1872

De la guérison d'une malade

et de la conversion d'une ville

 

 

Saint-Pierre d'Arène est une ville d'Italie où, il y a quelques années, le bon Dieu était bien peu aimé.

Un seul curé ne suffisait que trop pour desservir une population de trente mille âmes, et l'église était presque désertée.

En revanche, trois loges maçonniques trônaient superbement, et leur détestable influence détruisait, dans le pays, tous les germes du bien.

 

La femme d'un employé du chemin de fer tomba gravement malade. C'était une mère de cinq enfants, fort intéressante.

Comme les médecins avaient prononcé qu'elle était perdue, le Curé lui proposa de recevoir les derniers sacrements ; mais la malade, d'ailleurs assez peu pratiquante, fit quelques façons et déclara qu'elle ne voulait se confesser qu'à Don Bosco. Son mari, quoique parfaitement incrédule, ne fit pas d'objection.

Le Curé saisit cette ouverture et écrivit à Don Bosco qui s'empressa de venir. À ce moment même, il méditait d'ouvrir une Maison à Saint-Pierre d'Arène, et il cherchait par quelle voie la Providence faciliterait cette fondation.

La malade manifesta une grande satisfaction quand elle le vit entrer dans sa chambre. Don Bosco la consola, et lui assura que Notre-Dame Auxiliatrice saurait bien la guérir si elle l'implorait avec foi ; puis il la confessa.

Quant à la Communion, ajouta-t-il, nous serons plus à l'aise dans l'église. Je suis ici pour quelques jours ; je vais prier pour vous et faire prier mes enfants, en outre, je dirai ma messe à votre intention. Venez, un de ces matins, y assister, et je vous donnerai la sainte Communion.

 

À ces paroles, le mari fit entendre un murmure de surprise et d'indignation :

— Monsieur l'abbé, ce n'est pas le moment de plaisanter ; ne voyez-vous pas que cette femme est mourante, incapable même de descendre de son lit ! Comment pouvez-vous lui parler d'aller à l'église !

— Notre-Dame Auxiliatrice a tout pouvoir, répliqua Don Bosco sans s'émouvoir. Prions-la ensemble. Et, se mettant à genoux, ce qu'imita le mari, à la grande surprise des assistants, il récita le Pater, Ave, Gloria et Salve Regina.

Il faut dire cette prière bien régulièrement jusqu'à Noël, n'y manquez pas ; – on était au six décembre 1872 – et il se retira après avoir passé une médaille au cou de la malade, et en avoir fait accepter une au mari.

Immédiatement, cette femme se sentit transformée. Les douleurs avaient cessé, la fièvre avait disparu ; elle était guérie.

 

Peu de jours après, l'employé du chemin de fer et sa femme étaient à l'église, de grand matin. L'ex-malade récitait de ferventes prières en action de grâces, et elle recevait la Communion des mains de D. Bosco.

Le mari fut tellement frappé de cette guérison subite et inespérée, qu'il ne tarda pas à se convertir. Il répétait, avec enthousiasme, que la présence de Don Bosco, à St.-Pierre d'Arène, lui avait rendu sa femme et la paix du cœur.

 

Mais l'influence de cette guérison s'étendit plus loin.

La ville en fut profondément remuée, et il s'opéra une transformation complète dans les esprits.

D'éclatantes conversions se produisirent ; l'église se remplit de nouveau, et les retours furent si nombreux, que trois vicaires durent venir en aide au bon curé, dont le cœur débordait de joie.

Bientôt on compta dans cette ville une fondation Salésienne de plus. On offrit à Don Bosco une maison, où affluèrent de nombreux enfants. Une grande église a été érigée et ouverte au public, dans laquelle dix prêtres Salésiens travaillent, avec de grandes consolations, au bien des âmes.

 

Il faut noter ce fait, que l'hospice de Saint-Vincent de Paul, de Saint-Pierre d'Arène, et son église sont situés précisément au milieu des loges maçonniques ; flambeau éclatant qui dissipera les ténèbres souterraines.