Vous êtes actuellement sur le site : livres-mystiques.com © de Roland Soyer le 23/12/2008

VISAGE DU DRUIDISME

 

POUR CONCLURE

 


         Dans les pages qui précèdent, il a été tenté de mettre en relief quelques-uns des visages inconnus ou mal connus du druidisme. Quelques-uns seulement. Il a fallu condenser, élaguer, s'interdire de discuter et de rapporter les thèses en présence, réduire presque à zéro références et citations pour composer ce bref Sommaire d'une œuvre autrement vaste mais hors de proportion avec les moyens et le temps dont on pouvait disposer.

         Que ces visages appartiennent authentiquement au druidisme peut être et sera contesté. Peu importe ! En cette phase de dissolution sociale et morale, symptômes communs à toutes les fins de cycles et de races, on a voulu porter témoignage sur ceux qui ont ouvert le cycle et forgé le génie de la race.

         Au soir de leur existence, hommes et peuples font retour sur leur passé, cherchant à dégager le sens de leur destin. Heureux ceux, rares sans doutes, qui s'astreignent à en tirer leçon !

         Tels à qui le druidisme apparaît sous un autre jour que le mien ne seront pas avares de critiques ou de haussements d'épaules. Ce qui est leur droit strict. D'autres — ou les mêmes — me feront volontiers grief d'une relative raideur d'attitude, voire d'un certain « parti pris ». Certes, j'ai pris parti ! L'éclectisme, le syncrétisme et la neutralité, sœur du scepticisme, peuvent être de commodes positions de repli intellectuelles. Le « qu'est-ce que la vérité ? » de Ponce Pilate, en est l'aboutissement logique. Pour moi, qui ne suis pas un intellectuel, il y a une vérité. J'ai donc « pris parti » pour elle, l'exprimant de mon mieux — compte tenu de l'équation personnelle dont nul écrit humain ne peut se flatter d'être indemne.

         Tel quel, ce petit livre  suscitera sans  doute chez certains d'utiles réflexions sur le sens, la continuité et l'évolution de notre civilisation et, peut-être, de la civilisation tout court.

         Et, à ce propos, il me souvient d'avoir lu, voici une douzaine d'années dans un journal tout rempli de la découverte sensation­nelle du proton négatif, cette étonnante conclusion d'un savant en place, que je ne nommerai pas par charité chrétienne :

« On mesure la civilisation d'un pays, de nos jours, à l'énergie avec laquelle elle peut accélérer les particules simples. Et la France , il faut le regretter, n'est pas là dans un bon rang. »

         Pour un « test », c'en est un !... Le civilisomètre atomique est né, trouvaille plus sensationnelle encore que celle de l'anti­proton !

         Il est vrai que l'inventeur en est donné comme étant un certain M. « On », riche à qui l'on prête volontiers.

         Sur la foi des dictionnaires, j'avais pensé jusque-là, avec feu M. de la Palisse , que la civilisation était le fait de civiliser et que civiliser c'était (je copie) « faire passer de l'état primitif naturel, à un état plus avancé par la culture morale, intellectuelle, sociale, etc. ».

         C'est justement, si je ne m'abuse, ce que firent les druides pour la race blanche ou, du moins, ce qu'ils parvinrent à faire pour une notable fraction de celle-ci. Et j'attends qu'on me prouve que la surpuissance atomique des grands groupements matéria­listes qui méditent de s'arracher l'un à l'autre l'hégémonie mon­diale en faisant jouer ladite surpuissance, — j'attends, dis-je, qu'on me prouve qu'elle soit « civilisatrice », tant dans l'ordre moral que dans l'ordre social ou même dans l'ordre intellectuel ou esthétique. Et il ne serait pas tellement paradoxal de soutenir que « l'accélération des particules simples », — en termes savants, la désintégration atomique, — risque fortement de ramener, en quelques explosions sans réplique, la civilisation actuelle à ce stade « primitif, naturel », qui s'appelle précisément « barbarie ». L'on pourrait même ajouter que les « régresses » ou « néo­primitifs », rescapés de quelque cataclysme nucléaire, n'en reste­raient pas moins des « queues de races », porteuses d'un atavisme sénilisant, déchets dont le sang appauvri, les endocrines irradiées et les nerfs malades paieront, sans report, la rançon du « progrès ».

         « L'homme tel que l'envisage le savant moderne n'est qu'un pauvre être sans force qui ne vaut que par ses machines. Privé d'elles, que serait-il ? Infiniment moins que le plus grossier des " sauvages ". Avec ses radars, ses fusées, ses cyclotrons, ses engrais chi­miques, sa pénicilline, le surhomme ne sera qu'un malheureux avorton... s'il vient au jour, car les bombes atomiques et autres super-armes que la science met à la disposition du vieil homme sans scrupules et sans bonté pourraient bien faire que la gros­sesse de l'humanité se terminât en fausse couche [1] ! »

         Pour moi, comme pour ceux qui sont mal convaincus que la force des armes et la puissance des machines puissent être érigées en critères de la « civilisation », il est assez évident, si je juge l'arbre à ses fruits, que la primauté actuelle de l'économique, du matériel, du vénal, crée un climat aussi défavorable au véritable progrès, qui ne peut être qu'intérieur, que contraire au « bonheur des peuples » dont on nous rebat quotidiennement les oreilles. Et je me crois fondé d'estimer que les principes [2] moraux, spirituels et sociaux du druidisme, rénovés en mode chrétien au cours premiers siècles de notre ère sénescente, renferment les seules valeurs civilisatrices perdurables qui puissent enrayer la composition de l'Occident, ou lui mériter une résurrection.


[1] J'extrais ces lignes de Mnémosyne (Nouveaux essais), troisième série du lucide penseur qu'est mon ami Jacques Heugel (p. 110).

[2] Je dois souligner que c'est aux principes (et non à telle forme péri­mée ou rabibochée du druidisme) qu'il serait souhaitable de faire retour. C'est à son Esprit, toujours vivant sous d'autres voiles, qu'il faudrait faire appel, — Esprit lié désormais à ce qui subsiste encore d'essentiel­lement chrétien dans notre Christianisme.

 

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