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30 juillet

Bouquet spirituel: «Je suis la vigne, vous êtes les sarments.» Jn 15, 5

Saints Abdon et Sennen

SAINT ABDON et
SAINT SENNEN
Martyrs
(+ 254)

Saint Abdon et saint Sennen, nobles persans, avaient été comblés de biens et d'honneurs par les rois de Perse, qui les avaient investis des premières dignités de l'Etat. Cependant, leur piété et leur zèle pour la foi catholique surpassaient leurs immenses richesses et la noblesse de leur sang.

L'empereur Dèce, grand ennemi du christianisme, remporta une victoire décisive contre les rois persans, devenant par le fait même, maître absolu de plusieurs pays. Ce prince inique résolut d'exterminer les chrétiens dans tout son empire. Abdon et Sennen ressentirent une profonde affliction en voyant les cruelles injustices dont l'indigne empereur accablait les fidèles qui étaient chaque jour victimes d'odieux procédés. D'un commun accord, ils s'appliquèrent de tout leur pouvoir à fortifier et encourager leurs frères chrétiens. Ils ensevelissaient les martyrs, sous peine d'encourir eux-mêmes la terrible colère de leur nouveau souverain.

Dèce, instruit de leurs actions, commanda de les arrêter et de les conduire devant son tribunal. Usant d'abord de douceur à leur égard, il essaya de leur persuader qu'il était redevable de sa vitoire aux dieux de l'empire, et qu'il était de toute justice qu'ils les adorassent.

Les deux frères répondirent à Dèce que les vaincus avaient adoré les mêmes faux dieux que lui, et n'en avaient cependant pas moins perdu la bataille. Que pour eux, ils n'adoreraient jamais que le seul vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et Son Fils Jésus-Christ qui donnait la victoire aux uns et permettait que les autres fussent vaincus à cause des desseins cachés de Sa Providence.

Dèce leur déclara qu'il tenait à tout prix et sous peine de mort, qu'ils adorassent les mêmes dieux que lui. «La seule raison nous démontre, grand Prince, qu'il ne peut pas y avoir plusieurs dieux: deux maîtres souverains ne sauraient subsister dans l'empire. Ce que vous appelez des dieux ne sont que des démons, les singes de la Divinité dont les hommes sont dupes. Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est ce seul Dieu, notre souverain Maître et le vôtre, que nous adorons.» «Je saurai bien venger nos dieux de vos blasphèmes, et vous faire repentir de votre impiété!» répliqua l'empereur.

Ne pouvant supporter plus longtemps les propos que saint Abdon et saint Sennen lui tenaient, Dèce ordonna de charger de chaînes les martyrs et de les enfermer dans une obscure prison; et quand il s'en retourna pour triompher, il les amena avec lui afin qu'ils servissent d'ornements à son triomphe. Il les fit ensuite comparaître devant les membres du sénat leur disant qu'il ne tenait qu'à eux de recouvrer leurs richesses et leurs dignités, et d'arriver aux premières charges de l'empire; que pour cela, il leur fallait seulement sacrifier aux dieux. Abdon et Sennen répondirent à l'empereur qu'ils ne reconnaissaient qu'un Dieu, Jésus-Christ, et n'adoreraient jamais des idoles qui n'étaient que des démons.

Ils furent renvoyés en prison, et le lendemain, traînés dans l'amphithéâtre où l'on devait, par force, leur faire fléchir le genou devant la statue du soleil. Les martyrs, ayant insulté cette statue, furent fouettés cruellement, et on lâcha contre eux deux lions et quatre ours. Ces animaux se couchèrent à leurs pieds et devinrent leurs gardiens de telle façon, que personne n'osait s'approcher d'eux; enfin, des gladiateurs vinrent mettre fin aux jours des martyrs.

Une fois décapités, les bourreaux attachèrent les pieds des martyrs et traînèrent leurs corps en présence de l'idole du soleil. On les laissa là pendant trois jours, sans sépulture, dans l'intention d'inspirer de la frayeur aux chrétiens. Au bout de ce temps, le sous-diacre Quirin enleva les précieuses dépouilles et les ensevelit dans sa maison.

Tiré de l'Abbé Jouve, 1886, deux. éd. tome 3, p. 163-167 -- F.E.C. Edition 1932, p. 265-266 -- Boll., Paris, 1874, tome IX, p. 125-127


SAINT GERMAIN
Évêque d'Auxerre
(380-450)

Germain naquit à Auxerre, de parents nobles et pieux. Il fut envoyé aux écoles les plus célèbres des Gaules, où il obtint de grands succès. Il alla ensuite à Rome étudier le droit et acquit bientôt une réputation éclatante par son éloquence au barreau. Les talents du jeune docteur le mirent en vue, et l'autorité impériale le revêtit d'une haute dignité militaire, à Auxerre, sa patrie.

L'an 418, saint Amator, évêque d'Auxerre, eut la révélation de sa mort prochaine et reçut de Dieu l'ordre de désigner Germain pour lui succéder. Il réunit le peuple dans sa cathédrale, et lui exposa quelle était la Volonté de Dieu; Germain, qui était présent, atterré d'une semblable nouvelle, entendit la foule acclamer son nom. Après avoir reçu successivement les différents ordres sacrés, il se résigna au sacrifice et accepta le fardeau de l'épiscopat. Il ne fit plus désormais chaque jour qu'un seul repas, composé de pain d'orge trempé dans l'eau; il ne consentait à boire un peu de vin qu'aux solennités de Noël et de Pâques; il passait les nuits en oraison, n'accordant à la nature qu'un court sommeil sur des planches couvertes de cendre.

Nommé légat apostolique pour aller combattre le pélagianisme dans la Grande-Bretagne, il passa par Paris, où il fit la rencontre de la pieuse bergère de Nanterre, sainte Geneviève, dont il prédit la gloire. (Voir 3 janvier)

Dans la traversée de la mer, Germain apaisa une horrible tempête en versant dans les flots quelques gouttes d'huile sainte. Ses miracles sans nombre opérèrent encore plus de bien que ses éloquents discours dans la Grande-Bretagne, et il eut la consolation de revenir à Auxerre, après avoir accompli un bien immense chez ces peuples infestés par l'hérésie. Le saint évêque continua sa vie d'apostolat, de prière et de mortification, et devint de plus en plus illustre par le don des miracles.

Un jour, un pauvre trouva le moyen de lui dérober son cheval; mais il fut obligé de le rendre à l'évêque en lui disant qu'il n'avait jamais pu le diriger, et que, voyant là un châtiment de Dieu, il restituait à son maître l'animal volé: "Mon ami, lui dit le Saint, c'est moi qui suis coupable; si j'avais eu hier la charité de te donner un vêtement, tu n'aurais pas eu l'idée de commettre ce vol," et il le renvoya avec une large aumône et sa bénédiction.

Une autre fois, Germain guérit un jeune homme paralytique, en lui passant la main sur la longueur de la jambe. On rapporte de lui la résurrection d'un mort et de nombreuses guérisons. Un jour, après avoir offert le saint sacrifice, il annonça sa mort très prochaine et mourut après sept jours de maladie.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.