Vie de Anne Catherine Emmerich - Volume 1 -

 

V

ANNE CATHERINE REÇOIT LES SAINTS SACREMENTS DE PÉNITENCE ET D'EUCHARISTIE

 

1. Vers la septième année de son âge, Anne Catherine fut conduite pour la première fois à confesse avec d'autres enfants ; elle s'y était préparée avec tant d'ardeur et elle était pénétrée d'une si vive contrition que les forces lui manquèrent sur le chemin de l'église et que les autres enfants qui l'aimaient beaucoup furent obligées de la porter jusqu'à Coesfeld. Elle avait sur la conscience, non seulement des actions de ses premières années expiées par de fréquentes et douloureuses pénitences, mais aussi ses visions incessantes qu'on lui avait tant de fois reprochées comme» des imaginations et des rêveries.» Comme c'était particulièrement sa mère qui la mettait sans cesse en garde contre les rêveries et les superstitions, cela la mettait dans une grande angoisse et elle s'était proposé de se confesser assez clairement et assez longuement sur ses» rêves» pour recevoir du prêtre des avis et des directions. Elle le fit, quoiqu'il n'y eût pas là de péché à confesser mais il faut admirer les vues de Dieu, qui, ayant donné à Anne Catherine le don de contemplation pour l'édification des fidèles, c'est-à-dire pour toute l'Eglise, commença dès lors, au moyen de sa délicatesse de conscience, à mettre ce don sous la garde de l'Eglise et à le soumettre à son jugement. En faisant son examen de conscience, Anne Catherine craignait par-dessus tout que l'amour-propre ou la fausse honte ne lui fit cacher ou pallier quelque chose ; c'est pourquoi elle se disait souvent» Ce que l'esprit malin m'a pris, il peut le garder. S'il m'a ôté la honte avant le péché, je ne veux pas la lui reprendre avant la confession.»

L'amour-propre lui paraissait plus à craindre que le démon lui-même : car elle avait retiré de ses contemplations intérieures la conviction» que nous serions tombés moins bas, si Adam n'avait pas rejeté la faute sur Eve et celle-ci sur le serpent.» Aussi s'accusa-t-elle avec le plus grand chagrin de prétendus péchés mortels pour lesquels elle voulait à peine accepter une atténuation de la bouche de son confesseur. Elle se souvenait de s'être une fois querellée avec un enfant et d'avoir répondu à un autre par un proverbe satirique ; elle était fermement persuadée que c'étaient là des péchés mortels, car elle avait entendu dire au maître d'école que Dieu avait commandé de tendre l'autre joue à l'offenseur qui vous aurait donné un soufflet.

De même, au témoignage d'Overberg, sa charité pour le prochain était, dans un âge aussi tendre, arrivée déjà à un si haut degré, que c'était toujours un très grand plaisir pour elle que de pouvoir donner une marque d'affection à quelqu'un dont elle avait reçu une offense. C'est pourquoi elle confessa ses soi-disant péchés mortels avec une contrition si vive, qu'elle croyait, dans son effroi, que le confesseur allait lui refuser l'absolution ; mais il lui dit pour la consoler : « Enfant, tu ne peux pas encore faire de péché mortel, « et elle fondit en larmes, au point qu'il fallut l'emporter du confessionnal.

Ses parents lui avaient donné sept pfennigs pour acheter du pain blanc comme les autres enfants après sa confession mais elle les donna à un pauvre, afin que Dieu lui accordât le pardon de ses péchés. Plus tard, quand elle retourna à confesse, ses parents lui donnèrent chaque fois sept pfennigs pour avoir du pain blanc. Elle en achetait bien, mais non pas pour elle, et elle rapportait le tout à la maison pour ses parents.

