L'ANTECHRIST ET LA FIN DES TEMPS

(écrit dans "Psyché" n° 401-402-403 de l'année 1930
et dans "Du menhir à la Croix", P.225)
 

I



         D'après les plus antiques traditions, chaque cycle solaire (environ 25.000 ans), est marqué, à  intervalles périodiques, par de grands bouleversements géologiques, liés à  d'importants changements dans l'orientation spirituelle des races humaines. Les plus vénérables d'entre elles s'accordent également pour assigner à  notre globe une catastrophe ultime, qui fermera le cycle de notre évolution ici-bas. L'Evangile nomme ces catastrophes des jugements. De plus, selon les paroles du Christ : " Le ciel et la terre passeront ", l'on peut admettre la désintégration totale de l'univers physique, qui seule, mérite pleinement l'épithète de " jugement dernier ".

    Si certaines recherches peuvent amener un homme persévérant et suffisamment documenté à  retrouver la date approximative des deux derniers bouleversements de notre planète, et à  en déduire l'époque probable du prochain cataclysme, nous ne croyons pas que celle du jugement général de la terre, ni celle du jugement dernier, soient à  la merci de tels calculs (1).

    De même, des bouleversements singuliers, non cycliques, dépendant exclusivement de causes spirituelles peuvent surgir en tous temps, et sont imprévisibles, du fait de la spontanéité, de leur principe tant par les voies ordinaires que par les procédés occultes de la science.

   Sans insister sur les enseignements hiératiques de races trop différentes de la nôtre pour que leur génie nous soit aisément accessible, nous nous appuierons sur les paroles de notre unique Révélateur et de ses disciples directs, pour éclaircir de notre mieux la question, toujours angoissante en des temps troublés, des signes annonciateurs du prochain jugement de notre race. Mais ici, s'impose une remarque. Tout jugement partiel reproduit, avec une intensité variable, un certain nombre de ces signes, lesquels ne se rencontrent tous, sans exception, que lors d'un jugement général. C'est pour avoir mal discriminé le général du particulier, que la fin du monde a été si souvent prédite, soit d'après des calculs tirés de la Bible, soit par l'observation des malheurs qui frappèrent telle ou telle époque. Les famines et les guerres qui désolèrent la Chrétienté aux environs de l'an mille, en sont une saisissante illustration.

    De même, de Voltaire à  Guillaume II, en passant par Renan, que de pseudo-antéchrists n'a-t-on pas découverts ? Quelle que soit la date du grand changement, quels que soient le lieu et l'heure de la manifestation de l'Anti-Verbe, il ne nous appartient ni de le savoir, ni de le dire ; mais il est au pouvoir de chacun d'apprécier sa propre époque et d'en observer les tendances, pour lutter contre le mal futur en combattant le mal présent, car notre Maître, n'a-t-il pas dit : " Ce que je vous dis à  vous, disciples, Je le dis à  tous : ...Prenez garde que vous ne soyez séduits ! "

    Il est facile de concevoir que les signes physiques du Grand Jugement : famines, guerres, phénomènes météorologiques, diminution du rayonnement solaire, etc..., seront accompagnés et précédés de symptômes d'ordre moral, social et religieux, non moins évidents. Ceux-ci retiendront surtout notre attention, car les perturbations morales précédent et entraînent toujours les convulsions sociales ou géologiques. Et de même que tout être, en passant dans le monde élémentaire, débute par un germe infime, très différent de ce qu'il deviendra par la suite, de même, toute transformation morale ou sociale, tout grand courant d'opinion, d'art ou de pensée, sont les fruits d'un travail occulte, longtemps inaperçu, et dont le développement nécessite un temps plus ou moins long. Ceux qui sentiront la réalité de ce processus qui, d'un vice séculaire, aboutit à  une tare physiologique, et d'un égarement collectif, à  une guerre épouvantable, une épidémie inconnue, un cataclysme idéologique, ceux-là  pourront orienter plus facilement leurs activités de façon à  contrebalancer, chacun dans sa sphère, les tendances qui leur apparaîtraient la négation des besoins vitaux et des aspirations spirituelles de notre race.
 


