Excursions chez les Dioscures

Article repris dans Du Menhir à la Croix sous le titre
"Dioscures et Théraphim" pp. 151 à 167

et dans les numéros de :
L’Astrosophie n°2 (oct. 1931)
L’Astrosophie n°3 (nov. 1931)
L’Astrosophie n°4 (déc. 1931)
L’Astrosophie n°5 (jan. 1932)

A propos des Théraphim



I  Note introductive

La question des théraphim, dont fait souvent mention l'Ancien Testament, est encore très obscure à l'heure actuelle, les auteurs anciens ou modernes qui s'en sont occupé étant loin d'être du même avis sur le sens ésotérique et la forme matérielle de ces mystérieux emblémes dont l'origine remonte fort loin. Presque tous ont insisté sur le rôle divinatoire de ces objets inconnus.

Tandis que le Targum du pseudo-Jonathan les décrit comme la tête coupée d'un premier-né mâle, momifiée, avec un pantacle d'or sous la langue, capable de rendre des oracles à la suite de certaines cérémonies magiques, d'autres y voient des simulacres de griffons ou de dragons.

Sans prétendre résoudre définitivement la question, nous allons essayer d'y apporter notre modeste contribution, tenter de les rapprocher des Dioscures helléniques et védiques, et de discerner les indices qui permettent de les rattacher au fameux Urim v'Thumim de Moïse, sur lequel nous possédons également fort peu de documents.

En ce qui concerne les Dioscures, nous nous appuierons principalement sur l'ouvrage classique de M. Alex. H. Krappe : " Mythologie Universelle ".

Cet ouvrage est une mine de documents remarquablement regroupés. Que M. Krappe, aussi vaste érudit que profond agnostique, pustule l'origine thériomorphe ou dendromorphe des Dioscures, qu'il en fasse à l'origine, selon son idée préconçue, une jument ou une oie, que ce " chirurgien " du symbole n'en ait jamais trouvé l'âme sous son scalpel, n'a, en somme, qu'une importance toute relative. C'est au lecteur de ne pas confondre les documents qu'il entasse avec les conclusions qu'il croit devoir en tirer.

Ce mythe, loin d'être exclusivement indo-européen, est universel, comme d'ailleurs les principes et les forces qu'il personnifie. Là encore, l'Orient n'est ni l'unique, ni la première source de lumière. Il n'y a pas de bâtards parmi les enfants du Père.

Nous allons donc examiner sommairement les mythes dioscuriques, les documents ayant trait aux Théraphim et à l'Urim v'Thurim, et nous complèterons cet exposé par quelques éclaircissements supplémentaires.
 


II  Les Açwins Védiques



D’après les documents hindous, les Açwins sont les deux fils jumeaux de la nymphe Açwini ou Vadhava, qui sous la forme d’une jument, les conçut du soleil. Dans le Rig-Vêda, ils ont pour femme commune Sûryâ. Ils sont jeunes, brillants, rapides.

Selon Yaska, ils représentent l'obscurité à la lumière. Selon d’autres, ils symboliseraient le ciel et la terre, le jour et la nuit etc…Ils sont appelés Svarvaidyû, Nâsatyû. Ils étaient les médecins des Dieux et on les invoquait pour leur pouvoir curatif, dont ils donnèrent maintes preuves (dont la plus fameuse fut de rendre la vigueur de la jeunesse au sage décrépit).

Astrologiquement ils personnifient le signe zodiacal des Gémaux. Leur sœur Ushas, est l’aurore personnifiée.

Dans le R. V., ils sont dits : " prompts comme la pensée " ; ils sont comparés au " souffle vital " et appelés " les deux oiseaux célestes venant du ciel ".

Suivant un texte du R. V., leur char est attelé de cygnes. Leur fouet est l’éclair, et le miel qu’ils sont censés répandre sur leur passage est le symbole de la rosée. L’expression " RaThAM VaRShANAM (char de la rosée) désigne leur char céleste.

Sans vouloir entrer dans des détails qui nous éloigneraient de notre sujet principal, nous résumerons rapidement ce qui précède :

1° Les Açwins sont des Dieux médecins ;

2° Ils sont en rapports directs avec l'électricité atmosphérique d'une part, avec l'aurore et le crépuscule d'autre part ;

3° Ils sont comparés au souffle vital ;

4° Ils sont ceux qui distillent la rosée, comme les Walkyries des légendes du Nord ;

5° Leur char est traîné soit par des chevaux blancs, soit par des cygnes (1).

