MGR H. CONVERT

 

Le Saint Curƒ d'Ars ET LE SACREMENT DE PƒNITENCE

 

Table des matires

PREMIéRE PARTIE

 

Le Saint CurŽ d'Ars confesseur

¤ I Son assiduitŽ au confessionnal

¤ II Son union ˆ Dieu

¤ III Sa sŽvŽritŽ et sa fermetŽ

¤ IV Sa bontŽ

¤ V Son discernement des esprits

¤ VI Sa brivetŽ

¤ VII Sa science

¤ VIII Sa mŽthode de direction

¤ IX Les retraites

 

DEUXIéME PARTIE

Doctrine du Saint CurŽ d'Ars sur le Sacrement de PŽnitence

 

Art. ler. LE SACREMENT DE PƒNITENCE

Ses effets

Son institution, sa nŽcessitŽ

BontŽ de N-S. dans l'institution du sacrement de PŽnitence

Quand il faut recevoir le sacrement de PŽnitence ?

Obstacles ˆ la rŽception du sacrement de PŽnitence

 

Art. Il. PARTIES DU SACREMENT DE PƒNITENCE

¤ 1. De la contrition :

Qu'est-ce que la contrition ?

Sa nŽcessitŽ 

QualitŽs de la contrition

Comment obtenir la contrition ?

¤ Il. Du bon propos :

Qu'est-ce que le bon propos ?

Sa nŽcessitŽ 

Marques du bon propos

¤ III. De la confession. Ses qualitŽs.

Qu'est-ce que la confession ?

Elle doit tre humble

Elle doit tre simple

Elle doit tre prudente

Elle doit tre entire

¤. IV. De l'examen de conscience.

Son importance

Manire de le faire 

Matire de lÕexamen

¤. V. De l'absolution.

Quand le prtre doit diffŽrer ou refuser lÕabsolution ?

¤. VI. De la satisfaction.

RŽparation que l'on doit ˆ Dieu

La pŽnitence sacramentelle

PŽnitences volontaires

RŽparations que l'on doit au prochain

 

Art. III. LES CONFESSIONS NULLES ET SACRILéGES.

¤ I. Ceux qui font de mauvaises confessions

¤ Il. Confession gŽnŽrale, moyen de rŽparer les mauvaises confessions

 

EXAMEN DE CONSCIENCE

RƒFLEXIONS POUR SÕEXCITER A LA CONTRITION

EXERCICE DU CHEMIN DE LA CROIX

Invocation et Oraison


 

PREMIéRE PARTIE

 

Le Saint CurŽ d'Ars, Confesseur.

 

 

L'unique but de cette premire partie est de montrer le ÇPatron des curŽs de lÕUniversÈ dans l'exercice du ministre de la confession. Le portrait a-t-il ŽtŽ assez fouillŽ ? Le trouvera-t-on ressemblant ? Du moins croyons-nous en avoir esquissŽ les traits principaux.

ArrivŽ ˆ Ars ˆ une Žpoque o de trs nombreux tŽmoins existaient encore de la pratique de notre Saint, soit en chaire, soit au confessionnal, nous avons recueilli avec une filiale piŽtŽ ces vivants tŽmoignages, nous les avons contr™lŽs les uns par les autres, et aussi par les sermons du Serviteur de Dieu : ils ne s'accordaient pas toujours assez bien avec les dŽpositions du procs. Et cependant impossible de mettre en doute les rŽcits des contemporains, qui souvent s'accusaient eux-mmes en nous les faisant. Nous en sommes venu ˆ cette conviction :

1¡ que M. Vianney avait eu deux manires : l'une ˆ l'Žgard de ses paroissiens, l'autre ˆ l'Žgard des Žtrangers ;

2¡ qu'il avait un peu tempŽrŽ, dans les dernires annŽes de sa vie, la sŽvŽritŽ ˆ laquelle l'avait inclinŽ jusque-lˆ son Žducation thŽologique.

 

Nous avons donc eu recours ˆ une double source de renseignements: la tradition locale et le procs de bŽatification, et c'est en tenant compte de l'une et de l'autre, que nous avons rŽdigŽ les pages suivantes. La tradition locale nous peint le CurŽ d'Ars plus sŽvre ; les dŽpositions des tŽmoins nous le reprŽsentent plus doux. Nous avons essayŽ de fondre ensemble ces deux nuances. Nous voulons espŽrer que notre humble travail sera de quelque utilitŽ ˆ plus d'un prtre et surtout ˆ plus d'un pasteur de paroisse.

 

 

¤ I. SON ASSIDUITƒ AU CONFESSIONNAL.

 

Il serait difficile de dire ˆ quel point le CurŽ d'Ars aimait les Çpauvres pŽcheursÈ. Que faisait-il, les premires annŽes, ˆ genoux devant le Saint Sacrement, immobile, prosternŽ sur le pavŽ du sanctuaire, ds quatre heures du matin ? Il priait pour eux et s'offrait en sacrifice pour leur conversion. Ce fut, pendant plusieurs annŽes, son occupation presque unique ; il y consacrait huit heures chaque jour. Il crŽa ainsi ce courant de gr‰ces extraordinaires, Çqui allaient les chercher et les amenaient ˆ Ars comme malgrŽ euxÈ.

Le mŽdiateur des pŽcheurs auprs de JŽsus-Christ dans le Trs Saint Sacrement donna donc naissance, en M. Vianney, au confesseur ; et celui-ci ne fut si prodigieux que parce qu'il tirait de celui-lˆ sa puissance et sa gr‰ce. Au moment o le plerinage commena ˆ s'Žtablir, M. Vianney se rendait ˆ l'Žglise vers deux ou trois heures du matin ; il sonnait lui-mme l'angŽlus afin d'avertir les fidles de sa prŽsence et de leur annoncer qu'il se tenait ˆ leur disposition ; jamais il ne les fit attendre ; c'est lui qui les attendait.

Plus tard, lorsque des centaines de plerins afflurent chaque jour et que, ne pouvant suffire ˆ la t‰che, il dut, le soir venu, les laisser pour aller prendre quelques heures de repos, du moins descendait-il ˆ l'Žglise le plus t™t possible, ˆ minuit, ˆ une heure ! ÇIl faudrait bien, disait-il, que le bon Dieu me donn‰t la facultŽ qu'il a accordŽe ˆ quelques saints, d'tre ˆ plusieurs endroits ˆ la foisÈ.

ÇCombien de temps passait-il au confessionnal dans une journŽe ? Environ quinze heuresÈ, dit Mlle Catherine, un des tŽmoins les plus autorisŽs de sa vie. Que de souffrances il y endura ! ÇElles Žtaient extrmesÈ. Il n'y allait Çavant le jourÈ qu'au prix Çd'un douloureux combat et qu'avec la plus grande rŽpugnance. Vers les quatre heures du matin, le sommeil le gagnait ; pour y rŽsister, la lutte Žtait terrible... C'Žtait une heure qu'il redoutait. D'autre part les mauvaises odeurs rŽpandues dans sa petite chapelle Žtaient insupportables ; pendant l'ŽtŽ, la chaleur y Žtait Žtouffante, l'air y manquait. Plus d'une fois il se sentit mal et faillit s'Žvanouir. Il demandait alors du vinaigre et le respirait. NŽanmoins, ds que la foule diminuait, il paraissait triste et faisait des neuvaines pour quÕelle revint plus nombreuse. Aprs sa maladie de 1843, entrant ˆ l'Žglise pendant sa convalescence, il jetait des regards d'envie sur son confessionnal, on lui avait dŽfendu l'exercice du ministre avant sa complte guŽrison. ÇSi j'avais un pied dans le ciel et qu'on m'invit‰t ˆ revenir sur la terre pour travailler ˆ la conversion des pŽcheurs, dit-il un jour en prŽsence de plusieurs personnes, je reviendrais volontiers ; s'il fallait rester jusqu'ˆ la fin du monde, me lever tous les jours ˆ minuit et souffrir comme je souffre, oh ! de tout mon cÏur j'accepteraisÈ.

 

 

¤ Il. - SON UNION A DIEU.

 

Le confesseur, au tribunal de la PŽnitence, agit au nom du Souverain juge dont il est le dŽlŽguŽ. Mais il n'exerce ses fonctions quÕau milieu des Žcueils. Il se revtira donc de l'esprit de Notre-Seigneur afin de les Žviter ; la douceur, la patience, la fermetŽ, le tiendront Žgalement ŽloignŽ de l'indulgence qui excuse tout, de la rigueur qui ne pardonne rien, des vivacitŽs qui ferment les cÏurs ; il demandera avec instance la gr‰ce, les lumires surnaturelles, le discernement des esprits, nŽcessaires pour tre un mŽdecin qui approprie ses conseils aux besoins des ‰mes, un juge qui prononce des sentences Žquitables, un directeur ŽclairŽ qui ne conduise pas au fossŽ ceux qu'il a mission de faire marcher dans le droit chemin. Tout pŽnŽtrŽ de l'onction de la charitŽ, il s'efforcera de toucher les ‰mes, mais en Žvitant le zle indiscret, les curiositŽs dangereuses, le sensualisme pieux, les dŽcisions fausses ou prŽcipitŽes. Or qui ne voit que de si graves obligations font un devoir au confesseur de se tenir Žtroitement uni ˆ Dieu par la prire, la puretŽ d'intention, les oraisons jaculatoires, le frŽquent recours au Pre des lumires et ˆ la Sagesse incrŽŽe ? Les rayons ne doivent-ils pas rester unis ˆ leur foyer, le ruisseau ˆ sa source, la fleur ˆ sa tige ? Quand ils s'en sŽparent, ils tarissent ou meurent.

Aussi le ministre de notre Saint au tribunal de la PŽnitence fut-il une continuelle oraison. C'est pourquoi les eaux de la gr‰ce coulaient sans cesse de son cÏur et de ses lvres, le rayonnement de la Sagesse Žternelle illuminait, par ses rŽponses, les ‰mes troublŽes, et sa vertu transcendante les embaumait de la bonne odeur de JŽsus-Christ.

Avant d'entrer au confessionnal, notre Saint Çimplorait les lumires du Saint-Esprit et offrait au Pre Žternel, en rŽcitant cinq Pater et cinq Ave pour la rŽconciliation des pauvres pŽcheurs, le sang et les mŽrites de Notre-SeigneurÈ. Puis s'adressait ˆ la Sainte Vierge, il lui disait : ÇMarie, ne me quittez pas un instant, soyez toujours ˆ mes c™tŽsÈ. Assis au saint tribunal, il se reprŽsentait la Mre de Dieu ˆ sa droite et l'ange gardien ˆ sa gauche. Ayant constamment avec lui un grand reliquaire en argent qui renfermait plusieurs reliques de la Passion, il prenait ce reliquaire entre ses mains dans les moments pŽnibles et priait Notre-Seigneur avec ferveur et avec larmes. De temps en temps il fixait aussi ses regards sur la mŽdaille miraculeuse suspendue ˆ son confessionnal ou sur l'image de l'Ecce Homo, de saint Jean-Baptiste, de sainte Philomne, qu'il avait devant lui ; et tour ˆ tour il demandait pour les pŽcheurs agenouillŽs ˆ ses pieds des gr‰ces de conversion parfaite, pour lui et pour les ‰mes dont il entendait les aveux, des gr‰ces de charitŽ, de force, de puretŽ. Il arrivait ainsi que les pŽnitents se retiraient trs souvent tout Žmus ; Çquelques-uns pleuraient tout haut et poussaient des crisÈ de douleur ou de joie.

Sa prire, on le voit, n'Žtait gure interrompue ; elle augmentait plut™t en intensitŽ ˆ mesure que son ministre devenait plus ardu. Avait-il des rŽponses difficiles ˆ faire, des problmes de conscience embrouillŽs ˆ rŽsoudre, il rŽflŽchissait parfois un instant, cherchant en Dieu seul la solution. Ses pŽnitents l'ont entendu s'entretenir de longs moments avec un mystŽrieux personnage dont la prŽsence, ne se rŽvŽlant qu'au saint Confesseur, Žtait invisible pour tout autre : cՎtait l'heure de la prire plus affective, des communications divines plus abondantes. Quelquefois l'union de notre saint avec Dieu s'Žlevait jusqu'ˆ l'extase ; on vit mme un jour deux rayons de feu jaillir de son visage, et qui, au lieu de le montrer, l'Žclipsaient par leur splendeur. Mais plus habituellement ses conseils et ses dŽcisions sortaient de ses lvres comme la flamme du foyer ; ils attestaient ˆ leur manire la puissance et la continuitŽ de son adhŽsion ˆ l'Esprit de sagesse et de science.

En dŽfinitive, l'union de M. Vianney avec Dieu avait pour principe l'humilitŽ qui se dŽfie de soi. Elle le jetait entre les bras de sa divine Mre et par elle sur le cÏur de JŽsus crucifiŽ. Lˆ il se plongeait dans l'ocŽan de l'amour, il se sentait insŽparable du Christ et voyait tout en Lui. ÇSes bons saintsÈ l'aidaient aussi de leur crŽdit auprs du Ma”tre et attisaient encore les flammes de sa charitŽ.

 

 

¤ III - SA SƒVƒRITƒ ET SA FERMETƒ.

 

La sŽvŽritŽ, dans les saints, a pour principe l'idŽal qu'ils veulent atteindre et la parole du Ma”tre qui a crŽŽ cet idŽal : ÇSoyez parfaits comme mon Pre cŽleste est parfaitÈ. L'artiste qui fouille le marbre et qui en veut faire sortir la vie, est sŽvre : il le frappe ˆ coups de ciseau il le taille il le dŽpouille de cette forme grossire qui cache une ‰me ensevelie dans la matire ; il ne s'arrte que quand son marbre jubile, pleure ou adore. Ainsi font les saints : ils ont la noble, la sublime ambition de former, en eux et dans les autres, le Christ, d'en devenir la ressemblante image et de la faire resplendir dans toutes les ‰mes qu'ils touchent. Travail difficile, qui requiert de pŽnibles immolations, des retranchements douloureux, la haine de soi jusqu'ˆ la mort. Ce travail, les saints s'y vouent sans dŽfaillance. C'est pourquoi leur doctrine est sŽvre : elle est celle de lÕEvangile qui est le code de la saintetŽ ; c'est pourquoi leur direction est rude, mme quand elle revt des formes suaves : ils font passer par Çle chemin Žtroit qui conduit ˆ la vieÈ. Pour eux, point d'accommodement entre l'esprit chrŽtien et l'esprit du sicle, point de ces concessions, mme lŽgres et momentanŽes, faites ˆ la triple concupiscence. L'ƒvangile dans toute son austŽritŽ, voilˆ leur unique rgle. Ils font des efforts hŽro•ques pour le suivre et pour ÇprŽparer au Seigneur un peuple parfaitÈ, qui le suive ˆ leur exemple.

Cette seule explication suffirait amplement ˆ justifier lˆ sŽvŽritŽ de notre Saint. Il se montrait sans pitiŽ dans la rŽpression des veillŽes et des cabarets ; il avait, pour les parents et l'accomplissement de leurs obligations d'Žtat, des exigences qui nous paraissent outrŽes ; le blasphme le mettait hors de lui, et il s'armait, pour en arrter le cours, de toutes les sŽvŽritŽs du langage, de toutes les menaces des ch‰timents divins ; une infraction, mme accidentelle, ˆ la loi du dimanche, amenait une protestation Žnergique et immŽdiate, et il entendait que les saints jours fussent sanctifiŽs dans sa paroisse comme dans une communautŽ religieuse fervente.

Sans doute Çinstruit par l'expŽrienceÈ et l'Žtude de la thŽologie de saint Alphonse, guidŽ par des conseils autorisŽs et n'ayant plus, aprs la conversion de sa paroisse, de rŽformes ˆ opŽrer, Çil adoucit cette sŽvŽritŽ et suivit une morale moins rigideÈ ; mais il resta toujours inexorable pour la correction d'un abus ds qu'il relevait la tte et pour bien d'autres cas particuliers de conscience.

Parmi les abus que le Saint CurŽ d'Ars trouva rŽgnant dans sa paroisse, la danse fut assurŽment le plus gŽnŽral et le plus tenace : une longue habitude lui donnait une force de rŽsistance terrible, et il avait, dans le tempŽrament du Dombiste, mou et sensuel, un terrain qui lui avait permis de jeter de profondes racines. Comment extirper un si grand mal, contre lequel sans doute avait ŽchouŽ dŽjˆ le zle des curŽs prŽcŽdents ?

Le nouveau pasteur dut d'abord user de misŽricorde, se fier aux promesses que lui faisaient les pŽnitents, les exhorter avec instance ˆ ne point retourner ˆ des amusements o ils perdaient leur ‰me, les Žclairer sur les dangers qu'ils couraient, les mettre en face de leur salut ˆ assurer mme par de dŽchirants renoncements, selon le prŽcepte du Ma”tre : ÇSi votre Ïil droit vous scandalise, arrachez-leÈ.

Cependant la fivre de la danse persistait toujours aussi violente. Ses paroissiens dansaient tous les dimanches sur la place ou dans les cabarets, dans les communes voisines ou aux ftes balladoires ; les vieillards eux-mmes, Çles lunettes sur le nezÈ, refusaient de s'en priver.

Telle qu'elle se pratiquait, et vu les mÏurs dissolues de l'Žpoque, la danse lui paraissait une Žcole de luxure et une occasion prochaine de pŽchŽ mortel. Elle Žtait l'ennemie de toute piŽtŽ, mme dans les ‰mes les mieux prŽvenues de la gr‰ce, et y Žtouffait toute vertu en son germe.

L'intŽrt gŽnŽral du troupeau confiŽ ˆ la garde de M. Vianney n'exigeait-il pas, non moins que le salut de telle ‰me plus particulirement exposŽe ˆ se perdre, la disparition d'un dŽsordre si pernicieux ? Il le pensa, et ds lors rŽsolut d'appliquer ˆ la lettre les principes de la thŽologie morale sur les occasionnaires et les rŽcidifs, avec une grande bontŽ, mais aussi avec un front d'airain que rien ne ferait reculer. Il refusa, en effet, l'absolution, mme au temps pascal, ˆ toutes les personnes qui avaient dansŽ, ne fžt-ce qu'une fois dans le cours de l'annŽe ; et tant qu'il Çjugea probablement qu'elles retomberaient dans leur pŽchŽÈ, il les Žcarta de la participation aux sacrements. Elles pouvaient venir se confesser, et, de fait, la plupart continuaient d'y venir ; il les encourageait, les exhortait ˆ changer de vie, mais ne les absolvait pas. ÇSi vous ne vous corrigez, leur disait-il, vous tes damnŽes !È

Cette pratique, on le conoit, suscita bien des rŽcriminations, on dit tout haut et de toutes manires que M. le CurŽ Çn'Žtait pas commodeÈ, on compara sa mŽthode ˆ celle de ses confrres plus indulgents ; on le taxa de Çscrupuleux, d'ingratÈ. Certaines personnes allrent se confesser dans les paroisses voisines ; il leur rŽpondit qu'elles allaient Çchercher un passeport pour l'enferÈ. Elles l'accusrent entre elles, disant : Çil veut nous faire promettre des choses que nous ne pouvons pas tenir ; il voudrait que nous fussions des saints ; et cela n'est pas trop possible dans le monde. Il voudrait que nous ne missions jamais le pied ˆ la danse, que nous ne frŽquentassions jamais les cabarets et les jeux. S'il fallait faire tout cela, nous ne ferions jamais de P‰ques...È Cependant Çl'on ne peut pas dire que l'on ne retournera plus dans ces amusements, puisqu'on ne sait pas les occasions que l'on pourra rencontrerÈ. A cette argumentation intŽressŽe, il rŽpliqua : ÇLe confesseur, trompŽ par votre beau langage, vous donne l'absolution et vous dit : ÇSoyez bien sages !È Et moi je vous dis que vous allez fouler le sang adorable de JŽsus-Christ, que vous allez vendre votre Dieu comme Judas l'a vendu ˆ ses bourreauxÈ.

A cette mŽthode, que gagna le CurŽ d'Ars ? Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles demeurrent exclus des sacrements pendant des annŽes entires... C'est vrai. Peut-on penser, peut-on dire que ce fut un mal ?... Autrement, ils les eussent reus d'une manire au moins nulle sinon sacrilge ; ils eussent alliŽ, comme cela ne se fait que trop communŽment, les pratiques de la vie chrŽtienne et les dŽsordres du cÏur ; la paroisse eut paru convertie sans l'tre en rŽalitŽ ; les pompes de Satan Žtant toujours en honneur, le Prince des tŽnbres serait restŽ le vrai ma”tre de la situation. Or le CurŽ d'Ars entendait que de son troupeau, JŽsus-Christ fžt roi sans conteste. Pour Lui, il mena une guerre de plus de vingt annŽes, disputant pied ˆ pied le terrain ˆ l'ennemi, sacrifiant dans la bataille son repos et mme transitoirement sa rŽputation, versant son sang ˆ flots presque tous les jours, s'extŽnuant de fatigues et de ježnes. La victoire fut enfin, complte, dŽfinitive ; la piŽtŽ et la vertu purent fleurir ˆ leur aise sur cette terre purifiŽe et conquise ˆ son unique Ma”tre, et aujourd'hui encore nous continuons d'en gožter les fruits.

Du reste, disons-le en passant, ce ne fut pas seulement ˆ l'Žgard des danses que parut la fermetŽ du CurŽ d'Ars. ÇLe pŽcheur qui ne se rendait pas ˆ ses tendres monitions, a dŽposŽ son vicaire, le trouvait inflexible ˆ maintenir les rglesÈ et se heurtait ˆ une barrire infrangible.

La conduite de notre Saint avec les plerins ne ressemble pas d'ordinaire ˆ celle qu'il tenait ˆ l'Žgard de ses paroissiens. ÇOn me reproche, disait-il, de n'tre pas assez sŽvre pour les pŽnitences que je donne au confessionnal, d'absoudre trop facilement les Žtrangers. Mais, vraiment, puis-je tre sŽvre pour des gens qui viennent de si loin, qui font tant de dŽpenses, de sacrifices, qui souvent sont obligŽs de se cacher pour venir ici ?È L'Žloignement, en effet la difficultŽ de revenir, l'impossibilitŽ d'un long sŽjour, les dispositions que rŽvŽlait gŽnŽralement l'effort accompli pour s'adresser ˆ un confesseur extraordinaire, Žtaient des raisons qui permettaient ˆ M. Vianney d'tre indulgent et de se contenter de simples promesses. Cependant quand il rencontrait des ‰mes captives d'une passion ou d'une habitude invŽtŽrŽes et qu'une gr‰ce particulire n'avait pas touchŽes, il les retenait ˆ Ars, les obligeait ˆ suivre tous les exercices de piŽtŽ qui s'y faisaient, ˆ se purifier par les Ïuvres de la pŽnitence, ˆ se confesser plusieurs fois, ˆ prier.

C'est, par exemple, une religieuse dont le salut est exposŽ : il la garde trois jours pour fortifier ses bonnes rŽsolutions et la protŽger contre la tentation.

C'est une jeune fille de quinze ans, lancŽe dŽjˆ dans les ftes mondaines et qui a la fivre de la danse : il la confesse cinq jours consŽcutifs et ne l'absout que la cinquime fois, aprs que sa conversion est assurŽe.

C'est un incroyant venu ˆ Ars, pour demander sa guŽrison. Il y reoit la gr‰ce d'une mort de prŽdestinŽ, en se confessant huit jours de suite, etc., etc.

 

 

¤ IV. - SA BONTƒ

 

M. Vianney, disent ses paroissiens, ǎtait sŽvre, mais trs bonÈ. Ce sont deux traits essentiels ˆ la physionomie des saints.

La bontŽ est le don de soi par amour et dans l'amour.

Comme le CurŽ d'Ars se donna volontiers !

Comme il aima les ‰mes !

Ses sŽances de confessionnal, qui commenaient ˆ une heure du matin et ne finissaient qu'ˆ la nuit, le proclament bien haut ; les pŽnitents qui l'entendirent le pourraient proclamer plus Žloquemment encore.

ÇCeux qui avaient le bonheur de s'adresser ˆ lui pour la confession, dit la comtesse des Garets, Žtaient profondŽment touchŽs des paroles que le bon CurŽ leur disait. Il avait alors de ces mots qui demeurent ˆ jamais gravŽs dans l'‰me. Il rappelait surtout l'amour de Dieu, son immense misŽricorde, la grandeur du pŽchŽ, le malheur des pŽcheurs ; il encourageait, il consolait, et l'on se sentait capable, en le quittant, de porter sa croixÈ.

Au confessionnal, ont dŽposŽ d'autres tŽmoins, il ne cessait d'exhorter les fidles ˆ aimer Dieu, et le peu qu'il leur disait les impressionnait vivement ; son amour de Dieu lui faisait obtenir de merveilleux rŽsultats. Quelques paroles sorties de sa bouche suffisaient ˆ inspirer l'horreur du pŽchŽ et ˆ embraser les ‰mes de charitŽ ; on sortait du confessionnal tout transformŽ et souvent l'on ne pouvait s'empcher de s'Žcrier :

ÇQuel prtre !È Aucun autre ne produisait la mme impression.

ÇSa parole bržlante comme le feu Žtait Çdouce comme le mielÈ.

ÇM. le CurŽ, vous vous trompez, je ne suis pas du tout venu ici pour me confesser.

- Je le sais, je le sais, mais je sais de mme que vous ne sortirez pas d'ici sans vous tre confessŽ.

- Mais je ne suis pas prt.

- Je vous aiderai.

- Mais je ne veux pas me confesser.

- Allons I... Au nom du Pre...È.

Et le pauvre pŽcheur, subjuguŽ par cette simple et pressante invitation, tombait ˆ genoux en traant sur son front et sur sa poitrine le signe de la croix. Au milieu d'un vide immense, il avait peru une voix qui Žclairait sa conscience, qui en dŽroulait successivement les replis les plus intimes, qui le troublait parce quÕelle le connaissait mieux que lui-mme, qui le consolait et faisait couler des larmes d'attendrissement et de repentir.

Sa parole Žtait souvent empreinte d'une paternelle tendresse : ÇMa petite, ma pauvre petiteÈ Žtaient des locutions assez ordinaires sur ses lvres quand il parlait ˆ ses pŽnitentes. Elles traduisaient un sentiment de commisŽration et d'affectueux intŽrt.

