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En Illustration : L’édition de 1819 - La première édition en langue française voit le jour en 1819, à Paris, chez Maradan, libraire. Imprimé en typographie, c’est un petit in-16, de 188 pages, orné en frontispice d’une superbe gravure en taille douce, de très grande facture ; la silhouette d’un homme fort, vue de dos, se découpe en contre-jour sur des limbes laissant apparaître le chef comme auréolé. On trouvera en haut à gauche de la gravure la mention en petit corps - La Nuée - et en légende de l’image la citation latine, Absque nube pro nobis, « Sans voile pour nous ». C’est cette édition qui va véritablement ouvrir les consciences et faire asseoir en France la renommée d’Eckartshausen. On sait que Stanislas de Guaita possédait l’ouvrage dans sa bibliothèque, (Caillet-3507, pour l’édition de 1819) qu’il présentait comme un livre : « Très rare et extrêmement fort. C’est le dernier ouvrage du théosophe de Munich. »

INTRODUCTION

    « La Nuée sur le Sanctuaire » porte, plus que toute autre oeuvre de d'Eckhartshausen, l'empreinte de l'esprit dans ce qu'il a de plus clair, de plus pur, de plus lumineux », notait le Dr Marc Haven dans sa Préface à l'Edition de 1914. Le présent texte n'en est pas une réédition pure et simple. On a cherché à le débarrasser de nombre de germanismes criants et de quelques contre-sens, afin d'en rendre le contenu plus accessible à des cerveaux français sans jamais en trahir la pensée - on l'espère du moins.

  En dehors des Evangiles, il est peu d'oeuvres aussi qualifiées pour répondre aux aspirations des âmes assoiffées de Vérité, et  des intelligences que ne satisfont pleinement ni le formalisme rigide des Cultes, ni les solutions ingénieuses et multiples - hélas, multiples ! - de la plupart des systèmes à prétentions ésotériques.

  Face aux faux adeptes avides de titres ronflants et experts en définitions sonores, aux Eglises routinières, aux Maçons entichés de « régularité » ou pressés de réformer le monde par l'extérieur; indifférent aux charlatans de l'Occulte, étranger aux sectes pseudo-initiatiques qui pullulaient alors comme toujours, d'Eckhartshausen rappelle que l'Esprit souffle où il veut, que le Verbe illumine directement qui bon lui semble, sous la condition de mise en pratique de la formule-clé : « Aimer Dieu par dessus tout, et le prochain comme soi-même ».
  « Tout ce que je dis ici , affirme l'auteur, n'est pas extravagance hyperphysique, mais vérité absolue, que chacun peut expérimenter ». Et c'est parce qu'il en a fait lui-même l'expérience, laquelle l'a rendu membre de la « Communauté lumineuse de Dieu  », de l'Eglise intérieure du Christ, qu'il peut avec autorité nous retracer le chemin étroit et direct qui mène au suprême Sanctuaire, encore masqué à nos yeux par la « nuée » des opinions, des préjugés et des passions.

  Le siècle qui s'ouvrait alors que d'Eckhartshausen rédigeait son livre se prit orgueilleusement pour « le siècle des lumières ». Ni plus ni moins que le nôtre, et avec autant de déraison... Tout siècle neuf se persuade aisément que la Sagesse est née avec lui !

  Mais les vérités consignées dans la NUÉE ne sont ni d'un siècle, ni d'un autre: elles sont de toujours. Et c'est pourquoi il se trouvera toujours des âmes pour les recevoir, des coeurs pour les abriter.
  Depuis l'époque oùparut ce livre, il semble bien que la nuée se soit encore épaissie autour du Sanctuaire.

  N'est-elle pas d'un des pontifes de la science du jour, cette phrase qui en résume à merveille l'esprit : « L'HOMME N'EST RIEN MOINS QUE L'OEUVRE D'UNE VOLONTÉ LUCIDE... IMPOSSIBLE, POUR LUI, DE SE LEURRER DE I'ESPOiR QU'IL PARTICIPE A QUOI QUE CE SOIT QUI LE DÉPASSE ».

  A cette désinvolte affirmation (elle est, je crois,de Jean Rostand) d'Eckhartshausen a répondu par avance (Essais Chimiques, p. 6) :
  « LE SAVANT MODESTE DIT SEULEMENT : « D'APRÈS LES CONNAISSANCES ACTUELLES, IL NE SEMBLE  PAS POSSIBLE..., PEUT-ÈTRE NOUS MANQUE-T-IL UNE PLUS HAUTE CONNAISSANCE ».

  Lorsqu'on se fait gloire, en effet, de ne participer à rien qui nous dépasse, il semble que la modestie dans l'attitude et la prudence dans les conclusions devraient aller de soi !...

Inutile d'épiloguer là-dessus. Prenons-en simplement acte pour affirmer à nouveau que la "nuée" est plus épaisse et plus sombre qu'il y a un siècle. Et que ce livre est, ipso facto, plus actuel que jamais !

A. SAVORET.