CHAPITRE X.
 
RÉSUMÉ ET CONCLUSION DE CE QUI À ÉTÉ DIT
TOUCHANT L'ORDRE ANGELIQUE.

Argument. - On fait voir,

1, que les plus élevés des Anges sont éclairés d'une lumière plus parfaite;
2, que la subordination hiérarchique se maintient dans cette transmission de la lumière;
3, que les Anges et les hommes sont doués d'une triple faculté.
 

     I. De ce qui a été dit, on doit inférer que les intelligences du premier rang qui approchent le plus de la divinité, saintement initiées par les splendeurs augustes qu'elles reçoivent immédiatement, s'illuminent et se perfectionnent sous l'influence d'une lumière à la fois plus mystérieuse et plus évidente; plus mystérieuse, parce qu'elle est plus spirituelle et douée d'une plus grande puissance de simplifier et d'unir; plus évidente, parce qu'alors, puisée à sa source, elle brille de son éclat primitif, qu'elle est plus entière et qu'elle pénètre mieux ces pures essences. A cette première hiérarchie obéit la deuxième; celle-ci commande à la troisième, et la troisième est préposée à la hiérarchie des hommes; et ainsi, par divine harmonie et juste proportion, elles s'élèvent l'une par l'autre vers celui qui est le souverain principe et la fin de toute belle ordonnance.

     II. Or, tous les esprits sont les interprètes et les envoyés d'une puissance supérieure. Les preinieils portent les volontés immédiates de la divinité, que, d'autres reçoivent pour les transmettre à ceux qui viennent ensuite. Car notre Dieu , en qui toutes choses forment une harmonie sublime, a tellement constitué la nature des êtres, soit raisonnables, soit purement intellectuels, et réglé leur perfectionnement, que chaque hiérarchie forme un tout parfaitement organisé et comprend des puissances de trois degrés divers. Même, à vrai dire, chaque degré offre en lui ce merveilleux accord : c'est pour cela sans doute que la théologie représente les pieux séraphins comme s'adressant l'un à l'autre (1), enseignant ainsi avec parfaite évidence, selon moi, que les premiers communiquent aux seconds la connaissance des choses divines.

      III. Bien plus, j'ajouterai avec raison qu'on doit spécialement distinguer en toute intelligence humaine ou angélique des facultés de premier, second et troisième degré, correspondant précisément aux trois ordres d'illumination qui sont propres à chaque hiérarchie; et c'est en traversant ces degrés successifs que les esprits participent, en la manière où ils le peuvent, à la pureté non souillée, à la lumière surabondante et à la perfection sans bornes. Car rien n'est parfait de soi; rien n'exclut la possibilité d'un perfectionnement ultérieur, sinon celui qui est par essence la perfection primitive et infinie.



(1) Isaie, 6.