Sa parole devenait caressante s'il se trouvait en prŽsence d'une ‰me pure qui avait besoin de lumire et d'encouragement

ÇMa bonne petite enfant, vous aviez un bien grand dŽsir de me voir et, vous tes venue de bien loinÈ.

ÇMa bonne petite enfant, vous avez bien souffert dans la place que vous venez de quitter ; je sais tout... Le bon Dieu veut que vous restiez dans le monde, il faut faire Sa volontŽ avant tout. Vous avez une mre, ma bonne petite fille, il faut vous en aller auprs d'elle, le bon Dieu l'exige de vous, c'est lˆ votre missionÈ.

ÇVous avez une bien grande confiance en Dieu, ma chre enfant, Il vous Žprouvera beaucoup, vous serez persŽcutŽe, mais courage ! Priez avec ferveur la Sainte Vierge, elle est votre mre ; priez beaucoup sainte Philomne et saint Jean ; c'est par leur intercession que j'ai obtenu de grandes gr‰ces. Priez-les beaucoup. A votre sortie, je vous donnerai quelques petits souvenirs que vous porterez sur vousÈ.

ÇAimez bien JŽsus, aimez-le beaucoup. Je vais cŽlŽbrer tout ˆ l'heure la sainte messe, ˆ laquelle vous communierez. Je vais prier pour vous, et tant qu'il plaira au bon Dieu de me laisser sur la terre, je prierai tous les jours pour vous, et lorsqu'il m'appellera ˆ Lui je ne vous oublierai pas, je prierai encoreÈ.

M. Vianney se donnait tout ˆ chacun, et il n'Žtait pas un de ses pŽnitents qui ne se pžt croire l'objet d'une sollicitude spŽciale. Mais sa direction n'avait rien d'humain : il habitait les hauteurs et n'en descendait jamais. Il voyait en Dieu les ‰mes et les maux qui les ravageaient, et il recevait de Dieu les remdes propres ˆ les guŽrir et ˆ les rŽconforter : le ton si suave de sa voix, son ineffable sourire, son regard humide de larmes, ses expressions tour ˆ tour si enflammŽes et si tendres, sa bontŽ extrme, Žtaient les formes variŽes et sensibles de la divine charitŽ qui embrasait son cÏur. Dieu et les ‰mes ! Dieu seul dans les ‰mes ! Les ‰mes pour Dieu seul ! S'il en rencontrait une qui, au lieu d'aller ˆ Dieu Çdroit comme un boulet de canonÈ, f”t un circuit offensant pour la MajestŽ divine en paraissant Žtablir un partage entre la crŽature et le CrŽateur, il lui imposait les sacrifices les plus humiliants et redressait rudement son allure.

ÇIl Žtait particulirement sec et austreÈ dit M. Monnin, avec Mlle Pignault, celle de ses pŽnitentes qui lui avait vouŽ le plus dÕattachement et de fidŽlitŽ. Il la menait par des voies extrmement dures, ne laissant Žchapper aucune occasion de rompre sa volontŽ, de la mortifier, de l'exercer ˆ la pratique du renoncement dans les grandes comme dans les petites choses, jusque-lˆ qu'il lui interdisait d'assister ˆ ses catŽchismes, et qu'on l'a vu, un beau jour de Jeudi-Saint, la consigner dans l'Žglise ˆ une place d'o elle ne pouvait apercevoir ni les dŽcorations du reposoir, ni l'Žclat des cierges, ni la splendeur des ornements, ni, ce qui lui Žtait bien plus sensible, la divine hostieÈ.

ÇTout en supportant avec une trs grande patience et une suavitŽ d'‰me incomparable les dŽfauts, les scrupules et les bizarreries des personnes qui s'adressaient habituellement ˆ lui, il ne leur permettait pas ces entretiens prolongŽs, ces recours frŽquents et inutiles, ni aucune de ces recherches qui peuvent nourrir l'amour-propre et amuser la vanitŽÈ.

Le saint Žtait bon pour tout le monde. Mais il avait une prŽdilection marquŽe pour les prtres, les religieux et les pŽcheurs.

Les prtres ! Il les accueillait avec respect et dŽfŽrence, et, au moindre signe, laissait tout pour les entendre. Il les Žclairait dans leurs doutes, les consolait dans leurs insuccs, relevait leur courage et les engageait sans cesse ˆ s'appuyer, au milieu des difficultŽs de leur t‰che, sur les motifs et les moyens surnaturels. Craignait-il de les avoir offensŽs par une rŽflexion piquante et humoristique, il leur en faisait humblement ses excuses ; pensait-il pouvoir leur rendre quelque service et allŽger ainsi une indisposition passagre, volontiers il ežt assumŽ sur lui leur propre travail ; devant eux il multipliait l'aveu Çde son ignorance, de sa gourmandise et de son hypocrisieÈ et se mettait sincrement aux pieds de tous. ÇSi je rencontrais, un ange et un prtre, disait-il, je saluerais le prtre avant de saluer l'ange. Celui-ci est l'ami de Dieu, mais le prtre tient sa placeÈ. Et quand ce prtre Žtait un curŽ, son respect et sa sympathie se doublaient d'une sorte d'admiration pour la haute mission qu'il avait ˆ remplir, de pitiŽ pour les responsabilitŽs qui pesaient sur lui.

Les religieux ! N'Žtaient-ils pas, comme lui, Žpris d'amour pour la pauvretŽ, et la croix de JŽsus ? Ne gravissaient-ils pas avec le mme cÏur que lui, sinon du mme pas, la montagne de la perfection ? Ils Žtaient ses frres et ses sÏurs. Quand il s'en prŽsentait ˆ son saint tribunal, il avait pour eux une condescendance qui ne savait rien refuser et il versait dans leur cÏur l'abondance des consolations cŽlestes.

SÏur Marie de JŽsus avait l'‰me tout angoissŽe ; le saint la confessa.

ÇMa petite, votre ‰me est donc toujours en danger !

-0 mon Pre, promettez-moi de prier pour moi jusqu'ˆ ce que je sois au ciel.

- C'est bien grand, ce que vous me demandez lˆ...

- Promettez-le-moi, mon PreÈ. Le saint CurŽ avait les mains jointes ; les yeux extasiŽs, il priait.

ÇJe vous le prometsÈ, dit-il enfin.

SÏur Marie-Gonzague Žtait menacŽe de graves infirmitŽs. Elle fit une confession de neuf ans, et, aprs l'absolution, le Bienheureux lui dit : ÇOh ! Mon enfant, bŽnissez le bon Dieu ! Que vous tes heureuse ! Vous tes pure ! RŽsignez-vous ˆ la volontŽ du bon Dieu, la souffrance mne au ciel.

- Mais, mon Pre, lui dit-elle, je suis toute jeune et dŽjˆ incapable de me rendre utileÈ. Et elle pleurait.

- Mon enfant, vous ne serez pas inutile ; vous irez en Corse et vous y travaillerez. Ne vous tes-vous pas offerte en sacrifice ˆ Notre-Seigneur pour le salut de vos parents ?

ÇElle se rappela alors qu'un jour, pleurant sur l'Žtat actuel de son pre et de sa mre, qui Žtaient protestants, elle s'offrit ˆ Notre-Seigneur pour qu'ils ne mourussent pas hors de l'ƒglise catholique. Elle l'avait oubliŽ, et personne au monde n'avait reu cette confidence. Elle Žtait de plus en plus ŽtonnŽe et comme hors d'elle-mme. Elle sanglotait, mais que ces larmes Žtaient douces ! Elle se voyait environnŽe d'une lumire cŽleste et elle entendit ces consolantes paroles : ÇMon enfant, vous aimerez bien le bon Dieu avant de mourirÈ. Une joie profonde, la paix, la rŽsignation envahirent ds ce moment l'‰me de SÏur Marie-Gonzague et y demeurrent toujours.

Les pŽnitents ont une place de choix dans l'ƒglise, parce qu'ils en ont une dans le cÏur de Dieu. N'est-il pas Žcrit qu'il y a plus de joie au ciel de la conversion d'un seul pŽcheur que de la persŽvŽrance de quatre-vingt-dix-neuf justes ? A l'exemple du bon Pasteur, le saint accordait souvent ses prŽfŽrences aux brebis ŽgarŽes et, en ramenait-il une au bercail, sa joie Žtait indicible.

ÇIl savait exciter leur confiance par la considŽration des misŽricordes de Dieu et des mŽrites infinis de JŽsus-Christ ; rŽveiller en leur cÏur des sentiments de contrition, en leur montrant la laideur du pŽchŽ et les terribles ch‰timents qui attendent aprs cette vie les ‰mes impŽnitentes, et en pleurant sur leurs fautesÈ.

Avec quel soin et quel tact surnaturels il faisait l'examen de conscience des pauvres pŽcheurs ! Le dŽmon s'en plaignit un jour par la bouche d'une possŽdŽe.

Avec quelle ardeur il poursuivait leur conversion ! Il y employait les flagellations sanglantes, les larmes et les supplications les plus persuasives. ÇQue tu me fais souffrir ! lui dit un autre jour le dŽmon. S'il y en avait trois comme toi sur la terre, mon royaume serait dŽtruit. Tu m'as enlevŽ plus de 80.000 ‰mesÈ.

Pour eux il demandait, en cŽlŽbrant la messe, Çles gr‰ces et les forces qui leur Žtaient nŽcessaires pour bien faire leur confessionÈ. Il les prŽvenait contre la crainte de recevoir Çune trop longue pŽnitenceÈ. ÇOh ! Mon ami, que cela ne vous arrte pas ! L'on vous aidera, l'on en fera la plus grande partie, on priera pour vous, on pleurera vos pŽchŽs pour obtenir avec plus d'abondance la misŽricorde de Dieu sur vous. Mon ami, ayez pitiŽ de cette pauvre ‰me qui a cožtŽ si cher ˆ JŽsus-Christ !È

ÇJe me rappelle trs bien, dit un tŽmoin, qu'ˆ la suite d'un jubilŽ, quelques personnes Žtant demeurŽes sans en profiter, M. le CurŽ les pressait vivement dans une instruction ˆ l'Žglise, de s'approcher des sacrements et nous disait : ÇSi elles veulent venir, je me charge de faire pŽnitence pour ellesÈ.

AccablŽ par la foule, il refusait souvent d'entendre les confessions des personnes pieuses, des sŽminaristes, afin de rŽserver un temps plus prŽcieux pour la confession des pŽcheurs, et il leur fermait le guichet aprs avoir, du reste, rŽpondu aux questions qu'ils avaient cru devoir lui soumettre. Ce qui faisait encore dire au dŽmon : ÇTu es un avare... - Il m'est difficile d'tre avare. J'ai peu, et le peu que j'ai, je le donne de bon cÏur.

- Ce n'est pas de cette avarice que je parle, c'est d'une autre. Tu es avare des ‰mes ; tu m'en arraches tant que tu peuxÈ.

 

 

¤ V. - SON DISCERNEMENT DES ESPRITS.

 

ÇLe discernement des esprits, dit le cardinal Bona, consiste dans une motion spŽciale du Saint-Esprit, qui fait discerner les divers mouvements intŽrieurs et reconna”tre s'ils procdent d'un bon ou d'un mauvais esprit, que ces mouvements aient rapport aux mÏurs ou ˆ la doctrine, qu'ils soient l'effet d'une touche intŽrieure et invisible, ou qu'ils soient excitŽs par les enseignements et les conseils que les hommes donnent au dehors, ou par des anges apparaissant et parlant d'une manire sensible. C'est cette gr‰ce du discernement que l'Ap™tre marque la septime entre celles qui sont appelŽes, dans l'ƒcole, gratuitement donnŽes ; gr‰ce que I'Esprit-Saint n'accorde pas ˆ tous, mais ˆ qui Il veut et quand Il veut, afin que ceux qui la reoivent soient capables de discerner les divers esprits, non seulement en eux-mmes, mais aussi dans les autres, pour la commune utilitŽ de l'ƒgliseÈ.

Cette illumination surnaturelle ne se rencontre pas dans l'homme d'une manire constante et habituelle ; elle suppose chaque fois une nouvelle rŽvŽlation. Or, elle peut s'opŽrer de diffŽrentes manires et ˆ des degrŽs divers.

 

I - Dans sa plŽnitude, elle montre ˆ dŽcouvert l'intime des ‰mes, les intentions qui les animent, les mouvements bons ou mauvais qui les agitent. C'est ainsi que le CurŽ d'Ars lisait ˆ livre ouvert dans le cÏur de ses pŽnitents et dŽcouvrait leurs fautes cachŽes, qu'il disait, ˆ premire vue, ˆ ceux qui accouraient ˆ lui, quels Žtaient leurs attraits, leur vocation, et par quelles voies Dieu voulait les conduire.

 

Deux sÏurs de Fareins viennent le trouver ; l'une mariŽe, l'autre aspirant au clo”tre. ÇVous vous marierez, dit-il ˆ celle-ciÈ, et ˆ celle-lˆ : ÇVous entrerez dans la vie religieuseÈ ; la premire perdit son mari quelque temps aprs et dit adieu au monde ; la seconde embrassa la vie commune.

 

M. Valpinson, nŽgociant de la FertŽ-MacŽ, avait ˆ peine commencŽ la formule ordinaire : ÇMon Pre, je m'accuse...È, que M. Vianney se met ˆ pleurer ˆ chaudes larmes : ÇHŽlas ! Vous avez un vice qui vous damnera si vous ne le corrigez, cÕest lÕorgueilÈ. Le pŽnitent fut transformŽ du coup, et sa vie devint celle d'un chrŽtien doux et humble comme le petit enfant.

Marie Gressard, de Montchanin, demande ˆ se confesser. Lorsque son accusation est finie, le serviteur de Dieu lui dit :

ÇMon enfant, est-ce tout ?

- Oui, mon Pre.

- N'avez-vous rien oubliŽ ? Cherchez bien ; il y a encore une faute que vous n'avez pas accusŽeÈ. Comprenant que M. Vianney lisait dans son ‰me, Mlle Gretsard lui fit l'aveu d'une faute assez grave que, par fausse honte, elle avait tenu cachŽe.

 

Mme Veuve Chognon, de Saint-Jean-des-Ollires, se disposait ˆ Žcouter les avis de M. Vianney, lorsque celui-ci lui dit :

ÇEst-ce tout, mon enfant ?

- Oui, mon Pre, rŽpondit-elle sans hŽsiter ; je ne me souviens pas d'autre chose.

- Et la bouteille cachŽe dans le fossŽ sur le bord de la route, vous ne m'en parlez pas ? Cependant, c'est mal ce que vous avez fait lˆ. Ne recommencez pas, mon enfant, ne retournez jamais vers ces personnesÈ.

La bouteille ˆ laquelle faisait allusion M. le CurŽ avait ŽtŽ donnŽe par une femme, qui avait un don, ˆ cette personne qui Žtait allŽe la consulter pour un de ses enfants malade. Il lui rŽpugnait d'en faire usage ˆ cause d'une Žnorme araignŽe flottant au milieu du liquide, et c'est ce flacon qu'elle avait placŽ sous une pierre, dans un fossŽ de la route, en allant ˆ Ars.

 

Un homme du dŽpartement de la Dr™me avait sa femme souffrante. Ne sachant plus ˆ qui en appeler, il avait rŽsolu de s'adresser ˆ M. Vianney, persuadŽ que le bon curŽ lui fournirait un remde sžr pour rendre la santŽ ˆ la malade. Mais il avait perdu depuis longtemps l'habitude de se confesser et il ne pouvait aborder M. le CurŽ qu'au confessionnal. Il prit le parti de feindre afin d'avoir l'occasion de parler du remde qu'il venait chercher de si loin. Aprs avoir fait un semblant dÕaccusation, il essaie, en effet, d'intŽresser le saint ˆ la maladie, objet de son voyage. A ce moment, la grille se referme, et il a juste le temps d'entendre ces mots prononcŽs dÕune voix sifflante : ÇVous reviendrez demainÈ. Le lendemain, mme aventure. Il se risqua une troisime fois, toujours disposŽ ˆ ne pas se confesser. ÇHŽ, mon ami, lui dit le saint Confesseur ce n'est pas ainsi qu'il faut vous moquer du bon Dieu ! Vous ne dites pas ceci et cela vous avez fait de la prison prŽventive pour tel motif ; dans tel chemin vous avez reu une volŽe de coups de b‰tonsÈ.

A ces mots qui lui rŽvŽlrent ˆ lui-mme ses mŽfaits, notre pauvre homme tressaillit des pieds ˆ la tte, et, la gr‰ce aidant, il se confessa avec sincŽritŽ et se convertit.

 

Il. - Parfois le don de discernement est plus restreint. Il se rŽduit alors ˆ un instinct intŽrieur qui, combinŽ avec les rgles de la saine doctrine et de la prudence chrŽtienne, avertit des dispositions des ‰mes et de l'esprit qui les anime.

Un jour deux personnes se prŽsentent au confessionnal du saint CurŽ. Toutes deux Žtaient en deuil.

L'une, sincrement pieuse, l'‰me de toutes les Ïuvres de sa paroisse, avait perdu coup sur coup trois enfants, et avec le dernier s'Žteignait un nom illustre. L'autre, chrŽtienne sans doute, mais frivole et mondaine, ne concevant pas la vie sans ce tourbillon de ftes qui consument la santŽ, o se gaspille le temps et s'effondre la piŽtŽ, avait vu toutes ses espŽrances s'Žvanouir par la mort de son fils unique.

Le malheur unit ces deux inconnues de la veille, et, en quelques heures, elles devinrent amies.

Pour la premire, le saint fut, sinon sŽvre, du moins d'une austŽritŽ qui ne laissait ˆ la nature aucune satisfaction. Elle Žtait capable, avec sa foi vive, de porter plus gŽnŽreusement son Žpreuve ; pourquoi ces retours sur elle-mme, cet attendrissement sur ses maux, ce naturalisme dans la souffrance ? Il la fit monter d'un coup d'aile sur les sommets du sacrifice qu'ensoleille l'amour de Dieu et d'o rayonnent la lumire et la paix.

Pour l'autre, blessŽe par la croix et non encore dŽprise des charmes terrestres, il fut d'une paternelle tendresse, Žcouta ses gŽmissements, pleura et gŽmit avec elle, la releva en lui prodiguant les consolations humaines et divines.

 

M. l'abbŽ Guyot faisait auprs de notre saint une retraite de quelques jours. Il avait l'habitude, par manire de rŽcrŽation, de jouer un moment aux cartes aprs son repas de midi. ÇPuis-je continuer ?È demanda-t-il au saint Directeur. M. Vianney a vu en lui une ‰me Žnergique et droite : ÇNon, ne jouez plusÈ, lui rŽpondit-il. Et par des rŽponses brves, incisives, qui ne permettaient pas de rŽplique, il dŽtruisit une ˆ une les objections de son pŽnitent.

 

Mre Marie-VŽronique Žtait, ˆ Lyon, un objet de vives contradictions. Parmi le clergŽ, ceux-ci exaltaient sa saintetŽ, ceux-lˆ la traitaient de folle et de visionnaire. Que devait-elle, dans ce conflit, penser elle-mme de son projet d'institut ? Elle consulta M. Vianney qui, d'un mot, sut rŽconforter la patiente. ÇPuisque le dŽmon y met tant d'obstacles, dit-il, il est facile de voir combien cette Ïuvre rendra de gloire ˆ DieuÈ.

 

III - Enfin on peut tre conduit ˆ la connaissance des pensŽes intimes par l'extŽrieur de la physionomie, par l'expression sensible du visage, lÕaccent de la voix, le maintien du corps. Ces inductions sont par elles-mmes purement humaines, l'effet d'une sagacitŽ naturelle ou le rŽsultat de l'expŽrience ; mais elles peuvent provenir aussi d'une lumire et d'une inspiration surnaturelles, qui sont une des formes du discernement des esprits ; et c'est principalement sous cette forme qu'il se rencontre dans les directeurs spirituels qui implorent la lumire divine, sans nŽgliger les moyens humains propres ˆ donner la connaissance des ‰mes.

 

Un jour le curŽ d'Ars se rendait ˆ la Providence entre deux haies de plerins. Il aperoit un chasseur, son fusil en bandoulire, et, ˆ c™tŽ de lui, un superbe chien. Il s'arrte devant notre plerin de fortune et, le fixant de ce regard profond qui donnait le frisson, il lui dit ces Žtranges paroles : ÇAh ! Mon ami, si votre ‰me Žtait aussi belle que votre chien, qu'elle serait ravissante !È AtterrŽ par cette rŽvŽlation, le chasseur, au lieu de courir aprs le gibier comme il en avait en l'intention, se trouva pris lui-mme dans les filets de la gr‰ce ; il fit deux ou trois lois, d'un air songeur, le tour de l'Žglise, puis y entra pour purifier son ‰me de ses souillures auprs du Bienheureux.

 

Dans la direction, le point le plus capital comme le plus dŽlicat est de suivre l'appel de Dieu et de le faire suivre aux autres, de ne pas devancer I'Esprit-Saint, de se proportionner soi-mme aux ‰mes. DouŽ de l'esprit de discernement au point que nous venons de voir, le CurŽ d'Ars fut un directeur consommŽ. ÇIl avait un tact admirable, pour rejeter ce qui Žtait l'inspiration d'un zle indiscret, l'affaire de l'amour-propre ; mais il encourageait les Ïuvres, les institutions, toute idŽe vraiment propre ˆ procurer le salut et la sanctification des ‰mes. Avec non moins de tact, il discernait et indiquait les besoins des ‰mes, ce qui Žtait prŽcepte, devoir ou conseil, l'attrait ˆ suivre, la mesure de perfection ˆ demander ˆ chacun. Une lumire toute divine rŽpandait en lui sa clartŽ et le rendait capable de dissiper les tŽnbres chez les autres ; il possŽdait en toute rencontre cette connaissance certaine de la volontŽ de Dieu que ceux-lˆ seuls possdent qui ont la puretŽ du coeur, du corps et des lvresÈ.

 

 

¤ VI. - SA BRIæVETE

 

Le saint donnait peu de temps ˆ chacun de ses pŽnitents. ÇUn soir, dit un tŽmoin, je comptai 50 la•ques et 20 prtres garnissant les stalles. Je ne sais comment cela se fit, mais tous purent parler ˆ M. le CurŽÈ.

ÇIl Žtait court, trs courtÈ, nous disait un prtre qui s'Žtait adressŽ ˆ lui plusieurs fois. ÇUn mot d'exhortation et c'Žtait finiÈ. Citons des exemples.

 

Le Frre Athanase avait quelques nŽgligences ˆ se reprocher dans ses exercices de piŽtŽ. Il s'en accuse en ajoutant : ÇMais au fond j'ai bonne volontŽÈ. - Ah ! rŽpliqua le saint, prenez garde ! Ces bonnes volontŽs lˆ, elles pavent l'enferÈ. Et ce fut tout.

 

Le Frre AmŽdŽe, futur SupŽrieur gŽnŽral des Frres de la Sainte-Famille, se confessait au saint CurŽ. Celui-ci, voyant sans doute en son pŽnitent une ‰me qui allait droit ˆ Dieu, joignit les mains et s'Žcria : ÇAimez, aimez bien le bon Dieu !È. Et il lui donna l'absolution.

 

A un jeune habitudinaire plongŽ dans le vice, le CurŽ d'Ars fit une courte et pathŽtique allocution et le pria de considŽrer une image qui reprŽsentait Notre-Seigneur en croix ; il se mit ensuite ˆ verser d'abondantes larmes qui transformrent le cÏur du coupable.

 

Un autre homme emporta pour toute morale ces paroles suggestives : ÇSoyons bien sages, mon enfant ; nous nous en allons È

 

Mgr de Langalerie a racontŽ, pendant une retraite pastorale qu'il prŽsidait ˆ Auch, qu'Žtant une fois ˆ genoux aux pieds de son saint CurŽ, le confesseur lui dit, par manire d'exhortation, ces simples mots qui renferment tout un programme Žpiscopal : ÇAimez bien votre clergŽ !È

 

Deux fois M. l'abbŽ Monnin confessa au CurŽ d'Ars quelques imperfections ŽchappŽes ˆ l'humaine fragilitŽ. Chacune des accusations du pŽnitent provoquait de la part du Confesseur des larmes et ce simple cri de foi, de commisŽration, d'horreur des moindres fautes :ÇQue c'est dommage ! È

 

Sans doute le saint consacrait aux ‰mes le temps nŽcessaire, et il lui arriva maintes fois d'tre moins expŽditif avec ses pŽnitents. Mais l'on doit dire qu'en gŽnŽral il Žtait bref.

Il pouvait l'tre en faisant magnifiquement tout son devoir. N'avait-il pas cette intuition des cÏurs, qui lui en rŽvŽlait les besoins, les dispositions, l'Žtat ? Elle lui permettait de dire ˆ chacun la parole appropriŽe et d'apporter au mal, d'une main sžre, le remde opportun. N'avait-il pas Çun souffleurÈ ? Dans tous les cas embrouillŽs o le confesseur d'ordinaire hŽsite, cherche, interroge, rŽflŽchit, le cŽleste ÇsouffleurÈ lui dictait la solution nette et prŽcise.

N'Žtait-il pas une de ces ‰mes pures dont il cŽlŽbrait la puissance en disant que Dieu fait leur volontŽ plus qu'elles ne font la Sienne ? Il arrachait au divin Convertisseur ces traits enflammŽs qu'il enfonait dans les cÏurs avides de saintetŽ comme dans les cÏurs des pŽcheurs. Il ne disait que quelques mots, mais si pleins de gr‰ce et d'onction, qu'ils suffisaient ˆ allumer l'incendie de la charitŽ ou ˆ en activer les ardeurs dŽvorantes. Ses lvres, comme celles du prophte Elie, jetaient des flammes qui allaient consumer le vice et toute imperfection ; ses discours, empreints de la gr‰ce de Dieu, Žbranlaient les volontŽs les plus endurcies et brisaient leur rŽsistance. ÇDeux mots animŽs par l'amour et c'est assezÈ, a dit saint Franois de Sales.

 

 

¤ VII. - SA SCIENCE.

 

Bien que douŽ d'un trs grand bon sens et divinement ŽclairŽ, le CurŽ d'Ars ne se crut pas dispensŽ d'Žtudier.

