VIE D’ANNE CATHERINE EMMERICH
TOME DEUXIEME (1819-1824)


CHAPITRE III

  *

MESURES PRISES PAR LE VICARIAT

 

1. Il faut ici interrompre le cours de la narration pour se rendre compte de la position de l'autorité spirituelle en présence de la religieuse maltraitée d'une manière si contraire au droit et qui, à raison de sa profession, en avait souvent appelé à cette autorité.

Le 3 août, le vicaire général Droste avait écrit à Rensing : « J'apprends qu'on veut faire une nouvelle enquête sur la soeur Emmerich. Je vous donne cette information en vous chargeant de la communiquer sans retard à la soeur Emmerich ; dites-lui aussi que cette enquête a lieu sans qu'on m'en ait prévenu et que par conséquent je n'ai autorisé aucun ecclésiastique à y prendre part. »

En même temps le vicaire Roseri reçut une sévère réprimande pour s'être rendu à Dulmen sans avoir attendu l’ordre de ses supérieurs ecclésiastiques. « Aucun ecclésiastique, déclarait le vicaire général, ne doit accepter de l’autorité séculière un mandat de cette espèce ; il méconnaît et renie son auguste profession quand il se laisse employer dans des affaires de police. » Roseri fut obligé de quitter Dulmen. Ainsi firent le curé Niesert et le professeur Roling auxquels le même ordre était parvenu. Ce dernier différa d'obéir au vicaire général parce que le président supérieur et Boenninghausen s'interposèrent pour lui, mais Clément de Droste n'était pas homme à se laisser mettre en contradiction avec lui-même. Il adressa aussitôt à Rensing une nouvelle instruction. « M. de Vinke, disait-il, désire que je laisse les ecclésiastiques prendre part à l'enquête, mais je ne puis y consentir... Je ne puis permettre à aucun prêtre, pas plus à M. Roling qu'à un autre, d'y prendre part, d'autant plus que M. de Vinke ne parle pas d'une commission réellement mixte. Une fois pour toutes, tant que je ne vous écrirai pas le contraire, il faut vous en tenir absolument à ce que je vous ai écrit... J'espère donc que m. Roling ne se montrera pas moins obéissant que MM. Niesert et Roseri. »

         Sur la demande de conseil et d'assistance que lui adressait la malade si cruellement opprimée, le vicaire général lui répondit par l'intermédiaire de Rensing : « Je vous réponds à la hâte que je ne puis donner de conseils circonstanciés pour l'avenir, parce que rien ne m'est connu quant à la marche de ] !enquête projetée. Du reste, il me semble que ce qu'a fait la soeur Emmerich jusqu'à présent et que ce qu'elle a l'intention de faire est très-convenable... Si la soeur Emmerich dit que je ne devrais pourtant pas l'abandonner entièrement, elle se fait une idée fausse de la situation. »

         Lorsqu'ensuite elle fit adresser par Rensing au vicaire général une copie de la protestation présentée par elle à la commission afin qu'il en prît occasion d'agir en sa faveur, il répondit ainsi de Darfeld : « J'ai reçu ici vos rapports des 5 et 7 août, avec la protestation de la soeur Emmerich jointe au dernier. Je vais y répondre avec autant de brièveté et de précision que possible. Cette enquête est une enquête purement laïque, parce qu'elle est ordonnée et dirigée exclusivement par les autorités civiles : si des ecclésiastiques aussi y prenaient part, contrairement aux règles établies, cela ne changerait pas la nature de l'enquête : elle resterait toujours purement laïque et il est très-important qu'on ne donne à cette enquête en aucune manière, ni du plus loin que ce soit, l'apparence d'une enquête mixte. Or donc :

         1° Aucun ecclésiastique, sans vous excepter, ne doit y prendre la moindre part, soit pour, soit contre : tous les ecclésiastiques doivent absolument l'ignorer. Si la soeur Emmerich réclame, soit de vous, soit du chanoine Hackebram, soit de tout autre prêtre, assistance et conseil spirituel, il va de soi-même que cela ne doit pas lui être refusé : mais ni vous ni aucun prêtre ne devez accéder à une demande venant d'une commission dont l'existence doit vous être inconnue. Vous ferez en sorte que les ecclésiastiques sachent bien cela.

