Grâces attribuées à l'intercession de Don Bosco

 

 

Orphelinat Bourdault, Vesoul (Haute-Saône),

Le 11 avril 1888

 

MON RÉVÉREND PÈRE,

Grâces soient rendues à N.-D. Auxiliatrice et au bon Père Don Bosco ! Notre bien chère sœur malade, pour qui nous avions demandé une neuvaine, s'est levée dimanche matin, 8 avril, ne ressentant plus aucun mal !

 

Depuis longtemps elle souffrait d'un ulcère à l'estomac, qui lui occasionnait à chaque instant des vomissements de sang. Depuis huit mois, pour éviter ces vomissements, elle ne devait, prendre, pour toute nourriture, que du lait : régime qui avait été ordonné par les médecins. Plusieurs fois elle a essayé de prendre du bouillon ou du potage, mais elle ne le digérait pas. Le pain surtout lui était interdit :

Par suite de ce régime, elle en était venue à une très grande faiblesse. Les vomissements avaient cessé depuis près de trois mois ; mais elle éprouvait une grande douleur à l'estomac, douleur qui lui paralysait pour ainsi dire le bras gauche. Elle était dans cet état quand nous avons eu l'occasion de recourir à Don Bosco et de vous faire demander, mon Révérend Père, une neuvaine pour la guérison de cette chère malade.

 

Dès le premier jour de la neuvaine, elle s'est trouvée plus souffrante encore : il semble que Don Bosco voulait la mettre à bout. En effet, samedi, septième jour, elle était tout à fait mal : ses vomissements de sang l'avaient reprise plus fortement que jamais ; elle ne pouvait plus même avaler un peu de lait ; elle était incapable du moindre mouvement dans son lit ; on avait cru devoir la préparer à mourir. Mais, malgré cet état, elle espérait sa guérison et nous dit, ainsi qu'au médecin appelé, qu'elle se lèverait le lendemain et qu'elle mangerait du pain. Le docteur sourit, lui interdit tout mouvement et défendit qu'on lui donnât autre chose que du lait. La nuit fut encore très mauvaise jusqu'à quatre heures du matin où la pauvre malade s'endormit enfin ; après un moment de sommeil, elle se réveilla ne sentant plus aucun malaise. Elle se leva, descendit, à la grande stupéfaction de toute la Communauté, déjeuna comme une personne en santé, commençant par manger un bon morceau de pain frais, ce que la veille encore le médecin lui avait interdit ; elle était guérie ! Elle n'éprouvait plus aucune douleur, mais il lui restait une assez grande faiblesse dans les jambes ; elle assista à la Messe, aux Vêpres, et prit son repas comme nous ; il y avait, je le répète, huit mois entiers qu'elle n'avait pu prendre que du lait. Le lendemain, lundi, dernier jour de la neuvaine, nous sommes toutes allées, notre malade aussi, faire un pèlerinage à un sanctuaire de la Sainte Vierge qui se trouve près d'ici sur une colline ; pour nous convaincre de sa pleine guérison, elle courut aussi facilement qu'une enfant en descendant la colline.

 

Son état continue. Nous voyons là l'action directe de la Très Sainte Vierge qui a voulu glorifier son serviteur le bon Père Don Bosco s'intéressant à notre cher Orphelinat. Que grâces leur soient rendues ; et à vous, mon Révérend Père, merci pour les prières que vous avez fait faire par vos chers orphelins. Que Dieu et sa divine Mère vous en récompensent !

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Notre ci-devant malade aime tant ses chers orphelins et orphelines qu'elle ne demandait sa guérison que pour les soigner et se dépenser à leur faire la cuisine ; maintenant que Don Bosco lui a obtenu la santé, elle les aime encore mieux, ces pauvres enfants, et avec quel bonheur elle sent ces jours-ci revenir des forces qu'elle n'a jamais ménagées, et qu'elle ménagera moins encore, si c'est possible, pour ces chers orphelins.

Sœur FULGENCE, Supérieure.

 

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Dominus tibi det pacem !

