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Le Sacerdoce du Christ

 

Par le R.P. Garrigou-Lagrange

 

« Habemus pontificem magnum, qui penetravit cœlos, Jesum, Filium Dei :

« Nous avons un grand Prêtre qui est entré au ciel, Jésus, le Fils de Dieu » (Hébr., IV, 14).

 

 

S’il est une doctrine révélée qui peut nous faire entrevoir toute la grandeur du Sacrifice de la Messe, c’est incontestablement celle du Sacerdoce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Les grands théologiens du XIII° siècle, comme saint Thomas, venus avant l’hérésie luthérienne sur le sacrifice de la Messe, nous ont laissé un enseignement assez peu développé sur ce point ; mais en revanche ils nous ont longuement parlé du Sacerdoce de Jésus-Christ, d’après ce que nous en dit la Révélation dans l’Épître aux Hébreux, dont les plus beaux textes ont été si souvent commentés par les Pères. Il y a là des richesses doctrinales qui éclairent beaucoup le Sacrifice Eucharistique et qui peuvent nous faire mieux entendre ce qu’a solennellement défini le Concile de Trente (sess. 22, c. 2) contre les luthériens : « Dans le divin sacrifice, qui s’accomplit pendant la Messe, le Christ, qui s’est offert sur l’autel de la Croix en versant son sang pour nous, est immolé d’une façon non sanglante, « incruente immolatur »…, c’est la même victime ; c’est aussi le même Prêtre « idem nunc offerens sacerdotum ministerio » ; il s’est offert lui-même sur la croix, il s’offre maintenant par ses ministres ; seul le mode d’oblation diffère » (cf. Denzinger, n° 940). – C’est le même sacrifice en substance, puisque c’est la même victime et le même prêtre, qui continue à s’offrir maintenant par ses ministres.

Pour entrevoir l’élévation, la puissance, le rayonnement du Sacerdoce du Christ, nous voudrions rappeler d’abord l’essentiel de ce que nous en dit l’Épître aux Hébreux, toute consacrée à ce sujet, et recueillir ensuite les enseignements de la théologie, plus particulièrement ceux de saint Thomas d’Aquin.

 

 

 

I. – Le Sacerdoce du Christ dans l’Épître aux Hébreux

 

Cette Épître applique au Sacerdoce de Notre-Seigneur les grandes idées énoncées par saint Paul dans les Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, à Timothée, sur le Christ-rédempteur, Médiateur universel, Tête de l’Église, et sur la nécessité de la foi au Christ pour être sauvé : « Il y a un seul. Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus fait homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (I Tim., II, 5).

La première partie de l’Épître aux Hébreux a pour but de montrer la supériorité du sacerdoce de Jésus-Christ, médiateur de la nouvelle alliance, sur tous les organes dont Dieu s’est servi dans l’Ancien Testament pour se manifester aux hommes. – Jésus y est déclaré supérieur aux anges, supérieur à Moïse et à tous les prophètes, supérieur à tous les prêtres de l’ancienne Loi. On voit par là que cette Épître est bien faite pour éclairer des Juifs récemment convertis et tentés parfois de revenir aux rites du sacerdoce lévitique.

Soulignons les points essentiels :

 

1° Jésus est supérieur aux anges, qui ne sont que les serviteurs de Dieu, car il est le Fils de Dieu par origine et par nature, Créateur et Maître de toutes choses : « Auquel des anges en effet Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré ? (Ps., II, 7)… Auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? Ps. C, 26 [1] . » – Et alors, si la parole des anges, choisis souvent comme messagers de Dieu dans l’Ancien Testament, exigeait l’obéissance, combien plus celle de Jésus-Christ ! Supérieur aux anges, il l’est non seulement par les mystères de la Filiation divine et de l’Incarnation, mais aussi par celui de la Rédemption, parce qu’il a souffert par amour pour nous et que ses souffrances ont une valeur méritoire et satisfactoire infinie. Abaissé pendant sa vie terrestre, il est maintenant couronné de gloire, à cause de la mort qu’il a soufferte. « Il a dû être fait semblable en tout à ses frères, afin d’être un Pontife miséricordieux… pour expier les péchés du peuple ; car c’est parce qu’il a souffert et a été lui-même éprouvé, qu’il peut secourir ceux qui sont éprouvés [2] . »

 

2° Jésus est supérieur à Moïse, parce qu’il est le constructeur et le chef de la maison de Dieu, où Moïse, le plus grand des prophètes, ne fut que serviteur. N’imitons donc pas à l’égard de Jésus-Christ l’incrédulité et la désobéissance des anciens Israélistes à l’égard de Moïse. Jésus nous conduit vers une autre terre promise, incomparablement supérieure à la première ; soyons attentifs à sa voix : « Car elle est vivante la parole de Dieu, elle est efficace, plus acérée qu’aucune épée à deux tranchants ; si pénétrante qu’elle va jusqu’à séparer l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles ; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur [3] . » Tandis que Moïse balbutiait le nom de Dieu, Jésus est la Parole substantielle, le Verbe éternel, descendu vers nous pour nous sauver, et les secrets des cœurs sont à nu sous ses yeux [4] .