Ajoutons à ceci que leur nom de Nâsatyû est dérivé d'un verbe qui signifie assister, seconder, secourir, corroborer, Le gothique ga-nisan signifie " être sauvé ". Le hollandais genesen signifie " guérir ". Le gallois noddi, signifie protéger et les inscriptions gauloises et insulaires nous font connaître un dieu Nodens ou Nudens qu'on a déjà rapproché du Nuadh à la main d'argent des traditions irlandaises. On pourrait rappeler encore le nom de Dionysos (une des appellations de Ram) qui pourrait se traduire " Le guérisseur divin ", équivalent du biblique A-REPh-KShAD.

Au point de vue symbolique, l'épouse commune des açwins, Sûryâ, se réfère au Sûryâ-Akaça, l'énergie subtile irradiée par le soleil. Leur nom de Svar-vaidyû, peut signifier : la science des deux énergies complémentaires du Ciel solaire... On peut comparer ces données avec celles de la Table d'Emeraude : " Le soleil en est le père, la lune en est la mère, le vent l'a porté dans son sein, la terre est sa nourrice... Il monte de la terre au ciel et redescend du ciel en terre... "

En somme, les Açwins symbolisent l'alternance du souffle vital dans l'homme (d'où leur rôle comme médecins), et au physique, le rythme respiratoire.

Dans la nature, ils représentent l'aspir et l'expir terrestre, c'est-à-dire les deux changements de courant de la force tellurique : du soleil vers la terre et inversement, précédant l'aurore et le crépuscule.

Magiquement, ils sont l'emblême des orages magnétiques et électriques, la personnification du double feu astral et de sa direction.

Ils sont en cela analogues au Baphomet, dont le double geste allume le feu d'en-haut et d'en-bas. Ils sont donc une des clefs du Solve-Coagula des hermétistes.
 
 

III. Les Couples Dioscuriques



LES COUPLES dioscuriques de l'Europe ne font qu'exposer un des aspects que nous venons d'entrevoir. Les uns insistent davantage sur l'adaptation alchimique du symbole général, les autres sur son application magique.

Comme les Açwins, Kastor et Pollux (Polydeukes), représentent au sens propre l'orage, c'est-à-dire l'électricité en mouvement. Nous reviendrons sur ce fait, digne de remarque, que les Dioscures ne représentent pas des forces, quelles soient-elles, considérées dans leur essentialité, dans leur universalité potentielle, mais le double mouvement de ces forces, entrant en acte. Ce sont les deux serpents du caducée d'Hermès et de la verge d'Esculape (Hermes médecin), et nous verrons bientôt quels liens nombreux unissent Hermès et les Gémeaux.

Les aigrettes électriques qui scintillent aux mâts des navires après un orage, étaient appelées, par les Anciens, Castor et Pollux.

KASTOR, sauf erreur de notre part, vient d'un des noms celtiques du chêne (kast), et qui nous a fourni d'abord CASNE, (contraction de KAS-TA-NA), ensuite Chasne, puis chêne. Pollux, ou plus exactement Poludeukes, est pour Poly-Leukes, par dissimilation du L en D, dont le grec et le latin nous offrent de nombreux exemples. Ce dernier terme signifie donc : Le Très lumineux, et personnifie l'éclair. On sait, par les statistiques, l'affinité mystérieuse de la foudre et du chêne (2). A ce point de vue, le nom des Dioscures représente bien les deux pôles, céleste et terrestre, entre lesquels jaillit l'étincelle, il n'est pas besoin d'imaginer des divinités " dendromorphes ", pour expliquer une association aussi logique. Pourquoi, alors, s'arrêter en si beau chemin, et ne pas voir dans le symbole chrétien de
la croix celui d'une divinité dendromorphe ?

Une légende javanaise dit à peu près ceci : " Deux jumeaux furent transformés en branches dont on pouvait faire des baguettes magiques. Ces deux baguettes s'appellent la pluie et l'éclair ".

Ces baguettes nous rappellent les Dokana ou poutres des Spartiates, consacrées aux Dioscures :
deux pièces de bois parallèles, jointes par deux traverses. DOK, DIG, en celtique, signifie branche, bois, tige. L'anglais STICK en dérive, il est curieux de constater que le symbole astrologique des Gémeaux reproduit les dokana spartiates . . . . . . . . . . . . . .