         2° Je ne vois pas quel droit les amis de la soeur Emmerich ont de porter plainte en leur propre nom devant les tribunaux supérieurs du pays contre la commission mais si l'on doit en venir là, c'est la soeur Emmerich elle-même qui doit le faire ou tout au moins ses amis devraient avoir d'elle pour former la plainte un mandat en forme et par écrit.

         3° Il est convenable que les ecclésiastiques dont la soeur Emmerich prend. le conseil ne restent pas seuls avec elle dans ce moment. »

Le vicaire général ne pouvait pas prendre une autre décision : car, un an auparavant, sur une première démarche faite par le président supérieur prussien, il avait présenté un projet de commission d'enquête mixte que celui-là avait rejeté sous un prétexte futile. « J'avais, dit-il, proposé à M. de Vinke, suivant son désir, une commission d'enquête mixte, laquelle toutefois n'a pas été formée, le baron de Vinke ayant assuré qu'on ne pourrait pas trouver quatre personnes (j'avais exprimé le désir qu'il y eût parmi elles des protestants) qui, alternativement avec quatre autres nommées par moi, surveillassent la soeur Emmerich pendant huit jours au moins. »

Là-dessus le président supérieur alla en avant, éludant à dessein et d'une manière très-significative l'intervenlion de l'autorité ecclésiastique : il nomma une commission dont les mobiles dirigeants et les tendances étaient trop visibles aux yeux du vicaire général pour qu'il ne se jugeât pas obligé, afin de sauvegarder la dignité de l'Eglise, de défendre sévèrement à tout prêtre d'en faire partie. Il savait aussi qu'en face du nouveau gouvernement sous le joug duquel était tombé le pays de Munster, il ne pouvait hasarder aucune démarche en faveur de l'innocence persécutée, sans l'exposer à un traitement encore bien pire : c'est pourquoi il considéra l'enquête de police prussienne comme non avenue, parce qu'il avait la confiance (ainsi que cela fut révélé à Anne Catherine pour sa consolation) a que ce qui venait de Dieu recevrait aussi de Dieu et de lui seul une assistance infaillible. »

 

         2. Déjà, lorsque Bodde avait livré à la publicité ses attaques contre Anne Catherine et par là même contre l'autorité ecclésiastique, le vicaire général, pour prévenir l'intervention probable des nouvelles autorités et de leur police, avait pensé à reprendre son ancien projet d'éloigner pour toujours Anne Catherine de son entourage habituel et de lui préparer un séjour tranquille où elle pût vivre complètement séparée du monde entier. Il avait peine à admettre que Dieu lui-même, ayant marqué la pauvre religieuse de ces stigmates qui étaient pour lui la source de tant de soucis, voulût cependant la laisser dans une situation et au milieu de relations qui ne lui semblaient pas celles qui convenaient à une si éminente distinction. Sans doute il ne pouvait plus la replacer dans le secret de la stricte clôture d'un couvent : mais si elle avait le bonheur d'être éloignée d'un entourage sur lequel tous ceux qui contestaient ses signes faisaient peser le soupçon d'être les auteurs de ce qu'ils appelaient une imposture, on enlèverait, selon lui, aux calomniateurs la principale base de leurs attaques, et dans le cas probable où l'on ne pourrait éviter une nouvelle enquête, lui-même aurait « les mains tout à fait libres. » Que Dieu même eût fait échouer son plan de la transporter à Darfeld, c'est ce qu'il ne voulait pas s'avouer, parce qu'il était porté à voir dans l’abbé Lambert (1) et dans le P. Limberg, ces hommes si timides et si inoffensifs, l'une des causes du refus qu'avait fait la malade de se laisser cacher à Darfeld.

