1863

Pourquoi Don Bosco

n'écrivait plus à Pie IX

 

 

En 1863, le marquis Scarampi, un des plus fervents catéchistes du dimanche, à l'Oratoire de Don Bosco, était allé passer un hiver à Rome. Quelques jours avant de revenir à Turin, il obtint, de S. S. Pie IX, une audience particulière. Le Pape, l'entendant parler de Turin, lui dit tout à coup :

— À Turin vous possédez Don Bosco ; pourquoi donc ne m'écrit-il plus ?

 

On devine que la première visite du marquis Scarampi fut pour Don Bosco, à qui il rapporta fidèlement les paroles du Saint-Père. Don Bosco répondit très simplement, mais avec un accent tout particulier :

— C'est que je n'ai rien de bon à lui écrire ; cependant, si vous allez de nouveau à Rome, veuillez m'avertir, et je vous confierai une lettre pour le Pape.

 

Le marquis, un peu intrigué, repartit au bout d'une semaine, emportant un pli de Don Bosco à l'adresse de Pie IX. Il ne mit aucun retard à s'acquitter de son ambassade.

Pie IX ouvrit la lettre : quatre pages serrées, écrites par un jeune secrétaire qui est maintenant Mgr. Cagliero, et signées d'une main ferme par Don Bosco.

Après l'avoir lue avec une minutieuse attention, le Pape plia cette lettre en soupirant. Une expression d'indicible tristesse avait remplacé, sur son visage auguste, l'air de bonté qui lui était habituel. Il dit enfin et répéta à plusieurs reprises :

— Je n'attendais pas de Don Bosco une pareille lettre !`

Le pauvre messager, péniblement impressionné par cette scène, ne savait quelle contenance garder ; il se retira, profondément ému.

Rentré à Turin, il accourut à l'Oratoire et trouva Don Bosco sous le cloître, à l'entrée de l'église de Saint-François de Sales, la seule qui existât alors :

— Don Bosco, lui dit-il vivement, qu'avez-vous donc écrit au Saint Père pour le rendre si triste ?

Don Bosco entraîna doucement son interlocuteur, et causa longtemps avec lui.

Le soir,  un des enfants de Don Bosco, Don Francesia, avec cette douce familiarité que le bon Père permettait aux siens, lui demanda le sujet de ce long entretien avec le marquis.

— Eh bien, voici : j'ai écrit au Saint-Père : POUR TELLES, TELLES, ET TELLES RAISONS, IL VOUS FAUT FAIRE LE SACRIFICE DE VOTRE ROME. Je n'aurais point annoncé ces choses de moi-même ; mais le Pape m'a dit de lui écrire, et, comme Samuel, j'ai obéi.

 

On sait que l'année 1870 fut celle du Sacrifice !