 

3° Jésus est incomparablement supérieur aux grands prêtres de l’ancienne loi, pour trois raisons faciles à entendre. Tandis que ces grands prêtres se succédaient, fauchés par la mort, « Lui demeure éternellement et il possède un sacerdoce qui ne se transmet point. De là vient qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur [5]  ».

De plus, tandis que les prêtres de l’ancienne loi « devaient offrir chaque jour des sacrifices pour leurs propres péchés et ensuite pour ceux du peuple », Jésus, « le grand prêtre qu’il nous fallait, est saint, innocent, sans tache aucune, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des cieux… Il a offert son sacrifice une fois pour toutes, en s’offrant lui-même », non pour lui, mais seulement pour nous [6] .

Enfin troisièmement les rites et les sacrifices du culte mosaïque étaient multiples, mais par eux-mêmes inefficaces malgré la magnificence extérieure dont on les entourait. I1 y avait le sacrifice pour le péché, qui convenait aux pénitents ; il y avait l’hostie pacifique offerte à Dieu en action de grâces par des âmes déjà purifiées ; il y avait l’holocauste consumé entièrement en l’honneur de Dieu, pour signifier que l’homme tout entier est soumis au souverain domaine du Très-Haut et qu’il doit s’offrir à Lui tout entier dans une adoration parfaite [7] . Il n’y avait pas moins de variété dans la matière même du sacrifice, on offrait des colombes, des génisses, et à Pâques l’agneau, figure d’un mystérieux Agneau à venir qui devait effacer les péchés du monde. Tous ces sacrifices n’avaient en effet de valeur que comme signes figuratifs d’un sacrifice unique qui devait s’accomplir non pas dans une grande magnificence extérieure, mais dans le plus parfait denuement sur le Golgotha. « Le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir,… ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le Saint des saints, après avoir acquis une rédemption éternelle [8] . » – « Ce n’est pas dans un sanctuaire fait de main d’homme, image du véritable, que le Christ est entré ; mais il est entré dans le ciel même, afin de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu [9] . » – A l’opposé des sacrifices de l’ancienne loi, multiples mais par eux-mêmes inefficaces, le sacrifice de Jésus-Christ est donc unique et parfait. Il a commencé à l’offrir, lorsqu’il « dit en entrant dans le monde : « Vous n’avez pas voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez formé un corps ; vous n’avez agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. Alors j’ai dit : Me voici…, je viens, ô Dieu, pour faire votre volonté [10] . » Cet acte d’oblation n’a jamais cessé ici-bas au cœur du Christ, et, bien qu’il ne soit plus méritoire au ciel, il dure toujours en ce sens que Jésus ne cesse d’intercéder pour nous [11] .

Toute cette doctrine se résume dans les premières lignes de l’Épître aux Hébreux, que la liturgie rappelle souvent : « Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde ; ce Fils, qui. est le rayonnement de sa gloire, l’empreinte de sa substance et qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance… » Impossible de désirer une affirmation plus nette de la divinité de Jésus, dont saint Paul parle à cette première génération chrétienne comme d’un dogme déjà reçu, comme du trésor infiniment précieux de l’Église naissante.

 

 

II. – Le Sacerdoce du Christ est le plus parfait qui se puisse concevoir

 

L’enseignement de l’Épître aux Hébreux se précise par ce que la théologie et plus particulièrement saint Thomas nous disent du sacerdoce en général et de ce qui constitue sa perfection.

L’office propre du prêtre est d’être un médiateur entre Dieu et les hommes, pour offrir à Dieu les prières du peuple, surtout le sacrifice, qui est l’acte le plus parfait de la vertu de religion, pour donner aussi au peuple les choses divines (sacerdos = sacra dans), par la prédication la lumière de la vérité, et par l’administration des sacrements la grâce nécessaire à l’accomplissement de la loi de Dieu [12] .

Il y a là une double médiation ascendante et descendante, nécessaire au culte extérieur et social qui est dû à Dieu. L’homme, étant composé d’esprit et de corps, doit au Seigneur un culte intérieur et extérieur, et, vivant naturellement en société, il lui doit aussi un culte social, car Dieu n’est pas moins l’auteur et le bienfaiteur de la société humaine que celui de l’âme et du corps de chacun de nous. Le prêtre est donc nécessaire pour réunir en une seule les prières du peuple, les adorations, les actions de grâces, les louanges, et réparations, pour suppléer aussi par sa sainteté à l’imperfection de ces actes religieux, puisqu’il est spécialement consacré au Seigneur pour les lui offrir comme l’expression de l’âme du peuple tout entier.

Le prêtre n’est pas moins nécessaire pour donner au peuple les choses divines, lumière et grâce, sans les altérer, sans les confondre avec les choses humaines, si hautes soient-elles, avec le lyrisme d’une nature enthousiaste ou le sentimentalisme d’un cœur qui se recherche lui-même dans la piété. Le prêtre doit être ainsi vraiment comme « le sel de la terre » et « la lumière du monde » (Matth., V, 13, 14).

