, à celle du Vatican ?

Oh ! puisse ce contraste historique devenir un phare sur la route des dispersés d'Israël ! Car ce contraste est une preuve, sans ombre, que la Vérité se montre pleine de mansuétude et de miséricorde, et l'erreur, au contraire, cruelle et impitoyable. L'une ouvre ses bras, l'autre écrase du pied.



V



Mais d'où vient cet acharnement de tous les adversaires du catholicisme contre les restes d'Israël ?

La solution de cette réponse est importante, pour comprendre les événements que nous racontons dans les Livres qui suivent.

D'où vient donc que le Croissant, adversaire de la Croix jusque dans les termes, ait piétiné sur ces juifs qui ont maudit le Crucifié, au lieu de se faire aider par eux dans ses luttes acharnées contre la Croix ?

D'où vient que Luther, qui a entraîné les nations du Nord à l'assaut de l'Église, n'ait pas fait signe à la Synagogue, mais l'ait méprisée ?

D'où vient que Voltaire, qui a tant haï le Christ et nommé le christianisme l'infâme, ait enveloppé dans cette haine les juifs, au point d'en dire des infamies ?

N'est-ce pas surprenant ? N'est-ce pas bizarre, contradictoire ? Il semble que la bonne politique, à défaut de la haine, aurait dû déterminer ces hérésiarques, ces apostats, ces antéchrists à ne pas dédaigner le concours d'alliés tout dispos comme l'étaient les juifs, armés en guerre depuis des siècles ! Est-ce que la haine hébraïque n'était pas autrement ancienne et vivace que la leur ? Est-ce que Caïphe et Judas n'étaient pas maîtres passés pour aplanir les voies à Luther et à Voltaire ?...

Une double explication peut être apportée. Mais la seconde, seule, satisfait.

Cette aversion haineuse des hérétiques contre les juifs peut s'expliquer, d'abord, par l'aversion même qui les animait contre l'Église catholique. La religion juive, en effet, n'est-elle pas la base du catholicisme ? Or, en faisant disparaître la base représentée par le peuple juif, la haine avait la certitude et la jouissance de ruiner plus sûrement, plus radicalement l'Église. Voilà pourquoi, à mesure que la haine contre l'Église catholique se développe et devient plus intense, le peuple juif, également, est plus détesté. Ainsi Mahomet a supporté plus patiemment, surtout dans les commencements, les juifs, que Luther. Et Voltaire, qui a été, contre l'Église, la haine à son paroxysme, a eu, contre les juifs, des accès de rage.

Cette explication, néanmoins, ne satisfait pas pleinement. Il faut, pour percer ce mystère d'acharnement, regarder plus haut que les inimitiés visibles de ce monde.

Il existe en effet une inimitié supérieure, invisible, qui inspire, dirige les inimitiés visibles des schismatiques, des hérétiques, des apostats : celle de Satan.

Elle est primordiale, inspiratrice des autres, leur confluent.

Or, Satan n'ignore pas les desseins de la miséricorde divine sur les restes du peuple déicide, les Prophètes bibliques les ayant annoncés. Il n'ignore pas le grand rôle de dévouement qui attend ce peuple lors de son repentir, et les services qu'il rendra à la cause de Dieu dans la consommation des siècles. C'est pour cette raison qu'il en déteste les restes, alors même que ces restes haïssent présentement le Christ avec lui.

Voilà pourquoi il s'est efforcé de les faire disparaître par les massacres du moyen-âge, qu'il inspirait.

Voilà pourquoi, également, il a soufflé et communiqué son acharnement contre eux à Mahomet, à Luther, à Voltaire (25).

Si l'on ne tient pas compte de cette intervention satanique, la haine héréditaire, régulière, de tous ces antéchrists contre les juifs, est inexplicable. Mahomet, Luther, Voltaire, ont pu les avoir en dédain, en horreur, comme étant la lie du genre humain, à cause des défauts et des fourberies qu'ils leur reprochaient. Mais ces seuls motifs n'auraient pas imprimé à leurs malédictions et à leurs anathèmes ces caractères sinistres, qui s'en dégagent comme des vapeurs venant de plus bas !

Ils ont été la bouche de l'Enfer qui maudissait, par avance, dans les juifs même ennemis du Christ, la grande réserve de Dieu et des derniers temps.

La haine des hommes est aveugle, celle de Satan est clairvoyante.