 

2. Dans une des confessions suivantes, elle fut encore fort troublée et fort tourmentée. Elle avait entendu sa mère parler avec une autre femme d'une certaine défunte dont l'âme, disaient-elles, ne pouvait trouver de repos. Sa compassion pour cette âme fut si vivement excitée par là qu'elle s'en occupait continuellement dans son cœur et dans ses prières et qu'involontairement elle cherchait aussi pour elle d'autres intercesseurs. Un jour, elle était au moment de communiquer ce qu'elle avait entendu, disant : « La défunte n'a pas. . . , « mais alors elle fut saisie d'une telle angoisse, qu'elle se trouva hors d'état de prononcer un mot de plus. La pensée lui était venue tout à coup qu'elle ne serait plus en mesure de réparer ce péché de médisance, puisqu'elle ne pourrait pas demander pardon à une morte. Elle ne put retrouver le calme tant qu'elle n'eut pas confessé cette inadvertance. Or, cette frayeur n'était pas un scrupule exagéré chez Anne Catherine, mais l'effet de sa grande pureté de conscience, comme on le voit par le fait suivant, que son père Bernard se plaisait à raconter.

« Lorsqu'elle commença à lire, disait-il, elle aimait à se mettre par terre, près du foyer, avec un livre de prières, et à rassembler les copeaux enflammés. Un jour, son père travaillait à réparer l'établi d'un voisin où il voulait ajuster un nouveau morceau de bois. Anne Catherine ramassa les copeaux qui tombaient, mais elle prit seulement ceux du morceau de bois neuf pour les mettre au feu. Son père lui ayant demandé pourquoi elle ne ramassait pas aussi les autres copeaux, elle répondit : « Je prends seulement ceux du nouveau morceau de bois, car les autres qui tombent de l'établi ne nous appartiennent pas.» Là-dessus, le père tout ému regarda la mère et dit : « C'est vraiment une singulière enfant.» Quand le feu ne flambait plus au foyer et que ses parents étaient allés se coucher, Anne Catherine cherchait souvent le petits morceaux de bois brillant encore, pour pouvoir lire dans son livre de prières. Elle regarda d'abord cela comme une chose permise, mais plus tard elle s'en confessa avec un vif repentir, et il ne lui arriva plus jamais de s'approprier la plus petite chose sans en avoir demandé la permission à ses parents.

 

3. Ce fut dans sa douzième année qu'Anne Catherine fit sa première communion. Depuis le jour de son baptême, son âme se trouvait si fortement attirée vers le très saint Sacrement qu'elle éprouvait dans son voisinage un merveilleux sentiment de joie et de bonheur qui se communiquait même à son corps. Elle n'était jamais dans la maison de Dieu sans être accompagnée de son ange et sans voir, dans la manière dont celui-ci adorait le très saint Sacrement, le modèle du respect avec lequel l'homme mortel doit s'en approcher. Elle avait appris dans ses visions, et le Sauveur lui-même lui avait enseigné, quelle était la magnificence, la grandeur de ses mystères : cela lui avait inspiré un tel respect pour le sacerdoce de l'Eglise catholique, que rien sur la terre ne lui paraissait comparable en dignité et que, comme nous le verrons plus tard, il n'y avait aucune offense qu'elle se chargeât d'expier, par de plus terribles souffrances que les péchés des prêtres. S'agenouillait-elle devant l'autel, elle n'osait pas regarder d'un autre côté. Son cœur et ses yeux s'attachaient au très saint Sacrement et le silence du lieu saint correspondait au recueillement solennel de son âme. Elle parlait à Jésus dans le sacrement avec une ferveur pleine de confiance et lui chantait les jours de fête les hymnes de l'Eglise. Mais, comme elle ne pouvait s'arrêter dans les églises aussi longtemps qu'elle l'eût désiré, en faisant sa prière nocturne, elle se tournait comme involontairement vers le point de l'horizon où elle savait qu'était le tabernacle d'une église.