Or c’est surtout par le sacrifice que s’accomplit cette double médiation, la médiation ascendante par l’oblation du sacrifice, la médiation descendante par le don fait aux fidèles d’une partie de la victime offerte, pour qu’ils communient ainsi au Seigneur.

De même que le sacerdoce est la fonction sacrée par excellence, le sacrifice, comme son nom l’indique, est l’action sacrée par excellence. Pas de sacerdoce sans sacrifice, ni de sacrifice sans sacerdoce ; car le sacrifice suppose un prêtre qui l’offre et une hostie ou victime offerte et immolée à Dieu par le prêtre.

Pourquoi cette oblation et cette destruction ou immolation extérieure ? Pour exprimer sensiblement une oblation et une immolation intérieures. Déjà dans l’acte d’adoration qui se manifeste par une génuflexion, « nous reconnaissons, dit saint Thomas, notre faiblesse en comparaison de Dieu et nous nous prosternons, comme pour dire que par nous-mêmes nous ne sommes rien, quasi profitentes nos nihil esse ex nobis » (IIa IIae, q. 84, a . 2, ad 2um).

Si tel est le symbolisme d’une simple génuflexion, à plus forte raison se retrouve-t-il dans le sacrifice d’adoration, qui exprime plus vivement encore que la créature, fût-elle innocente, par elle-même n’est rien, que Dieu seul est l’Être, Celui qui est, et qu’en comparaison de Lui nous ne sommes pas : « substantia mea tanquam nihilum ante te » (Ps. XXXVIII, 6). Après la création, il n’y a pas plus d’être qu’avant, puisqu’il y avait déjà l’Être infini ; après la création il y a plusieurs êtres, mais il n’y a pas plus d’être ; il y a plusieurs vivants, mais pas plus de vie ; plusieurs intelligents, mais pas plus de sagesse, ni plus de sainteté, ni plus d’amour. Cette vérité très haute de l’infinie plénitude de Dieu, nous ne pouvons guère ici-bas l’exprimer que d’une façon négative, en parlant du néant de la créature, en disant qu’il n’y aurait pas moins d’être et de perfection si toutes les créatures étaient anéanties. Et sur ce rien que nous sommes, doit s’exercer le souverain domaine de Dieu : les astres lui obéissent inconsciemment; nous devons, nous, lui obéir consciemment et librement. Pour exprimer l’infinie grandeur de Dieu, son souverain domaine, et par opposition notre infirmité et notre néant, l’homme s’offre à Dieu, en. lui offrant une chose extérieure qu’il consume, qu’il anéantit en quelque sorte, comme pour dire : Dieu seul est Celui qui est, je suis celui qui ne suis pas. Cette destruction symbolique chante à sa manière l’infinie grandeur du Très-Haut. Et ce sacrifice d’adoration devrait exister alors même que l’homme n’aurait pas péché.

Cette reconnaissance du souverain domaine de Dieu doit s’accompagner d’une action de grâces pour tout ce que nous avons reçu de Lui ; ainsi nous offrons à nos bienfaiteurs ce que nous avons de meilleur pour les remercier.

Par le sacrifice l’homme demande aussi à Dieu les grâces nouvelles qui lui sont nécessaires pour persévérer dans le bien. Et même avant le péché ce triple sacrifice d’adoration, d’action de grâces et de supplication est dû à Dieu en vertu même, dit saint Thomas, du droit naturel qui régit les rapports de la créature et du Créateur [13] .

Mais après le péché mortel, l’homme ne doit pas seulement reconnaître que par lui-même il n’est rien, il doit avouer aussi sa misère, son péché, dont le désordre et l’abjection sont inférieurs au néant lui-même ; il doit reconnaître que, s’étant élevé contre le principe de tout ordre, il mérite une répression, une peine proportionnée à la faute ; après avoir méprisé l’amour de Dieu et lui avoir préféré un bien infime, il a perdu la vie de la grâce et n’a plus droit à l’amitié divine, il doit au contraire payer sa dette à la Justice souveraine. Sollicité par la grâce actuelle, qui le porte au repentir, l’homme, pour exprimer le regret de « son cœur contrit et humilié », prend alors parmi les animaux qui lui appartiennent le plus beau, le plus pur, le plus doux, comme s’il voulait charger ce pauvre animal de son crime, et il l’immole au Seigneur, pour implorer son pardon. C’est le sacrifice d’expiation ou de réparation.

Tels sont les quatre grands motifs du sacrifice : l’adoration, l’action de grâces, la supplication et l’expiation. Ces quatre fins étaient souvent représentées par des sacrifices distincts dans l’Ancien Testament ; elles sont toutes unies dans l’unique sacrifice de la Nouvelle Alliance , qui réalise ainsi admirablement la double médiation entre Dieu et l’homme : il offre à Dieu l’adoration, la reconnaissance, la réparation, et il donne à l’homme le pardon et des grâces toujours nouvelles pour persévérer et grandir dans le bien.

 

 

De ce point de vue il est facile de comprendre que le sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ est le plus parfait qui se puisse concevoir. Il faut en dire autant de son sacerdoce. – D’où lui vient cette perfection ?