Clairvoyante, disons-nous : mais simplement dans le sens de pénétration ou perspicacité, parce que, en tant que pur esprit, Satan voit et prévoit plus loin que les hommes. Néanmoins, sa haine aboutit, comme la haine aveugle des hommes, à la méprise, à la catastrophe de tous ses plans ; n'est-il pas l'éternelle erreur, l'éternel vaincu ?

Nous montrerons, au fur et à mesure de notre ouvrage, des preuves saisissantes de cette clairvoyance et de cette méprise.




(1) ZACHARIE, II, 4,5.

(2) ISAÏE, LX, 11.

(3) TILLEMONT, Mémoires pour servir à l'hist. ecclés., t. XVI, Vita Ferreol in append. opéris. GRÉGOIRE, Essai, p. 6.

(4) BASNAGE, t. IX 2e part., chap. XXXII.

(5) Judæi ad fidem conversi cives efficiuntur ubi baptizantur. PAUL III, const. 34, Bullarium.

(6) LLORENTE, préface, Hist. de l'Inquisition. - DON JOSE AMADOR DE LOS RIOS, Les Juifs d'Espagne, traduction de MAGNABAL, P 427-428.

(7) DUGUET. Règles pour l'intelligence des saintes Écritures, p. 290.

(8) Nous examinons l'Inquisition uniquement dans ses rapports avec les juifs, laissant de côté ce qui concerne les Maures.

(9) Les Juifs d'Espagne par MAGNABAL, 1. 26-28. - BASNAGE, t. IX. 1re part., chap. IV. - Quelques documents placent l'arrivée des juifs en Espagne au temps de Salomon ; cela est douteux. Des indices plus vraisemblables, recueillis par JOST dans sa savante Histoire des Israélites, autorisent à croire qu'ils y arrivèrent par l'Afrique, un siècle avant Jésus-Christ.

(10) « Longtemps après leur exil, ils cherchaient encore à se procurer, pour la fète des Tabernacles, des rameaux des citronniers d'Espagne, à l'ombre desquels ils avaient vécu. Jusqu'au XVIIe siècles des juifs allemands faisaient exprès le voyage d'Espagne, pour procurer à leurs synagogues ces branches auxquelles s'attachaient tant de souvenirs. » (BUXTORF, Synagoga judaica, chap. XXI. - DEPPING, les Juifs dans le moyen-âge, p. 434.)

(11) Le pouvoir civil, en Espagne, a dénaturé l'Inquisition, institution purement ecclésiastique dans le principe. Le comte DE MAISTRE dit excellemment : « L'inquisition est, de sa nature, bonne, douce et conservatrice : c'est le caractère universel et ineffaçable de toute institution ecclésiastique. Mais si la puissance civile, adoptant cette institution, juge à propos, pour sa propre sûreté, de la rendre plus sévère, l'Église n'en répond plus. » DE MAISTRE, Lettres sur l'Inquisition espagnole, 1re lettre.

(12) BALMÉS, Protestantisme et Catholicisne, t. II. chap. de l'Inquisition. p. 173.

(13) HÉFÉLÉ, le Cardinal Ximénès et la Situation de l'Église d'Espagne à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe (Tubingue. (1844), où la question de l'inquisition est traitée savamment et en détails, p. 257-389 - GOSCHLER, Dictionn. encyclop. de la théol. cath., t. XI p. 433.)

(14) HÉFÉLÉ, ibid.

(15) Les Juifs d'Espagne, par MAGNABAL, p. 80, p. 29-32. - L'Épiscopat espagnol opposa une résistance énergique à ces sortes de conversions. Le quatrième Concile de Tolède blâme ouvertement toute tentative de conversion violente.

(16) BASNAGE, t. IX, 2e P., chap. XXIV, n° XIII ; t. VIII, chap. XIII, n° X. - Voici, d'après l'historien israélite BÉDARRIDE, comment cette dissimulation était enseignée et se transmettait aux enfants : « Jusqu'à l'âge de 14 ans, les parents laissaient vivre leurs enfants en chrétiens ; arrivés à cet âge, on les introduisait tout à coup dans une assemblée religieuse de leur nation ; on leur révélait leur naissance et les lois qui les condamnaient, on leur demandait de choisir entre le Dieu de leurs pères et celui de leurs persécuteurs ; une épée était remise en leurs mains, et s'ils voulaient rester catholiques, on leur demandait d'égorger leurs parents plutôt que de les livrer à l'Inquisition, suivant les préceptes de leur foi. On conçoit qu'après une pareille révélation, et devant une aussi cruelle alternative, le fils ne voulût pas suivre d'autre croyance que celle de son père. » (Les Juifs en France, en Espagne, p. 328-329.)