Le H latin et grec, comme certaines formes du Heth phénicien, également,

Nous avons dit que les Gémeaux sont les serpents du caducée d'Hermès, lui-même Dieu médecin.

L'ange Raphaël des hébreux, dont le nom signifie également " Dieu médecin " est l'ange de Mercure.

Nous en reparlerons plus loin, lorsque nous chercherons à pénètrer le sens des Théraphim.

Ajoutons à ceci que les Gèmeaux sont une des maisons astrologiques de Mercure, l'autre étant celle dite de " la Vierge ", qui pourrait être, à ce point de vue, soit leur soeur Hélène, soit, (si l'on envisage les Dioscures de Delphes), leur mère Latone.

Ceci nous amène à envisager la légende des deux jumeaux Apollon et Diane. Leur mère est Latone (ou Leto). Hésiode la nomme : " Leto au péplos bleu ". Son nom signifie l'occulte, la latente, non seulement en latin, mais encore en phénicien et en hébreu, où le radical LaT signifie ce qui est caché.

Aussi, par contraste, met-elle au monde ses jumeaux dans l'île de Delos, dont le nom exprime ce qui devient évident, se rend manifeste.

Ainsi, Latone au péplos bleu peut être envisagée comme le Ciel, où l'éther électrogène subsiste à l'état latent. Quand il se manifeste (dans l'île flottante, image transparente du nuage orageux), alors, mais alors seulement, naît la double force positive et négative, solaire et lunaire : Apollon et Artémis.

Nous ne développerons pas ce thème dont l'étude approfondie dépasserait le cadre modeste que nous nous sommes fixé. Citons, en passant, les gémeaux Amphiron et Zéthos, qui se vengèrent de Dirkè, femme de Lykus, laquelle fut changée en fontaine par Bacchus. Dirk ou Dark signifie sombre, noir, en celtique. Lyk, Loc'h, signifie flamme, éclair, lumière (3). La fontaine symbolise la pluie qui suit le jaillissement de l'éclair.

Une dernière remarque avant de terminer ce chapitre. Contrairement à l'opinion de M. Krappe, les Gémeaux ont parfois été identifiés avec Hespérus-Vespérus (l'étoile du matin et celle du soir), non " parce que les prêtres ignoraient qu'Hespérus-Vespérus étaient la seule planète Vénus ", mais parce qu'ils savaient, au contraire, que ces deux aspects complémentaires s'accordaient à merveille avec la nature géminée des Dioscures, et parce que cette assimilation rappelait nettement les deux changements du courant tellurique, matutinal et vespéral, auxquels nous avons déjà fait allusion.
 
 

IV. Les Théraphim



Comme nous l'avons donné à entendre, les Théraphim semblent constituer un couple dioscurique. Il est certain que la forme sous laquelle ils étaient représentés a beaucoup varié, avec les époques et les peuples. Les deux colonnes du temple de Salomon, YKYN et BoWZ (Jachin et Boaz) qui rappellent invinciblement les dokana spartiates, en sont un aspect non équivoque, et ont d'ailleurs un étroit rapport avec les connaissances électrotechniques du sacerdoce juif antique. Le nom de la première colonne se réfère au radical KaN (base, firmitude, stabilité). Celui de la seconde est formé de deux racines : BA-WZ ; la première exprimant un mouvement de translation, la seconde signifiant proprement force, énergie. Elle représente donc une énergie en mouvement, par opposition à la première, et est placée à gauche, comme signe de son rôle positif, la gauche étant chez les hébreux le côté le plus éminent. Mais ce qui est plus curieux, c'est que le radical WZ signifiant énergie se retrouve dans le nom égyptien de l'Uraeus (WZ-t). Dans cette dernière langue, ce substantif signifiait également force, vigueur, et était un des polyphones pour le sceptre à tête de chacal, image physique de la colonne vertébrale et emblème sprituel de la force magique. Si nous ajoutons que l'uraeus était dit " jeter des flammes " sur les profanateurs des tombeaux, ou, placé sur le front du pharaon, " darder des flammes sur ses ennemis, dans les combats ", nous aurons le droit d'en conclure que notre digression n'était pas absolument inutile. Il sied ici de se souvenir que Moïse était prêtre égyptien. Nous ajouterons que les mâts de " décoration ", appelés dans quelques textes les " briseurs de foudres ", allaient toujours par paires, semblables en ceci aux colonnes du Temple de Salomon. Leur nom : Sen, signifie " frères ", et les mots coptes SON et SNAU, signifient frère et deux, (en hébreu SheN).