On le voit aisément en considérant la triple union du prêtre avec Dieu, avec la victime qu’il offre et avec le peuple pour lequel il l’offre.

Ces considérations sont fréquentes chez les Pères et les théologiens.

Plus le prêtre sera saint, uni à Dieu, plus le sacrifice sera parfait, puisque le prêtre doit suppléer par sa sainteté à l’imperfection de l’adoration, de la reconnaissance, de l’expiation et de la supplication du peuple.

Plus la victime sera pure, précieuse et entièrement consumée en l’honneur de Dieu, plus le sacrifice sera parfait. L’holocauste était le plus parfait des sacrifices de l’ancienne loi, parce que toute la victime y était consumée en l’honneur de Dieu, pour signifier que l’homme doit s’offrir à Lui tout entier.

Plus le prêtre et la victime seront unis, plus le sacrifice sera parfait, puisque l’oblation. et l’immolation extérieures de la victime ne sont que le signe de l’oblation et de l’immolation intérieures du cœur du prêtre, qui accomplit ainsi le plus grand acte de la vertu de religion.

Enfin plus le prêtre et le peuple seront unis, plus le sacrifice sera parfait, puisque le prêtre doit réunir toutes les adorations, actions de grâces, prières et réparations des fidèles en une seule élévation vers Dieu, qui soit comme l’âme du peuple entier. Par suite, plus le peuple ainsi uni au prêtre sera nombreux, plus grand sera l’hommage, et plus les effets du sacrifice seront universels ou étendus.

 

Il suffit d’appliquer ces principes au Sacerdoce de Notre-Seigneur, pour conclure immédiatement qu’il est le plus grand de tous ceux qui se puissent concevoir.

Le Christ Jésus, prêtre, n’est pas seulement absolument pur de toute faute originelle et personnelle et de toute imperfection, il est la Sainteté même. Sans doute il est prêtre en tant qu’homme et non en tant que Dieu, car le prêtre est médiateur et, à ce titre, inférieur à Dieu ; mais l’humanité du Christ appartient à la personne divine du Verbe fait chair. Les actions sacerdotales de Jésus, qui procèdent de son intelligence et de sa volonté humaines, avaient ici-bas une valeur méritoire et satisfactoire infinie, qu’elles puisaient dans la personnalité divine du Verbe. Et c’est encore le Verbe fait chair qui, par son âme humaine, ne cesse d’intercéder pour nous.

De plus, Notre-Seigneur, en tant que tête de l’Église, a reçu la plénitude de la grâce créée, qui doit déborder sur nous, et un pouvoir d’excellence pour instituer les sacrements, leur donner la force de produire et d’augmenter la vie divine, pour instituer aussi un sacerdoce indéfectible jusqu’à la fin du monde, sacerdoce qui est une participation du sien. (Cf. S. Thomas, IIIa, q. 64, a . 4, et Suppl., q. 35, a . 2.)

Son sacrifice efface tous les péchés du monde : Ecce Agnus Dei, qui tollit peccata mundi ; et si le péché continue, ce n’est pas parce que la vertu de ce sacrifice est insuffisante comme celle des sacrifices de l’ancienne Loi, mais parce que les hommes souvent ne veulent pas en recevoir les fruits. On ne saurait donc concevoir un prêtre plus saint.

 

La Victime du Calvaire est digne de ce prêtre. Jésus ne pouvait offrir à son Père pour nous d’autre victime que lui-même. Figure du Christ, le petit Isaac s’était laissé offrir en sacrifice ; Jésus s’offre lui-même lorsqu’on le crucifie : « C’est pour cela que mon Père m’aime : parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même : j’ai le pouvoir de la donner et de la reprendre ; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean, X, 18). – Cette victime très pure a une valeur infinie, car c’est le corps du Verbe de Dieu, c’est son sang, c’est son cœur déchiré dans toutes ses fibres. Jésus est victime jusque dans son âme, toute plongée dans la douleur et dans l’universel abandon : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » – C’est la complète immolation, en réparation de l’orgueil de la vie, de la concupiscence de la chair et de celle des yeux. Ce sont les dernières humiliations, l’écrasement sous la souffrance et le plus parfait dénuement accepté par amour pour nous. On ne saurait concevoir une victime plus pure, plus précieuse, plus entièrement consumée en l’honneur de Dieu ; c’est l’holocauste le plus parfait, dans les plus grandes douleurs du corps et de l’âme.

 

L’union du Prêtre et de la Victime ne peut pas non plus être plus intime ; le lien du sacrifice intérieur et du sacrifice extérieur ne peut pas être plus étroit, puisque c’est le Prêtre lui-même qui est Victime, et non seulement dans son corps, mais en son cœur, en son âme : sa douleur la plus vive est celle même de sa charité à la vue du mal immense, qu’il a pour mission d’effacer. – D’où il suit que le prêtre, ministre du Sauveur, ne deviendra une vivante image de son Maître adoré, qu’en devenant dans une mesure victime comme Lui, et c’est ce qui se voit dans la vie de tous les saints, dont s’honore le sacerdoce ; ils ont tous connu le martyre du cœur à défaut de l’autre, et sans ces souflrances leur apostolat ne serait pas marqué à l’effigie du Sauveur crucifié pour nous.