 

TRÈS RÉVÉREND PÈRE DIRECTEUR,

 

Je vous prie de publier, à la gloire de Dieu, de Marie Auxiliatrice et du regretté Fondateur des Salésiens, la relation suivante.

 

Vers la fin de janvier dernier, une Cophte catholique, de Louqsor, nommée Guta Abd Mariam, âgée de 25 ans, mère de trois enfants et chargée en outre de trois autres que son mari avait eus d'un premier mariage, fut prise d'une fièvre pernicieuse très violente, compliquée d'une congestion pulmonaire. Le mari de la malade étant venu demander au P. Athanase Riccardo de Florence et à votre serviteur les secours spirituels et corporels nécessaires– il n'y a point de médecin pour les indigènes – mon confrère et moi nous nous fîmes un devoir de porter à la pauvre femme, en même temps que les consolations de la religion, les remèdes les plus appropriés dont notre dispensaire fût fourni. Cependant, malgré nos soins assidus, le mal ne fit qu'empirer, et la malade perdit l'ouïe et la parole : l'Extrême-Onction lui fut administrée. Enfin, le 21 février, la pauvre femme était à l'extrémité ; tous les parents la croyaient perdue, et le râle de l'agonie détermina le P. Athanase à réciter, dans la soirée même du 21, les prières des agonisants. En présence d'un danger aussi imminent, le P. Athanase eut l'heureuse inspiration de recommander cette pauvre mère de famille à Notre-Dame Auxiliatrice, qu'il supplia d'obtenir à la malade, si c'était le bon plaisir de Dieu, la guérison corporelle, par les mérites de son très fidèle serviteur, Don Jean Bosco ; le P. Athanase s'obligeait à publier la grâce dans le cas où elle serait accordée.

 

À son retour, le P. Athanase m'ayant communiqué cette inspiration, j'unis de tout cœur mes faibles prières aux siennes, pour supplier la glorieuse Vierge Auxiliatrice, par l'intercession de son regretté serviteur Don Bosco, de venir au secours de la pauvre infirme en lui accordant la guérison. Je pris moi aussi l'engagement de publier, de concert avec le P. Athanase, la faveur sollicitée, aussitôt que nous l'aurions obtenue.

Ce qui ne nous empêcha pas de prendre, dans la nuit du 22 février, avant mon départ pour Kene, les dispositions nécessaires pour la sépulture de Guta, au cas où elle viendrait à mourir pendant mon absence qui devait être de deux jours.

 

Le matin du 22, le P. Athanase se rendit auprès de la moribonde, et la trouvant tout à fait mal, il lui posa sur la tête un portrait du vénérable Fondateur des Salésiens. Eh bien, à partir de ce moment, la pauvre femme entra dans la voie de l'amélioration ; et en quelques jours elle fut rétablie au point de plonger dans la stupeur ceux qui l'ayant vue le 21 février ne pouvaient s'expliquer comment, d'un état humainement désespéré, elle avait pu passer aussi rapidement à une heureuse convalescence.

 

Fermement convaincus, le P. Athanase et moi, que tout cela est dû à l'intercession de Marie Auxiliatrice et de Don Bosco, par la présente lettre, nous accomplissons, en nous soumettant humblement au jugement de notre sainte Mère l'Église, la promesse de publier l'obtention de la grâce, en témoignage de reconnaissance, tant en notre nom qu'à celui de la malade guérie, et de toute sa famille.

 

Je vous serai très obligé, T. R. P. Directeur, si vous voulez bien m'envoyer un numéro du Bulletin qui contiendra la présente relation ; ayez également la bonté d'en adresser un numéro au Révérend Père Général de l'Ordre des Mineurs, Rome, Collège St-Antoine.

Je vous prie, mon T. R. Père, d'agréer l'humble hommage de mon respect, et je recommande notre Mission à vos ferventes prières.

 

Votre serviteur très dévoué

Fr. FRAnçois ZAMBI de Florence,

Préfet Apostolique.

 

Louqsor (Thèbes) Haute-Égypte, 12 mars 1888