Mais comme, quelques années après, par suite des bavardages d'une ancienne consoeur de la malade qui cherchait à se donner de l'importance, on fit courir à Munster le bruit sans fondement qu'Anne Catherine avait l'intention d'aller s'établir à ce qu'on appelait l'Ermitage, près de Dulmen, il envoya à Dulmen le 10 juillet 1817 une sévère instruction ainsi conçue : « Ayant appris que la soeur Emmerich se propose d'aller habiter l'Ermitage près de Dulmen avec l'abbé Lambert ou le Père Limberg ou avec tous les deux, je vous charge, monsieur le doyen, de faire savoir immédiatement à la soeur Emmerich et aux deux ecclésiastiques susnommés, que je ne puis, il est vrai, m'opposer à ce que la soeur Emmerich aille habiter cet ermitage ; mais que je lui interdis très-formellement de laisser habiter là près d'elle l'un ou l'autre de ces deux prêtres ; en outre j'interdis à ceux-ci, sous peine d'une punition que je me réserve de fixer, de loger à cet ermitage dans le cas où la soeur Emmerich y habiterait et d'y passer même une seule nuit. »

         Différents bruits de ce genre se succédaient les uns aux autres ; des accusations et des menaces contre Anne Catherine et son entourage adressées au vicaire général par les personnes les plus diverses, soit de vive voix, soit par écrit, excitèrent de plus en plus chez lui la crainte que tout cela ne fût exploité au préjudice de l'Eglise et firent perdre la justesse de son coup d'oeil à l'esprit d'ailleurs si éclairé de cet homme supérieur, en sorte que, pour éloigner la malade de Dulmen de la manière la plus propre à prévenir tout refus de sa part et toute immixtion étrangère, l'idée lui vint d'un de ces expédients auxquels, dans des cas semblables, l'autorité ecclésiastique doit le plus éviter d'avoir recours : il écrivit à Rensing le 21 octobre 1847 :

« Je vous remercie fort de votre dernière lettre au sujet de la soeur Emmerich, et je crois devoir y répondre que, le matin même du jour où je me suis entretenu avec vous, j'ai mis par écrit et scellé de mon sceau ce que je me propose de faire à son égard et que je ne compte briser le cachet qu'en votre présence... Je vous prie de dire en mon nom à la soeur Emmerich que, comme son supérieur ecclésiastique, je lui enjoins de prier Dieu de nouveau pour qu'il daigne lui faire connaître exactement, dans le détail, le plan que j'ai formé par rapport à elle.

Dès que j'aurai une occasion, je prendrai la liberté de vous envoyer un exemplaire du livre composé par mon frère sur l'Eglise et l'Etat... Puisse Dieu commander aux vents et à la mer ! »

 

3. Ce fut donc sur l'espoir que sa pensée serait devinée que le vicaire général assit l'exécution de son projet. Il ne sentit pas que par là il se plaçait sur le terrain de l'art divinatoire et perdait de vue les règles strictes de la foi et les principes qui font autorité, quant à la direction de la vie ascétique, lesquels seuls peuvent donner la mesure et tracer la limite dans une enquête ecclésiastique. Il ne sentit pas non plus la contradiction intrinsèque du plan imaginé par lui, dont la conception était l'hommage le plus complet rendu à Anne Catherine, tandis que sa mise à exécution aurait été la condamnation de celle-ci : car si elle recevait de Dieu la révélation des projets restés secrets, il trouvait là la plus haute confirmation de la réalité des dons accordés à la voyante, et alors il devait d'autant moins aller à l'encontre des desseins de Dieu sur celle qui lui servait d'instrument et chercher à y mettre obstacle. Mais on est saisi d'étonnement en voyant avec quel soin jaloux, même dans ce cas, Dieu sauvegardait l'autorité du supérieur ecclésiastique. La pureté d'intention qui avait présidé à ce projet fut agréée par Dieu ; et maintenant il y était donné satisfaction, au moyen de l'enquête de police dans laquelle Anne Catherine devait être assez longtemps séparée de son entourage habituel pour que toute suspicion fût dorénavant réduite au silence. Mais quelque chose dans ce plan allait à l'encontre des voies de Dieu, savoir, le projet de cacher Anne Catherine pour toute sa vie dans un asile absolument fermé au monde : or Dieu ne permit pas qu'il s'accomplît, parce qu'elle avait encore une tâche à remplir : celle de raconter la vie de Jésus. Cependant il lui fallut mériter la mise à néant de ce projet par des souffrances dont la terrible violence nous fait reconnaître au prix de quelles expiations la grâce de cette communication devait être acquise à la chrétienté. A peine Rensing avait-il donné à la malade connaissance de l'ordre mentionné plus haut qu'elle fut éclairée par son ange sur le projet secret du vicaire général ; mais, dès le lendemain, Wesener eut à rapporter ce qui suit :