Cette union du Prêtre et de la Victime apparut de plus en plus à la sainte Cène , au Calvaire, et après la Résurrection. L ’Eucharistie au Cénacle est le commencement de la Passion, elle en est aussi la conséquence… L’amour prépare à la souffrance, et la souffrance perfectionne l’amour… La mesure de l’amour est la mesure de la souffrance, et la mesure de la souffrance est la mesure de l’amour… Une âme qui aime Dieu et en est aimé est vouée ici-bas à la souffrance, comme Jésus, notre Sauveur et notre modèle, l’a été. Il parle à ses meilleurs amis de son amour et de sa Passion, en leur faisant pressentir qu’il veut les faire participer à l’un et à l’autre dans une intime communion. – Le Prêtre et la Victime ne peuvent pas être plus parfaitement unis qu’en Notre-Seigneur immolé pour nous.

 

L’union enfin du Prêtre et du peuple fidèle ne peut pas être plus étroite. Jésus est tête du corps mystique dont nous sommes les membres : de Lui à nous découlent incessamment les fruits du sacrifice, la vie de la grâce alimentée par la sainte communion, et en même temps par Lui montent vers Dieu nos adorations, actions de grâce, prières et réparations, qui, unies aux siennes, plaisent plus à Dieu que tous les péchés ne peuvent lui déplaire.

C’est surtout à la sainte messe que se vérifient les paroles de saint Paul : « Vous êtes le corps du Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part » (I Cor., XII, 27). « Continuons à croître à tous égards dans la charité en union avec celui qui est le chef, le Christ » (Ephes., IV. 15). « Le Christ est le chef de l’Église, son corps, dont il est le Sauveur » (Ephes., V, 23). C’est surtout par le sacrifice de la messe, qui perpétue celui de la Croix, que continuent jusqu’à la fin des temps à se réaliser ces autres paroles de saint Paul : « Le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale, avec la parole, pour la faire paraître devant lui, cette Église, glorieuse, sans tache, sans ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée » (Ephes., V, 26).

Dans le Sacrifice de la Messe la victime est la même qu’au sacrifice de la Croix, elle est là substantiellement présente. C’est aussi le même prêtre principal, qui ne cesse d’intercéder pour nous [14] , et qui continue à s’offrir pour nous par le ministère de ses prêtres, en nous appliquant les fruits de ses mérites et en se donnant à nous en nourriture. Comme le dit le Concile de Trente, sess. XXII, c. 2 : « Una enim eademque est hostia, idem nunc offerens sacerdotum ministerio, qui seipsum tunc in cruce obtulit, sola offerendi ratione diversa. Cujus quidem oblationis cruentae, inquam, fructus per hanc incruentam uberrime percipiuntur ; tantum abest, ut illi per hanc quovis modo derogetur. »

Seulement ce qui était manifeste à la Croix c’était la victime et l’immolation, ce qui était mystérieux et caché pour beaucoup c’était le prêtre et son intention d’offrir un sacrifice pour l’humanité tout entière ; à plusieurs le Christ en croix, loin d’apparaître comme le vainqueur du péché et du démon, apparut comme vaincu, dont l’œuvre était désormais détruite. Depuis la Résurrection, à la sainte Messe ce qui est manifeste au contraire, c’est le prêtre, ministre du Christ, Prêtre principal, c’est l’intention d’offrir un sacrifice, et l’oblation même ; ce qui est mystérieux c’est l’immolation non plus sanglante mais mystique (incruente immolatur, C. Trid.) par la consécration séparée du pain converti au corps sacré de Jésus, et du vin converti en son précieux sang. Le Christ sur l’autel est représenté en état de mort, et c’est ainsi qu’il continue à s’offrir pour nous, par le ministère de ses prêtres, jusqu’à la fin des temps.

L’acte intérieur d’oblation n’a pas cessé d’exister au cœur de Jésus depuis qu’il est venu en ce monde ; cet acte continue au ciel, puisqu’il est dit du Christ toujours vivant « qu’il ne cesse d’intercéder pour nous ». Cet acte n’est plus méritoire, puisque le Christ est arrivé au terme de son voyage, mais il nous applique les mérites du crucifiement. Il est toujours une adoration d’une valeur infinie, et seule cette oblation est digne de la victime offerte. « Idem nunc offerens sacerdotum ministerio. »

Le Christ Jésus offre aussi avec Lui-même ses membres souffrants, son Église militante, qui lutte pour achever « ce qui manque à ses souffrances » (Col., I, 24). Non point que la Passion de Jésus soit insuffisante en elle-même, elle est surabondante ; mais il lui manque son rayonnement, son application en nous dans la suite des siècles. Ainsi Jésus achève lui-même en son corps mystique ce qui reste à souffrir, pour que nous Lui soyons vraiment configurés.