(17) HÉFÉLÉ et autres auteurs. D'après leurs documents qui semblent indiscutables : « Il ne s'agissait de rien moins que de renverser la monarchie chrétienne avec le secours des Sarrasins d'Afrique, et d'élever en Espagne une nouvelle Jérusalem. Les Maures et les juifs occupaient les hauts quartiers de Grenade : ils appelèrent à eux leurs alliés d'Afrique. » - Un document officiel confirme les documents des historiens. Lorsqu'en 1812, le tribunal de l'Inquisition fut solennellement aboli par les Cortès, le rapport officiel s'exprima ainsi : « Les richesses des judaïsants, leur influence, leurs alliances avec les familles les plus illustres de la monarchie, les avaient rendus infiniment redoutables : c'était véritablement une nation renfermée dans une nation. » Rapport sur le tribunal de l'Inquisition, présenté aux Cortès par la commission de Constitution. Cadix 1812, p. 33. - LLORENTE lui-même, historien hostile au catholicisme, reconnaît sans détour, dans un écrit antérieur à son Histoire de l'Inquisition, que les juifs avaient utilisé leurs positions et leur influence pour organiser un vaste et redoutable prosélytisme.

(18) BALMÈS, déjà cité, p. 183. - HÉFÉLÉ, déjà cité.

(19) Bergier a pu dire de la Congrégation du Saint-Office, sans crainte d'être démenti par tout le XVIIIe siècle attentif, qu'elle n'avait jamais signé une condamnation capitale. (Dictionnaire de théologie, au mot Inquisition). - Dans ses lettres si remarquables sur l'Inquisition espagnole, le comte de Maistre a dit d'une façon victorieuse : « Parmi les innombrables erreurs que le dix-huitième siècle a propagées et enracinées dans les esprits, avec un déplorable succès, aucune ne m'a autant surpris que celle qui a supposé, soutenu et fait croire enfin à l'ignorante multitude que des prêtres pouvaient condamner à mort. Quel œil n'a pas contemplé ce lustre immense, suspendu, depuis plus de dix-huit siècles, entre le ciel et la terre, et à quelle oreille n'est pas arrivé l'axiome éternel de cette religion : L'ÉGLISE ABHORRE LE SANG. Qui ne sait qu'il est défendu au prêtre d'être chirurgien, de peur que sa main consacrée ne verse le sang de l'homme, même pour le guérir ? Jamais le prêtre n'éleva d'échafaud, il y monte seulement comme martyr ou consolateur. » DE MAISTRE, Inquisition espagnole, première lettre.

(20) BALMÈS. déjà cité, p. 178. - HÉFÉLÉ, déjà cité.

(21) Dans une note, p. 393-394 du t. II, Balmès, qui était Espagnol, porte ce jugement impartial contre l'Inquisition de son propre pays : « Sans méconnaître les circonstances exceptionnelles dans lesquelles cette institution s'est trouvée, je pense qu'elle aurait fait beaucoup mieux, à l'exemple de l'inquisition de Rome, d'éviter, autant qu'il était possible, l'effusion du sang. Elle pouvait parfaitement veiller à la conservation de la foi, prévenir les maux dont la religion était menacée par les Maures et les juifs, sans déployer cette rigueur excessive qui lui mérita de graves réprimandes, des admonestations de la part des souverains Pontifes, provoqua les réclamations des peuples, fut cause que tant d'accusés et de condamnés firent appel à Rome, et fournit aux adversaires du catholicisme un prétexte pour taxer de cruauté une religion qui a l'effusion du sang en horreur. »

(22) LACORDAIRE, Vie de saint Dominique, p. 137.

(23) Ne occidas eos... Disperge illos in virtute tua ; et depone eos, protector meus, Domine. PSAUME LVIII, 12.

(24) SAGESSE, VI, 13 14, 15, 17.

(25) « Je voudrais de tout mon cœur, écrivait un jour Voltaire dans ses Questions de Zapota, manger du fruit qui pendait à l'arbre de la science..Je voudrais parler aussi au serpent, puisqu'il a tant d'esprit. » S'il n'avait pas parlé au serpent, il en avait du moins la malice et la méchanceté, et, pendant toute sa vie, il a joué le rôle du diable.