 

4. L'ardent amour qui enflammait son cœur l'avait poussée, dès ses premières années, à faire la communion spirituelle : mais quand vint le moment où elle eut à se préparer à la réception réelle de l'Eucharistie, elle ne crut jamais en pouvoir faire assez. La grandeur de son désir n'était égalée que par le soin avec lequel elle s'efforçait de rendre son âme digne de recevoir l'hôte céleste. Elle s'appliqua à repasser de nouveau dans sa mémoire tous les instants de sa vie, afin de paraître pure devant son Seigneur et son Dieu. Plus encore qu'à sa première confession, elle était pénétrée de la crainte de porter en elle une tache par suite d'une ignorance coupable et elle n'était pas peu tourmentée par la pensée qu'elle n'avait peut-être pas confessé ses fautes aussi sincèrement et aussi complètement que Dieu le voulait, car elle n'avait jamais cessé de se regarder comme la pire de tous les enfants et son humilité ne tolérait ni échappatoire ni excuse. Elle pria instamment son père et sa mère de lui venir en aide pour arriver à la parfaite connaissance de ses péchés ; elle leur disait» Je ne veux pas de secret, pas de replis dans mon cœur. S'il venait à moi un ange dans lequel je verrais un repli, je ne pourrais m'empêcher de dire qu'il a part avec le mauvais esprit, lequel cherche à se cacher dans les recoins et les replis des cœurs.» Le jour de la communion, elle tint ses yeux fermés en allant à l'église, afin qu'aucun objet ne pût les frapper et troubler le recueillement de son esprit. Elle était si remplie du désir de se donner entièrement et parfaitement à Dieu et de consacrer à son service toutes les puissances de son âme et de son corps, qu'elle s'offrait sans cesse au Seigneur pour se sacrifier à sa gloire et au salut du prochain. Voici ce que rapporte Overberg à ce sujet» Lors de sa première communion, Anne Catherine n'a pas demandé beaucoup de choses à Dieu : elle priait par dessus tout pour qu'il fît d'elle une enfant tout à fait bonne, qu'il la fît devenir telle qu'il la voulait. Elle se donna à Dieu tout entière et sans réserve.»

 

5. On peut juger combien fut sérieuse l'offre dévouée de cette enfant et combien fut agréable à Dieu le zèle ardent avec lequel elle se prépara à recevoir la très sainte Eucharistie, en considérant les effets surprenants que le sacrement produisit dans son cœur. L'amour divin s'y alluma si fortement qu'Anne Catherine se sentit poussée à une vie de mortification et de renoncement telle que la règle la plus rigoureuse n'aurait pu la prescrire avec plus de sagesse à un moine pénitent dans le cloître ou à un anachorète dans le désert. Quand nous ne posséderions touchant Anne Catherine d'autre témoignage, que celui d'0verb-erg sur l'influence de sa première communion, cela seul suffirait pour reconnaître quelque chose d'extraordinaire dans les lumières, l'énergie héroïque et l'ardent amour d'une âme qui, dès sa douzième année, sans direction ni suggestion venue du dehors, sous la seule influence de la lumière et de l'action du Saint-Sacrement, put s'imposer une lutte intérieure et extérieure et un renoncement de soi-même aussi complet, et y persister avec une fidélité aussi opiniâtre que le fit Anne Catherine. Toutes les voies. par lesquelles un bien créé peut gagner l'attachement de l'homme et éloigner son cœur de Dieu furent strictement fermées par elle aux créatures et à leurs appâts, de façon à ce que Dieu, son Seigneur, qui avait daigné entrer en elle, possédât seul et gouvernât son cœur. Overberg s'exprime ainsi à ce sujet : « A dater de ce jour, ses efforts pour se renoncer et se mortifier devinrent encore plus constants et plus sérieux qu'auparavant, car elle avait la ferme persuasion que, sans la mortification, il est impossible de se donner entièrement à Dieu. Ce fut son amour pour Jésus-Christ qui lui apprit cela, et c'est pourquoi elle disait : « J'ai souvent vu que l'amour des créatures peut porter beaucoup de personnes à des oeuvres grandes et difficiles ; pourquoi l'amour de Jésus ne pourrait-il pas faire beaucoup plus encore ?» Anne Catherine mortifiait ses yeux en les fermant ou en les détournant lorsqu'il y avait à voir quelque chose de beau et d'agréable ou qui pouvait piquer la curiosité ; dans les églises spécialement, elle n'accordait à ses yeux aucune liberté. Elle se disait : « Ne regarde pas ceci et cela ; cela pourrait te troubler, ou tu pourrais y prendre trop de plaisir. Et à quoi te servirait de le voir abstiens-toi pour l'amour de Dieu.» Si l'occasion se présentait d'entendre quelque chose d'agréable, de nouveau ou d'amusant, elle se disait : « Non ! je ne prête pas mes oreilles à cela. Je m'abstiendrai de l'entendre pour l'amour de Dieu.»