Après la dernière messe, après la fin du monde, il n’y aura plus de sacrifice expiatoire, ni impétratoire. Il n’y aura plus de sacrifice proprement dit ; l’heure des symboles et des figures, des sacrements sera passée, on verra Dieu à découvert. Le Christ ne demandera plus à son père la rémission des péchés, la grâce pour éviter le péché. Mais son sacerdoce n’en sera pas moins éternel : Tu es sacerdos in aeternum (Ps., CIX, 4 ; Hébr., VI, 6 ; VII, 17, 21). Il n’y aura plus de sacrifice, mais la consommation du sacrifice, et Jésus, dans un acte parfait d’adoration et d’action de grâces, continuera à s’offrir intérieurement, Lui et son corps mystique tout entier glorifié. Ce sera l’adoration et l’action de grâces éternelles, dont parle saint Augustin dans le livre de la Prédestination des saints, et l’Église nous associe déjà à ce culte des Élus quand elle nous fait chanter à la sainte messe : Sanctus, Sanctus, Sanctus… (Cf. IIIa, q. 22, a . 5).

« Christus est assistens Pontifex futurorum bonorum » (Hæbr., IX, 11). Le Christ est le grand Prêtre des biens à venir ; il est entré une fois pour toutes dans le Saint des saints, et c’est par lui que passera éternellement la gloire qui enrichira l’âme des bienheureux, cette gloire qu’Il nous a méritée et qui est la fin, la consommation de son sacrifice. « Claritas Dei illuminat civitatem sanctorum, et lucerna ejus est Agnus » (Apoc., XXI, 23).

 

 

III. – Ce qui constitue formellement le Sacerdoce du Christ

 

Les théologiens se sont demandé qu’est-ce qui constitue formellement le sacerdoce de Notre-Seigneur, qu’est-ce qui correspond en lui à ce qu’est le caractère sacerdotal de ses ministres. Est-ce la grâce substantielle d’union personnelle au Verbe, celle par laquelle Jésus est saint, sanctificateur et médiateur, ou bien est-ce la grâce habituelle créée reçue en sa sainte âme, celle par laquelle il est tête du corps mystique et influe immédiatement sur les membres de ce corps ?

Les Carmes de Salamanque [15] soutiennent que c’est la grâce habituelle créée (gratia capitis), en tant qu’elle suppose et connote la grâce d’union. Ainsi le Christ serait prêtre par la grâce même qui le constitue tête de l’Église.

D’autres théologiens, parmi lesquels plusieurs thomistes [16] , estiment, à bon droit, semble-t-il, que ce qui constitue formellement le sacerdoce de Jésus-Christ est la grâce d’union, à raison de laquelle il est saint, sanctificateur et médiateur; car qui dit « prêtre et médiateur universel, capable d’offrir un sacrifice d’une valeur infinie », dit plus que « tête de l’humanité ». Adam, dans l’état d’innocence, était tête de l’humanité (caput naturae elevatae), sans pouvoir, comme prêtre et médiateur, offrir un sacrifice d’une valeur infinie. Le constitutif formel du sacerdoce du Christ paraît donc bien être la grâce d’union substantielle au Verbe, qui fait de lui « l’oint du Seigneur » (Ps. XLIV, 8, et IX, 24). Cette grâce d’union implique en effet une vocation sacerdotale unique, et elle est le principe de la grâce habituelle créée, par laquelle le Christ, tête de l’Église, influe immédiatement sur ses membres ou leur communique la vie surnaturelle. Tous ces dons sont requis à son sacerdoce, mais le premier en est le constitutif formel.

Telle paraît être aussi la pensée de saint Thomas, lorsqu’il traite du Christ, médiateur universel (IIIa, q. 26, a . 1 et 2). Selon lui, Jésus, comme homme, est médiateur entre Dieu et tous les hommes, par la grâce d’union hypostatique, à raison de laquelle il touche les deux extrêmes à réunir ou à réconcilier : Dieu et l’humanité. C’est en effet cette grâce substantielle d’union au Verbe qui sanctifie Jésus, qui lui donne une sainteté non pas accidentelle (comme celle qui procède en nous de la grâce habituelle créée, accident de notre âme, greffe divine reçue en elle), mais une sainteté substantielle, qui est le principe de la valeur infinie de ses actes humains méritoires et satisfactoires [17] . Or, parmi ces actes, l’oblation du sacrifice de la Croix, perpétué en substance dans celui de la Messe, est l’acte sacerdotal par excellence. Jésus est donc constitué prêtre, non pas, comme ses ministres, par un caractère sacerdotal, accident indélébile ou marque imprimée dans l’âme, mais par la grâce substantielle d’union, qui fait de lui le Saint des saints.

Il est donc prêtre par l’Incarnation même, et son sacerdoce est substantiel, comme sa sainteté. L’acte par lequel Dieu a décrété l’Incarnation est le même que celui par lequel il a appelé Jésus au sacerdoce et à l’universelle médiation. Mais pour que Jésus nous communique la sainteté, il doit être aussi tête de l’humanité, par la grâce habituelle, qui est le principe prochain de ses actes méritoires et satisfactoires (cf. S. Thomas, IIIa, q. 8).