M. Toccanier, qui fut son vicaire pendant les six dernires annŽes de sa vie, ˆ une Žpoque o les plerins l'assiŽgeaient sans trve ni rel‰che, nous le reprŽsente Çlisant le soir la Vie des saints et la thŽologieÈ. Ses sŽances de confessionnal finissaient en hiver ˆ six heures, en ŽtŽ ˆ huit heures ; et quand, harassŽ de fatigues, brisŽ par le travail, il rentrait chez lui, au lieu d'aller prendre un repos si bien mŽritŽ il se livrait ˆ l'Žtude, se courbait de longs moments sur la Bible, ce Çlivre sacerdotalÈ, comme l'appelle saint JŽr™me, sur la Vie des saints, ses frres et ses Žmules, sur les ConfŽrences d'Angers on autres livres qui dŽveloppaient les leons apprises au Grand SŽminaire de Saint-IrŽnŽe et au presbytre d'ƒcully.

 

M. Raymond, son vicaire de 1843 ˆ 1853, dŽclare lui Çavoir procurŽ pour ses Žtudes les examens de Valentin et la thŽologie morale de GoussetÈ et il ajoute qu'il Çles repassait chaque hiverÈ.

 

Le voilˆ donc, le confesseur incomparable du XIXe sicle, l'oracle aux dŽcisions impeccables, promptes comme l'Žclair qui vient du ciel, sžres comme la VŽritŽ d'o elles Žmanent, le voilˆ, donc dans une petite chambre froide, humide, sans feu ; il grelotte sur son sige, et le sommeil l'accable : mais la charitŽ lui communique des ardeurs dŽvorantes et le tient ŽveillŽ aussi longtemps qu'il le faut. Que fait-il ? Sachant que les lumires infuses ne sont pas accordŽes ˆ la paresse, il relit pour la vingtime fois peut-tre les pages o sont inscrites les rgles que doit suivre le confesseur dans l'administration du sacrement de PŽnitence, il rŽflŽchit sur les cas de conscience et la solution qui leur est donnŽe, il les compare ˆ ceux qu'il trouve lui-mme chaque jour au saint Tribunal ; heureux de rencontrer dans saint Alphonse une thŽologie plus large et plus accommodante que celle de son Grand SŽminaire, il s'imprgne ˆ fond de sa doctrine.

 

Selon la pensŽe de saint JŽr™me, le prtre est l'arche du salut, parce que ses lvres doivent garder la science comme l'arche d'alliance renfermerait les tables de la loi. Saint Ambroise compare le prtre ˆ Çl'abeilleÈ ; il doit, d'aprs le saint Docteur, recueillir le suc des divines Ecritures et en composer un miel suave qui serve de remde ˆ tous les maux dont souffrent les ‰mes.

 

Tel fut bien le CurŽ d'Ars ; arche vivante de la loi de Dieu, qu'il possŽdait merveilleusement, il s'Žtait rendu capable d'en pŽnŽtrer tous les secrets et de l'expliquer au peuple chrŽtien.

Abeille mystique, il avait puisŽ, dans la doctrine des Pres et des Docteurs de l'ƒglise, une ample provision de miel dŽlicieux qu'il distribuait ˆ toutes les ‰mes meurtries et les guŽrissait

Du reste croyait-il manquer de lumire sur un point particulier ? Avec une simplicitŽ d'enfant il interrogeait mme, au besoin, de jeunes prtres qui possŽdaient toutes fra”ches encore, disait-il, les notions thŽologiques, ou il consultait des hommes expŽrimentŽs qui avaient vieilli dans le saint ministre, ou il Žcrivait ˆ son Žvque les cas dont la solution ne lui apparaissait point assez nette, ou il recourait aux PP. JŽsuites de Lyon, dans la science desquels il avait toute confiance. Il profitait aussi du sŽjour que faisaient dans sa paroisse certains prtres Žminents ; c'est ainsi que M. l'abbŽ Tailhades, curŽ du diocse de Montpellier, qui resta trois mois ˆ Ars, tout en s'Ždifiant profondŽment des vertus du saint, en devint le conseiller ; que M. le chanoine Camelet, SupŽrieur des Missionnaires diocŽsains, qui prcha ˆ Ars le jubilŽ de 1847, lui donna, on a des raisons de le penser, des dŽcisions qui intŽressaient le bien gŽnŽral de la paroisse et du plerinage.

La casuistique de M. Vianney, au milieu des contradictions quelle lui suscita, lui valut un jour cet Žloge indirect de son Žvque : Çje ne sais pas si le CurŽ d'Ars est instruit, mais je sais bien qu'il est ŽclairŽÈ. Il fut l'un et l'autre ; il s'instruisait par une Žtude persŽvŽrante, et le Saint-Esprit rŽpondait ˆ lÕhumilitŽ de sa prire en l'Žclairant.

 

 

¤ VIII. SA MƒTHODE DE DIRECTION.

 

M. Vianney n'Žtait pas seulement le confesseur qui absout, il Žtait de plus le directeur qui affermit dans le bien, qui conduit ˆ la saintetŽ, en montre la voie, stimule et soutient la marche vers cet idŽal.

Quelle fut sa mŽthode de direction ? Quel en fut le thme ordinaire ?

 

Il s'appliquait d'abord ˆ imprimer dans les ‰mes la crainte de Dieu et de ses jugements.

Que de fois il a dit ˆ de grands pŽcheurs ces uniques et terrifiantes paroles : ÇMon ami, vous tes damnŽ !È C'Žtait le coup de flche qui les transperait et faisait frissonner leur chair elle-mme. Ils s'en allaient atterrŽs, tout en larmes, remuŽs jusqu'au fond de leur conscience, et revenaient contrits, rŽsolus ˆ changer de vie.

Que de fois, se jetant aux pieds d'un de ces hommes qu'une rŽsistance obstinŽe aux sollicitations de la gr‰ce avait rendus aveugles et insensibles, il s'Žcria : ÇSauvez votre ‰me, sauvez votre ‰me !È Et comme si un Žclair les avait enveloppŽs de sinistres clartŽs, ces aveugles recouvraient tout ˆ coup la vue et fondaient en pleurs au regard de leurs pŽchŽs et de la justice divine. Le jugement, le feu de l'enfer, la mort, l'Žternelle sŽparation de Dieu, faisaient souvent le fond de ses exhortations au tribunal de la PŽnitenceÈ.

Vous avez mangŽ de la viande un jour dŽfendu... ? Quelle folie de mieux aimer aller bržler dans les enfers que de vous priver d'une sensualitŽ passagre !È

Jeunes gens, jeunes filles, vous frŽquentez de mauvaises compagnies, pres et mres, vous en tes les tŽmoins muets, et tous Çvous espŽrez aller un jour au ciel... Quel aveuglement !È

Mre de famille qui dites ˆ votre fille d'aller ˆ la danse, vous commettez une ÇhorreurÈ Dieu vous attend Çau jour du jugement !È

ÇLa crainte du Seigneur est le commencement de la sagesseÈ. Par cette discipline, le CurŽ d'Ars trempa fortement les ‰mes ; peut-tre avaient-elles une piŽtŽ peu sensible, mais leur dŽlicatesse de conscience Žtait intransigeante. Nous en avons connu qui pratiquaient l'abstinence avec une vaillance qui s'ignorait elle-mme et en imposait aux trembleurs ; qui observaient le repos dominical dans des circonstances o il Žtait devenu un simple conseil ; qui auraient fait dix lieues pour ne pas manquer la messe un jour de dimanche ou de fte d'obligation. Et ces ‰mes Žtaient lŽgion. Capituler devant le devoir rŽel ou prŽsumŽ Žtait, aux yeux de ces chrŽtiens, une l‰chetŽ dont la seule pensŽe les ežt fait rougir et qu'ils eussent estimŽe capable d'attirer sur eux les malŽdictions divines.

Or ces convictions si bien enracinŽes, ils ne les gardaient pas pour eux seuls : il nous est arrivŽ d'assister des enfants de douze ˆ quatorze ans qui, Žtant malades, pleuraient par crainte de l'enfer et ˆ l'idŽe de para”tre prochainement devant Dieu.

 

Sachant que les occasions de pŽchŽ sont des piges o tombent toutes les ‰mes qui s'y exposent tŽmŽrairement, M. Vianney estimait avec les Docteurs de IÕEglise que l'indulgence sur ce point est de la cruautŽ ; aussi se montrait-il inflexible quand il rencontrait des personnes qui refusaient de sortir de ces liens ou qui hŽsitaient ˆ les briser.

 

Un jour, une dame de Paris lui demande ˆ se confesser.

ÇVotre confession, lui rŽpondit-il, serait inutile, car je lis au plus profond de votre ‰me, et j'y vois deux dŽmons qui la tiennent encha”nŽe comme une esclave. J'y vois le dŽmon de l'orgueil et le dŽmon de l'impuretŽ. Je ne puis vous donner l'absolution qu'ˆ la condition que vous ne retourniez plus ˆ Paris, et comme je connais vos dispositions, je sais que vous y retournerez.

- Je suis donc damnŽe ?

- Je ne dis pas cela, mais il vous sera bien difficile de vous sauverÈ.

 

Nous avons vu comment il traitait les danses. Les veillŽes, autre flŽau de sa paroisse, lui dictrent la mme conduite. Il n'absolvait pas non plus les cabaretiers, parce que, selon le mot de saint GrŽgoire, Çil y a des emplois qu'on ne peut qu'ˆ peine ou point du tout exercer sans pŽchŽÈ et que, Çsi la pŽnitence est sincre, dit le deuxime Concile de Latran, on doit les quitterÈ.

 

Faire prier Žtait une des principales sollicitudes du saint CurŽ et un de ses grands moyens de direction. Il exigeait l'assiduitŽ aux offices et recommandait la messe quotidienne. Il insistait auprs de chacun sur la fidŽlitŽ ˆ la prire du matin, et auprs des parents et des ma”tres sur le saint usage de la prire du soir en commun.

Il conseillait aux travailleurs de s'occuper de quelque pensŽe pieuse en allant dans les champs ou en en revenant, et de sanctifier leurs labeurs par la mŽditation, surtout des fins dernires.

Il amena mme un grand nombre de ses paroissiens ˆ rŽciter l'AngŽlus trois fois par jour et l'Ave Maria quand l'heure sonnait au beffroi.

Il faisait aimer, par-dessus toutes les autres, la dŽvotion au Saint Sacrement et ˆ la Sainte Vierge. Il y avait ˆ Ars des personnes qui ne quittaient presque pas l'Žglise ; on les voyait toute la journŽe en adoration devant le Saint Sacrement ou en prire devant la Vierge immaculŽe.

Il envoyait les plerins dans les chapelles de sa vieille Žglise demander les gr‰ces qu'ils Žtaient venus chercher ˆ Ars, car il voulait que, tenant manifestement du ciel ces faveurs, ils emportassent ˆ jamais, comme la lumire et la force de leur vie, l'habitude d'une prire humble et confiante.

 

La frŽquentation des Sacrements Žtait un des points sur lesquels il revenait le plus souvent.

La routine des communions pascales l'indignait, et il ne comprenait pas qu'un chrŽtien pžt se borner ˆ ne recevoir son Dieu qu'une fois l'an.

La tiŽdeur des femmes, qui ne communiaient qu'aux principales ftes de l'annŽe, lui arrachait les plaintes les plus touchantes et les menaces les plus vŽhŽmentes.

Pourquoi ne pas communier tous les mois, tous les dimanches, tous les jours mme !

ÇQuand on peut faire un bon repasÉ, faut-il avoir mauvais gožt pour ne pas le prendre !È

 

Le serviteur de Dieu combattait le pŽchŽ, semait et cultivait la vertu dans les ‰mes, en suggŽrant ou en imposant des pŽnitences mŽdicinales.

Il dit dans un de ses sermons : ÇSi vous avez vŽritablement votre salut ˆ cÏur, vous devez vous imposer des pŽnitences vous-mme. Voici celles qui vous conviennent le mieux. Si vous avez eu le malheur de donner du scandale, il faut vous faire si vigilant que votre prochain ne puisse rien voir, en vous qui ne le porte au bien : il faut que vous montriez par votre conduite que votre vie est vraiment chrŽtienne. Et si vous avez eu le malheur de pŽcher contre la sainte vertu de puretŽ, il faut mortifier ce misŽrable corps par les ježnes... et le faire de temps en temps coucher sur la dure. Si vous vous trouvez d'avoir quelque chose ˆ manger qui flatte votre gourmandise, il faut le refuser ˆ votre corps... Si vous tes attachŽ ˆ la terre, il faut faire des aum™nes autant que vous le pourrez pour punir votre avarice, en vous privant de tout ce qui ne vous est pas absolument nŽcessaire pour la vie. Avons-nous ŽtŽ nŽgligents dans le service de Dieu, imposons-nous, pour faire pŽnitence, d'assister ˆ tous les exercices de piŽtŽ qui se font dans notre paroisse... Avons-nous l'habitude de jurer, de nous emporter ? Mettons-nous ˆ genoux pour redire cette sainte prire : ÇMon Dieu, que votre saint nom soit bŽni dans tous les sicles des sicles ; Mon Dieu purifiez mon cÏur, purifiez mes lvres afin qu'elles ne prononcent jamais des paroles qui vous outragent et me sŽparent de vousÈ.Toutes les fois que vous retomberez dans ce pŽchŽ, il faut sur-le-champ ou faire un acte de contrition ou donner quelques sous aux pauvres... Avez-vous bu ou mangŽ avec excs ? Il faut que dans tous vos repas vous vous priviez de quelque chose. Voilˆ des pŽnitences qui, non seulement peuvent satisfaire ˆ la justice de Dieu si elles sont unies ˆ celles de JŽsus-Christ, mais qui peuvent encore vous prŽserver de retomber dans vos pŽchŽsÈ.

La direction particulire du saint ne diffŽrait pas de sa direction gŽnŽrale.

Un jour, il confessait un homme esclave du respect humain ; au premier coup d'Ïil, il a dŽcouvert la plaie de son ‰me. ÇPour votre pŽnitence sacramentelle, lui dit-il, vous allez rŽciter, avant de sortir de cette Žglise, les actes de foi, d'espŽrance et de charitŽ. Ce n'est pas tout : vous assisterez, un des deux dimanches de la Fte-Dieu, dans votre ville natale, ˆ la procession du Saint-Sacrement, en ayant soin de vous placer immŽdiatement aprs le dais. Allez en paix, mon enfantÈ

Caroline Lioger venait souvent ˆ Ars avec sa mre. Le saint se plaisait ˆ Žprouver l'obŽissance et l'humilitŽ de sa pŽnitente en lui montrant quelquefois d'un geste impŽrieux la porte de l'Žglise, comme pour la chasser ; d'autres fois il lui enjoignait d'aller se mettre sur le seuil de la porte et d'y prier les bras en croix, pendant la sortie de l'office divin. En la voyant ainsi, chacun pouvait croire que des pŽchŽs graves lui avaient valu cette pŽnitence ou tout au moins on la traitait d'exagŽrŽe.

M. Vianney savait si bien inspirer la pratique de la mortification ˆ ceux qu'il dirigeait que cette vertu Žtait devenue assez commune dans sa paroisse. Il nous souvient d'avoir entendu un vieillard nous dire : ÇOh ! Quelle sainte mre nous avions ! Comme le CurŽ d'Ars l'avait formŽe aux solides vertus ! Je la voyais avec admiration prier les bras en croix. Elle Žvitait souvent, en mangeant, de broyer la nourriture avec les dents, afin de n'en pas sentir le gožt. Sa charitŽ Žtait exquise ; d'une parfaite amŽnitŽ, elle se montrait indulgente ˆ tout le mondeÈ.

Des enfants mme recevaient la direction du Bienheureux et entraient spontanŽment dans la voie des pŽnitences et des austŽritŽs corporelles.

ÇIl conseillait ˆ ses pŽnitents la mortification, et ˆ quelques-uns le cilice et la discipline. Je l'ai vu donner un rude cilice ˆ un de ses pŽnitentsÈ, dit M. l'abbŽ Raymond.

M. Vianney tenait aussi fortement la main ˆ ce que toutes les personnes dont il dirigeait la conscience s'appliquassent avec la dernire exactitude ˆ l'accomplissement des devoirs de leur Žtat ; il exigeait surtout soigneusement des pres et mres, des ma”tres et ma”tresses de maison l'accomplissement de ces grands devoirs d'Ždification, de surveillance, de correction, d'instruction auxquels ils sont obligŽs envers leurs enfants et leurs domestiques. Il en fit ainsi de vrais Žducateurs qui avaient souci d'Žlever chrŽtiennement leurs familles et qui aidaient leur pasteur autant qu'ils en Žtaient aidŽs.

 

 

¤ IX. LES RETRAITES.

 

Les retraites, dit saint Franois de Sales, Žtaient Çfamilires aux anciens chrŽtiensÈ : ils excitaient ainsi Çleurs ‰mes, par divers exercices spirituels, ˆ l'entire rŽformation de leur vieÈ, rŽparaient Çleurs forces abattues par le temps, Žchauffaient leur cÏur, faisaient reverdir leurs bons propos et refleurir les vertus de leur espritÈ.

Convaincu des avantages des retraites, le saint CurŽ d'Ars se livra tout entier ˆ ce ministre si sanctifiant, et elles furent innombrables les personnes qui se mirent sous sa direction pour faire ces pieux exercices.

Tant™t c'Žtaient des pŽcheurs qui, touchŽs de la gr‰ce, voulaient se dŽcharger de leurs fautes et inaugurer une vie chrŽtienne, et le bon saint les gardait cinq ou six jours, les recevant toujours avec une mansuŽtude de pre, acceptant de les aider lui-mme dans leur examen, payant leurs frais de sŽjour ˆ l'h™tel. Et quand il les renvoyait, une complte transfiguration s'Žtait opŽrŽe en eux ; leur persŽvŽrance Žtait le plus souvent assurŽe.

Tant™t c'Žtaient des ‰mes qui, sous l'action de I'Esprit de Dieu dont elles vivaient, aspiraient ˆ la perfection, comme par exemple Maria Dubouis qui devait plus tard devenir l'intime amie de Pauline Jaricot, son soutien, sa confidente et l'Žmule de ses vertus. Il l'entendit prs d'une heure chaque jour, pendant une semaine ; il l'Žcoutait, la questionnait et l'initia d'une manire ineffable ˆ la science du vŽritable amour. Le dernier jour, aprs avoir donnŽ l'absolution ˆ sa fille spirituelle, le saint fondant en larmes lui dit : Ç0 mon enfant, bŽnissez avec moi le divin Ma”tre des gr‰ces qu'Il vous a faites et du bonheur que vous aurez dŽsormais de ne plus conserver en votre ‰me un grain de poussire... Soyez fidle ˆ JŽsus par Marie, aimez-Les et faites-Les aimerÈ. Elle allait, ˆ partir de ce moment, Çavancer dans l'humilitŽ et la charitŽ, elle mourrait un jour victime de son dŽvouement aux pauvres ouvriresÈ.

C'Žtaient encore des ‰mes venues pour Žtudier avec lui leur vocation et quÕil orientait vers la vie religieuse : telles la Fondatrice de la SociŽtŽ du Saint-Sacrement, la Fondatrice et premire supŽrieure gŽnŽrale de l'Institut des SÏurs Victimes du SacrŽ-CÏur de JŽsus, tels des jeunes gens qu'il envoyait ˆ la Trappe et qui emportaient d'Ars une si grande dŽvotion envers sainte Philomne, qu'ils demandaient ˆ prendre le nom de Çla petite SainteÈ.

D'autres fois, des novices se prŽparaient dans la retraite d'Ars ˆ la sainte profession, et ils avaient le bonheur, aprs leurs aveux, de re-cevoir cette douce assurance de l'homme de Dieu : ÇVous avez fait une bonne confession, votre ‰me est toute blancheÈ.

Plus rarement peut-tre, il surexcitait la foi des ‰mes et l'Žlevait jusqu'ˆ cette Žnergie qui obtient les miracles, et alors c'Žtait le corps qui trouvait la guŽrison en mme temps que la conscience, la puretŽ.

ÇOn ne saura qu'ˆ la fin du monde tout le bien qui s'est opŽrŽ ˆ ArsÈ par le ministre de notre Saint.

 

 

 

DEUXIéME PARTIE

 

Doctrine du Saint CurŽ d'Ars sur le Sacrement de PŽnitence.

 

 

Le saint CurŽ d'Ars nous a laissŽ, dans ses instructions, un riche traitŽ du sacrement de PŽnitence : traitŽ affectif, expŽrimental plus que spŽculatif, mais o se rŽvle l'‰me du curŽ, du directeur d'‰mes, de l'homme apostolique, du saint. Nos lecteurs verront par les larges extraits que nous en donnons ci-aprs, les principes qui ont dirigŽ le saint Confesseur dans l'administration de ce sacrement. Les uns y trouveront peut-tre un modle d'exposition et une rgle de conduite ; les autres, sans aucun doute, un sujet d'Ždification et une lumire ; tous admireront le souffle de foi vive et d'ardente charitŽ qui anime et transfigure ces humbles pages, Žcrites avec la seule prŽtention de faire du bien ˆ un modeste auditoire de campagne et de l'instruire. On n'y admire point, il est vrai, le relief de la forme ni la sublimitŽ des pensŽes qu'inspirera plus tard ˆ M. Vianney sa saintetŽ consommŽe ; du moins cet exposŽ brille-t-il par sa limpide simplicitŽ et y rgne-t-il, de la premire ligne ˆ la dernire, une communicative et puissante conviction.

 

 

ARTICLE PREMIER. Le sacrement de PŽnitence.

 

 

I. Ses effets. - Le sacrement de PŽnitence est un sacrement qui efface les pŽchŽs commis aprs le baptme. On l'appelle aussi ÇconfessionÈ.

Dans ce sacrement, ÇJŽsus-Christ semble dŽployer les richesses de sa misŽricorde jusqu'ˆ l'infini. Le sacrement de PŽnitence, en effet, arrache notre pauvre ‰me ˆ la tyrannie du dŽmon, nous rend l'amitiŽ et la gr‰ce de Dieu, Žteint ces remords de conscience qui nous dŽchiraient, et nous fait recouvrer la paix ; il redonne la vie ˆ notre ‰me et ˆ toutes les Ïuvres que le pŽchŽ avait fait mourir ; il nous rend l'innocence avec tous nos droits au royaume de Dieu que le pŽchŽ nous avait ravis ; en moins de trois minutes, il change notre ŽternitŽ malheureuse en une ŽternitŽ de plaisirs, de joie et de bonheurÈ, il fortifie contre les rechutes, Çconserve la belle vertuÈ, guŽrit de l'intempŽrance la plus invŽtŽrŽe, donne une abondance Çde gr‰ces et de force pour faire le bien et Žviter le malÈ.

 

II. Son institution, sa nŽcessitŽ.

Qui a Žtabli la confession ? ÇC'est JŽsus-Christ lui-mme qui l'a Žtablie en disant ˆ ses ap™tres ainsi qu'ˆ tous leurs successeurs : ÇRecevez le Saint-Esprit, les pŽchŽs seront remis ˆ ceux ˆ qui vous les remettrez et retenus ˆ ceux ˆ qui vous les retiendrezÈ. Comment les prtres exerceraient-ils Çce sublime et admirable pouvoir de remettre et de retenir les pŽchŽs, si le pŽnitent ne les leur faisait conna”tre ?È

ÇAprs un seul pŽchŽ mortel, sans la confession, jamais nous ne verrons Dieu, et, pendant l'ŽternitŽ, nous serons condamnŽs ˆ Žprouver les rigueurs de sa colre et ˆ tre maudits. Ou nous confesserons nos pŽchŽs, ou nous irons bržler dans les enfersÈ.

C'est la loi qui atteint tout le monde, Çdepuis le Saint Pre jusqu'au dernier des artisansÈ.

ÇCeux qui se confessent ne seront pas tous sauvŽs ; mais reconnaissons-le, tous ceux qui auront le grand bonheur d'aller au ciel, seront choisis parmi ceux qui se confessent, Çet jamais parmiÈ les autresÈ.

 

III. BontŽ de Notre-Seigneur dans l'institution du sacrement de PŽnitence.

ÇOn ne peut comprendre la bontŽ que Dieu a eue pour nous d'instituer ce grand sacrement. Si nous avions en une gr‰ce ˆ demander ˆ Notre-Seigneur, nous n'aurions jamais pensŽ ˆ Lui demander celle-lˆ. Mais Il a prŽvu notre fragilitŽ et notre inconstance dans le bien, et Son amour L'a portŽ ˆ faire ce que nous n'aurions pas osŽ Lui demanderÈ.

 

Ç Mes frres, allez interroger tous les damnŽs qui bržlent dans les enfers : tous vous rŽpondront qu'ils ne sont rŽprouvŽs que parce qu'ils n'ont pas eu recours ˆ ce sacrement, ou parce qu'ils l'ont profanŽ. Montez dans le ciel, demandez ˆ tous les Bienheureux assis sur ces tr™nes de gloire, ce qui les a conduits dans ce lieu si heureux : presque tous vous diront que la confession a ŽtŽ le seul remde dont ils se sont servis pour sortir du pŽchŽ et se rŽconcilier avec DieuÈ.

ÇAh ! mes frres, sans ce sacrement, que de damnŽs de plus et que de saints de moins ! Oh ! que les saints qui sont dans le ciel sont reconnaissants ˆ JŽsus-Christ d'avoir Žtabli ce sacrement !È

 

ÇLa confession vous rŽpugne ? Si l'on disait ˆ ces pauvres damnŽs qui sont en enfer depuis si longtemps : Çnous allons mettre un prtre ˆ la porte de l'enfer. Tous ceux qui voudront se confesser n'ont qu'ˆ sortir, croyez-vous qu'il en rest‰t un seul. Les plus coupables ne craindraient pas de dire leurs pŽchŽs, et mme de les dire devant tout le monde. Oh ! comme l'enfer serait vite dŽsert, et comme le ciel se peuplerait ! Eh ! bien, nous avons le temps et les moyens que ces pauvres damnŽs n'ont pas : profitons-enÈ.

