1882

Où en suis-je avec le bon Dieu ?

 

 

Le pieux M. Josse, l'éditeur de Paris si connu, mort récemment, aimait à raconter le trait suivant :

Don Bosco se trouvait à Nice. Monseigneur Postel était venu lui faire visite. Après quelques instants d'un entretien plein d'abandon, Mgr. Postel, regardant D. Bosco en face, lui dit :

— Voyons, mon Père, dites-moi donc si ma conscience est en règle avec le bon Dieu ?

Don Bosco tout surpris, lève les yeux à son tour, sourit doucement et fait un mouvement pour s'en aller.

Mais son interlocuteur courut à la porte, la ferme à double tour, met la clef dans sa poche, puis se rasseyant :

— Vous savez, Don Bosco, nous sommes bien ici ; nous n'en sortirons que lorsque vous m'aurez dit où j'en suis avec le bon Dieu.

 

Le ton résolu, qui souligna ces quelques mots rendit D. Bosco pensif. Puis les mains jointes sur la poitrine, ce qui était son attitude habituelle, il regarde Monseigneur Postel avec une complaisance très visible, en même temps qu'il prononce, en les bien articulant, ces paroles :

— Vous êtes en état de grâce.

— Don Bosco, je crains que, seule, votre amitié pour moi vous fasse parler ainsi ?

— Mon ami, reprit Don Bosco, CE QUE JE DIS, JE LE VOIS (1).

 

(1) Monseigneur Postel, le fécond écrivain, le plus instruit et le plus aimable des hommes, a rendu le dernier soupir entre les bras de celui qui écrit ces lignes. Il fut foudroyé par une attaque, au milieu des fêtes qui se donnèrent, au Patronage Saint-Pierre de Nice, lors du passage de Monseigneur Cagliero, en 1884.