Première partie : VOCATIONS AU MARIAGE

 

 

I

 

Une histoire de gens heureux

 

Un jour de l'année 1858, une jeune personne de Vienne, dans l'Isère, Mlle Thérèse Blanc, était agenouillée au confessionnal de M. Vianney.

 

« Oh ! monsieur le Curé, soupirait-elle, que c'est devenu mélancolique chez nous ! La fiancée de mon frère Claudius aura une belle dot assurément, mais elle ne plaît pas à notre mère, qui la juge trop peu sérieuse. Claudius, bien entendu, ne partage pas cette manière de voir : d'où des tiraillements pénibles. Cependant, de part et d'autre, on désire la paix à la maison. Comment l'obtenir, mon Père ? Veuillez nous conseiller. Ne croyez-vous pas que maman ferait bien de laisser aller les choses ?

— Mon enfant, répondit posément le saint Curé, votre frère ne se mariera pas cette fois, mais dans huit ou neuf ans, avec une personne bien pieuse et bien sage. Vous et votre mère, elle vous aimera beaucoup et vous fera beaucoup de bien. »

 

La prédiction se réalisa de point en point. La rupture se produisit sans incident entre les fiancés. Neuf ans plus tard, Claudius Blanc épousait une jeune fille accomplie - «bien pieuse et bien sage » – qui fut vraiment l'épouse, la bru, la belle-sœur affectueuse et bienfaisante annoncée par le saint Curé d'Ars. (1)

 

 

(1) Vingt ans plus tard, en juillet 1878, Mlle Thérèse Blanc vint raconter à M. le chanoine Ball cette « histoire de gens heureux ». (Documents, N° 45)