 

ÇQue l'homme est heureux, puisque, aprs avoir perdu son Dieu, le ciel et son ‰me, il peut encore espŽrer trouver des moyens si faciles pour rŽparer cette grande perte, qui est celle d'une ŽternitŽ de bonheur ! Le riche qui a perdu sa fortune, souvent ne peut point, malgrŽ sa bonne volontŽ, la rŽtablir ; mais le chrŽtien a-t-il perdu sa fortune Žternelle, il peut la recouvrer sans qu'il lui en cožte rien, pour ainsi direÈ. Il n'a, pour cela, qu'ˆ recevoir le sacrement de PŽnitence. Ç0 mon Dieu, que vous aimez les pŽcheurs !È

 

IV. Quand il faut recevoir le sacrement de PŽnitence.

Au moins une fois l'an, selon le commandement de l'ƒglise.

ÇCependant, les confessions d'un an n'ont rien qui puisse vous donner une parfaite tranquillitŽ. Pour qu'une confession, en effet, mŽrite le pardon, il faut quÕelle soit humble et entire, accompagnŽe d'une vŽritable contrition et du ferme propos de ne plus pŽcher ˆ l'avenirÈ. Or, Çil est difficile que toutes ces dispositions se trouvent dans ceux qui ne se confessent qu'une fois l'annŽeÈ.

Du reste est-il possible, avec une seule confession par an, de ne pas tomber dans quelque faute grave ?... ÇSi vous voulezÈ assurer votre salut, Çvous ne devez donc pas vous contenter de vous confesser une fois l'annŽe ; parce que, ˆ chaque fois que vous seriez en Žtat de pŽchŽ, vous courriez risque d'y pŽrir et d'tre perdus pour une ŽternitŽÈ.

Vous voulez aller au ciel ? ÇFrŽquentez les sacrements de temps en temps. Faites du moins, pour votre pauvre ‰me, ce que vous faites pour votre corps qui n'est cependant qu'un monceau de pourriture et qui, dans quelques moments, sera la p‰ture des plus vils animaux. Lorsque vous tes dangereusement blessŽs, attendez-vous six mois ou un an pour y appliquer les remdes que vous croyez tre nŽcessaires pour vous guŽrir ? Lorsque vous tes attaquŽs par une bte fŽroce, attendez-vous d'tre ˆ moitiŽ dŽvorŽs pour crier au secours ? N'implorez-vous pas de suite le secours de vos voisins ? Pourquoi n'agiriez-vous pas de mme, lorsque vous voyez votre pauvre ‰me souillŽe et dŽfigurŽe par le pŽchŽ, rŽduite sous la tyrannie des dŽmons ?È

 

V. Obstacles ˆ la rŽception du sacrement de PŽnitence.

1¡ Le respect humain. ÇUn jour, le bon Dieu vous donna la pensŽe d'aller vous confesser, et vous sentiez que vous en aviez besoin; mais vous avez pensŽ que l'on se moquerait de vous. que l'on vous traiterait de dŽvotÈ, et vous vous tes abstenu.

ÇVous avez honte, mon ami, de servir le bon Dieu, crainte d'tre mŽprisŽ ? Mais regardez donc Celui qui est mort sur cette croix, demandez-Lui donc s'Il a eu honte d'tre mŽprisŽ et de mourir pour vous de la manire la plus ignominieuseÈ.

Vous craignez le monde et ses railleries...ÇIl ne fallait pas vous faire chrŽtienÈ ; car par le baptme vous vous tes engagŽ ˆ renoncer au monde et au dŽmon et ˆ suivre JŽsus-Christ.

2¡ Les mauvaises compagnies. ÇQuelle est la cause pour laquelle vous ne frŽquentez plus les sacrements ? N'est-ce pas depuis que vous allez avec cet impie qui a t‰chŽ de vous faire perdre la foi en vous disant que tout ce que le prtre vous disait, c'Žtaient des btises, que la religion n'Žtait que pour retenir les jeunes gens, que l'on Žtait des imbŽciles d'aller conter ce qu'on avait fait ˆ un homme, que tous ceux qui sont instruits se moquent de tout cela, c'est-ˆ-dire jusqu'ˆ la mort ; ensuite ils avouent qu'ils se sont trompŽs. Eh bien ! sans cette mauvaise compagnie, auriez-vous eu tous ces doutes ?... Mon ami, ou l'enfer ou la fuite ; point de milieu. Choisissez lequel des deux vous voulez prendreÈ.

3¡ La tiŽdeur. ÇLe chrŽtien qui vit dans la tiŽdeur, ne laisse pas de croire, toutes les vŽritŽs que l'ƒglise croit et enseigne, mais c'est d'une manire si faible que son cÏur n'y est presque pour rien. Il sait que JŽsus-Christ a donnŽ au sacrement de PŽnitence la puissance de remettre nos pŽchŽs et de nous faire cro”tre en vertu. Il sait que ce sacrement nous donne des gr‰ces proportionnŽes aux dispositions que nous y apportons : n'importe !È Il ne se gne pas, il est nŽgligent, il ne sent pas Çle besoin de sa pauvre ‰meÈ et laisse passer les mois entiers sans se confesserÈ.

ÇQue doivent penserÈ de telles ‰mes Çles anges gardiens ? Ah ! mon DieuÈ, comme ils souffriraient s'ils en Žtaient capables !

 

 

ARTICLE Il. Parties du sacrement de PŽnitence.

 

Il y a, dans le sacrement de PŽnitence, quatre parties : la contrition, la confession, l'absolution et la satisfaction.

 

¤ 1. – DE LA CONTRITION.

 

I.ÇQu'est-ce que la contrition ?È

ÇC'est une douleur de l'‰me et une dŽtestation des pŽchŽs qu'on a commis avec une ferme rŽsolution de ne plus y tomberÈ.

 

Il. - Sa nŽcessitŽ.

ÇCette disposition est la plus nŽcessaire de toutes celles que Dieu demande pour pardonner le pŽcheur.

ÇSans elle, point de pardon ; sans elle, point de ciel ; disons plus, sans elle tout est perdu pour nous : pŽnitences, charitŽ et aum™nes et tout ce que nous pouvons faire. Il faut de toute nŽcessitŽ que le pŽcheur pleure ses pŽchŽs, ou dans ce monde ou dans l'autre. Dans ce monde, vous pouvez les effacer par le regret que vous en avez, mais non dans l'autre. Oh ! combien nous devrions tre reconnaissants envers la bontŽ de Dieu, de ce que, au lieu de ces regrets Žternels et de ces douleurs dŽchirantes que nous mŽritons de souffrir dans l'autre vie, c'est-ˆ-dire en enfer, Dieu se contente seulement que nos cÏurs soient touchŽs d'une vŽritable douleur, qui sera suivie d'une joie Žternelle ! 0 mon Dieu ! que vous vous contentez de peu de chose !

 

ÇNon seulement la contrition est nŽcessaire au pŽcheur, mais j'ajoute que rien ne peut nous en dispenser. Une maladie qui nous ™te l'usage de la parole peut nous dispenser de la confession, une mort prompte peut nous dispenser de la satisfaction, du moins pour cette vie ; mais il n'en est pas de mme de la contrition : sans elle, il est impossible, et tout ˆ fait impossible d'avoir le pardon de ses pŽchŽsÈ.

Mais souvent, on ne s'aperoit pas du dŽfaut de contrition. ÇRien de plus facile ˆ comprendre : si nous avons le malheur de cacher un pŽchŽ dans nos confessions, ce crime est continuellement devant nos yeux comme un monstre qui semble nous dŽvorer, ce qui fait qu'il est bien rare que nous ne nous en dŽchargions pas une fois ou l'autre. Mais pour la contrition, il n'en est plus de mme : nous nous confessons, sans regret, notre cÏur n'est pour rien dans l'accusation que nous faisons de nos pŽchŽs, nous recevons l'absolution, nous nous approchons de la table sainte avec un cÏur aussi froid, aussi indiffŽrent que si nous venions de faire le rŽcit d'une histoire ; nous allons Çainsi de jour en jour, d'annŽe en annŽeÈ, nous persuadant qu'il suffit d'accuser nos pŽchŽs pour en recevoir le pardon ou que nous les dŽtestons sincrement parce que nous rŽcitons par habitude de belles formules de contrition ; Çenfin nous arrivons ˆ la mort o nous croyons avoir fait quelque bien : nous ne trouvons et ne voyons que des confessions nulles ou sacrilges. 0 mon Dieu, que de confessions mauvaises par dŽfaut de contrition !È

 

III. - QualitŽs de la contrition.

ÇCette douleur doit avoir quatre qualitŽs si une seule manque, nous ne pouvons pas obtenir le pardon de nos pŽchŽs.

 

1¡ ÇSa premire qualitŽ : elle doit tre intŽrieure, c'est-ˆ-dire dans le fond du cÏur. Elle ne consiste donc pas dans les larmes : elles sont bonnes et utiles, il est vrai, mais elles ne sont pas nŽcessaires. En effet, lorsque saint Paul et le bon larron se sont convertis, il n'est pas dit qu'ils aient pleurŽ, et leur conversion a ŽtŽ sincre. Non, non, ce n'est pas sur les larmes que l'on doit compter : elles-mmes sont souvent trompeuses, bien des personnes pleurent au tribunal de la PŽnitence et ˆ la premire occasion retombent. Mais la douleur que Dieu demande de nous, la voici. Ecoutez ce que nous dit lŽ prophte Jo‘l : ÇAvez-vous eu le malheur de pŽcher ? Oh ! mes enfants, briser et dŽchirez vos cÏurs de regretÈ

ÇSi vous avez perdu le Seigneur par vos pŽchŽs, nous dit Mo•se, cherchez-le de tout votre cÏur dans l'affliction et l'amertume de votre cÏurÈ. Pourquoi Dieu veut-il que notre cÏur se repente ? C'est que c'est notre cÏur qui a pŽchŽ : ÇC'est de notre cÏur, dit le Seigneur, que sont nŽs toutes ces mauvaises pensŽes, tous ces mauvais dŽsirsÈ ; il faut donc absolument que si notre cÏur a fait le mal, il se repente, sans quoi jamais Dieu ne nous pardonnera.

 

2¡ ÇJe dis qu'il faut que la douleur que nous devons ressentir de nos pŽchŽs soit surnaturelle, c'est-ˆ-dire que ce soit l'Esprit-Saint qui l'excite en nous, et non des causes naturelles. Je distingue :

ÇS'affliger ˆ cause de la honte que le pŽchŽ entra”ne nŽcessairement avec lui, ainsi que des maux qu'il nous attire, comme la honte d'une jeune personne qui a perdu sa rŽputation, ou d'une autre personne qui a ŽtŽ prise ˆ voler son voisin : tout cela n'est qu'une douleur purement naturelle qui ne mŽrite point notre pardonÈ. Ce fut la douleur de Ca•n, d'Antiochus, de SaŸl et de Judas.

Çætre affligŽ d'avoir commis tel au tel pŽchŽ, parce qu'il nous exclut du paradis et qu'il mŽrite l'enfer : ces motifs sont surnaturels, c'est l'Esprit-Saint qui en est l'auteur, c'est la contrition imparfaite. Elle ne justifie point le pŽcheur, mais elle le dispose ˆ recevoir sa justification dans le sacrement de PŽnitence.

ÇCelui qui, dans son repentir, ne considre que Dieu, a une contrition parfaite, disposition si Žminente qu'elle purifie le pŽcheur par elle-mme avant d'avoir reu la gr‰ce de l'absolution, pourvu qu'il soit dans la disposition de la recevoir s'il le peutÈ. Ce fut la contrition de David ; aussi, ds qu'il eut dit : ÇJ'ai pŽchŽÈ, de suite son pŽchŽ lui fut pardonnŽ.

Ce fut la contrition de sainte Marguerite, qui Žtait inconsolable d'avoir commis, Lj l'‰ge de cinq ou six ansÈ, un petit mensonge, ˆ cause de Çl'outrageÈ que ce pŽchŽ Çavait fait ˆ Dieu.

HŽlas ! mes frres, qu'allons-nous devenir, si tant de saints ont fait retentir les rochers et les dŽserts de leurs gŽmissements, ont formŽ, pour ainsi dire, des rivires de leurs larmes pour des pŽchŽs dont nous nous faisons un jeu, tandis que nous avons commis des pŽchŽs mortels peut-tre plus que nous nÕavons de cheveux sur la tte ? Et pas une larme de repentir ! Oh ! triste aveuglement !È

Ce fut la contrition de ce voleur, nommŽ Jonathas, qui, s'Žtant converti par les prires de saint SimŽon, reut de JŽsus-Christ l'assurance qu'il Žtait pardonnŽ et en Žtat de monter au ciel, et qui tomba mort au pied de la colonne du Stylite. ÇMourir de douleur d'avoir offensŽ Dieu ! 0 belle mort ! 0 mort prŽcieuse !È

 

3¡ ÇTroisime condition de la contrition : elle doit tre souveraine, c'est-ˆ-dire la plus grande de toutes les douleurs. Pourquoi ? ÇMon ami en voici la raison : elle doit tre proportionnŽe ˆ la grandeur de la perte que nous faisons et au malheur o le pŽchŽ nous jette. D'aprs cela, jugez quelle doit tre notre douleur, puisque le pŽchŽ nous fait perdre le ciel avec toutes ses douceurs. Ah ! que dis-je, il nous fait perdre notre Dieu avec toutes ses amitiŽs et nous prŽcipite en enfer qui est le plus grand de tous les malheursÈ.

 

ÇMais, pensez-vous, ˆ quels signes pourra-t-on distinguer si cette contrition est en nous ? Est-ce aux larmes que nous verserons ? Non... La contrition souveraine est la disposition de souffrir tous les maux, plut™t que de retomber dans les pŽchŽs que l'on vient de confesserÈ. On la reconna”tra donc aux sacrifices que nous ferons pour ne plus offenser Dieu, au changement qu'aura opŽrŽ en nous le sacrement, au tŽmoignage que rendront ceux qui nous ont vus et entendus avant la confession. Comme ce surintendant du palais impŽrial, dont il est parlŽ dans la vie de l'archevque de SŽleucie, saint SimŽon, qui aprs avoir eu le malheur d'apostasier, reconnut son crime et l'expia dans le sang du martyre, Çnous serons disposŽsÈ, par la gr‰ce de Dieu, Lj renoncer ˆ toutes faveurs, ˆ tous biens terrestres, ˆ donner ˆ Dieu mille viesÈ, s'il le fallait, Çpour lui prouver la sincŽritŽ de notre conversion, affirmer notre regret et notre amourÈ.

 

4¡ ÇLa contrition doit tre universelleÈ. C'est l'enseignement des saints, que si nous ne dŽtestons pas tous nos pŽchŽs mortels, Çils ne seront pardonnŽs ni les uns ni les autresÈ.

Saint SŽbastien fut mandŽ un jour par le gouverneur de Rome, Chrosmos, qui ÇgŽmissait depuis longtemps, couvert de plaies, sans avoir pu trouver un homme dans le monde pour le dŽlivrerÈ.

- ÇGuŽrissez-moi, lui dit le gouverneur, et je me ferai chrŽtienÈ.

- ÇJe vous promets de la part du Dieu que j'adore, rŽpondit le saint martyr, que ds que vous aurez brisŽ toutes vos idoles, vous serez parfaitement guŽriÈ. Le gouverneur les brisa toutes, moins une seule qu'il affectionnait plus que les autres ; et Çsa douleur Žtait plus violente que jamais. Tout en fureur, il va trouver le saint, en lui faisant les reproches les plus sanglants.

- Avez-vous brisŽ toutes vos idoles ?... rŽpliqua SŽbastien. Allez, brisez celle que vous avez conservŽe, et vous serez guŽriÈ. Le gouverneur la prend aussit™t, la brise et ˆ l'instant mme il recouvre la santŽ.

 

ÇVoilˆ, mes frres, un exemple qui nous retrace la conduiteÈ d'un grand Çnombre de pŽcheurs qui se repentent de certains pŽchŽs et non de tous, et qui, semblables ˆ ce gouverneur, bien loin de guŽrir les plaies que le pŽchŽ a faites ˆ leur pauvre ‰me, en font de plus profondes ; et, tant qu'ils n'auront pas fait comme lui, brisŽ cette idole, c'est-ˆ-dire rompu cette habitude de certains pŽchŽs, tant qu'ils n'auront pas quittŽ cette mauvaise compagnie, ce dŽsir de plaire, cet attachement excessif aux biens de la terre, leurs confessionsÈ au lieu de les guŽrir, les rendront plus coupables encore aux yeux de Dieu.

 

IV. - Comment obtenir la contrition ?

1¡ Il la faut demander ˆ Dieu. ÇLa contrition vient du ciel : c'est ˆ Dieu qu'il faut la demander. Les saints l'ont demandŽe ˆ Dieu, par le ježne, la prire, par toutes sortes de pŽnitences et de bonnes ÏuvresÈ. Faites de mme. ÇPeut-tre ne l'avez-vous jamais demandŽe avant de vous confesser... ou l'avez-vous demandŽe sans presque dŽsirer de l'avoir ?... È

Ç0 mon Dieu ! donnez-nous, s'il vous pla”t, cette contrition qui dŽchire et brise nos cÏurs. Oh ! cette belle contrition qui dŽsarme la justice de Dieu, qui change notre ŽternitŽ malheureuse en une ŽternitŽ bienheureuse ! Oh ! Seigneur, ne nous refusez pas cette contrition qui renverse tous les projets et les artifices du dŽmon, cette contrition qui nous rend si promptement votre amitiŽ !È Oh ! belle vertu, que tu es nŽcessaire, mais que tu es rare !

 

2¡ Demandons-la par les ‰mes du Purgatoire, Çqui, depuis tant d'annŽes, pleurent dans les flammes les pŽchŽs qu'elles ont commisÈ. Elles nous l'obtiendront.

 

3¡ ÇExcitons-la en nous. Imitons ce saint Žvque, mort dernirement, qui, chaque fois qu'il se prŽsentait au tribunal de la PŽnitence, pour avoir une vive douleur de ses pŽchŽs faisait trois stations : la premire en enfer, la seconde dans le ciel, la troisime sur le Calvaire.

ÇDÕabord, il portait sa pensŽe dans ces lieux dÕhorreur et de tourments ; il se figurait voir les damnŽs qui vomissaient des torrents de flammes par la bouche, qui hurlaient et se dŽvoraient les uns les autres : cette pensŽe lui glaait le sang dans les veines, il croyait ne pouvoir plus vivre ˆ la vue d'un tel spectacle, surtout en considŽrant que ses pŽchŽs lui avaient mille fois mŽritŽ ces supplices.

ÇDe lˆ, son esprit se transportait dans le ciel et il faisait la revue de tous ces tr™nes de gloire o Žtaient assis les Bienheureux. Il se reprŽsentait les larmes qu'ils avaient versŽes et les pŽnitences quÕils avaient faites pendant leur vie pour des pŽchŽs si lŽgers, et que lui-mme en avait tant commis et nÕavait encore rien fait pour les expier ; ce qui le plongeait dans une tristesse si profonde qu'il semblait que ses larmes ne pouvaient plus se tarir.

ÇNon content de tout cela, il dirigeait ses pas du c™tŽ du Calvaire et lˆ, ˆ mesure que ses regards se rapprochaient de la croix o un Dieu Žtait mort pour lui, les forces lui manquaient, il restait immobile ˆ la vue des souffrances que ses pŽchŽs avaient causŽes ˆ son Dieu. On l'entendait ˆ chaque instant rŽpŽter ces paroles avec des sanglots : ÇMon Dieu, mon Dieu ! puis-je encore vivre en considŽrant les douleurs que mes pŽchŽs Vous ont causŽes ?È

Voilˆ, mes frres, ce que nous pouvons appeler une vŽritable contritionÈ.

 

¤ Il. DU BON PROPOS

 

I. Qu'est-ce que le bon propos ; sa nŽcessitŽ.

Le bon propos Çest une ferme rŽsolution de ne plus pŽcher ˆ l'avenirÈ.

ÇIl faut que notre volontŽ soit dŽterminŽe et que ce ne soit pas un faible dŽsir de nous corriger ; nous n'obtiendrons jamais le pardon de nos pŽchŽs si nous n'y renonons pas de tout notre cÏur. Nous devons tre dans le mme sentiment que le saint Roi-prophte : ÇOui, mon Dieu, je vous ai promis d'tre fidle ˆ observer vos commandements ; j'y serai fidle avec le secours de Çvotre gr‰ceÈ Le Seigneur nous dit Lui-mme : Çque l'impie quitte la voie de ses iniquitŽs, et son pŽchŽ lui sera remisÈ. Il n'y a donc de misŽricorde ˆ espŽrer que pour celui qui renonce ˆ ses pŽchŽs de tout son cÏur et pour jamais, parce que Dieu ne nous pardonne qu'autant que notre repentir est sincre et que nous faisons tous nos efforts pour ne plus y retomber. D'ailleurs, ne serait-ce pas se moquer de Dieu que de lui demander pardon d'un pŽchŽ que l'on voudrait encore commettre ?È

 

Il. Marques du bon propos.

ÇLa premire c'est le changement de vie : c'est la moins sujette ˆ nous tromper. Venons-en ˆ l'explication :

ÇUne mre de famille s'accusera de s'tre souvent emportŽs contre ses enfants ou son mari. Aprs sa confession, allez la visiter dans l'intŽrieur de son mŽnage : il n'est plus question ni d'emportements ni de malŽdictions ; au contraire, vous ne voyez en elle que douceur, bontŽ, prŽvenance, mme pour ses infŽrieurs ; les croix, les chagrins et les pertes ne lui font pas perdre la paix de l'‰me. Savez-vous pourquoi cela ? Le voici : c'est que son retour ˆ Dieu a ŽtŽ sincreÈ, sa volontŽ de ne plus pŽcher ferme et solide, Çenfin, que la gr‰ce a pris de profondes racines dans son cÏur et qu'elle y porte des fruits en abondanceÈ.

 

ÇUne jeune fille viendra s'accuser d'avoir suivi les plaisirs du monde, les danses, les veillŽes et autres mauvaises compagnies. Aprs sa confession, si elle est bien faite, allez la demander dans cette veillŽe ou bien allez la chercher dans cette partie de plaisir, que vous dira-t-on ? ÇVoilˆ quelque temps, nous ne la voyons plus ; je crois que si vous voulez la trouver, il faut aller ou ˆ l'Žglise ou chez ses parentsÈ. En effet, allez chez ses parents, vous la trouverez, et ˆ quoi s'occupe-t-elle ? Est-ce ˆ parler de la vanitŽ comme autrefois ou ˆ se contempler devant une glace de miroir, ou bien ˆ fol‰trer avec des jeunes gens ? Oh ! non, ce n'est plus ici son ouvrage, elle a foulŽ aux pieds tout cela. Vous la verrez faire une lecture de piŽtŽ, soulager sa mre dans l'ouvrage du mŽnage, instruire ses frres et sÏurs, vous la verrez obŽissante et prŽvenante envers ses parents, elle aimera leur compagnie. Si vous ne la trouvez pas chez elle, allez ˆ l'Žglise : vous la verrez qui tŽmoigne ˆ Dieu sa reconnaissance d'avoir opŽrŽ en elle un si grand changement, car elle est retenue, sa modestie est peinte sur son front, sa seule prŽsence vous porte ˆ Dieu. Pourquoi tant de biens en cette ‰me ? Pourquoi ? C'est que sa douleur a ŽtŽ sincre, sa volontŽ de ne plus pŽcher ferme et solide et quÕelle a vŽritablement reu le pardon de ses pŽchŽs.

 

ÇUne autre fois, ce sera un jeune homme qui va s'accuser d'avoir ŽtŽ dans les cabarets et dans les jeux. Il a promis ˆ Dieu de tout quitter ce qui pourrait lui dŽplaire ; et autant il aimait les cabarets et les jeux, autant maintenant il les fuit. Avant sa confession, son cÏur ne s'occupait que de choses terrestres, mauvaises ; ˆ prŽsent, ses pensŽes ne sont que pour Dieu et le mŽpris des choses du monde. Tout son plaisir est de s'entretenir avec son Dieu et de penser aux moyens de sauver son ‰meÈ.

 

ÇVoilˆ les marques d'une vŽritable et sincre contrition, d'un bon propos ferme et solide ; Çsi aprs vos confessions, vous tes ainsi vous pouvez croire qu'elles ont ŽtŽ bonnes et que vos pŽchŽs sont pardonnŽs. Mais si vous faites le contraire de ce que je viens de dire : si quelques jours aprs ses confessions, l'on voit cette fille qui avait promis ˆ Dieu de quitter le monde et ses plaisirs, si je la vois, dis-je, dans les assemblŽes mondaines ; si je vois cette mre aussi emportŽe et aussi nŽgligente envers ses enfants et ses domestiques, aussi querelleuse avec ses voisins qu'avant sa confession ; si je retrouve de nouveau ce jeune homme dans les jeux et les cabaretsÈ, n'est-il pas ˆ craindre que leur ferme propos n'ait pas ŽtŽ vŽritable ? et alors dans quel Žtat sont ces pauvres ‰mes ?È

 

Deuxime marque du ferme propos : Çla fuite des occasions prochaines du pŽchŽ, comme sont les mauvais livres, les comŽdies, les bals, les danses, les peintures, les tableaux et les chansons dŽshonntes et la frŽquentation des personnes d'un sexe diffŽrent ; ou pour quelques-uns la frŽquentation du cabaretÈ, le commerce.

ÇQue doit faire une personne qui se trouve dans une de ces positions? Elle doit tout quitter, quoi qu'il en cožte, sans quoi point de salut. JŽsus-Christ nous dit que si notre Ïil ou notre main nous scandalisent, nous devons les arracher et les jeter loin de nous, parce que, nous dit-il, il vaut beaucoup mieux aller au ciel avec un bras et un Ïil de moins que d'tre jetŽ en enfer avec tout son corps ; c'est-ˆ-dire quoi qu'il nous en cožte, quelque perte que nous fassions, nous ne devons pas laisser que de les quitter, sans quoi, point, point de pardon !È

 

ÇTroisime marque du forme propos, c'est de travailler de tout son pouvoir ˆ dŽtruire ses mauvaises habitudes. L'on appelle mauvaise habitude la facilitŽ que l'on a de retomber dans ses anciens pŽchŽs.

ÇIl faut :

1¡ Veiller soigneusement sur soi-mme ;

2¡ Faire souvent des actions qui soient contraires aux pŽchŽs auxquels on est sujet.

ÇSommes-nous sujets ˆ l'orgueil, appliquons-nous ˆ pratiquer l'humilitŽ, soyons contents d'tre mŽprisŽs, ne cherchons jamais l'estime du monde, soit dans nos paroles, soit dans nos actions. Si nous faisons bien, reprŽsentons-nous que nous Žtions indignes que Dieu se servit de nous.

