1868

Vocation et guérison

 

 

En 1868, il y avait, près de Fenestrelles, un jeune homme qui venait de terminer sa philosophie. Son goût le poussait à entrer dans les ordres ; mais il était orphelin, et le grand-père, devenu chef de la famille, avait décidé que son petit-fils suivrait la carrière du commerce. Des démarches avaient même été faites, et une place arrêtée dans une maison de Lyon.

Le jour du départ était fixé au samedi suivant, lorsque, le lundi, deux camarades vinrent chercher le jeune homme pour le présenter à Don Bosco qui venait d'arriver dans le pays. Comme ces deux camarades faisaient leur seconde année de Séminaire, ils avaient entendu parler de Don Bosco et, avaient un grand désir de le voir. Il n'en était pas ainsi de notre jeune homme qui ignorait jusqu'à son nom ; mais il suivit ses amis pour leur être agréable.

 

Les trois jeunes gens sont admis, et aussitôt Don Bosco, sans presque faire attention aux deux séminaristes, va droit à celui qui se destinait au commerce. Il le considère avec la plus bienveillante attention, et dit, en lui prenant lés mains : Voilà un merle qu'il faut faire entrer dans la cage.

Le jeune homme est vivement impressionné sans qu'il sache bien pourquoi. Il sent se réveiller, avec plus de force que jamais, sa vocation un instant assoupie, mais non éteinte. Un entretien avec Don Bosco achève de rendre inébranlable sa détermination de se consacrer au Seigneur et, par un revirement inattendu, le grand-père ne fait plus difficulté de donner son consentement.

 

En ce même temps on amenait à Don Bosco deux jeunes filles de six et huit ans, deux sœurs, dont la vue était à peu près complètement perdue. L'une distinguait à peine le jour de la nuit ; l'autre atteinte d'une inflammation chronique des yeux, avait les paupières fermées par une contraction si invincible que son père, robuste cultivateur, ne parvenait pas, en y mettant toute sa force, à les ouvrir.

Don Bosco conseilla une neuvaine à Notre-Dame Auxiliatrice : chaque jour trois Pater, Ave, Gloria et Salve Regina ; et il chargea le jeune étudiant de guider la mère et les enfants dans la récitation de ces prières.

Le jour même où la neuvaine se termina, les deux jeunes filles recouvrèrent la vue ; l'une était complètement guérie ; à l'autre, celle dont les paupières étaient closes, il restait sur l'œil une tache insignifiante qui, d'ailleurs, n'empêchait pas la vision.

Le jeune homme qui avait assisté à la neuvaine fut témoin de la guérison instantanée.

 

Non seulement il est devenu prêtre, mais encore prêtre de l'Oratoire de Saint-François de Sales. C'est un des fils chéris de Don Bosco. Il s'appelle Don Ronchail, et il est aujourd'hui, directeur de l'Oratoire St-Pierre-Saint-Paul, à Paris.