II



    Depuis quelques années, certains de ces signes, dont parlait Jésus, se sont manifestés avec une remarquable intensité. Faut-il rappeler l'atroce guerre mondiale, la grippe espagnole, la révolution russe, et autres gentillesses ?

    Il n'est donc pas étonnant, qu'en divers pays, bien des personnes se soient demandé si nous n'assistions pas aux prodromes du grand règlement de comptes, et que la littérature religieuse ou profane, se soit faite l'écho ici et là , de cette anxiété.

    Les événements qui ont motivé cette alarme, pour graves qu'ils soient, nous semblent des symptômes secondaires du grand jugement. L'histoire fourmille de faits analogues. Si nous ne nous sommes pas abusé, il nous semble que les signes principaux des derniers temps ne sont encore, pour la plupart, qu'en puissance de manifestation. Discerner ces signes essentiels et permettre au lecteur d'en distinguer les prémisses, tel est notre but.

    Ces signes sont ceux du règne de l'Antéchrist :

1) Multiplication des formes du mal, à  tel point que la charité de nombreux disciples sera ébranlée (2).

2) Avènement de faux prophètes et de faux Christ qui séduiront la majeure partie des humains (3).

3) Persécution des disciples du Christ et triomphe éphémère de l'Antéchrist (4).

4) Apparition de phénomènes météorologiques et astronomiques, précédant de peu l'Avènement du Fils de l'Homme (5).

    Une question souvent controversée, est celle de l'Antéchrist. Est-ce symbole, une personne réelle, un démon, une métaphore exprimant, comme la Bête de l'Apocalypse, la force brutale du nombre ? Toutes ces opinions sont soutenables, aussi allons-nous exposer notre point de vue, sans nous inquiéter d'en fournir la preuve rationnelle. Les preuves de cet ordre sont toujours personnelles, la Vérité parle au coeur de chacun, quoique chacun ne l'entende pas toujours. Un écrit peut être véridique ou mensonger, une parole peut porter en elle une conviction communicative ou être sans chaleur, mais c'est la vérité en nous qui peut seule reconnaître la vérité hors de nous.

    Pour nous, l'Antéchrist et Mammon, sont les deux délégués du Prince de ce monde (lui-même représentant de Lucifer sur notre terre). Tandis que Mammon agit dans la sphère instinctive de la terre, dispensant à  ses séides, honneurs et argent, l'Antéchrist agit, en principe, dans sa sphère intellectuelle et influence, dans l'humanité, sciences, arts, philosophies et religions. Ces êtres spirituels, dispensent leurs pouvoirs ou leur appui passager à  ceux qu'ils estiment capables de servir leurs desseins. Ils peuvent, selon qu'ils le jugent nécessaire, se revêtir d'une apparence humaine ou autre. C'est pourquoi Saint Jean, tout en affirmant la manifestation personnelle de l'Antéchrist aux derniers temps, écrit dans ses Epîtres : " Celui-là  est un antéchrist, qui nie le Père et le Fils... Tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ, venu en chair, n'est point de Dieu, mais de l'Antéchrist... lequel est dès à  présent dans le monde. "
 


III



    A ce point de notre exposé, il nous est plus facile de conclure à  l'existence d'un plan mystérieux, servi par de malheureux égarés, ayant pour objet de conserver un royaume à  Lucifer, en sapant par tous les moyens l'oeuvre du Christ. Cependant, Dieu a toujours placé le remède à  côté du mal, et Jésus a dit qu'il ne nous laisserait pas orphelins, mais qu'il serait avec nous, jusqu'à  la fin. En dehors de tout clergé et de toute hiérarchie visible, il est donc aussi logique que consolant d'admettre une hiérarchie de Lumière, dont l'action, parfois occulte, parfois plus manifeste, contrebalance celle des légions de l'ombre, tout en respectant notre libre-arbitre. Celui-ci, notre faiblesse apparente et notre dignité réelle, fait de notre coeur un champ clos oà1 s'affrontent sans relâche les fils de la Lumière et ceux des Ténèbres. L'armée du mal réalisant l'image de celle du Bien en mode inversif, constatons simplement qu'en ceci, Satan n'est encore que le singe de Dieu.