ÇSommes-nous sujets ˆ la colre ? Il faut pratiquer la douceur, soit dans nos paroles, soit dans la manire de nous comporter envers le prochain.

ÇSommes-nous sujets ˆ la sensualitŽ ? Mortifions-nous soit dans le boire, soit dans le manger, dans nos paroles, dans nos regards, imposons-nous quelques pŽnitences toutes les fois que nous retombons.

ÇHŽlas ! combien, nous dit saint Jean Chrysostome, qui ne font que des confessions de thŽ‰tre, qui cessent de pŽcher quelques instants sans quitter entirement le pŽchŽ, qui sont semblables ˆ ces comŽdiens qui, reprŽsentant des combats sanglants et opini‰tres, semblent se percer de coups mortels ! L'on en voit un qui est terrassŽ, Žtendu, perdant son sang. Il semblerait vŽritablement qu'il a perdu la vie ; mais attendez que la toile soit baissŽe, vous le verrez se relever plein de force et de santŽ, il sera tel qu'il Žtait avant la reprŽsentation de la pice. Voilˆ prŽcisŽment l'Žtat de beaucoup de personnes qui se prŽsentent au tribunal de la PŽnitence. A les voir soupirer et gŽmir sur les pŽchŽs dont elles s'accusent, vous diriez que vraiment elles ne sont plus les mmes, qu'elles se comporteront d'une manire tout autre qu'elles ne l'ont fait jusqu'ˆ prŽsent. Mais, hŽlas ! attendez, je ne dis pas cinq jours, mais un ou deux jours, vous les retrouverez les mmes qu'avant leur confession : mmes emportements, mme vengeance, mme gourmandise, mmes nŽgligences dans leurs devoirs de religion. HŽlas ! que de confessions inquiŽtantes !

 

Voulez-vous un modle de ferme propos ? ConsidŽrez I'Enfant prodigue : ÇFrappŽ de l'Žtat o ses dŽsordres l'ont plongŽ, il quitte sur-le-champ le pays o il a ŽprouvŽ tant de maux, ainsi que les personnes qui ont ŽtŽ pour lui une occasion de pŽchŽÈ.

Voulez-vous avoir le ferme propos ? Encore une fois : ÇTournez-vous du c™tŽ de cette croix o votre Dieu a ŽtŽ clouŽ par amour pour vous. C'est la vue de la croix qui fit verser tant de larmes ˆ sainte Madeleine; c'est la vue de la croix qui fit de la vie de Çces grands pŽnitentsÈ que citent saint Dominique et Rudolphe, Çune vie de larmes et de sanglotsÈ.

ÇPensez qu'une ‰me qui retombe dans le pŽchŽ, livre son Dieu au dŽmon, lui sert de bourreau et le crucifie sur la croix de son cÏur ; qu'elle s'arrache elle-mme d'entre les mains de son Dieu, se livre au dŽmon, perd le ciel et tourne ˆ sa condamnation les souffrances mme de JŽsus-Christ...È

Ah ! mon Dieu, qui pourrait recommettre le pŽchŽ, si l'on faisait toutes ces rŽflexions ?

Demandez sans cesse ˆ Dieu le ferme propos et Çne perdez jamais de vue que les damnŽs ne bržlent et ne pleurent dans les enfers que parce qu'ils ne se sont pas repentis de leurs pŽchŽs dans ce monde et qu'ils n'ont pas voulu les quitterÈ.

 

¤ III. DE LA CONFESSION. SES QUALITƒS.

 

ÇSi je demandais ˆ un enfant : Qu'est-ce que la confession ? Il me rŽpondrait simplement que c'est l'accusation de ses pŽchŽs faite ˆ un prtre approuvŽ, pour en recevoir l'absolution, c'est-ˆ-dire le pardon.

- Mais pourquoi me direz-vous, est-ce que JŽsus-Christ nous assujettit ˆ une accusation si humiliante, qui cožte tant ˆ notre amour-propre ?

- Mon ami, je vous rŽpondrai que c'est prŽcisŽment pour nous humilier que JŽsus-Christ nous y a condamnŽs. Il n'est pas douteux qu'il est pŽnible ˆ un orgueilleux d'aller dire ˆ un confesseur tout le mal qu'il a fait, tout celui qu'il a eu dessein de faire, tant de mauvaises pensŽes, tant de dŽsirs corrompus, tant d'actions injustes et honteuses qu'on voudrait pouvoir se cacher ˆ soi-mme. Mais vous ne faites pas attention que l'orgueil est la source de tous les pŽchŽs, et que tout pŽchŽ est une orgueilleuse rŽvolte de la crŽature contre le CrŽateur ; il est donc juste que Dieu nous ait condamnŽs ˆ cette accusation si humiliante pour un orgueilleux. Du reste regardons cette humiliation des yeux de la foi : est-ce donc une chose bien pŽnible que d'Žchanger une confession publique et Žternelle, avec une confession de cinq minutes qu'il nous faut pour dire nos pŽchŽs ˆ un ministre du Seigneur, pour regagner le ciel et l'amitiŽ de notre Dieu ?

- Pourquoi est-ce, me direz- vous, qu'il y en a qui ont tant de rŽpugnance pour la confession ?...

- HŽlas ! C'est que les uns ont presque perdu la foi, les autres sont orgueilleux et d'autres ne sentent plus les plaies de leur pauvre ‰me, ni les consolations que la confession procure ˆ un chrŽtien qui s'en approche dignement... Mon Dieu ! quel aveuglement de ne pas faire cas d'un moyen si facile et si efficace pour gagner un bonheur infini, en se dŽlivrant du plus grand de tous les malheurs qui est la colre Žternelle !È

 

Quelles qualitŽs doit avoir la confession ? Et Çque devez-vous absolument savoirÈ ˆ ce sujet ?

 

1¡ En premier lieu, je dis que la confession doit tre humble, c'est-ˆ-dire que nous devons nous regarder, au tribunal de la PŽnitence, comme des criminels devant leur juge, qui est Dieu lui-mme :

a) ÇNous devons accuser nous-mmes nos pŽchŽs, sans attendre que le prtre nous interroge, ˆ l'exemple de David qui disait : ÇOui, mon Dieu, j'accuserai moi-mme mes pŽchŽs au SeigneurÈ.

b) ÇNous ne devons pas faire comme font beaucoup de pŽcheurs, qui racontent leurs pŽchŽs comme une histoire indiffŽrente, qui ne montrent ni douleur ni regret d'avoir offensŽ Dieu.

c) ÇSi le confesseur se voit forcŽ de vous faire quelques remontrances qui blessent un peu votre amour-propre, s'il vous impose quelque pŽnitence qui vous rŽpugne, ou mme s'il vous diffre l'absolution : prenez garde de ne jamais murmurer, et moins encore de vous disputer avec lui, en lui rŽpondant avec arrogance, comme font quelques pŽcheurs endurcis, qui mme sortiront de l'Žglise en colre, sans se mettre ˆ genoux ; soumettez-vous humblement.

ÇN'oubliez jamais que le tribunal de la PŽnitence o le prtre est assis, c'est vŽritablement le tribunal de JŽsus-Christ ; qu'Il Žcoute votre accusation, qu'll vous interroge, qu'll vous parle et qu'Il prononce la sentence de l'absolutionÈ.

Je dis qu'il faut s'accuser Çavec humilitŽÈ, c'est-ˆ-dire Çne jamais rejeter ses fautes sur les autresÈ, comme font plusieurs ˆ confesse, semblables ˆ Adam qui s'excusa sur Eve, et Eve sur le serpent.

ÇAu lieu de s'avouer humblement coupables, en disant que ce n'est que par leur faute qu'ils ont pŽchŽ, ils font tout le contraire. Un homme sujet ˆ la colre s'excusera sur sa femme et ses enfants ; un ivrogne, sur la compagnie qui l'a sollicitŽ ˆ boire, un vindicatif, sur une injure qui lui a ŽtŽ faite ; un mŽdisant, sur ce qu'il ne dit que la vŽritŽ ; un homme qui travaille le dimanche, sur ses affaires qui pressent ou qui se g‰tent. Une mre qui fait manquer les prires ˆ ses enfants, s'excusera sur ce quÕelle n'a pas eu le temps. Dites-moi, mes frres, est-ce une confession humble ? Vous voyez clairement que non. ÇMon Dieu, disait le saint roi David, mettez, s'il vous pla”t, une garde ˆ ma bouche, afin que la malice de mon cÏur ne trouve point d'excuses ˆ mes pŽchŽsÈ.

 

2¡ ÇJe dis qu'il faut que notre confession soit simple pour tre bonne et capable de nous regagner l'amitiŽ du bon Dieu.

a) ÇIl faut Žviter toutes ces accusations inutiles, tous ces scrupules qui font dire cent fois la mme chose, qui font perdre le temps au confesseur, fatiguent ceux qui attendent pour se confesser et Žteignent la dŽvotion.

b) ÇIl faut se montrer tel que l'on est par une dŽclaration sincre ; il faut accuser ce qui est douteux comme douteux, ce qui est certain comme certain ; par exemple : si vous disiez que vous ne vous tes pas arrtŽ ˆ de mauvaises pensŽes, tandis que vous doutez que vous y ayez pris plaisir, ce serait manquer de sincŽritŽ. Dire que ce que vous avez pris ne vaut que tant, pensant que peut-tre cela valait plus; ou bien dire ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir oubliŽ un pŽchŽ grave dans une de mes confessionsÈ, tandis que c'Žtait par une mauvaise honte ou par nŽgligence : ces manires de vous excuser seraient cause que vous Çferiez une mauvaise confessionÈ.

ÇJe dis encore que c'est manquer de sincŽritŽ que d'attendre que le confesseur vous interroge sur certains pŽchŽs ; si vous aviez eu la volontŽ de ne pas le dire, il ne suffirait pas de le dŽclarer parce que le confesseur vous le demande, il faudrait encore dire : ÇMon Pre, si vous ne m'aviez pas interrogŽ sur ce pŽchŽ, je ne vous l'aurais pas ditÈ.

ǃvitez, mes frres, Žvitez tous ces dŽguisements : que votre cÏur soit sur vos lvres. Vous pouvez bien tromper votre confesseur, mais rappelez-vous bien que vous ne tromperez pas le bon Dieu, qui voit et conna”t vos pŽchŽs mieux que vous. Si quelquefois le dŽmon, ce maudit Satan, vous tentait pour vous faire cacher ou dŽguiser quelque pŽchŽ, faites vite cette rŽflexion : ÇMais je vais me rendre encore bien plus coupable que je n'Žtais ; je vais commettre un pŽchŽ bien plus affreux que celui que je vais cacher, puisque ce sera un sacrilge ; je puis bien le cacher au prtre, mais non ˆ Dieu ; t™t ou tard il faudra bien que je le dŽclare, ou que j'aille Žternellement bržler dans les enfers. Il me faudra avoir une petite humiliation en le dŽclarent, il est vrai; mais qu'est cela en comparaison de cette confession publique et Žternelle ? Un malade, devez-vous dire, qui dŽsire sa guŽrison, ne craint pas de dŽcouvrir les maladies les plus honteuses et les plus secrtes, afin d'y faire appliquer les remdes ; et moi, je craindrais de dŽcouvrir les plaies de ma pauvre ‰me ˆ mon mŽdecin spirituel, afin de la guŽrir ! Si vous ne vous sentez pas le courage de dŽclarer certains pŽchŽs, dites au prtre : ÇMon Pre, j'ai un pŽchŽ que je n'ose pas vous dire, aidez-moi, s'il vous pla”tÈ. Quoique cette disposition soit imparfaite, nŽanmoins cela vous le fera accuser ; ce qui est absolument nŽcessaireÈ.

 

3¡ ÇEn troisime lieu, je dis que la confession doit tre prudente : cela veut dire qu'il faut accuser ses pŽchŽs en termes honntes ; ensuite, qu'il ne faut pas faire conna”tre les pŽchŽs des autres sans nŽcessitŽ. Je dis sans nŽcessitŽ, parce qu'il est quelquefois nŽcessaire de les faire conna”tre, quand on ne peut pas faire autrement, comme par exemple vous avez eu le malheur de commettre un pŽchŽ contre la sainte vertu de puretŽ, et cela avec un de vos parents ; il faut bien dire cette circonstance. Vous vous trouvez dans une maison o il y a une personne qui vous porte au mal, vous tes encore obligŽ de le dire, parce que vous vous trouvez dans l'occasion prochaine du pŽchŽ. Mais en disant cela, il faut avoir en vue d'accuser vos pŽchŽs et non ceux des autres.

 

4¡ ÇEn quatrime lieu, je dis qu'il faut que la confession soit entire, c'est-ˆ-dire qu'il faut dŽclarer tous ses pŽchŽs mortels, leur nombre, l'espce et les circonstancesÈ qui changent l'espce.

ÇJe dis d'abord les pŽchŽs mortels. Quant aux pŽchŽs vŽniels o l'on tombe si souvent, l'on n'est pas obligŽ de s'en confesser, parce que ces pŽchŽs ne font pas perdre la gr‰ce et l'amitiŽ du bon Dieu, et qu'on peut en obtenir le pardon par d'autres moyens, je veux dire par la contrition du cÏur, la prire, le ježne, l'aum™ne et le saint sacrifice. Mais le saint Concile de Trente nous enseigne qu'il est trs utile de s'en confesser. En voici les raisons :

1¡ nous en recevons beaucoup plus sžrement le pardon par le sacrement de PŽnitence ;

2¡ la confession de nos pŽchŽs vŽniels nous rend plus vigilants sur nous-mmes ;

3¡ les avis du confesseur peuvent beaucoup nous aider ˆ nous corriger ;

4¡ l'absolution que nous recevons, nous donne des forces pour nous les faire Žviter.

 

Mais si nous nous en confessons, il faut le faire avec regret et dŽsir sincre de nous en corriger. Il est bon, selon le conseil de saint Franois de Sales, lorsque vous n'avez que des pŽchŽs vŽniels ˆ vous reprocher, de vous accuser, ˆ la fin de votre confession, d'un gros pŽchŽ de votre vie passŽe, en disant : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir commis autrefois tel pŽchŽÈ, en le disant comme si vous ne l'aviez jamais confessŽ.

 

ÇJe dis qu'il fautÈ dŽclarer autant que possible Çle nombreÈ de ses pŽchŽs mortels.

Si vous aviez commis trois fois un pŽchŽ et que volontairement vous ne disiez que deux fois, celui que vous laisseriez serait cause que votre confession serait un sacrilge.

Il y en a qui a se contentent de dire ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir mŽdit, d'avoir jurŽÈ. - Ç Mais combien de fois ?È leur dira le prtre. – ÇPas souvent, toujours quelquefoisÈ. Est-ce lˆ, mes frres, une confession entire?

ÇPar exemple encore, si vous disiez : Mon Pre, je m'accuse d'avoir manquŽ la messe, d'avoir volŽ, d'avoir fait des choses dŽshonntes : tout cela ne serait pas suffisant ; il faut dire combien de fois vous avez commisÈ ces pŽchŽs.

ÇSavez-vous, mes frres, quand il est permis de dire Çenviron, ˆ peu prsÈ? C'est lorsque vous faites une longue confession, qu'il vous est impossible de dire au juste combien de fois vous avez fait tel pŽchŽ : alors, voici ce que vous faites, vous dites combien de temps a durŽ l'habitude, combien de fois ˆ peu prs vous y tes tombŽ par semaine, par mois ou par jour ; si l'habitude a ŽtŽ interrompue pendant quelque temps ; et de cette manire vous approchez du nombre autant que vous le pouvez. Si malgrŽ tous les soins que vous avez donnŽs ˆ votre examen, il vous est restŽ quelques pŽchŽs, votre confession ne laisserait pas d'tre bonne, il vous suffirait de dire dans votre prochaine confession : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir oubliŽ involontairement tel pŽchŽ dans ma dernire confessionÈ ; il est ainsi compris avec ceux que vous avez accusŽs. C'est pour cela que quand vous vous accusez, vous dites : ÇMon Pre, je m'accuse de ces pŽchŽs et de ceux dont je ne me souviens pasÈ.

 

ÇJe disÈ ensuite qu'il faut dŽclarer Çl'espceÈ de ses pŽchŽs mortels. ÇCe n'est pas assez de dire en gŽnŽral que l'on a beaucoup pŽchŽ, mais il faut encore dire quelles sont ces sortes de pŽchŽs que l'on accuse, si c'est vol, mensonge, impuretŽ et le reste.

Je dis enfin qu'il faut dŽclarer les circonstances qui changent l'espce du pŽchŽ, Çc'est-ˆ-dire qui font un pŽchŽ d'une autre nature. Par exemple : commettre l'impuretŽ avec une personne mariŽe, c'est un adultre ; avec une parente, c'est un inceste. Celui qui fait quelque pŽchŽ, qui jure le saint nom de Dieu, tient des propos dŽshonntes, travaille le dimanche, mange de la viande les jours dŽfendus, en prŽsence de plusieurs personnes, devant ses enfantsÈ, ajoute ˆ tous ces pŽchŽs la malice du scandale. A ÇmŽdire par haine, par envie, par ressentimentÈ, il y a deux pŽchŽs, l'un contre le huitime commandement, l'autre contre le cinquime.

ÇVoilˆ des circonstances qu'il faut dŽclarer ; sans quoi vous vous exposez ˆ faire des confessions au moins fort douteuses.

 

Telles sont Çles qualitŽs que doit avoir une confession pour tre bonne. C'est maintenant ˆ vous d'examiner si vos confessions passŽes ont ŽtŽ accompagnŽes de ces qualitŽs. Si vous vous trouvez coupables, ne perdez pas de temps : peut-tre que le moment o vous vous promettez de revenir sur vos pas, vous ne serez plus de ce monde.

 

¤ IV. - DE L'EXAMEN DE CONSCIENCE.

 

Son importance.

- ÇL'examen est la recherche, avec un soin raisonnable, des pŽchŽs que nous avons commisÈ.

Si, par suite d'une nŽgligence grave dans votre examen de conscience Çvous laissiez quelque pŽchŽ mortel, quand mme, vous l'auriez dit si vous l'aviez connu, cela n'empcherait pas que votre confession ne soit un sacrilgeÈ.

 

MANIéRE DE LE FAIRE.

 

Pour bien s'examiner :

 

1¡ Il faut se recueillir, choisir si l'on peut, un lieu solitaire et faire le silence autour de soi ; Çretirer son coeur et son esprit de toute affaire temporelle, je veux dire ne plus penser ni ˆ son commerce, ni ˆ son mŽnage ; descendre dans son coeur, avec un flambeau d'une main et une balance de lÕautre, pour examiner le nombre, les circonstances et peser toute la malice de ses pŽchŽsÈ.

 

2¡ Il faut implorer les lumires du Saint- Esprit.

a) ÇUn des effets, les plus funestes du pŽchŽ, c'est d'aveugler d'une manire si affreuse celui qui le commet, qu'il ne se conna”t nullement, et, bien plus, quÕil ne cherche mme pas ˆ se conna”treÈ. TŽmoin David qui n'ouvrit les yeux sur son double crime que devant les reproches du prophte Nathan ; il ne vit qu'alors l'ab”me dans lequel il Žtait tombŽ depuis un an

b) ÇEn second lien, nous avons bien besoin des lumires du Saint-Esprit, parce que notre cÏur est le sige de l'orgueil, qui ne cherche que les moyens de nous reprŽsenter nos pŽchŽs moindres qu'ils ne sont.

ÇN'Žtant de nous-mmes, que tŽnbresÈ, demandons ˆ Dieu, Çavec une humilitŽ profonde et une grande confiance en son infinie bontŽÈ, de nous conna”tre tels que nous sommes ; Çfaisons, pour cela, quelque bonne action, comme d'entendre la sainte messe, quelques petites privations dans nos repas, dans notre sommeil, et commenons ˆ flŽchir la justice du bon Dieu en lui offrant nos peines de la journŽeÈ.

 

3¡ Il faut donner ˆ l'examen le temps et l'application convenables.

ÇIl n'est gure possible de dŽterminer le temps que nous devons y employer ; mais il n'est pas douteux que ceux qui se confessent rarement doivent y mettre plus de temps que ceux qui se confessent souvent.

Donnons-y Çl'application que nous apporterions ˆ une affaireÈ dont nous aurions ˆ coeur le succs. Ç Une bonne confession nous rend le ciel et l'amitiŽ de notre Dieu ; une mauvaise nous chasse du Paradis et nous prŽcipite au fond des enfers. Cette seule pensŽe doit nous faire comprendre le temps et le soin que nous devons y apporter pour la faire saintementÈ.

ÇLorsque vous pensez ˆ vous approcher du sacrement de PŽnitence, apportez, si vous le pouvez, la mme diligence que celle avec laquelle JŽsus-Christ nous examinera au grand jour. Craignez, avec le saint roi David que, malgrŽ tous les soins que vous prendrez pour vous examiner, vous ne laissiez encore bien des pŽchŽs que vous ne conna”trez qu'ˆ la mort pour en rendre compte. Dites souvent avec lui : ÇMon Dieu, pardonnez moi les pŽchŽs que je ne connais pasÈ.

 

Matiére de l'examen.

 

ǃtant seuls et en la prŽsence de Dieu, il faut commencer notre examen de conscience et rechercher tous nos pŽchŽs.

 

a) ÇExaminez-vous sur vos confessions passŽes et voyez si vous avez accusŽ tous vos pŽchŽs mortels avec une vŽritable douleur d'avoir offensŽ Dieu et un ferme propos de vous corriger et de quitter, non seulement le pŽchŽ, mais encore l'occasion prochaine du pŽchŽ.

ÇVoyez si vous avez bien fait votre pŽnitence dans le temps qu'on vous l'avait ordonnŽe ; si vous avez fait toute rŽparation et les restitutions que vous pouviez ou deviez faire.

 

b) ÇSuivez les commandements de Dieu et ceux de lÕEglise et les pŽchŽs capitaux, et voyez comment et en combien de manires vous avez pŽchŽ contre ces commandements. Remarquez avec soin, sans vous presser, en quoi vous vous en tes ŽcartŽs par pensŽes, par dŽsirs, par action, par omission. Pour vous faciliter cette recherche, examinez quelles sont vos occupations les plus ordinaires, les lieux o vous allez, les personnes que vous voyez.

 

c) ÇExaminez-vous sur les devoirs de votre Žtat, c'est ˆ quoi beaucoup de personnes ne font pas attention.

- Mais me direz-vous, comment faut-il s'examiner sur ce point ?

- Cela n'est pas bien difficile. Vous savez bien ˆ quoi vous vous occupez, qui sont ceux qui sont sous votre conduite, dont Dieu vous demandera compte un jour.

Etes-vous pre ou mre de famille ? Eh bien ! examinez comment vous vous tes conduits envers vos enfants. Avez-vous eu soin de leur apprendre leurs prires ds qu'ils ont commencŽ ˆ parler ? Leur avez-vous inspirŽ le respect qu'ils devaient avoir en la prŽsence de Dieu ? Leur avez-vous appris les principaux mystres de la religion, nŽcessaires pour tre sauvŽs ? Ne les avez-vous pas laissŽs dans une ignorance crasse, ne prenant pas tant ˆ coeur le salut de leur ‰me que la conservation de vos btes ?

ÇAvez-vous nŽgligŽ de les corriger, les voyant offenser le bon Dieu ? En avez-vous ri au lieu de les ch‰tier chrŽtiennement ? Leur avez-vous donnŽ le mauvais exemple en vous mettant en colre, en vous disputant avec votre mari, vos voisins ou voisines ? N'avez-vous pas mŽdit ou calomniŽ en leur prŽsence ? Leur avez-vous appris ˆ ne jamais mŽpriser les pauvres, en les habituant eux-mmes ˆ faire l'aum™ne ? Avez-vous fait tout ce que vous avez pu pour les rendre agrŽables ˆ Dieu et assurer leur salut ? Avez-vous priŽ le bon Dieu pour eux ?È

Si vous avez des domestiques, vous avez aussi des devoirs ˆ remplir ˆ leur Žgard ; les domestiques en ont envers leurs ma”tres, les ouvriers envers ceux qui les emploient. ÇQue chacun sonde sa conscience afin de pouvoir se conna”tre, au tribunal de la PŽnitence, aussi coupable qu'il est.

 

a) ÇExaminez-vous sur les pŽchŽs d'omission : presque personne n'y pense. Par exemple : pouvant faire l'aum™ne, avez-vous nŽgligŽ de la faire ? Pouvant rendre quelque service ˆ votre prochain, l'avez-vous refusŽ ? Vos enfants et vos domestiques vous ont-ils vu manquer la messe, les vpres, vos prires le matin et le soir ?

 

b)ÇExaminez-vous sur vos pŽchŽs d'habitude, dites combien de temps cette habitude a durŽ.

ÇSur chaque pŽchŽ que l'on dŽcouvre, il faut encore examiner les circonstances nŽcessaires pour les bien faire conna”tre, et le nombre de fois que l'on y est tombŽ.

ÇVous conviendrez avec moi que, pour un tel examen, il faut du temps, de l'application et de l'instruction.

ÇHŽlas ! combien de pŽcheurs qui s'aveuglent quand ils n'ont pas ces gros pŽchŽs que souvent mme des pa•ens honntes ne commettraient pas ! Ils n'ont rien ˆ dire. Cependant on les verra vivant dans une nŽgligence habituelle de leur salut : et ils n'ont rien ! HŽlas ! C'est qu'ils ne veulent pas se donner la peine de descendre dans leur cÏur, o ils trouveraient de quoi les faire mourir d'horreurÈ. Qu'une personne extrmement contrefaite et laide se regarde attentivement dans un miroir, elle se trouvera si laide et si affreuse, quÕelle ne pourra mme par y penser sans horreur : beaucoup de pŽcheurs sont tranquilles parce qu'ils ferment les yeux sur l'Žtat de malheur o est rŽduite leur pauvre ‰me, parce qu'ils ne veillent pas assez sur eux-mmes ; ils ne veulent pas chercher leurs fautes, parce qu'ils ne veulent pas changer de vie. Que s'ensuit-il de lˆ, sinon une cha”ne de confessions nulles ou Çsacrilges ?È

ÇQue devez-vous faire pour Žviter un si grand malheur ?