« Elle mortifiait sa langue en taisant ce qu'elle eût aimé à dire : elle ne mangeait rien à quoi elle eût trouvé bon goût. Quand ses parents s'en apercevaient, ils prenaient cela pour du caprice et la forçaient par leurs reproches à manger quelquefois de ces aliments. Elle mortifiait ses pieds quand elle avait envie d'aller en tel ou tel endroit, sans y être appelée par le devoir ou par un motif charitable ; elle se disait alors : « Non ! je n'y vais pas : il vaut mieux m'en abstenir pour l'amour de Dieu, car j'aurais peut-être à m'en repentir.» Elle avait aussi coutume de faire pieds nus le grand chemin de la croix de Coesfeld. Elle refusait au penchant intérieur qui l'y poussait bien des plaisirs qu'elle aurait pu prendre sans danger. Elle châtiait son corps avec des orties, des cordes et des ceintures de pénitence. Pendant longtemps elle se servit, pour prendre son sommeil, d'une double croix de bois, ou bien elle posait deux traverses sur deux pièces de bois plus longues, afin d'y prendre le court repos de la nuit.»

 

6. Après la sainte communion, Anne Catherine eut une vision dans laquelle elle assista avec sainte Cécile, comme si elle eût été sa contemporaine, au service divin dans les catacombes.

« Je m'agenouillai, raconta-t-elle, dans une salle souterraine : cela ressemblait à une mine. Beaucoup de personnes étaient agenouillées par terre. Des flambeaux étaient attachés aux murs et il y avait aussi deux flambeaux sur l'autel de pierre qui avait un tabernacle également en pierre avec une porte. Un prêtre disait la sainte messe et le peuple lui répondait. A la fin, il tira du tabernacle un calice qui me parut être de bois. Il y prit le Saint-Sacrement et le donna aux assistants sur de petits linges blancs qu'ils placèrent avec soin sur leur poitrine. Ensuite ils se séparèrent.» Cette vision devait être pour Anne Catherine la confirmation que Dieu l'avait exaucée en acceptant le sacrifice de son âme et de son corps qu'elle voulait lui offrir. La pureté de son cœur et l'austérité de sa vie la rendaient digne de figurer dans cette sainte cohorte des premiers chrétiens qui puisaient dans le Saint-Sacrement la force de mourir dans les supplices. Sa vie aussi devait être un martyre incessant pour lequel elle avait à puiser à la même source le courage et la force. Semblable à Cécile, il lui faudra souffrir pour la foi à une époque de persécution non sanglante, mais tout aussi pleine de périls pour l'Eglise, et glorifier le Sauveur avec l'héroïsme des anciennes Vierges martyres, quand il sera renié et abandonné par des multitudes d'hommes.

 

