VII

 

« Plaidez ! »

 

Son merveilleux don d'intuition, le Curé d'Ars s'en est servi même pour des affaires toutes temporelles. Voici comment il conseilla une locataire expulsée. On remarquera avec quelle décision il permet à cette Lyonnaise de défendre son bon droit.

Nous avons retrouvé ce récit dans la volumineuse correspondance adressée à M. l'abbé Toccanier après la mort de son saint prédécesseur.

 

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Lyon, 20 février 1866

 

Monsieur,

 

Ne voulant pas vous laisser ignorer un miracle que le saint Curé d'Ars, M. Vianney, a fait en ma faveur, je viens vous en donner le détail.

Lorsque je restais rue Gentil, en 1857, je fus obligée de déménager pour cause de démolition, du temps que l'on construisait la Rue impériale.

J'avais un bail de trois ans à finir.

M. Poncet, l'entrepreneur, me fit offrir 100 francs d'indemnité. Ne sachant que faire, je pris le parti d'aller demander au saint Curé s'il fallait accepter un arrangement ou entreprendre un procès.

M. le Curé me répondit : « Ce n'est pas vous qui voulez plaider ? Vous avez un avocat ? ». Je lui dis que oui. Alors, il me répondit : « Point d'arrangement, plaidez. Vous y gagnerez ».

Ce que je fis. J'ai plaidé. J'ai gagné mon procès : on m'a donné 500 francs.

Je rendis grâces à Dieu d'avoir suivi le conseil du saint Curé.

 

Jeanne Achard,

Rue Lainerie, N° 16, Lyon