    De même que Jésus a eu un Précurseur, de même l'Antéchrist en aura plusieurs (car qui est le maître de la multiplicité, sinon " l'Autre, toujours autre " ?). En suivant le conseil de notre Maître qui nous invite à¡ juger l'arbre à  ses fruits, nous reconnaîtrons aisément ce qui (individus ou collectivités) tend à  " aplanir les chemins de l'Adversaire ". Les fruits de l'arbre du mal, ce sont les doctrines séduisantes de certains prétendus " adeptes ", les théories de certains philosophes, les travaux de certains savants, les agissements de certains démagogues, etc... Tous seront la négation d'un des enseignements de notre Maître. Tous exalteront l'orgueil et justifieront l'égoïsme. Certains parleront d'unification des religions, soit en s'appuyant sur des doctrines exotiques faites pour des mentalités fort différentes des nôtres, soit en se réclamant d'un rationalisme, fondé sur les phénomènes passagers de cette matière, également passagère, et d'ailleurs aussi inconnues d'eux dans son essence, que la Divinité rejetée par eux comme inconcevable, ou réduite au rôle de génitrice inconsciente de l'Univers. D'autres nieront la réalité propre du bien et du mal, ou prétendront en renverser les valeurs. Le cheval de bataille de ces amoraux, sera, soit la relativité (une de nos dernières idoles), soit telle autre théorie en vogue, masquant mal le désir, plus prosaïque, d'assouvir leurs instincts.

    Que dupes et serviteurs de l'Adversaire s'attaquent à  la famille, cette base irremplaçable de l'édifice social, qu'ils exagèrent la valeur relative de l'intellect, qu'ils affirment avec violence les droits de l'homme, afin d'en mieux faire oublier les devoirs, qu'ils déifient la volonté humaine dont ils méconnaissent si totalement l'éternel principe, qu'ils prêchent une fraternité platonique pour servir les visées d'un cosmopolitisme suspect, qu'ils enseignent la révolte sous couleur de liberté de pensée, l'anarchie sous prétexte d'individualisme, ou qu'ils prônent les sciences mystérieuses, perverties en magnétisme personnel, en suggestion, et autres formes d'arrivisme aussi modernes qu'ésotériques, on peut croire que les prétextes les plus louables ne leur manqueront jamais pour justifier les oeuvres les plus pernicieuses.
 
 

IV



    Si nous examinons maintenant les faits à  la lumière des principes précédemment exposés, peut-être pourrons-nous entrevoir les linéaments les moins secrets du plan infernal, et discerner ce qui peut être de nature à  favoriser (à  échéance plus ou moins lointaine) les visées de l'Adversaire sur l'Occident. L'étendue et la difficulté d'un tel travail ne nous permettront pas toujours de développer notre pensée comme il conviendrait, et nous nous en excusons auprès du lecteur, persuadé qu'il suppléera aisément à  nos lacunes.

    Les prodromes des derniers temps sont la phase de réalisation d'un travail occulte, dont la phase préparatoire commence avec l'ère chrétienne. Le but apparemment poursuivi est de faire rétrograder vers l'Inde, le pôle de la civilisation (6), et le but réel, de détruire l'oeuvre de Jésus ou, si l'on veut, ériger en nos coeurs l'esprit de révolte, d'anarchie et d'orgueil. Dieu nous ayant créés à  son image, quoi d'étonnant que Satan aspire à  nous conformer à  la sienne ?