         « 25 octobre. J'ai trouvé la malade dans un état de faiblesse mortelle. Elle me dit que, pendant toute la nuit, elle avait été dans le plus triste état, et qu'elle s'était vue au moment de mourir. Elle ne pouvait à la vérité désigner exactement le jour de sa mort, mais elle croyait qu'il n'était pas éloigné.

         « 26 octobre. La malade tombe dans un état de faiblesse extrême. Nous avons résolu de la faire veiller la nuit. Elle a passé cette nuit dans le plus triste état. Elle a eu trois attaques de spasme tonique pendant lesquelles les muscles du bas-ventre étaient retirés jusqu’à la colonne vertébrale. Elle a annoncé d'avance chaque attaque et assuré qu'elle devait souffrir cela, mais que Dieu lui donnait la patience nécessaire. »

         Ces souffrances durèrent avec une violence toujours croissante jusqu'à la première semaine de novembre et réduisirent plusieurs fois la malade à un état peu différent de la mort, si bien que le médecin et le confesseur attendaient sa fin comme certaine. Cependant, le 6 novembre, Wesener put dire dans son journal : « Aujourd'hui j'ai trouvé la malade encore très-faible, mais tout à fait rassérénée. « Pendant mes dernières souffrances, a-t-elle dit, je n'ai cessé d'avoir des visions. J'avais à gravir une montagne escarpée en compagnie de mon guide. Je vis sur le chemin à droite et à gauche des sentiers descendant vers les précipiter et je vis la détresse des égarés pour lesquels j'avais à prier. Vers le milieu de la montagne, je rencontrai une ville avec une magnifique église. Avant de pouvoir y entrer, je fus reçue par de bienheureuses religieuses de mon ordre, qui me revêtirent d'un habit éblouissant de blancheur. Je leur fis connaître la crainte que j'avais de ne pouvoir réussir à préserver cet habit de toute tache. Elle me dirent alors : « Fais ce que tu pourras : certainement il y aura encore des taches, mais il faudra les laver avec tes larmes... » J'eus aussi un entretien avec mon guide sur le secret que le vicariat m'a fait imposer par monsieur notre doyen, et il m'a été dit que je devais garder le silence le plus absolu sur ce sujet envers tout le monde sans exception. « Si l'on voulait pousser la chose plus loin, a ajouté mon guide, Dieu y mettrait ordre. »

 

4. Le silence obstinément gardé par la malade sur la révélation qui lui avait été faite du plan secret, jeta le vicaire général dans l’incertitude, en sorte qu'il écrivit à Rensing le 5 avril 1818 : « Je n'ai pas encore de jugement arrêté sur cette affaire. J'ai fait de mon côté ce qui devait être fait pour approfondir complètement la chose. Si l'enquête mixte n'a pas eu lieu, c'est M. de Vinke qui en est responsable, lui qui, sous le vain prétexte qu'il ne pouvait pas trouver quatre laïques pour surveiller la soeur a rompu les négociations. Je pense que Dieu prendra la chose en main. » - Néanmoins, comme pour attester qu'il ne pouvait pas douter de la vocation extraordinaire d'Anne Catherine, ni de sa parfaite sincérité, il ajoutait aussitôt ces mots : « Cette lettre vous sera remise par le prince de Salm Reifferscheid, accompagné peut-être de son fils et de M. de Willi, ecclésiastique. Ils désirent voir la soeur Emmerich et lui parler ; ils voudraient voir aussi au moins une de ses mains. Comme ce sont des personnes craignant Dieu, je n'ai pu leur refuser de vous prier de les conduire chez la soeur Emmerich. C'est par précaution que j'ai fait mention du prince héréditaire et de son sage mentor : car je ne sais s'ils seront du voyage. »