7. Suivant le témoignage d'Overberg, Anne Catherine divisait le temps qui s'écoulait d'une communion à l'autre de manière à ce que la première moitié de ce temps fût consacrée à l'action de grâces, la seconde moitié à la préparation pour la communion future. Elle appelait tous les saints à remercier Dieu et à prier Dieu avec elle. Elle conjurait Dieu, au nom de son amour pour Jésus et pour Marie, de daigner préparer son cœur à recevoir son Fils bien-aimé. Lorsqu'elle reçut la sainte communion pour la seconde fois, il lui arriva quelque chose où l'on peut voir un symbole de son rapport intime avec le Saint-Sacrement et des grâces qu'elle y recevait pour elle-même et pour d'autres. Elle devait partir avant le jour avec sa mère pour aller communier à Coesfeld. Ses plus beaux habits étaient dans le coffre de sa mère. Comme elle voulait les prendre, elle y vit de beaux pains très blancs. Elle crut d'abord que sa mère les avait mis là pour la mettre à l'épreuve, mais elle en trouva une telle quantité, qu'il lui fallut tout dépaqueter pour les voir tous ensemble. A peine les avait-elle remis dans le coffre, que sa mère, impatiente de ce qu'elle tardait, vint à elle et la fit sortir en telle hâte qu'elle oublia de mettre un mouchoir autour de son cou. Elle ne s'en aperçut que hors de la maison, mais elle n'osa pas revenir sur ses pas et suivit sa mère, craignant beaucoup qu'elle ne se retournât et ne découvrît ce qui manquait à son habillement. Elle pria de tout son cœur pour que Dieu lui vînt en aide ; et, lorsque sa mère arriva à un endroit glissant du chemin, Anne Catherine sentit qu'on lui enveloppait le cou d'un mouchoir, avant que celle-là se retournât vers elle pour lui tendre la main et la tirer à sa suite. La joie et l'étonnement que causa à Anne Catherine une assistance venue si soudainement la bouleversèrent à ce point qu'elle pouvait à peine suivre sa mère, et que celle-ci la gronda à cause de son étrange attitude. Arrivée à l'église, elle se confessa en pleurant de la curiosité qui lui avait fait tirer les pains du coffre. Mais son désir amoureux du Saint-Sacrement devint semblable à une flamme, en sorte qu'elle ressentit dans la poitrine et sur la langue une ardeur inexprimable. Elle regarda ce feu comme une punition de sa curiosité, perdit presque connaissance dans son inquiétude, et fit toucher à sa langue une petite image en parchemin des cinq plaies du Sauveur, afin d'y trouver un soulagement, qui lui fut accordé en effet. Mais, lorsqu'elle alla à la sainte table, elle vit le Saint-Sacrement venir à elle sous une forme lumineuse et disparaître dans sa poitrine pendant qu'elle le recevait sur la langue de la main du prêtre. Sa poitrine et sa langue s'enflammèrent plus violemment qu'auparavant, et sa bouche resta brûlante lorsqu'elle revint de l'église, en sorte qu'elle essaya de la rafraîchir avec ses gants restés frais. Alors revint son inquiétude à l'endroit du fichu, d'autant qu'elle avait découvert qu'il était beaucoup plus beau que le sien.» Il a des franges, se dit-elle ! Que va dire ma mère ?» Arrivée à la maison, elle le posa, toute tremblante, sur son lit : mais lorsqu'elle voulut le regarder de nouveau, il avait disparu, à sa grande consolation, sans que sa mère l'eut aperçu. La provision de beaux pains, qui n'avaient été visibles que pour Anne Catherine, se rapportait aux riches dons qu'elle devait recevoir, grâce à sa bonne préparation à la sainte communion, pour les distribuer et en nourrir spirituellement des indigents et des affamés. Ils étaient placés près de ce qui lui appartenait, cachés sous ses habits, en signe qu'elle-même en ferait la distribution et que ses mérites s'en accroîtraient. Elle devait en faire la plus large aux plus nécessiteux, c'est-à-dire aux pauvres âmes du purgatoire, pour lesquelles elle avait coutume d'offrir tous ses actes. C'est pourquoi elles lui témoignaient leur gratitude par la prière et l'assistance, autant que cela leur était possible, et c'est à elles qu'Anne Catherine était redevable du mouchoir qui l'avait si promptement recouverte.

 

 8. A cette époque, son confesseur de Coesfeld était un ancien Jésuite, le vieil et respectable père Weidner. Voici ce qu'elle en racontait» Le père Weidner était mon confesseur. Il logeait avec ses sœurs à Coesfeld. Les jours de dimanche, il me fallait aller à la première messe et ensuite faire la cuisine, afin que les autres pussent aller à l'église. Le café n'était pas alors aussi commun qu'aujourd'hui et, quand j'avais mis de côté deux stuber, j'allais, après la messe du matin, chez les sœurs du père Weidner, deux pieuses filles qui vendaient du café. J'y allais avec plaisir, car le vieux monsieur et ses sœurs vivaient ensemble bien paisiblement et bien pieusement, et ils étaient bien doux et bien unis. Quand mes parents revenaient de l'église à la maison, ils trouvaient un peu de bon café que je leur avais préparé, ce qui leur était très agréable.»

 

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