    L'oeuvre des deux lieutenants de l'Adversaire peut se synthétiser en deux mots : Dissolution (sociale), Séduction (intellectuelle). Voyons comment chacun d'eux réalise son programme :

    Malgré le dévouement et le sacrifice méconnu d'un Cagliostro, la Franc-Maçonnerie se dégrade et tend de plus en plus à  jouer, presque partout, un rôle désorganisateur et purement politique. Les " philosophes ", préparent les voies du Jacobinisme; l'ordre du Temple, corrompu par l'ambition et la soif de vengeance, appuie un mouvement dont la conséquence sera la destruction d'un ordre social archaïque, mais réformable.

    Derrière ces activités, se devine l'oeuvre de Mammon. Le couronnement de cette oeuvre, c'est la domination économique, politique, et financière de l'Europe par une race, devenue dans son esprit collectif l'instrument idéal du Prince de ce monde. Une race hybride, prolifique, tenace, et merveilleusement douée pour le but vers lequel la pousse un puissant égrégore, se retrouve aujourd'hui après des siècles d'humiliations, aussi bien à  la tête de la finance internationale, que dans les convents du G O , aussi bien au premier plan de la politique européenne que parmi les chefs des Soviets... C'est ainsi que le Temple détruit est rebâti pour la plus grande gloire de Mammon, partout oà1 s'érige une Bourse, partout oà1 siège un Parlement ! Envisageons maintenant l'ouvrage de l'Antéchrist.
 
 

V



    Si le peuple d'Israël à  réalisé les desseins, de Mammon, les races asiatiques nous semblent vouées à  servir les menées, plus occultes, de l'Antéchrist, dont les activités peuvent se résumer ainsi :

1) Utilisant les fautes trop humaines d'un clergé, y provoquer le scandale, scandale qui rejaillira sur les doctrines, alimentant les schismes des passionnés et paraissant justifier l'indifférence des apathiques (7).

2) Au nom d'une science trop prompte à  nier l'inexplicable, en vertu d'une soi-disant philosophie, simple jeu d'esprit, et d'une sensiblerie baptisée betement " sensibilité ", battre en brèche les enseignements du Christ, opposer une science incomplète, mais sceptique à  une foi chancelante, arguer des faits pour nier les principes et élever les passions au rang d'arguments. C'est alors qu'on invoque la liberté pour justifier la licence et qu'on proclame les droits de l'homme, sans songer à  ses devoirs.

3) Ici, le plan se précise ; l'Europe savante, dédaigneuse de ses propres traditions, " découvre " l'Asie. Philosophes et philologues, fiers de trouvailles (d'ailleurs pleines d'intérêt) croient retrouver nos origines, celles de nos langues, de nos traditions et de nos religions.

Malgré les avertissements d'un Fabre d'Olivet, d'un Hello, et de quelques autres, la majorité des chercheurs s'engluent à  l'appeau oriental.

4) Le résultat ne se fait pas attendre : Le Christianisme, dans ce qu'il a d'unique et d'essentiel, (Primauté du Christ, Verbe du Père, incarné parmi nous, impossibilité pour l'homme de se libérer du mal par ses seules forces, importance primordiale de l'action sous son plus noble aspect, la charité, etc..) est rejeté par beaucoup. Ce qu'il a de commun avec les autres formes religieuses étant seul conservé, il n'y a qu'un pas à  faire pour conclure qu'il importe peu de suivre une religion, de préférence à  une autre. De là  à  considérer l'Evangile comme une paraphrase de la légende de Krishna, ou Jésus comme un mythe solaire, il n'y a pas loin. Sur cette pente glissante, ne s'arrête pas qui veut, car si le Christianisme dérive de telle religion exotique, en apparence antérieure, on peut au choix prôner un christianisme " transcendant " qui ne serait qu'un brahmanisme bâtard ou un bouddhisme déguisé, ou considérer au même titre toutes les religions comme des balbutiements de l'enfance des peuples, désormais surannés.

