LXVIII. FIN DE CES MEDITATIONS POUR LE CAREME



" Le dimanche suivant (1), si je ne me trompe, je vis les Juifs laver et purifier le Temple. Ils y jetèrent des herbes et des cendres d'os de morts, offrirent des sacrifices expiatoires, enlevèrent les décombres, cachèrent les traces du tremblement de terre avec des planches et des tapis, et reprirent celles des cérémonies de la Pâque qui n'avaient pas pu être accomplies le jour même.

(1) Elle raconta ceci un peu plus tard, et il est difficile de savoir si elle veut parler du jour même de la Résurrection ou du premier dimanche après Pâques.

Ils s'efforcèrent de mettre un terme à tous les propos et à tous les murmures, en déclarant que l'interruption de la fête et les dégâts opérés dans le Temple, avaient été le résultat du tremblement de terre et de l'assistance au sacrifice de personnes impures. Ils appliquèrent, je ne sais pas bien comment, à ce qui s'était passé, une vision d'Ézéchiel sur la résurrection des morts. Ils obtinrent ainsi le silence d'autant plus aisément qu'un grand nombre de gens avaient été complices du crime. Du reste, ils menacèrent de peines graves ceux qui parleraient ou murmureraient : toutefois, ils ne calmèrent que la portion du peuple la plus grossière et la moins morale : les meilleurs se convertirent d'abord en silence, puis ouvertement après la Pentecôte, ou plus tard, revenus chez eux, lorsque les apôtres vinrent y prêcher. Les Princes des prêtres devinrent de moins en moins arrogants à la vue de la rapide propagation de la doctrine de Jésus. Au temps du diaconat d'Etienne, Ophel tout entier et la partie orientale de Sion ne pouvaient plus contenir la communauté chrétienne, dont une partie dut occuper sous des baraques et des tentes l'espace qui s'étend de la ville à Béthanie. Je vis, en ces jours-là, Anne comme possédé du démon on l'enferma et il ne reparut plus. Caïphe était comme un fou furieux, tant la rage secrète qui l'animait était violente " !

Le jeudi après Pâques, elle dit : " J'ai vu aujourd'hui Pilate faire chercher inutilement sa femme. Je vis ensuite qu'elle était cachée dans la maison de Lazare, à Jérusalem. On ne pouvait le deviner, car il n'y avait point de femmes logées là ; c'était Etienne, encore peu connu comme disciple, qui allait quelquefois la visiter : il lui apportait sa nourriture et des nouvelles du dehors, et la préparait à la connaissance de l'Evangile. Etienne était cousin de Paul : ils étaient fils des deux frères. Simon de Cyrène vint trouver les apôtres après le sabbat, demandant à être baptisé et admis dans la communauté chrétienne ".

Ici se termine le récit de ces visions, qui dura depuis 18 février jusqu'au 6 avril 1823, jeudi de la semaine après Pâques.