Revenons aux Théraphim. Nous lisons dans la Bible ; Osée, III, 4 ; " Les enfants d'Israël resteront longtemps sans roi, et sans éphod et théraphim ".

La version Second traduit : Sans éphod et sans théraphim. Mais le texte dit expressément : " sans ephod et théraphim ", comme si une seule négation suffisait pour ces deux objets, envisagés comme inséparables (4).

Juges XVII, 5 ; ...Ce MiKA… avait une maison de Dieu (un temple). Il fit éphod et théraphim, et consacra un de ses fils qui lui servit de prêtre ". Là encore, nous voyons les théraphim étroitement associés à l'éphod.

Il est possible, en ce qui concerne l'Egypte, que les théraphim aient été figurés par le groupe qui précède la devise des diadèmes, dans les protocoles royaux : Le vautour associé à l'Uraeus. Ce qui renforce cette supposition, c'est qu'ils figurent entrelacés sur le pectoral de Ramsés II, qu'on peut admirer au Musée du Louvre.

Nous pouvons conclure, de ce qui précède, que les théraphim ont souvent varié d'aspect et de dimensions, mais que ceux qui faisaient partie du costume sacerdotal ornaient l'éphod. Par leur caractère nettement géminaire ou hermaphrodite, les théraphim se référaient aux Dioscures ou à Hermès.

Nous avons déjà attiré l'attention sur le rapport existant entre Mercure et les Gémeaux. Si nous nous rappelons que le nom de l'ange de Mercure, RaPHAeL, signifie médecin divin, nous ne serons pas surpris de retrouver l'élément caractéristique de son nom, dans celui des ThéRaPhIM. Le signe Th, comme préfixe, ajoute aux termes qu'il régit, l'idée de mutualité, de réciprocité, de gémination. Théraphim pourrait donc signifier " les deux principes curatifs, le double remède ". Il n'est pas inutile de constater à ce propos que la planète Mercure influe sur les médecins et, qu'en chiromancie, un mont de Mercure apparent et rayé est un des signes de l'aptitude médicale.

Cependant, les théraphim ne sont pas mentionnés dans la Bible comme faisant partie des ornements sacerdotaux de Moïse et de ses successeurs. Examinons ceci de plus près. Moïse, connaissant le penchant inné du peuple hébreu pour le culte des idoles transforma le panthéon égyptien qui lui était familier, en d'apparentes généalogies. Les patriarches remplacèrent les dieux, ce qui était une conséquence du rigide monothéisme professé ouvertement par Moïse. Nous retrouvons au chap. X de la Genèse, les Dioscures ou leur équivalent symbolique, sous le travestissement suivant :

" RaWME" (le tonnerre), fils de KUSh (l'énergie tellurique), engendra deux " fils " : SheBA et DODaN (le retour au repos primitíf, à l'état latent, et l'attraction électrique). Le lecteur pourra consulter à ce sujet l'ouvrage de Fabre d'olivet, Langue Hébraïque restituée. Les principes exposés sommairement dans les premiers chapitres, sont développés par Moïse dans les chapitres suivants. Aussi, ne nous étonnerons-nous pas de retrouver les deux " gémeaux ", SheBA et DODaN, au chap. XXV (5) :

Abraham, le père du rayonnement universel, le principe animateur du système solaire (au point de vue cosmologìque), a trois épouses successives :

Sha-RY (Sarah), le tourbillon éthéré ; EGaR (Agar), la gyration (du système) ; QeTURE (Keturah), l'orbe résistancielle, celle qui reverbère l'énergie lumineuse (6).

Cette dernière lui donne six fils. Le second, le seul qui nous intéresse directement, se nomme YOQSheN, et ce nom sert de doublet explicatif à celui de RWME.

YoosheN, peut signifier " celui qui tend à se polariser ", de QUE, tendance, tension ; et SheN dualité. Comme RWME, il engendre deux fils, qui portent le même nom que les siens : SheBA et DODaN.

Mais, ici, ce DODaN est dit engendrer à son tour trois fils (trois conséquences, trois effets) :

AShUReM : l'ordre et l'harmonie générale (7).

LeTUSheM : l'occultation du feu (électrique) (8).

LAMYM : le jeu normal des interéchanges (9).

Approfondir le sens hiéroglyphique de ces termes dépasserait sans doute nos faibles connaissances.