Bossuet ne parle pas autrement là où il expose ce qu’est le sacerdoce de Jésus-Christ, dans ses Élévations sur les Mystères, XIIIe semaine, 1re et 6e élévations :

« O Christ ! ô Messie ! ô vous qui êtes attendu et donné sous ce nom sacré, qui signifie l’oint du Seigneur ! apprenez-moi, dans l’excellence de votre onction, l’origine et le fondement du christianisme….. O Christ !… le Psalmiste vous a vu sous ce nom, lorsqu’il a chanté : Votre trône, ô Dieu ! est éternel : et votre Dieu vous a oint d’une huile ravissante [18] … Quand l’ange saint Gabriel a annoncé le temps précis de votre venue, il s’en est expliqué, en disant que le Saint des saints serait oint, et que l’Oint ou le Christ serait immolé [19] . Et vous-même, qu’avez-vous prêché dans la synagogue, lorsque vous expliquâtes votre mission ? Qu’avez-vous, dis-je, prêché que ce beau texte d’Isaïe : L’Esprit du Seigneur m’a envoyé et c’est pour cela qu’il m’a oint [20] … L’Esprit ne lui est pas donné avec mesure, dit saint Jean [21] , mais sans mesure et en plénitude parfaite… Jésus est donc oint par le Saint-Esprit, comme l’ayant en lui par sa divinité… C’est ainsi que Dieu l’a fait Christ… Par cette onction divine Jésus-Christ est roi, pontife et prophète…

« Venez, Jésus, Fils éternel de Dieu, sans mère dans le ciel, et sans père sur la terre ; en qui nous voyons et reconnaissons une descendance royale ; mais pour ce qui est du sacerdoce, vous ne le tenez que de Celui qui vous a dit : Vous êtes mon Fils : je vous ai engendré aujourd’hui [22] . Pour ce divin sacerdoce, il ne faut être né que de Dieu ; et vous avez votre vocation par votre éternelle naissance [23] . Vous venez aussi d’une tribu à laquelle Dieu n’a rien ordonné sur la sacrificature . La vôtre a ce privilège d’être établie par serment, immobile, sans repentance et sans changement ; le Seigneur, dit-il, a juré, et ne s’en repentira jamais. La loi de son sacerdoce est éternelle et inviolable [24] . Vous êtes seul; vous laissez pourtant après vous des prêtres, mais qui ne sont que vos vicaires ; sans pouvoir offrir d’autres victimes que celle que vous avez une fois offerte à la croix, et que vous offrez éternellement à la droite de votre Père. »

Sa Sainteté Pie XI disait aussi dans une allocution récente, le 28 décembre 1925 : « E unicamente perche l’0moousios di Nicea si è incarnato… che si effuse e si effonde, inesauribile ed infinita, in Gesu Cristo, quella che i teologi chiamano unzione sostanziale, che lo consacrava sacerdote [25] . »

 

 

 

Pour terminer par une conclusion pratique : on ne saurait trop recommander aux âmes intérieures d’avoir une grande dévotion à la Consécration, qui est l’essence même du Sacrifice de la Messe, et le moment le plus solennel de chacune de nos journées. C’est, dit Bossuet, « l’action où Jésus-Christ, mettant son corps d’un côté, et son sang de l’autre, par la vertu de sa parole, s’exposa lui-même aux yeux de Dieu sous une image de mort et de sépulture, l’honorant comme le Dieu de la vie et de la mort, et reconnaissant hautement sa majesté souveraine, puisqu’il lui remettait devant les yeux la plus parfaite obéissance… jusqu’à la mort de la Croix… La seconde oblation (faite sur l’autel) ne sera plus qu’une mort et une immolation mystique. L’agneau y sera néanmoins… Le sang y sera encore tout entier et il sera répandu; mais d’une manière cachée et mystérieuse, pour appliquer à chacun ce qui a été offert pour tous une seule fois [26] . »

Jésus, en instituant l’Eucharistie, leva les yeux au ciel, son visage s’éclaira, et il eut un très vif désir de s’anéantir en quelque sorte sous les espèces du pain et du vin, jusqu’à la fin des temps, pour rester ainsi réellement et substantiellement parmi nous, en se donnant à nous en nourriture. Ainsi au moment de la consécration, le prêtre, ministre du Médiateur universel, doit, comme lui, lever les yeux vers le ciel, avec un ardent désir de s’unir à l’oblation du Christ toujours vivant, qui ne cesse d’intercéder pour nous (Hebr., VII, 25), et qui ne cesse d’offrir avec soi à son Père tous les membres vivants de son corps mystique, particulièrement ceux qui souffrent comme il a souffert [27] .