ÇAyez un grand soin de vous bien faire instruire de vos devoirs ; et, pour cela, soyez assidus et attentifs aux instructions, catŽchismes, lectures de piŽtŽ.

ÇSoyez de bonne foi avec vous-mmes, ayez une volontŽ ferme de sauver votre pauvre ‰me.

ÇPrenez l'habitude de vous examiner ˆ midi et le soir comment vous avez passŽ la journŽe.

ÇLe dimanche, rappelez ˆ votre mŽmoire les plus gros pŽchŽs de la semaine.

ÇEn suivant cette marche, vous n'oublierez pas vos pŽchŽs ; vous les rappelant, vous ne pourrez pas vous empcher de les dŽtester et de faire tous vos efforts pour vous en corrigerÈ : vous serez toujours prts ˆ vous confesser.

 

¤ V. - DE L'ABSOLUTION.

 

ÇSi vous me demandez ce que c'est que l'absolution, je vous dirai que c'est un jugement que le prtre prononce au nom et par l'autoritŽ de JŽsus-Christ, et par lequel nos pŽchŽs sont aussi remis, aussi effacŽs que si nous ne les avions jamais commis, pourvu que nous les confessions avec les dispositions que demande ce sacrement. Ah ! qui de nous pourra s'empcher d'admirer l'efficacitŽ de ce jugement de misŽricorde ? 0 moment heureux pour un pŽcheur converti !... A peine le ministre a-t-il prononcŽ ces paroles : ÇJe vous absous de vos pŽchŽsÈ, que l'‰me est lavŽe, purifiŽe de toutes ses souillures, par le sang prŽcieux qui coule sur elle. Mon Dieu ! Que Vous tes bon pour les pŽcheurs ! Oh ! Qu'il en a cožtŽ ˆ ce divin sauveur pour donner l'efficacitŽ ˆ ces paroles ! Que de tourments, que d'opprobres et quelle mort douloureuse !

 

ÇMais nous sommes si aveugles, si grossiers, si peu spirituels, que la plupart croient qu'il ne tient qu'au prtre de donner ou de refuser l'absolution comme il lui pla”t. Non, nous nous trompons grossirement ; un ministre du sacrement de PŽnitence n'est que le dispensateur des gr‰ces et des mŽrites de JŽsus-Christ ; il ne peut les donner que selon les rgles qui lui sont prescrites.

ÇSi vous dŽsirez savoir quand on doit vous diffŽrer ou refuser l'absolution, le voici : Žcoutez-le bien et gravez-le dans votre cÏur, afin que, chaque fois que vous irez vous confesser, vous puissiez conna”tre si vous mŽritez d'tre absous ou renvoyŽs.

Je trouve sept raisons qui doivent porter le prtre ˆ vous diffŽrer l'absolution. C'est l'ƒglise elle-mme qui a donnŽ ces rgles sur lesquelles le prtre ne doit pas passer ; s'il les dŽpasse, malheur ˆ lui et ˆ celui qu'il conduit : c'est un aveugle qui en conduit un autre. Le devoir du ministre est de bien appliquer ces rgles, et le v™tre, de ne jamais murmurer lorsqu'il ne vous donne pas l'absolution. Si un prtre vous la refuse, c'est parce qu'il vous aime et qu'il dŽsire vŽritablement sauver votre pauvre ‰me.

 

1¡ÇJe dis que ceux qui ne sont pas assez instruits ne mŽritent pas l'absolution ; le prtre ne doit pas la leur donner, et ne le peut sans se rendre coupable, parce que tout chrŽtien est obligŽ de conna”tre JŽsus-Christ avec ses mystres, avec sa doctrine, ses lois et ses sacrements. Saint Charles BorromŽe, archevque de Milan, nous dit expressŽment qu'on ne doit pas donner l'absolution ˆ ceux qui ne connaissent pas les principaux mystres du Christianisme et les obligations particulires de leur Žtat, Çsurtout, nous dit-il, quand on reconna”t que leur ignorance vient de leur indiffŽrence pour le salutÈ. Les lois de l'ƒglise dŽfendent de donner l'absolution aux pres et mres, aux ma”tres et ma”tresses qui n'instruisent pas leurs enfants ou leurs domestiques, ou qui ne les font pas instruire par d'autres de tout ce qui est nŽcessaire pour tre sauvŽ ; qui ne veillent pas sur leur conduite, qui nŽgligent de les corriger de leurs dŽsordres et de leurs dŽfautsÈ.

Ici le Saint CurŽ expose longuement tout ce qu'un chrŽtien doit savoir pour tre sauvŽ : l'oraison dominicale, la salutation angŽlique, le symbole, les commandements de Dieu et de l'ƒglise, les sacrements, les actes des vertus thŽologales et de contrition. Et il ajoute : ÇEh ! bien, si je vous avais interrogŽs, auriez-vous bien rŽpondu ˆ tout cela ?... Si vous ne savez pas tout ce que je viens de vous dire, vous n'tes pas suffisamment instruitsÈ.

Et encore ne suffit-il pas de savoir des mots ; Çmais il faut que, si l'on vous interroge, vous puissiez rendre compte de l'explication de chaque article en particulier et de ce qu'ils veulent dire.

 

2¡ ÇJe dis que l'on doit diffŽrer l'absolution ˆ ceux qui ne donnent aucune marque de contritionÈ. Ces marques, quelles sont-elles ? ÇLes promesses et les protestations ?È Non. ÇL'expŽrience nous apprend que nous ne devons gure nous y fier, Tous nous disent qu'ils sont f‰chŽs d'avoir offensŽ le bon Dieu, qu'ils veulent se corriger tout de bon, et que s'ils viennent se confesser, ce n'est que pour cela. Et moins de huit jours aprs avoir ŽtŽ absous, ils oublient toutes leurs promesses et retournent ˆ leurs mauvaises habitudesÈ.

La vraie marque de contrition est l'effort accompli pour changer de conduite ; Çsans cela, nous n'avons pas mŽritŽ l'absolution, et il y a tout lieu de croire que nous n'avons fait qu'une confession nulle ou sacrilge. Ah ! si du moins toutes les trente absolutions, il y en avait une de bonne, que le monde serait bient™t converti !

 

3¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution ˆ tous ceux qui conservent des haines, des ressentiments dans leur cÏur, qui refusent de pardonner ; de sorte qu'il faut bien prendre garde de ne jamais recevoir l'absolution lorsque vous avez quelque chose contre votre prochain.

 

4¡ ÇJe dis que l'on doit traiter de mme ceux qui ont fait quoique tort au prochain et qui refusent de rŽparer le mal qu'ils ont fait ou dans sa personne ou dans ses biens. L'on ne peut pas mme donner l'absolution ˆ une personne qui, Žtant ˆ l'article de la mort, peut restituer elle-mme et se contente de dire ˆ ses hŽritiers de le faire ˆ sa place. Tous les Pres disent que, pour celui qui a du bien d'autrui, qui pourrait le rendre et qui ne le rend pas, il n'y a point de pardon ni de salut ˆ espŽrer.

 

5¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution ˆ ceux qui sont dans l'occasion prochaine de pŽcher, et qui refusent d'en sortir. Le prtre ne doit et ne peut, sans se damner, leur donner l'absolution, ˆ moins qu'ils ne promettent de renoncer ˆ ces occasions et de les quitter.

 

6¡ ÇJe dis que l'on doit refuser l'absolution ˆ ceux qui sont scandaleux; qui, par leurs paroles, leurs conseils et leurs exemples pernicieux portent les autres au pŽchŽ. Tels sont ces mauvais chrŽtiens qui tiennent dans leurs maisons des veillŽes, des danses, des jeux dŽfendus ; qui ont des tableaux dŽshonntes ou de mauvais livres ; comme sont encore les personnes du sexe qui se parent dans l'intention de plaire et qui, par leurs regards, leurs manires, font commettre tant de fornications et d'adultres de cÏur. Un confesseur, dit saint Charles, doit refuser l'absolution ˆ toutes ces personnes, puisqu'il est Žcrit : ÇMalheur ˆ celui par qui le scandale arriveÈ

 

7¡ÇJe dis que l'on doit diffŽrer l'absolution aux pŽcheurs d'habitude, qui retombent depuis longtemps, dans les mmes pŽchŽs, qui ne font point ou du moins font bien peu d'efforts pour se corriger. Quand il n'y a point de changement ni d'amendement dans une personne qui se confesse, sa pŽnitence est fausse et trompeuse. Le saint Concile de Trente nous ordonne de ne donner l'absolution, qu'ˆ ceux en qui l'on voit la cessation du pŽchŽ, la haine et la dŽtestation du passŽ, la rŽsolution et le commencement d'une vie nouvelle.

ÇVoilˆ, mes frres, les rgles dont un confesseur ne peut s'Žcarter, sans se perdre lui-mme et ses pŽnitentsÈ.

 

 

¤ VI. – DE LA SATISFACTION.

 

La satisfaction, est la rŽparation que l'on doit ˆ Dieu et au prochain pour les pŽchŽs qu'on a commis

 

Rƒparation que l'on doit ˆ Dieu.

 

ÇDepuis le commencement du monde, nous voyons partout que Dieu, en pardonnant le pŽchŽ, a toujours voulu une satisfaction temporelle, qui est un droit que sa justice demande. Sa misŽricorde pardonne, mais sa justice veut tre satisfaite en quelque petite choseÈ.

Dieu, il est vrai, Çn'Žcoute, au baptme, que sa misŽricorde et nous pardonne sans rien exiger de nousÈ ; mais, Çdans le sacrement de PŽnitence, il ne nous remet nos pŽchŽs et ne nous rend la gr‰ce qu'ˆ condition que nous subirons une peine temporelle, ou dans ce monde ou dans les flammes du PurgatoireÈ.

Pourquoi ?

a) ÇAfin de nous punir du mŽpris et de l'abus de ses gr‰ces.

 

b) ÇPour nous prŽserver de retomber dans le pŽchŽ : nous rappelant ce que nous avons endurŽ pour les pŽchŽs dŽjˆ confessŽs, nous n'aurons pas le courage d'y retournerÈ.

 

c) Notre-Seigneur Çveut que nous unissions nos pŽnitences aux siennesÈ.

Or, quelle est la satisfaction que Dieu exige de nous Çpour rŽparer les injures que nos pŽchŽs lui ont faitesÈ?

 

La Pƒnitence sacramentelle.

 

Avant tout, Çla pŽnitence que le confesseur nous impose ; elle fait partie du sacrement. Si l'on n'Žtait pas dans l'intention de l'accomplir, la confession serait sacrilge.

ÇNous devons la recevoir avec joie et reconnaissance. Si nous pensions ne pas pouvoir la faire, il faudrait reprŽsenter humblement au confesseur nos raisons ; s'il les trouve bonnes, il nous la changera... Mais nous ne devons jamais la changer de nous-mmes. Vous trouvez vos pŽnitences longues ou difficiles ; mais vous n'y pensez pas ! Comparez-les donc ˆ celles de l'enfer que vous avez mŽritŽes. HŽlas ! avec quelle joie un pauvre damnŽ ne recevrait-il pas jusqu'ˆ la fin du monde les pŽnitences que l'on vous donne, et encore de bien plus rigoureuses, si, ˆ ce prix, il pouvait terminer son supplice !

ÇNous devons accomplir la pŽnitence que le confesseur nous impose, Ce n'est qu'ˆ cette condition que Dieu rend sa gr‰ce au pŽcheur et que le prtre, en son nom, lui remet ses pŽchŽs. Ne serait-ce pas une impiŽtŽ de ne pas faire la pŽnitence et d'espŽrer encore le pardon ? Ce serait aller contre la raison ; ce serait vouloir la rŽcompense sans qu'il en cožte rien.

ÇQue penser de ceux qui ne font pas leur pŽnitence ? S'ils n'ont pas encore reu l'absolution, ce sont des personnes qui n'ont pas mme le dŽsir de se convertir, puisqu'elles refusent les moyens ˆ prendre pour cela. Mais quand le pŽnitent a reu l'absolution et qu'il a nŽgligŽ sciemment et volontairement sa pŽnitence, c'est un pŽchŽ mortel si les pŽchŽs qu'il a confessŽs Žtaient mortels.

ÇIl faut accomplir la pŽnitence tout entire, ne rien laisser de tout ce qu'on nous a donnŽ ; nous devrions plut™t ajouter ˆ celle que le confesseur nous a imposŽe. Saint Cyprien nous dit que la pŽnitence doit Žgaler la faute, que le remde ne doit pas tre moindre que le mal. Mais, dites-moi, quelles sont les pŽnitences que l'on donne ? Quelques chapelets, quelques litanies, quelque aum™ne, de petites mortifications. Toutes ces choses ont-elles quelque proportion avec nos pŽchŽs qui mŽritent des tourments qui ne finiront jamais ?

ÇIl y en a qui font leur pŽnitence en marchant ou assis : cela n'est pas ˆ faire. Votre pŽnitence, vous devez la faire ˆ genoux, ˆ moins que le prtre ne vous dise que vous pouvez la faire ou en marchant, ou assis. Si cela vous est arrivŽ, vous devez vous en confesser.

ÇIl faut la faire au temps marquŽ, sans quoi vous pŽchez, ˆ moins que vous ne puissiez pas faire autrement, et le dire ˆ votre confesseur quand vous retournerez. Par exemple, il vous aura ordonnŽ de faire une visite au Saint Sacrement aprs les offices, parce qu'il sait que vous allez dans des compagnies qui ne vous porteront pas au bon Dieu, et vous la faites un autre jour ou dans une autre circonstance ; il vous aura commandŽ de faire un acte de contrition si vous avez le malheur de retomber dans le pŽchŽ que vous avec dŽjˆ confessŽ, et vous ne le rŽcitez que longtemps aprs, ou bien vous attendez, pour faire votre pŽnitence, le moment o vous tes prs d'aller vous confesser : vous comprenez aussi bien que moi que dans tous ces cas-lˆ. vous tes coupable et que vous ne devez pas manquer de vous en accuser.

 

ÇIl faut faire votre pŽnitence dŽvotement :

a) ÇAvec attention de l'esprit et dŽvotion du cÏur.

b) ÇAvec une grande confiance que le bon Dieu vous a pardonnŽ vos pŽchŽs par les mŽrites de JŽsus-Christ qui a satisfait pour vous par ses souffrances et sa mort sur la croix.

c) ÇAvec joie, ravis de pouvoir satisfaire ˆ Dieu que vous avez offensŽ et de trouver un moyen si facile d'expier vos pŽchŽs qui mŽriteraient de vous faire souffrir pendant toute l'ŽternitŽ.

d) ÇAvec un vrai dŽsir de quitter le pŽchŽ tout ˆ fait, quoi qu'il vous en cožte, fallut-il mme souffrir la mort.

 

Pƒnitences volontaires.

 

ÇNous ne devons pas nous contenter de la pŽnitence que le confesseur nous impose, parce quÕelle n'est rien ou presque rien, si nous la comparons ˆ ce que mŽritent nos pŽchŽs. Si le confesseur nous mŽnage si fort, ce n'est que dans la crainte de nous dŽgožter de travailler ˆ notre salut. Si vous avez vŽritablement votre salut ˆ cÏur, vous devez vous imposer des pŽnitences vous-mmeÈ, expier vos pŽchŽs : par des actes qui leur soient contraires et les combattent directement ; par la prire vocale ou mentale, l'offrande de toutes vos actions ˆ Dieu, la pensŽe frŽquente des fins dernires ; par le ježne et Çtout ce qui peut mortifier le corps et l'espritÈ ; par l'aum™ne, Çcelle qui regarde le corps et celle qui regarde l'‰meÈ, c'est-ˆ-dire par les Ïuvres de misŽricorde ; enfin par les indulgences.

Imitons les saints ; Dieu avait pardonnŽ ˆ David : le roi-prophte se crut cependant obligŽ de pleurer son pŽchŽ, et ses larmes Çcoulrent avec tant d'abondance qu'il nous dit qu'il en trempait son pain, qu'il en arrosait son lit et que la douleur ne le quitterait qu'avec la vieÈ.

Le Seigneur avait pardonnŽ ˆ saint Pierre Çle pŽchŽ que lui avait fait commettre la frayeurÈ, et l'ap™tre ne cessa jamais de laver son pŽchŽ dans les larmes, au point Çqu'elles creusrent son visageÈ.

Le Sauveur avait pardonnŽ ˆ Madeleine Çpuisqu'il dit aux Pharisiens que beaucoup de pŽchŽs lui avaient ŽtŽ pardonnŽs parce quÕelle avait beaucoup aimŽÈ ; et pourtant, Madeleine, aprs la rŽsurrection, Çalla s'ensevelir dans un dŽsert o elle fit pŽnitence toute sa vieÈ.

 

Rƒparations que l'on doit au prochain.

 

ÇAprs avoir satisfait ˆ Dieu, il faut encore satisfaire ˆ notre prochain pour le tort que nous lui avons fait.

ÇSi vous avez eu le malheur de l'outrager par des paroles injurieuses, il faut lui faire des excuses et vous rŽconcilier avec lui.

ÇSi vous avez noirci la rŽputation du prochain par la calomnie, vous devez aller trouver les personnes ˆ qui vous avez dit de lui des choses fausses et leur dire que ce n'Žtait pas vrai, que vous tes bien f‰chŽ de les avoir dites, que vous les priez de ne pas les croire.

ÇSi vous avez mŽdit du prochain, vous tes obligŽ de dire de lui tout le bien que vous pouvez savoir.

ÇSi, en frappant ses btes, vous lui avez fait quelque tort, vous tes obligŽ de le rŽparer aussit™t que vous le pourrez.

ÇSi vous avez nŽgligŽ de faire Çquelques restitutionsÈ, de rendre Çdes objets empruntŽsÈ, vous devez, au plus t™t vous acquitter de vos dettes.

ÇSi vous avez fait tort au prochain dans son ‰me, en lui donnant du scandale, c'est encore bien plus difficile ˆ rŽparer. Cependant il faut le faire autant que vous le pouvez, sans quoi jamais le bon Dieu ne vous pardonnera. Combien de pres et de mres, de ma”tres et de ma”tresses qui scandalisent leurs enfants et leurs domestiques en ne faisant de prire ni le matin, ni le soir, en jurant et peut-tre mme en blasphŽmant, en travaillant le dimanche matin, mme avant la sainte messe, en chantant de mauvaises chansons, en donnant de mauvais conseils ! Comment rŽparer tous ces scandales ?È

 

 

ARTICLE III. Les Confessions nulles et sacrilges.

 

 

¤ I. CEUX QUI FONT DE MAUVAISES CONFESSIONS.

 

Quels sont ceux Çqui font de mauvaises Confessions ? Ecoutez-le afin que vous puissiez conna”tre si vous tes de ce nombre. D'abord je suis sžr qu'il y en a parmi ceux qui sont ici prŽsentsÈ ; et Çpeut-tre n'ouvriront-ils pas encore les yeux aujourd'hui sur leur affreux et malheureux Žtat ; la parole de Dieu ne les touche pas, et les lumires de l'Esprit-Saint, ˆ qui ils ont fermŽ les portes de leur cÏur, ne leur montreront pas l'Žtat Žpouvantable o le pŽchŽ les a prŽcipitŽs. Ils mourront comme ils ont vŽcuÈ.

 

I.ÇCeux-lˆ font de mauvaises confessions qui ne prennent pas le temps nŽcessaire pour conna”tre leurs pŽchŽs mortelsÈ. Un pŽchŽ oubliŽ parce que vous ne vous tes pas examinŽs, quoique vous l'eussiez dit si vous l'aviez connu, ne laisserait pas que de rendre votre confession sacrilge. Cependant on trouve un grand nombre de chrŽtiens qui vont se confesser, souvent mme sans penser ˆ leurs fautes, ou du moins d'une manire si lŽgre que, quand ils se confessent, ils n'ont rien ˆ dire, si le prtre ne les examine pas lui-mme. Ce dŽfaut se rencontre surtout parmi ceux qui ne se confessent que rarementÈ.

 

Il. ÇCeux-lˆ font de mauvaises confessionsÈ qui manquent de sincŽritŽ en matire grave. Il y en a qui cachent des pŽchŽs mortels : ce sont plut™t les personnes Çqui, pendant quelque temps, ont rempli fidlement leurs devoirs de religion ou des personnes qui font profession de piŽtŽ. Si elles viennent ˆ succomber : d'un c™tŽ, effrayŽes par la honte de leurs pŽchŽs, de l'autre par la crainte de se faire conna”tre aussi coupablesÈ, n'osant pas s'abstenir de se confesser et de communier de peur qu'on ne les remarque, Çque font-elles ? Elles ne disent pas leur faute et commencent une cha”ne de sacrilges qui peut-tre durera jusqu'ˆ la mortÈ.

Toutefois, ce qui est plus commun, c'est que, au lieu de cacher simplement leurs pŽchŽs, il y en a qui les dŽguisent. ÇIls les dŽclarent, mais ils les cachent par la manire dont ils les accusent et on ne les conna”t gure mieux aprs leur confession qu'avant. Qui pourrait raconter tous les dŽguisements, tous les artifices que le dŽmon leur inspire pour les perdre et tromper leur confesseur ? C'est la corde par laquelle il entra”ne le plus en enfer. Vous allez le voir :ÇJe dis :

 

1¡ DŽguisement de leurs pŽchŽs dans la manire de les accuser : ils les diminuent. Quelle est la prŽparation de certains ? Ce n'est pas de demander ˆ Dieu la gr‰ce de bien conna”tre leurs fautes, mais, de se tourmenter pour trouver le moyen de les dire de faon ˆ en Žprouver moins de honte. Sans presque s'en apercevoir, ils les affaiblissent considŽrablement : les emportements de la colre ne seront que des impatiences ; les discours les plus indŽcents ne seront que des paroles un peu libres ; les dŽsirs les plus honteux, les actions les plus inf‰mes, ne seront que des familiaritŽs peu dŽcentes ; les injustices les plus marquŽes ne seront que de petits torts ; les excs de l'avarice ne seront qu'un attachement un peu trop grand aux biens de la terre. De sorte que, quand la mort arrivera et que Dieu leur fera voir leurs pŽchŽs tels qu'ils sont, ils reconna”tront alors qu'ils n'ont dit leurs pŽchŽs qu'ˆ moitiŽ dans presque toutes leurs confessions. Et que s'en suit-il, sinon une cha”ne de sacrilges ! 0 mon Dieu peut-on bien y penser et ne pas tre plus sincre dans ses confessions pour avoir le bonheur d'tre pardonnŽ ?

 

2¡ DŽguisement de leurs pŽchŽs par le soin qu'ils prennent de n'en pas dŽclarer les circonstances, qui souvent sont plus criminelles que les actions mmes. Vous dites bien que vous avez mŽdit ; mais vous ne dites pas que c'Žtait de votre pasteur ou d'une autre personne consacrŽe ˆ Dieu, dont la rŽputation est absolument nŽcessaire au bien de la religion. Vous vous accusez bien d'avoir dit des paroles contre la religion et contre la modestie, mais vous ne dites pas que votre intention Žtait d'Žbranler la foi de cette jeune personne, afin de lui persuader de consentir ˆ vos mauvais dŽsirs. Vous dites bien que vous avez manquŽ la messe le dimanche, mais vous ne dites pas que vous l'avez fait manquer ˆ d'autres, ou bien que plusieurs personnes vous l'ont vu manquer, Çqui les a scandalisŽesÈ. Vous vous accusez bien d'avoir ŽtŽ au cabaret, mais vous ne dites pas que c'est un dimanche et pendant la messe ou les vpres, que votre intention Žtait d'en amener d'autres avec vous si vous aviez pu. Vous vous accusez bien d'avoir eu de mauvaises pensŽes, mais vous ne dites pas que vous y avez donnŽ occasion en allant volontairement avec des personnes que vous saviez trs bien n'avoir que de mauvais propos ˆ dŽbiter. Vous vous accusez bien d'avoir mangŽ de la viande les jours dŽfendus, mais vous ne dites pas combien de personnes en ont mangŽ ˆ cause de vous ; vous ne dites pas si vous avez sollicitŽ vos enfants et vos domestiques ; vous ne dites pas si c'est par impiŽtŽ que vous en avez mangŽ, en vous raillant des lois de l'ƒglise. Vous dites bien que vous avez chantŽ de mauvaises chansons, mais vous ne dites pas combien de personnes les ont entendues ; vous ne dites pas si vous les avez apprises aux autres, si vous avez priŽ d'autres personnes de vous en apprendre. Vous vous accusez bien d'avoir travaillŽ le dimanche, mais vous ne dites pas combien d'heures, ni combien de personnes vous avez fait travailler, ni si c'est pendant les saints offices, ni si l'on vous a vues... Mon Dieu, que de choses auxquelles on ne pense pas ! Mon Dieu, que de confessions incompltes et au moins douteusesÈ.

 

3¡ DŽguisement dans le ton de la voix qu'ils emploient pour dŽclarer certains pŽchŽs plus humiliants ; dans le soin qu'ils prennent de les placer, de manire que le confesseur puisse les entendre sans y faire attention. L'on commencera ˆ accuser beaucoup de petits pŽchŽs, comme : ÇMon Pre, je m'accuse d'avoir manquŽ de prendre de l'eau bŽnite le matin et le soir, d'avoir eu des distractions pendant mes priresÈ et autres choses semblables. Aprs avoir endormi, autant qu'on peut, l'attention du confesseur, d'une voix un peu plus basse et de la manire la plus rapide, on glisse des abominations et des horreurs.

Quels sont les pŽchŽs que l'on craint le plus d'accuser ?

- ÇLes pŽchŽs contre la sainte vertu de puretŽ et contre la justice... Nous verrons, au jour du jugement, qu'un grand nombre de confessions ont ŽtŽ rendues mauvaises par ces pŽchŽsÈ.

 

ÇInsensŽs, pourrait-on dire ˆ tous ces prŽtendus pŽnitents, quel est donc le dŽmon qui vous a ainsi sŽduits pour vous porter ˆ trahir si misŽrablement la vŽritŽ ? Dites-moi, quel est le motif qui peut vous porter ˆ mentir de la sorte en confession ?

ÇEst-ce la crainte que le confesseur ait mauvaise opinion de vous ? Vous vous trompez.

ÇEst-ce que vous espŽrez que les pŽchŽs que vous dites vous seront pardonnŽs ? Vous vous trompez encore grossirement.