D'ailleurs, contrairement à certaines conceptions modernes, " désocculter l'occulte " nous semble dangereux. Les PRINCIPES ne peuvent être désoccultés et vulgarisés sans déformation. Quant à leurs applications, l'emploi néfaste que fait l'homme du peu qu'il sait, n'est pas pour nous encourager dans cette voie. Tout vulgarisateur est en partie responsable de l'abus que chacun peut faire des notions et des procédés qu'il rend publics. Par contre, il serait bon qu'un lecteur, versé dans les questions d'électricité, reprenne la Bible et note les passages qui semblent en déceler l'emploi, ne serait-ce que pour réfuter cette idée absurde que " les prêtres de l'Antiquité étaient des ignares ou des imposteurs " .
 


V. Urim et Thummim



MOISE, pour imprimer au peuple hébreu ce cachet distinctif que sa mission rendait nécessaire, ne se contenta pas de le faire " tourner en rond ", pendant des années, dans un désert qu'il aurait pu leur faire franchir en quelques semaines ; il supprima les noms des divinités empruntées par les Israélites à leurs voisins et bannit les Théraphim des ornements sacerdotaux, comme profanes. Il les remplaça, sur la poitrine du Grand Prêtre, par l'Urim et Thummim : Ex. XXVIII, 30 ; " Tu poseras, sur le pectoral de jugement, Urim et Thummim, et ils seront sur le coeur d'Aaron, quand il viendra devant la face de l'Eternel ".

On a beaucoup glosé sur Urim et Thummim, sans éclaircir la question. Si ceux-ci ont remplacé les Théraphim, sur la poitrine du pontife, c'est qu'ils représentaient un symbole de même ordre. Nous avons de fortes raisons pour supposer que " Urim et Thummim " étaient les simulacres du Soleil et de la Lune :

Nous voyons le même symbole solaro-lunaire, relié à celui de l'aurore, comme dans le mythe des Açwins, au Chap. VI, vers. 10 ; du Cant. des Cant. " Qui est celle-ci qui s'approche, semblable à l'aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, et irrésistible comme des armées marchant à enseignes déployées "…

Quoique de même ordre que celui des Théraphim, le symbole d'Urim et Thummim était beaucoup plus universel, il se référait aux deux principes suprêmes du Kosmos : Verbe et Substance, Dans la symbolique chinoise, nous voyons de même ces deux principes YING-YANG symbolisés par le soleil et la lune ou par le dragon et le phoenix.

Idéographiquement, Urim et Thummim :

"EN HEBREUX"  signifie : Ce qui constitue le principe de toutes les énergies lumineuses, et ce qui constitue le principe qui les réfléchit intégralement. Le radical ThUM, exprime une chosc parfaite, intégrale, identique à son principe. C'est ce miroir des eaux, où se réfléchit la Trinité prégénésètique, à l'aube de la création.

Nous ne développerons pas davantage ces rapides aperçus. Si, malgré ses imperfections, notre travail renferme quelques lueurs de vérité, quelques renseignements utiles au chercheur, nous n'aurons pas perdu notre temps. Aller plus loin serait méconnaître les principes mêmes de l'ésotérisme : la science vraie ne s'apprend pas ; l'érudition et la connaissance sont d'ordre très différent ; connaître n'est après tout que reconnaître. Ainsi, le vrai guide montre le chemin, mais ne peut s'y engager à notre place. Combien plus nous qui ne sommes pas un guide mais un simple chercheur, devons-nous être prudent, et ne pas offrir à nos frères " notre " vérite en la baptisant " la " vérité, Un seul a dit : " Je suis la Vérité, la Voie et la Vie " !... Et toutes les vérités humaines ne sont que des reflets, souvent déformés, de cette Lumière du Verbe, que nulle Eglise ne saurait monopoliser, que nulle initiation ne saurait remplacer, que nulle synthèse humaine ne saurait, ici-bas, réfléchir intégralement.


(1) HAMSA. Le cygne et l'oie (qui échangent souvent leurs noms), ont pour radical usuel HAS, GHAS, nasalisé souvent en HANS, GHANS : irl. geis, anc. ht all, gans, lat, anser, skr, hamsa ou hansa, suéd. gas.
Ce radical se relie à un terme qui signifie esprit, souffle, fantôme, fluide, feu éthéré. Cf. an, ghost, all. Geist, suéd. gassa et hassja.