         L'automne suivant, lorsque Sailer vint à Dulmen et, sur la demande d'Overberg, se fit rendre compte par Anne Catherine de l’état de sa conscience, elle lui révéla le secret du vicaire général et l’ordre qu'elle avait reçu. Il la confirma dans sa résolution de garder le silence, et le vicaire général laissa tomber la chose.

 


(1) Comme ce digne vieillard eut beaucoup à souffrir dans tout cela, il convient de donner ici les deux lettres suivantes d’Overberg au Dr. Wesener, lesquelles rendent témoignage de la charité touchante et de la sollicitude consciencieuse avec lesquelles ce prêtre le plus respectable du pays Munster, s'occupait toujours d'Anne Catherine et de son petit cercle.
I. Du 6 septembre 1818. « Ayez la bonté de me faire savoir, aussitôt que le pourrez sans vous déranger : 1° Combien M. Lambert doit encore à la pharmacie ; 2° si notre chère soeur ou M. Lambert ont déjà payé quelque chose et combien ; 3° si notre chère soeur doit encore quelque chose pour elle-même à la pharmacie et à combien se monte la dette. Je m'efforcerai de les aider à payer, au moins en partie. Je vous prie de saluer cordialement de ma part notre chère soeur et de lui donner l’assurance que je lui écrirai bientôt, si Dieu le permet. Je préférerais aller la voir moi-même, s'il plaisait à Dieu de guérir suffisamment mes jambes pour que je fusse en état de faire ce petit voyage. IL me serait très agréable que voua voulussiez bien me communiquer de nouveau pour quelques mois votre journal sur la malade. Je n'écris pas à M. Lambert touchant la pharmacie, mais pour un autre objet. La position qu'il faut prendre pour écrire n'est pas bonne pour mes jambes et me fatigue beaucoup. C'est pour cela que je suis si court. Dieu soit avec vous. »
II. Du 13 septembre 1813. « J'ai l'honneur de vous envoyer non-seulement les huit thalers vingt-trois groschen qui restent à payer à la pharmacie, mais le montant de tout ce qui est dû pour les médicaments fournis à M. Lambert, c'est-à-dire vingt-cinq thalers. On peut aussi mettre à certains égards au nombre des médicaments le vin qui est encore nécessaire ou du moins très-utile pendant la convalescence. Afin que rien ne manque à notre soeur de ce qui sera nécessaire en fait de vin ou même pour elle n'ait pas à s'inquiéter dans la crainte que le nécessaire ne vienne à manquer, elle peut utilement employer ce qui restera après le payement à la pharmacie à procurer du vin à M. Lambert jusqu'à ce qu'il ait pu reprendre petit à petit l'habitude de la bière. Aucun malade ni aucun pauvre n'a à souffrir de ce que je lui envoie ce qu'il lui faut. Elle aura à se souvenir dans ses prières du donateur qui est un autre que moi. Je le lui nommerai dans l'occasion. Toutefois je puis aussi vous le faire connaître et rien n'empêche que vous en parliez à noire soeur. C'est le prince évêque d'Hildesheim, auquel j'ai écrit pour le compte du pharmacien. Je m'en rapporte à vous et à notre soeur pour juger s'il est bon de dire à M. Lambert qu'il y a quelque chose en caisse pour lui avoir du vin. S'il plaît au Seigneur de guérir mes maux de jambes de manière que je puisse entreprendre un voyage à Dulmen, je ne manquerai pas de me procurer le plaisir d'y voir tous les amis que j'y ai. Dieu soit avec vous !
« N. B. Il s'entend de soi-même qu'on ne redemande rien de l'argent, quand même tout ne serait pas dépensé en vin pour l'abbé Lambert. »