Ainsi les fidèles qui assistent à la sainte Messe doivent s’unir aussi, au moment de la consécration, à cette oblation du Prêtre éternel, qui continue à s’offrir par le ministère de ses prêtres, dit le Concile de Trente. Les âmes intérieures doivent, en union avec Notre-Seigneur, offrir à son Père son corps sacré et son précieux sang, et, s’offrant elles-mêmes selon l’inspiration du Saint-Esprit, elles doivent demander l’amour des croix que la Providence de toute éternité leur réserve dans l’avenir pour les purifier et les faire coopérer dans une mesure au grand mystère de la rédemption. Les âmes et les communautés qui vivent ainsi profondément unies à cet acte de la consécration jouiront d’une manière éminente de l’amour du Christ, elles recevront « des grâces toujours nouvelles », comme il est dit dans la belle prière au Cœur Eucharistique, elles entreront de plus en plus dans « les secrets de l’union divine » et y trouveront une grande paix au milieu même des épreuves. Elles se disposeront ainsi à renouveler cet acte avec une particulière ferveur au moment de la mort, pour faire de celle-ci un sacrifice parfait d’adoration, de supplication, de réparation et d’action de grâce, qui pourra leur ouvrir tout de suite les portes du ciel [28] .

 

 

Rome, Angelicum.

 

fr. Réginald Garrigou-Lagrange, O.P.

 

[ La Vie Spirituelle – 7° année – 84 – Tome XIV – N° 6 – Septembre 1926]

 

 

 



[1] Hébr., I, 5, 13.

[2] Hébr., II, 18.

[3] Hébr., IV, 12.

[4] Hébr., IV, 13.

[5] Hébr., IV, 12.

[6] Hébr., IV, 13.

[7] Cf. S. Thomas, Ia IIae, q. 102, a . 3, ad 8.

[8] Hébr., IX, 11.

[9] Hébr., IX, 24.

[10] Hébr., X, 7.

[11] Hébr., VII, 25, et IX, 24.

[12] Cf. S. Thomas, IIIa, q. 22, a . 1.

[13] Ia IIae, q. 85, a . 1 : « Naturalis ratio dictat homini, quod alicui superiori subdatur, propter defectus, quos in seipso sentit, in quibus ab aliquo superiori eget adjuvari et dirigi... Et ideo ex naturali ratione procedit, quod homo quibusdam sensibilibus rebus utatur offerens eas Deo in signum debitae subjectionis et honoris... »

[14] « (Jesus) semper vivens ad interpellandum pro nobis »(Haebr., VII, 25).

[15] Cursus Theologicus, de Incarnatione, disp. XXXI, dub. I, § IV, n° 16.

[16] Cf. Gonet, O.P., Clypeus thom. theol., de Incarnatione, disp. 22, a . 3 ; Hugon, O.P., de Verbo incarnato, 2a ed., p. 628 sq.

[17] Cf. S. Thomas, Catena aurea, in Joan. X, 36, ad illa verba : « Quem Pater sanctificavit et misit in mundum », dicit ex Hilario : « Praecedit cœteros per id quod sanctificatus in Filium est, beato Paulo dicente : praedestinatus est Filius Dei in virtute secundum Spiritum sanctum. »

[18] Ps. XLIX, 7, 8.

[19] Daniel, IX, 21-26.

[20] Isaïe, LXI, 1 ; Luc, IV, 18.

[21] Jean, III, 34.

[22] Ps. II, 7.

[23] Hébr., VII, 16.

[24] Hébr., VII, 13-24.

[25] Cf. Civiltà Cattolica, 1926, p. 182.

[26] Œuvres complètes de Bossuet, Paris, Gaume, 1846, t. VIII, p. 432, 434, Explication de la Messe, début.

[27] Selon saint Ambroise, saint Augustin, saint Thomas et ses disciples, saint Bonaventure et la grande majorité des théologiens, le Christ glorieux, au ciel, ne se contente pas de rappeler à son Père les prières qu’il fit pour nous ici-bas, mais il continue de prier pour nous, par une prière proprement dite. Cf. S. Thomas, IIa IIae, q. 83, a . 11, et Comm. in Ep. ad Haebr. VII, 25 ; Salmanticenses, de Incarnatione, disp. XXX, dub. II ; Gonet, Clypeus, de Incarn. disp. XXII, a. 2.

[28] « Cœur Eucharistique de Jésus, doux compagnon de notre exil, je vous adore... Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur  outragé... Cœur patient à nous attendre, Cœur pressé de nous exaucer, Cœur désirant qu’on le prie, Cœur foyer de nouvelles grâces, Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée, Cœur maître des secrets de l’union divine, Cœur de celui qui dort, mais qui veille toujours, Cœur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous... Je m’unis à vous, je m’immole avec vous, je m’anéantis devant vous... Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous... que je ne vive plus, mais vivez seul en moi, ainsi soit-il. »

Prochainement vont paraître en un volume, aux Éditions de la Vie Spirituelle (Librairie Desclée, 30, rue Saint-Sulpice, Paris-6e), les Élévations sur la Prière au Cœur Eucharistique de Jésus, écrites, il y a assez longtemps déjà, par une sainte âme, qu’un complet renoncement conduisit à une intime union avec le Cœur du Maître. Nous recommandons vivement ces Élévations aux âmes intérieures comme lecture pendant la visite au Saint-Sacrement ou comme préparation à l’oraison.