La forme tudesque du nom du cygne Svan, schwan, (*swan) signifie blancheur, charme, grâce.

Dans l'Inde, l'oiseau symbolique hamsa est considéré comme le véhicule de Brahman : C'est l'âme universelle, véhicule de l'Esprit universel. A l'approche des tempêtes, il est dit s'envoler vers le lac Mânasa (la sphère intellectuelle supérieure). D'après une certaine école, hamsa, dans l'homme individuel, représente l'énergie intellectuelle de l'être humain, en tant qu'elle contrôle le rythme du souffle vital et sa localisation dans les sept nodus fluidiques (çakram).

Le symbolisme du cygne comme image du souffle vital est au moins aussi ancien en Europe que dans l'Inde. On le trouve exprimé dans des cryptes funéraires que les savants attribuent à la période néolithique.

Chose plus curieuse, on le trouve également associé aux Dioscures : Sur une lame de faucille ou de rasoir (?), retrouvée au Jutland, on voit représentée une nacelle attelée d'un cygne, tandis qu'une autre montre la même nacelle, dans laquelle se tiennent les deux Dioscures.

Eschyle, dans son Prométhée, parle des trois vierges-cygnes du Nord de I'Europe, filles de Phorkys. Il s'agit probablement des Walkyries, et tout le mondle connaît, par ailleurs, la légende du chevalier au cygne Lohengrin.

Nous ne croyons pas sortir des bornes de notre sujet, en notant ici que la transcription grecque Phorkys correspond au Pardjanya védique et à la divinité germano-slave du tonnerre : Fjorgynn ou Perkuns, dont la déesse Perchta (l'éblouissante), semble la parèdre. Chose curieuse, l'hébreu BeRQ, très proche de ces noms symboliques, est un des noms de l'éclair et pourrait se traduire librement : l'éther (RaQ) en mouvement (BA).

Enfin Lohengrin pourrait signifier celui à la crinière flamboyante.

En celtique de l'Ouest, un des noms du cygne : elerc'h (probablement pour un plus ancien ÆD-ARG, ED-ERC'H, par mutation de d en l, comme dans lacryma comp. à dakruô), s'appuie sur la même racine que le germanique Perchta, Pracht, et le grec Phorkys. On sait que la chute du P initial indo-européen est une des particularités du celtique de l'Ouest. C'est ainsi qu'on explique le nom de montagne gaulois arcunia par le gothique fairguni.

En gallois, argan signifie " très brillant ", arian signifie " argent ", et la constellation de la couronne boréale est appelée : " caer arianrod " ; le château de l'orbe d'argent. - Le grec argos (pour F-argos) tient aux mêmes racines.

(2) A un autre point de vue, le châtaignier a porté également ce nom de castana. Le radical Kast indique une idée de compression, de rétention et d'isolement qui se retrouve dans le nom de la cosse des légumes, dans l'allemand Kasten (caisse), dans le français housse, que l'on peut rapprocher de l'hébreu Khus. Cette idée de compression et de clôturation est l'antithèse de celle exprimée par Polydeukes.

(3) Lykus est un des noms du loup. Nous retrouvons la même symbolique en hébreu où ZaEB est le nom de l'or, le brillant emblême de la lumière solaire, et ZAB celui du loup. Le nordique ulf, wolf (loup) tient à la même racine que gold, guld (or) et gelb (jaune d'or), en auglais Yellow d'où le latin a tiré fulvus, fulgor, flavus et flamma (abréviation euphonique pour la nasalisation " flamba ").

(4) " AYN AePhOD V' TheRaPhYM ".

(5) L'idée de repos exprimée par 1e radical hébreu Sab ou Shab, se retrouve également en celtique, irlandais Sabh, Samh, gallois saib, gaulois sam-, sambra, samara, par nasalisation, Le dernier terme caraetérise en gaulois des fleuves tranquilles et paisibles comme la Somme (Samara), la Sambre (Sambra) etc...

(6) Sha " tourbillon " Ry " éthéré " ; GaR, GaRaR " gyration ". E, particule emphatique et augmentative ; QeT " résistance, opposition, rejet ", AOR, AUR, "lumière, feu ".

(7) AShVR : ordre, harmonie, béatitude.

(8) LOT : occultation, rédusion - ASh : feu — M final, signe extensif, de généralisation et d'universalité.

(9) LAM : un peuple, une nation, un consentement mutuel, une participation par sympathie.