ÇVous pensez tromper votre confesseur ? Mais vous savez bien que vous ne tromperez pas Dieu, de qui vous devez recevoir votre pardon.

ÇDites-moi, cette absolution que vous aurez surprise, pensez-vous bien espŽrer quÕelle sera ratifiŽe dans le ciel? HŽlas ! tel est l'aveuglement de certains pŽcheurs, qui osent se persuader qu'ils sont pardonnŽs, pourvu qu'ils aient reu une absolution ; peu importe, du reste qu'ils aient dit ou non tous leurs pŽchŽs, qu'ils aient trompŽ ou non leur confesseur.

ÇMais dites-moi, pŽcheurs aveugles, je vous le demande, tes-vous bien contents de cette absolution, lorsque vous tes sortis du tribunal de la PŽnitence ? Avez-vous ŽprouvŽ cette paix et cette douce consolation qui est la rŽcompense d'une confession bien faite ? N'avez-vous pas ŽtŽ, au contraire, obligŽs, pour calmer vos remords de conscience, de vous dire en vous-mmes qu'un jour vous referiez la confession que vous veniez de faire ? Mais, mon ami, tout bien examinŽ, vous auriez mieux fait cent fois de ne pas vous confesser. Vous savez trs bien que les pŽchŽs que vous avez ainsi confessŽs ne sont pas pardonnŽs, sans parler de ceux que vous avez voulu cacher. Vous n'Žtiez donc pas assez coupables ? Et vous avez voulu ajouter ˆ tous vos pŽchŽs un sacrilge !

 

Mais, pensent peut-tre quelques personnes, nous ne croyons pas qu'il y en ait qui soient capables de cacher ou de dissimuler leurs pŽchŽs, parce qu'ils seraient bien trop tourmentŽs.

Ah ! mes frres, s'il me fallait prter serment, je ne balancerais pas ˆ dire qu'il y en a au moins cinq ou six qui sont dŽvorŽs par leurs remords et par leurs pŽchŽs, auxquels il faut toutes leurs forces pour ne pas le laisser para”tre au dehors, qui m'Žcoutent maintenant, et qui pensent que cela est vrai. Prenez patience, vous les verrez au jour du jugement et vous vous rappellerez ce que je vous dis aujourd'hui.

0 mon Dieu ! la honte ou la crainte peuvent-elles bien retenir un chrŽtien dans un Žtat si Žpouvantable ? Ah ! mon ami, qu'est-ce que vous vous prŽparez ˆ vous-mme ? Vous n'osez pas vous en ouvrir ˆ votre pasteur ? Mais est-il seul au monde ? Ne trouveriez- vous pas des prtres qui auraient la charitŽ de vous recevoir ? Mon ami, ayez pitiŽ de cette pauvre ‰me qui a cožtŽ si cher ˆ JŽsus-Christ !... 0 mon Dieu ! qui pourra jamais comprendre l'aveuglement de ces pauvres pŽcheurs ! Vous avez cachŽ votre pŽchŽ, mon ami, mais il faudra qu'il soit connu un jour, et mme aux yeux de tout l'univers ; tandis que, d'une parole, vous l'auriez cachŽ pour jamais et vous changeriez votre enfer en une ŽternitŽ de bonheur ! HŽlas ! qu'un sacrilge conduit loin ces pauvres pŽcheurs ! Ils ne veulent pas mourir dans cet Žtat, mais ils n'ont pas la force d'en sortir. Mon Dieu, tourmentez-les si fort qu'ils ne puissent pas y rester !...

 

ÇCeux-lˆ font de mauvaises confessions qui se confessent par routine, par habitude, sans avoir une vŽritable douleur de leurs pŽchŽs ni le ferme propos de ne plus les commettre. Le dŽfaut de contrition est la cause du plus grand nombre des confessions nulles ou sacrilgesÈ.

Ceux qui, en recevant l'absolution, n'ont pas l'intention de faire la pŽnitence que le prtre leur donne. Il ne faut pas vous contenter de vous accuser d'avoir manquŽ votre pŽnitence, mais bien dire qu'en vous confessant vous n'aviez pas l'intention de la faire.

Ceux qui n'ont pas la volontŽ de restituer. ÇJe ne parle pas de ceux qui ont volŽ ou trompŽ le prochain et qui ne s'en confessent pas : ceux-lˆ sont bien perdus ; mais je dis que ceux ˆ qui le confesseur a ordonnŽ quelques restitutions, si, dans le moment o ils recevaient l'absolution, ils n'ont pas eu l'intention de rendre, leur confession ne vaut rien ; et si vous avez manquŽ de rendre, le pouvant, comme vous l'aviez promis, il faut le dire en vous confessant. Ceux qui ne font pas tous leurs efforts pour restituer; comme ceux encore qui ont ŽtŽ chargŽs de faire des aum™nes, de faire dire des messes, et laissent tout cela de c™tŽ.

Ceux qui continuent de vivre dans l'occasion prochaine du pŽchŽ, pouvant la quitter.

Ceux qui vivent sans se rŽconcilier avec leur prochain, qui ne veulent pas pardonner on qui ne pardonnent qu'ˆ moitiŽ.

Tous ceux qui frŽquentent les sacrements sans tre suffisamment instruits des principaux mystres de la religion, ou qui ignorent, par leur faute, ce qui regarde les sacrements qu'ils reoivent.

Les pres et les mres, les ma”tres et les ma”tresses qui ne connaissent pas leurs devoirs envers les enfants et leurs domestiques.

 

0 mon Dieu ! que de chrŽtiens vont ˆ l'ab”me et qui ne le croient pas, parce qu'ils ne veulent pas prendre la peine de descendre dans leur cÏur pour y reconna”tre les maux que le pŽchŽ leur a faits !

 

¤ Il. CONFESSION GƒNƒRALE, MOYEN DE RƒPARER LES MAUVAISES CONFESSIONS.

 

Comment rŽparer les confessions nulles et sacrilges ?

Par une confession gŽnŽrale, en accusant Çles pŽchŽs mortels de toute votre vie, leur nombre et leurs circonstances, ainsi que toutes vos mauvaises confessions et communions.

ÇMais comment me rappeler, ˆ quatorze ou vingt ans, ˆ cinquante ou soixante ans peut- tre, tout ce que j'ai fait ?È Ce qui nous para”t tout ˆ fait impossible ˆ nous-mmes, nous est facile avec la gr‰ce de Dieu. C'est l'examen de conscience qui vous effraie ? Il n'est pas si difficile que vous vous le reprŽsentez.

Pour faire une confession gŽnŽrale, il n'est pas nŽcessaire d'accuser vos pŽchŽs vŽniels en dŽtail ; il suffit de les accuser en gŽnŽral ˆ la fin de votre confession. Votre examen ne roulera donc que sur vos pŽchŽs mortels. Or vos pŽchŽs sont ou des pŽchŽs que vous ne commettez que rarement ou des pŽchŽs d'habitude.

Si vous n'avez commis certains pŽchŽs que rarement, comme serait, par exemple, de jurer le saint nom de Dieu, de vous mettre en colre en maudissant votre travail, vos enfants ou vos btes, il n'est pas difficile de dire combien de fois ˆ peu prs vous y tes tombŽs par annŽe, par mois ou par semaine. Si c'est un pŽchŽ d'habitude, vous savez combien d'annŽes a durŽ cette habitude, ˆ quel ‰ge elle a commencŽ, si vous l'avez perdue quelque temps ; il n'est pas difficile de dire combien de fois vous avez commis ce pŽchŽ par mois, par semaine ou par jour. Eh ! bien, c'est tout ce qu'il faut faire pour rŽparer vos confessions. Lorsque vous ne pouvez vous rappeler au juste, dites seulement : ÇMon Pre, je m'accuse ˆ peu prs tant de foisÈ. Dieu n'en demande pas davantage ; pourvu que vous ayez donnŽ ˆ votre examen tout le temps et tous les soins convenables et que vous soyez de bonne foi, c'est-ˆ-dire sincres dans votre accusation et votre repentir, vous tes sžrs que quand toutes vos confessions et communions auraient ŽtŽ des sacrilges, le bon Dieu vous pardonnera et vous serez sauvŽs. D'un autre c™tŽ, le confesseur, qui dŽsire autant que vous le salut de votre pauvre ‰me, ne manquera pas de faire tout ce qu'il pourra pour vous aider, soit par ses interrogations, soit par ses prires, surtout pendant la sainte messe, en demandant ˆ Dieu les gr‰ces et les forces qui vous sont nŽcessaires pour bien faire votre confession.

 

Prenez garde ˆ ne pas vous laisser prendre ˆ ce pige du dŽmon qui en perd un grand nombre, qui est de leur faire commencer ˆ accuser tous leurs petits pŽchŽs les premiers, afin qu'ils n'aient pas la force de dire les gros ensuite. Commencez au contraire ˆ dire tous vos plus gros pŽchŽs ; alors, vous ™tez toute puissance au dŽmon.

Cela est bien aisŽ ˆ dire ; mais le faire, c'est autre chose. Comment avoir la force de dire tant de pŽchŽs si affreux, qui font horreur rien que d'y penser ?

- Mes frres, il, n'y a qu'un orgueilleux qui ait honte de dire ses pŽchŽs ou qui les cache. Otez l'orgueil de votre cÏur, et vous vous accuserez comme vous voudriez l'avoir fait ˆ l'heure de la mort. Une personne qui a vraiment ˆ cÏur son salut, ne craint nullement de faire l'accusation de ses pŽchŽs.

Voulez-vous, mes frres, un motif bien capable de vous engager ˆ une confession de toute votre vie, si vous vous sentez coupables ? Ce soir, lorsque vous serez au lit, mettez-vous dans la position o vous serez un jour dans la bire, le corps Žtendu, les mains croisŽes sur la poitrine, les yeux fermŽs, tout enveloppŽ dans un suaire ; ensuite dites-vous ˆ vous-mmes : que voudrais-je avoir fait lorsque je me trouverai ˆ ce moment ? Mon ‰me est souillŽe de tant de pŽchŽs qui ne sont pas pardonnŽs... Voudrais-je bien para”tre devant le tribunal de Dieu en cet Žtat ? Reverrai-je un confesseur ˆ l'heure de la mort ? Si je venais ˆ mourir de mort subite et que je n'eusse pas le temps de me confesser, il faudrait tomber en enfer ! Non, mon Dieu, plus de retard, je vais commencer aujourd'hui ˆ me prŽparer et je ferai si bien que je regagnerai votre amitiŽ et mŽriterai le ciel.

 

 

EXAMEN DE CONSCIENCE

 

 

Avant l'Examen.

 

Invoquez les lumires du Saint-Esprit afin de vous rappeler exactement vos pŽchŽs, d'en conna”tre l'espce, le nombre et la gravitŽ.

ÇComme un horloger avec ses lunettes ; dit le CurŽ d'Ars, distingue les plus petits rouages d'une montre, avec les lumires du Saint-Esprit, nous distinguons tous les dŽtails de notre pauvre vie. Alors les moindres pŽchŽs font horreur. È

 

Venez, Esprit-Saint, remplissez mon cÏur et allumez-en moi le feu de votre amour.

v. 0 Dieu, envoyez votre Esprit et tout sera crŽŽ.

r. Et vous renouvellerez la face de la terre.

Oraison. 0 Dieu, qui avez instruit les cÏurs des fidles par la lumire du Saint-Esprit, donnez-moi, par le mme Esprit, de gožter ce qui est bien et de jouir toujours de sa consolation. Par JŽsus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

Je vous salue, Marie...

 

COMMANDEMENTS DE DIEU

 

PREMIER COMMANDEMENT :

Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇLa prire dŽgage notre ‰me de la matire; elle l'Žlve en haut comme le feu qui gonfle les ballons.

Ceux qui ne prient pas se courbent vers la terre comme une taupe qui cherche ˆ faire un trou pour s'y cacher. Ils sont tout terrestres, tout abrutis et ne pensent qu'aux choses du tempsÈ.

 

Avez-vous fait vos prires du matin et du soir ?

Etes-vous restŽ longtemps sans les faire ?

Les avez-vous faites ˆ genoux et avec attention ?

Avez-vous manquŽ de respect dans le lieu saint ?

Avez-vous consultŽ les devins, les diseuses de bonne aventure, les tables tournantes ?

 

La Foi.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇCeux qui n'ont pas la foi ont l'‰me bien plus aveugle que ceux qui n'ont pas d'yeux...

Nous sommes dans ce monde comme dans un brouillard ; mais la foi est le vent qui dissipe ce brouillard et qui fait luire sur notre ‰me un beau soleil.

Il y en a qui perdent la foi et ne voient l'enfer qu'en y entrantÈ.

 

Avez-vous refusŽ de croire ˆ quelque vŽritŽ de la foi ?

En avez-vous doutŽ volontairement ?

Avez-vous lu des journaux ou des livres qui combattent la foi ?

Avez-vous frŽquentŽ des sociŽtŽs o l'on tient des propos contre la foi? En avez-vous ri ?

Avez-vous parlŽ contre les prtres ?

Avez-vous, selon vos moyens, pris la dŽfense de la religion quand elle Žtait attaquŽe devant vous ?

Le respect humain vous a-t-il empchŽ de professer votre foi ?

Pendant la pŽriode Žlectorale, avez-vous votŽ ?

Avez-vous votŽ pour le candidat ou la liste catholiques ?

 

l'Espƒrance.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇLe dŽsespoir est un plus grand pŽchŽ que tous ceux que nous pouvons avoir commis.

Nos fautes sont un grain de sable ˆ c™tŽ de la grande montagne des misŽricordes de Dieu.

Le bon Dieu ne nous a promis sa gr‰ce qu'autant que de notre c™tŽ nous ferons tout ce que nous pourrons pour Žviter les dangers du pŽchŽ.

Ah ! pŽcheur, mŽpriserez-vous toujours les richesses de la patience de Dieu, de sa bontŽ et de sa longanimitŽ ? Parmi les voleurs, les uns vieillissent dans le brigandage ; d'autres, au premier crime, sont pris et punis. Craignez que le sort de ces derniers ne soit le v™tre et que vous ne soyez prŽcipitŽ dans les ab”mes au premier pŽchŽ que vous ferez. Allons, ne lassez plus la patience de Dieu !È

 

Avez-vous dŽsespŽrŽ de vous corriger de vos pŽchŽs ou d'en obtenir le pardon ?

Vous tes-vous encouragŽ ˆ pŽcher en pensant que Dieu Žtait assez misŽricordieux pour vous pardonner ?

Avez-vous diffŽrŽ de vous convertir en pensant que Dieu vous pardonnerait quand il vous plairait de ne plus pŽcher ?

Avez-vous pensŽ que Dieu Žtait assez bon pour vous donner le ciel sans que vous ayez rien fait pour l'acquŽrir ?

 

La Charitƒ.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇUn bon chrŽtien qui aime Dieu et le prochain - et quand on aime Dieu on aime le prochain - voyez comme il est heureux ! quelle paix dans son ‰me ! C'est le paradis sur la terre.

C'est si beau, la charitŽ ! C'est un Žcoulement du cÏur de JŽsus, qui est tout amourÈ.

 

Avez-vous aimŽ Dieu de tout votre cÏur et par-dessus toutes choses?

Quand Sa volontŽ Žtait en concurrence avec un plaisir dŽfendu, un gain illicite, votre orgueil ˆ satisfaire, qu'avez-vous prŽfŽrŽ ?

Avez-vous aimŽ le prochain comme vous-mme et pour l'amour de Dieu ?

Avez-vous eu de la haine ou gardŽ de la rancune contre le prochain ?

Vous tes-vous vengŽ ou en avez-vous eu le dŽsir ?

Avez-vous fait l'aum™ne ?

Avez-vous eu soin des malades de votre maison ?

Avez-vous priŽ pour vos dŽfunts ?

 

DEUXIéME COMMANDEMENT :

Dieu en vain tu ne jureras ni autre chose pareillement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇLe blasphme est une sorte de sacrilge, car vous employez ˆ maudire le CrŽateur une langue qui a ŽtŽ consacrŽe au bon Dieu par le baptme, arrosŽe du sang prŽcieux de JŽsus-Christ, qui tant de fois a servi de reposoir au Sauveur lui-mme.

Ce pŽchŽ fait dresser les cheveux de la tte ˆ toute personne qui n'a pas entirement perdu la foiÈ.

 

Avez-vous blasphŽmŽ le saint nom de Dieu ?

Avez-vous murmurŽ contre la Providence ?

Avez-vous mal parlŽ de Dieu, de la religion ou des saints ?

Avez-vous pris Dieu ˆ tŽmoin de choses inutiles ou mauvaises ?

Avez-vous fait de faux serments ?

Avez-vous fait des malŽdictions contre votre prochain, contre vous-mme ou contre les crŽatures ?

Avez-vous observŽ les vÏux que vous avez faits ?

 

TROISIéME COMMANDEMENT :

Les dimanches tu garderas en servant Dieu dŽvotement.

 

Du SAINT CURE D'ARS :

ÇQuand j'en vois qui charrient le dimanche, je pense qu'ils charrient leur ‰me en enfer.

Je connais deux moyens bien sžrs de devenir pauvre : c'est de travailler le dimanche et de prendre le bien d'autrui. Le dimanche, c'est le bien du bon Dieu ; c'est son jour ˆ Lui, le jour du Seigneur. De quel droit touchez-vous ˆ ce qui ne vous appartient pas ?

Ceux qui ne font point difficultŽ de manquer la messe le dimanche, pŽrissent presque tous misŽrablement : c'est visible ; leurs biens vont en dŽcadence, la foi abandonne leur cÏur, ils vivent comme s'ils n'avaient point d'‰me ˆ sauver, et, par lˆ, ils sont doublement malheureuxÈ.

 

Avez-vous travaillŽ le dimanche ?

Combien de temps ?

Avez-vous manquŽ la messe le dimanche ?

L'avez-vous entendue tout entire et avec piŽtŽ ?

Avez-vous manquŽ les Vpres sans raison ?

 

QUATRIéME COMMANDEMENT :

Tes pre et mre honoreras afin que tu vives longuement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇSi ce commandement Žtait bien observŽ, le ciel descendrait sur la terre, car l'on y gožterait la paix et le bonheur; les familles seraient de petits paradis par le respect et l'amour des enfants envers leurs parentsÈ.

 

Avez-vous eu pour vos parents les prŽvenances et le respect auxquels ils ont droit ?

Leur avez-vous parlŽ avec brusquerie ?

Les aimez-vous sincrement, vous souvenant, qu'aprs Dieu ils sont les auteurs de vos jours ?

Auriez-vous dŽsirŽ leur mort, afin d'tre dŽlivrŽ de l'embarras qu'ils vous donnent ?

Leur faites-vous tout le bien que vous pouvez ?

Leur obŽissez-vous en tout ce qu'ils vous commandent de juste et de raisonnable, comme ˆ Dieu dont ils tiennent la place ?

Avez-vous eu soin d'eux dans la vieillesse, la maladie, la pauvretŽ ?

Avez-vous pourvu ˆ leurs besoins ?

Quand ils Žtaient malades, avez-vous fait appeler le prtre assez t™t pour qu'il pžt leur administrer les sacrements en pleine connaissance?

Avez-vous fait cŽlŽbrer des messes pour eux aprs leur mort ?

ætes-vous convaincu que le denier du culte est, non point une dette de charitŽ, mais de justice ?

L'avez-vous versŽ selon vos moyens ?

 

CINQUIéME COMMANDEMENT :

Homicide point ne sera de fait ni volontairement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇOh ! que d'homicides spirituels commis par de mauvais conseils et de mauvais exemples ! Ainsi on chantera une mauvaise chanson ; il y a lˆ cinquante personnes, je suppose, qui prennent plaisir ˆ vous entendre : elles recevront toutes le poison. Voilˆ cinquante personnes ˆ qui vous avez donnŽ la mortÈ.

 

Avez-vous portŽ le prochain au mal ou l'avez-vous dŽtournŽ du bien par de mauvaises paroles, de mauvais conseils, de mauvaises actions?

Avez-vous souhaitŽ la mort du prochain ? Pourquoi ?

Vous l'tes-vous souhaitŽe ˆ vous-mme ?

Avez-vous frappŽ le prochain ?

Lui avez-vous dit des injures ?

Vous tes-vous querellŽ avec lui ?

 

SIXIéME ET NEUVIéME COMMANDEMENTS :

Luxurieux point ne seras de corps ni de consentement.

L'Ïuvre de chair ne dŽsireras qu'en mariage seulement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇL'‰me pure est une belle rose, et les trois personnes divines descendent du ciel pour en respirer le parfum.

Il y avait une fois un saint qui avait demandŽ au bon Dieu de lui montrer une ‰me impure ; il vit cette pauvre ‰me comme une bte crevŽe, qu'on a tra”nŽe pendant huit jours au gros du soleil, le long des rues.

La danse et les bals sont le moyen dont le dŽmon se sert pour enlever l'innocence au moins aux trois quarts des jeunes gens. Combien de jeunes filles, ˆ la suite de la danse, ont perdu leur rŽputation, leur pauvre ‰me, le ciel, leur Dieu ! Le dŽmon entoure une danse comme un mur entoure un jardinÈ.

 

Vous tes-vous arrtŽ avec complaisance ˆ des pensŽes ou ˆ des dŽsirs dŽshonntes ?

Avez-vous dit des paroles dŽshonntes ?

ƒcoutŽ ceux qui en disaient ?

ChantŽ de mauvaises chansons ?

Lu des journaux ou des livres immoraux ?

AssistŽ ˆ des cinŽmas ou ˆ des spectacles immodestes ?

ætes-vous allŽ aux bals et aux danses ?

Avez-vous pŽchŽ contre la puretŽ par regards ? ... Par actions ? ... Tout seul ? ... Avec d'autres ? ... (Dire si la personne avec laquelle vous avez pŽchŽ Žtait de votre sexe, si elle Žtait libre ou mariŽe ou parente... )

Avez-vous frŽquentŽ de mauvaises compagnies ?

Vos vtements sont-ils conformes ˆ la modestie chrŽtienne ou suivez-vous le dŽvergondage de la mode ?

 

SEPTIéME ET DIXIéME COMMANDEMENTS :

Bien d'autrui tu ne prendras ni retiendras ˆ ton escient.

Bien d'autrui tu ne convoiteras pour l'avoir injustement.

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇSans un miracle de la gr‰ce, un avare ou si vous voulez, une personne qui a acquis quelque bien par fraude ou par adresse, ne se convertira presque jamais, tant ce pŽchŽ aveugle celui qui le commet, et non seulement le bien acquis de cette manire ne lui profitera pas, mais il sera cause que son bien lŽgitimement acquis pŽriraÈ.

 

Avez-vous pris des objets qui ne vous appartenaient pas ?

Avez-vous pris le bien du prochain en vendant du lait ou du vin mŽlangŽ d'eau ?

En vendant des animaux domestiques sans rŽvŽler leurs dŽfauts cachŽs ?

En vendant ˆ faux poids ou ˆ fausses mesures ?

En faisant payer votre ouvrage plus qu'il ne valait ?

En mettant plus de temps qu'il ne fallait pour l'exŽcuter ?

En haussant les prix d'une manire arbitraire et injuste ?

Avez-vous causŽ du dommage au prochain en faisant des dŽg‰ts dans ses propriŽtŽs ?

En lui intentant un procs injuste ?

Avez-vous coopŽrŽ au dommage du prochain par vos ordres, vos conseils, vos domestiques, vos enfants, vos animaux ?

Avez-vous profitŽ d'une erreur commise ˆ votre avantage ?

Avez-vous gardŽ ce que vous aviez trouvŽ ?

Avez-vous fait ce que vous pouviez pour payer vos dettes ?

Vous tes-vous appropriŽ les dŽp™ts qui vous avaient ŽtŽ confiŽs ?

Avez-vous rendu ce que vous aviez pris injustement ?

RŽparŽ les torts que vous aviez faits au prochain ?

 

HUITIéME COMMANDEMENT :

Faux tŽmoignage ne diras ni mentiras aucunement.

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇLa langue du mŽdisant ou du calomniateur est comme un ver qui pique les bons fruits ; c'est une chenille qui salit les plus belles fleurs en y laissant la trace dŽgožtante de son Žcume.

Vous avez mŽdit... calomniŽ...Comme le voleur qui rend le bien qu'il a volŽ, rŽparez la rŽputation que vous avez ™tŽe ˆ votre prochain et confessez-vous, sinon vous serez damnŽÈ.

 

Avez-vous fait de faux tŽmoignages devant les tribunaux ?

Avez-vous menti : pour rendre service ou vous excuser... pour rire... pour nuire au prochain ?

Avez-vous calomniŽ le prochain ?

En avez-vous mŽdit ?

Avez-vous jugŽ tŽmŽrairement ?

 

 

COMMANDEMENTS DE L'ƒGLISE

 

Du SAINT CURƒ D'ARS :

ÇQuand on va se confesser, il faut comprendre ce qu'on va faire : on peut dire qu'on va dŽclouer Notre-Seigneur.

Quand vous avez fait une bonne confessions vous avez encha”nŽ le dŽmon.

Les pŽchŽs que nous cachons repara”tront tous. Pour bien cacher ses pŽchŽs, il faut bien les confesserÈ.

 

Vous tes vous confessŽ chaque annŽe ?

Avez-vous communiŽ chaque annŽe dans le temps de P‰ques ?

Avez-vous fait des confessions et des communions sacrilges ?

Avez-vous ježnŽ et gardŽ l'abstinence aux jours prescrits par l'ƒglise?

 

 

PƒCHƒS CAPITAUX

 

Avez-vous ŽtŽ orgueilleux, vaniteux ?

Avez-vous recherchŽ le luxe dans vos vtements et votre parure ?

Etes-vous trop attachŽ aux biens de la terre ?

Avez-vous ŽtŽ jaloux du prochain ?

Vous tes-vous rŽjoui du mal qui lui arrivait ?

Avez-vous fait des excs dans le boire et le manger ?

Vous tes-vous mis en colre ?

Vous tes-vous laissŽ aller ˆ l'impatience ?

Avez-vous ŽtŽ paresseux dans l'accomplissement des devoirs de votre Žtat ?

