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12 mai

Bouquet spirituel: «Je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles l'aient avec surabondance.» Jn 10, 10

Sainte Imelda

SAINTE IMELDA LAMBERTINI
Vierge
(1521-1533)

Sainte Imelda descendait de la noble famille des Lambertini. Née à Bologne en 1521, elle avait reçu au baptême le nom de Madeleine. Dès le berceau elle manifesta une intelligence précoce qui s'ouvrait naturellement aux lumières de la foi.

On ne constata jamais en elle de difficulté à obéir, ni de ces caprices qui rendent pénible l'éducation des enfants. Au premier signe, Madeleine quittait le jeu le plus animé pour se mettre au travail. Elle s'était aménagé un petit oratoire qu'elle ornait de ses mains. Tout son bonheur consistait à s'y retirer pour prier.

La splendeur de la maison paternelle pesait à cette âme qui comprenait déjà le néant des choses créées. Suivant un usage très ancien dans l'Église, on recevait parfois les enfants dans les monastères. Ils étaient revêtus de l'habit religieux, mais cela n'engageait en rien leur avenir et ces enfants n'étaient assujettis qu'à une partie de la Règle. A l'âge de dix ans, la petite Madeleine pria ses parents avec tant d'instance de lui octroyer cette grâce, qu'ils finirent par se rendre à ses désirs et l'emmenèrent chez les Dominicaines de Valdiprétra, près de Bologne.

La jeune enfant prit l'habit avec joie et échangea son nom pour celui d'Imelda, qui signifie: donnée au monde comme du miel, sans doute à cause de sa douceur et de son extrême amabilité. Novice, elle voulut observer la Règle tout entière bien qu'elle n'y fut pas obligée. Sa constance au service de Dieu ne se démentit pas un instant, aucune austérité ne l'effrayait, et elle s'appliquait en tout à ressembler à Jésus crucifié.

La sainte enfant passait des heures en adoration devant Jésus-Hostie, sans ressentir plus de lassitude que les anges devant Dieu. Durant le Saint Sacrifice de la messe, elle versait d'abondantes larmes, surtout lorsque les religieuses quittaient leurs stalles pour aller communier. Dans l'ingénuité de son amour, elle disait parfois: «Je vous en prie, expliquez-moi comment on peut recevoir Jésus dans son coeur sans mourir de joie.» Les religieuses étaient grandement édifiées de sa particulière dévotion envers le Saint Sacrement.

C'était l'usage du pays de donner la première communion aux enfants qu'à l'âge de quatorze ans. Sainte Imelda, consumée par l'ardeur de ses désirs, suppliait d'être enfin admise à la sainte Table mais on ne croyait pas devoir faire exception pour la petite novice. Le jour de l'Ascension 1533, Imelda atteignit ses onze ans. De nouveau, elle conjura son confesseur de lui permettre de recevoir la sainte communion, mais ce dernier resta inflexible.

L'enfant s'en alla à la chapelle en pleurant, afin d'y entendre la messe. Le Seigneur Jésus, si faible contre l'amour, ne put résister davantage aux voeux de cette âme angélique. Au moment de la communion, une hostie s'échappa du ciboire, s'éleva dans les airs, franchit la grille du choeur et vint s'arrêter au-dessus de la tête de sainte Imelda. Aussitôt que les religieuses aperçurent l'hostie, elles avertirent le prêtre du prodige. Lorsque le ministre de Dieu s'approcha avec la patène, l'hostie immobile vint s'y poser. Ne doutant plus de la Volonté du Seigneur, le prêtre tremblant communia Imelda qui semblait un ange plutôt qu'une créature mortelle.

Les religieuses, saisies d'un étonnement inexprimable, restèrent longtemps à regarder cette enfant toute irradiée d'une joie surnaturelle, prosternée en adoration. Ressentant finalement une vague inquiétude, elles appellèrent Imelda, la prièrent de se relever, puis lui en donnèrent l'ordre. L'enfant toujours si prompte à obéir paraissait ne pas même les entendre. En allant la relever, les soeurs s'aperçurent avec stupéfaction qu'Imelda était morte: morte de joie et d'amour à l'heure de sa première communion.

Cette petite sainte italienne a été surnommée: la fleur de l'Eucharistie. Elle est la patronne des premiers communiants.

Tiré de Laure Conan, édition 1913, pp. 38-41 -- Marteau de Langle de Cary, 1959, tome II, p. 208


SAINT ÉPIPHANE
Évêque de Salamine
(310-403)

Saint Épiphane a été surnommé le Jérôme de l'Orient, à cause de sa vie austère et de son amour passionné pour les Saintes Écritures. Il naquit de parents pauvres, dans un petit village de la Palestine.

Ce n'est qu'au bout d'un certain nombre d'années qu'il connut la religion chrétienne et reçut le Baptême. On rapporte qu'au moment où il approchait des fonts baptismaux, sa chaussure lui tomba des pieds; il ne la reprit point, et tout le reste de sa vie il marcha pieds nus.

Épiphane avait été adopté dans son enfance par un riche juif qui, en mourant, lui avait laissé sa fortune; il renonça à tout pour se faire solitaire à l'école de saint Hilarion, et il se montra digne d'un tel maître.

Formé à la vie religieuse, il revint dans sa patrie, y fonda un monastère et tenta de faire de la Palestine une autre Thébaïde; là, Épiphane s'ensevelit trente années dans l'étude, la prière, la mortification et le jeûne. Cependant sa réputation de sainteté et de science s'était répandue au loin; les évêques de Palestine songèrent à lui conférer l'épiscopat. A cette nouvelle, Épiphane s'embarque et va trouver Hilarion dans son désert; mais, après quelques mois, le vieux solitaire lui dit: "Mon fils, allez à Salamine, votre place est là." Le siège épiscopal de cette ville était vacant; Épiphane, à l'improviste, y est porté en triomphe.

Le nouvel évêque conserva son habit de moine, et n'abandonna jamais les habitudes austères de la vie religieuse. Sa charité était sans limite, au point qu'un de ses diacres l'accusa de dissiper les biens ecclésiastiques. Épiphane ayant un jour invité son clergé à dîner, un corbeau vint croasser près d'eux; et le diacre, faisant une mauvaise plaisanterie, promit à l'évêque de lui donner tout son bien, s'il lui expliquait le langage de cet oiseau: "Le corbeau, dit Épiphane, vient de dire que vous ne serez plus diacre." Le diacre tomba, demi-mort de peur; il expira le lendemain, et tout son bien revint à l'Église.

Épiphane fut un ami de saint Jérôme; il fut aussi ami de saint Basile; cependant, il fut longtemps prévenu contre saint Jean Chrysostome. Il était venu à Constantinople sans vouloir communiquer avec lui; mais il eut tant de chagrin d'avoir été trompé, qu'il se hâta de retourner à Salamine, en écrivant à Chrysostome: "Athlète du Christ, souffrez et triomphez." Épiphane mourut sur mer pendant son retour.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.