    Parvenu à  ce point, l'Occident est mûr pour de plus directes attaques. Le spiritisme est venu à  son heure. Sa doctrine réincarnationniste, constituait un nouvel appoint aux théories Indoues. Par sa diffusion dans tous les milieux, il détourna de leur voie bien des chrétiens hésitants, parmi lesquels, les plus indépendants, rejetés d'un dogmatisme systématique vers une doctrine médiocre et ne pouvant s'y fixer, furent des recrues de choix pour les différentes écoles d'occultisme contemporain. Le spiritisme, il faut bien en convenir, n'a projeté sur l'Au-Delà  que des lueurs pour le moins incertaines, a déséquilibré quelques cerveaux faibles, sans illuminer les autres, il n'est ni science, ni philosophie, ni religion et oscille entre les trois ; la puérilité de certaines de ses doctrines, ou de certains de ses doctrinaires affamés de phénomènes, est parfois déconcertante (8).

    Puis, c'est l'occultisme moderne, (mosaïque chatoyante, formée des vestiges de toutes les traditions et des symboles de tous les cultes : conglomérat plus que synthèse), qui apparaît. Nos lecteurs en connaissent aussi bien que nous le développement. Insistons sur un point. De multiples sociétés vaguement secrètes, singent la vénérable Fraternité Rosicrucienne : Anthroposophie, Théosophie, Eglises libérales, ésotériques ou gnostiques, et tant d'autres groupements, champignonnent. Comme par hasard, les fils qui font mouvoir ces associations se rejoignent en Asie (9), ou plutôt en Inde ou au Thibet (10), à  quelques exceptions près.

    Sans attaquer personne, nous croyons devoir signaler combien certaines doctrines introduites en Europe, sont antéchristiques de fait ou d'intention, et quels dangers spirituels, menacent, de ce chef, notre race.

    A ce propos, nous croirions manquer à  notre devoir en ne signalant pas au lecteur quel danger la menace également, danger à  la fois moral et matériel, par le fait de l'extension du bolchevisme. Cette doctrine, anarchique dans son principe, ne peut engendrer que la haine. Aussi, ne surprendrons-nous personne en affirmant que l'U. R. S. S., non contente de préparer dans chaque territoire européen un foyer de guerre civile, en faisant appel aux plus bas éléments de la population, trame autour de l'Europe un réseau d'alliances resserré par les haines et les convoitises que nous avons imprudemment excitées, et hâte de son mieux l'heure, peut-être proche, de la ruée asiatique.

VI
    Si le lecteur a bien voulu nous suivre avec attention, il pourra tirer, des éléments complexes que nous regroupons, ses conclusions quant au présent. Nous n'avons d'ailleurs, ni la prétention de tout savoir, ni celle de tout dire. Un fait nous semble acquis : A notre époque, se précisent les travaux d'approche de l'Insidieux.

    A l'aide des Evangiles, nous pouvons, anticipant plus ou moins sur l'avenir, mesurer les étapes nous séparant encore de sa manifestation.

    Tout d'abord, ici ou là , parfois simultanément, parfois à  quelque intervalle, ses prophètes, ses hérauts, son ou ses précurseurs, De même que le loup devenu berger, du bon La Fontaine, il n'écriront point sur leur chapeau (ni en tête de leurs écrits) : " Le fameux Antéchrist, c'est moi ! " ; mais au contraire : " Je suis le Berger, la Porte, la Vie et la Vérité ! " Car, si le diable est le singe de Dieu, l'Antéchrist sera le parodiste de Jésus, et ses précurseurs également. Les uns seront sans pouvoirs apparents, les autres s'affirmeront par des prodiges. Tous rayonneront un magnétisme spécial, tous seront des séducteurs et (qu'ils se prétendent ou non le Christ) seront reconnaissables à  ceci :

    Ils exalteront, chez leurs auditeurs, l'esprit d'orgueil et de révolte, confondant à  dessein, anarchie et libération ; ils flatteront les rêves ambitieux des hommes, les persuadant de se fier à  leur propre génie, en leur affirmant que chacun n'a d'autre guide et d'autre Dieu que soi-même. Tous auront à  la bouche des paroles de paix et de concorde, mais sèmeront le doute et le désarroi dans les coeurs. Ils plagieront les paroles du Christ, déformant ses paraboles pour en pervertir le sens.