 

 

DEVOIRS DES PERSONNES MARIƒES, DES PARENTS, DES MAëTRES ET MAëTRESSES DE MAISON

 

Du SAINT CURƒ DÕARS :

ÇQuelle honte, je ne dis pas pour des pa•ens, mais pour des chrŽtiens, que les animaux soient plus fidles ˆ accomplir les desseins de la Providence que les propres enfants de Dieu, c'est-ˆ-dire que les pres et mres que le bon Dieu n'a choisis que pour peupler le ciel !È

 

Epoux, avez-vous pratiquŽ la chastetŽ conjugale ?

N'avez-vous pas ÇfixŽ, avant Dieu mme, le nombre de vos enfantsÈ?

 

 


Avez-vous toujours observŽ dans vos rapports la modestie et la rŽserve qui convient ˆ des chrŽtiens ?

(Il peut se commettre contre la chastetŽ conjugale d'autres pŽchŽs que les Žpoux doivent accuser avec soin)

Avez-vous eu les uns pour les autres une affection, un respect et des Žgards rŽciproques ?

 

Du Saint CURƒ d'Ars :

ÇLa plus grande prŽoccupation des pres et mres doit tre de travailler ˆ sauver les ‰mes de leurs enfants ; ils n'ont point d'ouvrage qui doive passer avant celui-lˆ. En vain emploieraient-ils leur vie ˆ faire pŽnitence, ˆ pleurer leurs fautes, ˆ distribuer leur bien aux pauvres, s'ils ont le malheur de nŽgliger le salut de leurs enfants, tout est perdu pour euxÈ.

 

Parents, Žlevez-vous chrŽtiennement vos enfants ?

Leur apprenez-vous leurs prires ?

Les leur faites-vous rŽciter ?

Les instruisez-vous vous-mmes et veillez-vous ˆ les faire instruire des vŽritŽs de la foi et des devoirs de la vie chrŽtienne ?

PrŽfŽrez-vous pour eux les Žcoles libres ? ætes-vous convaincu qu'ayant le choix, vous n'avez pas le droit de les confier aux Žcoles la•ques ?

Les envoyez-vous aux offices, au catŽchisme ?

Veillez-vous sur leur conduite et sur leurs frŽquentations ?

Les empchez-vous d'aller aux bals, aux danses, aux cinŽmas dŽshonntes ?

Les reprenez-vous avec fermetŽ ? Les corrigez-vous au besoin ?

 

Du saint CurŽ d'Ars :

ÇLes ma”tres doivent prendre les mmes soins de leurs domestiques que de leurs enfants, en se rappelant ce que dit saint Paul : que s'ils n'ont pas soin de leurs domestiques, ils sont pires que des pa•ens, et ils seront punis plus sŽvrement au jour du jugementÈ.

 

Ma”tres et ma”tresses, faites-vous observer dans vos maisons la loi de Dieu et les commandements de l'ƒglise ?

Garde-t-on l'abstinence chez vous ?

Faites-vous le possible pour que vos domestiques soient instruits de la religion, frŽquentent les sacrements et les offices et qu'ils se conduisent en bons chrŽtiens ?

Faites-vous la prire en commun le soir ?

 

 

RƒFLEXIONS POUR S'EXCITER A LA CONTRITION TIRƒES DU SAINT CURƒ D'ARS

 

SUR L'ENFER.

 

Le pŽchŽ est le bourreau du bon Dieu et l'assassin de l'‰me. C'est lui qui nous arrache du Ciel pour nous prŽcipiter en enfer. Et nous l'aimons ! É Quelle folie ! É Si on y pensait, on aurait une si vive horreur du pŽchŽ, qu'on ne pourrait pas le commettre.

N'est-ce pas une vraie folie que de pouvoir gožter ds cette vie les joies du Ciel en s'unissant ˆ Dieu par l'amour et de vouloir se rendre digne de l'enfer en se liant avec le dŽmon ? ... On ne peut pas assez comprendre cette folie. On ne peut pas assez la pleurer ! ... Il semble que les pauvres pŽcheurs ne veulent pas attendre la sentence qui les condamnera ˆ la sociŽtŽ du dŽmon ; ils s'y condamnent eux-mmes.

 

Mes enfants, si vous voyiez un homme dresser un grand bžcher, entasser des fagots les uns sur les autres, et que, lui demandant ce qu'il fait, il vous rŽpond”t : ÇJe prŽpare le feu qui doit me bržlerÈ que penseriez vous ? Si vous voyiez ce mme homme approcher la flamme du bžcher, et, quand il est allumŽ, se prŽcipiter dedans... que diriez-vous ? ...

En commettant le pŽchŽ, c'est ainsi que nous faisons. Ce n'est pas Dieu qui nous jette en enfer, c'est nous qui nous y jetons par nos pŽchŽs. Le damnŽ dira : Çj'ai perdu Dieu, mon ‰me et le Ciel ; c'est par ma faute, par ma faute, par ma trs grande faute ! ... Il s'Žlvera du brasier pour y retomber... Il sentira toujours le besoin de s'Žlever, parce qu'il Žtait crŽŽ pour Dieu, le plus grand, le plus haut des tres, le TRéS-HAUT... comme un oiseau dans un appartement vole jusqu'au plancher et retombe... La justice de Dieu est le plancher qui arrte les damnŽs.

Penser qu'on est maudit ! maudit de Dieu ! ... a fait trembler... Maudit de Dieu ! et pourquoi ? Pour un blasphme, pour une mauvaise pensŽe, pour une bouteille de vin, pour deux minutes de plaisir ! ... Pour deux minutes de plaisir perdre Dieu, son ‰me, le ciel, pour toujours !...

 

Mon Dieu, mon Dieu ! ayez pitiŽ de moi.

Acte de contrition, acte de charitŽ.

 

SUR LE CIEL.

 

O beau Ciel, qui ne vous aimerait, puisque tant de biens sont renfermŽs en vous ! Et la vue du Fils de Dieu qui se manifeste dans tout l'Žclat de Sa gloire, de Sa beautŽ et de Ses perfections ; et la vue de la croix placŽe radieuse au milieu de la cour cŽleste pour exciter l'amour et la reconnaissance des Žlus ; et la vue des saints dont les splendeurs nous tiendront dans un continuel ravissement ; et les admirables cantiques des anges ; et l'amour divin qui embrasera nos cÏurs, qui leur fera ressentir une telle ivresse de douceur, qu'ils seront hors d'eux-mmes et ne pourront plus distinguer s'ils vivent encore ou s'ils se changent en amour; et l'assurance que ces dŽlices, que ces torrents de bonheur, ces chastes plaisirs, ne finiront jamais, que rien ne pourra nous les ravir ni les diminuer ; et la certitude qu'ils sont la rŽcompense des vertus que nous aurons pratiquŽes et des pŽnitences que nous aurons faites ! 0 mon Dieu, mon Dieu, que de biens pour si peu de chose ! 0 beau ciel, ™ belle demeure ! quand te verrons-nous ? 0 bonheur permanent, qui te gožtera un jour ? Celui-lˆ seul qui aura persŽvŽrŽ ici-bas dans la gr‰ce de Dieu, ou qui, ayant pŽchŽ, aura fait pŽnitence, car rien de souillŽ n'entrera dans le royaume des cieux.

 

Mon Dieu, ayez pitiŽ de moi, pardonnez-moi !

Acte de contrition, acte de charitŽ.

 

SUR LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR

 

Quand nous offensons le bon Dieu, si nous regardions notre crucifix, nous entendrions Notre-Seigneur nous dire au fond de lՉme : ÇTu veux donc aussi te mettre du c™tŽ de mes ennemis ? Tu veux donc me crucifier de nouveau ?È

Jetons les yeux sur Notre-Seigneur attachŽ ˆ la croix, et disons-nous : ÇVoilˆ ce qu'il en a cožtŽ ˆ mon Sauveur pour rŽparer l'injure que mes pŽchŽs ont faite au bon Dieu ! ... Un Dieu qui descend sur la terre pour tre victime de nos pŽchŽs, un Dieu qui souffre, un Dieu qui meurt, un Dieu qui endure tous les tourments, parce qu'Il a voulu porter le poids de nos crimes ! ...

A la vue de la croix, comprenons la malice du pŽchŽ et la haine que nous devons en avoir. Rentrons en nous-mmes ; voyons ce que nous avons ˆ faire pour rŽparer notre pauvre vieÈ.

 

Acte de contrition. Je vous salue Marie.

CÏur SacrŽ de JŽsus, je me confie en vous ! Mon JŽsus, misŽricorde.

 

 

EXERCICE DU CHEMIN DE LA CROIX

 

Ire STATION JƒSUS-CHRIST EST CONDAMNƒ A MORT

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant, J'ai parcouru pendant trois ans la JudŽe et la GalilŽe ; J'ai consolŽ les affligŽs, guŽri les malades, prchŽ l'Evangile ; JÕai fait du bien ˆ tous. Et maintenant les juifs en fureur supplient Pilate de Me condamner ˆ mort. Pilate obŽit et Me livre aux bourreaux.

Le Fidle. Que les juifs sont ingrats et mŽchants !

JŽsus-Christ. Ils le sont en effet. Mais sais-tu, mon enfant, pourquoi Je permets qu'ils demandent Ma mort ? Parce que tu as pŽchŽ. Si Je le voulais, Je pourrais briser Mes liens et redevenir libre. J'aime mieux mourir pour te dŽlivrer de l'enfer.

Le Fidle. 0 JŽsus, vous tes la bontŽ infinie ! C'est moi qui Vous ai offensŽ, et c'est Vous qui souffrez pour mŽriter mon pardon ! Accordez-moi la gr‰ce de dŽtester mes pŽchŽs de tout mon cÏur et de les pleurer toute ma vie.

Notre Pre, qui tes aux cieux - Je vous salue Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

IIe STATION JESUS-CHRIST EST CHARGƒ DE SA CROIX

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons

R. Parce que vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant j'ai dŽjˆ les Žpaules meurtries et ensanglantŽes, et les juifs Me commandent encore de porter une lourde croix.

Je l'accepte avec douceur : reois de mme sans te plaindre tous les maux que tu auras ˆ endurer.

Le Fidle. 0 JŽsus, Vous tes innocent et je suis pŽcheur, c'est moi seul qui devrais souffrir. Donnez-moi donc la force de supporter patiemment les peines de cette vie, le courage de faire pŽnitence de mes fautes et le bonheur de Vous voir dans le ciel.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

IIIe STATION JƒSUS-CHRIST TOMBE POUR LA PREMIéRE FOIS

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant, Je suis tombŽ par terre. Pendant la flagellation et le couronnement d'Žpines, JÕai perdu beaucoup de sang ; Je suis faible et Ma croix est lourde : Je ne puis plus marcher. Et regarde! En M'aidant ˆ Me relever, les bourreaux M'insultent et Me maltraitent.

Je suis tombŽ, parce que tu ne te corriges pas. J'expie tes mauvaises habitudes.

Veux-tu mon enfant, M'aider ˆ Me relever et diminuer Mes douleurs ? Prends la rŽsolution de confesser tous tes pŽchŽs avec une vraie contrition, d'Žviter les occasions dangereuses, et de vivre plus chrŽtiennement ˆ l'avenir.

Le Fidle. Je vous le promets, ™ JŽsus. Mais ma faiblesse est grande, je ne puis seul rŽsister aux tentations. Si Vous ne me soutenez, je Vous offenserai encore. Donnez-moi Votre gr‰ce, ™ mon Dieu, convertissez-moi et sauvez-moi.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

IVe STATION JƒSUS-CHRIST RENCONTRE SA SAINTE MéRE

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant, J'ai le cÏur navrŽ de douleur. Ma mre, Ma bonne mre est lˆ... les bourreaux M'accablent d'injures et Me tra”nent inhumainement : elle le voit, et son affliction est immense. Elle voudrait Me dŽlivrer ; mais elle t'aime, elle sait qu'il faut que Je souffre et que Je meure pour te racheter ; elle Me suivra donc jusque sur le calvaire.

Le Fidle. 0 JŽsus, ™ Marie, pardon ! Votre tristesse me fait pitiŽ ! Ne permettez pas je me sŽpare jamais de Vous. Que les mŽchants se moquent de moi et me persŽcutent pour m'exciter ˆ pŽcher : je Vous servirai et Vous aimerai jusqu'ˆ mon dernier soupir, et je saurai tout souffrir pour Vous rester fidle.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

Ve STATION SIMON LE CYRƒNƒEN AIDE JƒSUS-CHRIST A PORTER SA CROIX

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant, c'est Moi qui ai crŽŽ le Monde ; Je suis le Dieu puissant et fort. Je pourrais seul porter Ma croix jusqu'au Calvaire. Mais Je permets ˆ un homme de M'aider pour t'enseigner ˆ souffrir avec Moi.

Le Fidle. 0 JŽsus, je Vous bŽnis ! souffrir pour Vous sera toute ma joie ! Les contrariŽtŽs, la maladie, le travail, l'obŽissance, je veux tout aimer afin de Vous plaire, ™ mon Dieu. Donnez-moi, je Vous en supplie, une soif chaque jour, plus grande de mortifications et de souffrance

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

Vle STATION UNE FEMME PIEUSE ESSUIE LA FACE DE JƒSUS-CHRIST

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Mon enfant, vois-tu cette femme qui traverse la foule des soldats ? Elle ne craint rien, parce quÕelle M'aime. Elle M'a aperu tout couvert de crachats, de poussire, de sueur et de sang, aussit™t elle s'est approchŽe pour M'essuyer le visage et Me consoler. Mon enfant veux-tu l'imiter ?

Le Fidle. Oui, ™ JŽsus, je le veux. Mon Dieu ! qui Vous reconna”trait? Vous, la beautŽ infinie, Vous que les anges contemplent avec une indicible joie, Vous avez la face meurtrie et souillŽe, Vous tes devenu semblable ˆ un lŽpreux, ˆ un ver de terre ! Et ce sont mes pŽchŽs qui Vous ont ainsi dŽfigurŽ ! Que ferai-je donc, ™ mon Dieu ? Je Vous supplierai de me pardonner toutes mes offenses, de m'en donner une vraie contrition, d'embraser mon cÏur de Votre saint amour : par mes exemples et mes conseils j'exciterai le prochain ˆ Vous servir avec fidŽlitŽ, je prierai pour la conversion des pŽcheurs. Mon JŽsus, que tous les hommes Vous connaissent, Vous adorent, Vous aiment, et Vous consolent des outrages que Vous avez endurŽs pour nous racheter

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

VIle STATION JƒSUS-CHRIST TOMBE POUR LA SECONDE FOIS

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix

JŽsus-Christ. Mon enfant, Je suis tombŽ une seconde fois ; Ma couronne d'Žpines s'est enfoncŽe dans Ma tte et les soldats M'outragent et Me frappent encore. Je souffre, parce que Je t'aime infiniment.

Si tu M'as souvent offensŽ, viens Me demander pardon. Je souffre pour effacer tes pŽchŽs.

Si tu as des peines, ne te dŽcourage pas ; il faut souffrir pour mŽriter le ciel.

Le Fidle. 0 JŽsus, mes fautes sont nombreuses, mais j'en ai un vŽritable regret. Vous tes la misŽricorde et la bontŽ mme. J'espre fermement que Vous me pardonnez. Faites-moi la gr‰ce de mourir plut™t que de Vous offenser dŽsormais.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

VIlle STATION. JƒSUS-CHRIST CONSOLE LES FILLES D'ISRAèL QUI LE SUIVENT

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

Le Fidle. 0 JŽsus, que Vous tes bon ! Les filles de JŽrusalem qui Vous suivent, ont compassion de Vous, elles pleurent, et Vous oubliez Vos souffrances pour les consoler.

JŽsus-Christ. Mon enfant, pleure tes pŽchŽs, fais pŽnitence, pratique courageusement tes devoirs et Je te remplirai aussi le cÏur de consolation et de joie. Ceux qui ne M'aiment point ne peuvent tre heureux, ni en cette vie ni en l'autre.

Le Fidle. Seigneur, je Vous obŽirai. Trop longtemps j'ai cherchŽ le bonheur loin de Vous. Je veux ds aujourd'hui tre pieux, humble, doux et chaste, pour jouir de Votre amitiŽ et mŽriter de Vous contempler dans la gloire du paradis.

Notre pre - Je vous salue, Marie- Gloire au Pre

Ayez pitiŽ de nous Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

IXe STATION JƒSUS-CHRIST TOMBE UNE TROISIéME FOIS

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous ayez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Oh ! que les hommes sont ingrats et mŽchants ! Pour eux J'ai ŽtŽ flagellŽ et couronnŽ d'Žpines, pour eux Je porte cette lourde croix et bient™t J'y serai clouŽ ; pour eux J'ai endurŽ toutes les injures, et ils ne M'aiment pas ! Je souffre horriblement pour leur mŽriter le ciel, et cependant, Je le sais, beaucoup iront en enfer ! Mon ‰me est profondŽment triste, Je n'ai plus de forces ; c'est pourquoi Je tombe sous Ma croix une troisime fois.

Le Fidle. 0 mon JŽsus ! mille fois pardon ! C'est moi qui suis cet ingrat, moi qui Vous ai si souvent offensŽ, moi qui Vous ai si peu aimŽ. Mon Dieu, pardon ! Que de fois, en effet, je Vous ai gravement dŽsobŽi et j'ai mŽritŽ l'enfer. Si j'Žtais mort aprs mon pŽchŽ, je bržlerais dans les flammes Žternelles et je serais ˆ jamais sŽparŽ de Vous. Mon Dieu, merci de m'avoir conservŽ la vie, merci de m'avoir pardonnŽ ! Non, Vous n'aurez pas inutilement souffert pour moi ! Car, avec le secours de votre gr‰ce, ™ mon Dieu, je veux Vous servir, Vous aimer, Vous bŽnir toujours sur la terre afin de Vous possŽder dans le ciel.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

Xe STATION JƒSUS-CHRIST EST DƒPOUILLƒ DE SES HABITS

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Vois, Mon enfant, combien Je souffre ! Mes habits se sont collŽs contre Ma chair meurtrie, et les bourreaux Me les arrachent violemment. Toutes mes plaies se rouvrent et le sang coule avec abondance.

Je souffre ainsi, parce que tu as perdu la gr‰ce en commettant le pŽchŽ mortel.

Je souffre pour que Dieu te pardonne et que ton ‰me redevienne pure.

Je souffre en silence pour t'apprendre ˆ ne jamais murmurer.

Le Fidle. 0 JŽsus ! Merci de tant dÕamour ! Quel malheur a ŽtŽ le mien ! J'avais la gr‰ce sanctifiante, mon ‰me Žtait belle et semblable ˆ Vous, les Anges la saluaient comme leur sÏur, la Sainte TrinitŽ habitait en elle avec dŽlices, j'Žtais Votre enfant bien-aimŽ, j'avais le droit de Vous voir dans le paradis. J'ai pŽchŽ, et aussit™t j'ai tout perduÉ, la gr‰ce, l'innocence, Votre amitiŽ, le ciel. Mon Dieu, j'ai honte et je pleure ! Et pour me rendre tous ces biens, ™ JŽsus, il faut que Vous Vous laissiez encore dŽpouiller de Vos vtements. Faites-moi la gr‰ce en recevant l'absolution, de me rappeler ce que Vous avez souffert pour me la mŽriter et de ne plus Vous offenser mortellement.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

XIe STATION JƒSUS-CHRIST EST CLOUƒ SUR LA CROIX

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Regarde Mon enfant : Je suis Žtendu sur la Croix ; les bourreaux Me demandent Mes mains, Je les tends ; Mes pieds, Je les donne. Ils y enfoncent de gros clous avec le marteau. En mme temps, Ma chair se dŽchire, Mes os se froissent, Mes nerfs se rompent, Mes veines se brisent, et Je suis dŽvorŽ de la soif la plus ardente. C'est pour expier tes dŽsobŽissances et celles de tous les hommes que Je souffre ainsi.

Le Fidle. 0 JŽsus ! que Vous tes bon et que je suis misŽrable ! Moi, pauvre crŽature, j'ai tant de peine ˆ me soumettre ˆ Vos volontŽs adorables, j'obŽis si lentement et de si mauvaise humeur ! Et Vous, souverain Ma”tre du ciel et de la terre, on Vous demande Vos pieds et Vos mains pour les percer, et Vous les donnez librement, sans rŽsistance, et, pendant trois heures, Vous restez clouŽ ˆ la croix, parce que cÕest la volontŽ de Votre Pre. Quelle leon mon Dieu ! je la comprends : celui qui n'obŽit point ne peut tre Votre disciple ni espŽrer aller au ciel, et il a fallu l'obŽissance d'un Dieu pour expier toutes nos rŽvoltes. 0 JŽsus, pardon ! je prends la rŽsolution de Vous obŽir toujours promptement et avec joie, afin de Vous ressembler et de Vous plaire.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

XIle STATION JƒSUS CHRIST MEURT SUR LA CROIX

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

JŽsus-Christ. Me voilˆ crucifiŽ entre deux voleurs. Ecoute, Mon enfant, Mes dernires recommandations :

Je demande ˆ Mon Pre le pardon de Mes bourreaux : pardonne de mme ˆ ceux qui t'offenseront.

Je confie ma mre ˆ saint Jean : aie toujours bien soin de la tienne.

Mais Je veux que Marie soit aussi ta mre : honore-la et prie-la tous les jours de ta vie.

Je promets le paradis au bon larron : aie confiance tes pŽchŽs sont nombreux, mais Je te pardonne si tu te repens sincrement. J'ai les pieds attachŽs pour t'attendre ; les bras Žtendus pour te recevoir ; la tte penchŽe pour te donner le baiser de paix et de rŽconciliation ; bient™t Mon c™tŽ sera ouvert et Mon cÏur blessŽ pour rŽpandre sur toi toutes mes gr‰ces. Ne crains rien, tu seras sauvŽ.

Et maintenant Je meurs. Ne M'oublie pas, Mon enfant, aime toujours ton Sauveur et ton Dieu.

Le Fidle. 0 JŽsus ! mon amour ! Vous mourez pour moi, je veux vivre et mourir pour Vous ; toujours je me souviendrai des paroles que Vous m'avez dites sur la croix.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

XIIIe STATION JƒSUS-CHRIST EST DESCENDU DE LA CROIX ET REMIS A SA MéRE

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

Le Fidle. 0 ma mre ! combien grande est votre affliction ! Vous contemplez entre vos bras JŽsus, votre cher Fils : Son visage est p‰le, sanglant et dŽfigurŽ, Ses yeux sont Žteints, Sa bouche est fermŽe ; Son c™tŽ ouvert ; Ses pieds et Ses mains sont percŽs. Vous le regardez, et votre ‰me se remplit de tristesse.

O ma mre ! C'est parce que j'ai offensŽ Dieu, que JŽsus-Christ est mort et que vous souffrez si cruellement. Pardon, ™ mre chŽrie ! je dŽteste souverainement mes fautes, et je veux vous aimer toujours, vous et votre divin Fils.

Notre Pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en paix.

 

XlVe STATION JƒSUS-CHRIST EST MIS DANS LE SƒPULCRE

V. Nous Vous adorons, ™ JŽsus, et nous Vous bŽnissons.

R. Parce que Vous avez rachetŽ le monde par Votre sainte Croix.

Le Fidle. Corps sacrŽ de mon Sauveur, je Vous adore. On Vous met dans un sŽpulcre ; je veux mÕy cacher avec Vous. Que les hommes m'oublient et me mŽprisent, j'y consens.

Quand je travaillerai, quand je me mortifierai, quand je ferai mon devoir, Vous seul, peut-tre, le verrez et en serez content : cela me suffit et me rŽjouit.

Pour vivre et ressusciter avec Vous, il faudra me corriger de mes dŽfauts, rŽsister ˆ mes passions, mourir ˆ moi-mme : je suis prt, ™ mon Dieu.

Vous avez voulu tre placŽ dans un sŽpulcre neuf : donnez-moi, JŽsus, un cÏur nouveau, un cÏur pur, un cÏur ornŽ de toutes les vertus, afin de Vous recevoir dignement dans la Sainte Eucharistie.

0 JŽsus, rŽgnez en moi, maintenant et toujours.

Ainsi soit-il.

Notre pre - Je vous salue, Marie - Gloire au Pre.

Ayez, pitiŽ de nous, Seigneur, ayez pitiŽ de nous.

Que par la misŽricorde de Dieu les ‰mes des fidles trŽpassŽs reposent en Paix.

 

 

INVOCATIONS A SAINT JEAN-MARIE VIANNEY, CURƒ D'ARS

 

Saint Jean-Marie Vianney,

prŽvenu de la gr‰ce ds votre enfance, priez pour nous

modle de piŽtŽ filiale,

dŽvot serviteur du cÏur immaculŽ de Marie,

lys de puretŽ,

vaillant imitateur des souffrances du Christ,

ab”me dÕhumilitŽ,

sŽraphin dans la prire,

fidle adorateur du Trs Saint Sacrement,

amant de la sainte pauvretŽ,

tendre ami des pauvres,

pŽnŽtrŽ de la crainte des jugements de Dieu,

fortifiŽ par les visions divines,

tourmentŽ par l'enfer,

modle des vertus sacerdotales,

pasteur ferme et prudent,

dŽvorŽ de zle,

assidu au chevet des malades,

 

catŽchiste infatigable,

prŽdicateur aux paroles de flamme,

ap™tre de la sanctification du dimanche,

qui avez restaurŽ la vie chrŽtienne dans les familles,

sage directeur des ‰mes,

douŽ de l'esprit de conseil,

ŽclairŽ de cŽlestes lumires,

redoutŽ du dŽmon,

compatissant ˆ toutes les misres,

providence des orphelins,

favorisŽ du don des miracles,

qui avez rŽconciliŽ tant de pŽcheurs avec Dieu,

qui avez affermi tant de justes dans le bien,

qui avez gožtŽ les dŽlices de la mort,

qui jouissez de la gloire du ciel,

secourable ˆ tous ceux qui vous invoquent,

patron du clergŽ de France,

patron de tous les curŽs de l'univers,

 

 

 

V. Priez pour nous, saint Jean-Marie Vianney

R. Afin que nous soyons dignes des promesses de JŽsus-Christ.

 

ORAISON

 

Dieu tout-puissant et misŽricordieux qui avez rendu saint Jean-Marie admirable par son zle pastoral et par son constant amour de la prire et de la pŽnitence, faites-nous la gr‰ce, nous vous en supplions, de gagner au Christ, ˆ son exemple et par son intercession, les ‰mes de nos frres et de parvenir avec eux ˆ la gloire Žternelle. Par JŽsus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 

 

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