XIV

 

L'avenir d'un enfant de sept mois

 

Le mercredi 28 juillet 1847, vers l'heure de midi, M. Vianney rentrait à son presbytère. Or, sur son passage, il trouva, agenouillée humblement, une femme du peuple qui présentait à sa bénédiction un enfant encore dans les langes. « Relevez-vous, ma bonne », lui dit doucement l'homme de Dieu. Puis, regardant l'innocent, il se mit à sourire. Le petit dormait.

« Cet enfant qui repose entre vos bras, ajouta le saint, est choisi de Dieu pour sa gloire. Il est prédestiné à devenir religieux. Il sera Frère des Écoles chrétiennes et fera beaucoup, beaucoup de bien. »

 

Né à Pontcharra-sur-Turdine (Rhône) le 29 décembre de l'année précédente, Paul Bargel avait donc tout juste sept mois lorsqu'il fit son premier pèlerinage d'Ars. En 1864, à dix-huit ans, il devenait au noviciat le Frère Périal-Étienne.

Le Frère Périal-Étienne fut un religieux vraiment remarquable par ses grandes vertus et par les hautes charges qu'il exerça dans l'Institut.

Il enseigna d'abord pendant vingt-deux ans au pensionnat des Lazaristes de Lyon. Il reçut ensuite la direction de l'école paroissiale de Saint-Polycarpe. Sa piété, son esprit de foi, ses talents incontestés avaient vite attiré sur lui l'attention de ses supérieurs.

 

Après avoir été deux ans visiteur du district de Lyon, le Cher Frère Périal-Étienne fut élu comme assistant du Supérieur général. Il devait le rester vingt-six ans.

Dans ce poste éminent, il déploya un très grand zèle tout imprégné d'esprit surnaturel et d'exquise bonté. Il entretint une correspondance suivie avec tous ses Frères ; chaque année, il visitait un très grand nombre de communautés de France et d'Espagne.

Sa constante préoccupation fut de maintenir partout la régularité et la ferveur, d'affermir en tous, principalement chez les plus jeunes, une vie intérieure intense. On conçoit qu'avec de telles qualités et une activité si débordante le Cher Frère Périal-Étienne ait réalisé la prédiction du saint Curé d'Ars.

 

Il mourut, plein de jours et de mérites, à la maison-mère de Lambecq-lez-Hal, le 9 avril 1923.