    Certains enseigneront des sciences curieuses, sinon inoffensives, des recettes psychophysiologiques, des procédés magiques et magnétiques, et donneront à  leurs adeptes certains pouvoirs sur la matière, sachant bien que la magie qui développe l'orgueil est l'antithèse exacte de la prière qui apprend l'humilité.

    " Prenez garde qu'on ne vous séduise ! " C'est sur cet avertissement du Maître qui nous aime et veut nous sauver, que nous terminerons cet essai, persuadé que, si les séductions n'ont jamais manqué, elles se multiplieront de plus en plus, jusqu'à  l'heure de la séduction dernière. Peu nombreux, seront ceux qui persévéreront jusqu'à  la fin, " de façon à  paraître debout devant le Fils de l'Homme ", puisque, " si ces jours n'étaient abrégés à  cause des élus, nul n'échapperait ! " Parole redoutable mais malgré tout consolante, puisque les efforts de chacun pour réaliser la Volonté du Père, peuvent atténuer la rigueur de ces épreuves, de même que la mauvaise volonté ou la veulerie de certains, peuvent, hélas ! les rendre pires.



(1) " Pour ce qui est de ce jour et de cette heure, personne ne le sait ". Evangiles."
(2) " Et parce que l'iniquité se sera multipliée, la charité de beaucoup se refroidira, "
(3) " Alors, si l'on vous dit : Le Christ est ici, ou il est là , ne le croyez pas, car il s'élèvera de faux Christ et de faux prophètes, qui feront de grands signes et des prodiges pour séduire même les élus, si possible. ".
(4) " On vous persécutera, vous livrera aux synagogues, vous jettera en prison, vous mènera devant des rois, à  cause de mon nom. Cela, afin que vous serviez de témoignage. "
(5) " Il y aura des séismes et, en divers lieux, des épidémies et des famines, des phénomènes terrifiants et de grands signes dans le ciel... le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, paraîtra dans les nues le signe du Fils de l'Homme, "
(6) Les ouvrages du capitaine Bruck seront ici consultés avec fruit. Notons cependant que si la science profonde des prêtres Egyptiens a réussi à  maintenir dans leur pays le rôle de la civilisation, mille ans au-delà  de la période normale, nul peuple n'a encore réussi à  le faire rétrograder.
(7) Ce mouvement qui se dessine à  l'époque de la Réforme, coïncide avec la désoccultation de nombreuses sociétés secrètes qui, jusqu'alors, s'étaient prudemment tenues dans l'ombre. Nous ne doutons pas de la bonne foi et des nobles intentions des réformateurs. Luther ne nous semble pas plus blâmable qu'Ignace de Loyola. Ce que devinrent leurs oeuvres est fort différent, sans doute, du but qu'ils se proposèrent en les créant.
(8) Ce jugement, d'ordre général, laisse hors de question le " fait " spirite. Un certain nombre de spirites contemporains, objectifs et adogmatiques, - tel M. Gaston Luce - commandent au contraire notre sympathie.
(9) Il y aurait ici beaucoup à  dire. Ce n'est pas que toutes ces sectes se réclament d'un Mahatma ou d'un Guru, des Védas ou des Sutras, mais leur inspiration et leurs tendances, les rattachent à  un des nombreux systèmes ésotériques de l'Inde.
(10) Il est curieux de constater que la vieille sagesse chinoise, aussi remarquable par sa métaphysique que par son antiquité, est assez ignorée de nos orientomanes. Le lecteur saisira peut-être les raisons de cette négligence. Il nous suffit pour l'instant de la lui signaler.